THERE'S NO STARTING OVER WITHOUT FINDING CLOSURE.

with Caelan Leckie

Ce soir là, alors qu’elle lace ses chaussures avant de partir courir, Claire ne se doute de rien. Tout ce qu’elle a en tête, c’est se changer les idées ou plutôt se vider l’esprit. Parce qu’elle n’est pas tranquille dernièrement, elle qui d’ordinaire gère ses émotions mieux que quiconque. Cette pointe d’angoisse ne la quitte plus depuis quelques jours, et Claire a un peu l’impression de perdre pieds par moment. Parce que sa famille ne lui laisse aucun répit, entre son frère qui enchaîne les frasques sans donner l’impression de vouloir s’arrêter, et sa sœur tout aussi incontrôlable à sa façon. Parce qu’il y a aussi cette ombre qui la surplombe encore et toujours, mais un peu plus ces derniers jours. L’ombre de Connor. Il a suffi qu’elle tombe sur les affaires du jeune homme qu'elle avait pourtant pris soin de ranger loin au fond de la cave, pour qu’elle en soit tout simplement chamboulée. Presque déstabilisée. Elle n’y était pas préparée. Pourtant Claire calcule tout. Depuis deux ans, elle anticipe tout d'avance pour que jamais, elle n'en vienne à le croiser. Eviter ces lieux qui avaient autrefois été leur antre. Eviter ces coins où il avait l'habitude de sortir avec ses amis après le travail. Et elle s’en veut, Claire, tout en refusant de s’avouer cette vérité pourtant évidente qui vient la frapper en pleine figure comme une violente rafale. Après deux ans à l’oublier (ou du moins à s'en convaincre), ses émotions en sont toujours à la case départ et la douleur est toujours présente. Mais plus encore, la colère qui menace de la consumer à chaque fois, l'effraie.
Écouteurs dans les oreilles, ses jambes la démangent, comme si la musique effrénée leur dictait la cadence à suivre. Et Claire court sans s’arrêter. Il se fait tard, certainement pas une heure convenable pour un jogging. Mais  peu importe, la belle n’en est pas à sa première virée sportive nocturne. Et lorsque son téléphone vibre dans sa poche, Claire ne se doute toujours pas que sa soirée ne finira pas forcément comme elle l’imagine. Une bonne douche chaude après l'effort, et sans doute un chocolat chaud devant une comédie qu'elle aura choisi au hasard sur netflix. L'idée lui plait bien. Le nom de Caelan s’affiche alors sur l’écran. Et Claire répond heureuse d'entendre son ami à l'autre bout du fil, mais par pour très longtemps...

Claire ne saurait dire combien de temps elle s'est forcée à rester allongée dans le canapé. Mais elle ouvre enfin les yeux. Elle regarde vers la fenêtre. Le ciel bleu présage l'une de ces journées ensoleillées. Lentement, elle se lève et regarde autour d’elle. Le souvenir de la veille lui revient enfin. Il n’y a pas un bruit dans la maison, Caelan doit encore être en train de se remettre de ses excès de la veille. Son coloc ne semble pas non plus être dans les parages. Ce n’est pas dans les habitudes de Claire de découcher, toutefois elle n’a pu se résoudre à laisser Caelan seul. C'est dans sa nature de s'inquiéter pour les autres, parfois plus qu'elle ne devrait. A vrai dire, Claire a été un peu surprise lorsque son ami l'a appelée la veille. Et elle n’a pas non plus osé poser trop de questions à ce moment là parce qu'il n'était pas vraiment lui-même, du moins pas le Caelan qu'elle connait d'ordinaire. Cet homme ouvert, bon vivant, souriant mais toutefois mesuré. Quelqu'un qu'elle imaginerait mal perdre le contrôle... Claire n'oserait prétendre tout savoir de lui, cependant son expérience de la vie lui aura appris que certains sourires servent à masquer les ombres du tableaux, peut-être pour les oublier, un petit peu. Et elle le sait, les dernières années n'ont pas été de tout repos pour Caelan et que son incarcération n'a pas due aider. Peut-être que l'avocate est un peu plus douée pour passer outre ses maux, que Caelan qui hier semble avoir lâché prise.

