Prendre l'avion en tant qu'amputé est une aventure en soi. Alors qu'en temps normal pour les vol internationaux ils préconisent de venir deux heures avant, je me prends toujours au moins trois heures sinon quatre car j'ai appris, à mes dépends, que je ne suis jamais à l'abri d'un quelconque couac. Fort heureusement, les détenteurs de tickets pour la business classe sont traités avec un soin tout particulier. D'autant plus avec la compagnie Emirates qui est celle avec laquelle j'apprécie le plus les vols. En général tout se déroule toujours parfaitement bien, leur personnel est aux petits soin, leur lounge dans les différents aéroport sont incroyablement confortable et surtout leur Airbus A380 sont luxueux et totalement adaptés à mes besoins.

Je sais que Jackson,  avec qui j'ai développé une réelle amitié et qui m'accompagne aujourd'hui en tant que garde du corps, a déjà voyagé en première classe. Mais la business classe c'est un level au dessus ! Évidemment, tout est prit en charge et il n'a à se soucier de rien d'autre que ma sécurité -qui, au final, est loin d'être dérangée tant nous pouvons compter sur la discrétion du staff- donc il peut se faire plaisir. Cela dit, je remarque très rapidement qu'il prend son boulot très à cœur car depuis notre arrivée à l'aéroport il n'a jamais quitté mes côtés. Toutefois, j'ai sincèrement plus l'impression de voyager avec un ami qu'avec un gars chargé de ma sécurité tant nous parvenons à discuter allègrement de sujets divers et variés.

Le passage de la sécurité s'est fait sans encombre et ce n'est qu'une fois installés  à nos places respectives que je retire ma prothèse. Bien que mes douleurs ont quasiment totalement disparue et que ça fait deux jours que j'arrive enfin à nouveau à marcher sans souffrir le martyrs, je profite tout de même de chaque moment de répit pour laisser mon moignon respirer. D'autant plus, qu'en vrai, je n'ai pas forcément de bouger et lorsque nous irons au bar j'utiliserais le fauteuil roulant mis à ma disposition. Mais pour l'instant je n'y pense pas et m'installe le plus confortablement possible à ma place avant de lancer un coup d’œil vers Jackson  «Et c'est parti pour 34h de voyage » rayais-je avec humour avant de soupirer doucement  «14h jusqu'à Dubaï puis 16h jusqu'à LA ...je pense que le confort de sièges ne sera pas de trop » dis-je alors que je démontre comme mon siège se transforme en lit, avant de redresser le dossier  «Bon, comme a l'aéroport, tout est compris dans le pix du billet donc tu te fais plaisir. Tant que t'es capable d'assumer le premier bain de foule qu'on se tapera à notre arrivé à Dubaï»  Mais en vrai je n'ai même pas besoin de le dire à Jackson tant je le sais capable de s'auto gérer.

C'est, intrigué, que j'attrape le petit boîtier que me tend Jackson à peine somme nous installer à nos places respectives. Sourcils froncés, je l'ouvre et m'efforce de cacher ma surprise en apercevant deux oreillettes et deux micros clip posé à l'intérieur. Relevant mon regard sur le garde du corps, je l'écoute attentivement lorsqu'il me conseil de porter ces trucs à chaque fois que nous serons en public, car ça sera une grosse sécurité si nous nous retrouvons séparer « C'est incroyable» soufflais-je en secouant doucement la tête, refermant le boîtier « En 5 ans de service, Johnny n'a jamais pensé au fait que ces petits trucs pourraient nous être utiles. Et toi, ça ne fait même pas 4h que t'es officiellement engagé et déjà, tu prends les choses en main » je souris doucement et glisse l'objet dans la poche interne de ma veste « J'y penserais, sois en sûr» lui assurais-je, alors que les hôtesses de l'air arrivent pour nous demander de nous préparer au décollage.

