« Mon père vous paie combien pour être aussi incompétents ? » Une fois encore, je me retrouve face à une brochette d’abrutis en tout genre, chacun se mettant à bégayer une excuse bancale pour contrebalancer le manque de compétences et l’évidence même de leurs échecs. La marche de manœuvre pour cette transaction était minime, juste assez pour attirer mon attention et me faire passer plus de temps que nécessaire dans ce bocal qui sert de salle de réunion. Le plan avait été exposé avec précision et pourtant, cette bande d’incapables n’a même pas été fichu de sécurisé quoi que ce soit. Le client souhaite désormais comparer notre offre avec celui du concurrent direct et mon paternel à passer près de trente-cinq minutes à hurler dans le combiné du téléphone alors que je n’avais même pas encore avalé mon premier café – et le cachet qui va avec. Alors me voilà, en ce vendredi après-midi, obligé de conduire une réunion d’urgence qui permettra peut-être de contrôler les dégâts. Obligé à feindre l’indulgence pour ne froisser aucun ego, je n’ai pourtant guère de temps à consacrer aux doléances de chacun. « On va tout reprendre depuis le début et Sebastian, cette fois, enregistre bien ce que je vais dire, sinon t’ira faire le tradie dans l’outback. » Cet enfoiré paraît trop serein pour ne pas avoir cherché à délibérément saboter le premier plan que je pensais pouvoir gagner avec aisance. S’il pense que je ne suis pas capable de l’envoyer creuser des trous dans la ville la plus paumée de ce pays, il se trompe fortement.

Ce n’est que biens de trop longues heures plus tard, que le taxi me dépose devant mon immeuble. Les négociations ont duré mille ans, l’abruti en chef refusant de coopérer pleinement avait décidé de me prendre la tête pour des détails sans importance. Ils sont encore en train de plancher, les incompétents, mais j’en ai eu ma claque. J’ai besoin d’un verre, d’une douche et plus entendre personne pour les prochaines vingt-quatre heures. Mon plan semble tomber à l’eau dès que je pénètre dans le hall et que le réceptionniste cherche à attirer mon attention. Je l’esquive pour me réfugier dans l’ascenseur qui s’ouvre au bon moment. J’aurais probablement dû m’arrêter pour écouter ce bon vieux Denis, il aurait eu le temps de me prévenir qu’un animal blessé était venu se réfugier sur mon palier. « Va chouiner ailleurs Nora. » Depuis combien de temps est-ce qu’elle m’attend avec son sac qui semble déborder d’affaires en tout genre. Un souffle m’échappe, je n’ai pas la patience pour ses gamineries, pas ce soir. Mes clés glissent dans la serrure sans que Nora ne se soit relevée, sans que nos regards se soient croisés. L’espace d’un instant, j’ai juste envie de faire claquer le panneau de bois derrière moi, pour la faire fuir. Mais Nora vient toujours avec de la marchandise et la distraction que m’offre parfois son corps pourrait être le meilleur moyen de décompresser. Au dernier moment, je retiens la porte avant qu’elle ne claque. J’ouvre un peu plus grand, invitation silencieuse à me rejoindre. « Surtout, ne fais pas comme chez toi. » que j’annonce tandis qu’elle dépose son sac dans l’entrée.

Deux minutes plus tard, j’ai laissé mes chaussures dans un coin et je me sert un verre de whisky amplement mérité après cette journée. Pour ne pas jouer l’égoïste, je sors une bière du frigo que je laisse glisser devant la blonde désormais installée sur l’un des tabourets du bar. « You look like shit. »

