Au volant de ma tesla, j'accélère d'avantage encore alors que le feu passe déjà au rouge. Peu m'importe le code de la route, il faut que j'aille au plus vite à l'hôpital. Ce qui, en soit, est idiot, car au final si je vais à l'hôpital c'est justement parce que mon meilleur ami s'y trouve à cause d'un accident de la route. Ma logique -qui est peut-être un peu trop rationnelle- voudrait que je fasse deux fois plus attention. De toute manière, que puis-je faire à l'hôpital ? Etant son contact d'urgence, évidemment que j'ai été appelé en premier, mais que je sois à ses côtés dans cinq minutes ou dans deux heures, ça ne change pas grand chose en vrai, non ? Le problème c'est que le médecin a prononcé la phrase  « pronostic vital engagé » et je sais exactement que chaque minutes compte en ce moment même.

C'est en trombe que je débarque sur le parking et que je gare ma voiture sur la première place que je trouve. Ignorant les plaintes du gars qui était sur le point de se garer là avant moi, je referme mon véhicule et m'élance en courant vers l'entrée de l'hôpital, ralentissant seulement lorsque je pénètre dans le hall. Me prenant le temps de me calmer, je me dirige vers la réception et demande à voir Cian Atwood. Lorsque la femme me demande qui je suis pour lui et sachant pertinemment qu'ils ne laisseront entrer que la famille proche je balance que je suis son frère. Elle m'observe quelques instants mais ne me demande pas ma carte d'identité et m'indique de prendre la direction des soins intensifs.

Une fois dans le service, je trouve une infirmière qui se prend d'abord le temps de m'expliquer tranquillement ce qu'il en est de mon meilleur ami avant de m'indiquer la chambre. La remerciant rapidement et sincèrement, je me dirige vers la porte que j'ouvre … avant de me figer brusquement à la vu d'une inconnu. Petite, rousse, c'est un regard surprit et troublé qu'elle pose sur moi. Pour ma part je reste figé quelques instants à la porte et soutient son regard avant que mon expression ne se durcisse  «T'es qui toi ? » exit la politesse et la bienveillance dont je fais preuve en temps normal : une inconnue se trouve au chevet de MON meilleur ami qui est dans un état critique.  «Qu'est-ce que tu fou là ?  » il ne m'a jamais dit qu'il connaissais quelqu'un de son genre et même si Cian est du genre à se taire assez facilement sur sa vie privé, il m'aurait sans doute dit s'il connaissait cette personne.

Tu avais dû convaincre ton frère de te mener à l’hôpital. Il ne comprenait pas pourquoi tu tenais tant à y aller puisque l’homme à qui tu avais porté secours était selon lui entre de bonnes mains désormais et que ce n’était pas vraiment ta place de t’en faire autant pour un homme que tu ne connaissais pas. Pourtant, tu étais tout simplement incapable de lâcher prise, l’état de l’homme étant dans un état critique lorsque les ambulanciers l’avait pris en charge, tu avais absolument besoin de savoir que son état allait se stabiliser, refusant de t’imaginer le pire. Tu ne le connaissais pas, non, mais l’idée d’avoir été témoin d’un accident qui pourrait potentiellement lui coûter la vie te glaçait le sang et tu te connaissais assez pour savoir que tu n’aurais pas l’esprit tranquille toute seule chez toi. Donc plutôt que de prendre le chemin vers ton appartement, c’est le chemin de l’hôpital que ton frère avait fini par prendre, suivant l’ambulance de loin. La route t’avait paru éternelle entre l’endroit de l’accident et l’hôpital, tu ne pouvais t’empêcher d’imaginer le pire constamment, craignant que l’homme ne succombe à ses blessures pendant le trajet ou le transfert, effrayée que la prise en charge ne se fasse trop lentement. Elles étaient loin d’être positives, toutes les pensées qui s’enchaînaient encore et encore dans ton esprit et tu pris à peine le temps de saluer ton frère avant de prendre le chemin des urgences.