Dossier redressé, ceinture attachée, je m'efforce de garder une respiration calme et régulière tant je déteste les décollages de ce genre. Je crois bien avoir gardé les yeux fermés tout au long jusqu'à ce que le bip, annonçant la stabilisation officiel de l'appareil en l'air, ne retentisse pas. Dans un soupir, je rouvre les yeux et me passe une main sur le visage «je crois que je ne comprendrais jamais les gens qui aiment les décollages et les avions en général » dis-je en secouant la tête, détachant ma ceinture et me redressant pour étirer mon dos « Bon, je pense que mon manager t'a déjà un peu briefer, mais … on arrive à L.A en fin de matinée, on ira à l'hôtel où on passera l'après-midi et la soirée pour arriver tranquillement parce que le lendemain tout va s'enchaîner. Je crois que j'ai quelque chose comme trois interviews et un shooting photo ce jour-là, le lendemain pareil, le troisième jour, c'est le pire ...et y a plusieurs soirées aussi auxquelles je vais devoir assister et ...bref, ça va être cool. Un peu stressant, mais cool. » je souris doucement, assuré par le fait que ce que j'avance est la pure vérité.

«Tu disais que tu avais déjà été en Amérique, pas vrai ? Où ça exactement ? » Demandais-je en tournant la tête vers Jackson « Le week-end prochain, il n'y aura ni interview, ni shooting photo, ce sera du repos à 100%. Du coup, si jamais le cœur t'en dit, tu auras une voiture de location à disposition si jamais tu as envie d'explorer un peu les alentours ou t'enfoncer un peu plus au fin fond de la Californie» lui expliquais-je, alors que l'hôtesse de l'air nous apporte nos boissons.

C'est un sourire amusé qui s'affiche sur mes lèvres lorsque Jackson fait encore une référence cinématographie en se comparant à James Bond et ses multiples gadgets. Ce jeu entre nous de celui qui fera le plus de référence de films ou de séries me fera toujours triper. En vrai, je suis persuadé que si nous le voulions, nous pourrions, lui et moi, communiquer seulement de cette manière tant les différents thèmes sont vastes. Toutefois, le décollage ne me laisse pas le temps d'en placer une, étant donné que c'est un aspect du vol que je ne supporte vraiment pas.

Fort heureusement, le gros avion se stabilise rapidement dans les airs et trouve aisément son rythme de croisière. C'est à ce moment que je reprends la parole et, après avoir annoncé le fond de ma pensée concernant mon aversion pour les décollages, j'expose rapidement le programme des prochaines semaines. Évidemment, chaque journée sera réellement détaillée la veille, mais au moins de cette manière Jackson peut déjà se préparer mentalement à ce qui va l'attendre. « Hollywood, c'est Hollywood jusqu'au bout » répondais-je en haussant les épaules sans perdre mon sourire «Tous les interview sont scripté, je connais toutes les questions et, même si j'ai une grosse marge de manœuvre concernant mes réponses, j'avoue que même celles-ci sont scénarisé. » je gratifie rapidement une hôtesse d'un hochement de tête lorsque nos boissons sont déposées devant nous puis reporte mon attention sur Jackson « Bon, j'avoue que parfois, il m'arrive d'improviser, mais ça reste assez rare» j'attrape la bouteille d'eau et en verse un peu dans le gobelet «l'avantage d'avoir les questions, c'est que je peux gérer la chose et éviter qu'il n'y a pas toujours les mêmes questions qui reviennent » assurais-je en portant le contenant à mes lèvres pour en prendre une longue gorgée.

J'apprends, par la suite, que Jackson a déjà été à Washington et New-york et qu'il n'a passé qu'une journée à LA «en vrai, je ne pense pas que tu va kiffer LA » présumais-je en affichant une moue de réflexion «C'est la ville de tous les contrastes, hyper dense, très pauvre et extrêmement riche en même temps, aussi belle que tombant en ruine, autant sécurisé que pas du tout ...y a des endroits magnifiques et d'autre vraiment horrible ...bref, tu me diras ce que t'en penses. Personnellement, s'il n'y avait pas la plupart des studio de tournage là-bas, je ne pense pas que j'y mettrais autant les pieds » haussais-je les épaules «A côté je dois avouer que je préfère vraiment Atlanta qui est une ville beaucoup plus accessible et qui regorge, elle aussi, de studio incroyable » je repose mon gobelet sur la tablette et me recule « Mais les alentours de LA sont magnifique »