@eleonora parker

Tu n’oses pas rester à l’appartement d’Albane ce soir. Si techniquement, tu y vis toi aussi depuis plusieurs mois maintenant, tu as la franche impression que le domaine ne constitue pas un véritable pied à terre pour toi. Seulement un endroit où tu as posé tes affaires avant le prochain appel, avant que ta prochaine connerie ne te pousse à aller voir ailleurs. Et voilà que c’est maintenant choses faites, alors que la vérité a éclaté de la pire des façons entre Winston et toi, éclatant bien évidemment Reese et Albane au passage. La conversation tourne en boucle dans ta tête, les excuses médiocres que tu as offertes au Ackerman, les justifications bateaux de Reese qui essayaient de te défendre sans que tu ne comprennes réellement pourquoi, toi qui ne l’avais pas accueilli avec la plus grande des bienveillances depuis son retour en ville. Ça avait été un véritable désastre, rien de plus. Et par-dessus les quelques vérités que tu lui avais offertes, tu lui avais tout de même menti en précisant qu’il ne se passait plus rien entre la française et toi. Depuis que tu as quitté le stationnement du saucibar, tu tournes en rond. Tu ne peux pas faire face à Albane, tu refuses de te retrouver sur le pas de la porte du nouvel appartement de Reese et pas question d’aller demander la charité chez ton cousin qui semble décidé à jouer le rôle du parfait père de l’année auprès de sa petite famille. Tu sais que c’est ta rancœur qui dicte ton refus de te rendre chez lui, quand il t’a précisé plus d’une fois que tu avais toujours ta place à ses côtés, mais c’est plus fort que toi, tu ne peux te résoudre à l’idée d’aller cogner à sa porte. Pas ce soir, pas alors que ça continue de tourner trop vite dans ta tête et que tu ressens le puissant besoin de tout geler. Et pour ça, il n’y a qu’un nom qui te vient en tête, celui qui a toujours su tout tourner en jeu, celui qui a toujours su te suivre dans les brouillards que tu avais besoin de créer, à coup de poudre dans le nez et de corps qui s’extasient.

Il n’y a personne qui répond lorsque tu cognes une première fois contre la porte qui mène à l’appartement du Coventry. Tu ne prends même pas la peine de lui envoyer des messages pour savoir ce qu’il fout et s’il compte rentrer bientôt, tu n’en as rien à foutre en réalité. Tu n’as pas d’autre endroit où aller trouver refuge et tu préfères encore être ici qu’à arpenter les rues de Brisbane comme une âme esseulée. Tu es passée vite fait chez Albane, reconnaissante du fait qu’elle n’y était pas et tu as ramassé quelques trucs, des vêtements possiblement propres, quelques sacs remplis de poudre blanche, des joints délaissés et même quelques cachets au nom de ta mère que tu devais revendre mais que t’as décidé d’utiliser à autre escient, finalement. Tu t’es même permise de piquer une bouteille de rhum dans l’armoire appartenant à Albane parce que t’es comme ça, sans morale et sans loi, à constamment prendre tout et n’importe quoi, qu’importe si ça ne t’appartient pas. Ça te fera au moins de quoi marchander avec Arthur qui prend son temps avant de rentrer. Si longtemps que tu n’as même pas attendu qu’il arrive avant d’ouvrir la bouteille et d’en prendre quelques gorgées à même le contenant. L’alcool brûle ta gorge, mais la douleur n’a rien à voir avec celle qui te noue l’estomac depuis plusieurs heures maintenant. Fuck. Ça irait tellement mieux si tu pouvais te tourner cette satanée conscience. Quelques verres de plus, un joint et une ligne ou deux, ça devrait aller mieux après. Il le faut. « Va chouiner ailleurs Nora. » Tu ne te lèves pas lorsque la voix d’Arthur se fait entendre, pas plus que tu ne répliques à son envie évidente de se débarrasser de toi. Non, pas ce soir. Il semble autant au bout de sa vie que toi et c’est exactement pour cette raison que tu sais qu’il va te laisser entrer tôt ou tard. Parce que t’as de quoi lui calmer les nerfs dans ton sac et il le sait. Il ouvre la porte, continue de t’ignorer et tu es sur le point de foutre ton pied pour l’empêcher de refermer le panneau de bois qu’il l’ouvre un peu plus grand, une invitation qui n’a pas besoin d’être verbalisée. « Surtout, ne fais pas comme chez toi. » « Toujours aussi charmant. » que tu grognes pour toute réponse Tu t’empresses de te relever, sac sur l’épaule et tu entres dans la demeure, le luxe des lieux commençant doucement à perdre son effet à la suite des nombreuses nuits que tu as passé dans le coin récemment.

