Baby, you're like lightning in a bottle, I can't let you go now that I got it. And all I need is to be struck by your electric love. @Emery Dawson

Theo vint tapoter le dessus de la tête de son amie, un sourire amusé étirant le coin de ses lèvres. « Promis, la prochaine fois je te laisserai gagner le concours de déguisement. » Pouvait-on vraiment parler de déguisement quand il s’agissait en vérité de vrais habits…que de vrais gens choisissaient de porter volontairement au quotidien ? Elle n’en savait rien et elle s’en moquait. Tout ce qui lui importait c’était cette parfaite insouciance dont elles étaient capables de faire preuve quand elles étaient ensemble. Theo débordait en permanence d’énergie, et elle était bien souvent incapable de la traduire de manière positive, de l’utiliser concrètement et à bon escient. S’il y avait une erreur à commettre, une personne à provoquer ou un plan foireux en préparation, elle ne manquait jamais de répondre présente. Et Emery le savait, elle n’essayait pas de passer pour quelqu’un de différent devant elle. Pourtant, sans avoir l’impression de changer pour elle ou de se forcer à se montrer sous un autre jour, elle ne pouvait que constater qu’elle se découvrait plus calme et plus posée en sa présence. Parfois. Résolument pas durant un stupide concours de costume qu’elle tenait à tout prix à gagner. Mais présentement, allongée sur le lit face à Em, elle était prête à laisser le silence s’exprimer pour elles. Elle se sentait apaisée, se laissant porter par la douceur de ce moment suspendu dans le temps. « J’devrais y aller. » Ses sourcils se froncèrent presque imperceptiblement alors qu’elle continuait de l’observer silencieusement, comme cherchant à la mettre au défi de briser cette bulle qu’elles étaient parvenues à créer. Elle ne bougeait pas, ayant l’impression que le moindre mouvement qu’elle pourrait entreprendre risquerait de la faire partir un peu plus vite. Pourtant elle était persuadée qu’elle n’avait pas plus envie qu’elle de laisser leur journée se terminer. Et quand bien même Theo savait pertinemment que ce moment ne pourrait pas s’éterniser et qu’il faudrait bien la laisser partir à un moment ou à un autre, elle se laisser à rêvasser à des idées saugrenues qui leur permettraient de prolonger encore un peu cet instant. Mais sa voix vint finalement briser à son tour le silence : « Tu sous-entends que t’as mieux à faire que de passer du temps en mon irremplaçable compagnie ? » Sa tête se pencha légèrement sur le côté alors que son regard restait plongé dans le sien avec insistance, un sourire au coin des lèvres. Sa stratégie était aussi inefficace que visible : elle tentait de gagner du temps comme elle le pouvait. Mais cela ne suffit évidemment pas à empêcher Emery de se lever. Laissant la déception s’installer quelques secondes sur son visage, Theo se redressa à son tour pour s’asseoir sur son lit et l’observer s’emparer de ses affaires avant de se diriger vers la porte. Et puis elle se stoppa dans sa course. Son nez se plissa légèrement alors qu’elle tentait de décrypter ce qui se passait dans la tête de son amie, vraisemblablement en proie à une hésitation soudaine. « T’as oublié qu… » La conviction avec laquelle elle se dirigea vers elle la surpris suffisamment pour la couper dans sa phrase. Avant de se faire très littéralement couper le souffle. Theo ne recula pas quand elle se pencha vers elle pour venir l’embrasser. Sa surprise rendant ses lèvres hésitantes et maladroites au contact des siennes ne dura pas longtemps. Elle vint rapidement poser sa main sur la sienne avant de répondre avec plus d’assurance à son baiser. Son corps semblait avoir compris bien avant sa tête ce qui était en train de se passer, lui faisant brutalement prendre conscience par la même occasion à quel point elle avait envie de ça. A quel point l’idée de ne pouvoir goûter à ses lèvres que brièvement allait rapidement représenter une profonde frustration. « Maintenant, je peux y aller. » « Non ! » C’était spontané et sans appel. Elle s’était relevée en même temps qu’elle avait laissé cette réponse lui échapper. Theo avait l’impression d’être passée en autopilote, ne réalisant pas pleinement ce qui était en train de se jouer mais pourtant certaine de ce qu’elle faisait et de ce qu’elle voulait. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et, aussi sportive fut-elle, son souffle lui donnait l’impression d’avoir couru un marathon. Sa main était venue attraper le poignet d’Emery pour l’empêcher d’amorcer une quelconque fuite. Son regard s’était posé dans le sien. Silencieusement. Comme perdue et réfléchissant à la marche à suivre. Mais il ne lui avait fallu que quelques secondes avant de reconnaître qu’elle savait pertinemment ce qu’elle désirait. « Non. » Elle avait répété son injonction plus calmement cette fois-ci. Sa voix se faisant presque murmure. Sa main encore sur le poignet d’Emery avait glissé vers sa paume pour venir entrelacer ses doigts aux siens, son autre main venant se déposer dans le bas de son dos pour les rapprocher. Son visage à présent à quelques centimètres du sien, elle s’autorisa à l’observer encore quelques secondes avant de venir déposer un baiser au coin de ses lèvres. Lentement, avec précaution, elle avait laissé son souffle se heurter à la barrière de son visage et ses lèvres glisser contre sa peau jusqu’à rejoindre sa bouche, laissant une passion nouvelle et pressante s’exprimer à travers à ce baiser.