Claire se dirige finalement vers la salle de bain. Elle a le visage un peu fatigué, mais elle est sereine. Dans un soupir, elle observe ses vêtements de la veille qu'elle porte encore. Après s'être rapidement débarbouillée, elle se rend dans la cuisine. Elle ouvre les tiroirs un à un, essayant de trouver ses repères dans le chez-soi d’autrui et faisant peut-être un peu plus de bruit que nécessaire. L'horloge affiche huit heures, trente minutes. Elle ne tardera pas qu'elle se dit intérieurement alors qu'elle met la bouilloire en marche. Depuis deux week end, elle passe ses samedis à superviser les travaux de rénovation de sa cuisine. Ce samedi ne serait pas une exception. « Merde »  qu'elle souffle alors qu'elle manque de se bruler. Au même moment, Claire percoit un bruit dans le couloir. Elle passe la tête par la porte et aperçoit à sa grande surprise Caelan. Une sourire s'affiche sur les lèvres de l'avocate alors qu'elle se dirige vers lui. « Tu m'as l'air d'avoir besoin d'une bonne detox... tiens, ça devrait t'aider un peu »  qu'elle lui dit tout en lui tendant une tasse fumante. Il n'a pas très bonne mine. « J'espère que tu n'as rien d'important de prévu aujourd'hui » Elle l'observe à la fois amusée et désolée. Elle n'imagine que trop bien le malaise de Cae' à cet instant. En effet, il y a mieux qu'une gueule de bois un samedi matin. « La prochaine fois, il faudra m'appeler avant,histoire de limiter les dégâts à l'avance. Et je serai ravie de te tenir compagnie... enfin, tant que c'est toi qui invites »  Claire plaisante, pour ne pas trop le mettre mal à l'aise, et aussi pour qu'il comprenne qu'elle ne le juge pas.

There's no starting over without finding closure. -- @Claire Henderson

Lorsque Caelan avait été incarcéré, il n’avait pas seulement perdu sa liberté, mais aussi une partie de lui qu’il espérait un jour retrouver. Plus les mois passaient et moins il se reconnaissait alors qu’il adoptait des comportements qui ne lui ressemblaient pas. Il se cherchait et à défaut de se trouver, se laissait aller dans les excès pour oublier tout ce qu’il avait perdu de sa vie d’avant à laquelle il tenait et dont il ferait n’importe quoi pour pouvoir en récupérer au moins une maigre partie, mais il savait bien trop que la vie ne fonctionnait pas ainsi et qu’il n’avait d’autre choix que de repartir de zéro avec un casier judiciaire qu’il trainait comme un boulet au pied. Pour le moment, le seul emploi qu’il avait réussi à décrocher était dans l’entreprise de son meilleur ami, le Walker Group. Encore aujourd’hui, il était persuadé que ce dernier l’avait embauché par pitié et non pas pour ses compétences, mais il s’était rendu à l’évidence que ça lui faisait quand même du bien de sortir de la maison plusieurs jours par semaine. Du moins, c’était le cas jusqu’à ce que son incarcération s’ébruite au bureau et que plusieurs de ses collègues commencent à lui rendre la vie dure dans l’espoir de le faire partir. Elles avaient gagné, Caelan avait fini par donner sa démission le mois dernier après des semaines à angoisser chaque matin avant de se rendre au travail. Depuis, il ne s’était rien trouvé d’autre, mais sa sœur jumelle Norah devait parler à un de ses amis pour lui, ignorant les protestations de son frère qui ne voulait pas dépendre des autres encore une fois. Sa confiance en lui ne cessait d’en prendre un coup comme le Leckie ce soir qui avait noyé sa peine et ses problèmes dans un peu trop d’alcool dans un bar de la ville comme il le faisait de plus en plus depuis quelques temps. Il n’en était pas fier, en avait honte même, et c’est pour cette raison qu’il préférait le cacher à ses proches et qu’il s’était donc résolu à appeler Claire pour qu’elle vienne le sortir de ce merdier lorsqu’il constata en voulant payer que son portefeuille avait dû tomber dans le taxi qu’il avait pris pour se rendre là-bas.  

Lorsque Caelan émergea de son sommeil profond, ses souvenirs de la veille étaient flous. Il se souvenait avoir trop bu, ou du moins le supposait étant donné le mal de tête qu’il avait et l’haleine qui lui tenait compagnie, mais la façon dont il était rentré était un réel mystère qu’il ne s’attendait pas à élucider dans sa cuisine. « Tu m'as l'air d'avoir besoin d'une bonne detox... tiens, ça devrait t'aider un peu » Aveuglé par les rayons du soleil qui se répandaient dans la maison, il grommela un merci en prenant la tasse qu’elle lui tendait en plissant les yeux. Tandis qu’il portait la tasse fumante à ses lèvres pour en prendre une gorgée, il observa attentivement la brune, ses souvenirs remontant lentement à la surface. Il avait un vague souvenir du moment où il l’avait appelée du bar, mais le trou noir qui suivait dans sa tête le laissait supposer qu’il avait dû dormir sur le chemin du retour ou qu’il avait vraiment abusé hier soir. « T’as dormi ici? » demanda-t-il en grattant la tête en glissant ses longs doigts dans sa chevelure ébouriffée. « J'espère que tu n'as rien d'important de prévu aujourd'hui » Il secoua la tête en se retenant de lui répondre qu’il n’avait presque jamais rien de prévu maintenant qu’il n’avait plus aucune obligation, un constat bien triste de son quotidien sinistre. « Non… » se contenta-t-il de répondre en regardant tristement la vapeur s’élever du liquide brûlant que contenait sa tasse. « La prochaine fois, il faudra m'appeler avant, histoire de limiter les dégâts à l'avance. Et je serai ravie de te tenir compagnie... enfin, tant que c'est toi qui invites » Il sourit légèrement, gêné d’avoir dû lui demander de payer ses excès de la veille alors qu’il ne retrouvait plus son portefeuille. « Je pense que j’ai perdu mon portefeuille dans le taxi… je vais te rembourser promis. » Le fait qu’il avait perdu son permis pour une durée de trois ans n’était un secret pour personne ici considérant que Claire s’était occupée de son dossier lorsqu’il avait pris la décision de se dénoncer en octobre dernier. « Évidemment que c’est moi qui inviterai, je te dois bien ça pour le dérangement.... » dit-il en lui souriant sincèrement. La jeune femme ne l’avait pas jugé sur ses actes, au contraire, elle s’était révélée être une véritable amie au moment où il en avait eu le plus besoin et il lui en était reconnaissant. « Écoute je… » Il se gratta la nuque en riant nerveusement. Il détestait perdre le contrôle et surtout ne pas se souvenir des actes qu’il avait pu poser. « Est-ce qu’on a… » Il ne termina pas sa phrase, mais son index qui les pointait l’un et l’autre chacun leur tour devrait suffire à ce qu’elle comprenne le sens de la question qu’il se posait depuis qu’il avait constaté qu’elle avait passé la nuit chez lui.