Tu ne t’attendais pas à ce qu’on te laisse le voir de suite, en vérité tu ne t’attendais même pas à ce qu’on te donne des nouvelles puisque tu n’étais pas de la famille, hell, tu ne connaissais même pas son nom. Mais dans une panique que tu ne saurais expliquer, tu t’étais imposée à une infirmière, disant que tu étais avec l’homme qui avait eu un accident de moto, apprenant son nom de cette façon. Cian Atwood. Tu avais hoché vivement de la tête, comme s’il ne s’agissait pas là d’une information toute neuve et on t’avait demandé de patienter avant de te rassurer, te disant que dès que tu pourrais le voir, quelqu’un viendrait te chercher. Tu ne sais pas ce qui s’était passé, peut-être était-ce ton allure paniquée qui avait joué en ta faveur, ou alors le fait que tu étais encore détrempée des longues minutes passées sous la pluie battante à attendre l’ambulance qui donnait l’impression que tu avais peut-être été avec lui pendant l’accident, mais voilà que tu avais droit à des informations que tu étais persuadée que l’on te refuserait. Tu ne sais pas combien de temps tu attends avant qu’un médecin ne vienne te voir pour te mettre au courant de son état, critique mais stable dans l’immédiat, et quand il te propose d’aller le voir, tu n’hésites pas une seule seconde avant de dire oui. C’est sûrement étrange comme comportement, mais tu n’as pas le temps de réfléchir à tout ça, ressentant seulement le besoin de voir de tes yeux qu’il est encore vivant et que par miracle, il allait s’en sortir.

Ce sont les images de l’accident qui ne cessent de défiler sous tes paupières fatiguées alors que tu restes assise sur l’une de ses chaises inconfortables à côté du lit de l’homme, Cian, qui se trouve actuellement dans le coma. Il est dans un piètre état, son corps parsemé d’ecchymoses et d’égratignures. Tu es concentrée sur les différentes données qui apparaissent sur la machine à côté de lui, sans trop savoir ce que ces dernières veulent dire, quand la porte de la chambre s’ouvre à nouveau et cette fois-ci, ce n’est pas un médecin ni une infirmière qui pénètre dans la pièce. « T’es qui toi? » La voix de l’homme se veut agressive, presque autant que le regard noir qu’il te lance. Intimidée, tu te lèves lentement, incapable de trouver les bons mots pour répondre à sa question. « Qu’est-ce que tu fou là? » Tu continues de le regarder, un air choqué sur le visage, soudainement incapable de bouger. « Je hm… je suis désolée, je voulais pas déranger je… » Tu n’es pas trop cohérente là Autumn, il va falloir faire mieux que ça. « Je m’appelle Autumn, j’étais présente, quand Cian a eu son accident… » Tu détestes quand tu te mets à bégayer comme ça. « C’est moi qui aie appelé les secours. » que tu expliques maladroitement. C’est déjà un peu mieux, mais tu n’es pas certaine que ça répond réellement à sa deuxième question. « Je voulais voir comment il va et je hum… je voulais pas le laisser seul. » Mais là, il n’était plus seul alors peut-être que tu étais mieux de t’éclipser avant que le grand blond aux cheveux bouclés ne se mettent à t’agresser une fois de plus, pourtant tu as soudainement l’impression d’avoir les pieds cloués dans le plancher, incapable de te mettre en marche, ni même de te rasseoir à nouveau.

Je me rends compte de l'animosité de mes paroles lorsque la jeune rousse qui se trouve au chevet de mon meilleur ami se redresse et bégaye, complètement démunie. Elle ne s'attendait pas à voir quelqu'un et encore moins à se faire agresser de la sorte. Tout à coup, le soufflet retombe et je me retrouve comme un con face à celle qui, finalement, a sans doute sauvé la vie à Cian. Elle est là, gentille et peu sûre d'elle, face à moi qui n'a même pas cherché à comprendre la réalité de la chose. En moins d'une minute elle me remet à ma place. Pendant quelques secondes (ou minutes, je n'en sais rien) aucun de nous ne parle et nous nous observons simplement, incapable de dire quoique ce soit ou de bouger.

Finalement, c'est un bip un peu plus sonore d'une des machines auxquelles Cian est branché qui me fait revenir à la réalité.  «Désolé » dis-je enfin dans un souffle avant de, m'avancer vers le centre de la pièce où se trouve le lit  «Ce..C'est juste que ... » je pince les lèvres et déglutis difficilement  «Je suis son m...son frère » étant donné que j'ai donné une fausse identité à la femme de l’accueil, je peux très bien continuer mon petit manège de mensonge, non ? Au moins ce ne sera pas cette fille qui révélera le vrai lien qui nous uni, Cian et moi  « Et ...pardon, c'est juste l'inquiétude qui m'a fait perdre mes bonnes manières» m'excusais-je  « Je ne pensais pas voir qui que ce soit à son chevet aujourd'hui donc...bref, excuse moi.» je secoue la tête et toussote un peu pour retrouver contenance  « Tu peux rester, évidemment» que j'ajoute avant de finalement m'avancer vers mon meilleur ami.