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Theo n’imaginait certainement pas finir sa journée de la sorte. En réalité, elle n’avait tout simplement pas voulu imaginer la fin de cette journée, tout court. Elle n’était pas fleur bleue, elle ne craignait jamais des adieux déchirants quand il était temps pour Emery et elle de se séparer, d’autant plus qu’elles ne tarderaient certainement pas à se revoir quelques jours plus tard. En revanche son amie n’avait pas besoin d’être présente physiquement à ses côtés pour l’accompagner dans plusieurs de ses aventures. Elle ne comptait plus le nombre de fois où son cerveau avait imposé son image à son esprit parce qu’une scène anodine du quotidien lui avait fait penser à elle. Ajoutons à cela que le plus inintéressant des événements survenant dans sa vie prenait facilement une ampleur disproportionnée et devenait immanquablement une information qu’elle se réjouissait de pouvoir partager prochainement auprès d’Emery. Mais c’était le genre d’engouement qu’elle pouvait avoir pour n’importe laquelle de ses amies, non ? Ou peut-être pour ses meilleures amies ? Ou bien…Non. Theo avait fini par se rendre à l’évidence : Emery était la seule personne avec laquelle elle avait ce lien et ce besoin de tout partager. Qu’est-ce que cela signifiait ? Ça, elle ne le savait pas encore. Et elle avait relégué la question dans un coin très lointain de son esprit…jusqu’à aujourd’hui. Toutes ses incertitudes venaient de lui revenir et de lui éclater au visage très brutalement mais aussi de la plus exaltante des manières. Il était rare de voir la tête brûlée qu’elle était dans un tel état de confusion. Mais cet état avait deux raisons d’être. La première ? La surprise. Une agréable surprise mais une surprise malgré tout. La seconde ? Une profonde angoisse de perdre ce qu’elles avaient construit. De risquer de mettre en péril une amitié bien établie. Elles savaient ce qu’elles risquaient de perdre, mais elles n’avaient aucune idée de ce qu’elles pouvaient gagner. Et Theo refusait d’imaginer un quotidien dont Emery ne ferait pas partie.
Mais ses craintes avaient été balayées d’un revers de main en sentant ses doigts glisser dans sa nuque, leurs corps venant se coller l’un à l’autre avec un naturel déconcertant, un frisson de satisfaction et d’excitation remontant le long de son échine et réveillant en elle des désirs insoupçonnés. Ses mains, ses lèvres, son regard appuyé, son corps tout entier étaient à eux seuls bien plus clairvoyants que son cerveau qui n’avait pas été en mesure de tirer les bonnes conclusions de ses interrogations. Tout comme ils étaient bien plus parlants que ses mots. Theo était sans voix ; mais à quoi celle-ci pouvait-elle bien servir quand son corps hurlait dans chacun de ses mouvements qu’Emery était celle dont elle avait envie. « J’avais peur que tu… enfin, je pensais que tu me rejetterais. » Front contre front, le regard plongé dans le sien, un fin sourire vint étirer ses lèvres. Elle releva son visage de quelques centimètres pour que son nez vienne se heurter doucement et affectueusement au sien, en en profitant au passage pour frôler une nouvelle fois ses lèvres, sans lui accorder un baiser cette fois-ci. Un jeu un brin provoquant qui lui coûta plus qu’autre chose quand elle mourrait d’envie de l’embrasser à nouveau. Emery venait de basculer dans la catégorie de ces passions dévorantes auxquelles il était difficile de résister. Encore plus quand on était une adolescente qui avait pour habitude d’agir sans réfléchir. « Je suis désolée d’avoir pu te laisser penser ça. Crois-moi que j’aurais agi bien différemment pour effacer tes doutes si j’avais su. » Ou tout du moins elle aurait essayé, si elle n’avait pas été elle-même rongée par une crainte de la perdre. « J’sais pas trop ce qui m’a pris mais je suis contente de l’avoir fait. » « Et je suis contente que tu l’aies fait. » Sa réponse était spontanée, directe. Elle n’exprimait aucun regret. « Ca fait quoi de nous ? » Elle décolla quelque peu son visage du sien pour mieux l’observer. Et elle, en avait-elle des regrets ? Pas par rapport à son geste, mais par rapport à toutes les conséquences qu’il pourrait potentiellement avoir au regard du monde extérieur. Car c’était ça le fond de sa question, n’est-ce pas ? Sa main toujours dans la sienne, Theo l’invita à se rasseoir à ses côtés sur son lit. « Ok. » Un ok déterminé qui signifiait qu’elle était prête à se pencher sérieusement sur cette question épineuse. Y avait-il une réponse ? Y avait-il une bonne réponse ? Elle prit une profonde inspiration avant de se laisser tomber en arrière sur son matelas, observant son plafond pendant de longues secondes avant de tourner légèrement son visage en direction d’Emery. « J’ai jamais eu à cœur de prendre en compte l’opinion des autres à mon sujet et je crois que ça risque pas de changer. » Peut-être que certaines opinions lui feraient un peu plus mal que d’autres si elles s’avéraient négatives…mais ces dernières se comptaient sur les doigts d’une main et ne changeraient jamais en rien son comportement. « Je sais pas ce que ça fait de nous Em…mais je sais que tu comptes énormément pour moi. Plus que je ne l’imaginais apparemment. » Parce qu’elle ne s’était jamais posé la question. Parce qu’elle ne les avait jamais imaginées autre chose qu’amies. Et parce qu’elle ne prenait conscience qu’aujourd’hui de son cœur qui ne s’était toujours pas calmé et de cette irrépressible envie qu’elle avait d’être en contact avec elle dès qu’elle posait son regard dans le sien. « Et j’ai pas l’intention de m’en cacher. » Oui, mais qu’adviendrait-il si elles n’avaient pas la même vision des choses ? Si Theo était en apparence prête à affronter le regard des gens qui l’entouraient, qu’en était-il d’Emery ? La bousculer était la dernière des choses qu’elle souhaitait. « Mais j’ai pas non plus l’intention d’agir de manière irréfléchie aux yeux de tous si ça risque de te mettre mal à l’aise. » Comprendre : aussi forte mon envie de le faire puisse-t-elle être, je ne te sauterai pas dessus en public si ça n’est pas ce que tu souhaites. Elle risquait en revanche de se montrer bien moins bonne élève en privé.

