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Novembre 2022/ Tu le sais au moment où tes yeux s'ouvrent : cela va être un jour sans.
Pas besoin d'être un expert pour pouvoir le dire ou d'avoir bu ou un deux cafés pour comprendre que tu n'as pas vraiment envie de te trouver là, il suffit juste que tu ouvres les yeux. Que tu sois extirpé des bras de Morphée, ou alors rejeté le plus loin possible pour te réveiller en sursaut. Franchement, tu ne sais même pas quelle métaphore est la meilleure, est-ce que cela fait une quelconque différence ? Non, pas vraiment, il suffit juste que tu te penches vers ton téléphone portable pour remarquer qu'il est trop tôt, depuis quand est-ce que tu te réveilles à six heures du matin, merci bien, et ton cœur bat déjà la chamade comme si tu avais couru des kilomètres. Ce n'est pas vraiment le cas, tout ce que tu as fait c'est te réveiller et maintenant tu réalises que ta main droite est perdue dans le vide, juste à côté de toi dans le lit, à la recherche d'autre chose que du vide. A la recherche de quelqu'un, de Yasmine.
"C’est temporaire, ça va aller." Les mots de la brune résonnent dans le silence de la maison et tu décides que oui, il est beaucoup trop tôt. Trop tôt pour tout, pour avoir ce genre de pensées, pour réaliser que tu es bien tout seul dans ta grande maison comme tu le voulais ou même pour te pencher sur ton téléphone portable et envoyer un message à l'infirmière. Le but est de lui laisser le temps de faire le point toute seule, non ? Tu n'as même pas la réponse à cette question et plutôt que de trop y penser, justement, tu préfères te lever, allumer ta lampe de chevet et commencer ta journée. Une journée plus que lente, voilà ce que tu te dis quand tu clignes des yeux et que tu es soudainement au volant de ta voiture, en train de te garer à ta place habituelle au boulot. Comment est-ce que tu es arrivé ici ? Aucune idée, tu supposes que tu as fait tout cela automatiquement et au final, c'est à la fois rassurant et terrifiant. Véritablement, tu rencontres ton propre reflet en fixant le miroir de la voiture et tu te passes une main sur le visage. C'est juste autre journée, tu l'as déjà fait.
Oui, c'est la vérité, le sourire qu'il y a sur ton visage est complètement faux, les mouvements manquent de quelque chose, mais tu sais que la seule personne qui pourrait le détecter d'un simple coup d'œil n'est pas là. Alors personne ne se doute de rien et tu es content de pouvoir te concentrer sur ton boulot pendant quelques heures, quelque chose de concret qui fait du sens. Et tu fais une liste mentale de tout ce qui t'attend pour la journée, acceptant même d'aider un de tes collègues sur un article parce que pourquoi pas, tu as le temps et tu as besoin de la distraction. L'heure tourne cependant, tu peux prétendre ne pas le voir autant que tu veux, mais c'est bien le cas et beaucoup ont quelque chose de prévu après tout ça, des obligations, des familles, quelqu'un qui les attend. "Hey, tu veux aller boire un verre ?" On te le propose, tu n'es même pas obligé de dire oui, tu le sais très bien, tu n'as même pas expliqué à tes collègues ta relation plus que merdique avec l'alcool, tu déclines toujours les offres et d'habitude, tu as mieux à faire, mieux à penser. Pas ce soir, décidément pas ce soir, tu considères tes options pendant quelques secondes avant de répondre : tu peux retourner chez toi, dans une maison vide ou accompagner ton collègue et juste... tenter d'oublier, prendre un verre et faire partir la culpabilité et les doutes, et ne penser à rien.
"Ouais pourquoi pas..." Les mots quittent tes lèvres avant que tu ne puisses vraiment les arrêter et tu te retrouves dans des schémas et un environnement trop familier avant de pouvoir dire non. Tu aurais pu dire non, tu aurais dû dire non, tu ne devrais pas être assis à ce comptoir et tu ne devrais pas fixer cette bouteille de bière qu'on a mis devant toi. Tu n'y as pas touché, les autres boivent et boivent, tu participes de temps en temps à la conversation avec quelques piques bien placées et si c'est gênant que tu sois le seul à ne pas boire, personne ne te le fait remarquer. Tu n'as pas encore décidé. Prendre une gorgée, ce serait rayer des mois et des mois d'efforts, ce serait vraiment être lâche, ce serait vraiment la décevoir. "J’arrive même plus à te regarder."  Ta main bouge, pas pour attraper la bouteille mais bien ton téléphone portable, vingt-deux heures ? Tu es debout depuis trop longtemps, peu importe, ce n'est pas poli, il est tard, tant pis, quelque chose te dit que Finnley comprendrait.
