Eliana Ferragni a toujours été une personne redoutée et redoutable. Pourtant les personnes les plus rebelles osent s’approcher de la grande dame. Ils savent trouver quelques paroles pour dompter l’italienne. Cependant il faut se montrer prudent car certains sujets sont et resteront interdits pour elle. Elle refuse de parler famille et enfant car des sombres histoires se sont produites dans son ancienne vie. L’ancienne Eliana avait mis au monde un enfant hors mariage et les choses ne se sont pas déroulées comme dans un conte de fée. Entourée par la solitude, la grossesse de la jeune femme a été très dure à vivre, sans parler de l’abandon de son enfant. Pendant plus de quinze ans, elle n’a pas voulu savoir ce qu’il s’était réellement joué dans son dos, se concentrant à se reconstruire une nouvelle vie bien rangée et tenir ses engagements envers Dieu. Pourtant la vie n’est pas un long fleuve tranquille et sa venue en Australie n’a pas été faite au hasard.
Au lieu de parler de sujets pouvant contrariés la Ferragni, Eliana oriente la conversation sur son interlocuteur. « Dix ans. » L’italienne apprend donc que Sisco enseigne depuis dix ans sur l’ile des kangourous. Pourtant il a toujours autant l’allure d’un français, c’est ce qui fait son charme. Entre deux silences, elle glisse un compliment à sa façon. Lorsqu’elle lui a mis sa cravate rouge autour du cou, elle a eu le temps de détailler les traits masculins. Son sourire et son regard sont restés les mêmes, elle ne les a pas oubliés. Il y a juste sa barbe et sa tignasse qui ont légèrement changé de teinte. Ses quelques minutes dans la loge lui ont été grandement apprécié par la dame, tout particulièrement lorsqu’il lui a parlé dans sa langue natale.
Antone incline doucement la tête au compliment de l’italienne avant de rebondir dans la conversation. « Tu m'as l'air moins heureuse qu'à l'époque. La vie te donnerait-elle du tracas ? » Eliana a un rictus amusé à ses derniers paroles. A-t-elle déjà connu une effusion de bonheur un jour ? Elle ne sait pas, ou alors elle l’a oublié. Les émotions n’ont jamais été son truc. « Parce que je donnais l’impression d’être heureuse à l’époque ? » Elle ne peut s’empêcher de rire, doucement. Son mariage avait été une punition. Au fil des années, elle a réussi à s’y habituer et à manier son époux à sa guise, mais il n’y a jamais eu de bonheur entre eux, juste une histoire d’argent. Toujours une histoire d’argent et de réputation quand Signore Ferragni tire les ficelles par derrière. « Oui c’est vrai, les bijoux me rendent heureuse. » Elle fait un clin d’œil à la vente aux enchères. Les diaments lui ont été toujours fidèles. Les hommes, c’est un autre débat. Son mariage arrangé l’a profondément révolté à son plus jeune âge. « Les hommes, vous avez encore du travail à faire. » Elle défit du regard Antone, est-il différent de tous ces hommes ? « Je n’ai pas envie de parler de ma vie privée ce soir. » qu’elle annonce d’une voix un peu plus froide, moins chaleureuse, faisant référence aux tracas de la vie. « Le trajet est-il encore long ? » qu’elle demande au barbu avec un fin sourire sur ses lèvres carmin.
« Parce que je donnais l’impression d’être heureuse à l’époque ? » Antone s'interroge sur de potentiels sarcasmes dans la voix d'Eliana qu'il devine suffisamment pour nourrir des soupçons mais ne connait pas assez pour justifier des certitudes. Une compréhension en demi-teintes le laissant pensif et l'amenant à se caresser la barbe au moment de répondre un « C'est le souvenir que j'en garde ... » suivit d'un haussement d'épaules. Les souvenirs c'est comme le reste, ça se déforme avec le temps. Sisco n'exclue pas l'idée d'avoir été plus marqué par son sourire que par un potentiel jeu de dupe où feindre la joie n'aurait eu pour but que de sauver les apparences. « Oui c’est vrai, les bijoux me rendent heureuse. » Le corse sourit, nullement dérangé par le caractère vénale de l'italienne. Après deux divorces et plusieurs millions de dollars rackettés par ses ex-femmes, il a compris que ce qui est précieux fait battre le cœur des précieuses plus que tout autre chose, raison pour laquelle il s'est juré qu'on ne l'y prendrait plus. « Les hommes, vous avez encore du travail à faire. » Le sourire d'Antone s'étire. Il n'en dit rien, mais il n'en pense pas moins : s'il fallait attendre des femmes qu'elles s'occupent elles-mêmes de leur propre bonheur, ce monde serait peuplée de dépressives suicidaires et aigries. Résiliant, il préfère ne pas entrer dans ce jeu là, voyant venir gros comme une maison que faire un quelconque commentaire à ce propos reviendrait à entrer dans un débat stérile sur les convictions de chacun. La rancœur ne se raisonne pas : Ferragni a probablement ses raisons d'être aussi froide et Sisco ne compte pas charbonner gratuitement pour la faire changer d'avis. Son temps est précieux, son investissement aussi, trop pour devenir les marionnettes d’une provocatrice. « Nous y sommes presque. » Répond-il simplement lorsque l'italienne manifeste son impatience.
