La lumière du jour s'était glissée sous sa paupière. Un réveil pas si désagréable, indiquant néanmoins que quelqu'un avait ouvert les rideaux occultant sans prendre la peine de revenir taquiner son sommeil. Micah plissa les yeux le temps de s'habituer à l'éclat du jour, tandis que sa main tâtait instinctivement la place laissée vide à côté de lui. Ce constat le tira tout entier de ses derniers songes. Il se redressa, passa une main dans des cheveux que la nuit avait ébouriffés, avant d'émettre un bâillement de circonstance. « Penny ? » avait-il appelé une première fois, tirant ses jambes de sous les draps. Il pivota, déposa ses pieds sur le tapis shaggy qui servait de descente de lit, et tandis que ses orteils se dégourdissaient dans les franges molletonneuses, attrapa le téléphone qui avait dormi à son chevet.

Citation :

Danse avec les stars : la danseuse Jorja Sommers a trouvé un nouveau partenaire

Ses sourcils se froncèrent. D'où sortait cette information, et quelle soirée avaient-ils déterré pour abreuver leurs théories fumeuses ? Même si contribuer à la fréquentation de ce genre d'articles racoleurs lui coûtait, Micah se résigna à une lecture superficielle. Photos à l'appui, on lui prêtait une aventure avec cette danseuse croisée une fois dans un club de Fortitude. La déduction était aussi hâtive que ridicule, d'autant que Micah ne se souvenait pas avoir échangé plus que des banalités à l'oreille de Jorja. Qu'on le balance au bûcher si l'humour était un vice. Pour couronner le caractère téléphoné de leurs accusations, cette soirée avait eu lieu une semaine auparavant, soulignant l'amateurisme avec lequel les journalistes tissaient les potins, falsifiaient les preuves et refaisaient l'histoire pour la remettre au goût du jour. Hormis lui et ceux qui avaient passé la soirée en sa compagnie, tout le monde n'y verrait que du feu. Jorja n'était personne à ses yeux. Une rencontre ponctuelle qui, quoique pas déplaisante, ne marquerait pas son existence. Il ne l'avait pas revue, et pourrait jurer avoir gardé son numéro secret, si même il y avait eu la moindre ambiguïté entre eux. Un hochement de tête désabusé plus tard, Micah réalisa que l'absence de Penny n'était peut-être pas étrangère à la nouvelle. Ils étaient exemptés de tournage ce jour, et tout en veillant à ne pas éveiller les soupçons – pour des raisons qui échappaient encore à l'acteur, mais qu'il s'évertuait de respecter par affection – passaient régulièrement leurs nuits dans les bras de l'autre.

Depuis bientôt 2 ans, les deux jeunes adultes se donnaient la réplique dans la série populaire Neighborhood. Un temps infiniment long pour partager les joies et les peines de la célébrité, et qui avait naturellement attisé les sentiments qu'ils s'appliquaient à retranscrire à l'écran. Ils n'avaient jamais véritablement scellé leur relation, que ce fût par les mots ou les étiquettes que leur collait la presse. Par peur de se décevoir, sans doute. Micah respectait le choix de Penny de ne pas officialiser leur évident attachement, et ne se refusait en retour jamais quelques sorties en solitaire. Ce n'était pas faute de lui proposer. Il se souvenait d'ailleurs l'avoir invitée à cette soirée qui faisait soudainement l'intérêt de la presse. Proposition qu'elle avait gentiment déclinée, comme elle avait le don de le faire, sans jamais offenser son orgueil. « Penny ? » essaya-t-il à nouveau. Le silence était fracassant, la meilleure illustration de sa mauvaise humeur. Micah s'extirpa enfin du lit, et se dirigea instinctivement vers la porte fermée de la salle de bain attenante à la chambre. « Penny tout va bien ? » demanda-t-il naïvement, comme on posait des questions dans l'espoir de voir ses attentes contrariées. « Ça fait un moment que t'es enfermée là-dedans. Je t'assure que t'es très belle au réveil. » L'humour aurait le chic de l'énerver davantage, mais Micah n'avait pas pu se résoudre à perdre une occasion de la faire sourire. Les coups délicats sur la porte qui accompagnaient sa voix n'avaient pas d'autre but que de signifier sa présence. « Est-ce que c'est parce que tu as lu les derniers ragots ce matin ? Je te connais, moi aussi j'ai reçu les notifications. » Encore et toujours ce silence dédaigneux et fier. Il parlait plus que les mots qu'elle lui confisquait. « Ok donc t'as vraiment décidé de ne plus m'adresser la parole ? » avait-il conclu, déterminé à monter la garde. L'oreille qu'il tendait avait capté quelques bruits étouffés, écartant l'éventualité d'une perte de connaissance. Penny ne faisait que bouder, et il pouvait très bien s'en accommoder.

Tu savais pertinemment que ce n’était jamais une bonne idée que de t’attarder sur ses notifications en liant avec la presse people, surtout lorsqu’il s’agissait d’article concernant Micah Tomlinson. Tu le savais et pourtant, ça ne t’avait pas empêché d’ouvrir l’article qui était apparu dès la première heure sur ton téléphone et d’y lire une nouvelle ribambelle de rumeurs sur l’homme avec qui tu avais passé la nuit pas plus tard que la veille, sur l’homme qui se trouvait encore présentement endormi juste à tes côtés. L’article évoque des rumeurs sur une potentielle relation entre lui et Jorja Summers, et si tu sais au fond que cette danseuse n’est qu’une fille parmi tant d’autres, une photo prise au mauvais endroit et au mauvais moment, il y a toujours cette voix dans le fond de ton esprit qui se demande s’il n’y aurait pas un fond de vérité, à ces rumeurs-là. C’est stupide de lire l’article de fond en comble à la recherche d’un quelconque indice, c’est complètement ridicule d’en vouloir à Micah qui dort encore paisiblement, juste là à côté de toi, alors que tu es celle qui, constamment, refuse d’officialiser cette relation que vous partagez pourtant depuis plus d’un an. Ça se joue constamment en dent de scie entre vous, du chaud au froid, puis au chaud encore quand vous semblez bien incapable d’être ensemble autant que vous êtes incapable de vous séparer réellement. Agacée plus que de raison par cet article que tu viens de lire trois fois de suite, tu te lèves sans prendre en considération le Tomlinson toujours assoupi, tire les rideaux dans un comportement futile et enfantin que tu ne cherches même pas à camoufler et puis tu t’enfermes dans la salle de bain, espérant qu’une douche aiderait à calmer cette stupide jalousie qui gronde pourtant dans le fond de ton ventre.

