Sara ♪ Family portrait

Sara Gutiérrez

Can we work it out ? Can we be a family ?
I promise I'll be better... Daddy, please don't leave.

Pièce d'identité

NOM ≈ Gutiérrez, nom qu'elle est fière de porter malgré la fratrie bordélique, la mère débordée et le père absent. PRÉNOM ≈ Sara, juste Sara. Sara la fêtarde, Sara la retardataire, Sara l'emmerdeuse, Sara la gamine, Sara l'alcoolo, Sara la relou... Faites-vous plaisir sur les surnoms. ÂGE ≈ Née le 20 août 1998, elle a 23 ans, les 24 se rapprochent tranquillement. Elle est lion, mais à une semaine près elle était vierge – elle ne croit pas en l’astrologie mais l'idée la fait marrer. LIEU DE NAISSANCE ≈ Elle est la première de sa fratrie à avoir vu le jour à Brisbane, Australie. C’est là qu’elle a toujours vécu : malgré ses origines mexicaines, elle n’a pas eu la chance de ses aînés de connaître Acapulco. STATUT SOCIAL ≈ Célibataire et ça lui convient très bien. Être en couple c’est synonyme de prise de tête, de déception et de contraintes, très peu pour elle. MÉTIER ≈ Étudiante en biologie à l'université, elle est en troisième année, après déjà deux réorientations et une année d'arrêt. Pourtant, ce qu'elle fait ne lui plaît quand même pas des masses. À côté, et depuis septembre 2021, elle est employée au Twelve Happy Spectators, un cinéma de son quartier, le genre de boulot étudiant à la con mais pas déplaisant non plus. Disons qu'il a surtout le mérite de rapporter un peu d’argent à la maison, et ne pas être trop emmerdant non plus. C’est pour ça qu’elle le fait alors que ça ne la passionne pas plus que ses études, parce que comme le reste de sa fratrie elle essaie de mettre la main à la patte avec un p’tit job. Enfin, contrairement aux autres, elle en change souvent, parce que ses nombreux défauts poussent sans grande surprise ses employeurs à se séparer d’elle lorsqu’elle ne tient plus la route. ORIENTATION SEXUELLE ≈ Boys boys boys, I'm looking for a good time… Hétérosexuelle, avec un certain attrait pour les bad boys dont il ne faut pas s'approcher – mais elle s’en approche quand même, évidemment. GROUPE ≈ 17 ans encore. AVATAR CHOISI ≈ Camila Cabello

Les informations en vrac

Despite all opposition, Ohana means family

♪ Sara est la quatrième enfant d'une fratrie de sept enfants. Ils ont tous les sept la même mère et le même père, ainsi qu'un caractère à la con – ça c'est Sara qui le dit, en tout cas.

♪ Maritza (50 ans), c'est la madre, celle qui a toujours été là, qui a élevé presque seule cette fratrie toujours plus bruyante et nombreuse, celle qui s'assombrit de jour en jour à cause de la fatigue qui tire ses traits. Sara le voit, elle n'est pas dupe, mais elle a l'impression de ne rien pouvoir y faire si ce n'est ce job étudiant à la con qu'elle s'est dégotée pour aider un tant soit peu à payer les factures. Mais ça ne change rien au regard éreinté qu'a sa mère lorsqu'elle rentre le soir à la maison – et parfois ce sont ses deux yeux sombres et tristes que Sara veut oublier lorsqu'elle trinque à la tequila. C'est la vie que mène Maritza qui lui rappelle régulièrement pourquoi elle ne veut pas de petit-ami dans sa vie, ni même d'enfant plus tard – les contraintes et le sourire terni par l'épuisement, ça n'a rien d'idyllique.
♪ Sergio (51 ans), c'est le padre, l'homme qui a disparu des radars alors qu'elle n'avait que trois ans. Trop petite à l'époque pour avoir des souvenirs clairs de lui, pendant des années elle ne l'a connu qu'à travers les récits de sa mère et de ses aînés, les albums photos, les ressemblances que Maritza lui prêtait parfois avec lui. Jusqu'à ce qu'il y a trois ans, elle craque et se mette à sa recherche. Son père, il lui a toujours manqué : son amour pour sa mère et sa fratrie n'a pas empêché qu'elle vive mal le fait de n'avoir jamais vraiment eu de père. Elle n'a pas eu trop de mal à le retrouver, prenant contact avec lui jusqu'à ce que des retrouvailles s'organisent. Putain, elle était la gamine – de vingt ans – la plus heureuse du monde de pouvoir le serrer dans ses bras et l'appeler Papa. Ils se sont revus régulièrement depuis, chaque moment comblant de joie son petit cœur plus sensible qu'il n'en a l'air, mais elle en a fait un secret auprès de sa fratrie parce qu'elle ne voulait pas qu'ils prennent mal son rapprochement avec cet homme dont ils ne veulent plus entendre parler. Pourtant, en juin 2021, alors que la fratrie – les deux petits exceptés – se réunissait pour l'anniversaire d'Alma, elle s'est dit que l'occasion était trop belle pour ne pas tenter une approche. Il était leur père à tous après tout, pas un inconnu random dont on peut se foutre. Alors elle a révélé son secret dans l'espoir de reconstituer sa famille au complet, invitant Sergio à l'anniversaire de sa sœur... Ouais, c'est là qu'elle a tout fait merder, exactement.
♪ Tiago (40 ans), l'oncle qui a toujours été là. Vingt ans qu'il est à Brisbane, vingt ans qu'il répond présent, même pour la sortir d'affaire après les coups les plus foireux. Il a toujours été un soutien pour Sara comme pour le reste de sa fratrie, même si pour elle ça n'a pas effacé l'absence d'un père avec qui elle aurait voulu grandir.

