Octobre 2022

La pluie tombait bruyamment sur le toit de sa maison et le vent ne faisait qu'accentuer le désagrément de cette journée qui s'annonçait très chargée en émotions mais il fallait avouer que tout cela ne commençait pas de bonne augure pour la jeune coiffeuse qui voulait à tout prix évoluer dans sa vie personnelle. Alors oui, peut-être semblait-elle être en forme et vivre une vie plutôt confortable mais pourtant, elle se révélait assez fragile et cette journée de pluie l'angoissait peu à peu au fur et à mesure que l'heure approchait. Son rendez-vous était dans le centre ville, elle avait décidé de se rendre chez un photographe pour faire des photos d'elle en deux pièces, elle voulait voir ce que son corps rendait réellement chez un professionnel et elle voulait avoir un peu plus confiance en elle. Ces photos n'étaient aucunement dans un but commercial ou autre, simplement à titre personnel, parce qu'elle pensait que cela pourrait l'aider à évacuer tout la noirceur qui se trouvait en elle et ainsi supprimer un peu plus cette négativité qui régnait autour de son physique qu'elle n'avait encore jamais totalement accepté, se regarder dans un miroir était pour elle une véritable torture alors, elle voulait franchir un nouveau cap et pour ses trente-ans, elle aimerait se dire « Enfin, je peux porter des robes en dévoilant mes jambes sans avoir peur d'un jugement ou d'une moquerie. Je suis enfin libérée de tout ça. » mais ces mots n'avaient jamais eu l'occasion d'être prononcés par elle.

Hérine se rendit tant bien que mal à l'agence car, sur la route ça glissait pas mal à cause de la pluie et il fallait de la motivation pour continuer avec ce temps qui avait l'air de lui dire de rebrousser le chemin néanmoins, elle voulait persévérer et elle ne comptait pas se laisser dicter par des mauvaises ondes, ce qu'elle devait faire surtout, c'est se reprendre en main et ça elle en avait parfaitement conscience malgré tout. C'était le moment ou jamais de devenir celle qu'elle avait toujours voulue être. Alors par des pas décidés, elle s'avançait dans les salles avec un peu de retard jusqu'à temps d'arriver devant la porte du studio où on l'attendait patiemment... Mais cette rage au ventre qu'elle possédait tout à l'heure n'était plus. Son visage s'était totalement décomposé et elle ne savait plus où mettre la tête, sa vision se déformait et elle voyait tout flou. Elle quitta la porte où elle s'était positionné juste avant pour se diriger vers une salle qu'elle ne connaissait pas, cet endroit ressemblait à un hôtel avec des couloirs interminables. Elle ne savait pas où elle allait et bien sûr elle n'allait pas être tranquille bien longtemps. A son plus grand désespoir.

Elle s'était assise dans un couloir près d'une autre salle de studio avec une salle d'attente. Ses larmes ne cessaient d'abîmer son visage qui était maquillé par ses soins. Ses joues avaient pris une couleur presque pourpre, causée par la honte de ses agissements. Elle avait été lâche sur ce coup, elle s'était enfuie aussi prêt du but et elle ne se voyait plus revenir en voyant le tas de monde qui se trouvait finalement là. Des mannequins attendaient et n'avaient pas le temps pour des jérémiades pareilles. Elle était bloqué là et ne voyait plus le côté positif des choses, elle espérait pouvoir reprendre le contrôle de ses émotions qui avaient noircis totalement le dessous de ses yeux, elle frotta de ses deux mains ses paupières ce qui laissa encore plus de traces sur son visage. De toute manière, elle estimait que c'était foutu. Un effort dans le vent. Des paroles en l'air. Elle ruminait abandonnant tout sur son passage, elle ne comptait pas revenir et elle ne croyait plus en une résurrection qui aurait pu changer le cours de sa vie. Elle avait tout gâché. Cette maladie avait eu raison d'elle, elle avait gagnée.

Dans un soupire, je passe la porte pour sortir du studio, fait quelques pas pour traverser le couloir et fini par m’échouer dans un canapé de la salle d’attente. Relevant mon pantalon je grimace légèrement puis laisse échapper un nouveau soupire, de soulagement cette fois-ci, lorsque je retire ma prothèse et que la pression sur mon moignon devient subitement moins forte. Fermant un instant les yeux, je retire aussi le manchon et me masse le genou, en profitant pour inspecter la peau afin de voir si je trouve une explication aux douleurs qui ne me quittent pas depuis ce matin. Toutefois, mise à part quelques micro coupures et une toute petite rougeur au niveau la cicatrice, je ne trouve rien de compromettant sur ma peau. Grimaçant lorsque les douleurs fantômes se réveillent brusquement, je m’efforce de garder une respiration calme et profonde, frictionnant un peu plus vivement l’articulation essayant ainsi de faire en sorte que cette sensation de brûlure, au niveau de mon pied amputé, cesse enfin.