« Penny? » Tu échappes un soupir silencieux, décidée à l’ignorer encore un peu, les minutes sous l’eau chaude n’ayant pas calmer l’agacement d’avoir découvert cet article dès le réveil. De coup très mal commencer une journée, de toute évidence. « Penny, tout va bien? » C’est le silence qui répond pour toi encore, quand tel une gamine tu refuses de lui accorder la moindre attention. Tu ne pourras pas jouer à ce jeu éternellement toutefois, quand tu as oublié de t’emmener de quoi te rhabiller, et que tu connais assez Micah pour savoir qu’il peut se montrer assez patient à rester de l’autre côté de la porte en attendant que tu lui offres le moindre signe de vie. « Ça fait un moment que t’es enfermée là-dedans. Je t’assure que t’es très belle au réveil. » Tu roules des yeux face au commentaire de l’acteur, tu es persuadée qu’il se trouve très drôle à l’instant alors que toi, tu te dois de retenir un grognement qui serait audible au travers du panneau de bois. « Est-ce que c’est parce que tu as lu les derniers ragots ce matin? Je te connais, moi aussi j’ai reçu les notifications. » Sa voix se fait de plus en plus proche et tu sais qu’il s’est levé du lit et qu’il attend derrière la porte maintenant. C’est pathétique de continuer le silence, mais ta fierté t’empêche d’ouvrir la bouche si rapidement. Il te connaît trop bien Micah. Deux ans que vous vous donnez la réplique, presque autant de temps que votre relation prend un peu trop les mauvais plis de celle de vos personnages. L’affection que tu éprouves pour lui est réelle et sincère, et si tu sais au fond de toi qu’il en est de même pour lui, tu t’imposes une distance. À coup de refus de paraître ensemble dans les médias une fois, et de crise de jalousie quand il apparaît aux bras d’une autre ensuite. C’est un schéma à rien y comprendre et pourtant, tu n’as pas vraiment envie de te sortir de ses montagnes russes avec lui.

« Ok donc t’as vraiment décidé de plus m’adresser la parole? » C’est évidemment à ce moment précis que tu décides d’ouvrir la porte, un air complètement neutre sur ton visage alors que tu passes à côté de lui sans lui accorder ne serait-ce qu’un regard. « J’ai rien décidé du tout. » que tu lâches, comme un grognement que tu ne pourrais retenir alors que tu cherches ton sac pour en sortir des vêtements propres que tu t’empresses d’enfiler, faisant toujours au Tomlinson. « Je te souhaiterais bien bon matin, mais puisque j’ai l’impression qu’il a rien de bon… » Tu réalises que tu es pire qu’une gamine, que tu es complètement ridicule, mais c’est plus fort que toi. Tu laisses tomber la serviette dans laquelle tu étais entourée une fois que tu as mis tes sous-vêtements et tu te décides enfin à te tourner vers Micah alors que tu enfiles un chandail. « Faut croire que tu m’as pas tout raconté de cette soirée. » Tu te râcles la gorge, autant tu peux être une bonne comédienne devant la caméra, en ce moment, ta performance est médiocre dans le rôle de la fille qui veut se faire croire qu’elle n’est pas morte de jalousie. « Y’a qu’avec moi que tu sais faire attention aux paparazzis ou bien si ça t’amuse, toutes ces rumeurs sur ta vie amoureuse? » Tu es bien injuste quand tu es celle qui lui refuse d’officialiser votre relation, mais quand la jalousie parle, la raison s’ignore.

Le cliquetis de la serrure lui intima de s'écarter. Micah avait bien compris qu'avec la brusquerie dont elle avait fait preuve, Penny risquait de s'échapper de la pièce en fulminant. Il fut donc surpris, si ce n'était déçu, de constater la neutralité qu'elle s'appliquait à feindre, passant devant lui sans daigner lui accorder un regard. La puérilité de sa réaction était à la hauteur de leur relation. Impulsive, instable et d'une sincérité à fleur de peau. A force d'incarner leurs personnages, ces deux-là s'étaient imprégnés de leurs travers. Imprégnés de toute la profondeur des sentiments qu'ils jouaient avec un naturel de plus en plus évident. Cette scène aurait très bien pu figurer dans le prochain épisode de Neighborhood, et Micah trouvait presque amusant la façon dont Penny se confondait elle aussi dans son personnage, capricieuse et toujours disposée à minauder. Elle était plus fière que de mauvaise foi, quand elle prétendait ne rien avoir décidé. Un abus sémantique qui trahissait des raisons plus viscérales encore, à des années lumières de toute logique. Elle s'empressa de défaire ses bagages en quête de vêtements propres. Ses gestes étaient frénétiques et imprécis. Micah se contenta de l'observer, alors qu'elle se contorsionnait, s'évertuant à enfiler ses sous-vêtements en confisquant son corps à la concupiscence de son regard. « Te raconter quoi ? Désolé de ne pas me souvenir de toutes les conversations insignifiantes que je peux avoir avec les gens. Tu sais bien que je suis quelqu'un de sociable. » avait-il rétorqué les yeux plissés, comme s'il cherchait encore à comprendre son raisonnement. Penny était particulièrement douée pour mettre le doigt sur les problèmes. Elle connaissait suffisamment Micah pour raviver les rancœurs les plus vives, et se déculpabiliser ensuite d'avoir elle-même amorcé les disputes. Et souvent l'acteur tombait dans le piège. « Faire attention ? J'ai pas besoin de faire attention, Penny. Tu le fais très bien pour nous deux. » s'était-il défendu sans dissimuler une pointe de reproche. Parfois il se demandait si elle n'avait pas un peu honte de lui. Ou honte d'elle, d'être le cliché de ces partenaires à l'écran qui ne pouvaient résister à leur propre jeu. Il y avait quelque chose de très narcissique dans le fait de tomber amoureux de la personne dont on devait vendre une alchimie parfaite au public.