Mes entrailles se serrent et mon cœur se brise face à cet homme, son visage tuméfié et le tube enfoncé dans sa gorge qui le maintient en vie. Pour combien de temps ? Je n'en sais rien.  « C'est toi qui a appelé les secours du coup ?» demandais-je à voix basse, comme si j'avais peur de déranger Cian dans son sommeil.  «Tu sais ce qui s'est passé ? Comme ça s'est passé ? Et ce qu'il a ? Je n'ai eu aucune information, je sais juste que le médecin m'a appelé pour me dire que son pronostic vital était engagé et que je devais donc venir au plus vite» je pince les lèvres, refoulant le trop plein d'émotion qui risque de me submerger  « Moi c'est Thomas» me présentais-je soudainement afin de ne pas paraître trop impolie.

Il est intimidant, le grand blond avec sa voix rogue et son air renfrogné. Il n’est pas difficile de comprendre l’inquiétude qui l’habite face à la condition de son ami/son frère/son tu-ne-saurais-dire pour le moment parce que même toi qui ne le connais pas, l’homme allongé dans le lit à tes côtés, plongé dans le coma, tu es bouleversée par toute cette situation. Mais il est bien là le problème quand la voix de l’homme s’élève sur ta personne et que toi, tu n’es capable de répondre que par des bégaiements que tu peines à assumer, détestant cette vague de gêne et de malaise qui t’envahit alors que tu peines à comprendre toi-même ce que tu viens réellement faire dans cette chambre d’hôpital. Tu tentes quand même de t’expliquer, de t’excuser et c’est le regard au sol que tu attends une quelconque réaction de la part de l’homme pendant ce qui semble durer une éternité. « Désolé. » Tu ne t’attendais pas à ça, et ça se voit sur ton visage lorsque tu relèves le regard vers lui. « Ce… C’est juste que… » Il est soudainement bien intimidant alors qu’il se met à bégayer autant que toi, comme si la réalité de la situation venait de le rattraper cruellement. « Je suis son m… son frère. » Tu hoches doucement la tête. Tu n’oses pas imaginer dans quel état tu serais si tu te retrouvais devant un inconnu au chevet de ton frère dans le coma. Tu ne veux même pas y penser, la simple idée de perdre Owen te serrant le cœur. « Et… pardon, c’est juste l’inquiétude qui m’a fait perdre mes bonnes manières. » Tu secoues doucement la tête. « Vous avez pas à vous excuser, je comprends. » Ta voix est toujours aussi base et incertaine, mais tu ne baisses pas le regard cette fois-ci. « Je ne pensais pas voir qui que ce soit à son chevet aujourd’hui donc… bref, excuse moi. » « Ça va, j’aurais sûrement pas dû m’imposer de la sorte… » que tu le rassures à nouveau, te sentant déjà bien moins menacée par le blond. « Tu peux rester, évidemment. » « Vous êtes sûr? Je voudrais pas déranger… » Même si ça te rassurerait vraiment, de savoir comment Cian va, de l’entendre de la bouche d’un médecin.