Malgré ce qu’Arthur t’a dit, tu fais exactement comme si tu étais chez toi. Tu te débarrasses de tes baskets, tu laisses ton sac tomber dans l’entrée et tu viens t’installer sur l’un des tabourets du bar observant le Coventry qui se sert quelque chose à boire. S’il s’offre un verre de whisky, tu n’as droit qu’à une bière machinalement glissée en ta direction. « You look like shit. » Il a raison, mais ce n’est pas pour autant que tu as envie de l’entendre. « So do you. » que tu répliques mollement, sans l’aplomb qui régit normalement dans vos échanges. Ouais, tu manques de mordant ce soir, mais ce n’est pas ce dont tu as besoin en ce moment. « J’ai besoin de squatter ici pour quelques jours. Une semaine max. » La moindre des choses auraient été d’en faire une demande plutôt qu’une annonce, mais faire dans les règles de l’art, ça n’a jamais été ton fort. « Me pose pas de questions et j’te conterais pas de mensonges. » Tu n’as vraiment pas envie de t’étendre sur la raison du pourquoi, tu as juste besoin de l’entendre dire que tu peux dormir dans son lit quelques nuits envie de disparaître à nouveau dans la nature pour quelques temps. « J’ai de quoi rendre mon passage agréable. » Il n’a pas besoin d’être payé pour quoique ce soit Arthur, mais tu sais que ce qui se trouve dans les poches de ton jean sera intéressant pour ce fils de riche.

« Toujours aussi charmant. » - « Un vrai rayon de soleil ! » Son sourire est forcé à l’extrême, de ceux qui laisse apparaître un peu trop de dentition, sans jamais donner l’allure d’être sincère. Il n’a guère envie de l’attendre se plaindre de quiconque aura eu l’indélicatesse de vouloir la remettre dans le droit chemin tout en lui présentant les erreurs qu’elle semble accumuler de manière perpétuelle. Arthur sent déjà le mal de crâne qui se pointe contre ses tempes et l’envie de claquer la porte lui traverse l’esprit un instant. Juste quelques secondes, avant que la curiosité ne l’emporte et que son propre égoïsme se rappelle toutes les distractions que Nora est en capacité de lui fournir. Il aurait bien besoin de cela, un subterfuge pour oublier l’enfer de cette journée, une quelconque idée qui amènerait à lui faire croire qu’il peut encore s’échapper sans conséquence.

Elle s’impose avec un naturel qui amène le Coventry à s’interroger sur ses relations avec la blonde. Est-elle venu si souvent ici que cela en devient presque des automatismes qu’elle semble avoir acquis ? La place qu’elle prend sur ce tabouret du bar est toujours la même, le sourire reste joueur malgré les cernes qui creusent ses traits. Il se demande qu’elle merde, elle a bien pu créer et qu’elles sont les foudres qu’elle semble à tout prix vouloir éviter. « J’ai besoin de squatter ici pour quelques jours. Une semaine max. » Les sourcils du brun se dressent sous l’effet de surprise, il ne savait pas que son appartement était soudainement apparu sur la liste des refuges pour les sdf de la ville. « Me pose pas de questions et j’te conterais pas de mensonges. » Elle s’entête et il s’esclaffe. « Tu passes ton temps à mentir, Nora. » Intentionnellement, il laisse traîner son accent sur le prénom de la jeune femme. Premier mensonge parmi tant d’autres, celui dont il n’arrive pas à se défaire malgré la révélation de la supercherie. Elle restera Nora, qu’importe son identité et la personne qu’elle ne cesse prétendre vouloir être aux yeux des autres. Il se lasse déjà, après une gorgée de whisky et deux regards échangés. « J’ai de quoi rendre mon passage agréable. » Elle se vend avec force la Parker. La partie ne fait que débuter et pourtant elle semble avoir déjà étalé tout son jeu sur la table et la voilà bien trop vite à court d’options. Elle a su attirer son attention, il ne cache pas son sourire, cette fois, le vrai, celui malicieux qui en demande plus, encore. « Comme ? » Il demande pour mieux délimiter les plaisirs, est-ce qu’elle lui donnera tout pour un toit ou est-ce que ce n’est qu’une de ses promesses en l’air.

