YOU CAN BE THE SUN, I'LL BE THE MOON.

with Marvin Clemens-Pearson

Claire avance. Les mains dans les poches, elle marche seule. La nuit a depuis quelques heures étendu son voile noir sur la ville. Les esprits s'endorment, les sens s'éveillent. Et Claire avance. Dans ces rues désertes qu'elle connaît par coeur pour les avoir sillonnées plusieurs fois le soir, lorsque l'envie de courir et de se vider l'esprit devenait plus forte qu'elle. Lorsque l'idée de se retrouver dans son appartement, entre quatre murs, après une longue journée de travail, ne l'enchantait guère. Et elle se sent toujours bien ainsi, seule, un peu dans sa bulle. Mais ce soir, elle ne court pas. Elle marche. Prend sont temps. Parce qu’elle a besoin de réfléchir, de se remettre les idées en place. Les images de la journée ne cessent de passer et repasser dans son esprit. Particulièrement celle de la réunion, le moment où le visage de son ex est apparu devant la porte. Elle avait tout d'abord cru à une illusion, mais ce n'en était point une. Il était là. Elle le revoyait pour la première fois depuis deux ans. Cet instant seul avait ainsi fini de la chambouler pour le reste de la journée, jusqu'à maintenant, réveillant également des souvenirs douloureux. C'est un beau bordel dans sa tête à cet instant. Claire a envie d'appuyer sur la touche pause, tout simplement.
Ce soir, elle aurait pu accepter l’invitation de Gabrielle de venir la rejoindre à une soirée - il parait même qu’il y aurait de beaux gars, d’après les dires de sa collègues. En effet, elle aurait pu tenter d’oublier cette journée avec quelques cocktails qui lui auraient certainement fait le plus grand bien. Cela aurait pu être une bonne façon d'entamer le week-end. Mais ce soir en réalité, Claire n’y a pas trop la tête... Elle continue de marcher, s’enfonçant dans le dédale du quartier. Elle croise quelques âmes nocturnes qui s’apprêtent à flirter avec les limites du raisonnables en ce vendredi soir. Elle croise aussi d'autres mines esseulées et un peu perdues.  Elle croise parfois leur regard, mais continue d’avancer. Elle s’arrête enfin à un café sur le point de fermer. S’en suit une conversation sans intérêt avec le vendeur. Elle quitte les lieux, avec un sac en papier kraft entre les bras. Elle reprend sa route pendant quelques minutes pour s'arrêter enfin devant une villa, le numéro 386. Et à mesure qu'elle s'avance vers la porte, Claire doute un peu. En effet, elle réalise à cet instant qu'elle n'a pas prévenu avant de venir. Pas un appel, pas un message. Elle a simplement décidé sur un coup de tête qu'elle avait besoin de voir son ami, Marvin. Rebrousse chemin. Fais demi-tour. Peut-être devrait-elle écouter sa raison. Rentrer sagement à la maison et oublier cette journée. Peut-être, oui. Pourtant, au fond d'elle, cette force la pousse. Guide ses pas vers cette maison qu'elle a souvent squatté ces derniers mois, à de nombreuses reprises. Elle sonne finalement et attend qu’une voix n’émane de l’interphone avant de prononcer quelques mots. « Hey, c’est moi... » qu'elle souffle. Nul besoin de plus pour qu’elle ne se présente. Il l’a reconnue, évidemment, au son de sa voix. Du moins, elle l'espère. « ... Claire » qu'elle précise enfin. Au cas où... Puis, elle attend derrière la porte que celle-ci ne s’ouvre. Elle n’attend pas longtemps, à vrai dire, elle n’est pas impatiente. Lorsque la porte s’ouvre, elle découvre le visage du jeune homme. Elle lui offre un sourire désolée. « Tadaa, surprise... Je sais que tu ne m'attendais pas mais...  » Elle hausse simplement les épaules pour terminer sa phrase, avant de lui présenter le sac qu’elle a dans les mains. «  ... J’ai tout de même pensé, cette fois-ci, à apporter un petit encas et qui plus est tout à fait healthy ». Elle anticipe déjà les questions qu'il pourrait lui poser sachant qu'il est plutôt regardant sur ce qu'il mange. Elle n'aurait pas risqué de rapporter des hamburgers bien gras qu'il aurait simplement et poliment mis de côté. « Longue journée.. j'avais envie de me changer les idées un peu  » qu'elle avoue finalement dans un soupir.

