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 SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY}

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Message(#) Sujet: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyJeu 1 Sep - 0:30





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«Tu es sûre que ça va bien se passer ? » Ma soeur a roulé des yeux. Elle est fatiguée de m’entendre lui poser la même question, chaque jour, depuis que j’ai quitté Sam, alors que je pose un dernier baiser sur le front de mon bébé assis sur les genoux de ma cadette. Je n’aime pas la laisser. Non pas que je n’ai pas confiance en Yaël, mais parce que je me méfie de mon ex. Qu’importe qu’elle soit aux abonnés absents depuis le jour où j’ai empaqueté mes affaires. Etonnamment, l’absence de nouvelles ne me réjouit pas : elle est imprévisible, mon ex. Et moi, ce chantier de jardinage, j’en ai besoin pour payer mon loyer, nourrir mon enfant et pour me sentir utile. Lorsque je l’ai accepté, ce boulot, je distinguais à peine une hortensia d’un passiflore. J’ai passé de longues nuits à observer des tutos, à m’entraîner aux taillages des haies sur celles de mes voisins, gratuitement, juste pour l’exercice. Ce fut payant : mes employeurs ont l’air ravi de mon travail. Ils s’offrent même quelques jours de vacances, ce qui sous-entend qu’ils ont confiance. Ce n’est pas le moment de la perdre : tout le monde sait que la meilleure des publicités, c’est le bouche à oreille. En pareilles conditions, hors de question que Yaël me téléphone toutes les trente secondes sous prétexte que la petite me réclame ou qu’elle m’a dessiné un chef d'œuvre. «Je ne plaisante pas, Yaël. Rien de fantasque aujourd’hui, ni même les trois jours qui suivent…» l’ai-je avertie de nouveau en ramassant ma veste. «J’ai des échéances et je dois les respecter. Entendu ? » Elle a rétorqué d’un bla bla bla qui, dans son langage, signifie que le message est bien passé. Je me suis donc rendu dans l’immense des Shears le coeur un rien plus léger. J’étais rassuré : pas d’entrave familiale aujourd’hui. Et, en même temps, en partie inquiet. La fille de la famille, à elle-seule, me distrait bien suffisamment. Elle dégage une aura de mystère qui supplante celui de l’interdit lié à notre différence d’âge. Son regard semble nous empaler l’âme au point de nous lire. C’est comme si elle était en mesure de percer tous nos secrets. Aussi, ai-je essayé à plusieurs reprises d’éviter de croiser ses pupilles. Sauf que c’est impossible. Elle est captivante et je prie, en sortant mes outils et en enfilant mon uniforme - gants, tabliers, bottes en caoutchouc - pour qu’elle se soit évaporée vers la destination choisie par ses parents. C’était trop en demander à l’univers. Je l’ai trouvé là, dans un bikini sage, mais seyant. Son chapeau de paille ombragent ses traits et accentuent sa beauté froide, cet éclat propre à la jeunesse et, plus certainement, à sa personnalité. Mais quelle est-elle ? Que cache-t-elle ? Quelles sont ses passions ? Mille questions me traversent l’esprit chaque jour où je m’épuise à travailler pour ses parents. Des questions de plus en plus personnelles parce que nos regards se croisent de plus en plus régulièrement et de moins en moins innocents. River - c’est son prénom, elle me l’a glissé une semaine auparavant, au hasard d’une conversation - et moi, nous ne flirtons pas directement tel de futurs amoureux qui s’envisagent. Nous nous appréhendons, nous nous cherchons, nous sommes intrigués par ce que nous dégageons l’un et l’autre, elle depuis son balcon où elle fume sa cigarette et moi, du niveau inférieur, les pieds dans le gazon. J’ignore pourquoi, en cette journée particulière, tandis qu’elle prenait un bain de soleil sur son transat, je lui ai décoché un sourire en me cachant les yeux du soleil pesant et aveuglants. Il est pourtant né sur mon visage et s’est même accompagné d’un : «Je trouve que ça vous va bien cette couleur de lait. C’est réconfortant.» qui m’a moi-même surpris.




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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyJeu 1 Sep - 10:57