« C’est toi qui a appelé les secours du coup? » Tu fais signe que oui de la tête. « Tu sais ce qui s’est passé? Comme ça s’est passé? Et ce qu’il a? Je n’ai eu aucune information, je sais juste que le médecin m’a appelé pour me dire que son pronostic vital était engagé et que je devais donc venir au plus vite. » Il te pose beaucoup de questions à la fois et tu ne sais même plus par où commencer. « Moi c’est Thomas. » qu’il conclut finalement et tu lui offres un léger sourire. Tu prends une longue inspiration et puis décides d’y aller une chose à la fois. « Il était sur sa moto. On roulait derrière lui depuis un moment, je n’ai rien remarqué d’étrange… Sauf le fait qu’il était à moto sous une telle pluie… » Tu n’y connaissais pas grand-chose, mais tu te doutais bien que ce ne devait pas être recommandé d’utiliser un tel moyen de transport alors que les routes sont particulièrement instables et glissantes comme elles l’étaient aujourd’hui. « Il a perdu le contrôle et la chute a été plutôt brutale. » Les images défilent encore sous tes paupières chaque fois que tu fermes les yeux. « On s’est arrêté aussitôt et j’ai couru jusqu’à lui, il était encore conscient quand je suis arrivée mais il a perdu connaissance après quelques secondes alors j’ai appelé 000. » Et le reste c’était passé si vite, de l’ambulance jusqu’à ici que tu avais toi-même l’impression qu’il t’en manquait des morceaux. « Je ne sais pas ce qu’il a, j’ai dit à une infirmière que j’étais avec lui et quand ils sont venus le porter ici, on m’a dit que je pouvais venir le voir. Mais j’attendais encore de voir le médecin, pour savoir concrètement ce qu’il a. » Mais maintenant que lui était là, tu n’avais certainement plus ta place à ses côtés. « Je suis désolée Thomas, j’aimerais pouvoir vous en dire plus… » Mais la vérité c’était qu’en dehors de l’accident, tu étais autant dans le brouillard que lui sur l’état de son frère.

Je me gifle intérieurement pour mon manque de respect envers cette jeune femme. Elle ne mérite aucunement le fait que je m'adresse avec autant de violence à elle, alors que clairement elle n'a rien fait. D'autant plus encore que c'est grâce à elle que Cian est ici et qu'il a put être prit en charge par l'hôpital. Ne devrais-je pas plutôt la remercier ? Sans aucun doute que oui. Je fini par m'excuser pour mon entrée bien trop fracassante et lui offre un doux sourire lorsqu'elle m'assure qu'il n'y absolument pas de mal. Je lui assure alors qu'elle peu rester et hoche doucement la tête lorsqu'elle me demande si je suis sûr, ne souhaitant pas s'imposer.  « Je vous en pris, oui, rester. Aussi longtemps que vous le souhaitez»

D'autant plus que vu ses dernières déclaration, je me dois de lui poser d'avantage de questions. Peut-être aura-t-elle d'autres réponses que je n'ai pas encore pu avoir ? Elle fini par m'avouer qu'elle roulait derrière Cian depuis un bon moment et qu'elle n'avait rien remarqué de particulier si ce n'est le fait qu'il était à moto. C'est à ce moment que je laisse échapper un lourd soupire, fermant les yeux et me massant les paupières. Mais. Quel. Con. Il avait envie de se tuer ou quoi ? Il le sait pourtant que la moto et la pluie ne vont pas bien ensemble ! Pourquoi s'évertue-t-il donc à faire toutes les conneries possible ?

La jeune rouquine reprend alors qu'elle ne sait pas ce qu'il a, qu'elle a seulement suivit une infirmière qui a ramené Cian ici et elle semble être sincèrement désolée lorsqu'elle dit qu'elle ne peut pas me dire d'avantage.  « C'est déjà beaucoup. Merci, vraiment» soufflais-je alors que je m'installe sur la deuxième chaise. Je fini par détacher mon regard du soldat pour le poser sur la jeune femme  «Au moins vous étiez rapide à réagir et pour ça je ne pourrais jamais assez vous remercier. » je prend une profonde inspiration  « Vous lui avez peut-être sauvé la vie» annonçais-je alors que mon cœur se sert brusquement. L'idée de perdre Cian m'est insupportable. J'ai déjà perdu un frère, je n'aurais pas la force de faire face au décès de celui d'une autre mère.  «Et vous ne le connaissez absolument pas ? Genre, c'est vraiment la première fois que vous le voyez ? » demandais-je  « Je pensse qu'il m'aurait parlé de vous si vous l'aviez vu avant, vous êtes exactement le style de personne sur laquelle il pourrait flashé» dis-je sur un ton plus doux et plus léger, un petit sourire se dessinant sur mes lèvres.  «il n'a rien dit pendant les quelques secondes pendant lesquelles il était conscient ? »