♪ Rudy (29 ans), c'est l'aîné, celui que Sara a toujours regardé avec des étoiles dans les yeux. C'est son modèle depuis qu'elle est petite, celui qui a l'air de tout prendre à la rigolade et qui a vite fait office de figure masculine dans sa vie quand son père est parti. Certes, ils se sont un peu éloignés lorsqu'elle était au lycée, mais elle s'est dit que c'était à cause de son travail. La prison exceptée, c'est son exemple qu'elle suit, celui de l'adolescent qui prenait tout avec le sourire et que rien ne semblait arrêter, celui qui se fout des limites et des règles surtout. Au grand dam des plus raisonnés de la famille qui ont peur de la pente glissante qui menace chaque jour un peu plus d'emporter Sara.
♪ Diego (28 ans), c'est le deuxième fils, que tout le monde considère comme le fils prodige. Il enchaîne les sans-fautes, a su très vite ce qu'il voulait faire après le lycée et a réussi avec brio en médecine, aujourd'hui il travaille à l'hôpital et toute la famille fonde beaucoup d'espoir en lui. Au fond, Sara l'envie un peu, parce qu'elle elle est perdue en terme d'orientation et elle a de plus en plus de mal à maintenir des notes correctes tant elle manque de motivation pour ses études. Elle l'aime bien sûr, mais s'y mêle aussi une certaine jalousie d'être bien loin de son parcours resplendissant.
♪ Alma (26 ans), c'est la grande sœur, celle dont elle était très proche enfant mais que le temps a doucement éloignée. Elles ont des tempéraments très différents, mais aussi des visions de la vie bien distinctes. Lorsque l'une a la tête dans les nuages – souvent alcoolisés – et l'autre l'a sur les épaules, ça devient difficile de se comprendre. Alma ne comprend pas pourquoi sa cadette a choisi Rudy comme modèle, après toutes les erreurs qu'il a fait. Quant à Sara, elle ne pige pas pourquoi Alma s'évertue autant à vouloir l'empêcher de profiter de la vie alors que la vie n'est bonne qu'à ça, la trouvant terriblement rabat-joie. Toutes ces incompréhensions ont terni leur relation avec les années, même si elle restent des sœurs et s'aiment comme telles. Dans le fond, Alma lui manque un peu – beaucoup – depuis qu'elle ne vit plus à la maison, et puis Sara s'en veut un peu d'avoir fait imploser sa fête d'anniversaire de 25 ans.
♪ Cesar (21 ans), c'est le petit frère qui a tout du grand frère. C'est celui qui couvre ses conneries et lui sauve la mise lorsqu'elle a tellement bu qu'elle ne retrouve plus le chemin de la maison. Parfois elle a l'impression qu'elle le gonfle un peu avec ses excès, mais il est toujours là pour elle alors elle suppose que ça passe. Bon, par contre il n'a pas du tout bien pris la venue de Sergio à l'anniversaire d'Alma, et depuis ils ne se parlent presque plus... Ça devient pesant et même super chiant, c'était quand même son hermanito Cesar.
♪ Alejandro (10 ans), c'est le tout petit frère chéri, le rayon de soleil qui illumine la maison et la vie de chacun des Gutiérrez. Il est toujours joyeux, souriant, il rayonne tellement qu'on en vient à se demander comment c'est possible. Sara l'adore et voudrait le protéger de tous les maux, parce qu'il est trop innocent pour mériter de souffrir des problèmes des grands.
♪ Maria (8 ans), c'est la petite sœur, le petit ange que la vie n'a pas épargné, atteinte d'un cancer alors qu'elle n'a même pas dix ans. Sara vit avec cette angoisse constante de rentrer un jour des cours ou du travail et d'apprendre que sa petite sœur a définitivement fermé les yeux – angoisse qu'elle fait taire de façon souvent irresponsable. Il n'y a rien de plus atroce que voir Maria dépérir et ne rien pouvoir y faire, pourtant elle essaie de profiter de chaque instant qu'elle passe à ses côtés.

♪ Même si Sara aime plus que tout sa famille, parfois elle se sent écrasée par tout ce qui leur tombe dessus. Les rancœurs de sa fratrie envers leur père, l’éloignement de Rudy, la fatigue de sa mère, la maladie de Maria… Tout ça la pèse, d’où un intense besoin de s’évader.

Forget everything and live with passion

♪ Bilingue Espagnol/Anglais, comme toute sa famille. Elle jure évidemment en Espagnol, que ce soit pour insulter un gars qui l’a reluquée ou son frère qui l’a vexée.
♪ Contrairement à ce que pensent certains, Sara n’était pas une mauvaise élève lorsqu’elle était adolescente. Certes, son répondant lui a causé quelques problèmes, mais elle était tout de même attentive et décrochait de bonnes notes sans avoir à se tuer avec des nuits blanches.
♪ Elle a une bonne mémoire qui lui a souvent sauvé la mise durant ses études.

♪ Sara n'est pas du matin. Il paraît que c'est à cause des soirées qui la font se coucher trop tard, mais elle dément en bloc ces accusations : elle n'est juste pas du matin.
♪ Elle met deux heures à se préparer dans la salle de bain. D’ailleurs si elle sort de chez elle sans être maquillée, il faut s’inquiéter parce que ça veut dire qu’elle ne va vraiment pas bien.
♪ Un des trucs qu’elle préfère, outre les soirées, c’est se maquiller. C’est son petit moment à elle, celui qu’elle ne néglige jamais le matin. Alors oui, parfois c’est à cause de ça qu’elle est en retard le matin, mais un trait d’eye-liner bien fait et un joli dégradé compense quelques minutes à l’attendre, non ?
♪ Elle adore chanter sous la douche, en soirée, dans un karaoké… mais elle chante faux.
♪ Pas de tatouage, mais elle aimerait bien. En fait elle ne sait pas trop ce qu’elle voudrait se faire tatouer, changeant d’avis toutes les semaines. Et puis dans le genre irréalisable, elle adorerait que toute la famille en ait un identique, symbole de leur unité. Mais bon pour ça, elle n’a pas eu besoin de leur demander pour savoir qu’elle peut se brosser.

♪ Les soirées, c’est ce qui lui offre une porte de sortie dans une vie qui semble perdre sens parfois. Alors oui, elle sort beaucoup, elle finit dans le lit d’hommes rencontrés le soir-même, elle arrive en retard au taff ou en cours le lendemain avec en bonus un mal de tête de merde – foutue gueule de bois. Sortir, c’est ce qui lui permet de se sentir vivante et de ne pas penser à un avenir qui la fait flipper.
♪ Elle ne sait pas se modérer lorsqu’elle boit de l’alcool. Certes, elle tient bien l’alcool, mais régulièrement elle finit quand même par dépasser le verre de trop. Combien de ses copines lui ont tenu les cheveux depuis qu’elles la connaissent ?
♪ Une chose qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est sa responsabilité vis-à-vis de la conduite et de l’alcool : jamais elle ne prend la voiture en ayant bu, ou ne monte dans celle d’un type ayant bu. Bon tout le reste par contre… Ouais, là on peut lui reprocher plein de trucs.
♪ Clopes, beuh, champignons, cocaïne : pour s’échapper, elle a essayé plein de trucs. Si sa consommation des derniers reste limitée aux soirées, la clope elle n’a pas réussi à lâcher. Au contraire, sa consommation grimpe en flèche à chaque fois que quelque chose ne va pas – autant dire que depuis juin dernier, c’est n’importe quoi. Pourtant elle sait que c’est mauvais pour les poumons et que ça rend les dents jaunes, mais c’est plus fort qu’elle. À défaut de parvenir à se contrôler sur sa consommation, elle se lave les dents avec du charbon et abuse des conneries dentaires de ce style. C’est dégueulasse mais au moins ça lui évite de niquer son sourire – enfin elle espère. Et les poumons ? Elle y pensera plus tard, de toute façon elle ne sait pas de quoi sera fait demain – l’important c’est que ça la détende. C’est pour cette même raison que parfois un petit joint sort du cadre des soirées, mais c’est plus occasionnel.
♪ Son alcool préféré ? La tequila. Son cocktail préféré ? Elle hésite entre la margarita et le tequila sunrise. Pour faire honneur à ses origines mexicaines, elle dira margarita.

There's no good or bad behavior

♪ Sara a une bonne humeur qui contamine facilement ceux qui l’entourent, avec son joli sourire et son sens de l’humour certain – bien que parfois discutable. Lorsqu'elle ne fait pas la gueule, Sara rayonne. La vérité c’est qu’elle sait cacher ses tourments sous un joli sourire et que c’est ce qu’elle essaie toujours de faire, même lorsque tout s’écroule.
♪ Sociable, elle se fait des potes aussi facilement qu’elle allume une clope.
♪ Bavarde, elle redonne aisément vie à une discussion avec son sourire et ses anecdotes en tout genre. Mais elle est aussi bruyante voire agaçante – elle fait rarement dans la demi-mesure, alors c’est difficile de la louper.
♪ Elle est le genre de personnes qui parle beaucoup mais ne s’étale pas sur ses sentiments. C’est plus facile d’enfouir ce qu’elle ressent ou de tout noyer dans un verre de tequila.