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Je trouve que ça vous va bien cette couleur de lait. C’est réconfortant. Elle redresse légèrement la tête, intriguée par la voix qui a prononcé ces mots de son propre-chef. Non pas qu'elle ne l'ai jamais entendue, ils en ont déjà échangés des mots, mais toujours à son initiative à elle. Jamais l'inverse jusqu'à aujourd'hui. Elle avait déjà remarqué ce timbre singulier qu'il a, mais sur cette initiative étrange celui-ci semble plus flagrant : légèrement éraillé, grave et presque nasillard à la fois. Simple et à la fois distingué sans même faire exprès. C'est pas volontaire cet espèce de présence discrète mais ancrée qu'il a parce que la légère hésitation qu'il semble avoir eut s'est trahie dans la façon dont il a terminé sa phrase. Et de ce constat River sait qu'il tâtonne. Ils sont deux à le faire, mais elle n'est pas certaine que les motivations soient les mêmes. Probablement car elle n'est pas certaine de ses propres motivations pour commencer. Est-ce l'idée de voir autre chose que des personnages guindés et fortunés dans le domaine familial qui lui a automatiquement fait reporter son attention sur le jardinier ou bien l'air triste et profond qu'il semble avoir gravé sur la peau de son visage sans s'en rendre compte ? Est-ce la solitude créée par le départ soudain de son premier amour dont les lettres oscillent entre espoir et désespoir ou sa curiosité naturelle qui l'ont menée à le fixer parfois durant assez de minutes pour paraître impolie ?
River dépose son livre sur le côté pour le troquer contre son paquet de cigarettes. Réconfortant ? Elle jette un œil sur elle-même, son bikini blanc en crochet en particulier avant de reporter ses yeux sur l'ouvrier avant d'enfin allumer la cigarette qu'elle faisait danser entre ses doigts. Elle a souvent senti son regard sur elle, elle a conscience du soleil qui est prêt à brûler sa peau méchamment, des remarques sur celle-ci que lui font parfois sa famille, aussi River plisse légèrement les yeux. Parle-t-il vraiment de sa peau ou a-t-elle lu trop de romans ? Qu'importe qu'il parle de son maillot, le commentaire aurait jugé comme déplacé s'ils n'avaient pas étés seuls. Si. C'est pas un peu ton sur ton ? S'amuse-t-elle alors comme pour confirmer ses doutes bien que la réponse ne compte pas réellement. Elle lui sourit en retour avant de sortir une seconde cigarette et se lever. Jamais elle n'est venue directement à sa rencontre, ils se sont toujours croisés, observés de loin, parfois l'air de rien, pas toujours. Ce jaugeage s'est presque transformé en obsession, alors qu'elle assumait d'être là sous ses yeux ou jamais bien loin, elle a fini par parfois profiter d'un rideau mal fermé pour l'observer. Se demandant en même temps ce qu'il faisait, où ses parents l'avaient-ils trouvé, pourquoi il était seul, d'où il venait ? Quel âge il avait ? Assez pour ne pas être comme les abrutis du lycée qui ont faillit mal finir. Trop pour poser ces questions à ses parents directement, Matthew le lui avait bien fait comprendre avec une de ses moqueries habituelles : celles de celui qui a compris, qui a tout vu. Celles de celui qui pense que ce n'est qu'une passade, qui préfère voir sa sœur agir comme une adolescente en regardant de trop près un adulte plutôt qu'en fréquentant un adolescent perturbé et inquiétant. Tenez, prenez une pause. Il s'est jamais trop permis de prendre ses aises au manoir, mais elle l'a vu fumer une fois en quittant les lieux. Une fois face à lui son sourire de façade se transforme en un vrai et au même moment sa propre composition s'effrite légèrement. River tourne les talons avant de lancer : Même une pause piscine si vous voulez, je ne dirais rien. Retournant s'asseoir sur une chaise à l'ombre cette fois, accompagnée d'un sentiment bredouille, la brune remet ses lunettes de soleil sur son nez. Elle aimerait se cacher derrière, se demandant ce qu'il lui a prit sans réussir à ne pas afficher un sourire satisfait. Ils ont déjà parlés auparavant, au détour d'un couloir peut-être, croisés par leurs directions divergentes souvent, qu'est-ce qui diffère aujourd'hui ? Sa propre audace la gêne, pourtant River regarde toujours dans la direction du jardinier brunit par le soleil, comme celle qui attend. J'aurais simplement pu dire "merci".



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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyJeu 1 Sep - 21:39





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Est-ce le livre qu’elle tenait entre les mains qui a attiré mon attention ? Est-ce par envie - j’aimerais faire défiler les pages avec la même célérité que la jeune femme - que j’ai décidé de prendre l’initiative d’un compliment à son égard ? Non ! C’est plus compliqué. Moins superficiel. Plus subtil comme intérêt. Je crois que c’est lié à ce qui se dégage de ses gestes, de ses traits à la fois doux et sévère, de ce paradoxe qu’elle semble traîner derrière elle, avec confiance et avec panache parce qu’elle sait qu’elle belle, River. Elle sait qu’elle sait aussi qu’elle est différente des autres. Je n’ose lui demander son âge de peur d’être déçu, mais de quoi ? D’être forcée de m’en tenir à l’écart ? Je ne nourris aucune mauvaise intention. Je ne la drague pas non plus même si, dans le fond, ma remarque est un tantinet équivoque. La vérité - du moins, je le crois - c’est que je suis attiré par sa froide timidité et par ses chaleureuses interventions. Je suis attiré par ce qu’elle dégage en intelligence, moi qui me considère comme un imbécile en puissance. Je suis attiré par l’idée d’apprendre à son contact. «Oui ! Réconfortant. Comme un pain au chocolat qu’on tremperait dans un chocolat chaud pendant un hiver rigoureux.» Je n’en ai pas connu, je me contente de les deviner, de les imaginer ressemblant à ceux qui apparaissent dans les films que j’ingurgite. Dans ceux-là, la jeune adulte rêve d’un ton hâlé, raison pour laquelle elle se prélasse autour de la piscine du domaine familial. N’est-ce pas le cas pour elle ou se joue-t-elle de ma remarque ? De son caractère ambivalent ? J’esquisse un sourire, peut-être même un rire frais, discret, malaisé ou embarrassé d’avoir à me corriger. «Le maillot de bain ? Je ne sais pas. Ce que je voulais dire, c’est que vous n’avez pas besoin de prendre le soleil…» Pour être plaisante à regarder, pour avoir un “truc” en plus. Il existe, il est en elle et je suis convaincu qu’elle est parfaitement lucide sur la question. Sa démarche en témoigne. La fluidité de son geste tandis qu’elle me tend une cigarette en est une seconde preuve. Je la récupère en la remerciant, mais je ne l’allume pas, pas de suite. Et pour cause, je n’ai pas le temps de sortir mon briquet de ma poche qu’elle s’en va déjà, m’invitant à un plongeon dans la piscine sans donner l’impression qu’elle y participerait, à cette pause. A quoi ça rimerait de la prendre sans elle ? De fumer sans elle ? Qu’est-ce que ça m’apporterait alors que j’ai du travail ? Que j’ai des délais à respecter et qu’elle est la fille de mon patron ? «Pourquoi faire ? » lui ai-je lancé, perplexe, sans avoir cheminé vers le transatlantique qu’elle a investi. « Cette pause ? Pourquoi je fumerais ou baignerais sans vous si c’est vous qui me l’offrez, cette pause. Je vais être obligée de décliner si vous restez là où vous êtes.» ai-je ponctué en haussant les épaules, mon menton appuyé sur mon outil de travail et ma main en visière sur mon front. «Alors ? » ai-je insisté en allumant, cette fois, la flamme de mon briquet.



