Las posadas chez Zoya
(et Cameron) Lewis
Freya Vranken & cie

Décembre 2022.

Freya verrouilla l’intérieur du SUV — un Audi Q8 gracieusement offert par Charles mais qu’elle détestait conduire en raison de son gabarit — et gravit les quelques marches qu’offraient le perron de la maison. Un sourire égayait son visage et ses iris scintillaient devant le halo lumineux qui s’échappait des fenêtres. La suédoise en était certaine, Zoya ne devait pas avoir lésiné sur les éléments de décoration. C’était un don qu’elle tenait assurément de sa mère ; Ana Maria savait mettre en valeur l’endroit dans lequel elle vivait, le rendre chaleureux, convivial, sans prétention. Un petit frisson courut le long de sa nuque quand son index pressa la sonnette. La suédoise n’avait plus célébré les fêtes de Noël chez les Lewis depuis leur dispute en novembre, l’année passée. Cette soirée — bien qu’ouverte à l’ensemble du voisinage — revêtait donc un caractère particulier, une délivrance personnelle et, un petit — tout petit — élan de nostalgie. Ses lèvres se pincèrent en une ligne fine, recouverte d’un voile vermeil pour l’occasion. Son myocarde battait à tout rompre dans sa cage thoracique quand le déclic du battant se fit entendre. Elle était impatiente. « Merry Christmas, Zo’ ! » lança-t-elle en franchissant le seuil. L’intérieur embaumait les effluves du buffet, assaisonné, chaud, soigneusement disposé sur une table elle-même parfaitement décorée.

Les bras chargés de mets délicieux, Freya se pencha vers sa petite nièce (de cœur) préférée. « Salut ma princesse ! Tu es toute belle aujourd’hui. Est-ce que tata Frey’ a le droit de croquer tes adorables petites joues ?  » Le rire étouffé de Chloe la fit sourire à son tour, puis elle se redressa, heureuse d’être en compagnie de Zoya. « Si tu me dis que Cameron a participé à la décoration de la maison, je refuse de te croire. » Elle s’abstint d’aller plus loin, de peur d’être accusée d’ouvrir les hostilités. « J’imagine qu’il ne sera pas là ? » Elle voyait déjà les nuages noirs se former ; il y avait de l’orage dans l’air, le coup de tonnerre ne se ferait pas attendre si la brune s’aventurait sur ce genre de discussion. « Je sais que tu as déjà prévu tout ce qu’il fallait mais j’ai quand même apporté de quoi compléter ton buffet : de la sauce au cranberries, du Christmas Pudding et, bien entendu, le célèbre Pavlova ! » déclara-t-elle en traversant le living-room pour rejoindre le buffet.

Las Posadas chez les Lewis  -- @Zoya Lewis & @Freya Vranken

Comment Aaron et leur agent avaient réussi à convaincre Cameron d’accepter de remonter sur scène? Il regrettait sa décision, mais maintenant que tout était planifié, il était trop tard pour qu’il change d’avis. Pas question qu’il fasse comme Tobias l’avait fait il y a quelques années en plantant le reste de son groupe à la dernière minute malgré l’angoisse qu’il pouvait ressentir en voyant la date approcher dans le calendrier de son téléphone portable. « Tu veux de la pizza? » Le guitariste secoua négativement la tête en observant la boîte avec dédain. Le stress engendré par le spectacle prévu dans une semaine lui coupait l’appétit. Il faut dire que son système digestif était facilement mis à rude épreuve, demandez à Zoya. « Non. On prend une pause quelques heures? Zoya a eu la brillante idée d’inviter tout le quartier à la maison aujourd’hui, je vais aller faire un tour. » Il n’approuvait pas l’initiative de sa sœur, mais celle-ci ne faisait qu’à sa tête de toute façon. Il préférait donc se rendre sur place pour s’assurer qu’elle respectait certaines règles tout en espérant que comme ils venaient à peine de déménager, que sa chambre ne serait pas envahie de groupies cinglées. « Ahhhhh Zoya. » dit Aaron tout sourire avant d’embrasser le bout de ses doigts comme s’il venait de goûter au plat de l’année, ce qui provoqua un frisson de dégoût chez le frère de la concernée qui s’éclipsa avant que le chanteur de son groupe n’en rajoute une couche.

Après avoir garé sa voiture dans la rue, Cameron eut à peine le temps de mettre un pied dans la maison que son nom parvint à ses oreilles. « J’imagine qu’il ne sera pas là ? » Surprise. D’un pas lourd, il se dirigea vers la salle à manger où sa sœur l’accueillit avec un énorme sourire, croyant probablement qu’il s’agissait d’un nouveau venu. ET BAH NON. « Pas trop déçue? » demanda-t-il à l’attention de Freya sans l’ombre d’un sourire en se dirigeant vers sa chambre pour la sécuriser afin que personne ne puisse aller la visiter ou même voir ce qu’il s’y trouvait. Pas question que quelqu’un lui vole une de ses nombreuses guitares, ni même les paroles de chansons qu’il avait écrites. Pour s’en assurer, il prit son calepin et il ferma la porte derrière lui avant de retourner dans la cuisine voir les filles. « Je ne veux pas voir personne dans ma chambre, compris?! » Sans même attendre une réponse de sa part, le brun s’approcha du buffet qui avait attiré son attention. C’est aux côtés de Freya qu’il s’arrêta en humant les effluves des nombreux plats installés devant lui. C’est seulement lorsqu’il releva la tête vers la suédoise qu’il remarqua le gui installé au-dessus de leurs têtes. Vraiment Zoya? Ringard. Silencieux, son regard se promena entre le gui et le regard perçant de la meilleure amie de sa sœur. Au bout de quelques secondes pendant lesquelles il semblait réfléchir, il se pencha vers la jeune femme. Seulement, ce ne fut pas pour l’embrasser, mais pour prendre une bouchée sur le buffet derrière elle. La bouche pleine, il se recula et se tourna vers son ainée en secouant la tête. « Tu attends combien de personnes? Il y en a pour une armée. » Pouvait-il retourner pratiquer la tête tranquille ou allait-il s’inquiéter toute la soirée? Il n’avait pas besoin de ce stress supplémentaire, pas quand il dormait déjà difficilement et se dépêchait de sortir en pleine nuit à bout de souffle pour reprendre le dessus sur ses crises de panique.

