Si James n’avait pas attendu que le soleil se soit détaché de l’horizon pour se rendre sur le lieu des festivités, cela voulait dire que Millie y était présente depuis autant de temps. Pas qu’elle ait les compétences pour aider à quoi que ce soit en réalité - elle ne savait ajuster les décorations spécialement préparées pour l’occasion, elle n’avait pas accès au planning des employés pour leur indiquer où se tenir pour jouer parfaitement leur rôle -, et le peu de talent qu’elle avait se rattachant à la mode n’était pas réquisitionné pour la journée à venir. Elle, elle était là pour répondre au moindre désir - et aux ordres, surtout - de James et faire en sorte que tout se passe le mieux de son côté, pour que le défilé soit parfait aux yeux du créateur. Un petit creux ? Elle irait lui chercher une coupe de fruits à picorer. Un coup de mou ? Un café était déjà prêt et n’attendait que lui. Sa femme avait disparu dans la foule ? Pas de soucis, elle irait parcourir cette dernière de long en large pour la trouver. Elle ne participait pas activement au défilé à proprement parlé, mais la tête pensante de cette affaire pouvait se concentrer sur ses actions à effectuer parce-qu’elle s’occupait de tous les petits détails en à côté: là était son super pouvoir pour la journée.

« Tout le monde sait ce qu'il a à faire, alors bon courage à tous. Je serai en coulisses si vous avez besoin de moi. » Et à entendre ces mots, Millie savait que c’était en revanche son moment à elle pour le laisser agir dans l’ombre, pour s’écarter afin de le laisser profiter pleinement du reste de la soirée. « Je serai du côté du podium pour le défilé si vous avez besoin. » Elle lui avait soufflé les mots avant de s’échapper des coulisses, respirant pour la première fois l’air frais de la fin de journée au sein du jardin botanique de la ville. Bon sang, elle allait dormir pendant trois jours d’affilés lorsque tout cela serait terminé - dans ses rêves les plus fous, surement. Tirant de sa pochette son portable personnel, elle vit qu’elle n’avait d’affiché sur l’écran de ce dernier que quelques messages mais aucun qui n’attendait une réponse urgente - de toutes façons, les urgences n’arrivaient pas sur cet appareil là, et étaient toutes provoquées par monsieur Weatherton désormais trop occupé en coulisses.

Alors, elle se mit à arpenter la foule, à faire sa fouine et à écouter les commentaires que les personnes déjà présentes pouvaient émettre à haute voix. Bien sur qu’un petit sourire satisfait se glissa sur ses lèvres, et bien sur qu’elle rapporterait tout ce qu’elle avait entendu dès le lendemain matin à James - il méritait les fleurs qu’on lui jetait dans son dos. Ce ne fut que lorsqu’elle fit quelques pas pour changer de direction, un petit rire s’échappant d’entre ses lèvres suite à un commentaire plutôt réaliste prononcé par une des dames dont elle avait croisé le chemin - de celles regroupées en petit groupe afin de faire le club des commères pour la soirée - qu’elle posa ses yeux sur une silhouette qu’elle connaissait bien. Millie ne cacha pas son sourire, se transformant en une démonstration de son plaisir de voir Ambrose présent ici, alors qu’elle s’avançait à sa rencontre. « Je vois que tu t’es fait beau pour l’occasion. » Et puis, afin d’arriver jusque lui, elle fit un petit tour sur elle-même afin de faire lever légèrement le bas de sa robe, le tissu suivant le mouvement de son corps, se soulevant dans un mouvement circulaire. « Regarde la belle robe qu’on m’a conseillé. » La malice dans les yeux, dans les mots, alors qu’il était responsable de ce choix là justement.

« Oh euh.. salut. » La timidité du garçon, laquelle se démarque très largement de tout le caractère de @Murphy Rowe, fait doucement rire Constantine qui n’oublie pourtant pas de lui rendre son salut, d’un poli hochement de tête. Le pauvre, elle l’a sans doute entraîné jusque là bien malgré lui. Le pauvre ; cela ne l’empêche en rien de le jeter dans la gueule de la jeune femme (du loup) sans plus avoir à y réfléchir. « Il te faut une tenue de la même couleur que la mienne ! Je vais nous trouver ça, ça sera magnifique. » Et voilà, il n’en fallait pas plus à la jeune femme pour qu’elle s’imagine déjà la scène et la prévoit dans le moindre de ses détails. Cette capacité à rebondir est quelque chose qu’il admire sincèrement chez elle: Murphy ne laisse jamais tomber. « C'est gentil, oh je pourrai te confier l'une de mes béquilles du coup ? Si je défile ce sera qu'avec une je pense. » L’inconnu, de son côté, semble apporter une grande importance aux détails, ce qui dénote une fois de plus avec la tornade Murphy. Mais il n’y connait rien en amitiés, encore moins en relations plus personnelles et intimes, alors il se contente bien volontiers de les trouver amusants et de leur souhaiter le meilleur. “Bien sûr. J’en prendrai soin.” Il jure donc, déjà plus ou moins assuré qu’il sera toujours présent au moment du défilé, même si cette promesse ne l’empêche pas de vouloir prendre congé des deux jeunes adultes pour observer le reste des préparatifs.

“« Je vois que tu t’es fait beau pour l’occasion. »” Le commentaire, et surtout la voix de @Millie Butcher le prend par surprise. Bien qu’il s’attendait effectivement à la trouver sur ces lieux aujourd’hui, il ne la pensait pas aussi proche de lui. Cela ne fait que confirmer son envie de prendre un peu le pas sur Murphy et @Carl Flanagan, qu’il salue d’un hochement de tête en faisant déjà demi-tour, sa main posée contre la hanche de la jeune femme. A elle, il sourit un peu plus profondément. Sans le moindre commentaire pour l’heure, il laisse ses lèvres retrouver la tempe de Millie dans un doux baiser. “« Regarde la belle robe qu’on m’a conseillé. » - “Je ne sais pas qui vous conseille aussi bien, mais vous devriez le garder sous le coude mademoiselle Butcher, parce que cette robe vous va à ravir.” Sa main retrouve le bout de ses doigts, la laissant ainsi pleinement libre de ses mouvements. “Tourne un peu encore, j’ai pas bien vu.” Il l’encourage, bien conscient que si elle a fait l’effort d’une tenue vestimentaire appropriée au thème du jour, elle n’a pas le droit ni le temps de défiler sur le tapis rouge, comme d’autres le feront. Cela ne signifie pas pour autant qu’elle n’aura pas le droit à toute son attention, et bien au contraire. “J’ai le droit de te voler cinq minutes à mon frère ? Juste le temps de faire le tour des jardins, je te libère juste ensuite.” C’est promis que disent les paumes qu’il lève déjà au ciel en guise de reddition. Il ne jouera pas avec le feu aujourd’hui, bien trop conscient de la masse de travail qui doit être la sienne.