C'est, finalement, un regard intrigué que je pose sur mon garde du corps lorsqu'il m'informe que sa meilleure amie 's'entraîne dans le désert de californie'. Fronçant les sourcils, j'incline légèrement la tête sur le côté, réfléchissant à ce qu'il veut dire par là et fini par me dire que le mieux c'est de lui demander directement « C'est-à-dire ? Elle s'entraîne à quoi ?» car finalement, il est vrai que je ne connais que très peu voire rien de la vie de celui qui va me suivre ce prochain mois, autant essayé, donc, de lui soutirer quelques informations « Repos, ouais. Je crois que j'en aurais besoin» je laisse échapper un rire et me recule contre le dossier de mon siège « Bon, repos pour le corps évidemment, parce que je vais devoir me préparer à tout ce qui va se passer la semaine d'après et j'ai quelques script qui m'ont été envoyé que je vais être obligé de commencer à lire aussi» je désigne mon sac à dos dans lequel se trouvent les différentes liasses de feuilles « En tant que bon Australien, tu surf, je suppose ? Je connais un super spot un peu à l'extérieur de la ville si jamais ça te tente un soir ou un matin. »

Sourire amusé sur les lèvres et sourcils arqué, je laisse échapper un rire amusé lorsque Jackson m'annonce que 'the show must go one' « Après les références cinématographiques, on se lance dans les références musicale ? » Demandais-je, secouant doucement la tête « T'écoute quoi comme musique d'ailleurs ?» Curieux comme à mon habitude, j'essaie réellement d'apprendre à connaître davantage mon ami et protecteur. « Je parie sur du hip hop des années des 90 et un peu de rap, j'me trompe ? ?» Proposais-je, au hasard, sachant pertinemment que je me trompe sans doute/

Je lui parle ensuite de LA et de ma façon de percevoir la ville et la seule chose qu'il me dit que c'est qu'au moins il fera chaud. « Le sens des priorités est différents de chacun à ce que je vois» lançais-je sur le ton de l'humour avant que Jackson ne m'apprenne que sa meilleure amie est entrain de s'entraîner dans le désert car elle pilote pour l'armée «AH ouais, impressionnant » soufflais-je tout en attrapant ma bouteille d'eau que j'ouvre distraitement « Je vois que l'amour des sensations fortes est puissant au point de se retrouver chez l'autre» je rigole doucement et prends une gorgé de mon eau « Est-ce qu'elle est aussi du genre à se lancer dans le vide et sauter entre deux immeubles ?» Cette question, posée avec ironie, montre toutefois à quel point ce saut périlleux m'a impressionné et ce même des semaines après.

Changeant, encore une fois, de sujet, je finis par lui demander s'il surf et si ça le tenterait de tester un spot à l'extérieur de Los Angeles. Pendant plusieurs secondes, Jackson me fixe comme s'il venait de voir la sainte vierge descendre d'une soucoupe volante, avant que son regard se glisse le long de ma jambe. C'est à ce moment-là que je comprends pourquoi il semble aussi choqué par ma proposition : il est incapable de savoir comment un amputé puisse réussir à tenir sur une planche. Lorsqu'il s'exclame que 'ça glisse !', je laisse échapper un rire en hochant la tête « No shit Sherlock» je me redresse un peu et m'installe plus confortablement sur le siège « tout est possible avec le bon équipement» expliquais-je en haussant les épaules « Là, j'avoue, que j'ai été sacrément privilégié car bon ...Ce n'est pas comme si j'étais un pro du surf et que je n'ai pas forcément besoin de surfer si ce n'est que parce que j'adore ça, donc les assurances ne couvrent pas les coûts de fabrication » je recule la tête contre le dossier « mais c'est le genre de défis à la con que je me suis lancé après l'opération : retrouver les sensations sur une planche. Du coup ben ... Mon prothésiste m'a fait une prothèse sur mesure que j'ai payé moi-même et c'est là que je remercie mes années d'acharnement à la RADA qui m'ont permis de faire le métier que je fais actuellement » sous entendu : j'ai assez d'argent pour pouvoir me payer une prothèse qui coûte dans les 10 000 $ « Mais du coup, oui, j'ai repris le surf en fin d'année dernière. Ce n'est pas encore l'idéal, mais les sensations reviennent tout doucement à force à me retrouver debout sur une planche. »