Micah avait l'impression de marcher sur la tête. C'était Penny, elle qui prenait un soin méticuleux à ne pas révéler leur histoire aux médias, qui l'accusait de négligence. Le jeune homme n'avait jamais été secret. De fait, il n'y avait bien qu'avec elle qu'il faisait attention, pour la simple et bonne raison qu'elle le lui avait demandé. « C'est une photo totalement sortie de son contexte. Tu sais pourtant bien comment ça marche. J'ai jamais revu cette fille. » La distance physique entre eux était d'une éloquence terrible. Micah savait que le moment serait malvenu de se rapprocher, au risque de la voir filer entre ses doigts. Il la trouvait pourtant d'une malhonnêteté inouïe, et lui d'une patience honorable. « Mais pourquoi je dois me justifier, tu as une annonce à me faire sur l'état de notre relation ? » avait-il demandé, pivotant la tête avec l'air satisfait de ceux qui finissaient par trouver une brèche. Il avança et s'assit au bord du lit. « Attends voir, Penny Stringer. Serais-tu jalouse ? » avait-il demandé de façon tout à fait rhétorique. « C'est ça, t'es jalouse ! Ça te va bien, la moue boudeuse. Enfin surtout quand elle dit des choses que tu refuses de m'avouer à voix haute. » Lui affichait un sourire un peu béat. Si elle était maladroite, la réaction de Penny n'en était pas moins une preuve de son attachement. Parler d'amour serait exagéré, mais Micah pouvait se contenter de ses accès de jalousie. C'était vrai qu'elle était particulièrement belle, quand elle surjouait par pudeur, juste pour ne pas dire les choses qu'elle était encore trop timide pour admettre. Quand ses cheveux paresseusement noués se tortillaient dans la lumière douce du matin. Quand elle faisait mine de s'échapper pour mieux le voir la retenir. « C'est ridicule franchement, tu vois bien toute la patience dont je fais preuve avec toi. Tu crois pas que c'est parce que tu comptes bien plus que n'importe quelle fille que je peux croiser en soirée ? Soirée à laquelle je t'avais invitée, soit dit en passant. » avait-il ajouté, glissant sur les draps encore défaits pour venir effleurer la main qu'elle agitait pour ranger son sac. Il tira délicatement sa main vers lui pour l'attirer dans ce lit qu'ils avaient déserté trop tôt. « Allez viens, cette matinée peut encore être bonne. »

Ce n’était pas la bonne façon de commencer la journée, ni pour lui, ni pour toi et pourtant, il était bien trop tard pour faire marche arrière. Ton mécontentement se lisait sur tout ton visage, se faisait entendre avec chaque pas que tu prenais, bien trop lourd pour ta petite silhouette et se ressentait dans cette manière que tu avais de faire bien attention à ne pas croiser le regard du Tomlinson. Tu les sentais pourtant, ses yeux qui ne te lâchaient pas, son regard qui suivait la moindre de tes actions alors que tu préférais d’abord et avant tout te complaire dans une ignorance qui criait tout ce que tu n’oserais jamais dire. « Te raconter quoi? Désolé de pas me souvenir de toutes les conversations insignifiantes que je peux avoir avec les gens. Tu sais bien que je suis quelqu’un de sociable. » Un léger pfff s’échappe de tes lèvres alors que toujours, tu t’efforces de ne pas croiser les yeux de Micah. Regarder le sol, c’est bien plus sécuritaire, il y a trop de risques qu’il lise des choses que tu préférerais cacher dans le fond de ton regard si tu oses finalement le poser sur lui. « C’est vrai que t’es doué pour murmurer des choses insignifiantes dans le creux des oreilles des femmes. » Oh Penny. Tu ne le penses pas, pas le moins du monde, mais tu es comme un animal blessé qui cherche à faire mal avant de se faire attaquer à nouveau. Si toute logique tente de te rappeler que la photo n’est pas si compromettante, que Micah n’est pas si proche de cette danseuse, la jalousie, elle, a déjà tout empiré par cent fois et tu ne vois que les scénarios que tu t’es créée de toute pièce dans ton esprit. « Faire attention? J’ai pas besoin de faire attention Penny. Tu le fais très bien pour nous deux. » « Qu’est-ce que ça veut dire, ça? » Cette fois-ci, tu l’as relevé ton regard dans la direction du brun, et elles sont nombreuses, les éclairs que tu lui lances à distance. Tu sais très bien ce qu’il veut dire, mais tant qu’à avoir créé une dispute de bon matin, autant la mener vers un problème qui existe réellement entre vous. « Rappelle-moi ce qu’il y a de si terrible à ne pas vouloir que tous les détails de notre histoire se retrouvent dans des articles aussi puérils que celui sur toi et Jorja Summers. » La grimace qui habite ton visage lorsque tu prononces le prénom de la danseuse est éloquente, mais tant pis. Tu n’as pas envie de devenir une coqueluche à potins, qui voit le moindre de ses faits et gestes analysés pour savoir si la oh combien prévisible romance entre Penny Stringer et sa co-star des deux dernières années est au beau fixe alors que vous savez tous les deux que votre relation ne l’est jamais réellement.

« C’est une photo totalement sortie de son contexte. Tu sais pourtant bien comment ça marche. J’ai jamais revu cette fille. » Tu hausses les épaules vaguement, tentant de reprendre maladroitement ce rôle de la fille qui s’en fout complètement pour lequel tu n’as jamais su être vraiment convaincante. Tu glisses tes jambes dans le jean que tu viens de sortir, te concentre sur le bouton de ce dernier plus longtemps pour ne pas avoir à relever la tête trop rapidement. « Mais pourquoi je dois me justifier, tu as une annonce à me faire sur l’état de notre relation? » « Rien à voir. » que tu grognes lui tournant le dos à nouveau, avant de t’attarder sur les quelques bijoux que tu avais enlevé la veille. Bientôt, tu vas manquer de vêtements ou d’accessoires pour te distraire les mains et le fait que Micah se soit dangereusement rapproché dans les dernières secondes n’aident en rien. « Attends voir, Penny Stringer. Serais-tu jalouse? » Tu te retournes vivement, échappant la boucle d’oreille que tu étais en train de placer, ton regard noir foudroyant le Tomlinson. « C’est ça, t’es jalouse! Ça te va bien, la moue boudeuse. Enfin surtout quand elle dit des choses que tu refuses de m’avouer à voix haute. » Il sourit et ça te rend complètement folle. Ça te rend folle parce qu’il te connaît beaucoup trop bien et qu’elle est merdique, ta performance. Bien sûr que t’es jalouse. Bien sûr que ça te rend folle de l’imaginer avoir des aventures avec d’autres femmes, qu’elles soient connues ou non, que ça se retrouve sur les couvertures des magazines ou pas. Mais entre se l’admettre à soi-même et l’annoncer à voix haute, il a une sacrée marge. « Arrête, j’suis pas jalouse. » C’est ça Penny, à d’autres. « On s’est rien promis. » que tu murmures ensuite, d’une voix bien moins convaincante et bien moins sèche aussi, qui trahit bien plus comment tu te sens que tous les mots que tu peux bien lui offrir. Vous ne vous êtes rien promis parce que tu refuses de le faire, idiote. C’est ce qu’elle te chante à l’oreille, la petite voix qui te rappelle sans cesse à quel point tu tiens à Micah, à quel point tu t’es attachée à lui et la place qu’il prend dans ta vie, quand bien même tu te refuses à la lui offrir finalement. « C’est ridicule franchement, tu vois bien toute la patience dont je fais preuve avec toi. Tu crois pas que c’est parce que tu comptes bien plus que n’importe quelle autre fille que je peux croiser en soirée? Soirée à laquelle je t’avais invitée, soit dit en passant. » « Tu sais parfaitement que je déteste ce genre de soirées. » Celles où tu te dois de faire du small talk avec tout le monde et qui sont bondées de paparazzi, comme en témoigne la photo d’ailleurs. Mais le simple fait qu’il te dise, qu’il te répète plutôt à quel point tu comptes plus toutes autres filles à ses yeux, ça a le don de te calmer, ne serait-ce qu’un peu. La main de Micah vient accrocher la tienne et tu ne résistes pas au contact alors qu’il te tire vers lui pour t’approcher du lit sur lequel il est toujours assis. « Allez viens, cette matinée peut encore être bonne. » « Je sais pas si j’ai envie. » que tu marmonnes avec ta moue toujours aussi boudeuse, bien qu’il y ait la naissance d’un sourire sur le bord de tes lèvres dont lui seul connaît la recette. « Est-ce que ça te fait chier tant que ça, de garder les choses secrètes entre nous? » que tu souffles doucement, ta main glissant doucement dans la nuque du Tomlinson alors que tu restais debout devant lui, placée précautionneusement entre ses jambes, à peine plus grande que lui bien qu’il ne soit assis.

