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 Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1]

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Message(#) Sujet: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptySam 12 Fév - 17:04


Comme trop souvent quand j’étais sur une enquête, je n’avais pas vu les heures filées. Quand je me concentrais sur quelque chose qui me semblait fascinant, c’était comme si les minutes se figeaient pendant que mon cerveau sprintait à toute allure sans rien pour l’arrêter. Avant même que je le sache, il était tard. Combien de fois mon ex-femme m’avait-elle amené un sandwich duquel je m’étais nécessairement plaint malgré le fait que mon dernier repas était tout aussi misérable et remontait à quelque 9 heures plutôt? Parce que… non… Mais… qui aime sérieusement les sandwichs au thon? Soyons honnêtes, beaucoup trop souvent au cours de notre mariage. J’étais moins absorbé dans le boulot du temps où j’étais marié, du temps où j’étais un père présent et impliqué dans la vie de ses enfants. Parce que j’avais une raison en un certain sens de le quitter ce métier qui me gobait petit à petit et qui finirait par avoir ma peau.

Ce ne fut pas la faim qui me fit lever les yeux de mes preuves et de mes notes prises dans une écriture de pattes de mouches à peine compréhensible pour un être humain, mais la vague de douleur un peu trop familière dans mon bras gauche. J’étirais machinalement la main dans l’espoir que la douleur passe assez rapidement. Un regard sur l’horloge m’apprit qu’il était tard. Particulièrement trop tard pour que ma présence au travail soit qualifiée de raisonnable. Je me promis silencieusement que demain, je ne laisserais pas la situation se reproduire, que je rentrerais à la maison à une heure décente. Cette promesse avait un air de déjà-vu. Je m’étais promis la même chose en revoyant ma fille, dans mon bureau. Je m’étais juré que si elle me revenait, je ferais plus attention. Mais la réalité, c’était que je ne savais pas comment gérer l’apocalypse de sa vie, comment réparer les dommages collatéraux de mon mariage échu. Mon téléphone était là, et je répondrais présent si elle avait besoin de moi. Mais je n’allais pas la forcer plus que nécessaire. Surtout considérant la fragilité que j’avais ressenti chez elle.

Respirant aussi lentement que possible en espérant que l’effort conscient calme mon cœur qui semblait considéré que c’était le moment pour courir un véritable marathon, je fermais le dossier sur lequel je bossais. Un coup d’œil dans mon tiroir du haut de mon bureau me confirma ce que je savais déjà. À sec de cachets dans ma réserve. J’avais pris les deux derniers cachets avec mon dîner misérable. Rentrer était de toute évidence la seule et unique option possible… selon moi. Appeler une ambulance et aller aux urgences aurait peut-être été plus logique, mais elle aurait été aussi été la plus dangereuse option pour ma carrière : je savais fort bien ce que j’avais et j’avais un traitement en stock à la maison.

Constatant que mon souffle était déjà moins saccadé et la douleur moins écrasante, je me levais lentement, attachais mon veston et me mis en marche en traînant quelque peu les pieds vers mon automobile. Je ne pus m’empêcher de soupirer en arrivant devant la porte vitrée du poste. Il tombait des cordes dans la chaleur opprimante de février. Je détestais profondément ce genre de météo qui voulait dire que je devrais rouler avec les fenêtres remontées et la climatisation à fond sur le trajet de Spring Hill à Toowong. Ce n’était qu’une petite dizaine de minutes de route qui me semblait quand même tenir de la torture.

En tournant sur Sherwood Road, je dépassais cette voisine que j’avais déjà croisée à plusieurs reprises, mais dont le nom m’échappait encore. Écoutez, j’avais encore de la difficulté à me rappeler le nom de la réceptionniste du poste et je travaillais avec elle depuis… beaucoup trop longtemps. Je blâme les 31 mois de mutation dans un village pour avoir oublié les progrès que nous avions faits. Bref, la voisine (chiante, à mon humble avis) qui tenait à savoir comment j’allais quand on se croisait se rendait vers sa maison. Et je n’avais pas envie d’interagir avec qui que ce soit maintenant. Tout ce que je voulais, c’était avoir la force de franchir la distance qui me séparait de mes cachets, de les prendre et de me coucher. Si je me pressais un peu, elle pourrait comprendre que je n’avais pas envie de socialiser.

Je passais une main dans ma barbe et ouvris la portière de ma voiture. En me relevant, je savais que je venais de faire une connerie. Ça tournait et je sentais mon cœur qui battait la chamade dans ma tête. Je m’appuyais contre ma bagnole. Je n’avais pas l’intention de perdre connaissance, mais disons que mes jambes en mode guimauve ne semblaient pas être d’accord avec mon plan d’attaque. Je me laissais glisser sur le sol avec un grognement. Au diable la flaque dans laquelle je m’étais retrouvé.

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Message(#) Sujet: Re: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptyDim 20 Fév - 10:38


Il lui paraissait évident qu’à la vue de la manière dont se passait la recherche de maison dans laquelle ils s’étaient lancés avec Edge, Yasmine avait tout intérêt à se familiariser avec Toowong. Ils ne quitteraient pas ce quartier d’aussi tôt, ce n’était pas une pensée amère, c’était une constatation qui la rendait tributaire d’une mission assez simple en définitive, mais qu’elle menait avec toute l’énergie qu’on lui connaissait: flâner dans les rues tranquilles sans nul autre but que d’explorer, un peu comme elle le faisait lorsqu’elle était plus jeune, à la différence qu’elle évitait de se cacher dans les buissons pour espionner Sohan, Hassan et Qasim. Des balades, c’est comme ça qu’on appelait ce genre de choses à son âge tandis que les pas qu’elle faisait foulaient le pavé qu’elle s’obstinait à ne plus appeler terrain de jeu, mais bel et bien quartier, pour ne pas donner l’impression qu’elle nourrissait des regrets à l’idée d’être devenue adulte. C’était ce genre de moments qui lui faisaient se demander pourquoi Edgerton tenait tant à quitter ce quartier dans lequel il avait vécu un sacré bout de temps. Ils en avaient discuté longuement, elle comprenait ses arguments, mais autant l’idée de changer de maison lui paraissait justifiée selon la manière dont il lui avait expliqué les choses, autant celui de changer de quartier la rendait un peu perplexe. C’est vrai, c’en était un paisible, dans lequel elle se serait bien vu élever des enfant et mener une vie plutôt calme.
La pensée des enfants étaient sans doute de trop à ce moment-là, sa thérapeute lui avait pourtant clairement dit qu’il ne fallait pas qu’elle s’empêche de couver ce genre de songes, surtout pas après sa fausse-couche. Quand bien même elle paraissait encore toute fraîche, quand bien même ça la rendait encore toute triste, elle avait fait des progrès en la matière et se projeter était quelque chose de sain qu’elle devait cultiver et ne pas éradiquer d’un coup de serpe à la racine pour mieux la jeter aux ordures. Comme le reste d’ailleurs, puisque depuis quelques temps, Yasmine avait trop de choses qui lui tournait à l’esprit et qui méritaient plus amples réflexions.

Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, elle se contentait de la grande respiration qu’elle pouvait prendre depuis quelques semaines déjà, et qui rendait le tout plus facile à surmonter. Les choses semblaient tourner dans le bon sens, et au-delà des difficultés qu’ils avaient à tomber sur le bien immobilier le plus approprié pour eux, le mauvais sort avait décidé de laisser son couple — et sa famille d’ailleurs, il fallait rendre le tout global — respirer un peu. C’est ce qu’elle faisait à ce moment-là, ça n’était pas plus aventureux que ça. La soirée avait débuté il y avait un moment déjà, et Edgerton faisait quelques heures supplémentaires au journal. Elle était rentrée tôt, elle s’était octroyée ce petit plaisir simplement pour profiter d’un moment de solitude qui lui était nécessaire et qui lui faisait du bien alors que la météo paraissait un peu menaçante au dehors. L’eau ne lui faisait pas peur, c’était une promesse de purification qu’elle était prête à supporter sans rechigner, aussi elle avait enfilé un sweat à capuche, une paire de baskets et s’était élancée en marchant dans l’allée séparant la maison du trottoir pour s’enfoncer dans le quartier.
Elle se répétait sans doute, mais elle aimait ce quartier. Il n’était pas bien différent de celui dans lequel elle avait fait toute sa jeunesse, et elle commençait à bien le connaître. Elle avait eu le temps de s’y acclimater ces dernières années et alors qu’avant, ses passages n’étaient que furtifs, ils étaient maintenant rattachés à l’espoir de retrouver la bulle que formait la maison d’Edge, et qui accueillait leurs plus jolis moment. Le voisinage était sympathique, à quelques exceptions près, et son optimisme la perdait dans ces moments-là; à croire qu’un sourire pouvait atténuer la morosité d’une longue journée, elle avait pourtant reçu des mines grises et des froncements de sourcils à certains moments, rien qui ne l’empêchait de continuer à être polie, si ce n’était peut-être auprès d’un voisin de Sherwood Road qu’elle pouvait presque entendre grogner quand elle lui faisait signe en passant devant chez lui avec sa Jeep.
Elle passa Sherwood Road d’ailleurs, et la pensée de ce voisin en particulier la fit froncer légèrement le nez dans un sourire qui perça les goulettes qui lui tombaient devant le visage — quand elle passa la maison du voisin qui occupa brièvement ses pensées, et qu’elle le vit en mauvaise posture. Tombé dans une flaque, elle se demanda un moment si elle devait continuer son chemin et faire comme si elle n’avait rien vu de sa chute — parce que c’était un homme, et que ce genre de petit accident faisait partie de ceux à vous écorcher un ego, viril ou pas. Elle continua son chemin en marchant deux pas de plus, atteignant la boîte aux lettres, et passant pour de bon devant son allée de garage, l’œil posé en biais sur la scène à laquelle elle avait assisté et qui lui paraissait trop étrange sur l’instant pour que son sens de l’observation ne vienne pas sonner l’alarme qu’elle avait dans la tête. Il paraissait conscient, mais il restait au sol, acceptant un sort qu’il n’avait su contrer; elle s’arrêta nette pour changer de trajectoire, et s’approcha de lui, remontant jusqu’à sa voiture avec les mains levées devant elle comme si elle se constituait prisonnière "Je suis infirmière." lui apprit-elle d’emblée en ne se laissant pas intimider par la pluie qui redoublait d’intensité, et baissant sa capuche dans la foulée pour avoir une meilleure visibilité. Elle ferma d’un coup de main maîtrisé la portière du véhicule, puis elle s’agenouilla devant lui et par la force de l’habitude, après dix ans passés aux urgences à côtoyer les patients les plus réfractaires, elle lui dit, montrant son poignée d’un signe du menton et regrettant aussitôt de ne pas avoir de stéthoscope sous la main "Je vais prendre vos pulsations, d’accord? Vous avez mal quelque part?" Le regard rivé sur le cadran de la montre qu’elle portait toujours, les doigts plantés à gauche du tendon du poignet de l’homme, elle se concentra brièvement pour agir tout aussi rapidement quand elle eut la confirmation que quelque chose n’allait pas, et qu’elle sortit son téléphone portable de la poche centrale de son sweat en le prévenant d’une voix douce , ses yeux posés sur son visage pour déceler un quelconque affaissement, ou d’autres signes alarmants "J’appelle les secours, ça va aller." Ça irait encore mieux s'il arrêtait de pleuvoir, songea-t-elle en portant le téléphone à son oreille.

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Message(#) Sujet: Re: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptyLun 21 Fév - 22:34


Quand j’étais tout petit, j’avais fait une véritable obsession sur les animaux sauvages. Autant ceux que l’on rencontrait dans la forêt qui entourait Drumnadrochit, ce petit village dans lequel j’avais vécu mes premières années. Du dindon sauvage jusqu’à des créatures significativement plus impressionnantes comme les lions. J’avais tellement souri quand mon fils, des décennies plus tard m’avait replongé dans mes souvenirs d’enfance en me parlant des grands animaux. Le tigre, cet insatiable chasseur nocturne, évoluait sur un vaste territoire de trente à trente milles kilomètres carrés qu’il faisait sien. À l’instar de bien des grands félins, cette territoriale créature sait pourtant abaisser sa garde quand vient le temps des amours : un couple occasionnel qui ne perdure pas dans le temps, moins de deux semaines, donne une petite portée bien après que le père se soit carapaté à l’autre bout du monde, laissant la mère seule avec les petits (pouvant être jusqu’à cinq). Carnivore et solitaire, ce grand chat est pourtant souvent réduit à des enclos beaucoup trop petit pour lui dans les zoos. J’étais capable de les comprendre ceux qui étaient maintenus en cage. Parce que j’avais clairement l’impression que j’étais prisonnier dans un monde qui m’étouffait un peu trop à mon goût et ce n’était pas que ma cravate qui était impliquée dans cette histoire.

Dans mon ancien quartier, j’avais fourni des efforts pour entretenir des rapports de bons voisinages – la preuve de tout ça, c’était sans doute Antone qui répondait toujours présent en un certain sens pour me donner des nouvelles de mes enfants. Mais j’avais trouvé ça difficile en atterrissant à Toowong. La preuve, c’était que même si j’avais conscience que je n’allais pas bien (et que ce n’était pas seulement le fait d’être assis dans une flaque d’eau), je ne pus m’empêcher de soupirer lorsque la voisine se rapprocha de moi presque les mains en l’air pour m’annoncer qu’elle était infirmière.

C’était bien ma chance. Je n’avais pas besoin d’aide. D’accord ? J’allais magnifiquement bien. C’était peut-être bien pourquoi je répliquais. « J’ai pas mal… » En voilà une information pertinente qui aurait peut-être dû être communiquée à mon visage qui laissa paraître un bref rictus de douleur avant qu’elle ne prenne mon poignet gauche et qu’elle ne plaque ses doigts sur la veine. Je le savais ce qu’elle était en train de faire. Je savais également que ce qu’elle pouvait sentir comme pulsation : rapide. Trop rapide. Un véritable marathon. La dernière fois que mon médecin avait pris les mesures pendant un test à l’effort, c’était 198 battements à la minute qui avaient été mesurés. La douleur que je ressentais était le même que celui que j’avais à cet instant.

À voir le regard inquisiteur qu’elle posa sur moi, sans doute pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’autres signes grade de symptômes cardiaques graves, je savais que ça ne sentait pas bon comme situation. Vraiment pas bon. Sa main avait relâché mon poignet. J’étirais lentement le bras gauche devant moi en le tirant doucement. Je savais aussi fort pertinemment que cet étirement n’allait faire aucune différence dans ma vie. Mais ça n’allait pas m’empêcher de tenter quand même d’aider.

Je tenais du coq. Orgueil mal placé, cet animal se tient fier et coquerique à tout vent chaque matin pour signaler que tout va bien dans le meilleur des mondes. Fier avec sa crête et sa famille parfaite en apparence, il reste une créature d’une routine qui ne surprend absolument personne de son réveil matinal à son endormissement silencieux. C’est cet orgueil qui me pousse à la fusiller du regard lorsqu’elle sort son téléphone et qu’elle s’arme des plus grandes menaces.

Lui prêter une bonne intention parce que la situation était de toute évidence inquiétante ?
Non.