Je ferme vivement le point en un »YESSS ! » Silencieux lorsque j'apprends que je ne me suis pas trompé concernant les goûts musicaux de Jackson. Il faut dire qu'il a la tête de l'emploi en même temps et j'avoue que j'aurais été extrêmement étonné qu'il m'annonce qu'au contraire, il a une passion pour le hard rock. Bien que, au final, ça aurait pu le cas tant, la musique est vaste et que je ne suis pas non plus le plus physionomiste des humains. «J'aurais eu du mal à t'imaginer en train de faire du headbang lors d'un concert de AC/DC » avouais-je en laissant échapper un rire alors que l'image d'un Jackson aux cheveux longs et secouant la tête en rythme me faire quand même pas mal sourire. «Moi j'écoute de tout. Mais genre vraiment, même si j'avoue avoir une passion pour le rock indépendant » j'hausse les épaules « Mais bon, je peux autant m'extasier devant un opéra que lors d'un concert de Rammstein» expliquais-je lorsqu'il me retourne la question. Je n'ai jamais aimé les étiquettes et je n'ai jamais voulu me contenter d'un seul style musical.

De la musique, nous faisons ensuite un petit aparté en parlant de la meilleure amie de Jackson qui vole pour l'armée australienne et qui se trouve, actuellement, dans le désert Californien. Curieux, j'apprends quelque chose qui en dit long sur leur relation : elle l'aurait plus chambré qu'autre chose lors de son saut entre deux immeubles. «Ah ouais, je vois le genre » dis-je en rigolant doucement, amusé.

Ce rire, toutefois, meurt lorsque nous venons à parler de comment je peux me tenir debout sur une planche de surf et que Jackson fini par se montrer un peu plus curieux concernant ma vie privée. Je baisse un instant le regard et hésite, non pas parce que je ne souhaite pas le laisser dans le flou, mais parce que je n'ai pas forcément l'habitude de me confier là-dessus. Toutefois, après avoir rassemblé mes idées afin de trouver les mots et avoir prit une gorgé de mon eau, je fini par relever le regard « 2019» répondais, restant d'abord relativement vague «C'est en février de cette année là que j'ai passé un examen médical parce que je commençais à avoir des douleurs diffuses dans le pied » je pose un instant mon regard sur le moignon puis hausse les épaules « La radio a montrée l'apparition d'un ostéosarcome et la biopsie a révélée que les cellules cancérigènes étaient déjà à un stade très avancé et que je risquais à tout moment une septicémie et donc, inévitablement, la mort» expliquais-je en restant le plus détaché possible «Du coup, j'avais deux choix : qu'on m'ampute le pied ou que je meurs dans les prochaines semaines » je hausse les épaules et reporte mon attention complète sur Jackson «Autant te dire que j'ai choisi la première option parce que bon faut dire ce qu'il en est : 33 ans, c'est un peu jeune pour crever » je laisse échapper un rire et reprends une gorgée de mon gobelet « Donc ...voilà. Le 28 février 2019, je me suis réveillé avec un pied en moins et une nouvelle vie qui commençait» annonçais-je avec une petite touche d'humour « et 3 mois après l'opération, je courais mon premier semi-marathon » autant finir les explications sur une touche plus légère.