Ça sonne, ça sonne et au moment où on décroche, tu laisses échapper un léger rire, ne lui laissant même pas l'occasion d'en placer une. "Je suis officiellement dans le pire endroit du monde pour quelqu'un qui essaye d'arrêter de boire... ça m'arrangerait vraiment que tu sois aussi dans les parages."

@EDGE PRICE & FINNLEY COVERDALE ⊹⊹⊹so i fill the void just like I did back then. Nothing compares To the emptiness we both share, Nobody cares like you do. (c) ssoveiagifs & jcssiemeilimakesgifs.

Elle ne mérite pas la moindre attention. Cette phrase tourne en boucle dans le crâne de Finnley, dans l’espoir, vain, de la rendre concrète ; suffisamment pour qu’il puisse réellement y croire. Sa mère ne mérite pas qu’il lui accorde la moindre pensée. Pourtant, depuis des jours, elles ne cessent d’être dirigées vers elle. Libération pour bonne conduite. Libération. Ce n’est pas un terme qu’il aurait voulu associer à sa mère et le voilà, mis devant le fait accompli par la paperasse qui s’est accumulée dans sa boîte aux lettres et les nombreux messages sur son répondeur restés sans réponses. Il s’est convaincu de ne pas donner suite aux démarches de la conseillère pénitentiaire de sa génitrice et il a tenu. Mais la lettre qu’il a reçue aujourd’hui change la donne alors que l’écriture sur celle-ci n’a rien d’inconnue. Il a souri, dans un premier temps, face à l’ironie de la reconnaître si facilement alors qu’il n’a plus vraiment eu de contacts avec Danielle depuis presque vingt ans. La dernière fois qu’il a posé les yeux sur cette dernière, c’était lors de son procès et Finn était persuadé de ne plus jamais entendre parler d’elle. Il n’était pas dupe, il avait bien entendu la sentence qui n’avait rien d’une condamnation à vie (il a suffisamment râlé sur la légèreté de la peine), mais il était persuadé que le jour où Danielle serait libre de ses mouvements, elle reprendrait sa vie là où elle l’avait laissée, là où Finn n’a pas sa place. Alors être ainsi sollicité depuis des semaines pour assister sa mère à sa sortie et lui assurer un point d’ancrage qui jouerait en sa faveur a le don de le perturber plus qu’il ne le voudrait. Pourtant, son attitude dans pareille situation semble claire et définie depuis longtemps. Il ne s’agit que de suivre la ligne de conduite qui est la sienne depuis désormais deux décennies et qui consiste à ignorer l’existence de celle qui lui a donné la vie, de la même manière qu’elle s’est évertué à ignorer la sienne. Oui, en théorie, Finn n’a aucune raison de douter de la manière de vivre l’événement. Dans la pratique, il reste humain et il reste surtout un fils qui persiste à croire qu’un jour il saura attirer l’attention de sa propre mère. Il peine à accepter cette perspective après autant d’années passées à détester celle qu’il est supposé aimer de manière inconditionnelle, mais toujours est-il que cet espoir, même s’il demeure minime, n’a jamais été enterré.