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Elle avait fermé les yeux quelques secondes, pour profiter vraiment et consciemment de ce moment. Et peut-être aussi pour vérifier qu’elle n’avait rien imaginé de tout ce qui venait de se passer quand elle les rouvrirait. Mais c’était réel. Emery se trouvait bien à quelques centimètres d’elle et pourtant Theo ne parvenait toujours pas à réaliser pleinement le changement de situation qui venait de s’opérait et qui la chamboulait autant qu’il la plongeait dans une sorte de béatitude naïve mais ô combien agréable. « Faudra que tu m’apprennes, un jour. » Un fin sourire se dessina au coin de ses lèvres alors qu’elle serra simplement sa main un peu plus fort en guise de réponse. Faudrait-il vraiment qu’elle lui apprenne un jour ou bien n’était-il pas plutôt préférable de faire l’inverse et de laisser Emery tenter de la rendre un peu plus raisonnable ? Mais l’un dans l’autre, elles se complétaient. Elles étaient capables de se canaliser mutuellement ou au contraire de partir aussi loin que leur réalité le nécessitait. « Je sais juste que ce ne sont pas des choses que je fais avec mes amis. » Theo rouvrit les yeux en sentant sa tête venir se heurter délicatement à la sienne. Elle tourna légèrement le visage dans sa direction pour l’observer et jauger si cette affirmation avec une quelconque résonnance négative. Regrettait-elle ? A en croire son expression plutôt détendue et ses doigts toujours entrelacés aux siens, ça n’était pas le cas. Mais ça n’était pas pour autant une situation facile à appréhender. Et les mots avaient beau s’échapper des lèvres de Theo le plus naturellement du monde, elle se demandait dans quelle mesure elle n’était pas en train de se cacher derrière son assurance. Ça n’était pour une fois pas une question de fierté mal placée, mais une sincère volonté de les convaincre toutes les deux -parce qu’elle aussi avait au fond d’elle besoin d’être convaincue- que tout irait bien. « T’es en train de dire que je ne suis pas ton amie ? » Elle prit un air faussement blessé avant de laisser un sourire entendu étirer ses lèvres, un regard à la fois complice et heureux posé dans le sien. « J’aime quand tu te comportes de manière irréfléchie. » « Tu m’aimes donc H24, c’est ça ? » Elle avait bien entendu Emery dire "’j’aime" et non "je t’aime" mais avait choisi d’ignorer ostensiblement cette différence qui ne résidait que dans un ridicule pronom. Bien sûr qu’elles n’avaient rien à perdre. Ou peut-être que si. Mais Theo s’en moquait et rien ne lui semblait aussi important qu’être aux côtés d’Emery à cet instant précis. Tout le reste pouvait attendre. Toutes les conséquences pourraient être affrontées plus tard. Il n’y avait rien qu’elles ne pourraient pas surmonter à elles deux. Rien non plus qu’un coup de poing bien placé ne saurait régler si nécessaire…Sa gorge se noua légèrement quand elle se hissa sur son coude pour venir placer son visage au-dessus du sien. Son regard glissa vers ses lèvres quelques secondes avant de se fixer à nouveau dans le sien, se laissant bien volontiers envahir par ce sentiment grisant provoqué par leur proximité. Son cœur recommençait doucement à s’emballer, sa respiration était moins posée, et toute son attention était dirigée vers Emery en attendant son verdict. Theo récupéra sa main pour venir glisser une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille en l’observant avec une tendresse infinie. Paradoxalement, elle se sentait calme mais aussi extatique. « Je doute que qui que ce soit puisse nous empêcher de récidiver, de toute façon. » Le soulagement qu’elle ressentait vint se traduire dans sa réponse à son baiser, sa main glissant contre sa joue alors qu’un nouveau frisson parcourait sa colonne vertébrale. Elle s’autorisa à se perdre de longues secondes contre elle, mêlant son souffle au sien aussi doucement que possible alors qu’elle sentait une certaine ardeur en même temps que sa tendance à aller trop vite se réveiller. Dans un geste assuré et calculé, son bras vint glisser sous le coude d’Emery pour la faire tomber. Et si la mission était réussie en partie et lui fit effectivement perdre l’équilibre pour la projeter un peu plus contre elle, la finalité de l’action n’était quant à elle pas accomplie. Les lèvres encore maladroitement contre celles de la blonde, Theo se mit à rire. « Excuse-moi…c’était absolument pas ce que je voulais faire. » Elle prit quelques secondes supplémentaires pour se calmer. Elle avait visualisé très précisément l’action qu’elle avait entreprise et constater l’échec cuisant de la réalité face au scénario qu’elle avait initialement imaginé la gênait