 
@Marvin Clemens-Pearson

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with Marvin Clemens-Pearson

Ce n’est pas dans ses habitudes à Claire, de débarquer sans prévenir, quelque soit les circonstances ou même la personne. Non. Elle fait toujours les choses comme il faut. Mais ce soir, il faut avouer que la belle n’a pas beaucoup réfléchi. Elle est sortie de chez elle sans réellement savoir où ses jambes la mèneraient. Sans trop y penser. Voulant simplement se changer les idées. Oublier la journée qu’elle vient de passer. Oublier les souvenirs qui à cet instant ne cessent de perturber sa quiétude de façade. Oublier les mille et une questions qui lui taraudent l’esprit. Et c’est ainsi que ses jambes la mènent chez Marvin. Avant même d'appuyer sur la sonnette, Claire se sent déjà un peu mal à l'aise d'arriver ainsi chez son ami sans prévenir. Mais il est un peu tard pour les regrets ou même faire marche arrière. Lorsque Marvin apparait enfin, elle tente tant bien que mal de rattraper le coup. Une surprise qu’elle feint, tout en lui présentant le sandwich qu’elle avait tout de même pensé à acheter en chemin. Un petit geste indispensable pour se faire pardonner d’avance, si besoin. Étrangement, Marvin ne paraît pas si surpris que cela de la voir, ou du moins il doit être sacrément doué pour ne pas le montrer. Mais Claire ne s'en plaindra certainement pas à cet instant. Elle a suffisamment eu sa dose d’awkward moments pour la journée. « Sandwich au thon et à l’avocat pour toi… Tu trouvera un brownie dans le paquet mais ne t’en fais, il est pour moi celui-là. Mais si jamais tu veux faire un écart ce soir, je serai ravie de le partager » qu’elle répond, lui adressant un petit sourire. Claire n’a pas le temps de lui demander si elle ne le dérangeait pas que Marvin l’invite à entrer. Etrangement, cela la soulage et lui épargne la gêne qu’elle avait déjà anticipé s’il n’avait pas été seul ce soir ou encore s’il préférait tout simplement ne voir personne. Elle se sent déjà un peu mal à l’aise de s'imposer ainsi, mais en même temps désespérée de ne pas rester chez elle. « J'ai mis un documentaire... mais si tu préfères, on peut mettre un film et manger dans le salon ? Sauf si tu préfères qu'on mange à table ensemble ? » L’avocate se contente de lever les épaules alors qu’elle s’affaire à enlever sa veste. Elle réfléchit quelques secondes. « Je ne dirais pas non pour un film… une comédie ça serait sympa. Quelque chose de bien drôle » Pourtant, elle n’est pas vraiment sûre d’avoir la tête à regarder quoique ce soit. Déjà un peu familière des lieux, Claire se dirige alors sans attendre vers le salon. Elle s’installe sur le canapé, laissant échapper un soupir de satisfaction. Celui-ci est bien plus confortable que le sien, qu'elle pense alors. « Tu n’as rien de prévu ce soir? Je suis sûre qu’un joueur de rugby pro doit avoir pas mal d’options intéressantes pour passer son vendredi soir ailleurs qu’à la maison » Elle lui adresse un sourire amusé et à la fois un peu curieux. Elle le sait bien pourtant, que Marvin n’est pas un monsieur-tout-le-monde. Qu’il est un peu plus mature que la norme. Elle le connaît depuis tout juste quelques mois maintenant mais en apprend encore sur lui à chaque fois. Claire n'arrive pas toujours à le cerner, et cela rend les moments qu’elle passe avec lui toujours un peu plus surprenant et imprévisible à chaque fois.
Le téléphone de l'avocate vient finalement interrompre leur discussion. Fronçant les sourcils, Claire jette un coup d'œil rapide à son appareil. C’est son client du matin qui l’appelle. Elle pousse un soupir d'agacement en fermant les yeux. « Fais chier » qu’elle dit tout bas, plus pour elle même. Elle ne l'avait pas rappelé afin de l'informer de l'issue de la discussion avec Myers Prospecting. Elle n'avait pas la tête à ça, et encore moins à cet instant. Au contraire, elle souhaite oublier tout de cette réunion et de sa rencontre inattendue avec son ex-fiancé. Devant le regard interrogateur de Marvin, l'avocate se racle la gorge. « Juste un client. Je le rappellerai lundi, il est tard maintenant » qu’elle explique, essayant de retrouver un peu de sa contenance. « J’ai passé une sale journée à vrai dire. Je ne saurais même pas comment la qualifier… J’espère que la tienne a été un peu plus intéressante. T’as fait quoi de beau? » Claire préfère anticiper la discussion, en la faisant porter sur son ami, préférant tenir loin les questions qui à terme porteraient sur elle.

 
@Marvin Clemens-Pearson let's dive into this again