Alors Finnley lutte. Contre les émotions contradictoires que cette annonce lui procure, contre son envie et sa raison, contre d’autres envies, surtout, qui se rappellent à lui justement pour perdre la raison. Il a envie de boire. Il n’a jamais eu autant envie de boire depuis des mois, au point où cela en devient une vraie obsession. Il s’agit de sa première pensée en se levant ; il s’agit aussi de la dernière en se couchant. Il se souvient de la manière dont il usait et abusait de l’alcool pour masquer et ignorer ses problèmes ; et Dieu sait que celui-ci en est un conséquent. Ce serait justifié, qu’il songe. C’est une nouvelle qui peut paraître anodine, mais qui est véritablement choquante pour lui. Une de celles qu’il est difficile d’accepter sans aide (peu importe que cette aide ne soit pas recommandée) et qui, de toute évidence, agit déjà sur son comportement. Il serait seulement à même de décider lui-même de l’impact de l’annonce. Les motivations sont multiples ; mais elles ne sont pas encore plus fortes que la volonté alors que malgré son besoin évident de se jeter sur un verre pour trouver un réconfort qui n’existe pas ailleurs, il n’a pas (encore) cédé, Finn. Alors quand, seul dans son appartement à une heure trop tardive pour laisser présager une bonne nouvelle son téléphone sonne, c’est un nouveau sourire moqueur qui s’affiche sur ses lèvres en y découvrant le prénom d’Edge. L’ironie, encore elle. Sauf que là où il aurait pu croire qu’il s’agit d’un signe lui étant destiné, il ne s’attendait certainement pas à ce que leurs rôles se retrouvent inversés ce soir. "Je suis officiellement dans le pire endroit du monde pour quelqu'un qui essaye d'arrêter de boire... ça m'arrangerait vraiment que tu sois aussi dans les parages." -  « Dis-moi où tu es, j’arrive. » Il ne réfléchit pas plus longtemps alors qu’il y a, là-aussi, de nombreuses raisons pour lesquelles il devrait s’abstenir de se confronter à la tentation. Mais le fait est qu’à l’entente de la voix d’Edge – qui est bien différente de celle dont il a l’habitude – il est évident qu’il est la voix de la raison pour ce soir. Et que peut-il craindre ? Deux alcooliques dans un bar, c’est le début d’une mauvaise blague et Finn n’a jamais eu d’humour. Deux alcooliques dans un bar, c’est une réalité dans laquelle ils sont à même de s’entraider. Et après toute l’aide offerte par Edge, il est enfin temps de lui rendre un peu de sa bienveillance et de son soutien.

Pour des raisons évidentes, il n’est pas difficile pour Finnley de trouver l’adresse en question. Edge pourra se satisfaire de son importance auprès du rouquin, alors que ce dernier est en excès de vitesse sur une bonne partie de la route quand bien même il vient à peine de récupérer son permis après plusieurs délits. Il peut paraître alarmiste, mais il sait surtout que tout est une question de temps. Que dans leur situation, une seconde peut littéralement tout changer et que l’expression « il n’y a pas de temps à perdre » a été inventée pour de telles situations. Une fois entré dans un bar trop rempli pour lui permettre de trouver Edge facilement, il se glisse entre les silhouettes, son regard attentif qui scrute les lieux. Jusqu’à le reconnaître, là, près du bar, une bière devant lui, qu’il repousse dès qu’il arrive à son niveau. « ‘’Ça m’arrangerait vraiment que tu sois aussi dans les parages’’. » Il restitue avant d’ajouter : « Tu comptes pas me faire un ‘’si je plonge, tu plonges avec moi’’ ? » Il s’ose, avec un mince sourire sur les lèvres, avant de faire un rapide signe aux personnes non loin d’Edge, pour leur signifier qu’ils se connaissent et qu'ils n'ont pas à s'inquiéter. « Viens, on sort. » Ce n’est pas une proposition, mais bien un ordre. Ni lui, ni Finn n’a besoin de rester à ce comptoir et qu’Edge ne s’y oppose pas sous prétexte que sa psy lui a conseillé la thérapie par exposition. « Tu m’as appelé, c’est moi qui décide. » Il ajoute rapidement, s’il serait tenté de négocier, même s’il se doute bien qu’Edge ne l’a pas appelé pour témoigner de sa rechute en direct, mais bien pour lui éviter d’en arriver-là. Qu’il se débrouille pour trouver une excuse auprès de ses amis, une pause toilettes nécessaire ou une fatigue qu’il n’arrive plus à contenir, toujours est-il que Finn insiste pour retrouver la saveur de l’air frais et, surtout, la sécurité de celui-ci. Loin de ce comptoir, loin de cette bière. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Il l’interroge par la suite, quand ils arrivent près de l’entrée du bar, à quelques mètres de la sortie tant désirée.