♪ À première vue, elle semble nonchalante et je-m’en-foutiste, mais c’est surtout qu’elle cache ses angoisses au reste du monde, même à sa famille. En apparence rien ne l’impacte, mais sous sa carapace ce n’est pas la même.
♪ Il n’y a rien de plus important à ses yeux que sa famille : malgré les disputes, les non-dits et les rancunes, elle en chérie chaque membre avec tout son cœur et toute son âme. Pourtant, les mauvaises nouvelles qui s’amoncellent sur les Gutiérrez la poussent à avoir de plus en plus besoin de moments de liberté loin des siens. Elle tient à eux plus que tout, mais ne sachant pas gérer cette pression… Elle ne gère plus rien du tout et devient franchement irresponsable.
♪ Grande sensible qui le cache, au fond d’elle il y a encore cette gamine qui rêve de voir toute sa famille réunie dans l’amour même si les deux confrontations collectives avec le paternel auraient dû la refroidir.
♪ Sara a un côté optimiste qui la rend parfois facile à berner, sa fratrie ne manque d’ailleurs pas de lui reprocher cette naïveté vis-à-vis de leur père.

♪ Fière, indéniablement, ça lui arrache la langue de reconnaître ses torts et demander de l’aide c’est pas son genre – sauf quand elle a bu, ou pour des trucs anodins. Et putain, qu’est-ce qu’elle dé-tes-te s’excuser.
♪ Comme la plupart des Gutiérrez, Sara est impulsive. Elle agit avant de réfléchir, et puis parfois elle ne réfléchit pas du tout.
♪ Tête de mule, c'est dur de trouver plus bornée qu'elle. Quand elle pense que son idée est bonne elle l’est même si toute sa fratrie lui dit le contraire.
♪ L’autorité ce n’est pas son truc, elle a une fâcheuse tendance à grogner lorsqu’on lui donne des ordres. Le mot qui apparaît le plus sur son bulletin scolaire de lycée, c’est sûrement insolente.

♪ Elle attache beaucoup d’importance à son apparence, au point qu’on la juge facilement superficielle – ce qui n’est pas entièrement faux.
♪ Retardataire au possible, sans déconner on dirait qu’elle le fait exprès mais même pas. Si un jour elle arrive à l’heure, vérifiez sa température : il y a forcément un problème.
♪ Bordélique, elle a son bordel soi-disant organisé mais personne à part elle ne s’y retrouve ni n’y comprend quoi que ce soit.
♪ Trop attirée par les bad boys pour son propre bien.

Le joueur derrière l'écran

Sur le net, on m'appelle EMC, mais appelez-moi Éléa. J'ai 21 ans, et je viens d’Occitanie (toujours team #chocolatine :drama:

). J'ai découvert 30YSY grâce à une pub sur Facebook, et j'ai cédé à m'inscrire parce que besoin d'un reboot + scénario très tentant (et famille très convaincante). Malgré mon emploi du temps chargé, je pourrai tout de même être présente le week-end + les vacances. Mon personnage est un SCÉNARIO de @Alma Gutiérrez. Je suis contente de vous rejoindre dans l'aventure et j'ai hâte de repartir à zéro Sara ♪ Family portrait 1949770018

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Pour recenser votre avatar

Code:: <pris>camila cabello ≈</pris> sara gutiérrez

à remplir si vous acceptez le doublon de prénom

Code:: <scena>SARA</scena>

Crédits :

make your own dream into reality

Transferring your passion to your job is far easier than finding a job that happens to match your passion. We all have dreams. But in order to make dreams come into reality, it takes an awful lot of determination, dedication, self-discipline, and effort.

♥ :

Il était une fois, mon histoire

I would move the mountains, make new trees and flowers grow
Someone please just let me know : Where do I go ?
I am waiting on a miracle

In our family portrait we look pretty happy
Appartement des Gutiérrez, Fortitude Valley, Brisbane

♪ Septembre 2004

Installée juste à côté d'elle sur le canapé, Sara fixe intensément l'album que sa mère tient dans ses mains. De son petit index, elle désigne une des photos sur laquelle un petit garçon tient un verre bleu. C'est Rudy, elle en est sûre, mais elle trouve toujours ça bizarre qu'il soit si petit sur certaines photos. Dans sa tête, son grand frère est forcément plus vieux qu'elle, et donc plus grand et plus fort aussi. Sauf que sur cette photo il doit avoir son âge, de quoi perturber la fillette qui vient de fêter son sixième anniversaire. Il a un grand sourire et semble très fier d'avoir récupéré ce gobelet en plastique. « Alma et Rudy voulaient toujours le verre bleu, c'était leur préféré, » commence Maritza. « Et Diego ? » demande la petite. « Il le voulait aussi. » La mère de famille a un sourire amusé sur les lèvres mais, au fond de ses yeux, il y a cette nostalgie que sa plus jeune fille ne décèle pas, trop jeune encore pour comprendre les tourments qui peuvent étreindre le cœur de sa mère. La vie était plus douce, à cette époque, parce que tout semblait plus facile. Il y avait encore Sergio pour veiller avec elle sur leurs quatre enfants qui animaient jour et nuit la maison.

Les souvenirs qu'a Sara de cette période sont heureux, elle en est sûre. Pourtant ils sont flous, ils sont flous parce qu'elle était petite lorsqu'elle s'est terminée : Papa est parti avant qu'elle fête ses trois ans. Il est parti avant la naissance de Cesar. Il est parti avant qu'elle puisse dessiner précisément les contours de son visage et les garder à l'esprit, raison pour laquelle la petite fille s'accroche tant à ces albums photos. Elle adore ces moments où, une fois le bébé de la famille au lit, ils s'installent autour de l'un d'eux pour le feuilleter. De la même façon que d'autres parents lisent des contes à leurs enfants, la mère de famille transforme les souvenirs photographiés en histoires qu'elle raconte avec un sourire tendre. Aujourd'hui, c'est l'histoire du verre bleu. Ils le voulaient tous, ce verre bleu : quatre enfants, pas un capable de préférer une autre couleur. Alors lorsqu'ils passaient à table, c'était toujours la même question qui se posait : qui aurait la chance de boire dans cette couleur tant aimée ? « Quand c'était à la bagarre, Alma perdait toujours, » se vante Rudy, tout fier d'être le grand vainqueur des batailles quand bien même il a l'avantage d'avoir trois ans de plus qu'Alma. « C'est parce que t'es une brute, » se défend cette dernière, les joues gonflées. En réponse, l'aîné lui tire la langue. Sara se met à rire, ses mirettes noires se détachant de la photo pour se poser sur son grand frère et se mettre à briller.

She make it look sexy to break all the rules
Non loin de la St Anthony's School, Toowong, Brisbane

♪ Octobre 2013

Les yeux écarquillés, Sara tente de calmer la quinte de toux qui l'a prise lorsque la fumée est descendue le long de sa trachée. Merde, elle ne s'attendait pas à ce que ça fasse tousser comme ça. D'un coup, ça lui paraît beaucoup moins classe que dans les films. Ça ne l'empêche pas de porter une deuxième fois la cigarette à ses lèvres, pour voir. Cette fois-ci, elle toussote juste. C'est moins ridicule, mais ça reste frustrant : à la télé, ils ne toussent pas du tout. C'est qu'ils doivent avoir l'habitude, excellente raison pour recommencer.