Peut-être que dans le coin de son regard, elle avait entr’aperçu cette légère surprise qui avait saisi Ambrose l’espace d’un instant; ce n’était cependant par sur cet élément qu’elle décida de s’arrêter, préférant voir qu’un franc sourire saisissait les lèvres du brun alors qu’il se rapprochait d’elle. Une de ses mains se glissa contre sa hanche, pour la rapprocher de lui, alors qu’il déposait un baiser contre sa tempe. Cette scène arracha un petit rire autant amusé qu’attendre à Millie. « Je ne sais pas qui vous conseille aussi bien, mais vous devriez le garder sous le coude mademoiselle Butcher, parce que cette robe vous va à ravir. » Si elle avait été un brin timide ou difficilement réceptive aux compliments, elle aurait sûrement rougi - mais ce n’était pas là dans les habitudes de la jeune femme. Elle se contenta de hausser les épaules de façon innocente. « Peut-être que je vais le garder oui, il est pas si mal. » Espiègle, elle fronça son nez alors qu’un nouveau petit rire lui échappait. « Tourne un peu encore, j'ai pas bien vu. » Sans se faire prier un seul instant, la demoiselle fit de nouveau un tour sur elle-même et puis un dernier supplémentaire juste pour la forme - elle n’abusa pas des bonnes choses non plus, sinon elle finirait par avoir le tournis.

« J'ai le droit de te voler cinq minutes à mon frère ? Juste le temps de faire le tour des jardins, je te libère juste ensuite. » Avec un soupire contenant bien plus de soulagement qu’elle ne l’aurait anticipé, elle opina assez rapidement du chef. « S’il te plaît, kidnappe moi oui. » Et pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas besoin de faussement jouer aux innocents, elle attrapa l’une de ses mains qu’il avait mis en l’air avant le l’attirer en dehors de la foule en direction des dits-jardins. Bien sûr que Millie avait encore mille et une choses à faire et que sa journée était loin d’être terminée, pour pendant que James était occupé à lancer le défilé depuis l’autre côté des rideaux, il ne pourrait pas lui reprocher d’avoir pris quelques minutes de répit alors qu’elle était sur le pont depuis déjà de longues heures.

Elle n’avait pas encore pris le temps de se pavaner dans cette partie là des festivités, et prendre un peu de temps en dehors de l’organisation de ces dernières lui faisait déjà du bien. « Rassure moi et dis moi que toi au moins tu es ici aujourd’hui pour le plaisir et pas pour le business ? » Mills connaissait parfaitement bien à quoi pouvait également ressembler l’emploi du temps de Constantine - ce n’était pas une partie de plaisir de tous les instants. « Comment va ton frère au fait ? » Après une seconde de silence, et se rendant compte que pour Rose cette phrase pouvait porter à confusion, la demoiselle se reprit rapidement. « Pas James. Lui je connais bien son état émotionnel des derniers jours. » Il était sûrement la personne avec qui elle se retrouvait le plus, qu’importe les journées finalement mais particulièrement les dernières écoulées. « August. Comment il tient le choc ? » Parce-que même si ça n’était pas prévu au programme initial, Mille s’était retrouvée à assister à la pire demande de divorce avant même que l’union ne soit prononcée - et cela avait été sponsorisé par l’ex-belle-sœur d’Ambrose, quelque semaines plus tôt.

« Peut-être que je vais le garder oui, il est pas si mal. » Il sourit fièrement, le garçon qui oublie à quel point il passe autant ses journées à jouer l’adulte indomptable et invincible. Il suffit d’un rien pour le ramener à l’âge qui est vraiment le sien, à l’insouciance et à la douceur d’une relation qui n’en a que le nom, qui finalement lui apporte tout le bonheur dont il a besoin et pas le moindre souci qu’il craint de devoir porter en plus sur ses épaules. Avec Millie, il n’y en a aucun, et il prend le temps de lui demander de tourner sous ses yeux amusés, se jugeant éternellement chanceux de pouvoir aujourd’hui la compter dans son cercle proche. Son rire lui fait oublier pour un temps toutes les obligations qui seront à nouveau pleinement les siennes une fois le soir venu, quand il n’aura plus personne à faire tourner devant lui, ni même à complimenter.

Poliment, il lui propose une version alternative de la suite de cette journée, une dans laquelle ils peuvent prendre un peu de recul sur le défilé et le raz de marée d’invités qui se massent autour. « S’il te plaît, kidnappe moi oui. » Ce ne sera qu’éphémère, il le sait autant qu’elle, et c’est justement la raison pour laquelle il ne juge pas nécessaire de le souligner: l’avantage avec Millie, c’est qu’elle a la même façon de penser que lui et qu’ils se retrouvent éternellement sur la même longueur d’onde, sans le moindre effort. Elle attrape sa main pour l’éloigner de la foule, il joue de toute la dextérité qui n’est pas la sienne pour arriver à nouer ses doigts à ceux de la jeune femme.

« Rassure moi et dis moi que toi au moins tu es ici aujourd’hui pour le plaisir et pas pour le business ? »
“Je viens pas pour travailler, mais ça explique le fait que je ne parte pas tard. Je dois préparer des dossiers ce soir.”

Machinalement, il jette un regard à sa montre, pour se rendre compte de l’heure qu’il est et du temps qu’il lui reste potentiellement dans les jardins, à profiter de la présence de la jeune femme à ses côtés, de celle de sa soeur non loin et de James, sûrement partout et nulle part à la fois. Millie travaille de son côté, de façon assurée, alors il ne pourra pas profiter d’elle éternellement, il en est déjà conscient. “Tu es ici depuis quelle heure ?” Il demande lorsqu’ils sont assez éloignés de la foule, son pouce glissant sous ses yeux, à l’emplacement de ses cernes habilement cachées par le maquillage, pour finalement glisser le long de sa joue juste ensuite. « Comment va ton frère au fait ? » En guise de réflexe, Ambrose esquisse une grimace ô combien maladroite: face à elle, il sait que cela serait une perte de temps pour tous les deux que de le lui cacher. Elle était présente, elle aussi, le jour du mariage. « Pas James. Lui je connais bien son état émotionnel des derniers jours. » James est stressé et court de partout, ce qui ne change pas tant que ça de ses habitudes. Tout est pire ces temps-ci, voilà tout. Déjà, il se doutait bien qu’elle n’allait pas parler de lui, ne serait-ce que parce qu’elle respecte un peu trop le rapport de force qui est différent entre elle et lui et Rose et son frère. « August. Comment il tient le choc ? » - “C’est pas facile. Enfin… je sais pas vraiment. Flora gère la situation, c’est pas à moi qu’il se confie.” Sûrement aussi parce que Rose n’a pas fait le moindre pas en direction de son frère aîné pour tenter de lui apporter son soutien ou même son écoute. Dès le départ, il a supposé que Flora serait bien mieux placé que lui pour lui parler, ou pour gérer toute la situation dans son ensemble. “J’ai essayé de parler à Yara, mais jusque-là rien n’a été concluant.” Il ne veut pas faire dans les sentiments: il veut les faits, la version de la plus-si-fiancée, son raisonnement, le moindre indice qui pourrait aider à comprendre son comportement. “Je suis désolée que t’aies assisté à ça.” Il voulait simplement l’inviter pour passer une belle journée à ses côtés, attendre des heures sur des chaises inconfortables à l’église et profiter d’un dîner quatre étoiles une fois le soir venu. C’est tout ce qu’il souhaitait: lui apporter un peu de joie. “Quand ce sera les noces d’Etain de James et Cristina, je suis sûre qu’ils feront une fête. Tu es déjà invitée.” Et ce jour là, il le promet, il se rattrapera et il empêchera n’importe quel membre de sa famille de tout venir ruiner. “Tu pourras même porter cette robe. Tu es sûre que tu ne veux pas défiler avec ? Tu participerais à l’animation.” Et James est tellement occupé qu’il ne s’en rendra sûrement même pas compte, pas vrai ?

