Un, deux, trois. Une heure après, un quatrième. Au gré des heures qui passent, la liste des tributs encore en lice s’amenuise et, aussi surprenant que cela puisse paraître, Kieran est toujours parmi les survivants. Perché sur son arbre, caché par d’épaisses branches bien fournies, le tribut du douze réfléchit à sa stratégie. Ou plutôt, veut se faire croire qu’il en a une à mettre en place. La vérité, c’est que Kieran ne sait pas ce qu’il fait ici. Bien sûr, il ne peut nier la réalité de son sort ; et le fait de s’être porté volontaire à la place de son frère Ichabod pour participer à un jeu aussi cruel que la société qui l’a mis en place. Mais Ichabod, handicapé, n’aurait jamais survécu plus de quelques minutes dans cette arène et parce que Kieran possède encore tous ses membres (pour l’instant), il lui a semblé être le mieux placé pour tenter d’offrir la victoire à son district et, surtout, à sa famille. C’est le discours qu’il a tenu aux rares personnes qui l’ont visité après la moisson. Celles qui sont venues lui dire au revoir, car malgré ses belles paroles, personne n’est dupe : Kieran ne reviendra pas.

Et ce n’est qu’une question de temps, d’heures sûrement, avant que le gong ne retentisse pour afficher son image dans le ciel. Les districts les plus faibles ont quasiment tous été éliminés un par un. Quelques carrières ont péri également, mais dans la finalité, ils demeurent toujours plus nombreux, plus forts, plus liés. Kieran, lui, a pu se vanter de faire une alliance durant les premiers jours de cette édition ; mais l’enfant du sept est décédée peu après. Eurydice était trop pure, trop innocente pour ce monde et il l’envie presque, d’être partie avant de devenir le monstre qu’eux, au travers des caméras, semblent vouloir façonner.

Il soupire, perdu dans ses pensées. Son estomac gargouille et sa bouche est sèche depuis longtemps. Il devient de plus en plus difficile de tenir sur cette branche, dans un équilibre précaire, au point où il manque de glisser ; il se rattraper rapidement au feuillage à côté de lui, mais le bruit ne laisse aucun doute quant à la présence d’un intrus, et en ces temps de guerre, personne n’est assez dupe pour supposer qu’il s’agit d’un oiseau.

Elle s'était portée volontaire, et comptait bien gagner. Les jeux ont toujours été le seul objectif de Lena, sa raison de vivre. Dans le deux, la majorité des jeunes sont formés pour rejoindre les pacificateurs ou s'entraînent pour gagner les jeux. Pour elle, rejoindre les rangs d'une milice qui n'a que pour but de martyriser les pauvres des districts inférieurs n'avait aucun honneur : son but à elle serait de mettre à l'abri sa famille, de graver à tout jamais son nom dans l'histoire de Panem comme la vainqueur des 79ème Hunger Games. Elle était bien partie pour : le garçon du deux avec qui elle s'était portée volontaire était fort et malin. Il ne l'avait pas été assez, pourtant, lors des affrontements pour chercher du matériel dans la corne d'abondance. Et si son partenaire était mort rapidement, les deux carrière du un étaient toujours en course et avaient regroupé quelques tributs d'autres districts pour former une alliance. Lena était seule, désormais. Sa stratégie élaborée était trop vite tombée à l'eau. Pourtant, ça ne l'inquiétait pas. Elle avait su tirer son épingle du jeu et avait réussi à prendre tout le matériel dont elle avait besoin pour s'en sortir : un sac de vivres et d'outils, un arc et un carquois de flèches. Alors elle s'était aventurée dans l'arène, essayant d'en trouver les points stratégiques, de réfléchir à comment avancer dans le jeu, désormais en solitaire. Alors qu'elle marchait discrètement dans la forêt, son intérêt fut attiré par un bruit en hauteur. Le bruit dans les feuillages laissait à présager qu'un humain se trouvait là haut : il n'existe pas d'animaux assez gros et vivant à cette hauteur pour faire autant craquer les branches ; quoi qu'un mutant des producteurs pourrait être lié à tout ça. Dans le doute, en une seconde, Lena bandait son arc en direction, prête à tirer sans réfléchir. Qui est là ? Son ton était froid, menaçant : elle avait beau avoir un physique peu imposant, elle avait la force physique nécessaire pour en découdre et ne craignait rien ni personne - sauf les deux carrières du un et leur alliance.