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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyMar 6 Sep - 15:34


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Oui ! Réconfortant. Comme un pain au chocolat qu’on tremperait dans un chocolat chaud pendant un hiver rigoureux. L'image l'a amusée. Outre l'imaginaire évident de cette comparaison, c'est la première fois qu'on lui appose des qualités liées à la chaleur. Le réconfort elle l'a déjà offert par le passé, sans faire exprès, sans intérêt, à ce moment c'était simplement allé de soi, mais même dans cette configuration personne ne l'avait qualifiée de chaleureuse d'une façon ou d'une autre. Être perçue comme capable de renvoyer à l'idée presque enfantine d'un goûter hivernal l'a autant amusée pour l'inédit que pour ce que cela reflète de son interlocuteur. Ce que ça relève de sens mis en émoi par son imagination comme de la scène visualisée qui tend à le rendre presque candide quand il lâche ça avant de rire légèrement. Et de ce rire qu'elle lui entend pour la première fois, se dégage quelque chose de frais et chaleureux. On y revient. Voit-il en elle ce qu'elle perçoit en lui ? Le jardinier précise son propos avec égaiement tout en semblant presque gêné. C'est sans doute à ce moment précis que River a décidé d'aller à son encontre, maintenant qu'il a dévoilé un léger pan de sa personnalité et non de sa profession. Maintenant qu'il a confirmé ce qu'ils savaient déjà tout les deux à force de regards échangés, maintenant qu'il a aussi montré qu'il ne fonctionne pas sous les mêmes codes que ses proches puisque une fois sa remarque précisée Joshua affirme n'avoir définitivement pas le même avis que d'autres à son propos. Un sourire pour toute réponse à ses remerciements et la brunette et partie se remettre à l'ombre cette fois. Pourquoi faire ? Les sourcils de River se tordent d'incompréhension tout en levant la tête comme pour signifier qu'elle attend des précisions à cette question. Cette pause ? Pourquoi je fumerais ou baignerais sans vous si c’est vous qui me l’offrez, cette pause. Je vais être obligée de décliner si vous restez là où vous êtes. Elle reste sans voix une fraction de seconde River, avant de pouffer, incrédule, secouant légèrement la tête. Poussée par son esprit de contradiction ou peut-être pour avoir le dernier mot elle répond, moins à l'aise qu'au préalable mais peut-être plus divertie encore : Si je vous offre un pourboire, vous ne le dépenserez qu'avec moi ? mais il reste planté dans son coin, ni décidé à bouger ni à se remettre au travail. Alors ? lâche-t-il seulement, allumant nonchalamment la cigarette qu'elle lui a offert  en grand Seigneur désormais invitée à assumer la conséquence de ses actes. River pouffe une fois de plus, abasourdie cette fois. Alors je suis là, j'attends. Rétorque-t-elle finalement, sans oser relancer son regard vers son aîné bien que ses lunettes de soleil lui permettent de ne pas trop se dévoiler. Elle a conscience de sa mauvaise foi et baisse la tête un instant, lèvres plissées l'une contre l'autre comme si elle appréhende le résultat de cet échange : que craint-elle le plus ? Le voir approcher ou ne pas bouger ? Avant de regarder au risque d'être influencée dans un sens ou l'autre, la jeune fille se relève clope au bec pour se diriger vers les marches de la piscine. Vous pensez réellement avoir la conscience plus tranquille si je partage cette pause avec vous ? Lance-t-elle avant de croiser les bras, arrêtée face à l'eau. Je vous accompagne si vous laissez tomber les freesia, à la place je préférerais vraiment des hortensias... River recrache lentement la fumée de sa cigarette tout en reportant son regard sur celui qui vient de la divertir et l'égayer bien qu'elle semble encore pas tout à fait décidée à jouer fair-play.


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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyVen 9 Sep - 0:01





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A priori, ma réaction la laisse dubitative et je m’en amuse sincèrement. A quoi s’attendait-elle ? Que j’allais la fumer seul, la cigarette qu’elle m’a offerte ? Que j’enlèverais mon t-shirt et mon pantalon pour tremper dans la piscine privée du manoir de ses parents si elle ne m’accompagne pas ? Quoique ma constatation par rapport à son teint n’ait qu’en partie vocation à la flatter - ça n’en reste pas moins un compliment somme toute sincère. N’ai-je donc droit qu’à la solitude de ce job un peu ingrat qui n’est pas tout à fait le mien, mais pour lequel sa mère est ravie ? Je renâcle. Je me rebiffe, l’air plaisantin et un sourire figé sur les lèvres. Je m’égaie de ses traits d’esprit et j’avance d’un pas dans sa direction. «Évidemment. Je vous emmènerais boire…» Un café ? A son âge, ça fait vieillot, non ? Elle préférerait peut-être une bière ou un cocktail. C’est quoi, son type de sortie favorite ? J’essaie de la lire, je n’y arrive, je me lance donc à l’aveugle. «Un cappuccino ou un café serré ailleurs que dans un Starbucks.» J’ai haussé les épaules. Puis, j’ai renchéri d’un : «Mais, avant ça, je serais vexé que vous m’en laissiez un. J’aurais l’impression que vous me faites la charité.» J’exagère, mais de pas grand-chose. Je n’ai pas une grande notion de fierté, mais je tiens à ce minimum qu’il me demeure. Je ne la braderai pas en acceptant quelques pièces émanant du portefeuille de la fille de mon employeur. En revanche, puisque cette conversation est entamée, je me laisse charmer par l’audace de River. Elle le quitte, son transat. Elle rejoint le bord de la piscine et ose prétendre qu’elle m’attend. J’en ris de bon coeur et je poursuis ma course vers la jeune femme, un brin plus timide ou intimidée. Elle ne m’observe pas. Ses pupilles ne soutiennent pas les miennes et je me demande ce que ça cache. Que cache-t-elle réellement ? Par ailleurs, pourquoi n’est-elle pas partie avec ses parents ? Pense-t-elle qu’elle est trop vieille pour ça et trop jeune pour moi ? Je la détaille et je m’approche un peu plus près de l’eau. «Ce n’est pas une question de conscience, mais, de curiosité, je crois.» Je dépose mes outils et, sans plus m’encombrer de l’éventualité somme toute impossible d’être surpris par quelqu’un susceptible de me licencier, j’improvise un ourlet à mon short de travail, histoire de m’asseoir sans crainte sur le bassin… j’y prends place assez loin pour ne pas me mouiller les fesses, mais près, de sorte que mes pieds déchaussés puisse tremper dans l’eau. Elle a une température agréable. « C’est un choix de madame, les freesia. Et, j’ai le sentiment que c’est pas forcément bon de contrarier votre maman. C’est une idée ? » Cette fois, j’allume ma cigarette, j’en tire une bouffée et, levant un regard sur le ciel, je me dis que la vie n’est pas si mal, finalement. «Si vous arrivez à la convaincre, je peux vous planter des hortensias en dessous de la fenêtre de votre chambre. C’est laquelle ? » Quelle pièce de la maison dans laquelle je n’ai jamais mis les pieds.