« Je viens pas pour travailler, mais ça explique le fait que je ne parte pas tard. Je dois préparer des dossiers ce soir. » Elle balaya gentiment d’un revers de la main la fin des paroles du jeune homme. « Je connais le topo par coeur, t’en fais pas. » Parce-que depuis le début, se fourvoyer et baser leurs instants volés sur des peut-être que n’avait pas été de mise. Depuis le début, ils savaient tous les deux qu’il faudrait prendre surtout les mauvais côtés de la vie quotidienne de l’autre pour pouvoir profiter des bons moments. Millie n’avait pas besoin d’écouter Ambrose lui sortir sa liste de raisons habituelles: elle les connaissait aussi bien que lui, et ce n’était en aucun cas là un mal. Les yeux du brun finirent par se poser sur sa montre, avant de reposer son attention sur la jeune femme. « Qu’est-ce qu’il y a ? » - « Tu es ici depuis quelle heure ? » La douceur de l’épiderme de Rose effleurant sa propre peau, juste sous ses yeux, alors qu’elle se mit à froncer le bout du nez - rattrapât les mains du jeune homme entre les siennes au passage. « Trop tôt ? » Il n’y avait en réalité ni bonne, ni mauvaise réponse à cette question; elle savait juste d’avance que la réalité n’était pas de celles qu’il était préférable d’avouer à haute voix. « Mon réveil a sonné à quatre heure et demies parce-que j’avais des détails à finaliser sur l’organisation de l’après défilé, avec des délais à respecter. » Des rendez-vous avec des personnes qui n’en avaient rien à secouer que le créateur soit les deux mains prises au milieu des tissus et des tulles. Et comme dans son métier, Millie ne laissait pas de place au hasard et au on verra, elle avait préféré régler ces problèmes là avant le lancé de l’évènement; c’était un poids en moins sur les épaules de tous le monde.

Finalement, entrainant autant par la main Ambrose à travers les jardins que dans une autre conversation en changeant de sujet, elle ne put s’empêcher de remarquer la petite grimace qui étira les traits de son visage alors qu’elle lui demandait comment allait son frère. « C’est pas facile. Enfin… je sais pas vraiment. Flora gère la situation, c’est pas à moi qu’il se confie. » - « J’ai l’impression de pas avoir vu Flora depuis des semaines. » Ce qui n’était pas qu’une impression - l’avait-elle seulement recroisé depuis cette fameuse journée ? « J’ai essayé de parler à Yara, mais jusque-là rien n’a été concluant. » La fiancée, celle qui avait tout plaqué - même son futur mari - le jour du dit-mariage justement. « Je suis désolée que t’aies assisté à ça. » Avec un sourire tendre accroché aux lèvres, elle exerça une légère pression de sa main sur celle de Rose. « T’as pas à t’excuser. J’ai quand même passé un bon moment… le temps que ça a duré. » Ses mots n’étaient peut-être pas les mieux choisis, mais ils étaient vrais. Elle avait été heureuse à l’idée de passer un peu plus de temps à ses côtés, en dehors des murs de son appartement et d’autres endroits où les eux ne seraient souvent pas trop indiscrets. La soirée aurait pu être un brin plus amusante pour tout le monde si les deux promis s’étaient finalement dit Oui, mais elle n’était pas directement concernée par les problèmes qu’une telle décision allait engendrer - elle ne pouvait que se contenter d’être présentes si les dommages collatéraux qu’elle connaissait avait besoin d’une oreille attentive.

« Quand ce sera les noces d’Etain de James et Cristina, je suis sûre qu’ils feront une fête. Tu es déjà invitée. » Oh, à cette remarque là, elle ne désirait ne rien que Ambrose puisse voir que son sourire n’était plus aussi sincère. « Je serai aux premières loges pour donner un coup de main à organiser aussi. » Si jamais noces d’Etain il y aurait à fêter. Le brun à ses côtés n’était surement pas au courant du quotidien dont elle avait un aperçu, Millie, mais souvent elle se demandait si le mariage de James et Cristina irait jusqu’à la moindre date importante. Pas qu’elle en souhaitait pas que ce soit le cas; elle voyait juste les choses dans leur réalité. « Tu pourras même porter cette robe. Tu es sûre que tu ne veux pas défiler avec ? Tu participerais à l’animation. » Là, la jeune femme s’autorisa un petit rire, à la fois taquin et amusé. « J’espère que je pourrais porter une robe faite sur-mesure surtout oui, d’ici là. » Quitte à ce qu’elle s’occupe elle-même de la créer, et que James lui donne l’autorisation de coller l’étiquette Weatherton sur la couture: cela serait amplement suffisant à ses yeux. « Et crois tu bien que je peux pas défiler avec non. Autant parce-que James me ferait surement les gros yeux que parce-que j’en ai pas envie. » Se mettre de la sorte sur le devant de la scène ? Très peu pour elle. Millie se plaisait dans l’ombre, à observer les choses de loin, sans se mêler de ce qui ne la concernait pas. « T’aurais pu profiter pour défiler toi. Je suis sure que ça t’irait comme un gant, de jouer les mannequins. » Il avait l’aura pour, Ambrose, celui de l’homme qui maitrisait parfaitement son image et ses charmes pour amadouer son audience. « Il reste encore du temps pour que tu montes sur le podium si tu veux. » Elle agrémenta ses paroles d’un léger haussement d’épaules.