C’est plus facile de siffler comme un serpent entre mes dents : « Ne faites pas ça. Je vous jure. Je ne répondrais pas de mes actes. » Et c’est certain que dans la position où je suis, je suis loin de faire peur. « Je ne vais pas à l’hôpital.», grognais-je en relevant les yeux avec une lueur de défi qui brillait au fond. Les serpents étaient des reptiles adaptés à une grande variété de climats. Du plus inoffensif au plus dangereux pour l’homme, ils se glissaient sur le sol pour poursuivre leur proie. Aucune pitié pour ces grands chasseurs à la mue annuelle qui gobaient souvent leur proie en une seule bouchée pour froidement les digérer en se laissant doré les écailles sous la chaleur d’un soleil – ou soyons honnête pour chacun des membres des quelque deux cents espèces de serpents indigènes à l’Australie (dont soixante-six étaient venimeuses) qui gobait quoi que ce soit pendant la saison des pluies probablement à se noyer un peu sur la pluie diluvienne qui tombait en ce moment. Alors tant pis. Parce que je ne retenais pas tant de lui, même si je crachais mon venin sur à peu près tout ce qui existait dans ce bas monde. Parce que la froideur des gouttes transperçait lentement les couches de tissus de mon complet alors que la pluie s’intensifiait. Ce n’était pas une température pour mettre un chien dehors.

Relâchant ma prise avec un petit grognement, j’explicitais le pourquoi de mon refus. « J’ai des antiarythmiques dans la pharmacie, en haut du lavabo dans ma salle de bain. » L’une des premières fois que je le disais à voix haute à qui que ce soit d’autre que ce putain de cardiologue qui n’arrêtait pas d’insister sur d’autres options en raison des lourds historiques familiaux. C’était après tout le cœur qui avait emporté les deux autres MacLeod de ma famille. Et le mélange d’un traitement de bêtabloquant quotidien et d’un antiarythmique pour les crises ne marchait pas tout le temps pour contrôler la situation. On aurait quand même du souligner l’effort que c’était que j’avoue à demi-mot que j’étais malade. C’était quand même un semblant de progrès que je nomme les médicaments qui étaient dans le cabinet de ma pharmacie, même si ça se traduisait par moi qui évitait savamment le regard de la voisine.

Repliant mes jambes, je décidais que j’allais essayer de me relever pour aller au sec et aller les chercher ces cachets. Appuyant ma main sur le sol, je poussais avec un grognement (un effort stupide pour être honnête). Ma main glissa le long de la voiture et je m’aidais même de la poignée pour m’aider. Finissant avec une main qui me soutenait appuyé sur le toit de ma voiture, je réalisais que c'était con quand même comme acharnement. De mon mètre quatre-vingt-cinq passé, la chute me semblait quelque peu dangereuse. Et je n’étais pas certain que de lâcher ma prise sur le capot de ma voiture était une bonne idée, considérant le vertige que j'avais. Du bout des lèvres, je murmurais un « Pouvez-vous m’aider ? » qui m’en demandait plus que ce que je voulais bien admettre.
@Yasmine Khadji :l:
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Message(#) Sujet: Re: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptyDim 27 Fév - 9:54


Elle en avait vu défiler aux urgences, des patients trop fiers pour admettre qu’ils avaient mal. Souvent, ils attendaient d’atteindre le paroxysme de la douleur pour se laisser faire, et alors se lançait une course contre la montre pour les prendre en charge et les soulager. Elle ne craignait pas les réfractaires, Yasmine, elle en avait vu d’autres. C’était assez contradictoire considérant sa nature profonde à cause de laquelle on ne lui laissait clairement pas le bénéfice du doute; parce qu’elle paraissait douce, parce qu’elle paraissait gentille, parce qu’elle avait l’air de sortir tout droit de n’importe où sauf d’un service des urgences. Elle ne se laissait pourtant pas impressionner, elle savait y faire avec l’autorité, et ça aussi c’était surprenant quand on savait que c’était à peu près tout ce qu’elle craignait tant elle ne supportait pas le conflit. Décidément, elle cochait toutes les cases du cliché ambulant.
Mais lorsqu’elle travaillait, quand une situation lui demandait de laisser de côté son naturel pour se référer à son instinct dans le sens le plus basique du terme, elle était une autre personne; consciencieuse, concentrée, le visage fermé. Elle était douée. Elle ne le savait pas. Mais ceux qui avaient travaillé avec elle le savait, et s’ils avaient remis en cause ses capacités à ses débuts à cause de l’image qu’elle reflétait et de la douceur qui faisait sa si bonne réputation, ils avaient regretté de s’être fourvoyés par les apparences: elle était faite pour sauver des vies, pas pour faire de la figuration.
Et elle le prouva de nouveau ici. Prise par surprise par les difficultés de son voisin ronchon, elle s’élança vers lui sans se poser de questions à propos de rien d’autres que son état de santé. Elle était préoccupée quand elle termina de prendre ses pulsations, et sa main trouva rapidement son téléphone portable qu’elle dégaina comme une arme blanche, prête à en découdre avec ses propres soupçons.
Il disait ne pas avoir mal, mais on ne pouvait pas ne pas avoir mal sous le rythme des battements de cœur comme ceux qu’elle avait relevés à la seconde où elle s’était agenouillée devant lui; elle savait reconnaître les mensonges aussi, c’était son petit truc en plus, son super-pouvoir dont elle ne faisait usage que quand elle avait la sensation que c’était important de savoir la vérité. Ça l’était ici. Alors il pensait sans doute que ce n’était rien, elle n’était pas en mesure de creuser davantage pour savoir si son manque d’amabilité usuel était assez marqué pour qu’il repousse une main tendue, mais à défaut d’avoir réussi à devenir médecin, elle s’en remettait à leur mantra qui disait si vous entendez un bruit de sabots, pensez à des chevaux, pas à des zèbres. Ce n’était peut être rien, et déjà dans son esprit, elle tacha de poser un diagnostique sans même y songer tandis qu’elle percevait la première tonalité, l’oreille collée tout contre son appareil.

Il la menaça "Je crois que vous n’êtes pas dans une posture idéale pour proférer des menaces. Je suis là pour vous aider, pas pour vous faire du mal." lui fit-elle sans se départir de son calme. Mais si faire preuve de vivacité d’esprit était primordial dans le milieu duquel elle venait, s’en remettre au consentement du patient l’était encore plus, aussi elle dut se rendre à l’évidence; la situation était alarmante, c’était une certitude, elle ne l’était cependant pas assez pour qu’elle floue les droits du patient à choisir d’être pris en charge ou pas.
Elle carra les mâchoires s’en le vouloir, les yeux fixement ancrés dans les siens avant de se résoudre au bout de trois tonalités à faire ce qui lui demandait. Contrainte et forcée, elle asséna un léger coup d’index à l’écran de son téléphone "Je raccroche." lui indiqua-t-elle pour qu’il ne soit pas tenté de faire un geste malencontreux et opéra un mouvement de son côté pour se lever, fourrant son téléphone dans la poche arrière de son pantalon, et lui offrir son aide sans qu’il ne le demande "C’est la première fois que ça vous arrive? Dites-moi tous vos symptômes." le pressa-t-elle avec douceur, quand de lui-même, il leva le mystère sur sa condition, et peut-être que le temps de quelques secondes, ça la rassura de savoir qu’il était déjà sous traitement. Ça ne détendit pas l’expression qu’elle renvoyait pourtant, ça ne la fit que froncer davantage les sourcils "Très bien, donnez-moi votre main, ça ne sert à rien de vous laisser mariner dans cette flaque. Vous pouvez le faire, je vous tiens." l’encouragea-t-elle de bonne volonté. Mais quand elle s’aperçut qu’il ne tenait pas à ce qu’elle l’aide, qu’il essaya de se débrouiller seul avant toute chose, elle resta patiente et accepta de battre en retraite. Elle avait cette capacité, Edge disait souvent qu’elle était la personne la plus patiente qu’il avait jamais rencontré, et elle ne pouvait pas prétendre que ce n’était pas là l’une de ses qualités les plus marquées. Même dans l’urgence, il fallait parfois se montrer flegmatique, bien qu’à cet instant, c’était insupportable de voir cet homme s’obstiner à agir seul quand elle était là, la main tendue, à attendre qu’il transgresse les règles de sa fierté pour admettre qu’il n’y arriverait pas seul.
Ou pas tout à fait, puisqu’elle devait avouer que même sous des trombes d’eau, piégé par la tempête qui devait faire rage dans sa poitrine, il était assez valeureux pour réussir à se lever sans assistance. Mais l’effort était titanesque, et ses réserves s’épuisaient à vue d’œil; elle décela un vertige dans sa façon de se tenir au capot de sa voiture, et sans attendre une seconde de plus, elle s’approcha en une impulsion volontaire pour le maintenir droit, glissant un bras sous son aisselle du côté droit pour le soutenir, et l’aider à marcher jusqu’à la porte de chez lui "Donnez-moi ou dites-moi où sont vos clefs." Elle attendait de lui qu’il la guide, quand bien même il le ferait en maugréant. Au contraire de ce qu’elle portait sur le dos et qui s’imbibait de seconde en seconde, confrontée à l’humidité environnante, elle était imperméable à la mauvaise humeur.