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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyVen 9 Sep - 13:25


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Il redéfinit les termes "simple" et "facile" dans le lexique de River. Normalement, elle utiliserait ces mots pour évoquer que ce qui est simple n'est pas intrigant et de fait n'attise que très peu son intérêt; quant à la facilité ce n'est pas un chemin qu'elle a l'habitude de prendre, car là encore l'intérêt reste très superficiel. River n'est pas encline aux chemins de traverse. Mais le jardinier, lui, bouleverse ses codes. Sa simplicité est agréable et naturelle, il n'apparaît pas simple d'esprit, mais simple avec ce qui l'entoure, avec elle notamment. Il rend les choses faciles même en semant des petites embûches sur la route, le fait-il par conviction ou pour s'amuser ? Le fait-il car il sait que ces branches sur la voie de River feront son bonheur ou est-il foncièrement comme ça : simple, facile mais pas que. Le manoir est rempli de personnes compliquées, de secrets, de mots à dire et ne pas dire, de règles tacites que la brune se plaît à balayer ostentatoirement d'un revers de la main quand son aîné feint seulement de les suivre et que sa cadette s'applique sérieusement à ne pas y déroger. Peut-être est-ce le fait de trouver une personne en parfaite dissonance avec cet environnement dans cet environnement même -justement- qui permet à River de la voir réellement plutôt que de s'arrêter sur un a priori. Peut-être aussi qu'il est plus facile de vouloir voir quand d'autres éléments sont déjà plaisants et agréables, facile de suivre le mouvement quand on est déjà harponnée. Ainsi, quand River se prête à suivre les non-règles du jardinier, déduisant de son comportement ce qu'elle pourrait ériger en généralités lorsqu'il sera question de décrire Joshua, ce dernier les confirme en y ajoutant toutefois un je ne sais quoi d'incompréhensible. Elle sourit, à l'idée d'un café, à la précision du lieu où ils n'iraient pas, fronce les sourcils amusée quand il souligne que la situation n'arriverait probablement pas. Est-ce de l'orgueil ? Elle aimerait le rassurer, lui dire qu'elle n'est pas de ceux qui espèrent tout acheter et racheter en crachant petite monnaie ou gros billets. Je dois alors trouver ce que je pourrais vous céder et que vous ne puissiez partager avec moi. Voilà le caillou qu'il a mit sur sa route avec élégance et sans doute sans faire exprès. River s'en fait un défi, comme une envie d'avoir le dernier mot mais surtout de comprendre celui qui a l'air de n'être rien de plus que ce qu'il est tout en donnant l'impression de cacher plusieurs secrets au fond de ses yeux et derrière son sourire franc mais réservé. A cette idée, elle regarde autour d'elle, voit son livre laissé sur un transat et ne dit plus rien. Ce n’est pas une question de conscience, mais, de curiosité, je crois. River tourne la tête vers Joshua et l'observe s'installer au bord de la piscine, les pieds dans l'eau, sage mais décidé, ses boucles brunes retombant légèrement sur son front, ses pattes trempées de sueur, ses épaules brunies bientôt rouges. Il fait quoi quand il n'est pas là ? C'est une cicatrice qu'il a sur la lèvre ? Comment a-t-il connu son père ? En terme de curiosité la jeune fille a son lot de questions aussi. C’est un choix de madame, les freesia. Et, j’ai le sentiment que c’est pas forcément bon de contrarier votre maman. C’est une idée ? Elle rit. Avery trouverait le moyen de se contrarier elle-même si personne ne veillait à le faire à sa place. Comme reboostée, River entre dans la piscine jusqu'aux genoux avant de s'arrêter pour se rapprocher du bord y déposer son chapeau avant de réduire la fraise de sa cigarette dans le cendrier à proximité qu'elle approche de Joshua par la même occasion. Si vous arrivez à la convaincre, je peux vous planter des hortensias en dessous de la fenêtre de votre chambre. C’est laquelle ? Se retournant pour s'accouder au bord, River relève ses lunettes et regarde plus haut, imitant presque son compagnon de solitude estivale, elle sourit à l'idée qu'il propose, moins à l'idée d'avoir à demander à sa mère avant. C'est... Commence-t-elle, amorçant un geste avant de s'interrompre pour regarder Joshua en prenant une bouffée de nicotine. Vous savez très bien quelle fenêtre c'est je crois. Il y a assez levé les yeux pour savoir, ou du moins pour le deviner. Niera-t-il ? J'ai l'âge qu'il faut pour pouvoir se passer de l'avis de ma mère. Elle prononce ces mots avec une assurance qui la surprend, détourne la tête abruptement quand elle s'entend les prononcer. Tire une fois de plus. C'est une cicatrice que vous avez ?