en même temps qu’elle l’amusait. Mais une fois un semblant de sérieux récupéré, Theo synchronisa ses bras et ses jambes pour la faire basculer sur le côté et reprendre le dessus, s’asseyant sur son bassin avant de lancer fièrement ses bras en l’air en signe de victoire. « Second time’s a charm ? ». Oui, c’était third et non second. Mais potayto potahto, elle s’était déjà suffisamment ridiculisée lors de sa première tentative, la troisième eut été de trop. « Toujours contente de me voir me comporter de manière irréfléchie ? » Elle abaissa ses bras pour venir les positionner de chaque côté du visage d’Emery, se penchant vers elle un sourire aux lèvres, son cœur semblant manquer un battement à chaque fois qu’elle posait son regard dans le sien. « Tu me rends heureuse Em. Heureuse…et vraiment stupide. »

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« Ce serait réducteur de dire que tu n’es qu’une amie. » Aussi étonnant que cela puisse paraître, si Theo avait tendance à se montrer butée et facilement énervée au quotidien, elle était aussi en de rares occasions capable de faire preuve de douceur. Et c’était précisément ce qui se lisait dans son regard et dans son sourire en écoutant Emery qui, parfois sans même s’en rendre compte, parvenait à l’apaiser et à dompter la furie intérieure qu’elle avait pour habitude de laisser un peu trop s’exprimer.  « Et totalement. T’aimer, c’est un boulot à temps plein. » Il y avait beau y avoir une tonalité moqueuse totalement assumée dans cette déclaration, son cœur manqua très nettement un battement. « Sache que je suis en tout cas ravie que tu aies accepté cette mission. » Car nombreux étaient ceux qui préféraient prendre leurs jambes à leur cou plutôt que de rester une minute de trop en présence de Theo. Elle se demandait encore régulièrement comme Emery parvenait à la supporter. Paradoxalement, quand elles étaient ensemble, elle avait le sentiment d’être une personne complètement différente de celle que les gens voyaient en elle…et pourtant Theo ne se sentait jamais aussi elle-même que dans ces moments-là. Elle savait qu’Emery ne la jugerait jamais, aussi folles et incompréhensibles ses actions et ses réactions puissent-elles être. « Je sais pas ce que tu cherchais à faire, mais c’était plus confortable avant. Fallait le dire si tu voulais un câlin. » « Dans le doute, considère à partir d’aujourd’hui que je suis toujours partante pour un câlin. » Les connaissant, ça n’éviterait pas pour autant de nouvelles situations tout aussi saugrenues que celle dans laquelle elles se trouvaient à cet instant précis (et que Theo assumait totalement), mais si elle pouvait gagner un câlin au passage une fois de temps en temps, alors le jeu en valait très largement la chandelle. Inversant habilement (ou pas) leurs places, c’est un sourire triomphant qu’on pouvait maintenant apercevoir sur le visage de la blonde. « C’était une stratégie absolument redoutable, j’aurais rien pu faire. » La fierté d’avoir renversé la situation laissa rapidement la place à une expression plus sérieuse. Sa peau frémit au contact de ses mains venues se poser sur ses hanches. Elle laissa un léger silence s’installer avant de déclarer dans un murmure et avec une honnêteté non feinte : « Tu me rends dingues quand tu me regardes comme ça. » Emery était sans aucun doute la seule et unique personne auprès de laquelle elle acceptait de se montrer aussi vulnérable. Et si elle était persuadée qu’elle ne s’était jamais empêchée de lui dire quoique ce soit, elle se rendait à présent comme qu’elle avait encore beaucoup plus à lui partager. Elle était prête à hurler au monde entier à quel point elle tenait à elle, mais la priorité était déjà de le faire savoir à la principale intéressée. « T’as pas besoin de moi pour te comporter de manière stupide, Theo. » Elle leva les yeux au ciel pour la forme. Même si ce n’était rien d’autre que la vérité. « Mais je me sens vraiment heureuse quand t’es là, moi aussi. Je tiens vraiment, vraiment à toi. » En guise de réponse son visage se rapprocha instinctivement du sien pour venir l’embrasser à nouveau. Elle n’avait pas besoin de mots quand elle pouvait laisser ses lèvres parler contre celles d’Emery pour lui dire à quel point elle tenait tout autant à elle. Elle n’était pas douée pour faire de grandes déclarations. Elle était beaucoup plus habile avec les phrases courtes, expéditives et lapidaires. Mais ces dernières n’avaient pas vraiment leur place à ce moment précis, alors elle avait choisi de laisser son corps parler pour elle puisqu’il semblait finalement bien plus à même de signifier tout ce qu’elle ressentait. Parce qu’un regard de