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Dernière édition par Yasmine Khadji le Sam 12 Mar - 10:01, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptyJeu 3 Mar - 23:29


C’était plus facile en un certain sens de dire que ce n’était qu’un problème de cœur et que l’orgueil et la fierté n’avaient absolument aucun rôle à jouer dans cette difficulté à abaisser ma garde pour laisser qui que ce soit m’aider dans cette situation. Devant ma menace, la voisine me le rappela d’une voix calme. Elle ne comprenait pas l’enjeu qu’il y avait pour moi si mon état venait à se savoir à l’extérieur du bureau trop blanc de mon cardiologue, si ça venait à dépasser les murs de l’hôpital. J’allais le perdre ce seul pied-à-terre fiable et fidèle dans ma réalité. Dans l’absolu, je savais qu’en me disant que je n’étais pas en état pour faire des menaces et qu’elle voulait simplement m’aider elle n’avait pas tort… Et pourtant, oui, selon ma fierté, selon mon orgueil et mes mains bien mises sur mon travail qui s’acharnait à mettre des heures (à la dizaine), des heures à la volée, à prendre des quarts pour couvrir à gauche et à droite… c’était elle qui était dans le tort. « Des foutaises qu’elle veut m’aider. » s’échappa de mes lèvres en évitant le regard couleur forêt de la jeune femme. Tant qu’elle n’aurait pas raccroché la ligne, retirer cette propre menace qu’elle faisait peser sur moi, sous la forme d’une ambulance qui viendrait me chercher, je ne serais absolument pas prêt à lui concéder qu’elle pouvait avoir les pattes blanches.

Je respirais donc un peu mieux quand elle finit par raccrocher la ligne avec un serrement des mâchoires qui montrait en lui-même qu’elle n’était pas d’accord au fait de céder à mon chantage. Mais moi, conscient? Je ne m’embarquerais pas à l’arrière d’une ambulance en direction de ma retraite des forces de l’ordre. Plutôt mourir… ce qui compte tenu de la présente situation n’était pas une des menaces des plus convaincantes. Et puis… respirer mieux, c’était relatif. Je le sentais mon souffle laborieux. Je l’entendais un peu trop rapide et râpeux.

Si je devais réellement être honnête, cette crise me faisait peur. Plus que ce que je voulais admettre. Jamais elles ne s’étaient étendues aussi longtemps dans le temps. Les minutes qui passaient me semblaient s’écouler avec la lenteur des heures. J’avais mal ; j’étais fatigué ; je sentais la sueur couler le long de mon dos et se mélanger avec la pluie qui tombait comme des cordes. Était-ce ainsi que mon père s’était senti dans les minutes qui avait précédé son décès? Parce qu’il n’était plus question de minutes dans mon cas : ça devait bien faire une demi-heure (ou trois quarts d’heure) que mon cœur avait commencé à s’emballer.

J’étouffais une réponse gorgée d’ironie à sa question sur ma première occurrence de symptômes cardiaques me contentant d’un non de la tête, pour énoncer simplement le nom générique de mon traitement : la classe générale. Antiarythmiques. Précisément des médicaments qui visaient à faire en sorte que mon cœur ralentisse sa folle course dans ma poitrine. Il ne servirait à rien de cracher du venin en disant que je l’avais acheté d’un inconnu croisé dans un pub ce traitement. Je me contentais plutôt de dire mes symptômes principaux. « Palpitations cardiaques, douleur thoracique qui irradie dans le bras gauche et vertige… c’est pourquoi j’ai atterri ici. » Clinique. Presque mot pour mot comme dans la brochure explicative que m’avait remise le docteur en même temps que le diagnostic qui était venu ruiner un peu plus ma vie. C’était au moins clair, précis et factuel, des éléments que j’appréciais généralement des discussions. Même si bon, c’était aussi admettre que j’avais assez ouvertement menti en affirmant que je n’avais pas mal quelques minutes plutôt.

Avoir été rationnel, j’aurais accepté la main qu’elle me tendait plutôt que de me battre pour me relever après l’aveu. Je faisais l’enfant. Grand, fier et indépendant. Hors de question de l’accepter. Je ne la regardais qu’à peine et préférais m’éreinter pour me retrouver à la position verticale. Mais bon, sans politesse, je la demandais pour franchir les quinze pas et les trois marches qui me séparaient de l’entrée de ma maison. Parce que ces pas me semblaient presque infranchissables dans l’état où j’étais. Mon complet était lourd, gorgé d’eau. J’allais rejeter la faute sur sa lourdeur plutôt que mon cœur défaillant.

Rien ne parut dans mon visage, mais je fus soulagé que sans que j’aie besoin de rajouter des politesses inutiles la main de cette voisine se glissât dans mon dos et son corps sous mon aisselle pour me supporter sur ce qui me semblait être la plus longue marche du monde. Et pourtant, cette putain de fierté qui ne dérougissait pas dans mon cas me fit fouiller mes proches, ramasser ma bonne clé et hésita à lui tendre. Pour finalement céder.

En poussant la porte du 50 Sherwood Road, on entrait dans mon territoire que je n’avais pas encore complètement mis à mon goût. J’allumais machinalement la lumière qui baigna le salon d’une lumière chaude. Pas de télévision, mais une bibliothèque ornait le mur entier qui alliait un vieux tourne-disque encore fonctionnel, des vinyles et beaucoup trop de livres. Je restais planter appuyé contre le mur qui donnait vers un escalier vers l’étage qui contenait trois chambres à coucher : une pour mon fils, une pour ma fille et la mienne et la salle de bain. La simple vision de l’escalier, de ses vingt-quatre marches en bois verni, me semblait être une vision d’horreur. Je n’avais pas le courage l’énergie et la capacité de les monter. Pourtant, j’en avais besoin pour avoir les médicaments qui, dans deux interminables heures, ramèneraient mon cœur à un rythme normal… si j’étais chanceux. Je pinçais mes lèvres retenant péniblement des larmes. Je croisais finalement le regard de la jeune femme. « Dans la salle de bain à l'étage, la porte du fond, il y a des cachets de Flécaïne de 100 milligrammes, dans la petite armoire de pharmacie. Vous pouvez m’en amener un? » J’aurais voulu que la terreur que j’avais relativement à mon escalier ne transparaisse pas dans le tremblement de ma voix, dans la supplication presque silencieuse qui se trouvait dans la question. J’aurais voulu que de relâcher mes lèvres n’autorise pas les larmes à couler le long de mes joues comme un robinet mal fermé. « Pas que j’ai besoin de vous. » grognais-je quand même, par orgueil… tremblant à l’idée qu’elle refuse si je ne changeais pas d’attitude.