Les secondes qui suivent le bruit dont il est à l’origine paraissent interminables pour un Kieran qui voit déjà sa vie s’arrêter à cet instant. Depuis ce terrible jour où il s’est porté volontaire, il a eu l’opportunité d’apprendre et de voir en pratique plusieurs règles. La première, la plus évidente, consiste à ne faire confiance en personne, pas même ceux qui sont supposés être ses alliés. La seconde est, il a également pu le constater par lui-même, qu’on est jamais vraiment seul dans cette arène. À chaque fois qu’il s’autorise à fermer les yeux, à souffler, il a la désagréable surprise d’être rejoint ; et souvent, il ne peut compter que sur ses jambes pour fuir, à défaut d’avoir la force physique pour mettre à terre ses adversaires. Il s’est déjà essayé à les affronter, mais comme en témoigne les blessures sur son corps, pour l’instant sans gravité (mais attendons qu’elles s’infectent), ça n’a pas été un franc succès. Alors évidemment que son palpitant s’accélère quand il découvre, sans surprise, que sa maladresse a attiré l’attention. Qui est là ? Personne, continue ton chemin. À travers les feuilles, éclairé par la faible lumière artificielle des projecteurs qui demeurent pourtant invisibles à leurs yeux, il aperçoit un arc tendu en sa direction et cette fois-ci, ce sont carrément des battements que son manque. Il ne va pas s’en sortir. Ça y est, il est foutu. S’il ne répond pas, elle décochera cette flèche. S’il répond, elle décochera aussi cette flèche. « Continue de marcher, je te ferai rien. » Pars d’ici et laisse moi en vie. Si Kieran donne un indice par le biais de sa voix sur sa position, il n’est pas totalement stupide. Il reste bien caché, profitant des épais branchages de l’arbre pour tenter de bouger légèrement et de s’offrir une porte de sortie.  

Elle aurait pu tirer sans réfléchir. Elle aurait pu abattre cette personne, perchée la haut. Car même si un long blanc avait suivi le bruissement des feuilles, Lena savait qu'elle n'était pas seule ici. Elle ne voyait pas grand chose, cependant. La fatigue avait commencé à la prendre doucement, mais si elle voulait continuer d'avancer, elle ne pouvait pas se relâcher. Elle ne pouvait pas non plus se permettre de perdre des flèches inutilement. Aussi, chacun de ses actes serait réfléchi. Après quelques secondes sans qu'elle ne bouge de sa position, un voix retentit, du haut de l'arbre. Mêlé au feuillage, la personne était presque invisible, bien cachée à l'abri des regards : dommage pour lui, c'est le bruit qui l'avait trahi. Continue de marcher, je te ferai rien. Le garçon était visiblement seul, et, ka façon dont il était perché dans cet arbre laissait penser qu'il n'était pas un très grand combattant. Les carrière ne se cachent pas dans les arbres : ils se battent. Elle se demandait s'il n'était pas du sept ou du onze, ces deux district ayant, d'après les stéréotypes qu'elle avait d'eux, un certain talent pour la grimpette. Qu'importe, au final, puisqu'elle ne débandait pas son arc, qu'elle ne relâchait pas la pression, que sa voix ne se faisait pas moins menaçante. Continuer son chemin aurait été trop lâche pour elle, ce n'est pas ceux à quoi s'attendaient les spectateurs et les sponsors. T'as pas répondu à ma question. T'es qui ? Il pouvait être au choix une cible facile à abattre pour faire du spectacle ou une futur allié intéressant pour venir à bout des carrières. La suite dépendrait de lui, de sa façon d'agir ou de ne pas agir, justement.