Toutefois, c’est un mouvement sur ma gauche qui détourne mon attention et en voyant une jeune femme se recroqueviller sur elle-même au sol afin d’éclater en sanglot, mon cœur se sert subitement. Je ne la connais pas, je ne l’ai jamais vue et pourtant je ne peux pas être indifférent face à la détresse d’une autre personne. Alors, sans trop réfléchir, je me penche en avant, attrape un paquet de mouchoir et c’est en sautillant sur la jambe qui me reste, que je m’approche d’elle.

« Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je suis sûr que ça ne vaut pas le coup de te mettre dans un tel état de détresse » dis-je en me penchant en avant, laissant tomber le paquet de mouchoir à ses pieds « Est-ce que ça va ? » demandais-je avec douceur. En croisant son regard, je me rends compte à quel point ma question est rhétorique et ne remarque qu’après la différence de couleur entre la beau autour de sa bouche et celle du reste de son visage. Je ne suis, je dois l’avouer, même pas surpris en vrai, tant j’ai l’habitude de voir des personnes avec des différences physiques plus ou moins visible au quotidien « Je peux m’asseoir ?» demandais-je quand même en désignant une place à ses côtés. Peut-être a-t-elle envie et besoin d’être seule ? Dans ce cas-là, je me retirerais et ne la dérangerais pas plus longtemps.

Octobre 2022

Elle se sentait observait au loin, une silhouette semblait peinée de la voir dans cet état, elle roulait alors des yeux car elle n'avait pas besoin de cela, elle ne voulait pas attirer la pitié des autres. C'était son propre combat et elle devait faire face à ses démons sans les contourner, chose qui était impensable à l'heure d'aujourd'hui parce que ça prenait malheureusement le dessus et elle s'en voulait énormément. Après avoir détourné durant quelques secondes le regard, elle vit l'homme qui l'observait tout à l'heure s'approchait lentement, elle arqua un sourcil et le regarda du coin de l'œil questionnant alors l'intention de ce dernier mais, finalement, il lui tendit chaleureusement un mouchoir. Elle leva les yeux en sa direction, ses yeux voulaient tout dire. C'était une chose qui la touchait particulièrement car personne par ici n'aurait pu faire ça. Alors, peut-être lui aussi souffrait de quelque chose et il pouvait sans doute comprendre la détresse de la coiffeuse.

Elle accepta cette délicate attention et s'essuya le visage ainsi que les marques noires qui ornaient son visage déjà tâché de blanc. Un petit sourire s'échappa de ses lèvres, c'était là un rictus rempli de nervosité car elle ne le connaissait pas alors pourquoi être si gentil avec elle. « C'est gentil de vous préoccuper de moi... Mais disons que vous ne comprendrez pas le pourquoi du comment... Et moi non plus d'ailleurs. Je me sens un peu perdue. et... déçue » disait-elle un peu accablée par sa réaction comme il l'avait signifié quelque secondes auparavant « un peu excessive » c'est vrai, elle avait perdue ses moyens mais était-ce vraiment une bonne raison pour partir en courant, en fuyant la réalité ? Non, c'est clair que non ! Mais ses mains tremblaient de plus belle et ça, elle ne pouvait le contrôler, malheureusement. « Écoutez... Je ne veux pas attirer votre pitié. C'est juste une mauvaise passe. » Oui, ça va. Hérine attisait la curiosité de bons nombres de personnes par ici. Sauf que cet homme en particulier, semblait si différent... Et surtout sans jugement. Malgré ses bonnes intentions, Hérine ne comptait pas lui en dire plus et rester un peu distante avec lui. « Je vous remercie quand même pour ce geste chaleureux. » c'est vrai qu'il était rare de voir ça à cette époque, de la gentillesse et de l'empathie. Néanmoins, elle détourna le regard de son interlocuteur parce qu'elle ne souhaitait pas parler. « Si vous voulez, mais je ne promets pas d'être super bavarde... » elle resta froide, elle savait pertinemment que son comportement n'était pas adapté alors qu'il avait était très poli. Elle soupira longuement et clôtura ses yeux afin de reprendre ses esprits. « Excusez-moi, j'ai été malpolie tout à l'heure. Je m'appelle Hérine, et vous ? » qu'elle reprend alors après quelques secondes de silence complet. Sa voix se faisait toujours aussi fragile mais elle tentait d'y montrer un peu plus d'assurance. Son regard marronné s'encra doucement dans celui de jeune homme avec qui elle avait une petite proximité.