sa part la faisait défaillir, parce que ses doigts contre sa peau la faisait frémir, parce que ses lèvres contre les siennes lui donnaient l’impression que son corps était parcouru de centaines et infimes chocs électriques aussi surprenants qu’agréables. Et parce que c’était toujours à contrecœur qu’elle pensait au moment où elle allait devoir partir. « Tu penses que je peux dormir ici, ce soir ? J’ai pas envie de partir. » Elle observa son visage et ses traits qui s’étaient faits soudain plus sérieux. « Evidemment. » Theo la libéra de son emprise pour se laisser glisser à nouveau à côté d’elle, couchée sur le flanc pour pouvoir l’observer. Il était évident que ça n’était pas simplement à cause d’elle qu’elle ne voulait pas partir et que le problème était bien plus profond que ça. « J’ai des problèmes à la maison. Je veux plus vivre là-bas. » Ses sourcils se froncèrent légèrement, soudain alertée par ses propos. Que se passait-il exactement chez elle et à quel point devait-elle s’inquiéter ? « Tu peux rester ici aussi longtemps que tu le souhaites. Personne te forcera à rentrer chez toi. » Ni elle, ni May. Elle ne lui avait pas demandé son avis au préalable parce que : 1. Elle s’en moquait. 2. Elle savait que c’était de toutes façons la vérité et que jamais sa mère ne mettrait Emery dehors. Elle la soupçonnait d’ailleurs parfois de regretter qu’elle ne soit pas sa fille. Non pas qu’elle souhaitait avoir une deuxième fille sous son toit, mais plutôt qu’elle espérait secrètement pouvoir l’échanger avec Theo. Quoi qu’il en soit, si cette solution ne semblait pas nécessairement être très adaptée pour le long terme, Theo ferait en sorte qu’elle fonctionne aussi longtemps qu’Emery en ressentirait le besoin. « Tu veux en parler ? De ce qui se passe chez toi ? » Aucune obligation. Elle était prête à passer les prochaines heures dans le silence le plus complet si c’était ce qu’elle souhaitait si cela lui permettait à la fois d’oublier un court instant ses problèmes mais aussi de ne pas la laisser.

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« Je vais te dire un secret : j’ai discrètement éliminé la compétition pour être sûre d’avoir le poste. » « Quelle compétition ? » Elle avait répondu du tac au tac, sans l’ombre d’une hésitation, et sans la moindre trace d’ironie malgré le sourire qui ne quittait plus ses lèvres. Si ça n’était qu’aujourd’hui qu’elles semblaient enfin ouvrir les yeux sur le réel lien qui les unissait, Theo était bien consciente qu’elle n’avait jamais eu d’histoires un tant soi peu sérieuses. Parce qu’elle n’en voulait pas. Jusqu’à ce moment. Parce qu’elle n’avait jamais songé un seul instant qu’une simple étreinte pouvait lui retourner l’estomac de la sorte. Theo était la dernière à exprimer ses sentiments, et elle était toute aussi lamentable pour accepter l’expression de ceux des autres. Alors quelle foutue magie parvenait à chambouler à ce point quelque chose qu’elle pensait faire profondément partie de son ADN ? Tout semblait facile avec Emery. Ou presque. « Tu veux dire, ce regard-là ? » Lui résister appartenait à la catégorie des choses loin d’être aisées. Secouant légèrement la tête, elle soupira pour la forme, son souffle venant se heurter contre le visage de son amie suffisamment proche du sien pour qu’elle sente immédiatement cet air chaud lui être renvoyé. Effet boomerang garanti : elle n’était que plus happée encore par leur proximité, incapable de détacher son regard du sien. Son sourire faussement contrit se fit rapidement plus attendri en sentant le nez d’Emery venir effleurer le sien. Elle répondit instinctivement à ce baiser esquimau, oubliant totalement que les gestes d’affection n’avaient jamais fait que l’écœurer, surtout quand elle devait en être la spectatrice au détour d’une rue, d’un cinéma, d’un restaurant...Ironiquement, elle était satisfaite de pouvoir en être aujourd’hui l’une des protagonistes tout en étant parfaitement consciente que ce film là n’aurait pu se jouer avec personne d’autre que la partenaire qu’elle avait en face d’elle. Mais, sans qu’elle n’ait réellement eu le temps de le voir venir, leur comédie romantique commençait à verser dans le dramatique. Les libérant toutes deux de leur étreinte, Theo s’était écartée -à contrecœur- pour mieux l’écouter. « Tu sais que je risquerais de jamais repartir. » Bien. Elle n’aurait ainsi plus jamais à sentir sa poitrine se serrer doucement en la voyant disparaitre de l’encadrement de sa porte. « Risquerais ? Quelle terrible menace t’es en train de proférer là. » Qu’elle mette donc ses menaces à exécution, elle était prête à accueillir à bras ouverts ce genre de fardeaux.  