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Novembre 2022/ Franchement, comme entame, il y a beaucoup mieux, et tu le sais. Les gens parfaitement normaux et équilibrés commencent d’abord par un bonjour avant de rentrer dans le vif du sujet. Surtout au téléphone, cela, tu en as parfaitement conscience, et le but n’est vraiment pas de laisser penser au rouquin que tu as atteint le point de non-retour, mais plus d’être entouré de quelqu’un qui sait et qui comprend un minimum ce que tu décris. Ils sont rares les gens dans ton entourage qui peuvent prétendre comprendre ce que c’est de devoir se passer de quelque chose, qui n’est pas forcément nécessaire, mais que tu as fait avec tellement d’automatisme et pendant des années... oui, vraiment, tu le sais, tu es complètement ridicule, boire n’est pas la chose la plus importante du monde et ça ne fera pas de toi une personne meilleure ou pire de boire justement. Cela ne changera rien du tout dans un sens, parce que le monde ne tourne pas autour de toi. Pourtant, c’est bien la désagréable sensation que tu as, alors que tu presses le téléphone à ton oreille quand Finnley te demande l’adresse, que le monde ne fait que de cela. De tourner, un peu trop vite, et cela n’a rien avoir avec la sorte de légèreté et l’allégresse qui viennent avec des tas d’alcool justement, c’est complètement différent pour le coup. Tellement différent que cela en est presque effrayant et que tu n’as pas encore mot pour le décrire. “Je vais faire mieux, je vais t’envoyer l’adresse...” Que tu te retrouves à marmonner, avant d’ouvrir une application sur ton téléphone et de lui envoyer ton emplacement exact. Une partie de toi-même, la plus cynique, se dit que le nom de l’établissement aurait sûrement suffi pour que Finnley retrouve son chemin, après tout, vous vous êtes bien rencontrés dans un endroit tel que celui-ci, pas vrai ?
Tu pousses la pensée bien loin, cela ne va aider personne et tu marmonnes un faible okay, avant de raccrocher, et de ranger ton téléphone portable dans ta poche. Il n’est pas la personne que tu voulais appeler, qu’on ne s’y trompe pas, et définitivement pas la personne qui devrait te tirer de ce faux-pas, mais à défaut de pouvoir constater Yasmine... Et tu lui dirais quoi au téléphone au juste ? Lui faire face serait encore plus horrible et aucun doute que tu te sentirais coupable, de lui en imposer trop, de lui en demander trop encore une fois. Non, elle n’a décidément pas besoin d’en voir plus et tu n’as pas envie de donner encore plus d’argument à la brune pour la pousser à faire demi tour et à mettre fin à cette relation que vous avez mise en pause. Tu prends une profonde inspiration et ton regard retombe sur la bière, et tes yeux marron restent focalisés dessus un peu trop longtemps, jusqu’à ce qu’une main ne vienne la repousser et tu n’es pas vraiment surpris quand tu vois Finnley. Qui te cite les mots de ton propre message et oui, c’est plus fort que toi, tu grimaces un peu. Tu as été dramatique, comme d’habitude et tu prends une autre inspiration toute aussi lourde que la précédente. “Non, en général, je coule tout seul, c’est rare que j'emmène qui que ce soit avec moi.” Tu le dis plus au dos de Finnley qu’à ce dernier, il est bien décidé à te faire sortir du bar et tu te retiens d’applaudir son sérieux et sa rigueur à lui.
Tu le suis sans broncher, sans faire de vagues, parce que la vérité c’est que tu serais très certainement resté là à fixer la bouteille jusqu’à la fermeture de l’établissement. C’est bête, mais d’après ta thérapeute, tu es un expert quand il s’agit de torturer. “Rien.” Un seul mot quitte tes lèvres, alors que Finnley te demande ce qui s’est passé. Une question valide et tu ne te moques même pas de lui avec ta réponse, c’est la vérité, il ne s’est rien passé, juste une soirée ordinaire, juste une invitation que tu aurais dû refuser et en vrai, la seule chose que tu as ingurgité dans ce bar, c’est un verre d’eau. “Je n’ai pas bu une seule goutte d’alcool, je sais, tu n'as aucune raison de me croire, surtout vu l’endroit où j’étais, mais vraiment, rien du tout.” Ton regard croise celui de l’autre homme alors que tu hausses les épaules, tu sais qu’il n’a aucune raison de te croire, que si l’inverse c’était produit, tu pourrais lui mentir. Ou pas, tu ne sais même pas si tu l’aurais suivi si tu avais fini par craquer. “Juste mauvais moment, mauvais endroit.” Et tu pensais très sincèrement que tu avais beaucoup plus de discipline que cela, visiblement, ce n’est pas le cas, tu le sais maintenant, tu peux passer à autre chose.