Cette première cigarette, Sara la fume en cachette. Pas chez elle : Maman n'aimerait pas ça, et il n'y a pas de jardin pour se cacher. Pas devant le collège : il y a trop de risques qu'Alma la voit et lui fasse la morale. Qu'importe que personne ne la voit, elle se sent grande même sans leurs regards posés sur elle. Cela dit, l'idée qu'ils puissent être réprobateurs l'amusent un peu, dans le fond. Ça doit être son petit côté provocateur, son besoin de défier toute autorité que relèvent régulièrement ses profs. Elle a de bonnes notes, le problème n'est pas là. C'est juste qu'elle ne trouve pas ça très marrant, les cours. Sara, elle préférerait que tout soit plus fun. C'est pour ça qu'elle regarde avec des yeux pétillants son grand frère : parce qu'avec lui tout semble amusant. Alors quand elle a vu Rudy une clope au bec dans la rue, elle s'est dit que c'était sympa. Qu'il avait l'air stylé. Elle a l'air stylée comme ça, non ? C'est comme dans les films. Les personnages cools ils fument, Rudy il fume... Alors Sara, du haut de ses quinze ans, elle fume aussi maintenant. C'est logique après tout : elle aussi elle veut être cool.

Only for the night, only for the ride, even if it don't feel right
Appartement des Gutiérrez, Fortitude Valley, Brisbane

♪ novembre 2017

Ce soir Sara n'a qu'une hâte : danser ! Elle a mis une de ses robes préférées, le collier que lui a prêté Jade, et même des talons pour dépasser le mètre soixante. Cependant un problème demeure : la tête de mule qui lui fait face, et qui refuse toujours de l'accompagner. « Allez Rudy, viens avec moooi ! » Elle lui fait ses yeux les plus doux et son sourire le plus éclatant, souhaitant absolument qu'il la suive pour cette soirée universitaire qui promet d'être dantesque. D'habitude elles sont géniales, mais celle-là... celle-là... Il faut vraiment que Rudy vienne ! « On est pas obligés de rentrer tard si tu veux. On peut rester que jusqu'à deux heures par exemple. » Pour elle c'est tôt, oui oui. Mais l'air agacé que prend son aîné, avec ce roulement d'yeux caractéristique, la pousse à faire un compromis de plus – non sans râler. « T'es chiant sérieux. Une heure ? » Elle n'a pas envie de lâcher l'affaire, véritable tête de mule. Le problème, c'est qu'en face d'elle se tient un Gutiérrez au moins aussi insupportable qu'elle, si bien que les négociations – qui ont plutôt la forme d'une dispute – ne mènent à rien. « Je dois travailler, laisse-moi tranquille Sara. » C'est la dernière phrase qu'il lui adressera, et la brune conclura ce dialogue peu constructif par une insulte ou deux en Espagnol et un claquement de porte. Il était plus marrant avant Rudy, et elle ne comprend pas ce qu'il s'est passé pour qu'il devienne un tel rabat-joie. Ce que Sara ne réalise pas, c'est que si son frère prend ses distances c'est parce qu'il craint qu'elle se disperse trop de ses études. Elle, tout ce qu'elle ressent c'est l'impression de le perdre... et ça lui donne encore plus envie de se saouler à la tequila. Novembre est le mois des examens, pourtant la Gutiérrez n'a pas l'air de s'en soucier. Entre sortir et réviser sa décision est prise en un battement de cils. Après tout, la vie est bien plus plaisante lorsqu'on s'amuse, alors elle a du mal à se dire qu'elle devrait passer ses soirées enfermée dans sa chambre pour revoir les subtilités de la sémantique dans la traduction littéraire – et puis quoi encore.

And the violence caused such silence
Supérette, Brisbane

♪ juillet 2018

Sans déconner, qui achète autant de mayonnaise ? Scannant un quatrième pot avant de le poser de l'autre côté de la caisse, Sara ne peut pas s'empêcher de juger le contenu du caddie de ce client. Le tapis roulant lui apporte un cinquième pot de mayonnaise, encore d'une marque différente, et elle se demande s'il n'a pas simplement dévalisé le rayon. Le type se la joue dealer sur son temps libre ? Ou alors il prépare un barbecue pour 250 personnes ? Enfin si c'est la deuxième option, le type a oublié la moutarde, et ça c'est quand même bien con parce que c'est meilleur.

Le dernier article scanné, la brune relève les yeux vers le client et lui annonce le montant total de ses courses, le tout sans oublier de sourire. Sa supérieure l'a déjà emmerdée pour ça l'autre jour, donc elle essaie de faire un peu plus attention – enfin c'était pas sa faute si c'était une journée de merde et qu'elle avait la flemme de faire comme si être caissière était un bonheur de chaque instant. Qu'on se le dise, elle se fait chier ici, mais il n'y avait pas mille options de boulots qui s'offraient à elle lorsqu'elle a décidé de quitter l'université pour le monde professionnel. Ils sont bien sympas avec leurs mille et une formes de traduction à la fac, mais avec seulement une année validée et aucun diplôme... Bah connaître la différence entre une traductrice audiovisuelle, une traductrice localisatrice et une traductrice réviseuse ne lui a servi à rien. Elle a bien fait de partir, traductrice c'est sans doute pas aussi cool que ce qu'il semblait au vu de tous les trucs chiants qu'on leur demandait d'apprendre. Enfin bref, c'est pas le moment d'y penser : le type lui tend ses billets, il faut qu'elle lui rende la monnaie et pas qu'elle rêvasse – c'est encore un coup à se faire engueuler par sa supérieure, ça. « Bonne journée Monsieur. » Et puis amuse-toi bien avec tes cinq marques de mayonnaise, qu'elle a envie de rajouter. En vrai, elle a beau râlé intérieurement pour beaucoup de clients, ceux sur lesquels elle peut raconter une anecdote drôle sont parmi les plus agréables. Ça change des idiots qui réalisent leurs oublis une fois à la caisse, des abrutis qui lui parlent comme à un chien et des chieurs avec leurs dix bons de réduction dont la moitié sont périmés. Il y a ça, et puis les connards qui la reluquent dès qu'ils voient un bout de peau. Avant, elle aurait peut-être appelé Rudy pour lui signaler un ou deux mecs particulièrement lourd. Sauf que Rudy, depuis un mois, il est en prison pour coups et blessures. Elle n'en sait pas plus – il a fracassé qui, et pourquoi ? –, mais ça lui a suffi pour se dire qu'elle appellera plutôt Diego ou Cesar si ça dégénère avec un con. Ils sont un peu rabat-joie tous les deux, c'est sûr, mais au moins il n'y a pas le risque qu'un autre Gutiérrez se retrouve en prison. Déjà que Maman a été anéantie lorsqu'elle a appris que l'aîné en avait pour plusieurs années derrière les barreaux, alors si on lui annonce qu'un deuxième de ses mioches l'y a rejoint... Pas sûr qu'elle s'en remette, la madre.