Contrairement à Jorja et Micah, la mauvaise foi avait tendance à s'acoquiner facilement avec la fierté capricieuse et déloyale des gens. Affirmer que Penny était la seule à nier certaines évidences aurait constitué un abus, si seulement sa jalousie n'avait pas été si manifeste, et sa sensibilité si farouche. Micah devait bien reconnaitre qu'il avait tendance à profiter de ses charmes et de sa notoriété pour flatter son ego. Il n'y avait aucune ambition cachée derrière cette photo, si ce n'était celle d'une femme exploitant le prétendu célibat d'un acteur à la célébrité grandissante. Penny ne pouvait pas davantage lui reprocher d'être une briseuse de ménage qu'elle ne pouvait exiger de Micah de respecter les règles du couple traditionnel qu'ils ne formaient pas. Ses réactions elles-mêmes se dérobaient à tout argumentaire. Des mimiques et des expressions puériles qui la rendaient si attachantes et qui la confortaient de plus de plus dans ce rôle de femme jalouse qui refusait de se l'avouer. Son regard fuyant avait peur d'accrocher le sien. Peur qu'on puisse y déceler la duplicité de ses sentiments. Micah n'était cependant pas dupe. Si elle déployait des trésors de mauvaise foi, Penny verbalisait des craintes réelles et bien ancrées. Il se contenta de rouler des yeux, parce qu'elle marquait un point – certes facile – en brandissant son caractère séducteur comme un reproche censé justifier... quoi au juste ? Qu'il se devait d'être irréprochable dans leur couple imaginaire ? Il manqua une occasion de l'être, cédant au passage quelques motifs légitimes à Penny de s'indigner. Son menton se leva aussitôt, telle une défense anti-aérienne à l'affût d'un missile. Micah savait bien que c'était à lui de ravaler sa fierté s'il voulait désamorcer ce conflit qu'elle semblait si résolue à déclencher. « Ça veut juste dire qu'au moindre faux pas, à la moindre tentative de démonstration d'affection en public, tu sais me remettre à ma place de co-star avec qui rien ne se passe. Jouer la comédie je sais faire, mais je suis particulièrement mauvais pour me contenir avec les gens que j'apprécie. » avait-il rétorqué, ajustant amertume et douceur. Au cas où Penny l'ignorait encore, il venait de lui rappeler à quel point elle comptait à ses yeux. Il était donc là, le mal latent. Leurs attentes opposées généraient leur lot de frustration « Je comprends et je respecte ta pudeur par rapport à ça, mais il y a une différence entre faire profil bas devant les photographes et mentir sur la nature de notre relation. » s'était-il défendu, incapable de masquer un voile de déception. « J'en viens à me demander si ce n'est pas parce que tu as un peu honte de moi. » Cette fois ce fut à son tour de baisser les yeux, abattus par ses propres préjugés sur les sentiments qu'il était digne de recevoir en retour.

Penny continuait de se rhabiller, bien trop concentrée pour être honnête dans cette tâche au demeurant ordinaire. « Au contraire ça a tout à voir. » avait-il répondu lorsqu'elle tenta d'éluder la question de leur relation. Le déclic, il l'avait eu bien avant. Bien avant de la voir s'embourber si furieusement dans ses mensonges, ou enfiler ses bijoux avec un empressement feint. Il la taquina, esquissant un sourire rasséréné. Penny était jalouse, et elle venait de lui offrir une bonne raison de le croire. « Alors pourquoi tu réagis comme ça pour une photo volée avec une autre ? » avait-il répondu à sa tentative vaine de le contredire. S'ils ne s'étaient rien promis, que lui reprochait-elle au juste ? De ne pas respecter la part totalement déséquilibrée d'un marché qu'ils n'avaient jamais conclu ? Elle ne pouvait décemment pas le brider pour lui dire deux secondes plus tard qu'il n'y avait aucun accord tacite entre eux. Aucune promesse d'exclusivité qu'ils renouvelaient chaque fois qu'ils partageaient leurs draps. Il la sentit s'apaiser au contact de sa peau. Se rassurer à chaque preuve de son affection évidente pour elle. « Tu détestes ce genre de soirées ou tu détestes les passer avec moi ? Parce que tu sais au fond que tu aurais du mal à te retenir de me sauter dessus. » La machine était enclenchée. La vapeur renversée au profit de leur complicité égarée le temps de quelques minutes. Penny luttait de toute évidence pour réprimer un sourire en coin. Elle se laissa attirer vers lui, s'amusant une ultime fois de ses manières boudeuses. Il frissonna au contact de sa main sur sa nuque. Le ton avait changé. Penny sembla soudainement plus grave et réceptive. Micah releva un regard affecté dans sa direction. « Un peu. Parce que j'ai l'impression qu'on fait quelque chose de mal. J'aimerais pouvoir te tenir la main dans la rue. » dit-il en attrapant la main qu'elle avait posée sur sa nuque. « T'embrasser sur le plage ou entre deux prises. » ajouta-t-il en se relevant un bref instant pour venir caresser ses lèvres d'un baiser, avant de se rasseoir aussitôt. « C'est quoi qui te dérange là-dedans ? »