Tu continues d’avancer sur le trottoir, dépassant légèrement Finnley et continuant ta phrase. “Le message avait l’air d’une urgence mais... ça n’en est pas vraiment une.” Là, il est là le mensonge, ironique car à lui non plus, tu n’as pas l’habitude de dire des mensonges.

Finnley ne s’était jamais considéré comme égoïste avant que son alcoolisme imprègne sa personnalité au point de modifier celle-ci. Dès lors, ses propres besoins primaient sur ceux des autres, au point où il n’en a souvent eu rien à faire des ressentis de son entourage, préférant écouter le sien. Et ce n’est pas parce qu’il fait vœu de sobriété depuis plusieurs mois qu’il est redevenu totalement lui-même, Finn, et alors qu’il raccroche une fois qu’Edge l’informe de l’envoi immédiat de l’adresse, il s’interroge quant à savoir s’il s’agit réellement d’une bonne idée. De toute évidence, il semble logique que le rouquin sorte de chez lui pour venir tendre, à son tour, une main à celui qui n’a pas hésité à l’écouter et à l’aider quand il n’arrivait pas à se sortir de cette débâcle dans laquelle il s’est lui-même plongé. Ce n’est pas seulement le fait d’être redevable, c’est aussi une évidence ; d’ordinaire il n’est pas de ceux qui refusent d’aider qui que ce soit. Mais c’est dangereux. Ça l’est réellement et c’est la raison pour laquelle Finn en vient à douter un instant. Pour beaucoup, ce n’est certainement pas grand-chose de se rendre dans un bar pour en sortir un ivrogne en devenir, pour Finn, c’est une situation qui représente beaucoup trop de choses difficiles à gérer. L’envie, en premier lieu, l’habitude, aussi, les souvenirs, surtout. Toutes ces choses qui s’entremêlent et sont susceptibles d’implanter des idées dont il peine déjà à se débarrasser ; elles sont omniprésentes. L’alcool a dicté sa vie pendant si longtemps qu’aujourd’hui il n’arrive pas totalement à s’en dissocier même s’il n’en consomme plus et il a soigneusement évité toute situation susceptible d’être considérée comme à risque. Jusqu’à aujourd’hui. Il aurait préféré qu’une telle exposition se fasse dans des conditions qu’il aurait lui-même décidées. Mais à choisir, à cet instant, ses craintes visent plus Edge que lui-même. Peut-être qu’il n’a pas totalement tiré un trait sur celui qu’il était autrefois, et les qualités qui le caractérisaient, finalement.

Ce serait mentir que d’affirmer que Finnley est parfaitement à l’aise lorsqu’il se glisse parmi les fêtards, à la recherche d’Edge. Ce serait mentir aussi que de prétendre qu’il n’a pas son regard qui s’arrête sur une bière, sur un shot, sur tout ce que les gens ont en main et qui ne peuvent plus toucher les siennes. Ce serait mentir que de supposer que les odeurs et l’ambiance festive ne lui rappellent pas de bons moments – au détriment de tous les mauvais qu’il n’arrive pas à utiliser à bon escient à cet instant. Et quand son regard finit par se poser sur Edge, qu’il arrive enfin à son niveau, le soupir de soulagement est autant valable quant au fait d’avoir mis la main sur lui que de se rapprocher d’une sortie imminente de cet endroit. “Non, en général, je coule tout seul, c’est rare que j'emmène qui que ce soit avec moi.” -  « C’est bon à savoir. » Bien que cela ne fasse que questionner Finnley quant au photographe. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il le connait, mais à force de le côtoyer, il pensait s’être fait une idée quelque peu légitime de sa personne. Pourtant, avec cette affirmation, il lui donne autant l’impression d’être de ceux qui préfèrent ne pas discuter de leurs difficultés, autant que sa présence ici met sérieusement en doute ce constat. Le rouquin ne lui laisse pas vraiment plus de temps pour réfléchir à des excuses alors qu’il a déjà pris le chemin de la sortie, qu’il espère rejoindre au plus vite. Il n’est resté dans cet endroit qu’une poignée de minutes, mais c’est déjà trop et l’air frais qu’il inspire profondément une fois dans la rue lui donne l’air d’y avoir passé des heures.