Little do you know how I'm breaking while you fall asleep
Fleuriste, Brisbane

♪ juin 2019

Une paire de ciseaux dans la main, Sara crée de jolies boucles sur le ruban qu'elle vient d'enrouler autour d'un superbe bouquet de roses composée par ses soins. L'homme à qui elle le tend doit avoir quarante ans, les cheveux brun et une chemise froissée sous son blouson gris. Comme pour chaque client qu'elle sert, elle s'imagine mille histoires pour justifier leur achat. La première qui lui vient, évidemment, c'est qu'il a trompé sa femme et lui offre ces fleurs pour déculpabiliser. Faut dire qu'un bouquet coûte moins cher qu'un divorce – le gars a une alliance, la Gutiérrez l'a remarquée lorsqu'il a payé. Ou alors, c'est l'anniversaire de sa femme et il n'a pas trouvé de meilleure idée cadeau. Les fleurs c'est bien joli et les roses c'est romantique, d'accord, mais c'est pas très personnel non plus comme comme présent... si ? La patronne ne serait sans doute pas d'accord, mais bon elle est dans l'arrière-boutique. De toute façon Sara ne raconte pas tout ça à voix haute : elle affiche un sourire pour servir les clients, mais pour le reste elle s'occupe comme elle peut en attendant que ses horaires soient terminés. Ce n'est pas comme si les fleurs la passionnaient vraiment – heureusement qu'il y a Youtube pour réviser à la dernière minute avant d'aller faire les yeux doux chez une fleuriste qui accepterait peut-être de la prendre en apprentissage. Elle ne peut pas nier la beauté des bouquets vendus ici, mais bon il ne faut pas exagérer sur son entrain à jouer les fleuristes. C'est quand même mieux que caissière, à y réfléchir, donc on peut constater une amélioration dans sa vie professionnelle et ses études depuis l'année dernière. Quant au reste... Disons que s'imaginer qu'un acheteur de roses a trompé sa femme lui évite de penser à ses propres malheurs et à ses propres angoisses. Donc elle va continuer à se dire qu'il est infidèle, voilà ça l'arrange.

Après avoir salué le client qui sort de la boutique, Sara lève les yeux vers l'horloge. Elle écarquille les yeux en réalisant qu'il lui reste quinze minutes à tuer, un juron en Espagnol s'échappant de ses lèvres à voix basse. C'est long, c'est long... L'aiguille tourne mais c'est comme si le temps n'avançait pas. Et cette fois, il n'y a aucun client pour la distraire, si bien qu'elle attrape son téléphone pour vérifier qu'elle n'ait aucun message de sa mère ou d'Alma. Maria doit encore être en salle d'examens, et y songer lui noue l'estomac. Au boulot il n'y a malheureusement pas de margaritas pour couper le train angoissant de ses pensées, mais Sara se rattrapera demain : Ethan l'a invitée à une soirée universitaire, qu'importe qu'elle n'y soit plus.

Les quinze minutes sont à peine écoulées que Sara a déjà son sac sur l'épaule. Elle se penche vers la réserve pour saluer sa patronne avec un sourire, la remerciant encore de l'avoir laissé terminer plus tôt aujourd'hui. Puis elle file vers la porte, direction l'hôpital où elle pourra tenir la main de sa petite sœur et la prendre dans ses bras. Sur le trajet, elle repense au client du bouquet de roses. En vrai, être cocue c'est pas si terrible. Elle accepterait mille fois que son mec – imaginaire, elle n'a pas le temps pour ces conneries – la trompe si ça pouvait arranger ce que doivent affronter les Gutiérrez ces dernières semaines. Un an seulement après l'incarcération de Rudy qui a ébranlé toute la famille, les médecins ont diagnostiqué un cancer à Maria, la petite dernière, alors qu'elle n'a que cinq ans. Même si elle garde le sourire face à sa cadette, essayant de la rassurer et lui promettant que tout ira bien, Sara est dévastée. Comme ses frères et sœurs, elle a beaucoup de mal à encaisser une telle injustice, sauf que contrairement à eux elle ne noie pas ses soucis dans le travail – ou dans les études, le dessin, ce qu'ils veulent – mais dans la tequila. Et plein d'autres alcools qui lui font tourner la tête, lui crient de danser sur les tables et d'embrasser le premier venu parce que pourquoi pas. À quoi bon faire autre chose de sa vie que s'amuser si on peut être condamné à cinq ans ? La vie est courte – cette idée ne lui a jamais semblé aussi réelle que maintenant. Alors ses soirées se multiplient ces derniers temps, parce qu'après tout c'est la seule partie de sa vie qui n'ait pas de contraintes ni d'arrière-goût amer. Lorsqu'elle sort, elle s'amuse et elle oublie : elle n'a pas à penser, juste à s'éclater. Et c'est ce qu'elle fait, indéniablement – trop, dirait sa fratrie.

Toda la vida yo te busqué
Appartement des Gutiérrez, Fortitude Valley, Brisbane

♪ octobre 2019

Lorsque Sara pousse la porte de l'appartement familial, elle affiche un sourire comme on lui en voit rarement – ou alors c'est à cause de l'alcool, donc ça ne compte sans doute pas. Elle a attendu ce moment si longtemps qu'il lui semble encore irréel et qu'elle a du mal à toucher terre. Pourtant, c'est bien avec son père qu'elle vient de passer les deux dernières heures de son après-midi, autour d'un café et d'un gâteau accompagnés de mille questions. Ça lui a fait du bien, qu'il s'intéresse à elle, qu'il veuille savoir ce qu'elle devenait après toutes ces années. Et même si elle a intentionnellement omis quelques points qui s'apparentent à des échecs – qui sont de sacrés échecs –, elle était contente de lui raconter sa vie et de renouer ce contact perdu il y a dix-huit ans. Pendant cet instant qui lui a paru hors du temps, elle a eu l'impression que quelque chose était comblé en elle, que les choses étaient comme il faut – à bien des exceptions près. Puis ils se sont promis de se revoir, et la jeune femme s'accroche encore à cette pensée lorsqu'elle entre dans sa chambre et se laisse tomber sur son lit comme une princesse Disney.

