Les réunions de famille sont depuis quelques années maintenant la hantise constante de la jeune australienne. Olive, depuis qu'elle a décidé de garder ses actes pour elle, c'est-à-dire avoir mis de côté sa brillante carrière de chirurgienne, elle évite de se retrouver dans la même pièce qu'un membre de sa famille, autre que Midas. Ce n'est pas parce qu'elle n'assume pas ses secrets, ou qu'elle a honte de son choix. Certes, il n'était pas totalement réfléchie, et la pression a été le vecteur de cette sortie de route, mais elle n'a pas envie de voir la honte dans les yeux de ses géniteurs. Alors oui, la période des fêtes n'a pas été facile, mais elle a essayé de garder une ligne droite, de se présenter tout de même tout en restant loin des autres. Tout comme cette fois où elle a suivit Midas pour les noces de son cousin, Amos et de sa tendre épouse. C'était une belle fête, une belle occasion de célébrer, mais Olive n'était pas encore assez à l'aise pour se sentir à sa place. Et peut-être d'ailleurs qu'elle ne le serait plus jamais. Parce qu'elle avait maintenant trop de bagages à trimballer, trop de casseroles dans son dos.

La maison de Midas lui parait bien vide alors que son frère n'est pas là pour combler ses pensées. Elle essaie de se reconstruire Olive, doucement mais surement pour bien des choses et parfois, des pans de sa vie prennent plus de temps que d'autres, elle en est parfaitement consciente. Mais elle doit admettre que ces dernières semaines ont laissés un goût amer dans sa bouche. Alors, elle a du mal à quitter le confort de cette chambre qu'elle squatte depuis maintenant bien trop longtemps, elle a du mal à affronter le monde extérieur sans crainte de se trahir. La surprise se dessine alors sur son visage quand elle entend que quelqu'un se présente à la porte. Espérant que ce ne soit pas un énième paparazzis qui chercheraient un gossip sur la vie trépidante de Midas Sterling. La porte s'ouvre et elle reconnait enfin le visage de l'homme face à elle. Pour une surprise, cela en était une des plus grandes. Amos Taylor se tenant à quelques mètres d'elle sans raison équivoque. «C’est toi que je venais voir.» Elle doit bien admettre qu'elle s'apprêtait à lui indiquer que Midas n'était pas là pour une durée indéterminée, mais il avait pris les devants. «Midas m’a dit que tu étais près de lui en ce moment. Je n’en sais pas plus et je ne suis pas là pour savoir. Je peux entrer ? » Un instant de confusion se mêle dans son esprit alors qu'enfin elle recule de quelques pas. « Oui, bien sur entre Amos. » La présence de son cousin lui parait étrange, comme si elle venait de faire entrer dans son confort intérieur un total étranger. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu un vrai échange avec lui. Des années tout autant, qu'elle ne s'était pas retrouver seule dans la même pièce que lui. Le temps avait un drôle d'humour, sûrement. « Tu aurais un verre d’eau pour moi ? » - « Bien sûr, je te donne ça dans un instant. » Une courte pause bien venue pour Olive qui s’éclipsa dans la cuisine. Le temps pour elle de prendre une grande inspiration et de mettre de l'ordre dans sa tête. Elle dépose le verre d'une main tremblante sur la table avant de s'assoir à quelques mètres d'Amos. Il l'impressionne, c'est un fait. «Comment tu vas ? Je veux dire, vraiment.» C'était une bonne question, à laquelle elle répondait la plupart du temps par mécanisme. Parce qu'il était plus facile de dire que tout allait bien, que d'expliquer pourquoi ça n'allait pas. Pourtant, elle se surprit à ne pas vouloir mentir à son cousin. « J'ai connu des jours meilleurs, je dois bien l'admettre. » Mais elle n'était pas non plus certaine de vouloir rentrer dans la totale confidence avec lui. Pas maintenant, pas encore. «Tes études, ça se passe comment ? Ton frère m’a dit que tu étais fatiguée, que tu avais un peu de mal à tout gérer pour le moment. » Son cœur manqua un battement. Elle n'était pas préparer à ce genre de questions, elle n'était pas préparer à construire un mensonge qui ait du sens. Alors elle prit le temps de réfléchir, de ne pas répondre trop vite et de rester évasive. « Ce n'est pas évident, c'est certain mais je m'accroche. » Ou elle avait déjà tout abandonné depuis fort longtemps, et elle s'accrochait simplement à l'espoir de n'avoir à l'avouer à personne. « Dis-moi Amos, qu'est-ce qui t'amène vraiment ici? Je suis pas certaine que tu ais fait tout ce chemin pour m'entendre te dire à quel point mes études sont difficiles. Je me trompe? » Olive ne voulait pas passer par quatre chemins. Moins elle passerait de temps à trouver des excuses, plus vite elle pourrait se remettre à cette normalité qu'elle construit autour de ses mensonges. Mais surtout, elle était sincèrement curieuse de savoir ce qui pouvait faire débarquer Amos Taylor loin de chez lui.