En jetant un coup d'œil à travers la fenêtre, Sisco remarque qu'ils viennent de passer devant le lieu et que le chauffeur cherche désormais un bas côté sur lequel se ranger le temps pour eux de descendre du véhicule. Gentleman, il tient la portiére à Ana qu'il invite à le suivre le long du trottoir. Le centre ville de Brisbane est animé en ces fêtes de fin d'année, les gens se pressent pour terminer leurs emplettes et l'ambiance est aux décorations lumineuses. « J'ai pensé que quelques cailloux termineraient ta soirée en beauté. » Commence-t-il en s'arrêtant devant la façade discrète de ce qui s'avère être un studio d'exposition. Ouvrant la porte à la brune, Antone se présente au guichet pour leur acheter deux entrées. Au dessus de l'arche donnant sur les salles remplis de bijoux de collections privées et de tournages de films connus, on peut lire '' Diamonds are a girl's best friend ''.
Revenant aux côtés d'Eliana, Antone lui laisse le loisir d'ouvrir la marche, s'effaçant et présentant le début de l'exposition d'un élégant geste de la main. « Après vous. » En italien, bien entendu.
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Dernière édition par Antone Sisco le Mer 16 Fév 2022 - 16:04, édité 1 fois
« C'est le souvenir que j'en garde ... » L’italienne étire un sourire sarcastique sur ses lèvres. Après tout, Antone et Eliana se sont croisés une seule et unique fois à une soirée aux enchères, difficile de cerner une personne d’un coup de regard. A cette époque, Eliana menait une vie bien différente, mariée contre son gré, elle a essayé de repérer ses péchés. Signore Ferragni avait été furieux que sa fille adorée ait un enfant hors mariage. Eliana n’avait pas eu son mot à dire, c’était comme ça que les choses fonctionnaient dans sa famille, le respect des ainés prônait sur tout le reste. S’il y a bien une personne que la reine des glaces redoutait, c’était son père.
Bien rapidement, la Ferragni fait comprendre à son interlocuteur qu’elle n’a pas envie de continuer cette conversation. S’il y a une personne qui peut poser des questions dans cette voiture, c’est bien elle. Pourtant elle ne dit rien, elle chasse d’un revers de main les sujets tabous, demandant au barbu quand ils arrivent. La patience d’Eliana a des limites ce soir, elle a déjà été mise à rude épreuve durant le show. C’est bien pour les beaux yeux d’Antone qu’elle a accepté son invitation. Elle est curieuse de voir comment ils ont évolué depuis toutes ces années. « Nous y sommes presque. » La brune affiche un sourire satisfait avant de tourner son regard vers la fenêtre tintée de la voiture.
Quelques minutes la berline se gare, Antone ouvre la porte à Eliana. L’italienne adresse quelques mots à son chauffeur avant sortit avec élégance de sa voiture. Elle ajuste son manteau sur ses épaules et observe l’animation autour d’eux. « J'ai pensé que quelques cailloux termineraient ta soirée en beauté. » Annonce Antone alors qu’il la guide vers une galerie d’exposition. Gentleman jusqu’au bout des doigts, le corse ouvre la porte à Eliana qui s’avance à l’intérieur du studio. Son regard bleuté se pose sur le nom de l’exposition : Diamonds are a girl's best friend. Antone marque des points. « Après vous. » Eliana ne se fait pas désirer bien longtemps et s’approche des différents présentoirs, dévoilant les magnifiques pierres de collection. La simple vision des bijoux la rende heureuse, que son cœur pourrait presque se mettre à battre. Elle apprécie ce geste. Eliana retourne légèrement la tête vers le corse. « Je dois dire que tu sais captiver mon attention Antone Sisco. » Et cela n’arrive pas tous les jours, vous pouvez demandez aux pauvres employés de la Maison Weatherton. « Je parle de l’exposition de bijoux, bien évidemment. » qu’elle ajoute étirant un léger sourire satisfait que le bout des lèvres. La taquinerie va de bon train entre eux. Eliana tend son bras à Antone pour qu’il s’en saisit et continue à faire le tour de l’exposition en très bonne compagnie Finalement, la soirée d’Eliana Ferragni n’a pas été aussi catastrophique qu’elle l’aurait prédit.
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