Il faut qu’il agisse ; et vite. Deux options s’offrent à lui : répondre à la demande de la jeune femme et s’annoncer, ou demeurer silencieux et espérer se faire oublier. Mais dans les deux cas, il est en position de faiblesse, alors que sa seule arme est un petit couteau de poche qui, même s’il a été efficace au moment opportun, ne pourra pas grand-chose pour lui à pareille distance, contrairement à l’arc de la jeune femme. Dans les deux cas, il est découvert. Désormais, il ne peut qu’essayer de faire diversion le temps de redescendre de cet arbre avec autant de discrétion qu’il n’y est monté. Il n’est peut-être pas fort, Kieran, mais il est rusé et quelques cailloux pour continuer de faire bouger les feuilles une fois revenu sur la terre ferme pourrait lui assurer quelques précieuses minutes d’avance avant qu’elle ne comprenne qu’elle est à nouveau seule. Il doit tendre le coup et se pencher autant à droite qu’à gauche pour réussir à y voir quelque chose au milieu de cette fausse obscurité et il lui faut bien quelques instants pour comprendre qu’elle a toujours son arme bien en mains. T'as pas répondu à ma question. T'es qui ? Réfléchis, réfléchis. S’annoncer comme le tribut du douze est synonyme de mort imminente, il l’a déjà expérimenté : il semble une proie facile et si jusqu’ici on s’est contenté de se moquer de lui ou d’essayer de le chasser, il ne doute pas que quand il deviendra réellement un adversaire, il ne sera pas difficile de se débarrasser de lui. S’annoncer comme étant un carrière est aussi tactique dangereuse : il n’en a pas l’étoffe et il ne dupera personne. Alors il réfléchit, Kieran, aux visages qui ont défilé aux cours des nuits précédentes ; et l’identité qu’il pourrait prendre à défaut de la sienne. « Cinq. » Un district qui fait peu de bruit, menaçant, mais pas dangereux. Tandis qu’il donne des informations aux compte-gouttes pour ne jamais parler longtemps, il se met enfin à descendre l’arbre, doucement, petit à petit, espérant que, cette fois-ci, il passe inaperçu.

Tuer ou être tuée. Gagner ou mourir. Rien dans l'arène n'a de demi mesure : ici, tout doit être mis en œuvre pour survivre, pour s'en sortir. Parce que s'en sortir signifie l'argent, le bonheur, la reconnaissance, l'honneur. Et que mourir signifie tomber dans l'oubli à tout jamais. La réalité est bien différente, mais c'est ce qu'on à toujours enseigné à Lena et c'est ce qu'elle à en tête depuis toujours, encore plus depuis la moisson, depuis le centre d'entraînement et plus encore depuis le décompte qui a lancé cette édition des jeux. Lena n'est là que pour elle même, pour la victoire. La pitié n'a pas lieu d'être : si elle doit épargner quelqu'un, c'est qu'il lui sera utile pour une raison ou une autre. Elle doit encore déterminer le sort de celui qui reste perché sur sa branche. Cinq. Elle s'attendait à un district inférieur, persuadée que le garçon du cinq a rejoint une alliance rapidement au début des jeux. Mais peu importe, tout ce qui compte à l'instant est qu'il pourrait lui être utile. Un peu de compagnie n'a jamais fait de mal, surtout lorsqu'on manque de bras pour un gros combat. Pas bavard, le cinq. Descend de là, que je vois à quoi tu ressembles. Son plus gros défaut : elle n'est pas physionomiste et n'a presque rien retenu sur les autres tributs. En réalité elle s'en fiche un peu, de connaître leurs prénoms ou leurs vies, car une fois morts, tout ça n'aura plus aucune valeur pour elle. Je suis du deux, j'ai appris à tenir mon arc avant même de savoir marcher, alors je te conseille de m'écouter.

Cinq. Ce sera donc le cinq. Il aurait pu être du six s’il ne s’était pas souvenu de la mort rapide du tribut masculin de ce district-là, et il se félicite de ne pas avoir paniqué au point d’en oublier les détails susceptibles de lui assurer la survie (ou, du moins, pour quelques minutes supplémentaires). Dans ses souvenirs, le type du cinq n’était pas bien impressionnant. Il a néanmoins récolté un honorable sept à l’entraînement (contrairement à son faible cinq), de quoi faire de lui un adversaire intéressant et c’est bien ce qu’il espère provoquer chez cette fille qu’il n’arrive pas à remettre, n’ayant pas une vision suffisante sur elle. Pas bavard, le cinq. Descend de là, que je vois à quoi tu ressembles. Et merde. Il ravale péniblement sa salive alors qu’il continue de descendre l’arbre au ralenti, un laps de temps qui semble interminable et durant lequel il s’interroge sur la suite de la stratégie à adopter. Se révéler ? Ce serait idiot, puisqu’elle a probablement une idée des visages des uns et des autres, pour les avoir côtoyés durant plusieurs jours avant d’être envoyés dans cette arène. À moins que... Je suis du deux, j'ai appris à tenir mon arc avant même de savoir marcher, alors je te conseille de m'écouter. Elle est du deux. Bien sûr qu’il panique à cette information, conscient qu’elle pourrait prendre l’ascendant sur lui en une fraction de secondes, mais... elle est du deux. Les gens du deux ne s’intéressent pas aux autres. Et lui, il peut encore moins opter pour l’option qui consiste à fuir, car il est certain qu’elle saura lui coller une flèche entre les omoplates quand il aura la bonne idée de déguerpir sans l’en tenir informée. « Pourquoi j’devrais te faire confiance ? » Il tente le bluff, Kieran, et si sa voix n’est pas aussi assurée qu’il ne le voudrait, il faut déjà saluer l’effort d’oser jouer un jeu dangereux. Un jeu qui lui permet de ne pas se découvrir tout de suite, désormais à terre et encore bien caché – cette fois-ci, il arrive à être discret.