Millie rattrape ses mains et son élan d’attention couplé à de la douceur, sans que Rose ne lutte contre ce geste, bien sûr. Sa question vole déjà, tout bas. « Trop tôt ? » Il esquisse un sourire en demi-teinte, ne sachant trop bien ce qu’elle sous-entend avec ces mots-là. Parce qu’il la connaît, parce qu’il connaît lui-même ce trin de vie, aussi, et qu’il n’a su faire autre chose que s’enticher d’une jeune femme qui a aussi peu de temps à accorder que lui à sa vie privée. « Mon réveil a sonné à quatre heure et demies parce-que j’avais des détails à finaliser sur l’organisation de l’après défilé, avec des délais à respecter. » - “Fais attention à pas trop courir de partout aujourd’hui.” Il demande donc, tentant d’être conciliant aussi bien qu’il sait qu’elle passera plus que jamais sa journée à droite et à gauche tout simplement parce qu’elle n’a pas de choix. Simplement, il souligne à sa façon, sans vraiment le dire, que même son corps semble ne plus être capable de mimer avec elle la fougue de la jeunesse alors qu’elle s’évertue à avoir le train de vie d’une mère de famille et PDG en même temps, sans aucun bénéfice à en tirer.

Comme s’il était plus simple de s’en faire pour elle que pour son propre frère, l’australien botte en touche lorsque la question s’immisce dans la conversation, trop peu certain de la réponse à apporter tant il n’arrive pas à avoir des nouvelles d’August. « J’ai l’impression de pas avoir vu Flora depuis des semaines. » Il souffle tout bas ; elle aussi a la vie aussi chargée qu’une quarantenaire PDG, sans en connaître les avantages. La dernière facture pour l’établissement de leur père est tombée il y a deux jours, pour ne rien arranger. En baissant le regard, il avoue ne rien savoir de plus et de ne pas même avoir été capable de contacter Yara: il ambitionne de régner sur un pays tout entier et n’arrive pas même à garder sa famille ordonnée, pourtant bien loin d’être en conflit ou difficile. Il doit faire mieux ; au sommet, il n’aura très certainement plus Millie pour lui tenir doucement la main et le rassurer. « T’as pas à t’excuser. J’ai quand même passé un bon moment… le temps que ça a duré. » Ambrose prend sur lui pour esquisser un sourire, sans doute effectivement rassuré par ces mots. Tout aurait pu être mieux, c’est un fait, mais elle a au moins été invitée et cela prouve qu’il tient à elle, pas vrai ? “Flora est là aujourd’hui, tu la croiseras peut-être.” Il rebondit sur cette partie-là de ses paroles, ne voulant pas avoir à dire qu’il est heureux qu’elle l’ait été: c’est un fait.

« Je serai aux premières loges pour donner un coup de main à organiser aussi. »
“Tu auras une dérogation.”

Il ne peut pas oublier qu’elle travaille au quotidien pour James, tout comme il ne peut pas parler avec autant d’assurance d’un futur aussi hypothétique, mais cela ne l’empêche en rien de le faire et de s’affranchir des règles, enivré de l’aspect privé de la conversation. Ses mots sont prononcés à peine a-t-il terminé les siens, sans laisser la moindre place au doute. Il veut qu’il en soit ainsi, il veut que son aîné continue d’être un modèle sur tous les points, et il veut pouvoir continuer à se dire que Millie sera toujours à ses côtés, de la même manière, à ce moment-là de sa vie. Il veut que rien ne change, en réalité, parce que le changement arrive toujours pour le pire dans son existence. « J’espère que je pourrais porter une robe faite sur-mesure surtout oui, d’ici là. » Le rire de Rose suit le sien. Bien sûr qu’elle veut une robe sur mesure et bien sûr qu’il s’imagine déjà harceler James pour que cela soit le cas. Après tout, Flora le lui a bien dit: si la demande vient de lui, il ne la refusera pas. « Et crois tu bien que je peux pas défiler avec non. Autant parce-que James me ferait surement les gros yeux que parce-que j’en ai pas envie. » - “Très bien, très bien.” Il n’insistera pas, bien sûr, connaissant un peu trop bien ses raisons pour être capable de contre-arguments. S’il n’était pas en train de monopoliser toute son attention, Millie serait occupée à courir de partout pour s’assurer que la journée se passe bien, à tous les niveaux. « T’aurais pu profiter pour défiler toi. Je suis sure que ça t’irait comme un gant, de jouer les mannequins. » Il en a l’assurance, peut-être, mais de son côté c’est la seule chose qui fait office de ‘pour’. “Ça ferait mauvais goût.” Parce qu’un homme en politique n’a pas le droit de porter autre chose que du noir et de parler des problèmes du pays (et de fréquenter les bordels, le temps d’animer les débats des chaines en continu pendant un jour ou deux, pour mieux retomber dans l’anonymat). Son expression s’assombrit malgré lui ; ce n’est pas l’envie qui lui manque. « Il reste encore du temps pour que tu montes sur le podium si tu veux. » - “J’y monterai pour aider à détacher les décors, ce soir.” Et c’est déjà quelque chose, non ? Il n’a pas le droit de s’amuser comme n’importe quelle autre personne de son âge et il en est de même pour Millie. Si le mélange de toutes les couleurs primaires donne du gris, ce n’est pas pour rien, et c’est encore moins un hasard. “Je te libère dès que t’auras bu tout un verre d’eau.” Mi-sérieux mi-amusé (mais attendant tout de même qu’elle boive), il tend son cou en direction d’un bar de fortune servant à rationner les personnes affairées autour du défilé, qui n’ont pas le temps d’aller jusqu’au véritable bar. En attendant, il pose une main tendre contre la nuque de la jeune femme, prenant soin de ne pas gâcher sa coiffure.

Sa main n'avait pas lâché la sienne depuis qu'ils avaient quitté leur domicile, Rory ne sachant que trop bien ce que cette sortie représentait pour @Swann Buchanan. Voilà des semaines que son fiancé n'avait quasiment pas quitté leur maison de peur d'affronter l'extérieur et l'attention des journalistes. Des semaines qu'il vivait reclus, encore profondément marqué par la façon dont leurs fiançailles avaient été rendues publiques, les privant ainsi du moindre contrôle sur la situation. Des semaines, surtout, que Rory vivait dans l'angoisse que Swann se retrouve trop souvent seul avec ses pensées, depuis cette nuit où il avait pu voir que l'homme qu'il aimait souffrait parfois sans oser le lui dire, préférant enfouir sa peine là où elle n'impacterait que lui. Rory le lui avait dit et répété, tout comme il lui répéterait à nouveau des dizaines de fois si c'était nécessaire : il voulait tout partager avec lui, même les moments les plus difficiles et ceux où les sourires amoureux laissaient place à des étreintes réconfortantes. Il était prêt à tout affronter à ses cotés, peu importe l'énergie que ça pourrait lui demander. Aujourd'hui, Swann se sentait enfin prêt à sortir et à revoir du monde, quand bien même ce n'était peut être que pour quelques heures, quand bien même ils ne resteraient peut être que tous les deux. L'important, c'est qu'il semblait aller mieux de jour en jour. Rory se raccrochait à cette idée plus qu'à n'importe quoi d'autre : ils avanceraient pas à pas.