« Ça veut juste dire qu’au moindre faux pas, à la moindre tentative de démonstration d’affection en public, tu sais me remettre à ma place de co-star avec qui rien ne se passe. Jouer la comédie je sais faire, mais je suis particulièrement mauvais pour me contenir avec les gens que j’apprécie. » Si les mots du Tomlinson ne tombaient pas dans l’oreille d’une sourde, tu ne parvenais pas à tout simplement lâcher l’affaire. Tu n’arrivais pas à te convaincre que ça pourrait être une bonne chose pour vous deux que de prendre cette chance d’apparaître ensemble dans des évènements, de confirmer des doutes qui planaient constamment au-dessus de vos têtes au sujet d’une idylle quelconque entre vous. Vous aviez cette mauvaise tendance à vous apprécier une journée sur deux, à laisser les conflits prendre de l’ampleur, à jouer du chaud et du froid sans arrêt, et tu craignais que d’officialiser les choses devant témoin mettait ton cœur encore plus à risque qu’il ne l’était déjà, chose que tu n’osais pas faire pour des raisons que tu peinais de plus en plus à t’expliquer. « Je comprends et je respecte ta pudeur par rapport à ça, mais il y a une différence entre faire profil bas devant les photographes et mentir sur la nature de notre relation. » Votre relation. De quoi était-elle vraiment composée, votre relation? Là était bien la question. « J’en viens à me demander si ce n’est pas parce que tu as un peu honte de moi. » Micah baisse le regard et la surprise vient figer tes traits alors que tu ne t’attendais pas à un tel aveu de la part du jeune homme. « J’ai pas honte de toi. » que tu t’empresses de répondre, d’une voix qui témoigne encore un peu trop de ton agacement, mais aussi d’une émotion que tu ne saurais pas toi-même nommer. « On sait même pas ce qu’on est réellement l’un pour l’autre, la dernière chose que je veux, c’est que les journalistes à potins tentent de le définir pour nous deux. C’est tout. » C’est un peu plus compliqué que ça, tu le sais et lui aussi, mais c’est bien tout ce que tu es en mesure de lui offrir sans risquer de l’offenser. Même après deux ans à vous tourner autour, à vous tomber dans les bras avant de mieux vous tourner le dos, tu restais distante et incertaine à l’idée de pouvoir être la seule dans la vie du Tomlinson et sans cette assurance, sans pouvoir lui faire confiance à cent pour cent, tu étais tout simplement incapable de t’abandonner à lui, même si au fond de toi, tu en mourrais d’envie.

« Au contraire, ça a tout à voir. » Tu aurais beau vouloir le contredire encore et encore, tu savais qu’il s’agissait là d’une bataille perdue d’avance tant ta performance laissait à désirer. Sur ce point-là, Micah n’avait pas du mal à te lire et te comprendre et cela semblait lui faire un peu trop plaisir. « Alors pourquoi est-ce que tu réagis comme ça pour une photo volée avec une autre? » Tu te pinces machinalement les lèvres. Tu ne veux pas répondre, lui donner raison et pourtant, tu es incapable de t’en empêcher. « Viendra le jour où une photo avec une autre sera plus qu’une mauvaise coïncidence. » Celui où une photo volée avec une autre sera une véritable preuve d’une soirée passée avec une autre, d’une nuit aussi peut-être, d’une intimité qu’il te réserve maintenant, mais qui ne t’est pas exclusive parce que tu ne l’autorises pas. Tu veux tout et rien à la fois, tu te perds toi-même dans ce bordel qu’est ce lien qui te retient à lui, les sentiments que tu sais pourtant ressentir à son égard mais que tu ne verbalises pas. Tu finiras par t’en mordre les doigts, ça, tu le sais et pourtant, tu continues de jouer et de foncer la tête baissée, refusant d’admettre les risques. Le ton change malgré tout entre vous, alors que tu admets un peu plus tes fautes, cette jalousie qui t’habite et Micah en profite pour faire ce qu’il fait de mieux : te charmer avec son charisme fou et son naturel envoûtant, te donnant irrémédiablement l’envie de t’approcher de lui pour prétendre que le conflit n’a jamais existé, au moins pour quelques heures encore, quelques jours si vous êtes chanceux. « Tu détestes ce genre de soirées ou tu détestes les passer avec moi? Parce que tu sais au fond que tu aurais du mal à te retenir de me sauter dessus. » « Te crois pas si irrésistible Tomlinson. » que tu répliques, bien incapable d’effacer complètement le sourire qui se place pourtant au coin de tes lèvres. C’est qu’il l’est vraiment à ce point, irrésistible. Surtout quand il te regarde comme ça, quand il place ses mains sur tes hanches et que ce simple contact suffit à te faire fondre sur place. « Tu sais très bien que j’ai jamais raffolé des endroits où j’arrive même pas à m’entendre penser. » Celles où la musique est toujours trop forte, qu’il y a trop de monde, et trop de curieux surtout. Vos regards se croisent alors que tu te fais un peu plus confortable à ses côtés, laissant derrière ta jalousie pour aborder plus sérieusement le véritable problème, celui devant lequel vous ne semblez jamais en mesure de vous entendre. « Un peu. Parce que j’ai l’impression qu’on fait quelque chose de mal. J’aimerais pouvoir te tenir la main dans la rue. » Il vient poser sa main sur la tienne et tes doigts viennent se perdre entre les siens. « T’embrasser sur la plage ou entre deux prises. » Il se lève légèrement pour venir frôler doucement tes lèvres et tu penches la tête, une moue sur le visage lorsqu’il se rassoit après ce contact trop furtif à ton goût qui provoque un amas de frissons le long de ton dos. « C’est quoi qui te dérange là-dedans? » Tu viens t’asseoir sur l’une de ses cuisses, tes doigts continuant de caresser doucement la peau de son cou. « Je sais pas… J’ai pas envie de devenir une coqueluche de la presse, d’être reconnue seulement pour être la copine du grand et charismatique Micah Tomlinson… » Vraiment Penny? C’est de ça que tu as peur, sincèrement? « Mais surtout j’ai… J’ai peur que si on met une vraie définition à ce qui se passe entre nous deux, ça fonctionne pas et qu’on se brise. Que tu me brises le cœur. » Tu te mordilles la lèvre légèrement. C’est bien la première fois que tu te permets d’être aussi vraie, aussi sincère avec lui et tu espères d’une part qu’il ne le prendra pas mal, mais surtout qu’il comprendra un peu mieux toutes tes réticences dans les derniers mois.

