la pinãta (libre)

« la piñata, » libre & adèle shephard.

Elle aurait préféré être au côté de ceux qu’elle aime, cette année plus que d’habitude. Adèle Shephard a toujours été très famille et voir qu’ils se déchiraient lui procurait du mal ; mais elle ne pouvait plus rien. Bizarrement, elle ne voulait pas faire un énième pas vers Cody qui tolérer à peine sa présence dans son appartement, ni celle de son cousin : Will. Ils avaient pu discuter, un peu, tous les deux mais rien de bien prometteur. Rien qui puisse faire rêver la jeune agente immobilière. Elle était donc seule cette année, et avait d’ailleurs décliné l’offre d’un autre agent immobilier de passer les fêtes avec sa famille. Elle connaissait les valeurs de Noël et n’avait pas l’envie de casser ce rythme. Noel c’est féérique et ça a toujours fait rêver la Shephard. Pour autant, elle se sentait bien dans les rues de la ville et si son retour est plus compliqué qu’auparavant, elle ne loupe pas de sourire aux promeneurs, aux touristes qui croisent sa route. Elle a perdu son repère : son jeune frère, et le reste de sa vie n’est pas plus glorieuse, fort heureusement, elle se plonge corps et âme dans son boulot et le refuge animalier peut compter sur elle, plus que d’ordinaire. Elle a tendance à se laisser submerger Adèle, à ne jamais voir les limites et se donne corps et âme parfois en se perdant elle-même. Elle se promène dans les rues, le long des diverses boutiques, déjà bien remplies de Brisbane, et a hâte de se rendre dans un restaurant Mexicain, mais pour l’heure les guirlandes qui se tiennent sur les murs attirent toute son attention. Et elle souhaite déjà se prêter au jeu de la piñata, elle n’avait pas pu le faire l’année précédente et ne comptait pas donner sa place cette fois. Elle manque d’ailleurs de rentrer dans cette silhouette qui se tient devant elle alors que son téléphone vibre, elle y jette un œil furtif, avant de relever son regard sur la personne immobile devant la piñata, « du premier coup ? » Qu’elle demande, récupérant elle aussi le bâton pour taper dans le ballon remplie de friandises (elle espère), un sourire en coin. Elle aime bien les défis la Shephard, même improbable…

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« la piñata, » adèle shephard & valentina neziri.

La période de l'année que nous traversons est animée dans les différents quartiers de Brisbane, chacun à sa façon, et il est devenu rare de faire deux cent mètres sans trouver quelqu'un qui donne un brin de vie supplémentaire à l'environnement et au monde autour de lui. L'ambiance qui découle du moment festif que nous vivons ne s'arrête à aucune frontière et à très peu de portes devant lesquelles joie et sourire s'installent en petits ou en plus grands groupes motivés à passer du temps ensemble. Peu importe ce dont il s'agit, que ce soit du street art ou de la simple discussion de voisinage, si l'envie ne nous prend pas de prime abord il faut traverser peu de rues avant de finir par se laisser porter par l'élan collectif qui y règne. La scène qui se dessine sur le chemin de Valentina l'interpelle par sa nature qui tranche de Spring Hill : plusieurs personnes se sont massées et s'adonne au jeu populaire de la piñata, une effigie à la forme animale ou décorative symbolique suspendue en hauteur qu'il faut réussir à éclater à l'aide d'un long manche solide pour voir se déverser son contenu surprise pour le remporter. Voilà une activité qu'elle penserait davantage apercevoir dans son quartier de Fortitude Valley ou à Redcliffe qu'à cet endroit par où elle passe pour se rendre à cette invitation lancée sur un groupe public de sorties sur Brisbane. Une adresse, une heure d'ouverture et le feeling fait le reste : consommations, musique, conversations. Le programme le moins prise de tête qui convient le mieux à Valentina. Sa curiosité poussée ne l'encourage pas à changer de trottoir pour éviter cette attraction mais plutôt à s'en rapprocher et même à accepter d'y prendre part lorsqu'un homme achève de pester contre sa précision qui lui a fait défaut. A brandir ce bâton, la clé du succès de cette épreuve, au nez de la nouvelle arrivante sur les lieux, elle n'hésite pas longtemps et se laisser couvrir les yeux puis mettre en condition avant de s'élancer dans une tentative qui manque la mire assez largement. Un ouuuuuuh collectif s'élève du cercle, amusé sur un ton sympathique avec les rires qui s'y joignent. Sur son mouvement de recul tout en relevant le tissu qui lui occultait la vue, Valentina manque de trébucher à la rencontre d'une véritablement fervente qui retient désormais son attention. La règle stipulant de laisser son tour à une autre personne au choix en cas de coup qui n'atteint pas la cible, Valentina s'exécute pour déléguer la mission à cette jeune femme dont elle met la patience au défi : il y a cette phase de préparation à respecter, sans quoi le jeu serait trop facile. « Minute papillon. D'abord on va te bander les yeux », s'assure-t-elle de passer le cordon du cache autour autour du front puis de la descendre au niveau des oreilles pour que tout soit bien en place. Le bâton déjà récupéré par celle qui n'a qu'une hâte de triompher à évider le piñata devant tout le monde, il ne reste plus qu'à lui faire faire le tour d'elle-même plusieurs fois en l'accompagnant à pivoter les mains sur ses épaules. « Si tu touches quelque chose, j'espère pour les gens que c'est parce que tu auras réussi du premier coup », tente de rassurer de manière audible l'anglaise au public qui les entoure. « Attends », retient-elle la jeune femme qui semble plus que déterminée démontrer combien elle peut avoir ce jeu dans le sang. Un dernier demi-tour pour l'orienter dans la bonne direction vers sa cible. « Là on est bon. Tu n'as plus qu'à faire cinq six pas devant toi et de frapper à peine légèrement sur ta gauche au-dessus de ta tête pour faire mouche », la guide-t-elle dans son dos, d'une main qui lui indique que c'est le moment de vérité, un peu comme l'inconnu de la même façon que l'inconnu précédent l'a fait avec elle juste avant à lui transmettre l'objet adéquat et le bandeau pour la rendre aveugle dans l'exercice. L'émulsion de cet art l'encourage à force de Allez ! Allez ! Allez ! dans un élan collectif au sein duquel Valentina lève le poing pour retenir son souffle au moment où l'objet se lève pour fendre les airs...