« C'est vraiment magnifique, tu trouves pas ? » Il tourna son visage vers le sien, un sourire doux sur les lèvres. Tout autour d'eux se dressaient des jardins aussi vastes que verdoyants, décorés en l'honneur de ce défilé qui semblait sur toutes les lèvres. Donna avait bien essayé de l'y faire rencontrer du monde, sachant qu'une grande partie du gratin de Brisbane y ferait une apparition. Mais Rory s'était montré intraitable, cette journée il ne la consacrerait à rien d'autre qu'à profiter de Swann et tout entreprendre pour lui changer les idées. Il n'était pas ici en tant qu'acteur, il n'était pas venu promouvoir son prochain film ou nouer des amitiés qui lui seraient profitables pour la suite de sa carrière. A vrai dire, il espérait au fond de lui pouvoir se fondre dans le décor sans attirer à nouveau l'attention sur son couple. Pour Swann, et parce que son fiancé était bien la seule chose qui lui importait réellement à cet instant. « Je crois qu'on vient de trouver le seul endroit en ville où il y a encore plus de plantes que chez nous. » Il reprit dans un rire, conscient qu'il était le seul à blâmer pour ça et qu'il avait peut être pris les paroles de Swann un peu trop au pied de la lettre lorsqu'il lui avait dit de décorer leur nouvelle maison comme bon lui semble, oui. « C'est une bonne idée, d'avoir proposé de venir. Je suis sûr qu'on va passer un bon moment. » Son pouce caressa le dessus de sa main tandis qu'ils marchèrent le long des allées fleuries, agrémentées de bancs sur lesquels ils en viendraient sans doute à s'asseoir, tôt ou tard, pour s'imprégner plus encore de l'ambiance des lieux. Autour d'eux l'animation se faisait ressentir, et son regard inquiet scrutait de temps à autres le visage de Swann pour s'assurer qu'il allait bien. Que ce n'était pas trop, et qu'il oserait le lui dire si c'était le cas. Ils étaient là pour prendre l'air et profiter des animations, mais ils ne resteraient pas une seule seconde de trop si son fiancé éprouvait l'envie de rentrer.

Son regard balaya les environs pour finalement s'arrêter sur une silhouette familière, à plusieurs mètres de là. La surprise s'empara un instant de ses traits. « Oh, on dirait Murphy là-bas. » La voir parmi la foule d'invités n'était peut être pas si surprenant, à vrai dire, connaissant son amour des belles choses. Il lui semblait aussi que @Murphy Rowe avait noué certaines amitiés dans le milieu, notamment avec James Weatherton, le créateur à l'origine de ce défilé. Rory en était heureux pour elle, n'imaginant que trop bien à quel point cette nouvelle vie devait être exaltante. Elle le méritait, peu importe ce qui avait pu se passer. « Et elle est avec... » Il n'en était pas complètement sûr, mais le jeune homme à ses cotés ressemblait à s'y méprendre à @Carl Flanagan, le garçon avec qui Wendy était apparue au dîner familial le soir où les choses avaient pris une tournure particulièrement cauchemardesque. Rory en gardait d'amers et douloureux souvenirs, encore profondément affecté par ce que certaines révélations avaient mis en lumière. « Peu importe, je compte pas m'en mêler. J'apprends de mes erreurs, tu vois. » Et son sourire visait à rassurer Swann, alors qu'il jugeait simplement préférable de rester à sa place et de ne pas se mêler à nouveau des affaires de sa jeune sœur. Quoi qu'il y ait précisément entre Carl et elle, ou entre Carl et Murphy, ça ne le regardait certainement pas et il le saurait tôt ou tard. Tant que personne ne souffrait – et il n'avait pas de raison de penser que c'était le cas – il était d'avis de ne pas trop s'étendre sur le sujet. « Je suis là pour profiter de cette journée avec mon fiancé et rien d'autre. » Et comme en attestait déjà l'éclat dans son regard, rien ne pourrait véritablement le rendre plus heureux. Il voulait que Swann puisse profiter lui aussi et oublier pour de bon les dernières semaines. Un défilé au milieu des fleurs, dans la joie et la décontraction, ça ne pouvait qu'être une bonne idée non ? « Tu sais à quelle heure commence le défilé ? Pour savoir si on a le temps de faire un tour avant. » Il ne lui proposait pas de défiler lui-même, devinant que ce serait trop tôt et qu'il n'en ressortirait peut être rien de bon. Il serait là pour le soutenir à chaque étape, mais ne voulait pas qu'il se sente obligé de le faire pour lui. Ils pouvaient très bien profiter et passer un bon moment en restant dans le public. Tant qu'ils restaient tous les deux.

L’exercice semble simple, naturel. Tout le monde sort tous les jours de chez lui, pour le travail, pour les loisirs, par simple envie. Tout le monde sort tous les jours de chez lui, même Swann, à l’exception des dernières semaines pendant lesquelles il s’est contenté de fouler la plage devant leurs maisons et de rester protégé derrière les baies vitrées de leur demeure, tel un vampire à peine évolué. Les heures passées seul l’ont parfois laissé avec ses démons, parfois avec ses pensées plus rationnelles et terre à terre, au point où il a finalement pu proposer à @Rory Craine de profiter de l’événement en ville pour sortir. Il l’a fait pour aller de l’avant pour sa propre personne, mais aussi pour rassurer son fiancé ; et pour pouvoir profiter à nouveau de leurs sorties qui commençaient à terriblement lui manquer, quand bien même la boule dans son ventre que formait la simple idée de se retrouver assujetti au regard d’autrui gagnait toujours la brève bataille. Les choses changent maintenant.

Comme à son habitude, sa main retrouve celle de son fiancé et, paume contre paume, il noue naturellement ses doigts aux siens, son regard partout et nulle part à la fois alors qu’il redécouvre l’endroit qu’il pensait connaître, avant qu’il ne soit réaménagé pour le défilé. « C'est vraiment magnifique, tu trouves pas ? » Il retrouve son regard, hoche la tête, sourit tendrement. “J’ai peur que ça te donne des idées pour la maison.” Swann avance dans un rire prouvant bien qu’il ne s’en fait absolument pas, en réalité. Leur maison est déjà remplie de plantes du sol au plafond, il n’existe que très peu d’endroits où il pourrait encore en rajouter, il faut être honnête ; et quand bien même, l’anglais ne s’y opposerait pas. Après tout, cela rend heureux Rory et lui, cela ne le dérange pas le moins du monde. « Je crois qu'on vient de trouver le seul endroit en ville où il y a encore plus de plantes que chez nous. » Et cette fois-ci, ce sont leurs rires qui montent en cœur alors qu’ils sont très bien placés pour savoir que c’est à peine une exagération de la réalité. « C'est une bonne idée, d'avoir proposé de venir. Je suis sûr qu'on va passer un bon moment. » - “Je savais que ça allait te plaire.” Et qu’il n’aurait jamais voulu sortir lui-même Swann de cette maison, de peur de mal agir, de peur de le brusquer, de peur d’une mauvaise réaction de sa part. Alors, il l’a fait lui-même, avec une assurance toute mesurée, mais quand bien même. Sans être un fan de mode, il faut bien l’avouer, il est le premier à s’émerveiller de la créativité et du talent d’autrui, là où Rory en fait de même, en plus de sûrement déjà chercher à qui demander le catalogue de toutes les plantes ajoutées pour la décoration de l’événement.