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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyDim 18 Sep - 20:38





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En toute honnêteté, je n’affirmerais pas haut et clair que jamais je ne boirai un café avec cette jeune femme à la beauté atypique, mais certaine. River a quelque chose d’attirant autant dans l’attitude que dans sa démarche. Elle est féline, assurée et je la présume calculée. Elle paraît de ses femmes qui ne laissent rien au hasard. Elle s’auréole également d’une dose d’intelligence qui transpire de chacun de ses mots. Ceux-là aussi, elle les maîtrise. Rien ne semble quitter sa bouche de façon gratuite et elle représente désormais une sorte de mystère à mes yeux. «Que je ne puisse partager avec vous ou le partager uniquement avec vous ? » l’ai-je taquiné, convaincu d’avoir intégré que son assertion relève de la seconde option. Ceci étant, un sourire étiré habille mes lèvres et, a fortiori, il en va de même pour elle tandis qu’elle chemine de son transat vers l’échelle de la piscine. C’est facile pour elle. Elle porte un maillot de bain. Moi, j’ai l’air d’un clown dans mes bleus de travail d’ouvrier un soupçon trop grand pour moi. Toutefois, elle paraît intriguée, presque plus que moi. Est-ce qu’il est dans mon attitude quelque chose qui la chiffonne ? Qui la pousse à m’accorder son intérêt alors que je suis largement plus vieux qu’elle ? Je n’oserai envisager de ce qu’elle me sert une parade amoureuse. Non seulement, c’est le lot des hommes dans la faune des volatiles et, qui plus est, elle doit être entourée d’une multitude de prétendants. Les jette-t-elle tous les uns après les autres ? Pourquoi ? Attend-elle le bon ? Le prince charmant ? Est-ce son genre ? Est-elle plutôt de celle qui nourrit des ambitions qu’un homme ne pourrait comprendre ? Estime-t-elle que le sexe dit fort la freinerait dans ses projets ? Toutes ces questions tomberont tôt ou tard. Je manque de confiance en moi, mais je ne rechigne jamais à assouvir ma curiosité. En attendant, je m'assois à ses côtés, enroulant les bords de mon pantalon dans un ourlet maladroit. Il ne tient pas vraiment et qu’importe. Installé auprès d’elle, la tête pivotée dans sa direction, je la scrute d’un regard inquisiteur, un qui se demande si elle va détourner le sien, un qui cherche à la deviner, à déchiffrer ce que referme ses traits si fermés. Est-elle capable de les “ouvrir” ? Je le pense. Au contraire, elle ne se distinguerait pas à l’aide d’un trait d’esprit à côté de sa mère. «Alors, contrariez là. Je veux bien jouer le rôle de témoin.» Comment est-elle, sa génitrice, lorsqu’elle se met en colère ? «Mais, comme j’ai besoin de ce job, je serai lâche et resterez en retrait. » Autrement dit, je peux contrecarrer ma peur atavique - je n’en ai pas toujours conscience - sauf que mon courage est borné de limites alimentaires. Mes indiscrétions le sont moins. Quant à mes plaisanteries, elles ne sont pas tout à fait anodines. Elles détiennent un but, un dessein totalement clair à mes yeux et plus laconique pour River qui, malgré tout, se prend au jeu. Au départ, elle a tendu la main en direction de sa chambre. Finalement, elle a renoncé, me démasquant par rapport à mes intentions. «Il y a un “je crois” de trop. Je le sais.» Elle fume régulièrement sa cigarette sur son balcon et mes pupilles sont irrémédiablement attirées par sa silhouette. Je me demande alors à quoi elle pense, ce sur quoi elle travaillerait, comment elle occupe son temps libre. « Et, je n’en doute pas.» Je ne remets pas en question à se rebeller contre ses parents. «Mais, je le répète, je préfère être tenu en dehors de ça. Son jardin, son argent, mon salaire. Mais, je peux vous en offrir.» Des freesias. « Et, oui, c’est bien ça. Rien de palpitant. Juste un bec de lièvre. » Corrigé par la chirurgie. Mon père a dépensé une petite fortune pour ce faire. J’en entends encore parler aujourd’hui de cette pharaonique qu’il a dépensé pour me “réparer”. « C’était habile comme façon de détourner la conversation, mais un peu dangereux. Et si j’en avais retenu des complexes ?» J’en ai à propos de mon physique - quoique ça va mieux depuis qu’il s’est transformé grâce au sport - ou ma dyslexie dont je ne fais jamais l’étalage, évitant de me mettre dans des positions où il est impossible de me cacher. «Je peux vous demander où se cache les vôtres, du coup ? » Sur la peau ? Dans votre coeur ? Où ?