« Je vous en pris, oui, rester. Aussi longtemps que vous le souhaitez. » Tu le remercies d’un léger sourire. Ça te rassure de l’entendre. Tu n’aurais jamais cherché à t’imposer de quelconque façon dans une situation qui doit être difficile pour lui à vivre, mais tu n’aurais pas été bien de repartir chez toi sans avoir la moindre nouvelle de la situation. Tu te sens désormais impliquée, comme si d’avoir assisté à l’accident et d’avoir été celle à lui porter secours te liait à l’homme alors que tu sais bien que ce n’est pas le cas. Malgré tout, tu veux entendre ce que les médecins ont à dire. Tu veux surtout entendre qu’il est hors de danger, ce qui n’était définitivement pas le cas lorsqu’ils ont appeler Thomas selon le peu qu’il te confie. « C’est déjà beaucoup. Merci, vraiment. » Tu secoues la tête doucement, l’air de dire que ce n’est rien. Tu n’as pas pu empêcher l’accident après tout, tu n’étais qu’un témoin impuissant qui a tout vu se dérouler sous ses yeux. Du moins, c’est ce que tu te répètes sans cesse, oubliant le principal : que oui, tu as été utile en réagissant si rapidement sur la scène. « Au moins vous étiez rapide à réagir et pour ça je ne pourrais jamais assez vous remercier. » Les bons mots te font du bien autant qu’ils te gênent et incapable de soutenir le regard de Thomas, tu portes plutôt ton attention sur Cian à nouveau, toujours endormi, toujours immobile, toujours aussi en mauvais point. « Vous lui avez peut-être sauvé la vie. » « N’importe qui aurait fait la même chose. » que tu réponds doucement, posant une main sur le lit. « J’espère qu’il va se réveiller bientôt. » Pour la paix d’esprit de tout le monde, pour pouvoir recroiser son regard sans avoir cette peur viscérale qu’il s’éteigne à tout jamais.

« Et vous ne le connaissez absolument pas? Genre, c’est vraiment la première fois que vous le voyez? » Tu fais signe que oui de la tête, surprise que Thomas remette ce fait en doute. « Je pense qu’il m’aurait parlé de vous si vous l’aviez vu avant, vous êtes exactement le type de personne sur laquelle il pourrait flashé. » Tu te sens rougir davantage, un léger rire s’échappant de tes lèvres. « Je l’avais jamais vu avant aujourd’hui, je le jure. » Ton regard s’attarde sur le visage endormi de Cian. Non, tu t’en souviendrais sûrement si ton chemin avait déjà croisé le sien. C’était une première fois, une rencontre des plus atypiques et tu pouvais comprendre que ta présence puisse porter à confusion. « Vous devez sûrement trouver ça étrange que je reste à son chevet alors que je suis une pure étrangère… » Toi aussi, tu n’es pas certaine de comprendre pourquoi tu ressens un tel besoin de rester ici. « Je ne serais pas sereine chez moi, à ne pas avoir de ses nouvelles. » Et comme tu ne sais pas si tu auras vraiment l’occasion de le revoir après aujourd’hui, tu n’oses pas partir. Pas tout de suite, pas si vite. « Il n’a rien dit pendant les quelques secondes pendant lesquelles il était conscient? » Tu secoues la tête à la négative. « Non, on a échangé un regard, mais c’est tout. » Il t’a vu, tu es persuadée de ça. Son regard s’est accroché au tien, tu lui as dit que ça irait, que les secours étaient en route et puis plus rien. « Est-ce que ça vous dérangerait beaucoup, si je revenais lui rendre visite pendant qu’il est ici? » Vous ne saviez pas encore dans quel état il était, mais tu n’étais pas sans savoir que même dans le meilleur des cas, il devrait passer quelques temps à l’hôpital vu les différentes blessures que tu devines. « Je sais qu’il a sa famille et ses proches déjà, mais ça… ça voudrait dire beaucoup pour moi, si je pouvais au moins prendre un peu de ses nouvelles, ici et là. » Et ça te semblait être la bonne chose à faire que de demander la permission à son frère, après tout.

Je ne m'attendais vraiment pas à voir une jeune femme au chevet de mon meilleur ami, encore moins une inconnue de qui je n'ai jamais entendu parler. Car clairement, Cian me l'aurait dit s'il fréquentait quelqu'un. Il ne m'aurait pas ainsi mis de côté tant, le côté cœur est un sujet important chez lui. J'en aurais été heureux et soulagé qu'il aille enfin de l'avant et j'aurais sans doute tout fait ce qui aurait été en mon possible pour en savoir plus sur cette douce inconnue.