THERE'S NO STARTING OVER WITHOUT FINDING CLOSURE.

with Caelan Leckie

Dans d’autres circonstances, Claire n’aurait certainement pas décrocher son téléphone. Non. Elle aurait probablement jeté un regard rapide à l’écran avant de remettre le téléphone dans sa poche. Ce n’est pourtant pas dans ses habitudes. Claire est plutôt celle qui s’inquiète toujours plus que nécessaire. Celle qui va toujours creuser un peu plus, pour mieux comprendre, mieux aider. Mieux réconforter. C’est la bonne amie qui vous dira difficilement non même si cela lui en coûterait un peu. Mais il faut croire dernièrement, que la jeune femme est déterminée à aller à l’encontre de sa nature. Ou du moins à essayer. Parce que ses expériences récentes, que ce soit avec sa famille, ses amis ou encore même son ex, lui ont finalement donné l’impression d’être un peu l’amie trop bonne, trop conne. Celle qui en donne toujours plus qu’elle n’en reçoit. Ça l’agace un peu, la frustre. Mais c’est plus fort qu’elle... Toutefois avec Caelan la question ne se pose pas tellement. Elle ne s'est d'ailleurs jamais posée à aucun moment. Parce qu’avec lui c’est un peu différent. Parce que Claire n’a pas besoin d’y penser à plusieurs reprises, ou même de faire preuve de quelque retenue que ce soit dans ses intentions. Depuis qu’elle l’avait représenté lorsqu’il avait décidé de se dénoncer, l'avocate est restée assez proche de lui. Rien n'a été calculé d'avance. Cela a d'abord duré tout au long de son incarcération, à travers les coups de fil et les correspondances échangées. Ensuite, cela a continué à sa sortie. Claire ne se l'explique pas vraiment. Elle apprécie la simplicité de l'amitié qui les lie, Caelan et elle. Une amitié où l'on ne fait pas semblant d'être quelqu'un que l'on n'est pas. Une amitié sans calcul où l'on ne demande rien. Et peut-être aussi parce qu'au fond, Caelan lui renvoie cette image d’elle-même, après sa rupture avec Connor. L’image de cette femme qu'elle ne reconnaissait plus. Celle qui souriait mais dont la détresse se lisait dans chacun de ses gestes. Cette femme qu’elle a enfermé à double tour dans un coin de son esprit par peur qu'elle resurgisse à tout moment, sans prévenir.