 
Silencieux un instant, Finnley ne s’ose pas tout de suite à formuler la question qui lui brûle les lèvres avant de s’en donner l’autorisation ; de toute évidence dès le moment où Edge l’a appelé à la rescousse, il a signé l’autorisation tacite que le rouquin lui pose des questions. À commencer par la plus évidente de toutes, celle qui implique d’expliquer (de justifier ?) la raison pour laquelle il s’est retrouvé dans une telle posture ce soir. “Rien.” Le regard qu’il lui adresse se veut plus parlant que n’importe quels mots qui pourraient franchir la barrière de ses lèvres. À d’autres. Il y a une pointe de jugement, peut-être, mais aussi et surtout des interrogations. S’il ne s’est réellement rien passé, comment peut-il expliquer qu’il soit ici, ce soir ? “Je n’ai pas bu une seule goutte d’alcool, je sais, tu n'as aucune raison de me croire, surtout vu l’endroit où j’étais, mais vraiment, rien du tout.” -  « Je vais pas m’amuser à sentir ton haleine. » Finn précise avec un sarcasme qu’il n’essaie même pas de dissimuler. “Juste mauvais moment, mauvais endroit.” Et Finn n’essaie même pas d’être discret alors que son regard devient désormais plus dur et que les éventuels questionnements qui pouvaient adoucir son jugement sont remplacés par une détestable impression d’être moqué. « C’est l’excuse facile. » Il n’attaque pas Edge, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Il questionne, à sa façon, pas forcément très bienveillante, pas forcément très délicate, mais néanmoins sincère ; s’il peut l’affirmer, c’est parce qu’il le sait mieux que quiconque et qu’il laisse une dernière chance à Edge de prendre en compte ce détail qui a toute son importance dans le discours qu’il serait tenté de lui tenir. “Le message avait l’air d’une urgence, mais... ça n’en est pas vraiment une.” - « Très bien, je te laisse là alors ? » Si Edge a toujours eu une approche franche, mais courtoise, Finn n’a pas la même méthode. Sous sa réserve et son mutisme se cachent une froideur et une brutalité qu’il n’arrive pas toujours à maîtriser pour paraître plus sympathique qu’il ne l’est réellement. Ajoutez à cela une pointe de rancœur à l’idée d’avoir été confronté de la sorte à sa pire tentation, et Edge bénéficie d’une hostilité qui se veut pourtant bienveillante. « Quelqu’un de très avisé m’a dit un jour, tu es responsable de toi et de tous tes choix. » Est-ce qu’il provoque à utiliser les mots d’Edge contre lui ? Non. Est-ce qu’il essaie d’obtenir une réponse plus sincère ? Oui. « Je te demande juste les raisons qui t’ont poussé à faire ce choix, histoire qu'on décortique la situation. » D’être dans un bar ce soir, malgré son historique. De se retrouver face à une bière qu’il n’a peut-être pas touchée, mais qui a néanmoins été commandée. D’être conscient du risque de la situation au point d’appeler pour l’en informer.

@Edge Price

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Finnley Coverdale

Novembre 2022/ Tu es sorti du bar et maintenant le choix est simple, tu peux juste rentrer chez toi et tenter d’oublier le fait que tu as failli faire une grosse erreur. Tu es passé près, trop près à ton goût et cela n’était pas arrivé depuis longtemps. Tu essayes d’être plus fort que cela en temps normal, c’est la seule chose sur laquelle tu peux compter certains jours et surtout maintenant que tu vas retrouver une maison vide... Tu tentes de repousser la pensée bien loin et de te concentrer sur l’autre personne présente, tu ne sais franchement pas combien de temps tu serais resté dans cet établissement si tu n’avais pas eu assez de jugeotte pour appeler l’autre homme. C’est impossible à déterminer vraiment et tu tentes de minimiser la situation, bien entendu, parce qu’il ne t’a jamais vu comme cela Finnley. Et qu’on se le dise, tu as une épaisse carapace, tu as les épaules larges, les opinions des autres importe peu, mais voilà, ce n’est pas aussi facile de lui faire face dans un moment comme celui-ci, quand tu es vulnérable. Les rôles sont complètement inversés et c’est totalement hypocrite de ta part d’être sur tes gardes quand Finnley t’a sûrement montré des parties de lui-même qu’il n’expose pas à tout le monde... Tu ne l’expliques pas, vraiment pas et tu voudrais vraiment pouvoir mettre ta putain de fierté de côté d’un simple haussement de tes épaules, sauf que cela ne marche pas comme ça et c’est la rhétorique du rouquin qui te pousse à froncer les sourcils. Et véritablement considérer tes options. “Je...” Il pourrait te laisser là avec tes problèmes, après tout, ce sont les tiens et personne n’est obligé de te tendre la main, la vie est difficile pour tout le monde après tout et tu n’es certainement pas spécial... du tout même.  