Les secondes s’écoulent sans qu’il n’ait encore accepté quoi que ce soit. Par pur amusement, il voudrait refuser, prétexter l’arrivée prochaine d’une autre prétendante ou n’importe quoi encore. La réalité veut que Murphy n’as plus squatter chez lui depuis des semaines et qu’il se lasse déjà de ses soirées en célibataire. Il allait rétorquer la condition d’une nuit ou deux, maximum, pour conserver sa réputation, pour ne pas se coltiner trop longtemps non plus ou pour ne pas en faire une habitude, surtout. Il était prêt à la faire supplier, jusqu’à ce que son téléphone s’illumine sur le comptoir laissant entrevoir l’arrivée d’un message de son paternel. Et en un éclair, les rouages de son esprit malicieux se mettent en route. Arthur se souvient d’un détail, un petit quelque chose qui lui permettrait de négocier et son sourire mesquin s’en revient à la charge. « Tu peux rester ici une semaine, à une condition. » Une seule, non-négociable. « Mon père sera là dans deux jours pour un énième gala à la con. » Est-ce qu’elle voit déjà où il veut en venir. « Il va falloir que tu m’accompagnes. » Comme avant. Déjà, il la voit se trémousser sur son siège, prête à contester. D’un doigt lever, il lui fait signe de se taire. « Une soirée et je te laisse tranquille. » Il a cruellement besoin de démontrer à son paternel à quel point il gère depuis son arrivée en Australie. Arthur veut lui en mettre plein les yeux, une hygiène de vie irréprochable, des affaires qui commencent à décoller et une belle jeune femme à son bras, celle que son père avait autrefois su apprécier. « Deal ? »

Te rendre chez Arthur n’avait rien de la meilleure idée possible, mais c’était – il semblerait – la seule option qu’il te restait après avoir foutu le feu aux quelques relations que tu possédais encore qui avait la moindre signification à tes yeux. Tu savais que tes mensonges finiraient par te rattraper, ils finissaient toujours par le faire, Arthur en était lui-même la preuve. « Tu passes ton temps à mentir, Nora. » Le surnom autrefois si apprécié ne sonnait cette fois que comme un rappel de celle que tu n’étais pas, de celle que tu ne serais jamais, qu’importe les mensonges que tu pouvais dire ou la vie que tu pouvais t’inventer pour réinventer ta réalité si peu charmante. Qu’importe, quand ce soir tu ne cherches qu’une seule et unique chose : oublier la vérité autant que les mensonges. Alors évidemment, que tu vends les peu de choses que tu possèdes pour rendre ton passage ici agréable, autant pour lui que pour toi. La poudre dans tes poches, la peau que tu ne te gêneras pas à exhiber sous son nez pour lui rappeler le plaisir que vous pouvez tous les deux prendre lorsque vos corps entreprennent cette danse endiablée que vous avez répété un été de temps, il y a si longtemps de ça désormais. « Comme? » Tu arques les sourcils, un sourire en coin qui apparaît sur tes lèvres. « T’as vraiment besoin que je te fasse un dessin? » Non, il n’a pas besoin. Il cherche seulement à t’entendre supplier un peu plus, comme si ce n’était pas déjà un acte complètement désespéré de ta part d’arriver ici à l’improviste en espérant pouvoir te faire une place dans son lit pour quelques jours, comme sa copine que tu as juré de ne jamais être pourtant. Pour montrer ta bonne foi toutefois, tu viens glisser l’une de tes mains dans tes poches, en sort un petit paquet de poudre blanche que tu fais glisser dans sa direction sur le comptoir qui vous sépare. « C’est qu’un début… » que tu murmures, sans jamais lâcher le sachet, attendant de voir la réaction du Coventry.