Lorsque Caelan apparaît enfin, il n’a pas très bonne mine. Claire n'est pas surprise, alors que le souvenir de la veille lui revient à l'esprit. Elle se garde toutefois de faire mention de la forte odeur d’alcool qui accompagne son ami. L'avocate n'est guère étonnée qu'il ne se rappelle que vaguement de la soirée de la veille. Comment pourrait-il, vu l'état dans lequel il était? Elle ne peut d’ailleurs s’empêcher de sourire lorsqu’il demande si elle avait passé la nuit là, chez lui. Peut être que je devrais lui rappeler qu’il a manqué de peu de vider son estomac dans ma voiture qu’elle pense alors amusée. Elle l'avait trouvé dans un état pour le moins surprenant pour le pas dire attristant, mais elle préfère ne pas poser trop de question pour le moment. Cela peut attendre un peu plus longtemps. Pour l'instant, elle peut se rassurer du fait qu'il n'ait pas d'engagements aujourd'hui ; cela lui donnera suffisamment le temps de décuver. « Je pense que j’ai perdu mon portefeuille dans le taxi… je vais te rembourser promis. » Claire secoue imperceptiblement la tête tout en se servant une tasse de café. « T'en fais pas du tout... Par contre je te préviens, je ne me gênerais pas lorsque tu m'inviteras. N'oublie pas la carte bleue  » qu'elle dit en plaisantant. Claire se tourne enfin vers lui. La tasse à la main, elle le soulève en direction de son ami, un sourire sur les lèvres. Cul sec qu'elle a envie de plaisanter, mais se ravise. Cela serait mal venu. Pour l'instant, elle s'en tiendra à cela pour les blagues en rapport avec la précédente soirée. Alors qu'elle observe, elle remarque soudain l'air eu peu gêné, voire nerveux, de Caelan. Claire penche légèrement la tête sur le côté, l'air à la fois amusé et interrogateur. « Écoute je… » Elle l'écoute attentivement, attendant la suite sans réellement comprendre.  « Est-ce qu’on a… » Bien que surprise, l'avocate reste silencieuse. Elle l'observe, scrute ses traits, en quête de cette faille. Celle qui lui indiquerait que c'est une blague de mauvais goût, celle d'un homme encore bourré de la veille. Mais elle ne trouve rien, si ce n'est cette mine toujours nerveuse qu'il affiche. Instinctivement, Claire se retient de lever les yeux au ciel à l'entente d'une telle stupidité. Mais elle décide plutôt de jouer le jeu. Elle est d'humeur taquine. Elle arque un sourcil, et feint la gêne tout autant que lui. « Tu veux me dire que tu ne te rappelles donc de rien de ce qui s'est passé? » Elle lui adresse un regard qu'elle veut nerveux avant de tourner les talons pour se diriger vers la cuisine. Oui, elle le ferait mijoter un peu plus. Elle espère qu'il ne lui en voudra pas trop... Elle retrouve le canapé sur lequel elle avait passé sa nuit et se laisse tomber dans un soupir avant de lever les yeux vers Caelan qui l'a alors suivi. « Cae, je ne sais pas quoi e dire ... tu en avais envie, autant que moi ... on s'est juste laissé emporté dans le moment...  » Elle regarde toujours, l'air faussement désolé. Claire aimerait faire durer ce moment un peu plus longtemps mais devant la mine de l'homme en face d'elle, elle termine sa phrase dans un rire qu'elle n'essaye plus de retenir. « Je te rassure, on n'a pas... » qu'elle finit par avouer enfin, imitant Caelan en les pointant du doigt l'un et l'autre tour à tour. « Par contre je n'aurais pas pensé que cette idée puisse te rebuter autant... J'ai dû perdre de mon pouvoir d'attraction » Elle prend un air faussement offusqué avant de lui adresser un sourire. L'avocate est de bonne humeur ce matin malgré les péripéties de la veille. Et ce n'est peut-être pas plus mal, cette atmosphère un peu légère, un peu détendue. Avant qu'elle n'évoque enfin la soirée de la veille, un peu plus sérieusement. Après un cours moment d'hésitation, elle se lance enfin. « Je ne pouvais pas rentrer et te laisser seul dans ton état... Disons que tu n'étais pas au meilleur de ta forme » qu'elle dit enfin. C'est une question qui n'en était pas réellement une. Une façon de lui demander ce qui s'est passé, tout en lui donnant l'option de ne pas répondre s'il n'en a pas envie. Claire boit une gorgée de son café tiède, le scrutant toujours.

@Caelan Leckie

There's no starting over without finding closure. -- @Claire Henderson

« T'en fais pas du tout... Par contre je te préviens, je ne me gênerais pas lorsque tu m'inviteras. N'oublie pas la carte bleue » Ce n’était certainement pas lui qui allait se plaindre si elle profitait de sa générosité le temps d’un soir après s’être portée à son secours la veille alors qu’elle aurait très bien pu lui dire que d’aller le récupérer dans un bar à cette heure ne faisait pas partie de son mandat. C’était là une preuve supplémentaire que leur relation ne se résumait pas qu’aux services de Claire dont il avait eu besoin l’an dernier. S’il avait au départ cru qu’elle était sympathique avec lui parce qu’elle n’avait pas le choix en le représentant, parce qu’elle devait forcément lui en vouloir elle aussi pour le crime qu’il avait commis, il comprenait aujourd’hui qu’il avait eu tort parce que rien n’obligeait l’avocate de garder contact avec lui. Il avait été le premier surpris à constater qu’elle était au final une véritable alliée et il n’allait pas cracher là-dessus tandis qu’il se découvrait de plus en plus d’ennemis. De plus, Claire avait eu accès à la vulnérabilité du Leckie, une partie de lui qu’il cachait en général au plus profond de sa personne, préférant prendre sur ses épaules la souffrance des autres plutôt que d’être un poids, il sentait donc qu’il n’avait pas autant besoin de faire semblant en sa présence, même si son premier réflexe était toujours de sourire pour ne pas inquiéter ses proches. « Je vais m’assurer de la retrouver d’ici là, promis. N’oublie juste pas que je ne pourrai pas être ton chauffeur désigné, il faudra prendre le taxi pour rentrer. » Ou pourquoi pas l’autobus? Ça aurait le mérite d’être drôle, du moins pour les autres passagers…