Toutefois, je me rends compte que je me trompe sur toute la ligne : cette fille-là n'est personne pour Cian si ce n'est sa sauveuse. Et c'est déjà énorme ! Elle est la première personne à être venu auprès de mon meilleur ami et rien que pour cela, elle a mon respect le plus total. Ainsi, donc, je la remercie et lui souris doucement lorsqu'elle annonce que n'importe qui aurait fait la même chose qu'elle et qu'elle espère qu'il se réveillera rapidement « Tout le monde espère ça ... » Soufflais-je en posant mon regard sur Cian.

Elle jure ensuite ne jamais l'avoir vu avant puis m'explique que, même si c'est sans doute étrange pour moi de la voir ici, elle n'aurait pas été sereine chez elle sans nouvelles. « C'est bizarre oui» dis-je avec une sincérité déroutante « Mais je peux vous comprendre» hochais-je la tête. Oui, je comprends on ne peut plus. Je pense sincèrement qu'à sa place j'aurais été pareil et j'aurais fait des pieds et des mains pour avoir des nouvelles de celui que j'ai sauvé.

Alors, lorsqu'elle me demande si ça me dérange qu'elle revienne, je secoue doucement la tête « Venez comme vous voulez et quand vous voulez» répondais-je «C'est quoi votre nom et votre prénom ? Comme ça, je vous inscris sur la liste de visite en repartant d'ici » demandais-je en relevant mon regard sur la jeune rousse «Comme les visites sont limité à ses proches, si votre nom figure sur la liste vous aurez plus de facilité pour venir » que j'explique calmement avant de me redresser. Sortant mon porte-feuille de la poche arrière de mon pantalon, je le fouille quelques instant avant d'attraper une carte de visite sur laquelle figure mon nom ainsi que mes différents numéros de téléphones. «Vous avez ici mon nom, mon prénom ainsi que les numéros et l'adresse email sur lesquels vous pouvez me joindre si vous souhaitez avoir des nouvelles de Cian » expliquais-je rapidement «Non, je n'ai pas d'entreprise. J'ai juste pensé que les cartes de visite sont plus simple pour donner mes coordonnés à celui qui les veulent » précisais-je tandis qu'un petit sourire vient étirer mes lèvres

« Et je ne suis pas son frère» annonçais-je finalement « Mais son meilleur ami et la personne de confiance à appelé en cas de problème. La plupart de sa famille est restée en Irlande et il n'est pas des plus proches de ceux qui sont venu ici, sauf sa nièce et son neveux » En parlant d'eux, sont-ils au courant ? Ou est-ce que je devrais me charger de les appeler ?

« Tout le monde espère ça… » Tu ne peux que hocher doucement la tête. Évidemment que c’est ce que tout le monde veut. Que Cian se réveille et que les conséquences laissées par l’accident soient minimes. Mieux encore, qu’il n’y en ait aucune, mais ça, c’est naïf de vouloir y croire, même toi et tes connaissances limitées en médecine en êtes conscientes. Il est impossible de dire combien de temps il sera dans ce lit d’hôpital, ni même combien de temps il sera dans le coma et tout ça est franchement effrayant, déstabilisant. Tu ne connais même pas Cian et tu te sens complètement chamboulée alors tu n’oses pas imaginer comment son propre frère peut se sentir présentement. Tu te sens mal de t’imposer dans un tel moment, tu réalises très vite que tu n’as certainement pas ta place dans cette scène et que ta présence s’explique mal. « C’est bizarre oui. » Tu baisses les yeux, peut-être aurais-tu mieux faire de t’éclipser dès qu’il est arrivé? Tout de ce moment te paraît un peu surréel pour être bien honnête. « Mais je peux vous comprendre. » Et si quelques mots auront suffit à ce que tu doutes de ta présence ici, quelques mots supplémentaires suffissent à te réconforter, dans cette situation qui n'a pas grand-chose de réconfortant pourtant.