La fête des voisins. Quelle merveilleuse festivité pour entrer dans la maison de n'importe qui et se goinfrer. Cameron, et son manque d'enthousiasme pour l'occasion, t'avait prévenu que sa sœur allait mettre leur maison sans dessus dessous pour l'occasion. Ni avait-il pas un meilleur planning que de faire toutes les autres maisons en chemin jusqu'à celle de ce vieil ami ? Franchement, tu vois pas du tout. T'as déjà bien trop mangé lorsque tu arrives à destination. Tu as goûté à tous les plats pas possible, même les plus douteux - pas tous des succès si on demande ton avis. La troisième maison avec celle-ci est à éviter. T'as presque vomit après une seule bouchée. Même le cocktail n'était pas très bon. Tu plains les prochains qui feront leur entrée là-bas. Lorsque tu entres dans la maison des Lewis sans même avertir - c'est ça le concept non ? d'entrer comme chez soi - tu entends des voix qui semblent provenir de la cuisine. Tu te laisses guider par celle-ci jusqu'à ce que tu aperçoive depuis l'entrée de la cuisine Zoya qui dépose un baiser sur la joue d'une autre sous une branche de gui. C'est par où la file pour être le prochain ? « i love you, you know that ? » Love is in the air, apparemment. « Et bien, j'arrive juste au bon moment. » que tu annonces en faisant quelques pas vers l'intérieur. Le moment où les filles s'embrassent et que tu as juste à t'adosser contre la table, pas trop loin des hors-d'œuvre pour admirer la scène. Cameron n'est sûrement pas du même avis que toi. Il faudrait changer Zoya par n'importe qui d'autre pour que le spectacle soit apprécié de tous. « Vous gênez pas pour moi. » Qu'elles ne s'interrompent pas simplement parce que tu viens juste d'arriver. Tu poursuis ton chemin jusqu'à la petite table où règne une panoplie de bouffe. Ce serait dommage de ne pas encourager l'aînée des Lewis - non, pas besoin de te renseigner pour savoir que Cameron n'a participé à aucun plat. Ton ventre risque d'exploser tellement il est plein, mais tu attrapes quand même une bouchée que tu avales en moins de deux. « J'crois qu'on pourra allumer un feu avec ça après. » que tu dis à ton ami en désignant une guirlande accrocher un mur. Encore une fois, pas besoin de s'inquiéter si c'est lui qui a choisi la parfaite guirlande de Noël. Vous ne pourriez pas trouver mieux pour que le feu s'allume facilement. Enfin, c'est sûrement mieux une guirlande moche qu'un bidon d'essence, n'est-ce pas ?

salut les moches

Las posadas chez Zoya
(et Cameron) Lewis
Freya Vranken & cie

Décembre 2022.

Elle adressa un sourire à sa grande sœur de cœur qui se transforma en rire. Il était évident que son frère n’avait pas levé le petit doigt, il ne se s’était jamais montré féru de ce type d’événements. La suédoise l’imaginait même trouver une tactique sournoise pour se dérober aux griffes d’une Zoya directive et sûre d’elle. S’accrocher à cette idée élargit le rictus qui animait ses lèvres ; son sourire était aussi lumineux que la fois où l’australienne lui avait proposé de l’accompagner à la Fashion Week de New-York. Lewis n’avait aucun moyen de se défendre lorsqu’elle le clouait au pilori de la sorte — c’est-à-dire dans son esprit — ce qui était, elle devait bien l’admettre, incroyablement bon. Il n’y aurait d’ailleurs jamais assez d’entrées dans la colonne des bonnes actions du ’Grand Livre de la Vie’ pour compenser tout ce qu’elle lui faisait subir en pensée. Le héro de ces dames surgit soudain par la porte d’entrée en plissant les yeux. Son regard s’attarda sur sa sœur avant de revenir sur Freya, plus austère, plus rude. La tessiture de sa voix la fit frémir. Elle devait avoir pensé trop fort, excessivement provoqué le karma qui avait décidé de le lui rendre, comiquement, mais admirablement bien. « Pas le moins du monde ! » lâcha-t-elle lorsqu’il se dirigea en direction de ce que Zoya nomma ’le taudis’. Soumise à la pression, la fonction du langage de son cerveau était aussi imprévisible qu’une machine à sous. Il suffisait de tirer sur la manette, relâcher… elle balançait n’importe quelle combinaison de mots. Pas le moins du monde… la jeune femme inspira ; elle regrettait déjà d’avoir ouvert la bouche.

De là où elle se trouvait, Chloe jubilait, les iris scintillantes devant le spectacle que lui offrait sa mère, taquinant son oncle grumpy alias -le seul qui ne pouvait pas la faire sauter sur ses genoux-. Oncle qui ne tarda pas à venir se positionner juste à côté de Tata Frey’, la redoutable mangeuse de joues. « Ça y est ? Tu as fermé la porte à clé ? » souffla-t-elle ironiquement. La suédoise marqua une pause, remarquant le regard de Cameron quitter son visage pour s’arrêter juste au-dessus de sa tête. Du gui. Merde. Elle ressentit le vain élan de vouloir l’éviter lorsqu’il se pencha dangereusement vers elle ; son corps semblant figé dans un immense bloc de glace. La brune couillue qui avait pour habitude de tenir tête au fils Lewis avait disparu en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, persuadée que ses lèvres allaient inévitablement toucher les siennes dans 3….2….1…. Elle ferma les paupières pour les rouvrir quelques secondes après, découvrant le gros plan du siècle : la bouche pleine et débordante de miettes de Cameron Lewis. Eurk.