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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyJeu 22 Sep - 19:51


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Que je ne puisse partager avec vous ou le partager uniquement avec vous ?, River sourit pour toute réponse, plus encore quand elle voit que ce sourire est partagé. En fait, c'est probablement Joshua qui l'a initié, par son ton et la face plaisante qu'il lui présente, presque fier de sa question. Bonne question. Il l'inspire et son regard glisse vers le livre qu'elle a laissé à sa précédente place. Finalement, ce serait les deux. La jeune fille laisse cette idée pour plus tard, préférant creuser l'ouverture qu'ils ont enfin dévoilés de manière claire plutôt que de tout enterrer avec un don inexpliqué bien que, concrètement, ils ont encore quelques jours tranquilles devant eux pour discuter et se toiser, du moins c'est ainsi qu'elle voit les choses mais le jardinier semble appréhender la situation d'une manière légèrement différente. Il ne joue pas à domicile, lui. Il n'est pas là pour les vacances ni par charité et il semble très peu enclin à mettre cet état de fait en danger. Face à ce constat, la brune plisse les yeux en observant Joshua. Elle a envie d'y voir une blague, de l'ironie, mais là encore le brun se présente tout simple qu'il est : clair comme de l'eau de roche, avec un brin d'espièglerie mais aucune malice réelle. Elle ne sait pas ce qui la frustre le plus son honnêteté ou ses principes ? Elle finit par lâcher un léger rire face à toutes ces questions qu'il provoque par sa simple présence. Ses yeux font des allers-retours entre ceux bleus verts ou gris de Joshua et le vide. Comme des soupirs nécessaires pour intégrer ce qu'il se passe et comment il fonctionne, s'ajuster en fonction -jamais- mais tenter de comprendre, s'assurer de ne rien manquer qui lui ferait défaut comme à l'instant où elle s'apprête à lui présenter sa fenêtre. Estomaquée River ne détache plus ses yeux de ceux de Joshua, dont elle n'est pas certaine de comprendre la couleur, ce qui l'intéresse profondément. A quoi vous jouez... glousse-t-elle avant de secouer la tète, adossée au rebord de la piscine. Mais, je le répète, je préfère être tenu en dehors de ça. Son jardin, son argent, mon salaire. Mais, je peux vous en offrir. Offrez-les moi alors et je les planterais moi-même, bien qu'honnêtement je ne pense pas qu'elle les remarque. Plus il souligne son besoin de garder son job, plus elle a envie de le pousser à faire un écart, infime. Elle se bat peut-être plus contre l'idée de sa mère que contre l'exemplarité de son interlocuteur, mais avec son esprit de contradiction profondément enraciné en elle il serait difficile de savoir où se trouve la source réelle.
River souffle en un tunnel rapide la fumée de sa cigarette quand Joshua répond sans détour, elle hausse les sourcils en fixant la dite cicatrice. Et si répond-t-elle, l'air maline avant de lui tendre sa moitié de cigarette. C'était plus qu'un changement de sujet. Autrement dit une question qui l'obsède depuis des jours. Elle vous va bien d'une certaine manière. De toutes les manières. Pas vraiment. Des physiques, pas encore, mais il sera là pour les panser et elle ne le sait pas encore. Celles au cœur sont plus complexes, pourtant sans doute très simple pour lui si elle les partageait, mais River s'est efforcée de mettre un verrou sur ce dossier cette année. Et si les noirceurs qu'il contient ont tendance à vouloir la happer régulièrement tel un trou noir, Joshua apparaît comme un soleil timide d'un nouveau jour, une nouvel air, un espoir inédit. Elle n'imagine pas encore que cette idée se cristallisera autour de sa personne en particulier, elle aime pour l'heure le voir seulement pour ce qu'il présente, interagir facilement et feindre l'air de rien en toute complicité. Son cœur de jeune femme bercée aux romans d'amours gothiques est sans doute un peu flatté aussi de retenir l'attention de cet inconnu qui malgré son calme et ses sourires paraît intense à sa manière, beau sans équivoque à ses yeux et différent. River tend sa main et la tourne pour lui présenter la cicatrice qui se ballade du poignet à l'intérieur de la main. Ca c'est quand on veut rester traditionnelle et que le coupe papier est un peu trop vif. La prendra-t-il pour une gosse de riche si elle avoue chérir son sceau et avoir quelques temps religieusement voulu fermer ses lettres avec de la cire ? Question conne, ça fait des semaines qu'il fréquente le manoir. Elle retourne sa main et écarte les doigts avant de pencher légèrement. Et ça c'est probablement un grillage je crois. A peine ces mots lâchés qu'elle referme sa main en un poing. Ca vous intéresse vraiment ?

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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyDim 25 Sep - 17:35





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Je n’ai pas formulé beaucoup de questions dont j’ignorais déjà les réponses jusqu’ici. Si ce n’est quelques exceptions, je sème autour de moi quelques plaisanteries pour me déculpabiliser - je badine au lieu de travailler - et pour tenter de percer la carapace de mon interlocutrice. Or, j’aurais adoré qu’elle n’abonde pas vers mon humour. J’ai aimé entendre son rire, c’est vrai. J’aurais cela dit préféré qu’elle me s’arroge d’une proposition intéressante, qu’elle évoque ce “quelque chose qui ne serait partageable qu’avec elle”. J’en compte une liste plus longue que mon bras : manque-t-elle d’imagination, River ? Est-elle aussi prude que son physique ne laisse à penser ? Est-ce qu’une part de moi l’intimide ? Je ne serais pas surprise, mais je ne suis de ceux qui ne doute de rien. Au contraire, je pèse systématiquement le pour et le contre depuis Sam. J’ai cru en elle, en notre histoire d’amour. Pour que faire ? Je n’y ai récolté que plus d’emmerdes et une sorte d’obsession… Ceci étant, ce n’est pas le sujet. Je saurais dire pour quelles raisons je songe à mon ex. Peut-être parce qu’il y a un soupçon de candeur chez la fille de mes patrons qui m’aura rappelé de vieux souvenirs. Sans doute. En attendant, je balaie sa supposée interrogation d’un geste de la main. «Ce n’est pas vraiment un jeu. Je n’étais pas certain pour le coup. Maintenant, je le suis…On ne sait jamais que je devrais l’escalader, un jour… Je serais poursuivi par votre mère pour des freesia… Ou en cas d’incendie…» me suis-je amusé sans gravité. Rien n’est réellement à prendre au sérieux dans cette assertion. Rien, hormis mon intérêt pour elle. Il va grandissant et je la prends aux mots. Demain, elle les aura, ses plantes dont il lui faudra prendre soin. «Seulement si vous ne les laissez pas mourir. Elle pourrait être un symbole. C’est la première fois que vous nourrissez une conversation.» Elle l’a précédemment engagée, mais je n’ai pas souvenir qu’elle ait répliqué à mes tentatives de l’alimenter.