Spoiler:

Je ne suis pas insensible à la détresse d’autrui, encore plus depuis que j'évolue dans le milieu du show biz. C'est un milieu rude, qui nous met bien plus souvent en difficulté qu'il ne nous aide et j'ai très rapidement compris qu'une main tendue et une tape sur l'épaule peut faire toute la différence auprès d'une personne. D'autant plus, une personne inconnue. Alors, lorsque je vois la jeune femme effondrée au sol, je n'hésite pas une seule seconde et c'est, armé de mon paquet de mouchoir et mon positivisme à toute épreuve que je la rejoins rapidement. Celle-ci me remercie poliment et c'est un sourire en coin qui s'affiche sur mon visage lorsqu'elle me dit que je ne pourrais pas à la comprendre, car elle ne se comprend pas elle-même. « Donnez-moi une chance en m'expliquant ce qui se passe» dis-je avec douceur « Je comprends plus de chose que vous ne le pensez »

Est-ce un lien avec les différentes couleurs de peau de son visage ? Je pense bien, mais je me garde de faire une quelconque remarque. « Ce n'est pas de la pitié» répondais-je lorsqu'elle me dit ne pas vouloir attirer de la pitié, car elle se trouve seulement dans une mauvaise passe « Je suis sincèrement curieux de savoir ce qui se passe » et pour le lui faire comprendre, je lui demande si elle accepte que je me joigne à elle au sol, autant pour pouvoir discuter en étant à sa hauteur que parce que je ne vais pas, physiquement, pouvoir tenir une conversation en étant debout.

Lorsqu'elle me répond qu'elle ne sera sans doute pas bavarde, je hausse simplement les épaules et, ignorant son ton froid, je me déplace de côté puis me laisse glissé le long du mur pour m'installer au sol à sa gauche. J'allais reprendre la parole lorsqu'elle finit par s'excuser d'avoir été impolie et se présenter comme étant une certaine Hérine « Très jolie prénom » commentais-je en lui tendant la main, sourire éternel sur les lèvres «Enchanté Hérine, moi c'est Andrew » me présentais-je à mon tour « Et maintenant, dites moi tout. Qu'est-ce qui s'est passé ? Et n'ayez pas peur, je suis bien le dernier qui vous jugera» je lance un coup d’œil vers mes genoux et il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir la différence entre mes deux jambes. « Qu'est-ce qui vous tracasse ?»

Octobre 2022

C'était assez rare de voir des personnes aussi aimable ces temps-ci, c'est pourquoi la coiffeuse avait un peu des doutes sur l'interlocuteur qui se montrait si compréhensif avec elle. Pourtant, elle n'était pas rassuré du tout à l'idée d'avoir fait attendre inutilement son photographe ainsi que les personnes qui avaient rendez-vous derrière elle, elle culpabilisait énormément de ne pas avoir pu dépasser ses peurs. Comment alors expliquer cela à cet inconnu ? Lui aussi était mystérieux, elle n'avait pas manqué sa gêne au niveau de sa jambe, bien sûr qu'elle l'avait remarqué sautiller sauf qu'elle ne voulait pas y prêter plus d'attention. Elle imaginait qu'il avait aussi un soucis et que peut-être il ne voulait pas en parler. Elle ne voulait pas se montrer indiscrète, elle voulait simplement essuyer ses larmes et retenter sa chance de pouvoir admirer ce corps tacheté. Mais aura-t-elle le droit à une seconde chance ?

« Donnez-moi une chance en m'expliquant ce qui se passe » assis à côté d'elle, l'inconnu semblait totalement bienveillant, Hérine qui voulait rester à l'écart, se relâcha alors. «  C'est à cause de ce que j'ai sur mon visage. » elle pointa du doigts ses tâches blanches sur le menton et aux paupières mobiles. Son visage était toujours noircit par le maquillage et à vrai dire, c'est ce qui sautait le plus aux yeux mais la coiffeuse ne pouvait pas s'empêcher de faire une fixette sur ses tâches. « Je comprends plus de chose que vous ne le pensez » un silence presque mortuaire s'installa, la jeune femme avait quelque peu écarquillé les yeux, un peu gênée par cette phrase. « Ah oui... ? Parlez-moi de vous aussi si vous voulez en savoir plus à mon propos. » qu'elle repris alors après un court instant d'hésitation. Son timbre de voix s'était un peu plus affirmé que tout à l'heure, mais rien de très grandiose. Elle voulait se rassurer en lui posant également des questions. Après tout, lui aussi semblait avoir souffert par le passé et peut-être encore aujourd'hui... Son regard ne cessait de vacillait sur sa jambe, c'était là de la curiosité mal placée selon elle, elle n'était pas vraiment à l'aise et n'avait pas l'habitude tout ça...