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Message(#) Sujet: Re: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptyDim 13 Mar - 11:23


Il baissait à peine sa garde, remarqua Yasmine sans pour autant se réjouir de quoi que ce soit. Ce n’était pas les grands amours, elle voyait bien qu’il se résignait, par maturité ou par peur, elle ne saurait le dire, mais c’était suffisant à ses yeux pour qu’elle puisse se faire une idée globale de ce qui lui avait dissimulé quelques minutes plus tôt. Il n’était pas utile de lui faire la morale, alors elle n’attendit pas qu’il consente à admettre ouvertement qu’il avait besoin d’aide, et elle agit avec l’élan volontaire qui était le sien. C’était curieux comme façon de faire connaissance, mais là encore, elle avait de l’expérience en la matière, et si ça le gênait de faire dans le sociale auprès de ses voisins, elle ne pousserait pas son avantage; elle se tairait, elle respecterait. En attendant d’avoir la confirmation que son silence serait davantage apprécié, elle l’aida à grimper en le tenant contre elle de la façon la plus professionnelle qui soit, s’essuyant rapidement le visage, humide de pluie, avec sa manche, avant d’intercepter son geste quand il voulut ouvrir la porte de chez lui, et que lui prenant ses clefs sans se soucier qu’il puisse en être content ou pas, elle s’en chargea sans plus de cérémonie.
Chaque micro-mouvement qu’il faisait lui demandait une énergie qu’elle n’était pas capable de réellement se représenter, elle ne pouvait que l’imaginer grâce au savoir qu’elle avait accumulé au cours des années passées à étudier, au cours des années passées à exercer aussi. Seulement, elle le voyait, haleter et peiner à garder une bonne composition tandis qu’ils entrèrent chez lui, et que sous ses directives, elle grimpa les marches de l’escalier qu’il lui indiquait en prenant la peine de lui rappeler sa place pour qu’elle ne songe pas, ne serait-ce qu’un seul instant, qu’elle était utile à sa condition.

Elle l’était pourtant, pour une infinité de raisons qu’elle garda à l’esprit quand, deux par deux, désolée de s’enfoncer ainsi dans une maison qui paraissait propre alors qu’elle dégoulinait de partout, elle monta les marches pour arriver à l’étage. Elle n’avait pas le temps de faire dans l’inspection des lieux, elle se contenta de suivre son instinct pour qu’il la dirige vers la salle de bain. Elle dut s’y reprendre à deux fois, poussant la mauvaise porte au début, et grommelant quand elle remarqua que c’était celle d’à côté. Elle frappa contre cette dernière par simple acquis de conscience, mais elle y entra en ayant la certitude de ne déranger personne, et fit ce qu’on lui avait demandé de faire. Elle fouilla dans l’armoire à pharmacie, passa outre les détails qu’on serait en droit d’observer pour apprendre à connaître davantage un voisin mal luné, et empoigna le flacon tant convoité sans attendre. Elle en vérifia l’étiquette une fois qu’elle fut arrivée en haut de l’escalier, et y dénicha le nom et le prénom de son voisin en un coup d’œil; c’était un début, se dit-elle pendant qu’elle dévalait les marches dans l’autre sens, débouchant le flacon pour venir pêcher un comprimé du bout de ses doigts soignés, et qu’elle tint fermement dans sa main jusqu’en bas.
Où elle prit la tangente pour se diriger vers la cuisine. Un verre d’eau aiderait à faire passer le tout, et si ça l’indisposait un peu de partir à l’assaut des placards de son voisin, elle ne s’attarda pas là non plus, se contenant de prendre un verre laissé sur le rebord de l’évier, et le remplissant une rasade d’eau bien fraîche. Sa température se diffusa contre la paume de sa main quand elle fit le chemin inverse, et que le tendant à l’homme mal en point, appuyé contre le mur, visiblement aux prises de la douleur qui contorsionnait son visage, elle lui mit son comprimé dans la main "Prenez-le vite." l’enjoignit-elle, gardant un œil sur lui tout du long, et lui prenant le verre aussitôt qu’il eut terminé pour mieux observer son visage, les sourcils aussi froncés parce qu’elle était concentrée "Vous ne prenez pas vos médicaments depuis combien de temps, monsieur MacLeod?" se permit-t-elle d’ajouter, avant de poser le verre à moitié vide sur un meuble de l’entrée. Et puis elle s’approcha un peu plus près de lui pour le relever doucement, et lui dit dans la foulée "Il faut vous reposer, je vais vous emmener là où vous serez plus à l’aise. Ça va aller, vous avez fait le plus difficile, je vous assure." Inutile de le forcer à monter les escaliers, le salon ne devait pas être bien loin. Elle fureta par-dessus sa propre épaule, et puis doucement, elle se mit en marche en le soutenant sans faiblir, se positionnant à ses côtés en ne le brusquant pas.
De nouveau, Yasmine n’observa pas son environnement, elle se contenta de garder toute son attention dirigée vers l’homme faible qu’elle tenait à moitié, et qu’elle aida à s’asseoir sur le canapé qu’ils rejoignirent à une allure lente et précautionneuse. Elle retint un soupir, mais elle ferma brièvement les yeux quand, lui assit, elle debout, elle songea à ce qu’elle allait lui proposer maintenant avec l’idée qu’elle allait de toute façon essuyé un nouveau refus; ça ne l’empêcha pas de sortir de nouveau son téléphone portable de la poche arrière de son pantalon, agglutiné à sa peau qu’elle sentait se resserrer sous le tissu qui lui collait de partout "Je connais votre avis sur les secours, mais je peux peut-être appeler quelqu’un de votre entourage pour prendre soin de vous le temps que la flécaïne fasse effet?" Elle jouait avec le feu, elle avait rapidement compris le mécanisme de défense du bougon qu’elle avait en face d’elle, aussi elle se risqua à ajouter, un de ses sourcils s’arquant quand elle affronta son regard sans donner l’impression d’être impressionnée par ce qu’il dégageait "Ou je peux le faire, et rester, et vous allez devoir supporter mes mille questions par minute. C’est à vous de voir, mais je ne vous laisserai pas seul." Elle tenait à ce qu’il le comprenne et l’enregistre, son téléphone serré dans la main, et sa posture, sûre et droite, lui signifiant qu’elle n’avait pas l’intention de faire de compromis.

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Message(#) Sujet: Re: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptyMer 16 Mar - 4:12


Le soulagement quand je vis la voisine gravir les marches pour monter à l’étage ne se vit pas dans mon visage. C’était faux que je n’avais pas besoin d’elle, tout comme c’était faux que je n’avais besoin de personne. Je n’étais même pas capable de laisser m’avancer plus loin dans ma maison qu’à quelques pas du petit vestibule. Mon appui précaire était assuré par ma main posée à plat sur le mur : un point d’appui contre le roulis et le tangage de la pièce qui semblait sortir toute droite d’un film catastrophe, ceux que mon fils aimait tant il y a quatre ans. Le bruit de ses pas la ramena vers moi après le bruit caractéristique d’une personne qui ouvre le robinet pour remplir un verre d’eau. Je me gardais bien de préciser que l’eau n’était pas nécessaire (ces cachets, je les avais pris sans eau beaucoup trop souvent). Je saisis le comprimé qu’elle me tendit avec un ordre. Comme si j’avais vraiment hésité avant de le prendre! Ni d’une, ni de deux, je le glissais sur ma langue, agrippais le verre d’eau d’une main tremblante et le portais à mes lèvres. J’avalais machinalement. Le goût amer et poudreux passait mieux quand il se trouvait dilué dans de l’eau. Je les avais trop souvent avalés à sec dans l’urgence au boulot, ou avec ce que mes mains pouvaient contenir d’eau dans une toilette du poste. Un mince «  merci  » franchit mes lèvres alors que je lui retendis le verre : il agissait de la première (et probablement seule) preuve de politesse de ma part.