Les bras de sa meilleure amie se refermèrent immédiatement autour de ses épaules et son esprit la ramena à des heures de sa vie qu’elle paierait cher pour ne jamais oublier. « I love you too, Zo’ ! » À son tour, Freya déposa un baiser sur la pommette de celle qu’elle considérait comme sa sœur. « Even when she's wrong, she's right » murmura-t-elle le sourire aux lèvres. Adossée au buffet, une tierce personne se rinçait ouvertement la rétine ; un jeune homme qu’elle ne se rappelait pas avoir déjà vu et dont elle n’avait vraisemblablement jamais entendu parler. Pas mal, pensa-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure. Elle exécuta une rotation à trente degrés, bouche pulpeuse, et se dirigea vers le nouveau venu, non sans bousculer Cameron au passage. Il était grand temps de s’amuser. « Freya, enchantée ! » déclara-t-elle en avalant son premier hors d’œuvre.

L’image des deux jeunes femmes s’embrassant avec une affection amicale sous le gui n’est pas ce qu’il s’attendait à voir en arrivant dans la demeure de Zoya, mais sans doute qu’il est encore bien plus amusé du volte-face de la brune inconnue, qui semble avoir jeté son dévolu sur un autre jeune homme, tout aussi inconnu à ses yeux. Il n’est pas étonné de ne reconnaître aucun invité. Qu’ils soient du quartier ou plus particulièrement des proches de Zoya, les deux hypothèses peuvent rapidement expliquer pourquoi l’anglais est perdu à ce point: il a longtemps vécu reclus chez eux avant de se sentir mieux et d’oser découvrir le voisinage et, à un autre niveau, il ne connaît tout simplement pas vraiment la vie privée de Zoya. Elle est l’amie de Rory bien avant d’être la sienne, après tout, et il ne voit pas le moindre inconvénient à cela: il a aussi des amis qui sont les siens avant d’être ceux de son fiancé, ce n’est pas un jeu dans lequel il y a le moindre point à compter. « Freya, enchantée ! » Il capte le nom, sourit, ne lui donne pas davantage d’importance pour ne pas avoir l’air de s’intéresser de trop à leur possible histoire naissante. Ce serait malvenu, et ce serait mal le connaître.

“Hey, la meilleure voisine du quartier.” C’est un bien meilleur titre que son simple prénom, n’est-ce pas ? Il l’accoste dans un sourire et l’enlasse rapidement, avec une certaine retenue encore. “Et la plus belle, bien sûr.” Une main tendre se pose à l’arrière du crâne de sa fille, qu’il observe une seconde avec une tendresse inégalée. A chaque fois que son regard trouve le chemin de celui d’un enfant, il se souvient qu’il n’a jamais été aussi proche d’être père, et cela le rend plus envieux que jamais à l’idée de vivre les lendemains futurs. “On a ramené du vin sans alcool. Et quelques broutilles.” Des cadeaux pour sa fille, surtout, mais aussi des cadeaux pour elle, et même pour son frère avec qui ils savent qu’elle vit sans pour autant le connaître dans de plus amples détails. Il s’agit de tout sauf de quelques broutilles, mais il préfère les appeller comme ça, de toute façon habitué à couvrir ses proches de cadeaux. “Rory a eu un appel de dernière minute pour le boulot. Il espère pouvoir venir bientôt.” Il ne le lui a pas dit, déjà occupé à répondre à son téléphone, mais c’est ce que Swann se permet de dire à sa place, sans craindre un seul instant de mentir à leur hôte: il connaît bien assez son fiancé pour savoir qu’il se faisait une hâte de venir à cette fête des voisins pour retrouver son amie autant que sa jeune fille. A défaut qu’ils puissent décemment ouvrir leur propre demeure, cela ne les empêche en rien de se prêter au jeu. “Tu as besoin d’aide pour quelque chose ? Je peux garder un oeil sur Chloe si vraiment tu es débordée tu sais.” Il appuie sur les mots artificiellement, Zoya était bien consciente qu’il se ferait une joie d’aider à n’importe quel niveau, mais sans doute un peu plus encore si son rôle pouvait consister à veiller sur la jeune tête brune.

Las Posadas chez les Lewis  -- @Zoya Lewis, @Freya Vranken, @Tobias Danes & @Swann Buchanan