Cette matinée n'était que le reflet de leur relation après tout. Penny avait pris l'habitude de souffler le chaud et le froid lorsqu'il était question de lui. Un moyen de s'auto-persuader qu'elle prenait la bonne décision en faisant de leur intimité un vilain petit secret. Aux yeux de Micah, c'était moins une forme de pudeur qu'un rempart qu'elle érigeait autour d'un cœur qu'elle le savait tout à fait capable de briser. Un cercle vicieux, s'il devait donner son avis, parce que dans l'anticipation d'une rupture retentissante, elle les empêchait d'être entièrement honnêtes avec leurs sentiments. Micah n'avait plus aucun doute depuis longtemps. Ce n'était pas seulement la Penny qui lui donnait la réplique dont il était attaché, mais bien celle qui se tenait face à lui à cet instant, avec ses doutes et ses travers. Celle avec qui il partageait les banalités d'une vie hors du commun autant que des moments d'une intensité palpable, qui électrisait les moindres recoins de son corps d'un simple effleurement de la peau. Après un accueil glacial, Penny ralluma un feu chaleureux dans sa voix. Micah releva les yeux pour se réchauffer de la douceur de ses mots qui, quoique mesurés, trahissaient un besoin viscéral de le rassurer. « Alors pourquoi ne pas le définir à leur place ? Si c'est une histoire loin des caméras que tu veux, je suis prêt à faire cet effort. » Une preuve considérable de la part de celui qui avait fait des médias un outil de communication comme un autre. Pourquoi s'embarrasser à faire des communiqués de presse quand cette dernière se chargeait elle-même de faire le travail à sa place ? La crainte de Penny était toutefois légitime. Il était plus difficile d'oublier des souvenirs que les autres ressassaient sans arrêt. Son seul tort était de se projeter dans l'échec. Un échec de toute évidence précipité par les potentielles infidélités de Micah plutôt que par son incapacité à elle à lui faire confiance. C'était d'autant plus vexant que le jeune homme pensait depuis tout ce temps avoir dévoilé davantage que le portrait qu'on brossait publiquement de lui. N'était-il qu'un bourreau des cœurs à ses yeux ? « Tu a juste quelques mots à dire pour que ça n'arrive pas. On peut pas vivre éternellement dans cette incertitude. Ça ne te dérange pas, toi ? » avait-il demandé, sincèrement curieux de savoir si Penny se complaisait dans leur histoire imprécise. Lui aussi se rendait malade à l'idée de la savoir avec un autre. A l'idée que le problème venait bien plus de lui que des rapports que Penny entretenait avec l'engagement. Il ne pouvait pas, et ne voulait pas, rester à jamais un amour potentiel qu'elle se gardait sous le coude. A cette heure, il cherchait encore un moyen de lui prouver qu'il était digne de cette affection qu'elle ne manifestait qu'en l'absence de témoins.

« Oh je ne fais pas que le croire, j'en suis convaincu. » avait-il répondu, espiègle, jouant de cette image qui lui collait à la peau. Si Micah était un homme sûr de lui, il n'avait plus aucune certitude quand il était question de Penny. C'était bien la raison pour laquelle il lui était si dévoué. Parce qu'aussi insupportable était la situation, une partie de lui adorait ce soin qu'elle mettait à lui résister. « D'accord tu marques un point. Si j'organisais une fête chez moi, en petit comité, est-ce que tu viendrais ? » demanda-t-il, alors qu'elle cédait enfin une bataille en se laissant attirer à lui. Ils retrouvèrent leur complicité de la veille, comme si ces cinq dernières minutes n'étaient plus qu'un mauvais rêve duquel ils s'étaient réveillés. Le contact de leurs lèvres fut trop court. Une invitation à y retourner plus tard. Penny s'assit sur sa cuisse, aussi légère que ne l'était son cœur.  Un frisson galopa dans son dos et lui hérissa les poils de la nuque. « Maintenant c'est toi qui me flattes. Tu serais bien plus que ça. Tu serais la copine du grand, beau et charismatique Micah Tomlinson. » avait-il renchéri pour la taquiner. Pensait-elle vraiment n'être qu'un faire-valoir ? Quelle estime tenait-elle de son propre charisme ? N'importe qui ne pouvait pas se targuer de faire languir Micah Tomlinson comme elle le faisait si brillamment. « Tu te rends compte que ça n'a pas de sens ? C'est rien que de la superstition. Et de toute façon pourquoi ça ne marcherait pas ? Si on partait de ce principe on ferait rien de nos vies. » avait-il rassuré, sa main parcourant avec convoitise une jambe bien trop vêtue à son goût. « Si on doit être sincère, il y a plus de chances que ce soit toi qui me brises le cœur. Et alors ? Si ça peut me permettre de me vanter, même momentanément, de sortir avec Penny Stringer, je suis prêt à prendre ce risque. » Il le pensait. Il préférait vivre leur histoire avec toute l'intensité qu'elle méritait, quitte à la voir se consumer comme un feu de paille, plutôt que de nourrir les regrets de ne jamais avoir essayé. « On ne peut pas briser un cœur indifférent. On est déjà dedans jusqu'au cou Penny. » Et il n'y avait que le déni pour la convaincre du contraire. Leur attachement n'était pas qu'un esprit qu'on invoquait en proférant son nom. C'était une évidence. Un euphémisme même, qu'ils sous-estimaient par peur de parler d'amour.