Mais j’aurais peut-être dû le taire parce que l’accusation qui vient après me fit froncer les sourcils. Je n’étais pas un patient facile (et je n’aurais pas l’audace d’affirmer que je l’étais). J’avais des défauts à la tonne. Mais j’étais bon pour suivre mon traitement, contrairement à mon cœur qui, lui, n’était pas bon pour y répondre et se plier. «  Je les prends, mes médicaments.  » grognais-je. Parce que, oui, je tolérais mal que l’on me mette sous le nez le fait que j’avais tardé à le prendre cette fois-ci. Une fois n’était pas coutume. Ce qui n’était pas dans mes habitudes. Mais je pouvais concevoir dans l’absolu, j’avais tardé. Voilà tout. Et plus par absolue nécessité que parce que j’avais voulu attendre pour voir si ça passerait seul. Je n’étais pas assez idiot pour croire que mon cœur reviendrait à la normale sans que rien n’entre dans le système. «  Celui-là est pour les crises. Je n’en avais plus au poste.  » rajoutais-je d’une voix râpeuse dans laquelle ma fatigue commençait doucement à transparaître. Je l’avais ressenti dans cette inspiration pénible entre mes deux phrases.

Cela n’empêcha pas que je me sentis quand même en colère quand elle me dit que le plus dur était fait. J’habitais cette maison depuis juillet. Je savais pourtant qu’il y avait une vingtaine de mes grandes enjambées normales qui me séparaient du sofa, l’endroit le plus proche de nous où je pourrais m’installer. Je soupirais quand même parce qu’ils me semblaient insurmontables ses vingt et quelques enjambées normales qui s’étaient métamorphosées en une foulée de petit vieux. Je n’essayais même pas de protester contre le fait que le sofa serait mouillé si l’on s’y assoyait dans nos vêtements détrempés, en marchant appuyé sur cette voisine qui ne méritait probablement pas ma rudesse habituelle. Même une fois que je me laissais tomber dans le sofa, j’attendis en reprenant le peu de souffle que j’avais parce que mon cœur se laissait aller à une interminable samba. Malgré le fait que je savais que c’était la meilleure option, j’étais frustré à l’idée même que j’étais dans des vêtements détrempés sur un meuble en tissu et il n’y avait rien que je pouvais faire. À moins d’attendre qu’elle parte. Je me démerderais pour enlever les vêtements détrempés.

Sauf que voilà, la brunette ne semblait pas pour autant avoir dit son dernier mot, n’est-ce pas? Je la vis extirper son téléphone de la poche arrière de son pantalon pour le brandir à nouveau comme une arme. «  Merde… non  », grognais-je exaspéré. Rien de bon ne pouvait provenir de cet objet de malheur. Les mots qui franchirent ses lèvres n’aidaient en rien. Je sentis mes yeux s’arrondir lorsqu’elle me demanda si je voulais que l’on appelle quelqu’un de mon entourage.

Qui? fut la seule pensée qui traversa ma tête.

Mes rares amis ne savaient pas pour mon état : ils étaient trop proches de mes enfants dans la plus grande majorité des cas. Jake était le parrain de ma fille et de ce que j’avais compris, il communiquait souvent avec elle. En plus, comme infirmier, il aurait tôt fait d’appeler une ambulance et de m’expliquer pourquoi le défibrillateur implantable était réellement une bonne option. Sisco avait sa famille à gérer (et probablement pas le temps pour moi). Ma mère avait plus de quatre-vingts ans et vivait dans un foyer pour aînés après qu’une mauvaise chute ait entraîné une perte de mobilité chez elle. Médecin de formation, elle aurait tôt fait de m’envoyer à l’hôpital. Elle avait après tout perdu l’amour de sa vie et son premier-né en raison d’un trouble du rythme cardiaque. Mes enfants ne me parlaient plus et je me voyais mal leur annoncer sur un appel téléphonique que j’avais des ennuis de ce type. Je n’allais pas forcer les retrouvailles sous le simple principe que j’étais malade.

S’en suivit alors l’option que je redoutais : que ce soit elle qui reste. À nouveau, j’épluchais mentalement ma liste de contacts et je me rendais compte que je n’avais strictement personne en qui j’avais assez conscience pour les laisser me voir dans cet état, pour assister à la déchéance dans laquelle je m’enfonçais plutôt consciemment. Je soupirais d’une bien étrange manière avant de rajouter un simple «  Restez alors.  ». Immobile, je fuis son regard pour admettre ce dont elle devait sans doute se douter. «  Je n’ai personne que je peux appeler.  » Pathétique. Voilà ce que j'étais. Dans un léger murmure, je rajoutais. «  Tous mes proches ignorent que je suis malade.C’est mieux comme ça.  » Mieux pour qui? Ça ce n’était pas clair.
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Message(#) Sujet: Re: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptyMer 6 Avr - 10:38


Il prenait ses médicaments. Reconnaître ses torts, c’était une bonne partie de son travail aussi à Yasmine — ou elle aimait se le dire pour atténuer ses propres traits de personnalité. Elle était la championne dans ce domaine, toujours à faire des courbettes pour être sûre de ne froisser personne, pour être sûre qu’on sache qu’elle n’avait pas de mauvaises intentions. Edge lui répétait souvent qu’il fallait qu’elle apprenne à passer à autre chose sans nécessairement se sentir obligée de se répandre en excuses, surtout quand rien n’était de son fait. Mais il avait beau être motivé dans l’exercice de lui faire entendre qu’elle n’était parfois même pas la coupable de ce pourquoi elle disait pardon, elle ne savait pas être autrement que comme ça. Cette situation-là, tandis qu’elle avait prononcé des accusations sommes toutes graves à l’encontre de l’homme qu’elle aiderait bientôt de nouveau à se déplacer, ne dérogeait pas à sa propre politique, alors même si elle gardait le silence pour le faire, elle lui présenta tout de même ses excuses en levant les mains devant elle comme si elle se constituait prisonnière, empruntant une mine de défaite supportable pour elle pendant qu’il s’expliquait, la voix agressive, mais entrecoupée par ses difficultés de cœur "Il vous faudra faire des réserves… ou lever le pied sur vos horaires de bureau, mais je vous apprends rien." finit-elle par lui dire, et le chemin qu’elle le força à prendre pour la bonne cause la fit revoir sa tactique avec lui; ça ne servait à rien de vouloir le cerner, il semblait aussi imprévisible que le rythme fulgurant de son palpitant.