« Ce n'est pas de la pitié » il semblait vouloir être rassurant. Le regard de la brune vacillait dans tous les sens se posa à nouveau sur le visage de l'inconnu qu'elle observa durant un long moment. « Je vais vous laisser le bénéfice du doute alors. » un petit sourire en coin des lèvres refaisait surface. Néanmoins, elle ne pouvait pas l'affronter très longtemps, la gêne du côté de la jeune coiffeuse se montrer très rapidement. Ses réactions avaient tendance à être quelque peu démesurées.  « Je suis sincèrement curieux de savoir ce qui se passe » Il était vraiment curieux de savoir, Hérine se demander bien ce qui pouvait lui trouver de si attirant ou de si mystérieux. « J'aurai aimé que ce soit quelque chose d'invisible, ou bien qui puisse se cacher. » c'est vrai, cette maladie avait faillit avoir raison d'elle de nombreuses fois alors, parfois se contrôler était assez compliqué. Ce n'était plus une enfant, certes mais, subir les moqueries des gens constamment et se faire insulter gratuitement cela devenait assez fatigant au fil des jours qui découlait.

« Très jolie prénom » L'inconnu se rapprocha un peu plus d'elle, semblant vouloir créer une sorte de lien ou de conversation. Elle n'était pas habitué à avoir autant de proximité avec un homme qu'elle ne connaissait pas. Elle ne gardait pas un bon souvenir des hommes qui venaient lui parler sur les réseaux sociaux et qui n'assumaient pas la voir en vrai. Elle était néanmoins très fusionnelle avec son ami Oliver, avec qui les liens étaient très soudés depuis des années et des années qu'elle ne prenait plus la peine de compter. Elle ne voulait pas mettre tout le monde dans le  même sac néanmoins, il y a quelques mois environ, elle avait rendez-vous avec un homme dans un restaurant, ce dernier lui posa un lapin, chose qu'elle ne comprit aucunement. Depuis ce jour, elle voulait se recentrer sur elle-même et ne plus faire confiance, pour le moment... Alors, l'arrivée soudaine de ce jeune l'homme l'avait quelque peu perturbée, elle ne savait pas si elle devait croire en sa bienveillance où s'il était là pour se moquer une fois qu'elle lui aurait dit le pourquoi du comment. Même si elle ne le pensait pas ainsi, en vu de sa générosité mais, ça ne voulait rien dire au final. Elle avait envie de se déplacer de quelque pas, mais elle finit par se dépasser et à supporter ce rapprochement soudain, ses joues s'étaient rosées de peu.

« Merci... » qu'elle murmura timidement proche de son oreille. C'était un prénom peu commun mais qu'elle aimait et, rare sont les personnes qui lui ont dit ce genre de choses. Ce compliment avait finit par la mettre à l'aise. Il lui tendit la main subitement, un geste qu'elle finit par accepter sans vraiment se poser de question. Elle prit sa main délicatement entre les siennes, en inclinant sa tête vers l'avant pour le remercier, ses larmes avaient cessées de couler depuis quelques temps, grâce à lui. « Enchanté Hérine, moi c'est Andrew » Andrew était un très joli prénom également, elle lui sourit tendrement. « Andrew est également très joli et agréable à prononcer » qu'elle acquiesca de nouveau par un sourire sincère. « Et maintenant, dites moi tout. Qu'est-ce qui s'est passé ? Et n'ayez pas peur, je suis bien le dernier qui vous jugera »  Il voulait vraiment savoir, c'est avec un peu de peur qu'elle décida de se lancer. « Et bien, disons que j'ai une maladie depuis que j'ai l'âge de vingt-ans. Au début la maladie ne s'était pas autant propagée mais, j'avoue qu'avec le temps, j'ai beaucoup plus de mal à m'assumer... Sauf que depuis quelques mois, j'ai envie de prouver que l'on peut être belle avec toutes ces tâches. Mais j'ai perdu mon courage, aujourd'hui... » disait-elle sur un timbre de voix fracassée. Elle le regarda avec des yeux larmoyants tandis que lui, lui montra également sa jambe qui avait l'air fragilisée. « Et vous ? Racontez-moi aussi. Je suis curieuse de savoir ce qui est arrivé à votre jambe. » elle arqua un sourcil et tenta de relativiser, elle avait hésité à toucher cette jambe, sa main s'était arrêté tout près. « Qu'est-ce qui vous tracasse ? » ses pupilles vinrent de nouveau s'ancrer dans les siennes, beaucoup de choses la tracasser, pour dire vrai... « Je devais me faire photographier aujourd'hui cependant, j'ai perdu mes moyens devant la porte du studio. Voyez-vous, mes tâches ne s'arrêtent pas à mon visage, elles sont partout sur mon corps et je devais poser en sous-vêtements afin de voir peut-être la beauté qui se cache que j'arrive pas à percevoir... Je voudrais évoluer, m'assumer. Sauf qu'il me manque aussi les encouragements d'une personne. » qu'elle confia à l'inconnu sans s'interrompre une seule fois le fil. Elle était essoufflée et elle serra ses mains contre sa poitrine, culpabilisant à nouveau de confier ses problèmes à un inconnu qui lui souffrait sûrement aussi. Tout ça était une erreur venant d'elle, ce qu'elle devait assumer. Elle voulait ôter de son esprit ses pensées négatives. Le manque de son papa se faisait cruellement ressentir et d'ailleurs, c'est à lui dont elle faisait allusions quand elle parler d'encouragement, si elle en avait eu de sa part, sans doute que ça l'aurait aidé.  «  Mais bref, assez parler de moi. J'imagine que ça ne doit pas être simple tous les jours pour vous aussi. Pourtant, à vous voir de près, vous me paraissait plein de vie. » elle l'enviait totalement mais elle ne le connaissait pas du tout. Elle passait par pleins d'émotions mais son petit sourire ne quittait plus du tout ses lèvres pulpeuses. Elle commençait par apprécier la présence de cet inconnu à sa plus grande surprise.