Et si tout allait effectivement très bien jusque là, l’anglais se fige face à quelques mots, pourtant simples et dénués de toute arrière pensée négative. « Oh, on dirait Murphy là-bas. » Le regard de l’anglais se pose sur la silhouette désigné, qu’il n’a aucun mal à reconnaître. Sans le vouloir, ses doigts se resserrent un peu plus encore autour de ceux de son fiancé, alors qu’il ne nourrit aucune envie de retrouver la jeune femme. Non parce qu’elle est l’ex de Rory, mais bien à cause de la façon dont s’est terminée leur dernière entrevue, et le secret que Swann en a fait, pour préserver son fiancé. « Et elle est avec... » Carl. Tous deux reconnaissent aisément le garçon que Wendy leur avait présenté au repas de famille, celui-là même qui s’est transformé en véritable et douloureux fiasco. Cette fois-ci, c’est pour Rory qu’il s’inquiète alors qu’il fait remonter son regard dans le sien, déjà prêt à lui proposer d’aller boire un verre ailleurs ou de subtiliser une plante ou une autre et courir très vite. « Peu importe, je compte pas m'en mêler. J'apprends de mes erreurs, tu vois. » Mais les mots du brun le rassurent et le rendent fier, aussi, en témoigne le sourire de Swann. Sa main libre trouve tendrement place autour de son avant-bras alors qu’il se place devant lui, tentant par la même occasion de lui faire oublier la présence des deux jeunes adultes. Ses lèvres retrouvent brièvement les siennes, avec délicatesse, avec amour. Il ne fait qu’échanger un simple baiser, mais ce dernier se veut lourd de sens. “Je vois. Et je suis fier de toi.” Qu’il arrive à prendre sur lui, qu’il arrive à passer outre, qu’il ne replonge pas trop vite et trop fort dans les souvenirs de leur dernière soirée ensemble. « Je suis là pour profiter de cette journée avec mon fiancé et rien d'autre. » Et il ne sait pas qui est ce fameux fiancé, mais il en a bien, de la chance.

« Tu sais à quelle heure commence le défilé ? Pour savoir si on a le temps de faire un tour avant. » - “C’est pas parce que j’ai volé trois programmes que je les ai lus, voyons.” Mais ils étaient jolis, et il pensait réellement qu’il allait s’y intéresser, avant de les fourrer dans sa poche et de les oublier. Tout sera sans doute annoncé par les hauts parleurs pour rappeler aux autres étourdis l’événement, alors ils ne risquent pas de le manquer. “Je suis certain qu’on a le temps de faire un tour, de prendre un verre, et de négocier le nombre de nouvelles plantes que tu pourras ajouter à la décoration de notre chez nous.” Il répond donc d’un sourire entendu, ayant compris depuis leurs premiers pas au jardin botanique que cette sortie ne serait pas sans conséquences: et encore une fois, il n’y voit pas le moindre inconvénient. “Peut-être qu’on verra d’autres visages familiers.” L’idée est avancée avec douceur, prouvant bien que ce ne serait pas pour l’effrayer et vouloir déjà le renfermer au fond de sa coquille.

“Elle est adorable.” Swann commente, ses yeux posés sur la fillette non loin du Gardens Club Café, celle-là même qui ne semble pas peu fière de sa robe de princesse (@Sara Gutiérrez). Elle est sûrement déjà prête à défiler et impatiente de monter sur le podium.

Alma n'avait pas beaucoup entendu parler du défilé Weatherton avant que Sara ne lui en parle. A vrai dire, elle n'avait que vaguement entendu ce nom de famille une fois, et n'aurait jamais eu l'idée de venir participer à un évènement entièrement basé sur le monde de la mode, elle qui avait trop peu baigner dans ce milieu pour s'y connaître un minimum. Elle avait vu passer des informations sur les réseaux sans s'y être attardé pour autant. Mais il fallait bien admettre que chaque instant passé avec Maria et le reste de sa famille était précieux, aussi, elle s'était empressée de changer son programme de la journée pour pouvoir rejoindre ses deux sœurs au défilé. C'est largement en retard qu'elle était arrivée sur les lieux, cherchant parmi la foule le visage familier de sa cadette. Les décorations étaient sublimes, le cadre avait été choisi avec beaucoup de goût. Elle flânait sur le site, profitant de la vue, comptant bien sur le fait de trouver celles qu'elle était venue rejoindre. Et c'est non loin du bar qu'elle aperçu une tête brune tout à fait familière, vers laquelle elle fonçait directement. Arrivée sans être vue, elle sourit à entendre le compliment qui venait d'être fait à Maria, et s'empressait de rebondir dessus pour annoncer sa présence. Ça c'est vrai, t'as fait un très bon choix pour sa tenue. Elle avait déjà fait mieux comme entrée en matière, mais il semblait qu'Alma avait déjà perdu du temps aujourd'hui. Autant aller droit au but, alors. Maria s'avançait vers elle à peine ses yeux avaient croisés les siens. T'es magnifique ma chérie. Qu'elle ne manquait pas de lui dire, un large sourire sur ses lèvres. Elle serrait la petite contre elle avant de se retourner vers Sara et celui qui était posté juste à côté d'elle, et qu'elle saluait rapidement. Alma, enchantée. Il ne lui semblait pas avoir déjà vu cette personne, et Alma se demandait s'il faisait partie de l'entourage de sa sœur - en tout cas, il n'en avait pas le style. Pardon pour le retard, j'ai fais au plus vite. Il n'était pas commun pour la mexicaine de ne pas respecter les horaires annoncés, mais il était régulier ces derniers temps qu'elle soit la dernière a arriver parmi ceux de sa fratrie. Elle se demandait encore à quel moment sa vie avait changée à ce point, mais force était de constater qu'elle n'était devenue plus que la victime du temps qu'elle s'était pourtant donner tant de mal à contrôler durant des années. Alors, j'ai raté le début du défilé ?