Si, plus tôt, j’ai émis l’hypothèse que je l’embarrassais d’une façon ou d’une autre, je me l’extirpe du crâne à coup de pioche. River, elle ose là où d’autres se sont régulièrement assis sur leur curiosité. Ma cicatrice en est le coeur, celui que l’on n’ose toucher pour se qu’il représenterait ou non en danger sensible. Elle ne l’est pas. «Donc, vous préférez parler des autres que parler de vous. Je note, mais il n’y a pas grand chose à dire à mon propos. Vous, par contre….» L’endroit où elle est hébergée suscite le mystère et, pour cause, elle ne semble pas forcément s’y épanouir. «Et, d’une certaine manière… je dois le prendre comment ? » Mes traits se fendent des sourires qui rehaussent ma bonne humeur tandis que je récupère la moitié de cigarette d’entre ses doigts. J’en tire une bouffée en fixant le ciel d’un bleu immaculé. Pas de nuage. Les augures seraient bons pour les Grecs de l’Antiquité. Pour moi, aidé par ce qu’elle s’ouvre un peu, je tire la conclusion que m’accorder cette pause était un idée de génie. «Ou que la propriétaire est un peu maladroite. C’est à choix multiples ?» Je la taquine de nouveau et, cette fois, je la bouscule gentiment de mon coude. «Probablement. Si je vous parlais de toutes les cicatrices qui ne se voient pas forcément, je pourrais vous raconter dans les détails ce qui m’est arrivé, quand et à quelle heure aussi. Donc, oui, ça m’intéresse vraiment.» ai-je scandé les pieds balançant dans l’eau et tirant une bouffée supplémentaire de nicotine. Puis, j’ai tourné mon regard dans sa direction et j’y ai cadenassé le sien. «Parce que nos chutes, nos blessures physiques, ça en dit long sur ce qu’on est. Même celle-là a des secrets…» ai-je admis en pointant la mienne de l’index. «Vous avez bien une théorie sur ce qu’elle a pu m’apporter, non ? »




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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyDim 2 Oct - 14:33


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Délirer sur le tempéramenet d'Avery et autres non-dit semble aussi farfelu qu'adéquat. Quant à la véracité de ses propos, River n'en mettrait pas sa main à couper. Elle se contente de sourire comme si quoiqu'il dise rien ne la dévierait de ce qu'elle pense de sa question.
Les hortensias représentent grâce, beauté et gratitude. Mais River est à peu près sûre que ce ne sont pas ces idées là que Joshua évoque en parlant des fleurs qu'il accepte de lui offrir sous conditions. Peut-être apprécie-t-il de voir un parallèle entre la floraison et leur nouveau dialogue et insinue ainsi ne pas vouloir que l'un ou l'autre ne se fane. Est-ce l'absence du clan qui lui permet de se sentir assez à l'aise pour converser avec le jardinier ou le temps passé à l'observer avait été nécessaire pour l'appréhender et de fait coïncidait dans un heureux hasard à ce moment de solitude partagée. Solitude momentanée, qu'est-ce qui certifie à River que Joshua est lui aussi seul cet été ? Peut-être a-t-il une femme, un enfant ou deux, qui l'attendent à la maison et rendent de fait ce travail si important pour lui. Si ça avait été le cas, il ne serait sans doute pas à ses côtés là, maintenant, ou peut-être que si mais alors ça le rendait encore plus filou. Peut-être qu'il vit encore chez ses parents, un pattern assez inédit mais qui peut s'expliquer par des drames, des soucis financiers ou une tradition culturelle. Peut-être qu'il vit seul mais comble ce vide en sortant tout les soirs après le boulot, directement en sortant du manoir ou passe-t-il chez lui d'abord afin de prendre une douche ? En fait, Joshua, lui parle-t-il par solitude ou intérêt ? Et River ?
Ces questions ne sont que des prétextes pour ne pas voir ce qui semble évident et un peu interdit bien que personne n'ai rien dit ou écrit à ce propos les concernant. Mais c'est implicite, non ? J'en prendrais soin. Se contente-t-elle de dire pour signer le contrat fleuri. Donc, vous préférez parler des autres que parler de vous. Je note, mais il n’y a pas grand chose à dire à mon propos. Vous, par contre… Tout l'inverse. C'est ce que pense River, ne serait-ce que mathématiquement, mais aussi de ce qu'elle voit. Elle n'a pas subit d'opération enfant, elle n'a pas vraiment d'angoisses sur son avenir professionnel et est quasi-certaine qu'elle n'aura jamais à trimer sous le soleil pour le jardin d'un autre et aucune ridule ne ponctue encore son visage. Elle se sent comme une page vierge face à Joshua tout en étant paradoxalement consciente de l'inexactitude de cette pensée. En revanche, elle acquiescerait volontiers à sa première remarque. River préfère poser les questions et parler des autres plutôt que de parler d'elle et de fournir des réponses. Sauf celles qui peuvent éclaircir ses propos, comme celle-ci : C'est un compliment. Ainsi c'est clair, et ça lui apprendra à ne plus user de demi-formules face au jardinier qui de toute évidence ne se découragera pas et creusera pour avoir le fin mot de ses histoires.  
La familiarité qu'il invite à la scène naturellement, avec sa gestuelle la perturbe un instant, elle rit en se couvrant la bouche. Probablement. Si je vous parlais de toutes les cicatrices qui ne se voient pas forcément, je pourrais vous raconter dans les détails ce qui m’est arrivé, quand et à quelle heure aussi. Donc, oui, ça m’intéresse vraiment. Parce que nos chutes, nos blessures physiques, ça en dit long sur ce qu’on est. Même celle-là a des secrets…Vous avez bien une théorie sur ce qu’elle a pu m’apporter, non ? L'intensité soudaine qui semble émaner de Joshua surprend River qui ne réussit pas à détacher son regard du sien alors qu'il invite l'intimité à leur conversation. Tout ce qu'il dit est pertinent et évocateur, le regard de River se pose de nouveaux sur les lèvres du jardinier et la cicatrice qui les surplombe. De ce que vous dites, j'imagine qu'on ne vous l'a pas ôtée bambin, vous avez sans doute de fait eut une enfance difficile au contact des autres enfants qui ne sont pas réputés pour être tendres... Elle en avait été témoin. Je me trompe ? Renchérit-elle, comme sortie d'hypnose soudainement. Le téléphone sonne finalement et River sort de la piscine. Elle a envie d'entendre les moindres détails, date et heure des cicatrices qu'il a mentionné, mais certaine que chacune de ses questions lui serait retournée le téléphone apparaît comme un gong salvateur qui lui permet de ne pas se laisser aller à sa curiosité et l'attraction que l'étrange jardinier provoque en elle. C'est le son de la fin je crois. Dit-elle comme pour signifier que son départ n'est pas le marqueur d'un manque d'intérêt, mais qui comprendrait ça comme ça ? Retournant vers son transat pour y attraper le livre qu'elle lisait quelques minutes plus tôt, elle vient finalement le déposer à côté de Joshua. Un cadeau à ne pas partager. En échanges des hortensias que j'attendrais. Avant de filer sans se précipiter et pourtant avec une impression de voleuse qui s'échappe.