Rien ne l’avait fait changer d’avis, il n’avait pas plus envie d’être ici que lorsque Zoya lui avait fait part de son plan, mais il ne lui faisait pas tout à fait confiance. Ils avaient grandi ensemble, il était bien placé pour savoir que sa sœur ne prenait pas toujours les bonnes décisions, il suffisait de penser au cul d’Edison qu’elle avait vu d’un peu trop près au goût de Cameron et de Chloe qu’elle n’avait pas pu voir pendant un certain moment parce que son père avait décidé de la garder en otage après que Zoya l’ait « abandonnée » chez lui. Cette maison leur appartenait peut-être à tous les deux, le musicien y avait mis beaucoup plus d’argent que sa sœur, il tenait donc à ce qu’elle y fasse attention. « Le fait que t’aies d’aussi bonnes idées que Zeke. » Leur petit frère qui passait son temps à se ruiner en se lançant dans de nouveaux projets éphémères qui mourraient dans l’œuf, pas comme sa carrière prospère qui pouvait amener chez lui des fans un peu cinglés qui n’hésiteraient pas forcément à lui voler des objets pour les revendre sur internet à des prix de fou. Des vandales avaient déjà mis le feu à sa guitare préférée sur son voilier quelques mois plus tôt, il n’avait pas envie de perdre encore d’autres objets auxquels il tenait. « Tu pourrais être surprise. » Et comme si ce n’était pas suffisant, Freya en rajoutait une couche, pas surprenant comme elle prenait toujours le côté de sa meilleure amie même quand celle-ci avait tort. Même quand Zoya a tort, elle a raison. Elle se rendrait bien compte un jour qu’elle courait à sa perte en pensant ainsi. « Je ne peux pas, mais je devrais envisager d’y ajouter une serrure. » Une chaussette sur sa poignée ne risquait pas d’arrêter les groupies comme elle arrêtait Zoya quand il voulait avoir la paix. Eh. Le gui au-dessus de leur tête changea l’ambiance, du moins près du buffet puisque Zoya semblait déconcentrée par autre chose au grand bonheur de son frère qui n’allait pas se plaindre de se sauver d’un commentaire désagréable de sa part. La bouche pleine, il fronça les sourcils sans quitter la suédoise des yeux lorsqu’il constata qu’elle avait fermé les yeux. L’aurait-elle vraiment laissé faire? De toute façon, il était avec Charlie qui occupait une place importante dans sa vie et il savait qu’il avait intérêt à ne pas avoir d’écart de conduite, il s’était suffisamment fait tomber dessus par tout le monde après qu’il ait été infidèle lors de sa première relation et que cette histoire se soit retrouvée dans la presse. « Ma présence risque au contraire d’attirer plus de gens que si tu étais ici seule, la nobody ici c’est toi. »

Cameron avait l’habitude de se retrouver en minorité en compagnie de sa sœur, elle avait toujours quelqu’un dans son coin comme si elle était incapable de se défendre par elle-même. Cette fois-ci, toutefois, le guitariste avait un allié et il accueillit son ami d’un immense sourire accompagné d’un signe de tête. « Hey le danois. » Il le surnommait ainsi à cause de son nom de famille, certainement pas pour sa grandeur, mais peut-être aussi parce que le danois n’a pas une longue espérance de vie comme Tobias au sein de leur groupe. Haha… « Sérieusement? Tu m’écœures. » Pourquoi ses amis avaient tous le béguin pour Zoya? Rien que d’y penser, ça lui provoquait un haut-le-cœur. Tobias était un traître, comme Edison et bien d’autres. Il savait au moins se faire pardonner en proposant de mettre le feu aux décorations de Zoya. Ça c’était un vrai ami. « Avec plaisir. Je fournis la caisse de douze. » Plus ça brule, mieux c’est. « La peluche favorite de Zoya ferait un bon accélérant. » Elle savait qu’il en était capable comme il s’était fait un plaisir à décapiter le plus de ses poupées Barbie un jour alors qu’ils rentraient de vacances. Ah, l’amour fraternel. « Freya, enchantée ! » Il l’avait vue se mordiller la lèvre avant de s’approcher de son ami de longue date et ça le dérangeait. Il mit ça sur le fait qu’il en avait déjà assez de tous ses amis qui en pinçaient pour Zoya, mais ce n’était pas la réelle cause. « T’es saoule? T’as vidé une bouteille de vodka dans ton punch Zoya ou quoi? C’est Tobias, Freya. » dit-il en riant avant de prendre une bouchée. Celui qui les rejoignit l’instant d’après, il ne le connaissait pas cependant, mais en voilà visiblement un autre qui avait un œil sur sa sœur. « Attends, on vient de déménager, tu vas rapidement changer d’avis, crois-moi, elle est insupportable. » Il battit des cils à l’attention de sa sœur en s’approchant de Swann à qui il tendit une main pour se présenter. « Cameron. »

Charlie avance en terrain conquis, même si elle ne connaît finalement que très peu de personnes dans cette maison qui semble en être pleine. Il faut pourtant croire que Cameron et Zoya sont un très bon début, notamment en leur qualité d’hôte, surtout en la qualité récente de petit-ami du premier, aussi. En entendant l’annonce de cette petite fête à venir, la blonde a aussitôt sauté sur l’occasion, certaine que ce serait le parfait moment pour rencontrer un peu de son entourage - ou rencontrer du monde de façon générale, ce qui est une idée contre laquelle elle ne va jamais. Et effectivement, à voir autant de personnes réunies dans cette même pièce la remplit déjà de bonheur, le fait d’arriver avec quelques minutes de retard à cause d’une fin de service tardive lui permettant au moins d’observer la scène dans son ensemble.

Elle se fraie un chemin entre les convives, entendant des moitié de blagues qu’elle comprend à peine et d’autres allusions qu’elle ne comprend décidément pas. Son regard s’attarde sur les hommes et les femmes invités, comme si elle avait véritablement le pouvoir de lire dans leurs pensées. Aujourd’hui encore, elle n’est pas certaine qu’avoir décidé d’ouvrir leur maison alors que Cameron a une certaine renommée soit une bonne idée: il y a des malades partout en ce monde, et elle le comprend un peu mieux à chaque nouvelle journée. Pour autant, cela ne gâche pas sa bonne humeur, en témoigne la simplicité et la délicatesse avec laquelle elle vient nouer son bras autour de celui de @Cameron Lewis, ses cheveux blonds retombant contre l’épaule du chanteur. “J’ai entendu le prénom de @Freya Vranken ? La fameuse Freya ?” Elle était encore trop loin à ce moment-là pour y répondre aussitôt, mais elle ne risque pas de l’avoir oublié, en témoigne son regard parcourant la salle, comme si quelqu’un allait avoir Freya d’imprimé sur son front. La jeune femme reporte finalement son attention sur Cameron et uniquement sur lui, prenant enfin le temps de l’observer dans les yeux un instant et de lui sourire, avant de déposer un bref baiser contre sa joue. “Sois sympa avec @Zoya Lewis. Je suis sûr qu’elle a tout préparé et toi rien du tout, hm ?” Non pas qu’elle le lui reproche outre mesure, mais elle tente au moins de faire en sorte que cette fête entre voisins ne se termine pas plutôt en un énième règlement de comptes entre frère et soeur, ce qui n’aurait rien d’une nouveauté. Sans plus commenter la scène, elle reporte enfin son attention sur l’inconnu face à eux (@Swann Buchanan), se présentant à son tour, “Charlie.” et sa main de simplement se tendre en même temps que ses lèvres affichent un sourire.