@Sara Gutiérrez @Swann Buchanan

Au questionnement de savoir à quelle heure Millie était sortie de son lit, il n’y avait de toutes façons pas de bonne réponse - et ce n’était pas à Ambrose qu’elle allait expliquer ce fonctionnement, lui qui était debout depuis bien avant l’aube et se coucher après le soleil de nombreuses fois par semaine. « Fais attention à pas trop courir de partout aujourd’hui. » - « Oui oui. » Elle aurait aimé que ces quelques mots là puissent être une promesse, mais elle savait pertinemment que ce ne serait jamais le cas, malgré toute la bonne volonté qu’elle pourrait y mettre. Même si James n’était pas responsable de trois-quarts de son emploi du temps digne du meilleur ministre, elle ne saurait tenir en place seule; elle était déjà à combiner onze activités en parallèle de ses études bien avant de mettre le pied chez Weatherton, et cela n’irait probablement jamais en s’arrangeant. Il existait des personnes comme ça qui ne savaient faire autrement que de voir leur journées remplies du soir au matin, et surtout inversement.

Peut-être que sa question ne tombait pas au meilleur moment, mais le temps passait si vite que ces dernières semaines, Millie n’avait guère eu le temps de s’inquiéter des conséquences du mariage qui n’en avait été un qu’un instant et sur les faire-parts uniquement - et surtout de prendre des nouvelles du principal concerné. La vie d’Auguste avait changé du tout au tout sans qu’il ne puisse rien vraiment y faire, et malheureusement la jeune femme ne connaissait ô que trop bien comment cela pouvait vous affecter; les raisons n’étaient pas les mêmes, mais les dégâts pouvaient être tout autant ravageurs. Rose lui avoua sans mal que ce n’était pas lui qui récolterait le plus d’informations quant à la façon dont se portait son frère, et que Flora serait la mieux placée pour répondre à ses questions. Flora, colocataire de Mills et pourtant la personne qu’elle avait le plus de mal à croiser ces derniers temps. « Flora est là aujourd’hui, tu la croiseras peut-être. » Elle esquissa un mince sourire. « J’espère en vrai. »

« Tu auras une dérogation. » - « Je te prends au mot. » Elle était persuadé que ce ne serait jamais le cas, mais imaginer que les choses puissent tourner de cette façon n’était pas désagréable. James ne saurait la laisser tranquille si un tel événement pointait le bout de son nez, mais ce n’était pas non plus pour déranger la jeune femme: elle avait toujours préféré rester dans l’ombre, être les petites mains que personne ne voit, plutôt que de s’approprier une place sur le devant de la scène. Au moins, des coulisses, les lumières ne pouvaient la pointer du doigt. « Très bien, très bien. » Que ce soit pour l’anniversaire de mariage de James ou pour le défilé du jour, rester loin du podium était une option plus que délectable. Des deux jeunes gens, de toutes façons, Millie n’était pas celle ayant le profil le plus adapté. Ambrose serait parfait à se pavaner devant les foules: il avait le panache nécessaire pour réussir dans ce domaine. « Ça ferait mauvais goût. » Elle fronça le bout du nez. « J’aurais aimé voir ça moi. » Parce-qu’effectivement, pour le reste du monde ce n’était pas un bon choix qu’il en vienne à s’exposer de la sorte et surtout pour des raisons aussi futiles; la carrière du brun était quelque-chose de bien plus complexe que le simple fait de se montrer un instant sous un jour nouveau. Une partie de Millie trouvait ça injuste, en réalité: les compétences de Rose dans son domaine ne dépendaient pas de s’il montrait une autre facette de lui-même ou non. « J’y monterai pour aider à détacher les décors, ce soir. » Alors, tirant quelque peu sur la main du jeune homme pour rapprocher sa silhouette de la sienne, elle déposa un baiser rapide sur sa joue. « J’ai hâte de voir ça quand même. » Cela n’apporterait rien à personne, mais c’était aussi une façon de lui montrer qu’elle serait à ses côtés s’il avait besoin du soutien de quelqu’un, qu’importe le choix qu’il ferait d’activité. Ce n'était peut-être pas grand chose, mais c’était ce qu’elle pouvait lui offrir et elle était intimement persuadé que c’était déjà une bonne chose.

« Je te libère dès que t’auras bu tout un verre d’eau. » A ces quelques mots, un petit rire échappa d’entre les lèvres de la jeune femme alors qu’elle se permettait de lever les yeux au ciel par la même occasion. Elle aurait presque pu se douter avant-même de croiser son chemin qu’il n’allait pas la laisser repartir aussi facilement. Elle aurait pu râler, aurait pu prétendre qu’elle savait très bien se débrouiller comme une grande fille - ce qui était effectivement le cas, en réalité -, mais l’intention de Rose était des meilleures, de celles qui vous mettent du baume au coeur et donc sans montrer la moindre résistance finalement, elle se laissa convaincre. « Un verre d’eau, même pas un café ou un verre de vodka. Quel enfer ! » La première boisson citée était toujours la bienvenue, l’humour était de mise pour la seconde. Il lui arrivait ici et là de profiter des soirées pour boire de temps en temps un verre, mais ce n’était pas dans ses habitudes de se rabattre sur cette boisson lorsque les choses semblaient déraper. Et aujourd’hui était une bonne journée, alors l’idée d’un liquide transparent autre que l’eau n’était pas au répertoire. La main de Rose à même son épiderme, elle plongea son regard dans celui du brun face à elle. « C’est bien parce-que c’est toi, hein. » Et parce-qu’il était probable qu’elle n’ait pas bu une seule goutte d’eau depuis plusieurs heures aussi, maintenant qu’elle y pensait, et qu’il avait surement raison - elle ne formulerait pas cette dernière hypothèse à haute voix, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin non plus. Ce fut sur ses lèvres qu’elle déposa les siennes à la suite; un instant, un second peut-être pour profiter de cette bulle de calme encore un peu plus. D’ici à quelques minutes, le brouhaha des foules se ferait de nouveau entendre entre eux et ils repartiraient chacun de leur côté, à leurs occupations. « Aller. » Parce-que c’était de toutes façons toujours sur ces bases là: le temps passait trop vite et parfois, malheureusement, leur temps ensemble était trop court.

« J’aurais aimé voir ça moi. »
“Toi, c’est différent.”