Et puis elle avait observé la blonde hésiter et chercher ses mots, ne voulant pas la brusquer et la contraindre à aborder des sujets qu’elle ne voulait peut-être pas évoquer. « Je… je crois que ma mère perd la tête. Vraiment. » Ses sourcils s’étaient froncés de façon presque imperceptible. Elle était restée silencieuse, l’écoutant parler de sa mère. Puis de son père. Son visage restait impassible alors qu’elle sentait pourtant son cœur se serrer par les histoires qu’Emery lui confiait, par l’émotion qui la gagnait de plus en plus. Le simple fait qu’elle ait eu à porter seule un tel poids quand une certaine innocence face à la vie était encore normalement de mise à leur âge suffisait à la rendre paradoxalement furieuse et profondément triste. « J’ai besoin que quelqu’un me dise que ça va aller. » Son bras se replia doucement sur son visage qu’elle venait d’enfouir contre son épaule. Theo pencha légèrement sa tête contre la sienne avant de laisser ses doigts se perdre dans ses cheveux. Une caresse qui se voulait apaisante, probablement en vain, mais qui avait au moins le mérite d’exister pour lui montrer d’une manière ou d’une autre qu’elle allait rester à ses côtés. Parce qu’elle ne trouvait toujours pas les mots justes. Probablement parce qu’il n’y en avait aucun. « Ca va aller Em. T’es plus toute seule là-dedans. Tu le seras plus jamais. » Elle n’avait aucune foutue idée de comment elle pouvait l’aider dans une telle situation. Elle qui avait horreur de demander quoi que ce soit à sa mère réalisait pourtant bien qu’une quelconque action d’un adulte serait bien plus efficace qu’un geste d’une ado encore mineure, aussi animée par le problème pouvait-elle être. « Tu restes ici ce soir. » C’était acté et ça ne laisserait plus place à la moindre discussion. A défaut de lui offrir une solution durable, Theo avait au moins le pouvoir de lui accorder un sursis -terme ô combien déprimant mais malheureusement si adéquat-. « Et tu resteras vraiment aussi longtemps qu’il le faut. Il est hors de question que tu remettes les pieds là-bas tant que les choses seront ce qu’elles sont. » Mais comment les changer ? « Est-ce que t’accepterais de mêler ma mère à tout ça ? Peut-être qu’elle pourrait parler à la tienne…lui faire entendre raison et faire en sorte qu’elle se soigne… » Les mots qui s’échappaient de ses lèvres lui semblaient vains. « Je me rends compte que c’est une proposition cliché…trop facile pour fonctionner…mais je refuse de te laisser comme ça sans rien tenter… » Elle se sentait douloureusement impuissante face aux problèmes de la seule personne qu comptait à ses yeux et qu’elle avait jamais eu envie d’aider.

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Si elle n’avait pas risqué de complètement briser ce moment en agissant de la sorte, Theo n’aurait pas manqué de se pincer le bras pour vérifier qu’elle ne rêvait pas. Parce qu’elle avait mauvais caractère. Qu’elle ne faisait qu’enchaîner les mauvaises décisions. Et qu’elle ne pensait résolument pas mériter ce qui était en train de lui arriver. La situation qu’elles étaient en train de vivre lui semblait trop parfaite pour être réelle, et pourtant… « Tu pourrais en avoir marre de moi. » Elle secoua légèrement la tête, un sourire à la fois amusé et incrédule accroché aux lèvres. « C’est pas une option ça, non. » Et ça ne le serait jamais. Elle avait au contraire déjà le cœur qui se serrait à l’idée de la voir quitter sa chambre. Elle avait commencé à ressentir le manque de sa présence tout à l’heure avant qu’elle ne fasse demi-tour, quand bien même la blonde se trouvait encore dans la pièce. Son corps et sa tête avaient déjà éprouvé ce sentiment de manque, mais ça n’était qu’aujourd’hui qu’elle le reconnaissait et l’acceptait vraiment pour ce qu’il était. Comment s’était-elle débrouillée pour ne pas analyser plus tôt la façon qu’elle avait de se languir des messages qu’elle lui envoyait et des prochaines fois où elles pourraient se voir ? Peut-être ne voulait-elle pas admettre aux yeux de tous qu’elle avait les sentiments niais propres à une adolescente de son âge. Mais à défaut de le crier sur tous les toits, elle aurait pu se l’avouer à elle-même bien plus tôt. Elle était infiniment reconnaissante à Emery d’avoir fait à sa place ce premier pas qui lui permettait d’y voir bien plus clair sur ses sentiments à présent. Parce que si elle ne l’admettrait pas haut et fort, Theo avait souvent besoin d’un léger coup de pouce pour aller dans une direction qui semblait pourtant déjà bien tracée dans son esprit. « Tu sais pas dans quoi tu t’embarques. » « Ou bien au contraire, je le sais très précisément ? » Non elle ne le savait pas en réalité. Elle n’avait aucune idée de tout ce qu’Emery vivait avec ses parents, de ce que rentrer chez elle signifiait et d’à quel point elle devait être bouleversée. Tout comme elle ne savait pas ce que l’engagement qu’elle venait de prendre signifiait exactement pour