Tu ricanes comme au gamin au commentaire de Zoya. Quoi ? Elle devrait plutôt être flatter. Et son frère ne serait pas si horrifié s'il ne serait pas son frère justement. « Elle a encore une peluche ? » C'est une espèce de peluche qu'elle traîne depuis qu'elle est gosse et qui est devenue super dégueulasse depuis le temps ? Tu parles que ça ferait un bon accélérant vu le nombre d'acariens qui doit vivre à l'intérieur. La propriétaire de la peluche ne semble toutefois pas du même avis que vous. Pas touche à cette fameuse peluche sous peine de voir ta piaule brûler en entier. Elle a bien dormi Zoya. Elle est particulièrement en forme. Tu lèves tes deux paumes vers elle pour clamer ton innocence. « T'es tellement agressive. » T'as juste parler de faire un petit feu de joie avec les décos, rien de plus.

Puis, Freya se fait un chemin jusqu'à toi telle une prédatrice, elle prend même soin de pousser Cameron pour s'immiscer entre vous deux. Pas subtile pour deux cents. C'est tout de même un sourire amusé qui se glisse sur tes lèvres quand elle vient naïvement se présenter. C'est le moment où son petit air de séductrice se transforme en honte ? Tu n'as même pas le temps de rien dire que Cameron se charge de (re)faire les présentations. « Ça fait longtemps. » Si tu entends de manière plutôt régulière le prénom de Freya dans diverses conversations chez les Lewis, ça remonte quand même à quelques années depuis la dernière fois où vous vous êtes vu en personne pour la dernière fois. Il faut croire que les années ont fait du bien à ta sale tête si elle la remarque aujourd'hui, mais pas avant (sans quoi elle s'en serait rappeler, n'est-ce pas ?) « J'vais faire comme si j'étais pas vexé. » que tu ajoutes en lui adressant un clin d'oeil complice. Pas besoin de faire semblant, t'es absolument pas vexé. Pas avec un tel accueil comme celui qu'elle vient de te faire. Le moment est interrompu par une autre personne qui fait son entrée. Swann, selon les paroles de Zoya. Un voisin si t'as bien compris. Un voisin suffisamment proche pour pouvoir s'occuper de sa fille. Puis, Charlie arrive ensuite à son tour en allant directement s'enrouler sur le bras se son petit-ami. Sa phrase te fait lever le sourcil. Ça veut dire quoi ça ? La fameuse Freya ? Celle que Cameron aime bien spécifier à quelle point elle le saoule ? Tu te demandes ce qu'il a bien pu lui dire à son sujet : rien que des mensonges sans doute. C'est ce qu'il fait avec tout le monde. « T'arrives juste à temps pour le punch. Paraît qu'il est fort en alcool. » que tu adresses à Charlie avant de te retourner vers la suédoise. « Freya ? » Je t'en ramène un autre ou le premier t'as déjà rendu assez amnésique? Servir des verres d'un punch trop alcoolisé à tout le monde ? On se croirait au bal de promo, là où y'a toujours quelqu'un pour mettre de l'alcool là où tout le monde pense pouvoir boire en toute sobriété. C'est Zoya la coupable.

Las posadas chez Zoya
(et Cameron) Lewis
Freya Vranken & cie

Décembre 2022.

Dans un instant de sang-froid superbement feint, la suédoise tourna la tête en direction du seul fils Lewis qui leur offrait sa compagnie. Ses paupières se plissèrent très distinctement pour le fusiller du regard, à tel point qu’elle l’aurait criblé de balles si ses iris avaient pu prendre la forme — et l’usage — d’un revolver. « C’est comme le bon vin, il se bonifie avec le temps. » déclara-t-elle d’une voix acerbe. Derrière elle, Zoya s’étranglait de dépit ; sentiment qu’elle espérait passager, craignant de devoir se confondre en excuses une nouvelle fois. Elle n’arrivait pas à y croire : Freya venait réellement de faire du rentre dedans à Tobias Danes, l’ancien membre du groupe des sorcières de Salem, ami proche — si ce n’est plus — de Cameron Lewis, mais surtout, LE Tobias qui s’était épris de sa grande sœur de cœur sans jamais atteindre la précieuse porte du coffre-fort. Intérieurement, la suédoise se maudit. Il fallait qu’elle garde contenance pour n’avoir l’air, ni d’une meurtrière prête à transformer Cameron en gruyère, ni d’une ingénue aux yeux complètement écarquillés. « Tu as toujours été mon préféré. » souffla-t-elle pour répondre au clin d’œil de celui qui savait faire vibrer les caisses d’une batterie avec adresse et dextérité. Dans la mesure où la suédoise n’avait jamais trop apprécié les membres du groupe, Edison en tête de liste, sa remarque était des plus sincères.