Ainsi, donc, j'avais bien vu : si elle se met dans cet état de profonde détresse, c'est à cause de sa différence physique. Compréhensif, je hoche la tête avec un petit « Je vois » prononcer avec douceur. si elle se met dans cet état de profondes détresses, c'est à cause de sa différence physique. Je souris doucement lorsqu'elle me retourne la question et hausse les épaules «Plus tard » pour l'instant, j'ai envie d'en savoir plus concernant Hérine.

Il n'en faut pas plus pour qu'elle prononce une phrase qui ne m'étonne guère : elle aurait préféré vivre avec un handicap invisible ou au moins quelque chose qui se cache plus facilement. Il est vrai qu'à part vivre sous une cagoule, elle ne peut pas se déplacer sans montrer la dépigmentation de son visage. « Parfois, les handicaps invisibles sont presque pire que ceux que l'on voit » annonçais-je dans un haussement d'épaules « Cela dit, je comprends totalement votre point de vue et ce que vous voulez dire par là» hochais-je la tête.

Après une rapide présentation, elle s'ouvre enfin un peu plus m'expliquant que cette maladie elle l'a depuis qu'elle a 20 ans, que celle-ci ne s'arrête pas juste au visage, mais qu'elle recouvre tout son corps et que, si elle était là, aujourd'hui, c'était parce qu'elle voulait se faire photographier en sous-vêtements afin de montrer au monde qu'elle est belle malgré tout. « C'est très noble comme démarche» répondais-je en souriant « Et qui demande un courage extrême » je me redresse légèrement « Vous avez au moins déjà réussi à passer les portes du studio et c'est déjà un pas énorme vers la bonne direction » que je reprends, toujours sur le même ton « Je trouve cela intéressant que vous ayez choisi la photo pour réussir à vous accepter davantage. Les gens ont trop tendance à ne voir la photographie que pour le côté artistique de la chose. Mais elle a beaucoup de vertus thérapeutiques auxquelles on ne pense que trop peu.»

Je souris doucement avant de laisser échapper un rire amusé lorsqu'elle revient à la charge avec son envie de savoir ce qui s'est passé 'avec ma jambe' « Je commence à me demander qui est le plus curieux entre nous » rayais-je avec amusement avant de relever mon regard sur la jeune femme « En 2019, j'ai commencé à avoir des douleurs dans le pied et ces douleurs ne passaient pas, si bien que j'ai décidé de faire une radio de contrôle... Qui a révélé un ostéosarcome qui avait déjà commencé à s'attaquer tout doucement à la cheville » je dévie mon regard, le posant sur mon moignon et me caresse le genou « La chimio et la radiothérapie n'auraient rien changé et il fallait trouver une solution beaucoup plus rapide et radicale avant que le cancer ne se propage davantage. Du coup, j'avais le choix entre l'amputation ou la mort » je reporte mon attention sur Hérine « Autant te dire que je n'ai pas chois la mort » je hausse les épaules, parlantcomme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

«Si je te parlais des vertus thérapeutiques de la photo c'est parce que je sais exactement ce que c'est que d'avoir une différence physique et combien le fait de devoir poser devant les caméra m'a beaucoup aider à l'acceptation de ce nouveau corps» sourire éternel sur les lèvres, je me redresse et me laisse aller en arrière, m'adossant contre le mur «Je suis acteur et mannequin avant d'être handicapé et je n'avais pas le choix que de reprendre le chemin vers les plateaux dès que je le pouvais » je lève les yeux vers le plafond et pince les lèvres « J'en parle avec naturel et avec facilité, mais ça n'empêche pas mon esprit de partir parfois au galop sans que je ne puisse l'arrêter » je soupire doucement «Ce n'est pas évident tous les jours. Aujourd'hui par exemple, les douleurs fantômes sont horribles » reprenais-je avec sincérité « J'ai l'impression que mon pied et toute ma cheville est en feu… Alors qu'il n'y plus rien là, en dessous du genou » je secoue la tête « C'est terriblement frustrant ces sensations fantômes Je peux te promettre que là en ce moment, je suis en train de bouger mes doigts de pied par exemple» je pose mon regard sur l'endroit où devait se trouver mon pied à la base.