Tacitement, il promet de lui faire un défilé digne de ce nom, un jour, dans l’intimité de son appartement, sous son œil qui ne laissera filer aucun jugement d’un cinquantenaire bedonnant avec des principes du siècle dernier. @Millie Butcher est différente sur ce point là, elle le sait bien. Son sourire grandit doucement, assuré et amusé. Ce n’est pas le manque d’assurance qui l’empêche de défiler, c’est évident. Face à la jeune femme, il se laisse faire, laissant sa main se poser contre son dos, sa propre joue accueillir un baiser de la brune. « J’ai hâte de voir ça quand même. » Son visage plus près du sien que jamais, surtout alors qu’il n’initie pas le moindre mouvement de recul, il laisse un nouveau sourire amusé parer son visage. Contre son dos, son pouce s’anime pour caresser doucement sa peau, le tissu de sa robe s’imposant pourtant entre eux. Bien conscient qu’il devra la laisser partir pour qu’elle puisse retourner travailler, il consent à se plier à l’exercice, ajoutant une maigre contrepartie à ça en lui demandant de s’hydrater, elle qui court de partout sans compter ses pas. « Un verre d’eau, même pas un café ou un verre de vodka. Quel enfer ! » - “Je suis difficile en affaires.” Un jour, il sera un vrai requin. Pour l’heure, il négocie des verres d’eau, et cela le fait sourire, surtout alors qu’elle a la même réaction, docile. « C’est bien parce-que c’est toi, hein. » Il aurait voulu dire qu’il est un homme chanceux et qu’il le sait, mais la pensée meurt aussitôt dans son esprit, uniquement remplacée par des yeux brillants qu’il n’a pas à feindre. Ses lèvres retrouvent finalement celles de Millie dans un court baiser qu’il prolonge à peine, dictame tout en paradoxes qui pave la voix de son départ. Sa main trouve place contre sa joue. Il est temps de la laisser partir, et une part de lui accepte mal que ce baiser ait un arrière goût d’adieu, surtout alors qu’il n’en est rien. “Bonne journée Mills.” Et surtout, bon courage.

Le départ de la jeune femme est marqué par le début du défilé, Rose pouvant jeter un coup d’oeil à l’heure sur son téléphone pour assumer qu’il a le temps d’assister au passage des premiers courageux, sincèrement intéressé à l’idée de découvrir ce que de parfaits amateurs auraient pu avoir créé. Un Olivier Rousteing dans la main, il profite alors de siroter son cocktail en choisissant une place éloignée des premiers mètres autour du catwalk, question de principe. Ce n’est cependant pas ce qui empêche son regard de se poser dans la foule, pour y noter la présence de @Zoya Lewis, son appareil photo à la main. Son regard s’embrume un instant alors que ses yeux se figent sur la silhouette de la jeune femme, uniquement pour estimer qu’il ne doit pas donner trop d’importance à la présence ou l’absence d’une seule personne et se concentrer de façon plus affirmée sur le défilé en lui-même.

Ils y sont, pour de vrai. L'épisode des coulisses est tout frais dans les esprits et @Carl Flanagan et Murphy sortent tout juste d'un intense moment d'essayages. Il y a aussi eu le briefing, auquel les deux amis ont assisté l'un contre l'autre, sans se lâcher d'une semelle. La blonde a de toute façon passé son bras sous celui de son acolyte et c'est tout naturellement qu'elle le guide vers la sortie des loges. La musique est déjà lancée et le brun trépigne. Murphy, quant à elle, cache avec beaucoup de mal qu'elle est elle aussi très nerveuse. Elle espère surtout que le jeune homme ne sera pas contaminé par ses angoisses. Murphy fait au mieux pour appliquer une pression constante sur le bras de Carl, histoire de lui faire sentir qu'elle est à ses côtés - et aussi histoire de s'accrocher à lui pour ne pas dériver.

Déjà, les participants filent sur la piste et l'échéance se rapproche. « Ça va être à nous Murphy ! Purée je stresse tellement. » « Respire, on va être géniaux. » qu'elle lance en essayant de couvrir le bruit ambiant. Evidemment, sa petite tête lui souffle qu'elle va tomber, se ridiculiser, mourir sur le podium. D'un autre côté, ses jambes ne peuvent arrêter de piétiner le sol : elles sont visiblement prêtes depuis toujours, tout comme l'est son corps. Elle n'attendait que cela, la blonde : la concrétisation d'un rêve. Evidemment, tout a commencé il y a un moment déjà. Mais le vivre avec Carl a une saveur particulière, surtout parce que Murphy s'était déjà préparée à tout affronter seule. Il y a quelqu'un à ses côtés et quelle présence ! « J'ai voulu passer une tête à travers le rideau mais j'aurais pas dû, c'est effrayant le monde qu'il y a déjà. » Murphy rit pour évacuer la pression mais elle préfère ne pas penser au monde. Ou plutôt, elle espère que le monde ne pensera plus qu'à elle, une fois sur le podium. « Tu lâcheras pas ma main, hein ? T'es un peu ma deuxième béquille aujourd'hui après tout. » « J'ai besoin de toi pour pas tomber aussi. On se lâche pas. » Les mains de la blonde serrent les doigts de Carl alors qu'elle lui renvoie un sourire bienveillant. « T'es la plus belle en tout cas, j'ai beaucoup de chance de défiler avec toi. Trop hâte de dire à tout le monde que je tenais la main d'une princesse et que c'était magique ! » Alors elle ne retient rien et s'empresse de prendre Carl dans ses bras, parce que les mots n'auraient de toute façon pas suffit. Elle ne les a pas, de toute façon, Murphy. Alors, voilà tout ce qu'elle trouve à dire : « Merci, Carl. Merci. »

« Les participants, en piste ! » Et déjà, voilà leur tour. Une grande inspiration et un regard échangé plus tard, Carl et Murphy s'élancent. Personne n'est vraiment venu les voir - si, le frère de Carl le regarde, le chanceux - mais ça n'a pas beaucoup d'importance. Leur démarche est assurée et soudain, le monde n'a plus beaucoup d'importance. Murphy cale sa démarche à celle, plus lente, du brun. Grand sourire aux lèvres, elle n'oublie pas de lui presser la main quand elle sent que les flashs deviennent peut-être trop envahissants. Le temps passe à une vitesse folle, mais les deux amis n'oublient pas de prendre la pose. La robe de Murphy joue avec la lumière, ou peut-être est-ce l'inverse. Et alors que les deux amis descendent du podium, Murphy oublie qu'elle ne devrait pas sauter dans les bras de Carl - à cause de sa jambe et de tout le reste. Le bond qu'elle fait presque est évacué d'un toussotement alors que des journalistes s'approchent déjà pour recueillir les ressentis des premiers arrivants. « J'ai presque oublié que... ta jambe. » qu'elle dit par dessus le brouhaha, attirant malgré tout Carl à elle. « Merci, merci, merci. C'était génial. » « C'est le mot que vous choisissez pour résumer votre passage ? » Une journaliste souriante interrompt le câlin brièvement échangé, mais Murphy passe malgré tout son bras derrière le dos de Carl, dopée à l'adrénaline et aux hormones du bonheur. « C'est lui qui était génial. Notez son nom : Carl Flanagan, c'est le prochain grand nom du mannequinat australien. » Si personne d'autre n'est convaincu, ce n'est pas grave. Murphy se suffit à elle-même.