elles. Mais elle était certaine de ne pas le regretter. Jamais. « Je suis presque désolée d’avoir ouvert ma bouche. On passait une bonne soirée avant ça. » Son expression se fit plus sérieuse, ses sourcils froncés montrant clairement son mécontentement face à cette affirmation. Elle souleva son bras de quelques centimètres et laissa ses doigts glisser sur la joue de son amie, son pouce venant attraper une larme aux coins de ses yeux avant de lui laisser une chance de couler. « Sois jamais désolée. Je suis contente que t’en aies parlé parce qu’on sera toujours plus fortes à deux pour savoir comment agir. » Et elles le seraient certainement plus encore avec une troisième personne, réaliste, adulte, et pouvant prendre des décisions. « J’veux juste savoir si… tu penses que May me laisserait rester ? Si ça tournait mal avec ma mère ? Parce que c’est ce qui va se passer. Et je veux pas être envoyée n’importe où. » Elle hocha la tête sans aucune hésitation, espérant naïvement que ses certitudes suffiraient à la calmer pour ce soir. « Evidemment. Elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour t’aider. Elle te défendra, j’en suis certaine. » Et elle était même prête à parier que sa mère irait jusqu’à défier le système en n’ébruitant pas la situation d’Emery si elle venait à vivre chez elles, pour s’assurer qu’elle n’aurait jamais à faire aux services sociaux. Theo pouvait reprocher beaucoup de choses à sa mère, mais elle était humaine et profondément attachée aux personnes qui lui étaient proches. Et Emery faisait partie de cette catégorie. Elle faisait d’une certaine façon déjà partie de leur famille un peu chaotique et bancale. « Je veux pas être envoyée loin de toi. » Et voilà que le manque se faisait ressentir à nouveau à cette simple pensée qui lui faisait l’effet d’un violent coup de poing dans l’estomac. Parce que si elle laissait Emery partir cette fois-ci, elle ne serait pas certaine de pouvoir la revoir. Elle ne pourrait pas se languir de leur prochain rendez-vous. Elle ne pourrait plus plaisanter, se provoquer, se chercher quotidiennement comme elles avaient l’habitude de le faire. « Encore une fois : c’est pas une option. » Elle ne laisserait jamais quoi que ce soit ni quiconque l’éloigner d’elle de la sorte. Quitte à imaginer des scénarios dignes de vies parallèles. « Ce qui peut en être une en revanche, c’est qu’on parte toutes les deux. » Quand ? Comment ? Avec quel argent ? Pour quelle destination ? L’idée était aussi folle que spontanée. Mais pourtant pas complètement invraisemblable dans son esprit. « Tu vas penser que je divague complètement…mais on n’est pas les dernières des idiotes. On sait se débrouiller. Peut-être même que ma mère pourrait nous aider d’une manière ou d’une autre… » Là, elle en demandait certainement beaucoup. May n’était certes pas une mère comme les autres, mais il y avait fort à parier qu’elle n’approuverait absolument pas ce plan qui n’était encore qu’au stade de l’ébauche et qui sonnait pourtant déjà aussi problématique que plein d’espoir. « On met un peu d’argent de côté. On part. On se construit discrètement une vie loin de ta famille. Il nous reste plus si longtemps à attendre avant de plus avoir de comptes à rendre à qui que ce soit. » Etait-ce si fou que ça ?

Baby, you're like lightning in a bottle, I can't let you go now that I got it. And all I need is to be struck by your electric love. @Emery Dawson

Où était le bouton pause ? Tout défilait toujours trop vite dans la vie de Theo. Principalement parce qu’elle était perpétuellement pressée, avait toujours un besoin irrépressible d’avancer et ne supportait pas la sensation de stagner. Mais aujourd’hui, à ce moment précis, elle aurait bien volontiers arrêté le temps si elle en avait eu l’occasion. Parce qu’elle voulait profiter de chaque seconde passée avec Em, et que malheureusement ces secondes s’écoulaient beaucoup trop vite à son goût. « Tant mieux. Parce que même si t’en avais marre, je continuerais de m’accrocher. » Serait-elle vraiment la première à en avoir marre ? L’idée ne lui semblait pas concevable alors qu’elle se torturait toute seule depuis quelques minutes en se demandant si Emery au contraire ne finirait pas par en avoir marre d’elle et de son mauvais caractère. Certes elle l’avait déjà éprouvé à plusieurs reprises, et elle était probablement la personne qui la connaissait le mieux sur cette terre. Mais supporter des défauts occasionnellement en tant qu’amie pouvait s’avérer bien différent de la situation dans laquelle elles étaient en train de basculer. Allait-elle stopper ce basculement pour autant ? Certainement pas. « Je suis ravie de t’entendre dire ça. » Parce qu’elle avait plus que tout envie de croire que ce qui était en train de se passer et de se construire entre elles pouvait fonctionner. Qu’elles pouvaient le faire fonctionner. « Je suis pas convaincue qu’à nous deux, on ait les meilleures idées. » Toujours allongée de tout