« Venez comme vous voulez et quand vous voulez. » Tu souffles, soulagée de l’entendre. Tu ne pensais pas qu’il serait aussi ouvert à l’idée, surtout vu l’accueil qu’il t’avait offert à son arrivée. « Je ne vais pas abuser, c’est promis. » Ce n’est pas ta place de le faire de toute façon. Le simple fait de pouvoir venir le voir, prendre de ses nouvelles te rassure en lui-même, même si la simple perspective que les choses puissent s’envenimer pour lui te tort l’estomac. « C’est quoi votre nom et votre prénom? Comme ça, je vous inscris sur la liste de visite en repartant d’ici. Comme les visites sont limité à ses proches, si votre nom figure sur la liste vous aurez plus de facilité pour venir. » « Autumn Galloway. » que tu te présentes officiellement, comme tu aurais peut-être dû le faire dès le départ. Au moins, maintenant il a toutes les informations. « J’ai déjà fait croire à l’une des infirmières que j’étais sa copine, pour pouvoir rentrer dans la chambre. » que tu avoues à Thomas avec un léger rire. C’est sans doute pour le mieux que les choses soient faites de manière officielle, pour t’éviter de devoir mentir à répétitions. Thomas fouille rapidement dans ses poches et tu l’observes faire alors qu’il finit par te tendre ce qui ressemble à une carte d’affaire tout droit sorti de son portefeuille. « Vous avez ici mon nom, mon prénom ainsi que les numéros et l’adresse email sur lesquels vous pouvez me joindre si vous souhaitez avoir des nouvelles de Cian. » Tu jettes un coup d’œil à la carte, balayant des yeux toutes les informations énumérées par l’homme. « Non, je n’ai pas d’entreprise. J’ai juste pensé que les cartes de visite sont plus simples pour demander mes coordonnées à celui qui les veulent. » « C’est pas bête comme idée. » que tu rétorques, venant placer à ton tour la carte dans la poche arrière de ton jean. « Merci beaucoup. J’apprécie vraiment. » Tu as l’impression un peu bête et inexplicable qu’il te fait confiance alors que vraiment, il n’attend rien de ta part. « Vous étiez vraiment pas obligés de faire tout ça. » Il y en a beaucoup dans sa position qui t’aurait chassé sans jamais chercher à comprendre, tu en es persuadée.

« Et je ne suis pas son frère. » Oh. Apparemment que tu n’es pas la seule à avoir eu envie de mentir ce soir. « Mais son meilleur ami et la personne de confiance a appelé en cas de problème. La plupart de sa famille est restée en Irlande et il n’est pas des plus proches de ceux qui sont venu ici, sauf sa nièce et son neveux. » Tu hoches la tête, assimilant toujours aussi prudemment chaque nouvelle parcelle d’information offerte sur l’homme dont la vie ne tient toujours qu’à un fil. « Vous êtes le premier à venir le voir je crois. » Personne d’autre n’est entré dans la chambre depuis que tu es là, et tu es venue directement après l’accident. Tu serais surprise d’apprendre que quelqu’un a su passer avant toi. « Est-ce que je peux vous aider pour quoique ce soit? » Tu n'es certainement pas la meilleure personne pour annoncer à ses proches ce qui s’est passé, mais si tu peux lui offrir quelconque soutient, tu souhaites pouvoir le faire.

J'adresse un doux sourire reconnaissant à la jeune femme quand elle dit ne pas vouloir abuser des visites et hoche la tête lorsqu'elle se présente comme étant une certaine Autumn Golloway. C'est, finalement, même un petit rire amusé qui s'échappe de mes lèvres en l'entendant m'annoncer qu'elle a déjà fait croire aux infirmières qu'elle était sa copine. « Croyez-le ou non, mais vous serez absolument le genre de fille sur laquelle il pourrait craquer» dis-je en hochant doucement la tête. Loin de moi l'envie de jouer les entremetteurs, ce n'est ni l'endroit ni le moment pour cela, d'autant plus que je ne connais rien de la jeune femme -et que Cian ne mérite, de toute façon, que le meilleur en ce qui concerne la gente féminine- mais il pourrait, plus tard, éventuellement y avoir moyen de moyenner.