Le téléphone de l’anglais sert de distraction temporaire alors que tu attends toujours une confirmation de sa part, bien que tu n’aies pas réellement l’intention de partir même s’il te le demande. Tu trouves toujours un moyen d’obtenir ce que tu veux, c’est l’une de tes spécialités. Mais il semblerait que tu n’aies pas besoin d’élaborer le moindre plan, cette fois-ci. « Tu peux rester ici une semaine, à une condition. » Tu arques les sourcils, curieuse. Évidemment, ça ne pouvait pas être aussi simple que de lui offrir ton corps et un peu de poudre. C’est qu’il a toujours su jouer, lui aussi. Il a toujours su quoi dire ou quoi faire pour en obtenir un peu plus, mais surtout pour que toi aussi, tu en veuilles un peu plus. « Mon père sera là dans deux jours pour un énième gala à la con. » Oh tu vois déjà où il s’en va avec ça et tu n’es pas certaine d’avoir envie de si facilement céder à ta part du marché. « Il va falloir que tu m’accompagnes. » La grimace qui apparaît sur ton visage témoigne de la joie absente qui t’envahit à l’idée de devoir aller te pavaner au beau milieu d’une parade de guindé avec qui tu n’as jamais rien eu en commun. Tu t’apprêtes à répliquer, mais il t’en empêche d’un doigt lever qui t’ordonne de te la fermer, ce à quoi tu obéis étrangement docilement. « Une soirée et je te laisse tranquille. » Tu n’as pas la moindre envie de céder à cet échange de service, mais quel choix possèdes-tu réellement, quand il pourrait facilement te montrer la porte et que tu n’as pas d’autre endroit où passer la nuit? « Deal? » Tu pourrais clamer que tu n’as rien à te mettre, que tu ne veux pas te faire chier dans cet univers là à nouveau, que tu lui offres déjà bien assez pour ‘acheter’ ta présence ici, mais tu ne fais rien de cela. « Nora a des goûts de luxe, tu le sais ça? » Il lui faudra donc sortir sa carte bancaire, s’il veut que tu joues le rôle adéquatement face à son paternel que tu avais su charmer à plus d’une occasion par le passé. « Une soirée. » que tu acceptes tout de même à contre-cœur, lui tendant une main pour sceller ce deal qui est loin de t’enchanter, deal dans lequel il semble être bien plus gagnant que toi, même si franchement, ce point est facilement discutable. « Et je garde ça. » que tu renchéris en rattrapant le sachet de poudre que tu es prête à remettre dans tes poches, curieuse de voir si cela élicitera une quelconque réaction de sa part. « Pourquoi est-ce que tu continues de te faire chier avec tout ça? » N'est-il pas rendu à un point de sa vie où il n’a plus besoin de faire les preuves à son père, ou bien est-il complètement dépendant de ce dernier, ayant peut-être quitté sa terre natale sans complètement couper les liens? « On sait tous les deux que t’en as jamais rien eu à foutre, des gens qui fréquentent ces soirées. » Vous moquez d’eux avait longtemps été l’une de vos activités favorites, après tout.

« C’est qu’un début… » Le départ de la pire des associations qui soient, la meilleure recette pour le désastre. Arthur en a parfaitement conscience, mais il n’a jamais su faire demi-tour lorsqu’il s’agissait de la blonde, elle avait le don de toujours l’attirer dans un traquenard différent. Il avait su tomber avant même qu’elle n’ouvre la bouche lorsqu’il avait accepté de la laisser entrer sans réellement savoir ce qu’elle attendait de lui. Ce n’était qu’un début, le retour d’un duo que personne n’avait réellement envie de voir renaître, mais qui venait animer Arthur d’une manière complètement inexpliquée. Une part de lui ne souhaitait pas la voir s’éterniser tandis que le diablotin qui vivait constamment sur son épaule, ne demandait qu’à ce que Nora se creuse à nouveau une place dans leur vie.

Il avait fallu quelques battements dans le vide, une inspiration, avant qu’Arthur ne trouve l’autre part du deal. Tout pouvait se présenter sous la forme d’une piètre excuse pour ne pas la laisser s’introduire dans sa vie sans but. Elle tenait entre ses doigts la promesse de bons nombres de leurs soirées, il avait dans son esprit l’idée qui viendrait une fois encore sauver son image. « Nora a des goûts de luxe, tu le sais ça? » Oh, Arthur en avait parfaitement conscience. Il se souvenait des tenues qu’elle tirait de son placard à l’époque. Il a encore en mémoire les différents achats qu’il avait effectués afin de tirer un sourire sur les fines lèvres de la blonde. « Ça n’a jamais été un problème. » Le Coventry avait bien peu à offrir aux autres si ce n’est son argent. Il avait pour habitude d’acheter les sentiments des autres afin de conserver à ses côtés ceux qu’il considérait encore quelque peu digne d’intérêt. « Une soirée. » - « Une seule. » Qu’il assure tout en venant laisser glisser ses doigts le long de la paume que lui tends Nora. Une soirée, un simple deal, pour apaiser son image, pour qu’elle puisse avoir un toit, le temps de se découvrir une passion pour le corps et le portefeuille d’un autre, probablement. Jamais Arthur ne viendra commenter le simple frisson qui s’empara de lui au contact des doigts de la Parker qui vinrent se resserrer contre les siens. « Et je garde ça. » Du coin de l’œil, il vit le sachet de poudre disparaître dans la poche de la jeune femme. « Non, attends ! » La réaction fut instinctive, presque hurler dans le silence. Au fond de lui, Arthur savait qu’il n’avait pas besoin de cela, qu’il pouvait faire sans que ce n’était qu’une énième distraction. Il avait parfaitement conscience que cela ne pourrait jamais l’aider, mais une petite voix continuait à hurler qu’un peu de poudre n’avait jamais tué personne. Juste un peu, pour s’échapper une seule putain de minute, pour laisser ses sentiments déchaînés sur le coin du comptoir et prendre le temps de souffler.