Elle esquissa un sourire à l’arrivée de @Swann Buchanan dont elle avait vaguement entendu parler mais qu’elle n’avait jamais rencontré. Elle savait à quel point Zoya estimait Rory et connaissait l’authenticité et la puissance de leur lien. Les grandes amitiés prenaient en général par surprise, si bien qu’on ne se souvenait pas toujours de leur point de départ, mais il y avait clairement eu un déclic entre ces deux-là. Quelque chose qui les liait d’une manière particulière et qui signifiait, à ses yeux, que la tête blonde qui venait de franchir le seuil était forcément quelqu’un de bien. Inutile de préciser qu’elle leva les yeux au ciel lorsque Lewis en profita pour se moquer de sa sœur. Il ne manquait jamais une occasion d’enfoncer le clou. Son cœur battit soudain si fort qu’elle eut l’impression qu’un urgentiste avait passé la main à travers sa cage thoracique pour le masser dans l’espoir de la ressusciter. Une silhouette longiligne dotée d’une chevelure de rêve et d’iris aussi limpides qu’une rivière venait d’enlacer le bras de l’oncle Grumpy. En y réfléchissant, l’image de @Charlie Fawcett posant ses lèvres sur la joue de Cameron la contraria. Elle n’avait aucune idée du pourquoi, mais une part d’elle-même regrettait de le voir au bras d’une femme, quelle qu’elle soit. De façon guère convaincante, la suédoise esquissa un rictus courtois. Sa manœuvre manquait tellement de subtilité qu’elle aurait aussi bien pu lancer un avion en papier dans sa direction et s’enfuir en courant. Elle fronça les sourcils lorsque la petite-amie de Lewis la nomma. La fameuse Freya ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Elle ne se préoccupait plus d’avoir l’air séduisante et regretta, cette fois, de ne pas pouvoir disparaître en un claquement doigts. Elle planta ses prunelles inquisitrices dans celles de Cameron, fouillant l’eau sombre de son regard. Qu’avait-il pu raconter à son sujet ? Probablement une panoplie d’inepties comme il savait si bien le faire. « Avec plaisir ! » rétorqua-t-elle lorsque Tobias lui sauva la mise, une seconde fois. « D’ailleurs, je vais t’accompagner. Je pense qu’il est temps qu’on ouvre les hostilités ! » Ce comportement ne lui ressemblait pas du tout ; elle commençait à agir de manière complètement absurde, mue par la gêne consécutive à ses minauderies mais aussi, par l’arrivée de la fameuse « petite-amie ». « Vous voulez quelque chose ? Cameron ? Charlie ? » Décidément, le pseudonyme de la sylphide sonnait bien mieux entre les lèvres de Zoya Lewis.

Las Posadas, chez Zoya et Cameron Lewis

@zoya lewis, @cameron lewis, @freya vranken
@tobias danes, @swann buchanan

(décembre 2022) C'est d'un pas pressé que Rory avait quitté les locaux de l'agence, après qu'un coup de fil de Donna l'ait contraint à revoir ses plans pour honorer un rendez-vous professionnel qui, de toute évidence, ne pouvait pas attendre la fin des fêtes de fin d'année. Conscient que son agente n'en finissait jamais de se démener pour lui, mais aussi et surtout reconnaissant à Donna de ne l'avoir jamais laissé tomber même dans les moments les moins évidents, l'acteur avait répondu présent comme il le faisait toujours. Non sans bien sûr se confondre en excuses auprès de son fiancé et lui faire promettre d'excuser son retard auprès de Zoya, à qui le brun se réjouissait tout particulièrement de rendre une petite visite. L'occasion se voulait spéciale, il savait que son amie aurait généreusement décoré sa demeure pour accueillir ses voisins dans une ambiance festive, et l'idée de la savoir enfin plus épanouie que l'an dernier à la même époque le rendait véritablement heureux. Zoya avait traversé des moments difficiles et de douloureuses remises en question, mais tout ça était maintenant derrière elle et quiconque la côtoierait aujourd'hui verrait probablement quelle mère aimante elle était pour sa fille. Car bien sûr, l'enthousiasme de Rory face à cette journée s'expliquait aussi par l'impatience qu'il éprouvait à l'idée de revoir la toute jeune Chloe, dont la frimousse ne manquerait pas de l'attendrir une fois encore. Son amie commençait à avoir l'habitude, et il y avait fort à parier pour que Swann ne l'ait pas attendu pour fondre d'émerveillement devant la fillette : on pouvait toujours compter sur eux pour ça, et la perspective de devenir bientôt parents à leur tour n'avait rien pour arranger les choses.