Elle en voyait d’autres, des patients mal en point — elle en avait vu d’autres en l’occurence, elle ne travaillait plus aux urgences. L’apparence avait peu d’importance pour les soignants, tout comme un tas d’autres facteurs auxquels leur formation et leur expérience les rendait quasiment hermétiques. Néanmoins, debout devant cet homme rendu vulnérable par la maladie, elle se sentit un peu mal à l’aise finalement; d’être la seule témoin de la faiblesse qu’il cherchait à cacher, se rendit-elle compte lorsqu’elle sortit de nouveau son téléphone portable de sa poche et que sans vraiment le voir ainsi, elle le menaça de prévenir ses proches. Il ne voulait inquiéter personne, elle pouvait le comprendre. Ce n’était jamais agréable d’admettre qu’on n’était pas bien, qu’il y avait un grain de sable qui venait faire s’enrayer une armure faite sur mesure. Avec quelqu’un d’autre, elle aurait peut-être un peu insisté, parlé de sa potentielle famille en cherchant à le prendre par les sentiments pour lui faire accepter l’idée qu’il se sentirait plus hardi à reprendre sur lui entouré de quelqu’un qui le connaissait bien. Mais son instinct lui soufflait que dépasser une nouvelle limite en le forçant à considérer l’option familiale ne ferait que creuser le fossé qu’il y avait déjà entre eux. Et à juste cause: ils ne se connaissaient pas, elle faisait irruption dans sa vie par la voie d’une action louable, mais qui le mettant dans une position très peu enviable. Elle n’était rien d’autre qu’une intruse dans la mascarade à laquelle il se tenait farouchement pour garder le contrôle de sa maladie.
Elle le regarda peser le pour et le contre, là, assit devant elle, elle debout à quelques mètres, le téléphone brandit dans sa main telle une arme létale; elle prit sens de la position qu’elle avait à ce moment-là, et baissa sa main, les yeux fixé sur le visage de l’homme qu’elle avait en face qu’elle et qui tachait de garder le visage impassible comme il peinait à supporter les battements effrénés de son propre cœur. Dans quelques longues minutes, ça irait mieux le temps de la prochaine crise. C’était une épée de Damoclès qui flottait au-dessus de sa tête, ce qui rendait sa décision de ne pas prévenir ses proches plus abordables pour Yasmine. Elle aussi avait tendance à vouloir préserver ses proches, aussi d’une certaine façon, elle ne pouvait se permettre de remettre en cause son choix final qui lui fit définitivement ranger son téléphone portable dans la poche arrière de son pantalon "Juste le temps que vous vous calmiez. J’ai un peu menti, je ne compte pas vous faire passer un interrogatoire, soyez tranquille." lui fit-elle avec un  très léger sourire, penchant doucement la tête sur le côté en ne sachant pas où se mettre, humide de la tête aux pieds.
Elle resta debout alors, ajoutant tout aussi doucement "Je suis plutôt calme, si vous voulez vous allonger et fermer les yeux, vous ne vous rendrez même pas compte de ma présence." lui assura-t-elle sans ciller. Et puis ce avec quoi il renchérit mit à mal sa volonté de se faire toute petite, puisqu’elle lui demanda presque dans la foulée "Depuis combien de temps vous vivez ça?" Seul, faillit-elle ajouter, mais de nouveau, elle n’était pas là pour juger qui que ce soit, ou pour faire des leçons de moral. Elle était là pour s’assurer qu’un homme malade puisse récupérer dans les meilleures conditions possibles "Si vous ne voulez pas impliquer votre famille, c’est votre choix, et je le comprends… mais rien qu’au St-Vincent, il y a quelques groupes de discussions pour les patients." Pas nécessairement pour les aider dans le sens le plus basique du terme, juste pour leur offrir une soupape de décompression, une fenêtre sur un carré de terrain foulé uniquement par ceux qui savaient que c'était, ce que ça faisait de vivre avec ça "Votre médecin a dû vous en parler." annexa-t-elle avec humilité, terminant par rouler ses lèvres l’une sur l’autre et par baisser la tête pour regarder l’état de ses baskets. Elle écarta ses bras pour désigner sa silhouette toute entière, souffrant des humeurs du temps, et dire à son voisin "J’espère ne pas avoir trop sali votre maison. Je nettoierai en partant, c’est promis."



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Message(#) Sujet: Re: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptyVen 13 Mai - 20:53


Une fois rendu sur le sofa, étalé de tout mon long, je n’osais pas bouger. La douleur de mon cœur irradiait de ma poitrine vers mon épaule vers le bout de mes doigts. Un chemin direct que je retraçais dans ma tête. J’aurais aimé avoir la force de bouger un peu. J’aurais donné cher pour trouver la force de retirer mon complet détrempé. J’aurais donné cher pour avoir l’énergie de défaire mes lacets sur mes chaussures pour libérer mes pieds et les monter sur le sofa. D’orgueil et de rigidité. Voilà de quoi j’étais fait. Un savant mélange qui n’avait rien de pratico-pratique en fin de compte. Trop orgueilleux pour demander de l’aide dont j’avais pourtant besoin. Trop psychorigide pour accepter que je monte moi-même mes pieds pour y déposer mes souliers mouillés et sales sur tissus de mon sofa. Je fermais les yeux pendant un bref instant en tentant de me concentrer sur ma respiration laborieuse dans l’espoir infime qu’un effort conscient ferait en sorte que je serais capable de calmer mon cœur qui se débattait. Je ne les rouvris que pour lancer à la demoiselle un regard assassin quand elle osa affirmer que je devrais faire des réserves de mon traitement ou lever le pied au boulot.

Bien sûr que je savais qu’elle avait raison merde. Dans l’absolu, c’était vrai que ça n’aurait pas dû se produire que je me retrouve sans traitement au poste de police, que je conduise malgré mon cœur qui s’emballait. Je le savais que c’était dangereux. Je n’étais pas idiot. Mais ça ne m’empêchait pas de ressentir une certaine frustration de me faire lancer la réplique au visage comme une évidence. Je pinçais les lèvres retenant la réplique amère qui se trouvait dans mes lèvres à vouloir franchir mes lèvres. Elle était gentille de m’aider dans le fond. Je faisais preuve de civilité qui tendit même sur l’humour (ou du moins ma version froide et aseptisée de ce dernier) lorsqu’elle admit qu’elle n’avait aucune intention de me faire subir un interrogatoire. « C’est mieux… Je préfère être responsable des interrogatoires de toute façon plutôt que de les subir. », répliquais-je du tac au tac. Un aveu sur mon métier que j’aimais d’une douce passion. J’aimais le contrôle que je pouvais avoir sur l’enchaînement des questions dans un interrogatoire. Par contre, quand il fallait inverser la scène et qu’il fallait que ce soit moi qui plie sous le poids des questions? La partie n’était pas la même et j’en avais bien conscience. Je n’étais pas doué pour parler de moi.

Je fus même soulagé quand elle m’avoua qu’elle était plutôt calme et qu’elle me laisserait fermer mes yeux et me reposer le temps que ça se calme. Je ne me fis pas nécessairement prier pour le faire. C’était plus facile de me concentrer sur mon souffle les yeux fermés. Par contre il ne fallut que quelques secondes pour que je comprenne que sa version d’aucun interrogatoire n’était pas la même que la mienne. J’appréciais sincèrement le silence, mais voilà qu’elle me parlait du début de mes symptômes pour enchaîner presque aussi rapidement sur les groupes de discussion entre patients dont mon médecin m’avait parlé naturellement. Le soupir exaspéré sortit de mes lèvres avec une réplique amère qu’elle ne comprit pas fort probablement. « Pour quelqu’un qui dit ne pas déblatérer… ça fait beaucoup de questions. » Personnellement, je n’avais jamais eu de dents contre le silence. Celui qui, entier et pesant, pouvait faire naître le calme dans les têtes et dans les cœurs. J’aurais pu essayer d’éviter la question, mais comme je savais que le médicament en aurait encore pour un temps avant de faire effet ça n’aurait donné qu’un de ses curieux silences qui fait naître le malaise dans son sein rassurant.