son long sur le lit, Theo observa son amie durant de longues secondes. « J’en reviens pas. » avait-elle fini par murmurer, davantage pour elle-même que pour Emery. Parce qu’elle n’arrivait effectivement pas à croire la chance qu’elle avait. Les mots avaient fini par lui échapper en réalisant que les probabilités pour qu’elle finisse par tenir à quelqu’un, par s’attacher à cette personne au point de sentir son estomac se nouer en laissant simplement son regard vagabonder et redécouvrir les traits de son visage, ces probabilités étaient faibles. Et elles le devenaient encore plus drastiquement quand il s’agissait d’imaginer que cette même personne pourrait ressentir la même chose à son égard. Et pourtant c’était bien ce qui était en train de se produire, elle ne rêvait pas ? Alors non, elle n’en revenait pas. Et elle était surprise de la plus douce des manières. Levant son bras en direction du visage d’Emery, son index était délicatement venu passer sur ses lèvres qui s’étaient étirées en un sourire avant qu’elle ne réponde cette fois-ci vraiment à son attention : « Franchement ? On pourrait avoir la pire des idées que je reste persuadée qu’on arriverait à la gérer tant qu’on est ensemble. » Elle en était convaincue. Parce qu’elles étaient complémentaires et que si l’une dérapait et partait trop loin, l’autre serait toujours là pour la canaliser et équilibrer les choses. Ou peut-être bien qu’elles finiraient par prendre mauvaises décisions sur mauvaises décisions après un brainstorming qui aurait escaladé un peu trop vite. Mais, well, Theo était prête à prendre ce risque-là aussi. « Si elle acceptait d’aider… j’imagine que ça pourrait être un secret. Voir combien de temps ça durerait. » Son regard se reporta sur le plafond, ses sourcils se fronçant légèrement. Ca n’était effectivement pas May le problème dans l’histoire, mais bien le fait de parvenir à garder tout ça secret suffisamment longtemps pour que ça ne dégénère pas et qu’Emery ne soit pas contrainte à partir loin de sa vie actuelle. Et d’elle. Le plan était bancal pour l’instant. Mais il représentait au moins une : « …solution à court terme. » Voilà ce que c’était. Et son esprit n’avait pu s’empêcher de divaguer un peu plus encore pour tenter d’imaginer quelque chose qui leur permettrait d’être sereines plus longtemps. Plusieurs mois. Plusieurs années peut-être si elles s’y prenaient bien ? « Partir ? Du genre demain matin, toi, moi, un sac à dos ? » « Oui ? » Elle avait reposé un regard interrogateur dans le sien. Elle ne parvenait pas à analyser si cette idée sonnait folle et inconcevable dans l’esprit d’Emery. Etait-elle allée trop loin dans ses hypothèses et propositions ? Elle serra à son tour les doigts de la blonde dans les siens, quelque peu anxieuse quant à sa réaction. Mais c’est finalement un rire étouffé qui lui échappa quand elle évoqua les préoccupations de sa mère quant à son parcours scolaire : « Moi je me vois pas vraiment faire de grandes études et y a rien que ma mère pourra dire pour m’en convaincre. » Au contraire, plus elle tenterait de la pousser à poursuivre ses études, plus Theo serait convaincue qu’elle devait les arrêter. « Ce serait pas vraiment la première fois qu’elle aurait à gérer un de mes coups de tête. » Après tout, c’était son quotidien. Un conflit et un esprit de contradiction perpétuelle. « La vraie question c’est : est-ce que toi t’es vraiment prête à les accepter et à les gérer, ces coups de tête ? » La question avait beau avoir été posée sur le ton de la plaisanterie, elle en craignait malgré tout la réponse. Elle s’était contentée de rester couchée encore quelques secondes pour calmer son cœur qui battait de plus en plus la chamade, observant Emery se rasseoir sur le lit silencieusement, abasourdie. Etait-ce le moment où elle se rendait compte de l’erreur qu’elle venait de faire et où elle prenait la fuite ? « C’est… totalement fou. Et irréfléchi. Et pas stratégique du tout. » Mh. Ca ne sentait pas bon comme début d’explications. Prenant une grande inspiration, elle avait fini par s’asseoir à son tour sur le bord du lit pour la fixer religieusement, l’espoir qu’on pouvait encore lire dans son regard s’amenuisant quelque peu. « Mais dis moi que ce n’est pas un plan sur la comète. » Son souffle s’était coupé l’espace d’une seconde en réalisant ce que cela signifiait : à défaut de trouver que c’était une idée de génie, elle envisageait ce plan malgré tout. Elle avait pris tout son temps pour répondre. Lentement. Calmement. Et en articulant soigneusement pour s’assurer qu’à aucun moment elle ne doute de ce qu’elle était en train de lui confier. « C’est fou. Et irréfléchi. Et pas stratégique du tout. Mais totalement imaginable et faisable pour moi. Em…je suis sérieusement capable de repousser les limites du possible pour toi. Et avec toi. » Non ça n’était pas un plan sur la comète. C’était tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Et de sincère.