L’an passé ma participation au Secret Santa avait su me rapprocher d’une ancienne amie, la coïncidence nous avais paru complètement folle, mais je n’oublierais jamais le plaisir que j’avais ressentie à retrouver Penny au travers de ce hasard. Cette année, j’avais décidé de m’inscrire pour faire de ce petit évènement, une sorte de tradition de fin d’année. Je ne sais pas ce que le destin va bien me réserver pour ce coup-ci, mais j’ai foi de découvrir une personne qui veuille s’ouvrir aux autres. Comme lors de la première édition je n’ai eu le droit qu’à un simple prénom : Freya. Pas d’autres indications et une multitude de possibilités pour offrir un cadeau. J’ai longtemps hésité avant de faire un achat et comme je ne sais pas réellement me restreindre quand il s’agit de faire plaisir à quelqu’un bien sûr que je ne me suis pas contenté d’un seul présent. J’en ai profité pour faire mes emplettes pour ma famille, pour Trent et surtout pour les jumeaux. Je crois que je me suis légèrement emballée pour tout le monde, mais surtout pour eux. Trent va vouloir m’assommer, mais c’est trop tard, je n’ai pas gardé les tickets, comme c’est dommage. Il pourra ronchonner dans son coin tout seul, rien ne pourra venir gâcher la magie de Noël.

Cette magie qui se répand un peu de partout en ville et notamment vers les animations créer pour l’occasion. J’ai pu échanger quelques messages avec Freya et l’on s’était donné rendez-vous sur le lieu pour l’échange de nos présents. Comme toujours, je suis en avance et l’attente me rend un peu nerveuse. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas pris le temps de sortir de chez moi pour faire de nouvelles rencontres et il faut croire que je suis complètement rouillée à l’exercice. Pourtant, c’était ce que je préférais faire auparavant, quand on n’avait pas encore écrasé toute l’estime que je pouvais avoir de ma personne. Un soupir m’échappe tandis que je scanne une nouvelle fois les lieux, avant d’apercevoir une jeune femme qui semble chercher quelqu’un. « Freya ? » Je lui offre un sourire lorsqu’elle paraît reconnaître son prénom. « Bonjour, je suis Shiloh ! » Et soudainement, c’est comme si la nervosité n’existait plus. Je suis juste impatiente de lui offrir cette belle bougie que j’ai dégotée dans ma boutique de déco favorite et ce tee-shirt dont j’ai ajouté des broderies par moi-même. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? » que je lui demande alors que l’on se retrouve à la table que j’avais accaparé en arrivant. « Si tu as le temps bien sûre. » Après tout, je ne sais pas vraiment comment elle a envisagé toute la chose.

@Freya Vranken

have yourself a
merry little christmas
Freya Vranken & @Shiloh Atkins

Freya se remit d’aplomb sur ses talons — qui lui faisaient un mal de chien soit dit en passant — et s’éclaircit la gorge, persuadée que ce speed-dating était une très mauvaise idée. L’une de ses amies — elle ignorait laquelle — avait glissé son nom juste avant le début du tirage au sort pour lui donner une chance singulière de rencontrer l’âme-sœur. — Quelle chance —. Dans d’autres circonstances, la jeune femme se serait probablement laissée prendre au jeu, mais cette manie de perpétuellement vouloir contrôler ce pan de sa vie lui déplaisait. Plus encore, la perspective de passer des heures à échanger des idioties destinées à rompre la glace ne lui faisait pas du tout envie. La dernière fois que son entourage avait joué le rôle de Cupidon, la brune ne pouvait pas dire que la démarche lui avait réussi. Elle avait terminé seule — retour à la case départ —, quittée par l’intermédiaire de quelques lignes couchées sur du papier jauni. Un soupir s’exhala d’entre ses lèvres.  Peut-être était-il temps de faire un pas en avant ?

En dehors d’un nom et d’un numéro de téléphone, la suédoise n’avait eu aucun indice quant à son rencard mystère, qu’elle qualifiait de double S : Shiloh. Spring Hill. Rien d’autre. Elle sortit son smartphone de son sac et pianota un court message à l’attention de l’inconnu. Lorsqu’elle pensait à Shiloh, Freya imaginait un trentenaire d’un mètre quatre-vingt — quatre-vingt-dix, peut-être —, brun, au charisme certain et au regard pénétrant. C’était la seule chose amusante dans le fait de rencontrer quelqu’un qu’elle ne connaissait guère : l’imaginer à sa guise et sans limites. À son poignet oscillait un sac de taille moyenne sur lequel figurait en lettres imprimées d’or : Daniel Wellington. Comme à son habitude, Freya n’avait pas lésiné sur la dépense. Elle s’était efforcée de choisir un cadeau digne de ce nom et de l’homme qu’elle s’apprêtait à voir pour la première et — elle l’espérait — pas unique fois. À défaut, ses iris rencontrèrent celles, limpides, d’une jeune femme aux traits doux et engageants dont les lèvres venaient de libérer son prénom. « Oui ? » La brune lui rendit son sourire sans toutefois comprendre. Qui était-elle ? Comment la connaissait-elle ? Ses sourcils prirent la forme d’un bel accent circonflexe avant de s’arquer soudainement. « Oh, bonjour Shiloh ! Tu… » Elle éclata de rire avant de ranger son smartphone dans la poche de sa veste. « Je suis désolée, je m’attendais à ce que tu aies… » Elle baissa les yeux en direction de l’emballage que la blonde tenait à la main. « … un autre paquet, si tu vois ce que je veux dire. » Freya pinça ses lèvres entre elles, sa fossette creusant légèrement sa joue gauche. Il ne lui restait plus qu’à se liquéfier sous le coup de l’immense gêne qu’elle ressentait. « Je ne pensais pas que Shiloh pouvait être un prénom féminin. C’est très joli, cela dit. » La suédoise était du genre à se ravir de tout, surtout lorsqu’il s’agissait de pseudonymes hors du commun, un peu comme le sien.

« Bien sûr, avec plaisir ! » déclara-t-elle en rejoignant la table religieusement gardée par la blonde.  N’était-ce pas l’une des raisons pour lesquelles elle avait accepté de participer à ce concept ? Après quelques minutes à contempler la carte des cocktails, Freya leva la main en direction du serveur. « Ce sera un porn star pour moi, s’il vous plaît ! » Elle avait du mal à imaginer qu’un établissement puisse donner ce genre de noms à des boissons, si bien que ses pommettes prirent une teinte de bruyère écossaise – coup de soleil anglais. « Tu le savais en choisissant l’endroit ? » demanda-t-elle, le sourire aux lèvres.