Pour le moment, Claire avait une occasion en or pour se moquer de l’ex-détenu qui se questionnait sur la façon dont leur soirée avait bien pu se terminer. « Tu veux me dire que tu ne te rappelles donc de rien de ce qui s'est passé? » Les sourcils froncés, il secoua lentement la tête sans quitter des yeux la brune qui ne laissait pas du tout paraître qu’elle se payait sa tête. « Je n’ai pas vraiment de souvenirs de… ce qu’il s’est passé ici? » Il se souvenait très bien des verres qu’il avait enchainés au bar, mais à partir du moment où il avait mis les pieds à l’extérieur de l’établissement, tout devenait soudainement bien plus flou. Si Claire n’avait pas été là à son réveil, il n’aurait probablement jamais su qu’elle l’avait ramené chez lui. « Cae, je ne sais pas quoi te dire ... tu en avais envie, autant que moi ... on s'est juste laissé emporter dans le moment... » Les sourcils toujours froncés, il prit place à côté d’elle en passant sa langue sur ses lèvres tandis qu’il fouillait dans sa tête à la recherche du moindre souvenir. La proximité du corps de la brune avec le sien ne ramenait rien à la surface, tout comme son parfum qui chatouillait les narines. « Je ne sens vraiment con, je ne me souviens vraiment de rien. » Il rit nerveusement en se grattant la nuque, sans trop savoir où se mettre. Comment était-il supposé agir avec elle alors qu’il avait oublié quelque chose d’aussi important? Considérant tout l’alcool qu’il avait ingéré, peut-être était-ce mieux qu’il ait oublié sa probable piètre performance. « Je te rassure, on n'a pas... » lui avoua-t-elle finalement quelques secondes après qu’il eut posé son regard sur sa tasse fumante posée sur ses cuisses. Il releva rapidement la tête en l’interrogeant du regard. « On n’a pas couché ensemble? » Il ne put réprimer le soupir de soulagement qui s’échappa d’entre ses lèvres. « Par contre je n'aurais pas pensé que cette idée puisse te rebuter autant... J'ai dû perdre de mon pouvoir d'attraction » Caelan grimaça, conscient du message que sa question avait pu lui envoyer tout comme le soulagement qui s’était instantanément vu sur ses traits dès qu’elle avait avoué son mensonge. « Oh je te rassure, ce n’est vraiment pas que ça m’aurait rebuter, au contraire. » Ah? « Je veux dire… il faut être aveugle pour ne pas voir que tu es une très belle femme. Ce n’est pas que tu n’es pas mon genre… Tu serais vraiment mon genre. » Il rit en détournant le regard alors que chaque mot qu’il prononçait n’aidait en rien sa situation. « Ce n’est pas toi, c’est moi. J’avais bu, vraiment trop bu… j’aurais été horrible. Inoubliable, mais pas dans le bon sens. C’est mieux comme ça, crois-moi. » Ma gueule. Il rapporta son attention sur sa tasse, déçu qu’elle n’y avait pas mis un peu d’alcool pour qu’il puisse oublier la discussion qu’ils venaient d’avoir. « Je ne pouvais pas rentrer et te laisser seul dans ton état... Disons que tu n'étais pas au meilleur de ta forme » Les paroles de Claire causèrent chez lui un différent type de malaise. Il n’était pas fier de ce qu’il était devenu depuis le délit de fuite, plus précisément depuis sa sortie de prison, mais il n’arrivait pas à faire autrement que de noyer sa peine dans l’alcool pour oublier un peu à quel point sa vie était misérable maintenant qu’il avait tout perdu. « Ma tête te croit. » dit-il en se caressant la tempe du bout des doigts en riant légèrement. « Je suis désolé, je suis certain que tu devrais avoir des plans beaucoup plus intéressants pour ta soirée… » Elle devait être loin d’imaginer qu’elle passerait la nuit à chaperonner un homme de trente-sept ans qui agissait comme s’il en avait seize et qu’il buvait pour la première fois. « J’ai complètement perdu le contrôle hier, ça n’arrive pas d’habitude. » Bien sûr Caelan, si ça peut te faire plaisir d’y croire . Ses années de beuveries universitaires étaient réellement loin derrière lui, mais sa consommation d’alcool avait beaucoup augmenté depuis sa sortie de prison, à un tel point que ça en devenait problématique. « Tu veux manger quelque chose? À défaut d’avoir ma carte, je dois avoir des œufs… » Fatigué, il se leva difficilement et il se dirigea vers le réfrigérateur d’un pas lent. Tandis que son corps était penché vers l’électroménager à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent malgré le mal de tête atroce qui lui donnait juste envie d’aller se recoucher, il en profita pour s’ouvrir. « Je savais que ce serait difficile… l’après, mais je pensais pas que ce serait aussi difficile. » Si quelqu’un qui n’avait pas fait de prison pouvait le comprendre, c’était celle qui avait dû représenter bien d’autres criminels avant lui.