Je finis par lui tendre une carte de visite sur laquelle figure mes numéros et adresses email auquel elle pourra me joindre si besoin est. Lorsqu'elle m'assure que je n'étais pas obligé de 'faire tout cela je me contente de hausser les épaules «Et vous vous n'étiez pas obligé de rester avec lui et pourtant pour l'avez vous fait » je lui adresse, à nouveau, un sourire reconnaissant avant de secouer la tête à sa prochaine question «Je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit à faire pour l'instant » dis-je en posant mon regard sur mon meilleur ami «Et je n'ai besoin de rien, mais c'est gentil de proposer votre aide. »

Je laisse échapper un soupir et me recule contre le dossier de la chaise, croisant les bras devant moi « Vous faites quoi dans la vie ?» Demandais-je finalement en relevant mon regard sur la jeune rousse après quelques instants de silences « Désolé» me reprenais-je subitement, imaginant que cette question pourrait peut-être paraître déplacée ou trop intrusive. Peut-être que la jeune femme n'a pas envie de faire la conversation ? «Je me dis juste que tant qu'à attendre ensemble, autant faire plus ample connaissance avec la personne qui lui a peut-être sauvé la vie » expliquais-je le fond de ma pensée.

« Croyez-le ou non, mais vous serez absolument le genre de fille sur laquelle il pourrait craquer. » Le commentaire ne manque pas de te faire rougir à nouveau. « Alors on peut dire que c’était qu’un demi-mensonge. » que tu ajoutes, toujours aussi ricaneuse, soulagée que la conversation ait pu prendre un tournant bien moins lourd que la note de départ. Certes, la situation est toujours aussi lourde, et ce n’est peut-être pas la chose la plus appropriée qui soit, de rigoler alors qu’à quelques mètres de vous à peine se trouve un homme que tu ne connais pas dans le coma, mais la nervosité et les émotions intenses poussent bien souvent à des réactions qui ne font pas toujours de sens. « Et vous vous n’étiez pas obligés de rester avec lui et pourtant vous l’avez fait. » « C’était la chose à faire. » Tu en restes persuadée. Le laisser seul ne te semblait pas du tout la chose à faire, et tu serais restée aussi longtemps que nécessaire, si Thomas n’était pas arrivé. Tu aurais attendu le premier signe d’une famille quelconque, simplement pour qu’en aucun cas, il ne soit resté par lui-même dans cette chambre aseptisée sans le moindre signe de vie pourtant. Tu ne sais pas ce qu’il peut entendre, ni ressentir dans son coma, mais dans le cas où il pourrait être conscient de ce qui l’entoure, tu préfères croire que ta présence a eu un impact, ne serait-ce que minime. « Je ne pense pas qu’il y ait quoique ce soit à faire pour l’instant. » Tu hoches la tête. Tu t’en doutais, mais tu voulais offrir quand même, juste au cas. « Et je n’ai besoin de rien, mais c’est gentil de proposer votre aide. » « L’offre n’a pas de date d’expiration, si jamais. » Quelque chose te disait que vous seriez sans doute emmené à vous recroiser dans le futur. Tu te connaissais assez pour savoir que Cian, bien qu’il ne soit encore qu’un étranger dans ton histoire, finirait par gagner en importance dans ta vie, ne serait-ce que par ce qui s’était passé ce soir.

« Vous faites quoi dans la vie? » La question te surprend alors que Thomas se laisse tomber contre la chaise, résigné à attendre. « Désolé. Je me dis juste que tant qu’à attendre ensemble, autant faire plus ample connaissance avec la personne qui lui a peut-être sauvé la vie. » Tu espérais vraiment que oui, que tu serais la personne qui lui a sauvée la vie. Ça voudrait surtout dire qu’il y a eu une vie de sauver et qu’il serait hors de danger, ce qui était dans l’immédiat la seule chose que tu souhaitais. « Je travaille comme aide-ménagère dans une résidence pour personnes âgées. » Ça n’a rien d’un métier particulièrement glorieux, mais dans l’immédiat, ça paye pour ton loyer et ça parvient même à éponger une partie de tes dettes, quand tu n’es pas trop occupée à t’en créer de nouvelles. « Mais je suis aussi étudiante. Je termine mon BAC en enseignement à temps partiel. » Et tu étais impatiente pour le jour où tu pourrais enfin te vanter toi aussi, d’avoir un métier, un vrai. « Vous? » que tu demandes à ton tour, autant curieuse d’en apprendre plus sur Thomas que sur Cian. « Est-ce que vous pouvez m’en dire un peu plus sur lui? » Des détails pour mieux le personnaliser à tes yeux, pour qu’il devienne plus que simplement l’homme sur sa moto qui a failli y laisser sa vie.