Je rouvris les yeux, me redressais un peu péniblement. « Les premiers symptômes que j’ai remarqués datent de fin août. Le suivi, lui, date de novembre. », dis-je. Il y avait eu un délai entre le moment où j’avais ressenti le premier serrement à la poitrine, le premier étourdissement et le moment où j’avais trouvé le courage d’en parler à mon médecin traitant. « Mon généraliste était inquiet en raison de mes antécédents familiaux et a directement renvoyé mon dossier en cardiologie… ça court dans les hommes de ma famille. », admis-je d’une voix épuisée. Je me gardais de rajouter l’éléphant dans la pièce : ça ne faisait pas que courir, ça faisait surtout arrêter de courir… C’était fatal. Les MacLeod semblaient têtus de père en fils et bien décidés à faire comme si rien n’allait mal dans un cœur en déroute qui suivait son propre rythme effréné en manquant parfois quelques battements dans sa rapide et désordonnée course. « Quant aux groupes de discussion… en effet, on m’en a parlé. Mais je ne veux impliquer personne. Pas seulement ma famille. Pas mes rares amis. Rien. Si ça se sait, je perdrais mon emploi et j’ai encore des dossiers à régler. ». C’était une admission à mots couverts. Mon emploi était la chose la plus précieuse que j’avais autour de moi. Je ne voulais pas le perdre. J’en avais besoin pour assurer ma santé mentale, pour me lever le matin, pour que cette vie sans mes enfants vaille la peine d’être vécue. J’avais fouillé dans les archives pour repêcher le dossier Hemingway, même si je savais qu’après ce temps, après la bavure policière pour laquelle j’avais pris la responsabilité… C’était impossible de finalement réussir à arrêter le coupable, jusqu’à ce que le coupable récidive et se fasse prendre la main dans le sac. Après, je partirais. Je trouverais autre chose après avoir réglé ce dossier qui me grugeait de l’intérieur.

Cette pensée m’avait absorbé si loin de mon salon dans un coin sombre où une vengeance amère mijotait à feu doux depuis longtemps. J’avais confiance en notre système de justice et j’étais fier d’y bosser. Si ça voulait dire faire une enquête sous-marine pour l’amener devant la justice, je pouvais vivre avec cette idée en tête. Tout comme je pouvais vivre avec le fait qu’elle avait souillé mes sols avec des souliers mouillés. Je jetais un bref coup d’œil sur elle. Ce n’était que de l’eau et même si mon corps mêlait sueur et pluie sur le sofa, je n’allais pas la laisser faire le ménage en partant. Cet orgueil mal placé parla. « Non… vous en aurez fait assez. Je passerais la serpillère demain.  » J’aurais pu faire pire et affirmer que j’allais rectifier la situation ce soir, mais je savais que je n’en aurais pas l’énergie.
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Message(#) Sujet: Re: Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] Peacock Blues [Yasmine / Muiredach #1] EmptyMar 14 Juin - 10:39


"Flic ?" rétorqua-t-elle à sa tentative d’humour "Je comprends mieux les rebuffades et l’air revêche." ajouta-t-elle alors, haussant une épaule en lui accordant un regard malicieux, la tête vrillant de quelques centimètres pour le voir sous un angle plus favorable ; il ne le serait jamais vraiment, favorable, pas tant que son cœur continuerait de le faire souffrir et qu’il serait obligé de faire des pauses pour mieux envisager de s’adresser à elle. D’habitude, Yasmine s’agitait comme une puce quand il s’agissait de venir en aide à ses patients, à leur tâter le pouls et le front, à s’assurer que tout allait bien. Là, les signes étaient assez évidents pour qu’elle ne veuille dépasser la barrière de l’espace vital de l’homme allongé sur son canapé. Et puis dans le fond, elle redoutait que ses tentatives de prendre ses constantes ne soient vues comme une attaque par le grand malade en question. Il ne lui faisait pas peur, mais là encore, elle avait une expérience assez nette de la souffrance des hommes pour savoir que, soumise à elle, certains finissaient par devenir dangereux.
Malgré tout, elle préférait rester prudente, et c’est pour cette raison qu’elle ne le quitta pas du regard, à défaut de pouvoir utiliser ses mains et ses connaissances pour s’assurer que son traitement faisait son effet "Qu’est-ce que je disais." se trouva-t-elle maligne de lui répondre quand il souligna sa propension à poser des questions après lui avoir dit le contraire, vanter les mérites de sa discrétion. Sûrement ne s’attendait-il pas qu’elle l’eut entendu, mais mis à part son souffle irrégulier et rocailleux, le silence régnait dans la maison à laquelle elle jeta un œil par-dessus son épaule, comprenant que si elle ne pouvait pas s’asseoir au risque de salir le joli mobilier, elle pouvait toujours flâner dans la pièce dans laquelle elle l’avait emmené pour s’occuper le temps qu’il retrouve un rythme cardiaque normal. Tout bas, les mains se levant de nouveau devant elle, prisonnière soumise, elle chuchota exagérément "Mais d’accord, je me tais."

Aussi, elle se détourna un moment, toupillant sur la semelle de ses baskets souillées pour s’approcher de la fenêtre du salon et jeter un œil à l’extérieur. Rien ne s’arrangeait niveau météo, la pluie battait la vivre dans un brouhaha qui vint rompre le silence qu’elle s’imposa le temps que son voisin se décide à lui répondre ; ce qu’il fit finalement, la menant à se retourner vers lui pour, les bras croisés sur sa poitrine, réagir aussi professionnellement que possible à ce qu’il lui disait "Combien de crise depuis que vous prenez votre traitement ? Si c’est trop régulier pour que vous réussissiez à me donner un chiffre, c’est le signe qu’il faut revoir tout ça avec votre médecin." Son visage prit les plis soucieux de la bonne infirmière qu’elle était tandis qu’elle s’approchait de nouveau de l’espace où Muiredach était allongé "Vous mettez votre vie en danger en restant discret sur tout ça. J’ai pas de conseils à vous donner, mais si vous vous obstinez à continuer sur cette lancée, c’est plus que votre travail que vous perdrez." De la façon la plus douce qui soit, Yasmine tenta de lui faire réaliser les aboutissants de cette maladie qu’il disait vouloir gérer sans impliquer personne.
Un regard posé sur lui, et elle maintint un instant le contact visuel pour finir par le rompre et venir s’asseoir sur le coin de la table-basse, non loin du corps allongé de l’homme dont elle voulait s’occuper. Elle lui demanda, replaçant sa tresse humide entre ses omoplates "Je peux vérifier votre pouls ?" lui demanda-t-elle alors, tendant ensuite la main pour apposer ses doigts à la base de son cou et constater que sa prise de médicament faisait son effet. Concentrée sur le cadran de sa montre, elle profita de ce silence bousculé par la pluie du dehors pour soigner sa prochaine sortie, et lui dire, joignant ensuite ses mains soignées entre elles pour les poser sur ses propres cuisses "Je vis au numéro 221." Une information dont il n’aurait sûrement cure. Elle contra sa réplique, se montrant patiente et modérée "Je sais ce que vous allez me répondre. Je dois quand même vous faire la proposition parce que, que vous le vouliez ou non, je suis impliquée maintenant." Presque dans un murmure, elle continua sur sa lancée "J’ai travaillé dix ans aux urgences. Je compte pas vous dérouler les entrées de mon curriculum vitae pour faire bonne impression… en revanche, je peux vous proposer de vous laisser mon numéro. Je vous le répète, je vis au 221. Je pourrais agir vite en cas de pépin." Elle n’était pas alarmiste, elle était prévoyante — ce dont elle se défendit tout aussi doucement ne dérogeant pas à sa délicatesse quand elle ajouta, ses yeux cherchant ceux de l’homme "Juste au cas-où. Je vous demande même pas de me donner le votre pour que je puisse prendre de vos nouvelles, j’ai compris que c’est pas votre genre de faire dans les potins de voisinage." Et un sourire remonta subtilement un coin de son visage.

rp terminé.


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