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with Caelan Leckie

« Je me sens vraiment con, je ne me souviens vraiment de rien… On n’a pas couché ensemble? » Claire cache son large sourire derrière sa tasse de café. C’est amusée qu’elle observe Caelan soupirer de soulagement en apprenant qu’il ne s’est en réalité rien passé entre eux. Aucun acte regrettable. Au fond, Claire se dit qu’elle aurait peut-être pu faire durer le suspens un peu plus longtemps. Rester volontairement vague et le laisser ainsi livré à son imagination qui semble ne pas lui faire défaut malgré son état. Ce n’est pas pour autant qu’elle ne prend pas un malin plaisir à l’écouter tenter de se rattraper du mieux qu’il peut. « Oh je te rassure, ce n’est vraiment pas que ça m’aurait rebuter, au contraire » Claire retient tout d’abord un rire devant la gêne visible de son ami. Mais alors qu’elle l’écoute s’enfoncer un peu plus dans sa réflexion, la brune passe distraitement ses doigts dans ses boucles, finalement gênée à son tour. En fin de compte ça ne serait pas une si mauvaise idée que cela de changer de sujet «.. j’aurais été horrible. Inoubliable, mais pas dans le bon sens. C’est mieux comme ça, crois-moi. » Oh je veux bien te croire, je n’en doute pas une seconde qu’elle pense intérieurement en faisant les gros yeux, mais se garde bien le dire tout haut. Loin d’elle l’envie de poursuivre cette discussion encore longtemps. Après tout ce n’est pas pour cela qu’elle est restée mais avant tout pour s’assurer de l’état de son ami. Se rassurer que Caelan va bien - ou du moins qu’il ne va pas trop mal et qu’il se donnerait un peu de répit le reste de la journée. Claire ancre son regard dans le sien, se demandant à quoi il peut bien penser à cet instant. C’est après une certaine hésitation qu’elle ose enfin revenir sur la soirée d’hier et mettre des mots sur ce qui lui trotte l’esprit depuis le réveil. Loin d’elle la volonté de le mettre mal à l’aise ou même de le forcer à la discussion s’il n’en a pas envie. Elle ne forcera rien. Elle l'observe. Elle scrute ses traits, en quête de cette réponse. La réponse qui lui permettrait de savoir si elle doit faire marche arrière ou pas. Mais il n’en est rien. Au contraire Caelan ne semble pas particulièrement esquiver le sujet. « Pas vraiment, ne t’en fais pas. J’étais sortie courir un peu afin de me changer les idées… Je n’ai peut-être pas atteint mon objectif en termes de kilomètres mais pour le coup tu m’as bien diverti » qu’elle plaisante en lui adressant un faible sourire. « J’ai complètement perdu le contrôle hier, ça n’arrive pas d’habitude. » Claire ne saurait dire s'il est sincère ou non. Au fond d’elle, elle a bien envie de le croire. Mais sa propre expérience personnelle, familiale, la fait quelque peu douter. Mais Claire ne laisse rien paraître. Elle préfère lui accorder le bénéfice du doute. Et de toute façon, elle n’est pas là pour le juger. Au contraire, l’avocate apprécie beaucoup Caelan. Même s’il reste si difficile à cerner. En réalité, Claire n’avait pas une opinion particulièrement positive de lui au début. Avant même de l’avoir rencontré. Délit de fuite. Ces simples mots dans le dossier qui lui avait été remis avaient suffi à ce qu’elle se fasse une opinion toute arrêtée de l’homme qu’elle allait pourtant défendre. Mais ça n’était qu’au début. Ce n’a pas duré longtemps. Parce qu’au fur et à mesure qu’elle l’a côtoyé, l’image qu’elle s’était construite de Caelan s’était peu à peu effacée. L’image d’un homme forcément privilégié qui n’avait guère d’égard pour les autres. Celle d’une personne arrogante qui n’éprouvait certainement aucun remord pour son acte. Claire, elle a essayé de voir, où se cachait ce personnage qu’elle avait donc imaginé. Derrière ce regard, ce masque qu'il arborait. Elle a cherché longtemps pour finalement s’avouer vaincue. Mais surtout déconcertée. Parce qu'elle n’a rien trouvé. Si ce n'est un visage fermé. Presque étranger. Mais surtout celui d’un homme perdu, qui n’avait que très peu le moral et qui dans le fond ne semblait pas si mauvais qu’elle avait pu croire. Et Claire, elle s'est détendue, soulagée. Et elle s'est surprise à l'apprécier, ce Caelan qu'elle avait découvert petit à petit. 