Malgré la joie immense qu'elle ressent d'avoir retrouvé son père, la jeune femme préfère ne pas en parler au reste de sa fratrie. Elle rêve déjà du jour où toute la famille sera réunie autour d'une table et d'un bon repas, mais pour l'instant, ses rencontres père-fille resteront son petit secret à elle. Elle n'aime pas particulièrement l'idée de leur cacher quelque chose d'aussi important, mais elle est persuadée que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Elle sait que certains ne veulent pas entendre parler de cet homme qui est parti il y a des années et n'a plus donné signe de vie pendant tout ce temps et elle veut respecter cela malgré ses propres convictions. Elle, elle pense qu'il mérite une place dans leur vie car malgré ses erreurs il est leur père. La vérité, c'est aussi qu'elle en avait besoin, de cette figure paternelle qui lui manque encore plus depuis que Rudy est derrière les barreaux. Elle avait besoin de quelqu'un à qui se raccrocher, et dans son imaginaire il y avait ce père idéalisé qu'elle n'a pas eu trop de mal à retrouver en ligne grâce à quelques recherches. Et il y a quelques jours, elle a sauté le pas et l'a contacté, parce que de toute façon la vie est courte alors autant essayer de renouer avec son père tant qu'elle le peut encore. Ce n'est pas comme si la vie à la maison pouvait être pire, en ce moment. Les séjours réguliers de Maria à l'hôpital lui grignotent le moral plus efficacement que des termites. Ça devient difficile de sourire comme si de rien était quand on a peur à chaque instant d'apprendre que sa petite sœur de cinq ans a quitté ce monde. Rudy lui manque parce qu'il est toujours en prison, Alma aussi parce qu'elle est de moins en moins à la maison à cause du travail, pareil pour Diego mais à cause de ses études, Maman alterne entre son boulot et l'hôpital et s'assombrit sans cesse... La maison se vide petit à petit, et même si Alejandro est un rayon de soleil et que Cesar est toujours son frangin adoré, Sara la je-m'en-foutiste qui sort sans cesse c'est aussi Sara la sensible qui a du mal à voir sa famille se disloquer de la sorte. Et pour couronner le tout, elle s'est faite virer par sa patronne d'apprentissage il y a une semaine. Faut dire que se pointer à la boutique ivre pour faire ses heures, ce n'est pas la meilleure idée qu'elle a eu. Mais pour sa défense, qu'est-ce qu'elle peut faire d'autre lorsque sa soirée se finit vers six heures du matin et que le boulot commence à huit heures ? Appeler et faire semblant d'être malade ? Elle a tenté autre chose... Sauf que cette fois-ci, on lui a montré la porte.

My bad habits lead to you
En pleine rue, Logan City, Brisbane

♪ septembre 2020

Lorsque des fards de voiture apparaissent au bout de la rue, Sara affiche un immense sourire et agite un bras en l'air pour faire signe au conducteur. La voiture ralentit à quelques mètres d'elle, distance qu'elle franchit pour s'appuyer à la fenêtre passager qui est ouverte. « Woah, t'as été rapide ! » La brune a surtout perdu toute notion du temps il y a quatre bonnes heures, raison pour laquelle elle a téléphoné à son frère à trois heures du matin afin qu'il vienne à sa rescousse. Elle a pensé à rentrer avec des amis, mais ils sont dans le même état qu'elle alors hors de question de les laisser conduire. Nick lui a bien proposé de la ramener – trois fois, putain ce que le mec est lourd – mais elle n'avait aucune envie de rentrer avec lui et ses sous-entendus graveleux, pas plus que de lui filer son adresse. Adresse qu'elle a d'ailleurs à moitié oubliée, la faute à... « T'as bu combien de verres Sara ? » Ah oui, la faute à ça. « Fallait me prévenir avant si tu voulais que je compte, » lui fait-elle remarquer avec le plus de sérieux qu'elle peut, tentative bien vite rendue ridicule par le rire qui lui échappe. Honnêtement, elle n'est pas sûre qu'elle aurait réussir à tenir le compte même s'il lui avait demandé. Les verres se sont enchaînés sans qu'elle tilte sur la quantité d'alcool qu'elle ingérait, trop occupée à danser et puis à échapper à ce crétin de Nick qui lui tournait autour. « Les margaritas étaient super bonnes. » Elle dit ça avec un charmant sourire, comme si c'était la chose à dire, l'argument imparable pour justifier son état actuel. À savoir très très bourrée, et bien incapable de rentrer à l'appartement toute seule. Cesar roule des yeux mais elle le remarque à peine, fascinée par une tâche sur la vitre de la voiture. « Bon vas-y, monte. » Comme toujours, il finit par céder. De toute façon s'il s'est déplacé jusqu'au lieu qu'elle lui a indiqué par téléphone, ce n'est pas pour la laisser planter là toute seule ensuite. C'est donc une Sara très alcoolisée qui s'installe sur le siège passager de la voiture de leur mère, et que son petit frère va ramener chez eux même s'il désapprouve sa vie nocturne.

Demain, elle devra se lever malgré la migraine et le manque de motivation pour aller à l'université, mais pour l’instant, elle n’y pense pas. Sara est simplement subjuguée par les lumières qui défilent à travers la fenêtre, comme une enfant. C’est vrai que c’est joli, Brisbane, de nuit comme de jour, mais en même temps la brune n'a connu que ça. Parfois elle se demande si la vie serait plus douce ailleurs, mais à quoi bon se poser la question ? Elle ne partira pas d’ici. Ici il y a sa famille, ses amies, toute sa vie. Ses études aussi – quelle blague. Qu’est-ce qu’elle fout en licence de biologie, déjà ? En plus elle a dû retourner en première année, bordel ça fait chier. Elle est plus vieille que tous ses potes de promo, du coup – la bonne nouvelle c’est qu’elle s’en est fait de nouveaux, donc elle est invitée à encore plus de soirées qu’avant. Forcément, ça ne plaît pas à tout le monde à la maison, mais pour l'instant ses résultats sont bons donc on ne lui casse pas trop la tête. Sans doute qu'elle ne devrait pas se plaindre sachant qu'Alma a dû abandonner ses études, mais ce serait mentir que dire que ce qu'elle voit en cours la passionne. Peut-être qu'elle aurait dû les lâcher, elle aussi, et trouver un boulot – sauf qu'elle n'est bonne à rien dans le monde du travail, en tout cas c'est ce qu'elle se dit depuis qu'elle a été mise à la porte par son ancienne patronne la fleuriste. Retrouver un apprentissage c'était mort, chercher un boulot aussi, alors ça a été le retour à la case départ : l'université. Ça faisait plaisir à Papa en plus, que sa gamine fasse des études, alors pourquoi pas retenter ? Elle se dit que c'est toujours mieux que Cesar et son apprentissage – elle a bien du mal à l'imaginer maçon, si elle doit être honnête –, mais lui au moins il a son compte Instagram qui commence à grossir et qui lui offre une porte de sortie. Sara, sa porte de sortie, ce sont ces soirées auxquelles son frère vient la repêcher lorsqu'elle ne trouve plus le chemin de la maison à cause de l'alcool. Ouais, pas étonnant qu'elle en fasse autant, d'autant plus que l'état de Maria ne s'améliore pas.

How you like that
Appartement des Gutiérrez, Fortitude Valley, Brisbane

♪ mai 2021

« Tu sors encore ? » Écartant son pinceau de ses yeux, Sara détourne son regard de son reflet pour le poser sur celui de sa sœur aînée. Comme souvent, Alma affiche une mine grave et a les sourcils froncés. Si elle continue de faire la tronche comme ça, elle va finir par avoir de sacrées rides du lion. Enfin de quoi elle parle, la clope ça rend les dents jaunes et elle continue à fumer. « C’est l’anniversaire de Lara, » se contente-t-elle de répondre avant de reporter ses yeux sur sa paupière droite qui manque de rose. C’est bien suffisant comme explication, non ? « Tu ne devrais pas réviser, plutôt ? Les examens sont en juin, non ? » Alma a toujours cette façon bien à elle de vouloir la pousser à reconnaître qu’elle a tort d’agir ainsi, avec ses questions rhétoriques auxquelles l’aînée voudrait que la réponse soit toujours oui. Les examens de fin d’année sont dans moins d’un mois, c’est vrai, mais c’est mal connaître Sara que d’imaginer que ça suffira à changer ses plans pour la soirée. « Et lui dire que j’ai raté son anniversaire pour réviser ? Non, ça craint. » Ce soir elle a prévu de s’éclater sur du J Balvin, pas sur la structure quaternaire de l’hémoglobine. Mais ça, sa grande sœur ne peut pas le comprendre, en témoigne son roulement d’yeux et puis le pincement agacé de ses lèvres – ça aussi c’est quelque chose d’habituel. « Il reste un mois, j’ai le temps, ça va. » Elle se dit que ça va suffire à la rassurer, car après tout elle n’a plus douze ans : ses révisions, elle sait les gérer comme une grande. Elle n’a pas besoin que sa grande sœur soit en permanence derrière son épaule, à bien lui rappeler qu’elle doit réviser ce cours, puis ce cours-ci, et ce cours-là encore. Pourtant, Alma ne bouge pas, toujours plantée là, derrière elle. Bordel, ce qu’elle peut être chiante quand elle insiste comme ça.