Sans s’en rendre pleinement compte, il s’était rapproché de Nora, son corps presque glissé entre les cuisses de la jeune femme toujours assise sur le tabouret du comptoir. « Pourquoi est-ce que tu continues de te faire chier avec tout ça? » Arthur ne put retenir un léger éclat de rire empli d’un sarcasme qui laissait déjà entrevoir sa réponse. « On sait tous les deux que t’en as jamais rien eu à foutre, des gens qui fréquentent ces soirées. » Leurs visages se retrouvèrent si proche l’un de l’autre qu’Arthur pouvait presque sentir le souffle de Nora contre sa joue. Il avait envie de céder, de ne pas répondre à sa question, d’aller se perdre contre les lèvres de la jeune femme sans vraiment se soucier si elle était venue pour cela ou non. Mais le Coventry n’avait jamais su saisir la chance de se taire, un jour dans sa vie. « Je n’ai pas envie de finir comme toi, à aller implorer mon ex pour un toit. » Ses mots étaient durs, entrelacer d’un esprit de vengeance qui n’avait clairement pas lieu d’être entre eux, mais Arthur ne connaissait que cela : la provocation. Et déjà, les doigts de sa main droite vinrent se glisser le long de la cuisse de Nora en direction de la poche qui refermait le sésame. « J’ai vraiment eu une journée de merde Nora. » Arthur vint glisser son regard dans celui de la blonde. Il avait toujours apprécié la tempête qu’il pouvait lire au travers de ses prunelles céruléennes. Elle avait su l’avoir à plusieurs reprises avec ce regard qui renfermait tant de secrets dont il n’avait aucune idée. Une fois encore, il approcha, son corps prenant pleinement place entre les cuisses de la jeune femme. Son nez vint effleurer celui de Nora sans jamais franchir la dernière étape, parce qu’Arthur pouvait être le dernier des connards, il ne s’imposait jamais sur une femme. « T’as pas envie de t’amuser un peu ? » Une soirée a ajouté au deal, sans attaches, sans le quelconque besoin de discussion. Juste des corps qui se retrouvent et des esprits qui se déconnectent. Le silence devint lourd dans la cuisine, Artur pourrait jurer entendre les battements de son cœur résonner dans la pièce tandis que ses doigts joueurs n’avaient de cesse de dériver vers la poche de la jeune femme. « Comme avant. » Quand ils ne se promettaient rien et que pourtant ils se donnaient tout au travers de leurs ébats dans des draps de soie.