Prenant une profonde inspiration, je fini par détourner mon regard que je reporte sur Hérine « Tu sais, la première chose que j'ai remarqué chez toi ce n'était pas la différence de couleur de ton visage, mais à quel point tes yeux son expressif et combien les traits de ton visage sont incroyables » je lui souris doucement « Je peux t'assurer que tes photos seront magnifiques » je lance un coup d'oeil vers le fond du couloir « C'était avec Liu Park que t'avais rendez-vous, non ?» Supposais-je « Parce que si c'est le cas, tu n'aurais pas pu trouver meilleure photographe pour commencer. Elle est incroyable et sait te mettre à l'aise » je lui souris doucement « C'est devant son appareil que j'ai posé la première fois après mon amputation et elle ne m'a jamais fait comprendre que j'étais différent.» Je repose mon regard sur Hérine « Tu devrais y retourner, je suis sûre qu'elle t'acceptera et qu'elle te trouveras une petite place entre tous ses rendez-vous aujourd'hui encore » que je l'encourage « Je peux même t'accompagner si tu le souhaites. »

Octobre 2022

Quel bonheur pour Hérine de se sentir enfin comme tout le monde, à sa grande surprise, ce Andrew avait l'air d'être une personne différente des autres, ou plutôt, elle en était sûre. Pour la simple et bonne raison que peu de personnes venaient l'accoster même dans les moments les plus difficiles pour elle. Donc c'était une sensation assez étrange que ressentait la jeune coiffeuse, de plus,  se confier en quelques secondes à cet inconnu était peu banal pour elle et même  si ce n'était que de simples détails, c'était déjà beaucoup pour la jeune brune qui ne désirait qu'une seule chose ; avoir la paix avec elle-même et s'accepter pleinement comme elle était à ce jour. Ses tâches blanches faisaient d'elle une personne unique avec un charme inestimable, cependant elle était bien incapable de le voir. Les adultes pouvaient se montrer bien plus mesquins qu'on ne pouvait le penser et Hérine ne voulait plus se montrer naïve. Ils avaient le dont d'attirer l'attention et de s'encrer dans l'entourage pour ensuite mieux briser leur cible. Hérine espérait tant bien que mal de s'être séparé de ces personnes toxiques. Elle en avait assez de se faire de faux espoirs, l'absence de son père la faisait beaucoup souffrir en plus de cela. Néanmoins, Hérine était bien plus forte qu'elle ne le pensait, parce que ce tout ce qu'elle avait pu subir jusqu'à présent, elle avait toujours su rebondir malgré la grande difficulté et ça c'était une grande preuve de sa force mentale. Mais c'est pareil, elle était incapable de le remarquer.

Elle était plutôt apaisée par les doux mots de Andrew, il l'écoutait et la regardait avec attention, Hérine se sentait à ce moment-là écoutée, sans être jugée. Ce sourire qu'elle avait sur ses lèvres rosées depuis tout à l'heure, elle ne pouvait le lâcher, elle se sentait tellement mieux que tout à l'heure c'était comme s'il l'avait hypnotisé. Hérine remarqua qu'il ne souhaitait pas en dire plus sur lui, elle fit abstraction de ça, parce que leur conversation était tellement naturelle qu'il aurait finit par se confier d'une minute à l'autre. Les regards vacillaient entre les deux, il étaient tous les deux positionnés côte à côte, pas vraiment très proche mais pourtant ils arrivaient à se comprendre en un seul regard. « Parfois, les handicaps invisibles sont presque pire que ceux que l'on voit » Hérine baissa les yeux face à ses mots assez durs, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas pesé le poids de ses mots. « Je suis désolée si j'ai pu dire quelque chose d'affreux, ce n'était pas mon but. J'imagine que c'est aussi difficile parce qu'on doit constamment se justifier et que les autres ne nous crois pas. Je ne peux pas imaginer cette souffrance. » Elle leva les yeux au ciel, se demandant si finalement, sa maladie n'était pas une des moins graves. Mais au final, les maladies en tout genre, sont-elles moins graves ou plus graves? Devraient-elles être jugées de la sorte? Une maladie ou bien un cancer, devraient ne pas subir de jugements. Les souffrance qu'enduraient les personnes ne devraient pas non plus être côté. Mais dans cette société, tout était listé, alors peut-être que Hérine était considéré comme moindre alors qu'elle souffrait elle aussi, tout comme Andrew. Mais à des degrés différents. « C'est vrai. Vous n'avez pas tord, je viens de réfléchir à tout ça et je me suis rendue compte que tout ce temps, j'ai eu tord. » Oui, ses yeux respiraient l'honnêteté, elle se rendait compte à l'instant de son erreur tout ce temps. Elle hocha la tête pour acquiescer à ses paroles, sa douce voix plus rassurée que tout à l'heure montrait sa compréhension totale.