« Alors pourquoi ne pas le définir à leur place? Si c’est une histoire loin des caméras que tu veux, je suis prêt à faire cet effort. » Tu étais surprise par la direction que prenait toute cette discussion. Ces images de Micah dans la presse qui avaient mal commencé ta journée étaient désormais en train de forcer une conversation que vous aviez constamment repoussé. Qu’est-ce qui avait changé pourtant entre hier soir et ce matin? Rien du tout, si ce n’est que tu t’étais montrée ouvertement jalouse une fois de plus, prouvant cet attachement que tu lui portais sincèrement, mais que tu te refusais de nommer. Tes raisons de te cacher derrière une relation sans label se faisaient de plus en plus limitées et de moins en moins sensées, mais malgré tout ça, tu n’arrivais pas à tout simplement te laisser aller comme Micah semblait être prêt à le faire. « C’est pas déjà un peu ça qu’on a? » Ou tenait-il absolument à définir ce que vous étiez, à mettre des mots sur ces sentiments que tu éprouvais clairement pour lui, ceux qu’il semblait ressentir tout aussi fort à ton égard? En étiez-vous réellement à ce point? Était-ce l’heure de prendre ce tournant, de t’abandonner corps et âme dans cette histoire qui t’obsédait déjà depuis deux ans? Lui faisais-tu assez confiance pour ça? Ou plutôt, te faisais-tu assez confiance à toi-même pour ne pas tout saboter, comme tu avais la mauvaise habitude de le faire, par peur de t’engager, par peur que tout devienne trop vrai trop rapidement? « Tu as juste quelques mots à dire pour que ça n’arrive pas. On peut pas vivre éternellement dans cette incertitude. Ça ne te dérange pas, toi? » Bien sûr que ça te dérange. Si ça ne te dérangeait pas, tu n’aurais jamais eu cette réaction face à l’idée que quelque chose ait pu se passer entre Micah et Jorja. La simple idée qu’il puisse se perdre dans les bras d’une autre suffisait à te donner le tournis, et l’admettre aurait dû être facile. Alors pourquoi est-ce que ça ne l’était pas? « Tu sais que je ne vois que toi. » Que je ne veux que toi. Pourquoi est-ce que les mots restaient ainsi coincés dans le fond de ta gorge? Tu le voyais bien, qu’il n’attendait qu’un signe clair de ta part, quelques mots, des gestes pour prouver ce qui aurait dû être facile à dire. Mais voilà qu’une fois encore, tu t’entêtais à rendre tout inutilement compliqué.

Le changement de ton est la bienvenue, quand tu sens la conversation devenir un peu moins sérieuse et que l’humour reprend sa place attitrée entre vous deux pour rendre le tout plus léger. « Oh je ne fais pas que le croire, j’en suis convaincu. » Tu fais une légère moue, mais échappes tout de suite après un léger rire qui vient contredire ce que tu viens d’affirmer. Tu fonds comme neige au soleil devant lui, c’est l’effet qu’il a toujours su avoir sur toi et tu sais que ça, ça ne risque jamais de disparaître complètement. « D’accord tu marques un point. Si j’organisais une fête chez moi, en petit comité, est-ce que tu viendrais? » Tu fais mine d’y réfléchir pendant quelques instants, avant d’affirmer d’un léger mouvement de la tête que oui, tu serais plus ouverte à cette possibilité que celle de l’accompagné dans un club quelconque où les chances d’être pris en photos constamment par des paparazzis sont trop grandes à ton goût. « Je pense que je pourrais me laisser convaincre. » que tu murmures doucement, ton humeur déjà bien plus joueuse et docile qu’elle ne l’était à ton réveil. Blottie contre lui, tu te soucies seulement des différentes sensations que la proximité entre vos deux corps te procure. Tes doigts qui dansent sur sa peau, les siens qui s’accrochent à toi, tout ça a bien meilleur goût que vos échanges verbaux qui semblent toujours prendre une tournure indésirable. « Maintenant c’est toi qui me flattes. Tu serais bien plus que ça. Tu serais la copine du grand, beau et charismatique Micah Tomlinson. » « Comment est-ce que je peux avoir le beau. » que tu répliques aussitôt, sur le même ton plein d’humour que l’acteur. « Tu te rends compte que ça n’a pas de sens? C’est rien que de la superstition. Et de toute façon, pourquoi est-ce que ça ne marcherait pas? Si on partait de ce principe on ferait rien de nos vies. » Tu savais qu’il avait parfaitement raison, que ta logique était fautive et que tu passais sans doute à côté de quelque chose d’extraordinaire à te la jouer prudence de cette façon, et pourtant, tu ne parvenais toujours pas à baisser entièrement ta garde, le cœur trop durement fortifié. « Si on doit être sincère, il y a plus de chances que ce soit toi qui me brises le cœur. Et alors? Si ça peut me permettre de me vanter, même momentanément, de sortir avec Penny Stringer, je suis prêt à prendre ce risque. » Tu te pinces légèrement les lèvres. Il disait exactement les bonnes choses, tout ce que tu voulais entendre, tout ce qui aurait dû te rassurer, te donner envie de prendre ce risque avec lui. « On ne peut pas briser un cœur indifférent. On est déjà dedans jusqu’au cou Penny. » Tu hoches doucement la tête, tu le sais qu’il a raison, tu ne peux plus fuir, tu ne veux pas fuir, mais tu hésites, encore et toujours. « Je veux pas briser ton cœur. » Ta voix n’est qu’un murmure, ton visage qui se rapproche de celui de l’acteur, ton front qui se colle légèrement contre le sien. « Donne-moi encore un peu de temps, s’il-te-plaît. » Avant de te forcer à prendre une décision, avant de te donner cet ultimatum qui semble vous pendre au bout du nez de plus en plus : de s’afficher, d’officialiser ce qui est déjà tout comme ou de finalement lâcher prise. Tu ne veux pas lâcher prise, tu n’en as pas la force, ni l’envie. Tu viens glisser tes doigts dans les cheveux du Tomlinson, tes lèvres qui viennent embrasser sa mâchoire d’abord avant de descendre le long de son cou. C’est fourbe sans doute, de jouer ainsi, de repousser encore un peu plus l’échéance en tournant complètement la situation, mais vous n’avez jamais eu besoin de mots pour bien vous entendre de cette façon, quand ton corps a toujours su s’accorder si bien au sien. Tu te redresses légèrement, seulement pour pouvoir reprendre place contre lui, à califourchon cette fois, tes bras entourant son cou avant que tu ne lui voles ses lèvres d’un baiser empli d’une passion que tu ne saurais prétendre ou diminuer tant elle te consume sur place.

A défaut d'aveux, Micah avait au moins gagné la certitude que Penny tenait à lui. La discussion ne les menait à l'évidence nulle part. La jeune actrice campait sur ses positions, s'obstinant pour des raisons superstitieuses à ne pas mettre de mots sur ce lien précieux qui les unissait depuis des mois désormais. Comme si elle craignait qu'en les invoquant, ils puissent s'incarner et les engager auprès du public. Ses intentions auraient pu être louables, si seulement Micah ne doutait pas des prétextes confus qu'elle avançait. Cela dépassait largement sa volonté cupide de préserver leur intimité, de le garder pour elle comme un trésor inestimable. Lui était trop attaché pour lui tenir rigueur de ce zèle mal placé. Pour se vexer de demeurer à ses yeux le coureur de jupons qu'on dépeignait dans la presse. « On a bien quelque chose loin des caméras. Mais je saurais pas trop dire ce que ça représente pour toi. » avait-il répondu, hochant les épaules un peu naïvement, cherchant désespérément dans ses paroles la confirmation ferme et formelle qu'il était cher à son cœur. Son corps entier s'était détendu en l'entendant dire à demi-mot qu'il était unique. Le seul à qui elle pouvait consentir, dans un futur plus ou moins proche, à accorder son amour. « Et tu sais que je ne vois que toi. Que je ne pense qu'à toi. » Des répliques qui faisaient écho à celles qu'ils s'échangeaient sur le plateau, avec une sincérité tangible. Ils n'étaient pas mauvais, pour de jeunes acteurs, mais n'importe qui pouvait comprendre que Micah ne jouait qu'à moitié dans cette série. On ne forçait pas une alchimie. Et quand elle existait indéniablement, on la cultivait avec grand soin, comme on taillait un diamant avant de sertir un bijou porteur de promesses.