Garé devant l'allée, Rory n'eut que quelques pas à faire pour atteindre le perron et pénétrer à l'intérieur, heureux de constater que les voisins avaient répondu présents et que Zoya était aussi entourée qu'elle méritait de l'être. Son amie s'était donnée du mal pour tout préparer, il n'y avait qu'à voir toutes les décorations venues égayer les lieux et le buffet garni qui rencontrait semble-t-il un certain succès. « Hey, Zoya ! Je suis désolé pour le retard. Swann t'a sûrement prévenu, j'ai fait au plus vite. » Il salua chaleureusement la jeune femme, enroulant ses bras autour d'elle pour l'étreindre tandis que son sourire s'étirait d'un coin à l'autre de son visage. « J'espère que j'ai pas raté le plus intéressant, et surtout que tu m'as gardé un peu de ton fameux punch. » Il buvait toujours raisonnablement, Rory, mais ce genre d'occasions lui offraient généralement une excuse pour se montrer un peu moins raisonnable. Son regard balaya un instant la pièce principale avant de se poser sur la silhouette de Swann, vers qui il s'avança aussitôt. Une lueur profondément attendrie illumina son regard lorsqu'il nota la présence de Chloé dans les bras de l'anglais, cette seule vision suffisant à lui rappeler combien le voir en compagnie d'enfants faisait toujours fondre son cœur. « Je savais que je te trouverai en charmante compagnie. Ça t'a pris combien de secondes pour demander à prendre Chloé dans tes bras, dis-moi ? » Une main glissée contre le dos de son fiancé, Rory déposa un baiser tendre contre sa joue avant de saisir doucement la petite main de la fillette pour la saisir entre ses doigts. S'il taquinait volontiers Swann sur son incapacité à rester de marbre face aux grands sourires et aux gazouillements de Chloé, ils étaient tous les deux bien conscients qu'il ne faisait guère mieux lui-même. Rory était à peine entré depuis quelques minutes qu'il était déjà incapable de détacher son regard de l'enfant, gagné par l'émotion à l'idée qu'ils tiendraient peut être bientôt leur propre enfant dans leurs bras. « J'ai fait promettre à Donna de plus me réquisitionner jusqu'à la fin des fêtes. Je sais pas trop si elle a aimé que je sous-entende qu'elle avait besoin de vacances, mais... bref, je suis là maintenant. » Et s'il veillerait naturellement à lui raconter le déroulé de l'échange qui s'était tenu à l'agence, pour l'heure ils avaient plus important à penser et son sourire devrait suffire à rassurer Swann : tout s'était bien passé, il n'y avait rien de grave. Regardant autour d'eux, Rory adressa des sourires aux voisins réunis autour du buffet, dont certains semblaient être eux-mêmes des amis de Zoya. « Rory, enchanté. » Il ne les connaissait pas pour la plupart d'entre eux, à l'exception de Cameron qu'il avait fréquemment aperçu en compagnie de Zoya mais avec qui il n'avait jamais réellement échangé. A son bras, c'est finalement un visage familier que Rory reconnut. « Oh, salut Charlie. Ça fait plaisir de te croiser. » Ils ne s'étaient pas revus depuis assez longtemps pour que cette rencontre soit véritablement une surprise, mais il avait gardé un bon souvenir de leur dernier échange – sans éprouver pour autant le besoin de remuer un passé qui avait précisément vocation à le rester. Elle semblait rayonner, et c'était de loin le plus important.

Las Posadas chez les Lewis  -- @Zoya Lewis, @Freya Vranken, @Tobias Danes, @Rory Craine & @Swann Buchanan

Faites ce que je dis et pas ce que je fais. Des paroles qui représentaient si bien Zoya selon Cameron. Elle était visiblement déçue que sa meilleure amie fasse les yeux doux à un ami de longue date de son frère cadet, une réaction qu’il trouvait plutôt ironique considérant qu’il suspectait depuis longtemps que sa sœur avait eu des rapprochements avec un autre de ses amis d’enfance. « Regarde qui parle. » Elle pouvait essayer de démentir les rumeurs autant qu’elle le voulait, il était convaincu que la rumeur au sujet d’Edison et elle était vraie à son plus grand malheur. Si elle lui confirmait, il aurait une raison de plus de brûler ses décorations et sa peluche préférée. « Ma piaule est aussi ta piaule, tu as oublié? Si tu y mets le feu, tu te retrouves à la rue avec Chloe. Il faut penser au bien-être de la petite là-dedans. À moins que tu parlais de celle du danois? » dit-il en battant des cils exagérément avant de tourner la tête vers Tobias. « Pas juste une, elle en a plusieurs. » Si cette information pouvait la rendre moins attirante aux yeux de Danes…

Il sentit une légère pointe de jalousie en voyant la façon dont Freya regardait son ami d’enfance, mais il ne dit rien. Il savait qu’elle et lui ne seraient jamais rien de plus, premièrement parce qu’il était en couple, mais aussi parce qu’elle demeurait intouchable puisqu’elle n’était nulle autre que la meilleure amie de sa sœur. De toute manière, il était dans le déni. Il était impensable qu’il puisse éprouver plus que de l’amitié pour la suédoise, et encore, il n’était même pas certain de pouvoir la considérer comme telle. « Bande de lèche culs sérieux. » grommela-t-il en levant les yeux au ciel, se doutant bien que Freya faisait exprès de dire que Tobias était son préféré alors qu’il était dans la même pièce qu’eux et qu’il pouvait tout entendre. Elle ne manquait pas une occasion pour essayer de l’atteindre et après elle se plaignait quand il était dur avec elle à son tour. À l’unisson, Tobias et Freya froncèrent les sourcils lorsque Charlie parla de Freya en la qualifiant de « la fameuse ». Lorsque son regard croisa celui de la suédoise, il comprit qu’elle le soupçonnait d’avoir parlé d’elle à la blonde alors que ce n’était pas le cas. À son tour, il fronça les sourcils puis il secoua vivement la tête en haussant les épaules avant de faire un signe de tête en direction de Zoya. Si quelqu’un avait parlé de Freya à Charlie, ça devait être elle. « Non, je ne pense pas que je vais rester longtemps. » Il venait à peine d’arriver qu’il avait juste hâte de partir.

La guerre était loin d’être terminée entre les deux Lewis, elle ne l’était jamais vraiment surtout lorsqu’il y avait un public. Derrière leurs insultes, leurs menaces et le doigt d’honneur que Cameron adressa à l’attention de sa sœur se cachait pourtant une certaine tendresse. Ils s’appréciaient, mais ils attendaient d’être seuls pour se le montrer (et encore). « J’aime accueillir des gens chez moi, juste pas le quartier au complet. J’ai le droit? » grogna-t-il avant d’engloutir une bouchée pour se retenir d’en rajouter. Cameron n’avait jamais été intéressé par le surnaturel et la spiritualité, mais il commençait sincèrement à se demander s’il n’émanait pas de sa sœur une aura particulière qu’il était le seul à ne pas voir. Que faisait-il de travers pour qu’on ne soit jamais de son côté? Même Charlie semblait prendre le parti de Zoya et ça l’agaçait comme en témoignait son rictus. « Évidemment que je n’ai rien préparé, je crois encore que c’est une mauvaise idée. Pas toi? » Ce n’était pas par paresse qu’il n’avait pas aidé à décorer et cuisiner, mais parce qu’il n’avait pas envie que sa maison soit remplie d’inconnus. Jusqu’à maintenant, toutefois, les gens qui les rejoignaient dans leur résidence connaissaient au moins l’un des deux Lewis. Est-ce que Zoya avait envoyé une invitation à l’entièreté de ses contacts? Poliment, il salua Rory d’un geste de la tête avant de poser son regard sur Charlie lorsqu’il comprit que tous les deux se connaissaient. « Vous vous connaissez? » demanda-t-il, curieux.