Hérine semblait plus affirmée à cet instant, elle se détendit même les membres pour montrer qu'elle allait mieux. « C'est très noble comme démarche » Il lui répondit en souriant, comme si elle était entrain de faire quelque chose d'extraordinaire. Elle sourit à nouveau et rougit de peu. « Et qui demande un courage extrême » Il reprend alors et sur ces dernières phrases, Hérine ne put s'empêcher de rougir encore plus. « Disons... Que je fais de mon mieux. Je veux défendre cette cause, qui est la MIENNE également. » Oui, il fallait bien qu'elle parvienne à se faire entendre. « Vous avez au moins déjà réussi à passer les portes du studio et c'est déjà un pas énorme vers la bonne direction » Il semblait l'encourager dans sa démarche, chose qui mettait un peu de baume au cœur. « Je trouve cela intéressant que vous ayez choisi la photo pour réussir à vous accepter davantage. Les gens ont trop tendance à ne voir la photographie que pour le côté artistique de la chose. Mais elle a beaucoup de vertus thérapeutiques auxquelles on ne pense que trop peu.» Il n'avait pas tord, Hérine avait pensé à cette solution afin de s'accepter pleinement et voir un photographe talentueux pour cette occasion, lui aurait permis de voir la beauté de son corps. C'est ce qu'elle pensait réellement. « Entre nous, je pense que c'est la seule solution que j'avais pour m'accepter totalement et pour montrer que la beauté n'est pas forcément quelque chose de proportionné ou monotone. » En ces temps-ci, la différence ne devrait plus poser problème, les gens devraient être plus ouverts d'esprits mais malheureusement, encore beaucoup d'inégalités auxquels doivent faire face ceux qui souffrent d'une quelconque différence.

La brune était remise sur patte, elle était prête à entendre Andrew se confier à elle. Elle avait l'impression de ne parler que d'elle depuis tout à l'heure.  « Je commence à me demander qui est le plus curieux entre nous » Elle détourna le regard un peu gênée. Hérine ne voulait pas raconter uniquement son histoire, elle voulait que les autres aussi se confie, c'était comme une sorte de lien de confiance qui se tissait et cela voulait dire qu'elle pouvait se fier à lui par la suite. « En 2019, j'ai commencé à avoir des douleurs dans le pied et ces douleurs ne passaient pas, si bien que j'ai décidé de faire une radio de contrôle... Qui a révélé un ostéosarcome qui avait déjà commencé à s'attaquer tout doucement à la cheville » Il commença à raconter un peu son histoire, Hérine était aux aguets et elle ne bronchait pas d'un seul millimètre. « La chimio et la radiothérapie n'auraient rien changé et il fallait trouver une solution beaucoup plus rapide et radicale avant que le cancer ne se propage davantage. Du coup, j'avais le choix entre l'amputation ou la mort » A ces mots employés si durement, Hérine baissa le regard, elle se sentait un peu impuissante face à cette situation. Les médecins ne pouvaient vraiment rien faire? Elle se mit à mordiller le bout de son index, imaginant la douleur que cela avait pu provoquer. « Autant te dire que je n'ai pas chois la mort » Mais il avait l'air plutôt heureux, Hérine releva le regard et clôtura ses yeux durant quelques secondes. « Je suis désolée pour tout ça. » Elle s'excusa car elle ne savait pas comment le réconforter, c'étaient les seuls mots qu'elle avait réussi à sortir de sa bouche. Elle culpabilisait notamment d'avoir pleuré à cause de la peur tout à l'heure, alors que lui, avait vécu bien pire...