La voix de son ami la sort de ses pensées. « Tu veux manger quelque chose? À défaut d’avoir ma carte, je dois avoir des œufs… » Instinctivement Claire le suit, toujours son café à la main. « Moi ça va, mon café me suffit. Je mangerai plus tard… mais si t’as faim, je veux bien t’aider » Elle propose son aide innocemment, bien qu’au fond elle soit surtout soucieuse de s'assurer qu'il ait les idées suffisamment claire pour mener à bout la tâche. « J’insiste » qu’elle finit par dire en lui donnant une gentille tape sur l’épaule, lui indiquant d’un simple mouvement de tête de lui faire de la place. Elle attrape quelques oeufs dans le frigo.« Je savais que ce serait difficile… l’après, mais je pensais pas que ce serait aussi difficile. » Le regard de l’avocate glisse sur Caelan. Elle le regarde un court instant, silencieuse, avant qu’un sourire ne se dessine sur ses lèvres. Ce sourire désolé, compatissant. Ce sourire qui cache derrière une once de sympathie. « Je ne sais pas si ça peut aider mais tu n’es pas le premier et tu ne seras certainement pas le dernier à avoir avoir pensé cela. Ça n’est jamais simple, peu importe le temps passé… » Elle marque un temps d’arrêt, ne voulant remué le couteau dans la paie « … en prison ». Elle hausse les épaules et poursuit avant qu'il ne puisse l'interrompre. « J'ai vu des gens se mettre tellement de pression à vouloir retrouver à tout prix leur vie d’avant… Ca ne marche pas toujours comme ça. Il faut y aller doucement. Une étape à la fois… Il n’y a rien qui cloche avec toi, Cae, c’est normal » conclut-elle d'une voix posée. Claire savait que même avant la prison, Caelan était loin d'être le plus heureux dans sa vie. Particulièrement les quelques mois ayant précédé ses aveux. Elle s'en souvient encore de leurs longues conversations et correspondances pendant son incarcération. Des discussions auxquelles il préférait parfois couper court et de ses longs silences. Mais Claire ne pensait pas que cela l’affecterait encore jusqu’à maintenant. Alors qu’elle commence à casser un par un les oeufs dans la poelle chaude, l’avocate jette un regarde furtif à Caelan, sans rien dire. Essaye de percevoir une quelconque réaction. Mais ses traits paraissent aussi impassibles que ceux d'une statue de marbre. « Je sais que c'est dur. Que c’est pas facile de retrouver son train-train quotidien. Mais Cae… » Elle s’arrête, hésite un court instant. Elle lève les yeux vers lui cette fois et ancre son regard dans le sien. « … je sais à quel point c’est tentant d’oublier ses soucis avec l’alcool. C’est tout sauf une solution. » Les seuls mots qui parviennent à s'immiscer hors de sa bouche. Peut-être lui dira-t-il que la soirée d’hier n’était qu’une simple exception. Peut-être rappellera-t-il simplement que cela ne la regarde pas. Mais l’avocate n’est pas totalement dupe, et elle se fait du souci pour son ami. Elle s’empare d’une spatule pour mélanger délicatement sa préparation. « Tu as recommencé à travailler ? » demande-t-elle d'une voix plus douce.

@Caelan Leckie  back like i never left

There's no starting over without finding closure. -- @Claire Henderson

« Pas vraiment, ne t’en fais pas. J’étais sortie courir un peu afin de me changer les idées… Je n’ai peut-être pas atteint mon objectif en termes de kilomètres mais pour le coup tu m’as bien diverti » Pendant une fraction de seconde, Caelan se demanda si ce n’était pas en humour qu’il avait de l’avenir plutôt que dans un restaurant miteux de Brisbane. Il avait toujours aimé faire rire ses proches et il avait l’impression qu’il se débrouillait plutôt bien dans le domaine en temps normal, bien qu’il ait moins le cœur à rire depuis sa sortie de prison. Il devait toutefois se rendre à l’évidence que ce n’était pas avec son humour à la carambar ou en faisant des blagues de papa (sans en être un) qu’il allait avoir une carrière montante. « Te changer les idées? Ça va? » demanda-t-il en fronçant les sourcils, prêt à saisir n’importe quelle perche tendue (volontairement ou non) pour changer de sujet, mais aussi parce qu’il voulait être présent pour elle comme elle l’était pour lui au besoin. Il s’attendait à tout comme réponse, qu’elle répète les mêmes paroles que son frère l’avait fait quand il l’avait questionné sur lui. « C’est pas de moi qu’on parle », lui avait répondu Chris quand Caelan avait tenté de savoir si son frère avait consulté en sortant de l’armée, dans l’espoir d’ouvrir le dialogue avec lui. Au final, tous les deux s’étaient fermés comme des huîtres. « Ça fait longtemps que tu cours? » demanda-t-il presque aussitôt pour donner tout de même une porte de sortie à Claire, ne désirant pas la forcer à se confier à lui. De plus, il avait créé suffisamment de malaises entre eux pour aujourd’hui. « Marcus avait accepté de venir courir avec moi, mais sa brioche a gagné le dessus sur sa motivation. » ajouta-t-il en riant légèrement en pensant à son ainé qu’il taquinait toujours parce que le sport n’avait jamais été sa tasse de thé à l’inverse du cadet. Parlant de nourriture, son estomac criait famine. « Moi ça va, mon café me suffit. Je mangerai plus tard… mais si t’as faim, je veux bien t’aider » Il ouvrit la bouche pour protester, mais n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot. « J’insiste. » Il ne tenta même pas de la convaincre de le laisser faire, se contentant d’hausser les sourcils tandis que la brune sortit les œufs du frigo. « C’est Gaby qui t’a vanté mes talents en cuisine? » Elle était bien mal placée pour s’en moquer puisqu’à eux deux ils faisaient vivre les restaurants du coin, mais la connaissant, l’avocate n’aurait pas manqué une occasion de se moquer de lui, même s’il n’était pas là pour se défendre.

