La fête des voisins est l’événement de l'année que je ne rate jamais. D'habitude je laisse même la propre porte ouverte et je me démène pour être l'hôte parfait, mais pas cette foi-ci. Cette année, le cœur n'est pas à la fête, tant les événements de ces derniers mois étaient éreintant physiquement et mentalement. Toutefois, n'ayant pas non plus envie de ne rien faire, j'ai décidé que cette fois j'irais m'inviter chez mes voisins qui, eux, d'habitude, viennent toujours chez moi. Je profiterais de la fête sans me rajouter une couche de stress en plus à cause de mon perfectionnisme.

C'est donc ainsi que je me retrouve dans la somptueuse demeure de Monsieur et madame Clifford, des britanniques ayant débarqué à Australie en début d'année. Tous deux chefs d'entreprises, ils restent toutefois des gens simples avec qui je pourrait discuter des heures et des heures. Ils ont une fille de 15 ans et un Labrador qui est très rapidement devenu le meilleur ami de Oliver, mon golden Retriever. Je ne compte plus le nombre de balade de bord de plage que nous avons fait ensemble et les éclats de rire aux conneries des deux chiens. J'aurais adoré ramener Oliver aujourd'hui mais les deux ensemble c'est synonyme de Chaos et ce n'est pas ce dont ont à besoin aujourd'hui.

Lorsque je pénètre dans la villa, je suis directement accueillit par l'hôte de la maison qui m'offre une étreinte amicale à laquelle je répond avec le plus grand des plaisirs. Souriant, j'échange quelques mots avec la jeune femme qui repart après m'avoir fourrer un verre de vin dans les mains. Sourire amusé sur les lèvres, je m'avance vers le salon, salue amicalement les quelques voisins que je reconnais et même ceux avec qui je n'ai jamais échangé plus que des banalités.

Et c'est, en pénétrant dans la pièce principale, que mon regard accroche celui d'une jeune femme que je n'ai jamais vu avant. Inclinant légèrement la tête vers l'avant et levant mon verre en sa direction en guise de bonjour, je remarque bien rapidement, à sa façon de se tenir, que la conversation qu'elle tient actuellement avec Mme Jones ne lui convient pas. Pinçant légèrement les lèvres, regardant autour de moi, je réfléchis à la meilleure façon d'agir et fini par m'avancer vers le petit groupe.

 «Jessica ! » m'exclamais-je en offrant le plus large des sourires à la jeune femme  « C'est incroyable ! Je n'étais pas au courant que tu revenais aujourd'hui !» je m'exclame en écartant les bras, jouant parfaitement la surprise  «Je te croyais aux Bahamas ou en Thaïlande ! Je …  » mon regard se pose sur la femme à côté d'elle  « Oh Mme Jones, je suis désolé ...je ne vous avait pas vue ...» la vieille dame affiche un sourire et secoue doucement la tête  « Ce n'est rien, vous avez sûrement beaucoup à vous raconter» répond-t-elle avec un regard appuyé en direction de l'inconnue avant de se détourner et s’éclipser.

J'attends encore quelques instants avant de me tourner à nouveau vers la blonde et soupirer doucement  «Désolé de vous avoir sauté dessus comme ça, mais j'ai remarqué votre regard et je sais exactement que Mme Jones peut se montrer très insistante quand elle veut ... » je lui offre un doux sourire  «Thomas » me présentais-je en lui tendant la main.

Je ne suis pas insensible à la détresse des autres, et j'ai bien remarqué que celle-ci était très présente dans le regard de la jeune femme lorsqu'elle a croisé le mien. C'est pour cette raison que j'ai décidé de l'approcher. Sans doute l'aurais-je fait plus tard encore, mais cet échange silencieux était l'élément déclencheur. Inventant, donc, une histoire sortie de nulle part, je sors l'inconnue des griffes de Mme Jones qui s'en va, docile, en pensant que la jeune femme et moi avons du temps à rattraper.

Je finis par toutefois par expliquer mes motivations et affiche un sourire contrit lorsque la jolie blonde me demande si elle a vraiment une tête à s’appeler Jessica « Maintenant que vous le dites… Non, effectivement... Mais j'ai pris le premier prénom que m'est passé par la tête » haussais-je les épaules, innocent « Et entre nous, vaut mieux aller en Thaïlande qu'à Tahiti ou aux Bahamas » ajoutais-je avec un clin d'œil complice avant de laisser échapper un rire et tendre la main à la jeune femme pour me présenter. J'apprends, en même temps, qu'elle s'appelle Penelopeia « Enchanté Pene » souriais-je, me relâchant sa main pour prendre un gorgé de ma boisson, alors qu'elle me demande si j'habite par ici, expliquant qu'elle ne m'a jamais remarqué avant «J'habite un peu plus loin, vers la mer. Ça ne fait que deux ans que j'ai emménagé ici, avant j'habitais en ville, à Logan City. Mais entre mon divorce et mon évolution professionnelle, j'ai eu besoin de m'éloigner un peu de la ville. Et j'ai donc acheté ici » expliquais-je « Et toi alors ? Ça fait longtemps que tu habites à Bayside ?» Demandais-je, histoire de continuer la conversation.