« Ça n’a jamais été un problème. » Et chercher à te refaire une garde-robe au frais du Coventry n’en est certainement pas un pour toi, de problème. Ce n’est qu’une robe, ce n’est qu’une soirée, c’est bien le deal que vous êtes en train de faire, mais tu le connais assez pour savoir qu’entre vous deux, rien ne se résume jamais qu’à une seule et unique soirée, qu’à une seule et unique danse. Il y a toujours les reprises, parce que c’est plus fort que vous, parce que ça permet de tout oublier, le temps de quelques heures, de quelques jours. C’était la même chose à l’époque de Londres, et il est si facile de replonger dans le même chaos quand ni lui ni toi ne semblez être prêts à aspirer à mieux, qu’importe ce qu’Arthur tente de vendre à qui voudrait bien l’entendre avec son boulot à la con, ses soirées de guindés et son paternel a constamment impressionné. La poudre blanche sert d’appât, ses doigts viennent à la recherche des tiens, s’attardent quelques secondes sur ta peau avant que tu ne les ramènes à toi, faisant disparaître le sachet au même moment. « Non, attends! » Arthur réagit encore plus vivement que ce que tu aurais pu t’imaginer, ce qui ne manque pas de te faire sourire davantage. Il pense peut-être qu’il a toutes les cartes en main, qu’il a le gros bout du bâton, mais la réalité est que tu possèdes quelque chose, plus d’une chose même, qu’il désire et qui pourrait facilement changer son humeur après la journée de merde qu’il prétend avoir eu, et dieu sait que ça te change les idées à toi aussi, de le voir s’impatienter de la sorte. « Attends quoi? » que tu continues, le ton joueur encore plus prenant dans ta voix alors qu’un sourire mesquin naît sur le coin de tes lèvres, ton regard planté dans celui du Coventry. « Peut-être que tu peux m'offrir mieux qu’une semaine. » Tu pousses alors qu’en réalité, il y a toutes les chances du monde qu’au bout de quelques jours, tu sois celle qui file à l’anglaise, jamais capable de partager l’espace de qui que ce soit pendant une longue période de temps, et si Arthur a autrefois été l’exception à la règle, tu ne sais pas si c’est vraiment prudent, de pousser le vice à ce point-là.

Prudent ou pas, c’est tout de même ce que tu fais alors qu’il contourne l’îlot pour se retrouver à tes côtés, son corps venant se faire une place entre tes cuisses, comme si cette proximité nouvelle lui appartenait, qu’elle lui avait toujours appartenu. Sa présence se fait ressentir de partout et contraste avec les mots durs qui s’échappent de ses lèvres. « Je n’ai pas envie de finir comme toi, à aller implorer mon ex pour un toit. » Tu ne sais pas si le mot ex est réellement ce qui définit le mieux Arthur, mais les mots te font légèrement retroussés les lèvres, ton air joueur remplacé par quelque chose de plus mauvais sans que jamais aucune distance ne soit réinstallée entre vous deux, au contraire. « Je suis pas obligée de t’aider non plus, tu sais. » Tes jambes se resserrent légèrement autour de sa taille, tes yeux scannant à toute vitesse son visage, à l’affut de la moindre de ses réactions. « Pas certaine que ton père apprécie autant la première pouffiasse qui te tombe entre les bras. » Son père te connaît, son père t’apprécie même, parce que tu sais bien jouer la comédie et ça, Arthur le sait parfaitement et s’il veut rester dans les bonnes grâces de son paternel, que tu en comprennes les raisons ou non, il sait qu’il gagne tout à ce que tu acceptes cet engagement qu’il a lui-même proposé de base. « J’ai vraiment eu une journée de merde Nora. » Tu voudrais te moquer de lui, chialer sur son pitoyable sort de fils de riche, mais l’intensité de son regard dans le tien t’arrache tous les mots de la bouche, et tu ne peux que suivre son visage qui se rapproche du tien, sans que jamais ses lèvres ne franchissent les derniers centimètres de distance entre vous. « T’as pas envie de t’amuser un peu? » Ta langue vient glisser sur tes lèvres, si près des siennes que tu ne serais pas surprise qu’il puisse la sentir. Tu ne bouges toujours pas toutefois alors que ces doigts glissent contre ta cuisse, s’approchant peu à peu de cette poche où tu as fait disparaître le peu de cocaïne que tu as sur toi. « Comme avant. » « Après. » que tu réponds finalement, tassant sa main de sur ta cuisse pour venir la loger dans le creux de tes reins, t’accaparant finalement de ses lèvres dans un baiser fiévreux qui témoigne de la hausse éprouvée de la température dans les dernières minutes. La poudre attendra un peu, d’autres envies demandant à être satisfaites en premier. « Si ça en vaut la peine. » Tu changes constamment les termes du deal, mais tu n’en as rien à foutre, n’ayant rien à perdre et absolument tout à gagner de la moindre transaction faite avec le Coventry. D’un geste rassuré, tu le débarrasses de son veston, tes doigts s’attardant ensuite aux boutons de sa chemise, mais tu ne finis même pas ce que tu as commencé avant que tes mains ne se lient derrière sa nuque, tes jambes autour de sa taille et il te soulève de ta chaise, déjà prêt à continuer cette conversation ailleurs.