Lena déteste tergiverser. Elle déteste perdre du temps, tourner autour du pot. Elle aime aller à l'essentiel, être franche et claire sur ses intentions : c'est ce qu'elle fera toujours, même face à un autre tribut. Elle ne cache pas qui elle est, ne le cachera jamais. Le cinq à donc plutôt intérêt à ne pas lui faire perdre plus de temps que ça, sa patience ayant clairement des limites facilement atteintes. Pourquoi j’devrais te faire confiance ? Il paraît peu sûr de lui, ce qui créer un sourire presque malsain sur le visage de la blonde. On l'a toujours définie comme angélique : là, elle en est loin. Tu devrais pas. Il n'a aucune raison de le faire, elle ne lui fera pas confiance non plus. Lena n'est pas là pour faire confiance à quiconque : même les alliés, ici, finissent par devenir ennemis et s'entretuer. La mort peut subvenir à n'importe quel instant, c'est le principe même de ces jeux, l'essence même de cette compétition. Mais t'es encore en vie, ça devrait te suffire. J'ai un carquois entier de flèches, je pourrais très bien te toucher même sans te voir. Elle pourrait très bien tirer à travers le feuillage et espérer avoir une touche, mais elle s'en voudrait de rater sa cible. Elle a prouvé maintes fois son talent à l'arc, alors tenter un tir à l'aveugle et le rater risquerait de gâcher sa réputation, au Capitole. Ça, il ne le sait pas. Ça te tuerait peut-être pas tout de suite, mais je suis sûre de pouvoir te faire assez de mal pour que tu tombes de ta branche. Surtout que t'as pas l'air de bien tenir, là haut. Sinon, il aurait été bien plus discret. Il n'aurait pas eu besoin de faire trembler tout l'arbre pour s'y maintenir en hauteur.

Tu devrais pas. Une nouvelle fois, il ravale sa salive, alors qu’il a l’impression de sauter dans un piège. Bien sûr qu’il ne devrait pas, cette fille le menaçait avec un arc il y a encore trente secondes, à quel moment a-t-il supposé que rejoindre la terre ferme pour lui faire face serait une excellente idée ? D’autant plus pour poser une question aussi stupide, alors que lui-même est bien conscient qu’on ne peut faire confiance à personne dans cette arène ? Il se sent stupide, Kieran, mais il persiste à jouer son rôle. Une part de lui songe au fait qu’il devrait fuir, se cacher, une autre souligne le fait qu’il est de toute façon mort ; autant qu’il essaie de s’en sortir un peu avant, n’est-ce pas ? Il reviendra au douze dans un cercueil, mais on se souviendra de lui comme du tribut qui aura tenu plus que d’autres et qui aura au moins essayé – même s’il n’était pas suffisamment intelligent pour que son plan soit efficace. Pour l’heure, il est toujours vivant, et c’est la seule chose à laquelle il s’accroche. Mais t'es encore en vie, ça devrait te suffire. J'ai un carquois entier de flèches, je pourrais très bien te toucher même sans te voir. Il continue de bouger dans les feuillages, demeurant silencieux. Il n’a pas grand-chose à offrir ; certes, mais sa discrétion est (d’ordinaire) à son avantage. Ça te tuerait peut-être pas tout de suite, mais je suis sûre de pouvoir te faire assez de mal pour que tu tombes de ta branche. Surtout que t'as pas l'air de bien tenir, là haut. Il sourit, Kieran, alors qu’il est désormais convaincu de ne pas fuir à travers la forêt, ses pas le guidant finalement jusqu’à la jeune femme, surgissant derrière elle et, sur un shoot d’adrénaline, l’encerclant de ses bras pour ne pas la surprendre au point où elle se retournerait précipitamment et décocherait sa flèche. « Et je pourrais très bien t’étouffer sans que tu m’aies vu. » Il s’amuse, fonçant peut-être droit vers sa mort, mais il aura eu un dernier instant agréable. « T’aurais perdu une flèche. » Il ajoute ; oui, elle l’aurait perdu, en plus de sa cible qui était déjà à sa hauteur.