C'est un air innocent que j'affiche lorsque Jackson siffle d'admiration et s'exclame que je ne fais pas les choses qu'à moitié en terme de rééducation  « J'avais pas trop le choix en vrai» haussais-je les épaules  « Je veux dire ...dès le moment où la décision de me séparer de mon pied était prise, je me suis juré que ma vie ne changerait pas» je grimace un peu  «Bon, c'est un peu foutu car clairement mon quotidien s'est retrouvé bouleversé » je souris doucement, amusé  «Mais au final, je me suis découvert une sacré force de caractère que je ne pensais pas avoir avant. Il faut dire aussi que j'ai eu le gros avantage de ne pas avoir de problème au niveau de la guérisons du moignon et que la cicatrisation s'est faite de la meilleure des manières possible. » je hausse les épaules  «Les complications sont arrivé quelques mois après le semi marathon mais en somme je dois dire que je fais parti de ceux qui ont connu une très bonne évolution vraiment » assurais-je  « Après, je suis aussi quelqu'un de très consciencieux et j'ai toujours suivi les consignes à la lettre, ce qui a sans doute aussi contribué au fait que je guérisse aussi vite» je baisse mon regard sur mes jambes  «ça et le fait que j'ai assez facilement accepté mon handicap du coup »

Le fait que j'ai parlé d'un semi marathon, rappel à Jackson une anecdote marrante concernant celui de Brisbane. Posant mon regard sur le jeune homme, je l'observe sortir un magasine de son sac à dos et éclate de rire à la photos qui orne la couverture  « Mais non !» m'exclamais-je en attrapant le magasine, mon rire s'accentuant un peu lorsque je lis le titre  « Ils se sont trompé par contre...C'est pas seulement une bromance mais une vraie romance» lançais-je, amusé, en posant un regard amoureux sur Jackson, papillonnant des yeux avant de secouer la tête  « Non mais regarde nous ! Cette classe qu'on a quand même» je secoue la tête  «là, clairement, je ne peux pas en vouloir aux paparazzi. J'ai limite envie de les contacter pour leur demander cette photo là en haute résolution. On serait beau dans les locaux de l'association, non ?» que je propose avec ironie avant de soupirer  «Tu vas voir, on va encore nous photographier à LA et à Londres aussi et ils vont dire qu'on est en voyage de noce » je pouffe de rire alors que je redonne le magasine à Jackson  «Désolé, j'espère que t'as personne dans ta vie qui risque d'être jalouse de cette relation que nous avons » autant prendre le tout à la rigolade, c'est mieux que de s'en offusquer  «D'ailleurs il n'y a eu aucune photo de notre course poursuite qui a été publiée il me semble » réfléchissais-je à haute voix tandis que je me penche en avant pour ajuster un peu le manchon sur mon moignon.

J'avoue n'avoir aucune idée de combien de temps j'ai dormi, fait est que c'est l’hôtesse de l'air qui m'a réveillée peu avant que le pilote n'annonce que nous entamons la descente sur Los Angeles. Après avoir remis mon siège droit et avoir mis en place la ceinture, je me tourne vers Jackson lorsque celui-ci me rappelle l'existence de l'oreillette et du micro. Je fronce un instant les sourcils par incompréhension le temps que l’information monte au cerveau avant de me pencher vers mon sac et sortir le petit boîtier. Avec les quelques explications de mon garde du corps, je met le tout en place peu avant l’atterrissage de l'avion.

Jackson, mon crew et moi-même sommes les premiers à sortir et les premiers à gagner l'aéroport. Évidemment, les gens sont forcément au courant que j'arrive aujourd'hui sur le sol américain et se sont rassemblé en nombre devant la sortie. Après une rapide concertation avec Jackson et après avoir eu son feu vert, je me dirige vers la foule et me prends une bonne quinzaine de minutes pour signer quelques autographes, prendre des selfie ou simplement discuter avec les gens qui se sont prit la peine de se déplacer jusqu'ici. Tout se passe dans la joie et la bonne humeur et j'avoue que j'aurais bien aimé rester un peu plus longtemps si notre timing n'était pas aussi serrer.