“Okay.” Tu le marmonnes sans grande conviction, presque prêt à rendre les armes, presque, il ne faudrait pas griller les étapes en fait et tu offres un regard plus que sombre à Finnley quand il utilise tes propres mots contre et sur toi. Ha, je ne te savais pas aussi drôle, voilà ce que tu as envie de lui répliquer, une autre partie de toi se voit déjà lui en coller une et lui dire de se la fermer, ce ne serait pas mieux et pas plus avisé et à la place tu te forces à prendre une profonde inspiration et à refaire la focale sur beaucoup de choses. Oui, tu as le droit d’être énervé et irrité, mais ce n’est pas pour une raison pour t’en prendre à qui que ce soit, ensuite rien ne forçait Finnley à venir, tu aurais pu lui envoyer l’adresse et te retrouver tout seul. Enfin, il aide et si tu continues de tout garder pour toi, tu vas encore dire ou faire quelque chose que tu vas regretter. Comme boire, ou dire des horreurs à la seule personne qui compte vraiment à tes yeux. “Okay.” Cette fois-ci, tu le dis avec un peu plus de véhémence et beaucoup plus fort, pour qu’il t’entende et comprendre que oui, tu rends vraiment les armes. C’est juste difficile d’en parler et tu ne sais même pas par quoi commencer en réalité.  
“Je sais exactement ce que tu essayes de faire et désolé, je ne t’ai pas fait sortir de chez toi pour t’envoyer sur les roses vraiment je...” Je suis un idiot fini, ça tu ne le dis pas, tu te contentes de le penser et tu fais quelques pas parce que tu as envie et besoin de bouger, mais aussi de mettre de la distance entre toi et le bar. Vraiment, qu’est-ce que tu foutais là, ça ne fait aucune logique ce que tu as tenté de faire en réalité, et ça aurait foutu en l’air des mois et des mois d’un long travail, juste pour un seul petit verre. “Okay, on reprend depuis le début.” Tu te retiens de demander combien de temps il a, mais tu n’as pas besoin d’aller dans les détails, tu n’as pas vraiment envie et les grandes lignes devront suffire pour le moment.  “Cela ne va pas fort avec Yasmine, ça ne va même pas du tout, au point qu’elle s’est sentie obligée de partir de chez moi, je vis tout seul maintenant, et ouais... ça s’est fait d’un claquement de doigts et c’est difficile de gérer tout ça... tout seul.” Tu as une grimace à la fin de ta phrase et tes propres mots, parce que ce n’est pas glorieux d’admettre cela à voix haute et tu ne te sens pas mieux maintenant que tu l’as dit. Tu passes pour encore plus pathétique et perdu qu’avant, et vraiment, ce n’est pas juste ce que tu es en train de faire, la brune ne devrait pas être ton excuse pour rester sobre. Et elle ne l’est pas, vraiment pas, c’est juste difficile de se passer d’elle et de sa présence rassurante au quotidien. Oui, même avec Yasmine, il y a eu des jours et même des soirs où le besoin d’alcool a été plus fort que d’autres jours, mais au moins, tu avais quelqu’un vers qui te tourner et ce sans avoir forcément besoin de le verbaliser.  
“Je sais, ce n’est pas une excuse mais voilà.” C’est la vérité et ton quotidien maintenant, et Finnley voulait que tu lui parles, non ? “Et je ne mentais pas, je n’ai rien bu, la dernière chose que je veux c’est me sentir encore plus coupable demain matin.” Tu le dis pour bonne mesure, parce que cela aussi est la vérité et c’est assez pour t’arracher un autre soupir, tes yeux marrons toujours posés sur Finnley.