Micah préférait de loin la Penny minaudeuse, celle qui affichait une moue fugace, bientôt chassée par une joie incontenable, plutôt que celle qui boudait incontestablement en lui assurant le contraire. Elle avait l'air irrésistible, quand elle faisait mine de lui résister. « Ah ouais ? Je peux te donner un petit aperçu de l'after. » avait-il proposé avec un sourire vicieux en l'attirant vers lui, se laissant tomber sur la matelas. Leur peau n'avait pas fait que s'effleurer cette fois, inspirant à Micah des tas d'autres façons de se prouver leur valeur. Ses doigts adoraient parcourir ses jambes nues et lisses comme la soie des draps de l'hôtel. Il resta allongé pour la contempler, tandis qu'elle se relevait. Elle avait l'air d'une déesse, baignée dans la lumière du matin. « Ok, je suis peut-être pas à mon meilleur au réveil. Mais tu verras, après un passage à la salle de bain je serai un autre homme. » avait-il plaisanté, plaquant ses coudes le long de son corps afin de redresser son buste. Elle ne voulait pas lui briser le cœur, avait-elle confessé. Elle en avait pourtant tous les pouvoirs. Son cœur gisait là, en dehors de sa poitrine, aussi tangible que les bijoux que Penny avait déposés à son chevet avant de s'endormir dans ses bras. « Tu me le promets ? » avait-il demandé. Pressée de conclure, elle vint caresser ses cheveux d'une main délicate mais ferme, embrasser sa mâchoire de ses lèvres douces et parfumées, puis son cou. Dans ces moments, Micah ne pensait plus à rien. Il était à la fois hors de son corps et extrêmement conscient de ses moindres recoins. Même s'il savait bien qu'elle se montrait entreprenante pour mettre fin à leur débat, il se laissa faire, faible et déterminé à la fois. « Pour ça je te donne tout le temps que tu veux. » avait-il ironisé, tandis qu'elle s'installait à califourchon sur ses cuisses. Tous ses muscles se relâchèrent. Elle semblait bien loin, leur querelle de ce matin.

Il n’y aurait pas de résolution complète ce matin. Il n’y aurait pas d’aveu fait sous le lever du soleil, comme il n’y aurait pas de je t’aime murmurés entre deux baisers, pour enfin annihiler la présence du moindre doute. Ce n’est pas pour autant que les mots ne résonneraient pas de partout, entre chacun de vos gestes, mais tu étais incapable de baisser complètement tes barrières pour simplement te laisser-aller à ce que tu savais pourtant ressentir pour l’acteur. « On a bien quelque chose loin des caméras. Mais je saurais pas trop dire ce que ça représente pour toi. » Tu baisses les yeux. Jamais tu n’aurais cru que Micah serait le premier à se montrer ainsi vulnérable, à oser dire des choses que toi, tu gardais encore bien cacher. Tu voulais le rassurer sans pourtant trop en dire, tu voulais faire un pas vers l’avant sans avoir à baisser ta garde, et tu étais consciente que tes envies et ce que ton cœur te criait ne s’alignaient pas et pourtant, tu n’osais pas simplement te jeter à l’eau comme il semblait pourtant le vouloir. « Ça veut dire beaucoup. » Et la seule chose que tu souhaites vraiment à ce moment précis, c’est qu’il puisse te croire sur parole. Que même si ce n’est pas exactement ce qu’il voulait dire, pas exactement ce dont il avait besoin, que cela puisse être suffisant, pour un peu de temps encore au moins. « Et tu sais que je ne vois que toi. Que je ne pense qu’à toi. » Parce que pour toi, d’entendre ses mots-là, associés avec cette manière bien particulière qu’il avait de te regarder à l’instant, ça te suffisait. Ça suffisait à faire disparaître toute trace de jalousie déclenchée plus tôt par ce stupide article auquel tu n’aurais jamais dû accorder la moindre importance dès le départ.

« Ah ouais? Je peux te donner un petit aperçu de l’after. » « Si tu m’offres des arguments convaincants comme ça en plus… » que tu minaudes à nouveau, ce sourire joueur ne quittant plus tes lèvres désormais alors que tu te convaincs que la tempête est derrière vous, pour cette fois. Il n’y a pas de raison pour que cette matinée ne se poursuive pas sur une bien meilleure note après tout. « Ok, je suis peut-être pas à mon meilleur au réveil. Mais tu verras, après un passage à la salle de bain je serai un autre homme. » Tu ris doucement. Oh, Micah n’avait pas besoin d’un quelconque passage à la salle de bain pour devenir un bel homme. S’il aimait prendre soin de son apparence, c’était pourtant son charisme et son sourire légendaire qui faisait à tes yeux tout son charme, choses pour lesquelles il n’avait définitivement pas besoin de mettre le moindre effort. « Tu me le promets? » Dans cette proximité, avec ses mains sur tes hanches, tes bras autour de ton cou, il était facile, bien que trop aisé de succomber. « Je te le promets. » Promesse que tu t’empressais de sceller avec un baiser, avec des caresses qui laissaient facilement supposées de quelle façon tu souhaitais désormais prolonger ce moment. « Pour ça je te donne tout le temps que tu veux. » Un sourire s’étire sur tes lèvres, au milieu d’un énième baiser alors que sans plus attendre, tu te débarrasses du haut que tu t’étais tant empressée d’enfiler il y a quelques minutes à peine. Ta peau retrouvant la sienne, ton corps réclamant toujours plus, tu n’étais plus pressée de voir les heures filer avant que la réalité ne vous rattrape, préférant te perdre dans ces promesses retenues et tout ce que tes caresses s’efforçaient de dire sans que jamais tu n’aies à dire le moindre mot.