« Hey, Swann, je suis contente de te voir »
“Moi aussi.”

La maison est pleine de vie, ce qui suffit à faire sourire Swann un instant, qui a l’impression de retrouver le monde normal pendant un instant. Les esprits s’échauffent gaiement: cela a tout d’une réunion de famille à peine agrandie. « Attends, on vient de déménager, tu vas rapidement changer d’avis, crois-moi, elle est insupportable. » A ses mots, il comprend qu’il a à faire au frère de Zoya (non parce qu’il ose la critiquer sans détour, mais bien parce qu’il affirme avoir déménagé lui aussi). Après tout, rares sont ceux qui ne trouvent rien à reprocher à la jeune femme. « Cameron. » - “Swann.” Il répond aussi avec entrain, sa main venant serrer celle du second propriétaire des lieux. Une nouvelle personne s’ajoute à la scène, une jeune femme blonde qu’il connaît tout aussi peu mais qui semble proche dudit Cameron, à en juger par la façon qu’elle a de l’enlasser. “Charlie.” Certain qu’il a déjà entendu son prénom, il ne lui fait pas l’offense de le répéter, et se contente donc d’un hochement de tête et d’un sourire à son égard, ce qui équivaut à des salutations polies. « Charlie, toi au moins je suis contente de te voir ici. » Zoya commente une première fois, d’abord à l’intention de la jeune femme, avant de se reporter à nouveau vers lui. « Quelques broutilles seulement ? » Elle commente les quelques cadeaux qu’il a ramené, n’ayant effectivement aucun sens de la mesure. Il y en a beaucoup, c’est vrai ; mais ça lui fait plaisir, et ça fait aussi plaisir à Rory. « Vous êtes des amours. J’imagine que certaines broutilles vont intéresser le petit monstre ? » - “Ca sera un enfant pourri gâté.” Il ne dit pas oui, mais il ne dit surtout pas non: bien sûr que la majorité des cadeaux sont pour la plus jeune d’entre tous. Ils n’ont pas su résister et sont encore bien obligés de gâter les enfants de leur entourage avant d’avoir enfin le leur, un jour.

L’aide qu’il propose rencontre le bon public, surtout alors que Zoya a très bien compris qu’il souhaitait particulièrement aider au soin de sa fille, bien qu’il n’aurait pas reculé devant l’idée de servir un plat ou un autre ; ou peu importe quoi. « C’est vrai que je suis très débordée avec tous ces invités. Mais je crois surtout que Chloe a très envie d’aller avec tonton Swann parce qu’il a plein de petits cadeaux pour elle. » Le sourire de tonton Swann grandit un peu plus encore alors qu’il accueille le bambin entre ses bras, dans un geste naturel tant il a été repété à de nombreuses reprises au cours des années écoulées. « Bon et puis s’il y en a aussi pour la maman… » - “On ne risquait pas de t’oublier.” Il commente rapidement, la laissant simplement découvrir les quelques bricoles trouvées à leur égard, avant que son attention ne se dérobe invariablement des cadeaux pour se tourner vers la porte d’entrée, d’où Rory fait son entrée fracassante, saluant tendrement Zoya en premier lieu. Sans surprise, c’est à son fiancé qu’il dédie ensuite ses yeux bleus, ce dernier n’ayant à son tour de cesse de chercher son regard. « Je savais que je te trouverai en charmante compagnie. Ça t'a pris combien de secondes pour demander à prendre Chloé dans tes bras, dis-moi ? » Une main tendre trouve refuge contre le dos de Swann, là où ses lèvres en font de même contre la joue de l’anglais. “Au moins deux. J’ai fait des efforts.” Il jette un regard à Zoya, espérant qu’il corrobore un tant soi peu sa version des faits. Il est vrai qu’il n’a vraiment pas attendu longtemps avant de proposer de s’occuper du bambin, et il ne regrette absolument rien, surtout pas alors que Rory interagit à son tour tendrement avec Chloé. « J'ai fait promettre à Donna de plus me réquisitionner jusqu'à la fin des fêtes. Je sais pas trop si elle a aimé que je sous-entende qu'elle avait besoin de vacances, mais... bref, je suis là maintenant. » Swann hoche la tête, libérant une de ses mains pour qu’elle trouve refuge contre la joue de son fiancé, pour ainsi tenter de lui faire comprendre qu’il n’a pas à s’en vouloir et qu’il n’existe aucun mal. Il est là, maintenant, et c’est tout ce qui compte.

« Rory, enchanté. Oh, salut Charlie. Ça fait plaisir de te croiser. »
« Vous vous connaissez? »
“Vous vous connaissez ?”

Le regard de l’anglais croise un instant celui de Cameron alors qu’un rictus amusé et intrigué s’y dessine: ils semblent aussi perdus l’un que l’autre et, paradoxalement, cela a quelque chose de rassurant. Swann ne prétend pas connaître tous les proches et connaissances de Rory, mais il faut bien avouer qu’il en connaît l’immense majorité. Ainsi, seule la curiosité l’emporte désormais, surtout alors qu’il a à son tour posée sa main contre le dos de l’acteur.