Cependant, Caelan avait des problèmes bien plus importants que son incompétence en cuisine : sa vie professionnelle. Heureusement que la vente de sa maison lui avait permis de mettre un peu d’argent de côté car il n’aurait pas d’argent pour payer tous les repas qu’il s’achetait au restaurant à défaut de pouvoir les cuisiner lui-même. « Je ne sais pas si ça peut aider mais tu n’es pas le premier et tu ne seras certainement pas le dernier à avoir avoir pensé cela. Ça n’est jamais simple, peu importe le temps passé… en prison » Oui ça lui faisait du bien de savoir qu’il n’était pas seul à vivre ce qu’il vivait, mais ça ne l’aidait pas plus à passer par-dessus cette difficulté. Il voulait juste que le temps passe jusqu’à ce qu’il ait repris un minimum le dessus sur sa vie. « Quand tu vois que t’es même pas assez bon pour faire la vaisselle dans un restaurant qui sent les frites… » Pas qu’il tenait à travailler dans ce domaine, au contraire, mais il s’était dit qu’il aurait au moins des chances d’ici à ce qu’il trouve quelque chose de mieux. « C’est peut-être mieux comme ça, le tablier blanc tout graisseux n’irait pas bien avec mon teint de toute façon. » dit-il pour détendre l’atmosphère, ou plutôt pour dissiper son propre malaise. « J'ai vu des gens se mettre tellement de pression à vouloir retrouver à tout prix leur vie d’avant… Ca ne marche pas toujours comme ça. Il faut y aller doucement. Une étape à la fois… Il n’y a rien qui cloche avec toi, Cae, c’est normal. » Les lèvres pincées, il haussa les sourcils en se retenant de lui dire qu’il y avait définitivement quelque chose qui clochait chez lui pour qu’il ait pensé que de commettre un délit de fuite était la chose à faire. Si se dénoncer lui avait donné une certaine satisfaction par rapport à la famille de sa victime, ça ne l’avait pas pour autant aidé à se pardonner. La culpabilité était toujours bien présente, toute comme la frustration d’avoir tout perdu par sa faute. « Même si je voulais, je ne peux pas retrouver ma vie d’avant donc… » Iris était partie et son casier judiciaire l’empêchait de retourner travailler en ingénierie. « Je sais que c'est dur. Que c’est pas facile de retrouver son train-train quotidien. Mais Cae… je sais à quel point c’est tentant d’oublier ses soucis avec l’alcool. C’est tout sauf une solution. » S’il était prêt à dire tout haut que retrouver sa liberté était bien plus difficile qu’il ne l’aurait imaginé, avouer que la dérape de la veille n’était pas qu’un cas isolé était bien plus difficile. « Je te jure que ça ne se reproduira pas, j’ai perdu pied hier, c’est tout. » répliqua-t-il rapidement en détournant la tête. L’homme franc qu’il était n’était pas fier du mensonge qu’il venait de prononcer, mais c’était plus fort que lui. « Tu as recommencé à travailler ? » Il soupira en dodelinant la tête. « J’ai travaillé quelques temps pour un ami, mais ça ne s’est pas super bien passé… j’ai démissionné. » Il baissa les yeux comme un enfant qui s’apprêtait à se faire gronder. Il savait qu’il aurait dû attendre d’avoir trouvé autre chose avant de quitter son emploi au Walker Group, mais il n’avait pas la force de tenir tête à ses collègues qui lui rendaient la vie dure depuis qu’elles savaient qu’il avait fait de la prison. « Je me cherche autre chose. Même si je lui ai dit non, Norah a dit qu’elle parlerait à un de ses amis… » Il connaissait peu de détails sur Tommy, si ce n’était qu’il avait fait de la prison lui aussi et que le passé de Caelan ne serait donc pas un enjeu là-bas. « Je ne pensais jamais devoir me résoudre à travailler avec des ex-détenus, mais j’imagine que je vais devoir m’y faire comme c’est ce que je suis maintenant. » Ce qui le définissait même si on ne cessait de lui répéter qu’il n’était pas que ça. « Pourquoi t’as décidé d’être avocate? Tu dois tellement te faire juger de défendre des criminels… » Il y avait des innocents, certes, mais pas que. Et si Caelan était coupable, il était probablement loin d’être son client le plus menaçant.