Les deux jeunes femmes ne peuvent se regarder qu’à travers le miroir, mais la tension monte dans la pièce sans même qu’elles aient à se faire face, ni à crier. « C’est bon, je vais les réussir mes exams, arrête de me prendre la tête avec ça, » siffle Sara, de plus en plus agacée par la lourdeur de sa sœur et son obsession à propos de ses notes. C’est vrai qu’elle en avait de meilleures l’année dernière, mais bon les cours de deuxième année son plus durs alors c’est normal que ses résultats soient plus bas. Aucun rapport avec sa motivation en baisse ni avec ses hésitations à se réorienter – de toute façon, de ça elle n’en a parlé à personne, trop fière sans doute pour admettre qu’elle s’est encore plantée de voie. « Bon c’est bon tu me lâches, je peux finir de me maquiller maintenant ? » Dire que c’est normalement son moment préféré, là il a clairement été gâché et ça la gonfle. Elle ne comprend pas pourquoi sa sœur s’évertue à ce point à être sur son dos comme si elle était une gamine incapable de faire quoi que ce soit toute seule. Ce sont ses études, elle sait gérer, pas de quoi lui casser les pieds lorsqu’elle se prépare à sortir. Surtout qu’Alma ne vit plus ici plusieurs années maintenant, mais même lorsqu’elle est conviée à dîner avec eux il faut qu’elle en profite pour se la jouer moralisatrice. Au moins Diego il ne lui fait pas la morale, il est juste pas là – ce qui n’est pas bien mieux, soyons honnêtes, mais c’est moins prise de tête pour Sara. Heureusement qu’il y a toujours Cesar, même si parfois elle sent qu’il est tendu lorsqu’il la ramène à la maison ou lorsqu’elle lui parle de la soirée – si vous voulez son avis, il serait sans doute plus détendu s’il l’accompagnait à l’extérieur, au lieu de se barricader dans sa chambre pour dessiner elle-ne-sait-quoi. Et puis il y a Rudy, sauf que Rudy il est plus distant en ce moment, comme s’il était préoccupé par quelque chose dont il n’a pas parlé à sa petite sœur.

Little do you know I'm still haunted by the memories
Terrasse de l’appartement de Janis, Spring Hill, Brisbane

♪ juin 2021

Écrasant sa cigarette sur le rebord de la terrasse, elle la laisse tomber dans le cendrier avec de s’en allumer une autre. C’est la quatrième, pourtant elle a toujours les nerfs en vrac et le corps entier crispé. Janis l’a remarqué aussi, raison pour laquelle elle lui tend son joint avant même que la Gutiérrez ait le temps d’allumer sa clope. Ouais, ça ça devrait la détendre. Elle remercie sa pote d’un sourire avant de prendre une longue taffe, fermant même les yeux dans l’espoir que cette fois ça fonctionne. Elle n’en peut plus de revivre en boucle la catastrophe de mercredi. Elle revoit encore le visage furieux de Rudy, les yeux de Cesar lancer des éclairs dans sa direction et celle de leur père, l’incompréhension dans le regard d’Alma et de Diego. Elle entend de nouveau la porte claquer derrière l’aîné, les accusations dans la voix du deuxième qui lui demande ce qu’il fout là ? en parlant de leur père et le troisième fils affirmer qu’il n’est rien du tout pour eux. La suite ? Elle n’en sait rien, elle s’est juste enfuie, terrorisée par le chaos qu’elle a elle-même créée.

Sara pensait bien faire, vraiment. Tout ce qu’elle voulait, c’était voir sa famille réunie. C’est ce dont elle a toujours rêvé après tout. Et auprès de Sergio, elle avait l’impression que c’était possible. Lui aussi il voulait bien faire, rattraper le temps perdu, être présent pour le vingt-cinquième anniversaire de sa fille. Il avait même prévu un cadeau. Sauf que rien ne s’est passé comme prévu : Rudy est parti, Cesar l’a presque assassinée du regard – et voulait sans doute assassiner Sergio – et Diego semblait prêt à bondir sur leur père comme un fauve. Il n’y a qu’Alma qui n’a pas semblé lui en vouloir à mort pour sa décision, et qui d’ailleurs lui a beaucoup fait penser à Maman ce jour-là. Mais tous les autres… En moins de cinq minutes, Sara a eu l’impression de devenir la personne la plus détestée de la famille, juste après son père qui remportait haut-la-main la médaille dorée. Leur père, qu’ils rejetaient pourtant tous en bloc comme s’il n’était personne. Elle était pourtant incapable de se faire à cette idée, même si elle s’était sentie blessée par la façon dont les choses s’étaient passées et le fait qu’il l’ait laissée seule dans sa détresse lorsque tout a dégénéré. Pendant une seconde, Sara se demande s’il n’a pas fait tout ça juste pour les voir eux, si au fond elle n’a pas simplement était un moyen plutôt qu’un but en soi. Cette pensée lui tord alors le ventre, si bien que le joint de Janis elle le finira elle-même – et que la blonde ne protestera pas, voyant bien le désarroi de la Gutiérrez dans son regard.

I can feel it in my bones, standing in the dust of what's left of us
Maison des Gutiérrez, Spring Hill, Brisbane

♪ janvier 2022

« Sara, tu m’aides à accrocher ma guirlande ? » Aussitôt, la brune passe la tête à travers l’ouverture de la porte de la chambre son petit frère et sourit. « Maman t’avait dit de finir tes légumes, » le taquine-t-elle, avant de craquer aussitôt qu’il lui fait sa bouille trop mignonne de boudeur. Si elle pouvait faire céder le monde entier avec une simple grimace enfantine, la vie serait carrément plus simple. Enfin, sa fratrie dirait pareil à son sujet, alors disons simplement qu’Alejandro a un passe-droit parce que c’est le plus adorable d’entre tous. Une fois à côté de lui, elle récupère la guirlande avec son prénom et l’étend pour estimer sa longueur. Ah bah c’est sûr, c’est plus long que les quatre lettres de Sara. « Tu veux la mettre où ? » « Tout là haut ! » Il assortit le geste la parole, et évidemment il choisit un bout du mur trop haut pour que Sara et son mètre cinquante-sept puissent l’atteindre sans un peu d’aide. L’aînée de la maison se retrouve donc à monter sur le lit à son tour pour atteindre l’emplacement désigné par Alejandro, qui l’observe avec ses grands yeux sombres. « Comme ça ? » « Oui ! » Sara ne comprendra jamais comment son petit frère parvient à être tout le temps réellement joyeux mais elle n’a pas vraiment envie de le savoir. Elle se contente de vivre l’instant présent, à savoir que ça lui fait un bien fou, de passer du temps avec lui.