Ainsi, quittant la foule en délire, nous nous dirigeons vers les voitures, prenant place à l'arrière aux côtés de Jackson qui ordonne au chauffeur de verrouiller les portes. A son explication, je réponds par un hochement de tête compréhensif et observe une dernière fois les gens avant que nous ne quittions l'aéroport. C'est à ce moment que Jackson reprends la parole me demandant ce que je pense du fait qu'il soit armé. Arquant un sourcils, je l'interroge du regard alors que mes yeux se pose sur l'arme qu'il me montre. Ayant un avis plus que mitiger sur le port d'arme, je fini toutefois par hausser les épaules  « ça peut être un plus» dis-je sobrement  «Je suppose que si tu l'as c'est que tu sais t'en servir » j'humecte mes lèvres puis reporte mon attention sur l'extérieur et le paysage précédent Los Angeles qui défile  «En espérant juste que tu n'en ais pas besoin » mon ton est peut-être un peu trop froid et plus sec que ce que je souhaitais dire.

Nous mettons presque deux heures avant d'atteindre notre hôtel, tant le trafic est dense à cette heure de la journée. Fort heureusement, le staff de notre résidence est aux petits soins avec nous et nous guide directement dans la suite que Jackson et moi partagerons. Lorsque le manager s'en va après nous avoir rappelé l'heure à laquelle aura lieu la réception qui est prévue pour nous, je me laisse tomber sur le lit  « J'avais oublié à quel point rouler en voiture à LA est horrible» soufflais-je en me massant les paupières et les tempes espérant chasser la migraine qui commence à se former.  «Enfin bref, on a donc trois heures devant nous, ça nous laisse largement le temps de faire quelque chose. » je me redresse et cligne des yeux en direction du jeune homme  «Qu'est-ce que tu veux faire ? On reste ici ou on va se balader en ville ? »

Je dois surprendre Jackson. Voilà la mission qu'il me donne à faire pour les prochaines heures. Alors qu'il se dirige vers la douche mon cerveau se met en route et j'essaie de réfléchir aux trucs les plus fun à faire dans le coin. Je fini par abandonner l'idée d’échafauder un plan à la dernière minute et décide que nous nous laisserons porter par nos envies du moment. En attendant, je me dirige vers la deuxième salle de bain de laquelle je sors plusieurs minutes après Jackson, qui m'attends dans la pièce principale, valise ouverte à se demander si je préfère le All black ou qu'on se fonde dans la masse.

« Plutôt quelque chose de discret. » je lance un coup d’œil vers la valise du jeune homme « Enfin, discret ... quelque chose qui se fonde dans la mode de LA quoi» reprenais-je, amusé, en voyant les habits aux couleurs criardes qui sont transportées par le garde du corps. «Bon, moi par contre je vais laisser la prothèse ici » expliquais-je « Mon genou commence à nouveau à faire un peu des sienne et comme je vais devoir être beaucoup sur pieds les prochains jours ...Bref » je hausse les épaules alors que j'enfile un t-shirt basique ainsi qu'un short avant d’attraper ma casquette que je visse sur ma tête «et j'ai une petite idée de ce qu'on peut faire ... » Dis-je en souriant doucement alors que je prends place sur mon fauteuil roulant. Je laisse le temps à Jackson de s'habiller avant de me diriger vers la sortie de la suite.

Une heure plus tard, le chauffeur nous dépose au niveau de Burbank Airport, juste à côté de l'hélicoptère qui nous emmènera au-dessus de LA pendant une heure et trente minutes. « Comme t'as encore jamais vu Los Angeles ... Autant prendre de la hauteur pour te faire une idée de l'immensité de la ville» dis-je en descendant de la voiture. Le pilote et le copilote s'avancent vers nous, nous accueillant avec un large sourire avant de nous guider vers l'hélicoptère. Après nous avoir donner quelques consignes de sécurité, avoir vérifié que chacun était bien installé et que nos casques de communications fonctionnent bien, les portes de l'appareil se ferment et le bruit assourdissant des hélices se met en route. Me tournant vers Jackson, je lui adresse un large sourire, moi-même excité à l'idée de refaire ce tour. Car, même si ce n'est pas la première fois, je dois avouer que c'est toujours une expérience incroyable.