« Si je te parlais des vertus thérapeutiques de la photo c'est parce que je sais exactement ce que c'est que d'avoir une différence physique et combien le fait de devoir poser devant les caméra m'a beaucoup aider à l'acceptation de ce nouveau corps » Hérine n'était donc pas la seule à avoir trouvé cette solution pour accepter son corps. Elle serra les poings contre sa poitrine et continua de l'écouter. « Je suis acteur et mannequin avant d'être handicapé et je n'avais pas le choix que de reprendre le chemin vers les plateaux dès que je le pouvais » Donc cet homme était mannequin? Hérine écarquilla les yeux, elle était surprise et heureuse à la fois qu'il ait pu arriver jusque là, sûrement pas facile au début pour lui mais cela devait être quelque chose désormais. « Je suis vraiment époustouflée par cette force que tu as en toi. » Murmurait-elle assez timidement en face de lui. Ses yeux en disaient longs sur ce qu'elle pensait mais ce n'était pas quelque chose de méchant. Elle était au contraire, très fier de ce parcours qu'il avait fait. Et qu'il avait pleinement réussit.  « J'en parle avec naturel et avec facilité, mais ça n'empêche pas mon esprit de partir parfois au galop sans que je ne puisse l'arrêter » Il continuait sans s'arrêter, Hérine aimait le son de sa voix qui avait le don de la réconforter. « Ce n'est pas évident tous les jours. Aujourd'hui par exemple, les douleurs fantômes sont horribles » Il expliquait que les douleurs revenaient, mais les douleurs fantômes? Etait-ce une forme de déni pour lui?  « J'ai l'impression que mon pied et toute ma cheville est en feu… Alors qu'il n'y plus rien là, en dessous du genou » Il reprit alors semblant bouleversé par tout ça, il voudrait sûrement se débarrasser de ce mal qui le hantait chaque jour mais la tâche ne se montrait pas aussi facile qu'elle en avait l'air. « C'est terriblement frustrant ces sensations fantômes Je peux te promettre que là en ce moment, je suis en train de bouger mes doigts de pied par exemple » Hérine dirigea également son regard sur le membre fantôme. Elle pinça ses lèvres se sentant toujours aussi impuissante face à ces paroles. Elle tenta cependant de rester le plus neutre possible pour ne pas qu'il puisse croit que Hérine ressentait de la pitié pour lui alors que c'était bien là tout le contraire.

« Tu sais, la première chose que j'ai remarqué chez toi ce n'était pas la différence de couleur de ton visage, mais à quel point tes yeux son expressif et combien les traits de ton visage sont incroyables » Il dévoila à Hérine ce qu'il avaient pensé d'elle aux premiers abords, chose qui l'avait touché sincèrement... « Mes yeux sont le reflets de mon âme. J'imagine que toute la haine était ressortie à ce moment-là. Alors quand je n'arrive pas à m'exprimer ce que je ressens, ça doit être mes yeux qui parlent à ma place. » Son timbre de voix est quelque peu voilée, elle était un peu perturbée par tout ce que venait de lui dire Andrew.  « Je peux t'assurer que tes photos seront magnifiques » Il tentait de la rassurer à sa manière. Chose qui la mettait de bonne humeur.  « Je l'espère. » Elle n'en avait guère dit plus. Elle fit ensuite rouler ses yeux au ciel.  « Je m'imagine déjà faire n'importe quoi sur les photos. » Elle soupira de bien être et se mit à rire doucement en pensant aux poses qu'elle auraient pu faire. « C'était avec Liu Park que t'avais rendez-vous, non ? » Evidemment, c'était une photographe hors pairs. « Bien sûr, mais je crois que ça va être compliqué maintenant de faire la séance après toutes ces minutes passées. » C'était sûr, de ce côté là, la jeune femme n'était pas vraiment rassurée. « Parce que si c'est le cas, tu n'aurais pas pu trouver meilleure photographe pour commencer. Elle est incroyable et sait te mettre à l'aise » Andrew était quelqu'un de confiance donc la coiffeuse le croyait malgré tout. « Je suis contente d'avoir fait le bon choix pour une première fois, mais je crois qu'elle va me détester maintenant. » Hérine se recroquevilla sur elle-même, elle avait toujours ses poings serrer contre sa poitrine. « C'est devant son appareil que j'ai posé la première fois après mon amputation et elle ne m'a jamais fait comprendre que j'étais différent. » Il lui exprima alors sa facilité à poser devant l'appareil grâce à elle, cette photographe était sans doute un véritable ange. « Tu devrais y retourner, je suis sûre qu'elle t'acceptera et qu'elle te trouveras une petite place entre tous ses rendez-vous aujourd'hui encore » Hérine se redressa subitement, ses mains se secoua dans tous les sens. « Oh non, non. Je pense que j'ai assez causé de dégâts aujourd'hui. » Mais une petite moue s'afficha sur son visage. « Je peux même t'accompagner si tu le souhaites. » Un blanc subsista entre eux d'eux avant qu'elle ne se décide à enfin sortir un son de sa bouche. « Je veux bien que tu m'accompagnes. » D'une voix presque imperceptible et cette moue était toujours encré sur ses lèvres. Elle se releva, la grandeur de la jeune coiffeuse ne passait pas inaperçue, ni ses longs cheveux bruns. Elle faisait abstraction de tous ses regards malgré quelques dissipations, avant de se rediriger vers Andrew avec un mini sourire sur les lèvres.