La guirlande accrochée, la brune redescend du lit puis tourne sur elle-même pour observer l’entièreté de la pièce. Alejandro a mis du cœur à l’œuvre, recouvrant chaque mur de sa nouvelle chambre avec beaucoup d’application. Le sourire qu’il arbore est si solaire qu’il pourrait réchauffer n’importe quel cœur, pourtant ça n’a pas apaisé les tensions qui demeurent entre ses deux aînés encore à la maison. Sara et Cesar se parlent à peine depuis l’anniversaire fiasco d’Alma : ça va faire six mois qu’ils n’échangent que des politesses mornes dans les couloirs et des « Passe-moi le sel » à table. Vraiment, il y a de quoi mettre mal à l’aise n’importe qui, mais leur petit frère rayonne toujours autant. Encore plus depuis qu’ils ont apporté leurs affaires dans leur nouvelle maison : une chambre par personne et un grand jardin, Papa pouvait difficilement leur faire un plus beau cadeau. Pourtant, c’est vrai qu’il y avait beaucoup de souvenirs dans l’ancien appartement, mais Sara ne va pas se plaindre de vivre dans quelque chose de plus spacieux – et de pouvoir cloper dans le jardin quand les petits n’y sont pas. Le plus gros inconvénient pour cette dernière, c’est qu’elle est plus loin du cinéma où elle travaille qu’avant, raison pour laquelle elle envisage d’investir dans un vélo si elle ne veut pas devoir prendre le bus à chaque fois. Cela dit, le bus c’est pas mal lorsqu’on a bu la veille et qu’on a la tête dans le cul… Elle va peut-être se contenter du bus, tout compte fait.

I like you a lot, lot, all we want is hot
Appartement d’Issa, Toowong, Brisbane

♪ avril 2022

C’est la lumière du jour provenant de la fenêtre qui sort Sara de son sommeil dans un grognement agacé. Elle se retourne dans le lit, heurte une autre personne sous les draps puis se souvient qu’elle ne peut pas faire la grasse matinée. Dommage, elle aurait bien aimé. Elle s’assied dans le lit et plisse les yeux pour ne pas être trop éblouie par les rayons du Soleil qui l’agressent. Elle maudirait bien le fait que personne n’ait tiré les rideaux hier soir, mais ça lui évite d’être en retard en cours ce matin alors c’est peut-être pas si mal dans le fond. Et puis ils avaient autre chose à penser lorsqu’ils ont rejoint le lit, en témoignent les sous-vêtements éparpillés dans la chambre et la barre qu’elle a sur le front. Elles étaient bonnes les piñacoladas, mais ce sont surtout de véritables traîtresses : sous tout ce sucre, difficile de sentir l’alcool qui allait cogner fort le lendemain. Mais là elle le sent cogner, c’est certain.

Ses vêtements récupérés aux quatre coins de la pièce et enfilés, Sara sort ensuite de son sac son indispensable trousse de secours et file dans la salle de bain. Cinq – dix, peut-être – minutes plus tard, la voilà présentable et prête à quitter l’appartement. Ce qu’elle fait sans trop tarder, laissant sa conquête du soir dormir – avec pour gros avantage qu’il ne lui demande pas de rester, ou de la revoir. Dans les escaliers, elle vérifie sur son téléphone où elle se trouve – elle était trop ivre hier soir pour s’en rappeler aujourd’hui –, puis prend la direction de l’université. Faire un détour chez elle la mettrait en retard, alors elle décide qu’elle empruntera des feuilles à une pote de promo pour prendre des notes. Sur le chemin, Sara farfouille dans son drive à la recherche du cours sur lequel la prof a dit qu’elle les interrogerait sûrement aujourd’hui. Une histoire de surfactant pour les bronchioles et de collapsus pulmonaire, elle en est certaine, mais elle a un – gros – doute sur la formule qui allait avec.

Sara ne sait pas par quel miracle elle a pu passer en troisième année. Enfin si, elle sait : elle peut remercier sa bonne mémoire de si souvent lui sauver la mise. C’est ce qui explique qu’elle puisse se permettre d’être en soirée le jeudi soir pour arriver toute pimpante à son examen du vendredi, les cernes masquées par l’anti-rides et le regard illuminé par du fard à paupières. Enfin, peut se le permettre… Ses notes chutent, cela dit. Elle les maintient à flot elle-ne-sait-comment, sans aucune autre motivation qu’une évidence dure à avaler : même si elle laissait tomber ces études-là, elle ne saurait pas quoi faire d’autre. En novembre, elle s'était dit que si elle loupait les examens de fin d'année, elle se réorienterait. Sauf qu'elle les a eues, sans trop savoir comment ni pourquoi, et qu'elle s'est donc engagée en troisième année. Les cours deviennent plus durs, le travail demandé plus lourd et les difficultés s'accumulent : elle va se foirer, elle le sent, mais elle ne peut – ni ne veut – le reconnaître. Elle a l’impression de foncer dans un mur, mais de ne pouvoir en parler à personne parce qu’elle a déjà eu son lot de réorientation et même une pause dans ses études. Sauf que ce qu’elle fait ne lui plaît pas et que par conséquent elle s’en fout de plus en plus, ce qui se ressent de plus en plus dans ses notes. Comment elle va le dire à ses parents, qu’elle a planté son Bachelor’s Degree ? Et à sa fratrie ? Déjà que certains lui en veulent encore pour l’anniversaire d’Alma alors que c’était il y a presque un an… Bordel, elle a besoin d’une clope. Franchement, elle se prenait moins la tête hier soir lorsqu’elle buvait un cocktail bien installé sur les genoux d’Issa – dont elle se souvient encore du nom, allez savoir pour combien de temps encore. Et demain c’est le week-end, autant vous dire qu’elle sait déjà ce qu’elle va faire ce soir malgré ses horaires au cinéma qu’elle devra honorer.

make your own dream into reality

Transferring your passion to your job is far easier than finding a job that happens to match your passion. We all have dreams. But in order to make dreams come into reality, it takes an awful lot of determination, dedication, self-discipline, and effort.

♥ :

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Hi, marry me ?

Oh, et re-bienvenue ! Sara ♪ Family portrait 3070942404

Rebienvenue Sara ♪ Family portrait 1949770018

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(Re)bienvenue vous Sara ♪ Family portrait 3922047296

re bienv'nue à toi ^^

you and i — i have galaxies hidden between my bones and i will love you until the stars burn out

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Tu fais un super choix de scénario et de famille, mais ça tu le sais Sara ♪ Family portrait 206649278

Bon reboot Sara ♪ Family portrait 4015463350

Rebienvenue ! J'imagine que tu sois à quoi t'attendre en rejoignant les Gugu :drama:

Just to learnthat my dreams aren't rare

️ EXORDIUM.

Re Bienvenue :l:

:

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LA PETITE SOEUR Sara ♪ Family portrait 199959295

Ce début de fiche est super super super super [...x1000] super bien Sara ♪ Family portrait 206649278

Vivement la suite, j'adore ton interprétation de la petite Sara et elle ne manque pas de caractère comme le reste des Gugu Sara ♪ Family portrait 4251317097