Elle envoie ses menaces en l'air Lena, ne sachant même pas à quoi ressemble le garçon dont elle menace de prendre la vie d'une seconde à l'autre. Au final, ça n'a que peu d'importance, ceux à quoi il ressemble : un mort de plus est un potentiel ennemi en moins. Elle aimerait pouvoir analyser ce tribut pour savoir s'ils pourraient s'allier, mais il ne semble pas vouloir descendre de son arbre, au grand damne de la blonde, qui insiste. Passer son chemin serait désormais trop dangereux : il pourrait très bien la suivre, l'attaquer par derrière. C'est d'ailleurs ce qu'il venait de faire alors que son arc était toujours tendu en direction de la cime des arbres. Et je pourrais très bien t’étouffer sans que tu m’aies vu. Lena se retrouve totalement sous son emprise. Elle déteste cette sensation de faiblesse mais reste immobile un instant, juste le temps de se recentrer pour contre attaquer si nécessaire. De la même manière qu'elle aurait pu le tuer sans réfléchir, il aurait déjà pu l'avoir achevée, mais ne l'a pas fait. Elle ne perd pas son calme, donc. T’aurais perdu une flèche. Elle n'eut aucun mal à se retourner d'un geste vif, se débarrasser de ces bras qui l'entouraient et refaire face au cinq, prête à en découdre s'il a avait envie de se battre. Il est discret, agile, mais pas assez rapide pour anticiper ses mouvements. Pas si mal. Il venait donc de passer de cible potentielle à allié qu'elle avait envie d'avoir de son côté. On fait équipe ? Je crois qu'on pourrait s'entre aider, toi et moi. Il ne manquait plus qu'une chose à Lena dans cette aventure : un allié de taille, utile. Celui qui lui faisait face n'avait rien d'un physique de carrière, mais il était plutôt grand et avait l'air de savoir se déplacer furtivement, un gros avantage à utiliser.

Il est passé pour un idiot, à l’entraînement, alors que son seul talent consistait à se rendre invisible. Le fait est que ça lui sert plus que jamais ; et qu’il a bien rattrapé sa maladresse, Kieran, au point d’en surprendre la jeune femme. Une tribut de carrière ; ce n’est pas n’importe quel public et s’il doit mourir d’une flèche entre les deux yeux, il aura au moins la prétention d’être parti en offrant un spectacle et en se montrant bien plus surprenant qu’on aurait pu l’imaginer. Elle est la première à en témoigner, tandis qu’il surgit derrière elle pour l’immobiliser et, surtout, lui faire comprendre qu’elle n’avait pas l’avantage malgré son arc en sa direction (quelle direction ?). Il ne compte pas la tuer (alors qu’il aurait pu), seulement la surprendre, seulement lui faire comprendre qu’il ne fait pas partie des ennemis, mais des alliés. Il ne sait pas s’il lui proposerait de lui-même de faire équipe, mais, au moins, elle sait qu’elle ne doit pas le sous-estimer. Il lui rend sa liberté lorsqu’elle se retourne d’un geste vif et qu’ils se font désormais face. Pas si mal. Un fin sourire se dessine sur ses lèvres – pour une fois qu’on lui reconnaît certaines compétences. On fait équipe ? Je crois qu'on pourrait s'entre aider, toi et moi. Il est surpris, mais ne le montre pas. Il est du cinq, après tout, il doit jouer le rôle jusqu’au bout. « Je crois aussi. » Il accepte, liant leurs mains pour signer ce pacte temporaire. Sa discrétion n’est pas ce qui lui permet de se nourrir, contrairement à ce qu’on pourrait croire, et l’arc avec lequel elle le menaçait il n’y a pas si longtemps pourrait s’avérer utile. Tout comme il pourra s’avérer utile pour subtiliser les affaires des autres tributs qu’ils viendraient à rencontrer ; elle a raison, ils pourraient s’entraider. Et ils vont le faire.