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Message(#) Sujet: Re: SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} SHEBAUM #1 {PROFESSIONAL COURTESY} EmptyDim 2 Oct - 15:16





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Promesse. Compliment. La conversation se déroule avec aisance. Il s’y crée même une forme d'intimité appréciable qui tient sa source dans la curiosité de l’un et de l’autre. En ce qui me concerne, elle est moins timide que celle de River. J’assume mes indiscrétions. Je les dicte avec la nonchalance du charmeur bien appris. Aucune impolitesse ne teinte la conversation. Elle n’est nourrie que par ma sincérité et, a priori, River se prête au jeu. Elle rechigne un peu : je le devine parce qu’elle cultive son jardin secret, son sens très à propos du silence. Elle en connaît les enjeux et les avantages. Un gars différent de moi s’en serait certainement embarrassé. Pas moi. Je serre sa main pour sceller le pacte. Je me retiens de ne pas abuser de ce contact pour caresser le dos de sa main de mon pouce. Ce serait prématuré et effrayant pour l’oiseau sauvage qui semble hésiter entre s’envoler ou demeurer cloué au sol. Elle reste là néanmoins. Elle ne s'enfuit pas, elle se prête aux règles du jeu que je dicte avec panache. J’argue que nos cicatrices en disent plus long sur notre personnalité que les mots. J’en suis convaincu et je le lui confie, heureux qu’elle s’intéresse à ma théorie. J’en tiens pour preuve ce regard qu’elle plonge dans le mien. Pour peu, elle me déshabilleraient  l’âme à me dévisager avec une telle intensité. J’en suis hypnotisé et je ne pipe plus mot. J’attends qu’elle détaille le fond de sa pensée. Je patiente gentiment en tirant sur le mégot de la cigarette qu’elle m’a offert et ça valait le coup, non pas de fumer, mais de lui offrir autant de secondes utiles à l’aider à s’exprimer. Sa théorie est si pertinente qu’elle m’arrache un sourire satisfait. Elle a de l’esprit et j’adore ça. Elle est également à des kilomètres de Sam et, là encore, je trouve ça rassurant. Il y a de la douceur dissimulée derrière les mots qu’elle emploie. Elle semble de celles qui veillent à la sensibilité d’autrui et je hoche la tête, non soucieux de tourner autour du pot. «Les gamins sont cruels entre eux et j’avais tout ce qu’il fallait pour que je devienne leur tête de turc. J’ai dû apprendre à faire avec et à les dissuader de me chercher des noises en évitant la bagarre.» Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà cogné sur un gosse étant moi-même gamin. J’ai plutôt travaillé ma musculature pour les bercer de l’illusion que je n’étais pas le gars bon à titiller. « Et, je…» Je n’ai pas le temps de terminer : le téléphone de mon interlocutrice nous a dérangés. Dommage. Elle me plaisait, cette conversation. Cet aparté était aussi grisant que l’interlocutrice elle-même, mais je me console : les meilleurs moments sont parfois - j’insiste - les plus courts et, qui plus est, ce n’est que partie remise. Et, soyons honnêtes, quelle sortie magistrale. Elle ne refusera pas l’appel. Sauf qu’avant de s’éclipser, elle me confie un livre, un “cadeau à ne pas partager” avec en contrepartie les fleurs qu’elle m’a réclamées. J’ai souri à pleines dents en l’observant s’éloigner, vaquer à des occupations qui n’appartiennent qu’à elle. Puis, j’ai saisi le bouquin, ai découvert le titre et me suis demandé combien de temps il me faudrait pour le lire. Serait-ce la faille ? Va-t-elle se vexer si je tarde à l’avaler ? “Rosamund Lehman, l’invitation à la valse”. Je m’y collerai dès aujourd’hui au même titre que je lui trouverai les plus belles hortensias qui soient chez mon fournisseur. Je m’en fais le serment.

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