@Amos Taylor :

Elle n'est pas à l'aise Olive dans ce costume qu'elle pote depuis bien trop longtemps maintenant. La vérité est difficile à avaler, et le fossé est bien trop profond pour s'en sortir indemne. Cela fait deux ans maintenant qu'elle traine de lourdes casseroles et que son secret est partagé avec un seul être, son frère ainé. Olive, elle arrive à se demander pourquoi elle garde encore les choses pour elle depuis si longtemps, mais elle sait aussi que la honte submergera plus rapidement encore ses parents, ce qu'elle ne veut aucunement connaitre. Elle le voit constamment ce sourire fière sur les lèvres de sa génitrice quand elle évoque le "métier" de la brune. Quand elle raconte à quel point elle est épatée par la carrière prometteuse qu'obtiendra sa fille chérie avec ses années d'études. Alors qu'à la vérité, Olive est serveuse dans un restaurant, métier pour lequel, elle n'est même pas un minimum, douée. Peut-être qu’un jour cela changera, qu’elle n’aura plus besoin de fuir encore et encore les réunions de famille. Qu’elle acceptera d’être totalement franche avec les autres, mais davantage avec elle-même. Parce qu’au fond Olive, elle a réussi à créer une histoire complétement folle d’une vie qu’elle n’a même pas, pendant qu’elle se cache chez son frère en attendant une meilleure opportunité. En attendant de trouver qui elle est vraiment et ce dont elle a besoin. Elle s’est accrochée pendant six années déjà, six années à trimer, à se rendre malade jusqu’à l’abandon ultime. Aujourd’hui, après deux ans, elle ne sait plus qui elle est vraiment et ce dont elle a besoin pour se sentir vivante. Elle n’est que l’ombre d’elle-même avec un passé inventé de toutes pièces. Alors oui, la présence d’Amos n’a pour elle rien de rassurant, au contraire. Il y a bien longtemps qu’il n’avait pas eu un échange aussi long, un échange qui n’était pas juste polie histoire de faire bonne mesure. Ca lui fait drôle à la brune, de savoir que son cousin est spécifiquement là pour elle, comme s’il s’inquiétait vraiment. Ce qui la surprend plus que prévue. Mais non, elle ne referme pas la porte même si son cerveau lui souffle de le faire, elle laisse entrer le membre de sa famille comme s’il n’avait pas été presque un inconnu pendant plusieurs années, ou sûrement depuis que Sofia n’est plus là. Olive n’aurait su vraiment dire à quand remonte un dernier échange avec le père de sa meilleure amie. De celle qu’elle regrettera toute sa vie et qui lui manque chaque jour durant. Olive, elle retrouve beaucoup de similitudes dans cet homme et ça lui fait drôle aussi. Alors, elle essaie de ne pas se dégonfler, de continuer à creuser ce fossé de secrets. «C’est bien. Si c’est ce que tu as envie de faire, il faut pas lâcher. Et puis, si je peux t’aider d’une façon ou d’une autre.» Les paroles d’Amos n’avaient pas de sens dans la réalité du moment, peut-être que quelques années avant Olive aurait apprécié cette présence, aurait apprécie cette main tendue. Mais aujourd’hui, elle n’avait pas lieu d’être pourtant, elle sourit timidement avant de lui rétorquer : « C’est très aimable de ta part, et je tâcherai de faire bon usage de tes paroles si le besoin devient présent. » Elle tâcherait surtout de se tenir loin de lui, encore un peu. «Je n’habite pas si loin, tu sais. J’ai quitté Kilcoy depuis longtemps.» Bien sur les nouvelles ne tardaient jamais quand Margaret Taylor et la mère Sterling étaient ensemble, alors oui, Olive avait eu vent de cette nouvelle, mais elle n’avait pas trouver l’idée intéressante non plus. « Oh, tu t’y plais ? » Simple question rhétorique. «Tu n’as aucune raison d’être sur la défensive. Midas m’a dit que tu n’étais pas au top. Je t’ai trouvé effacée à la fête pour mon mariage et je me suis dit qu’on avait peut-être des choses à se dire. Tu ne crois pas ? » Ce soudain intérêt était particulièrement étrange, mais Olive n’était pas du genre à esquiver ce qui amènerait plus tard plus de questions. Elle essayait tant bien que mal de prendre sur elle, de sourire plus que nécessaire, mais surtout de rester courtoise et polie. Ce qui visiblement, ne faisait pas son effet avec Amos. «Pourquoi tu es autant sur la défensive, Olive ? »  - « Je suis désolée, c’est juste que les nuits sont courtes en ce moment, et j’imagine que le manque de sommeil me rend un poil irritable. » Elle haussa lentement les épaules désinvolte. « Je pense que j’ai vraiment besoin de souffler, et qu’après, tout ira de nouveau mieux. » Ou que ça n’ira jamais, mais ça c’était tout autre chose. « Mais oui, j’imagine qu’il est temps d’être sincère avec l’autre. » Elle s’en veut pour beaucoup de choses Olive, mais surtout pour n’avoir pas compris plutôt ce qui n’allait pas chez Sofia. Elle imaginait que c’était vers ce chemin que voulait se rendre son cousin.   «C’est juste moi qui te met mal à l’aise ou il y a autre chose ? » - « Bien sûr que non, je suis ravie de te voir tu sais. » Oui, enfin c’était à moitié la vérité, un moitié un mensonge mais il n’était pas question qu’elle l’admette de vive voix. « C’est juste sincèrement bizarre d’être en tête à tête avec toi soudainement, comme si, on avait toujours eu une relation. » Alors que non, ce n’était pas le cas, du moins, c’était pas l’impression qu’avait l’australienne. Loin de là même, il y avait eu trop de chemins depuis la dernière fois.

@Amos Taylor