Tu as autant envie de faire comme si votre dernière discussion n'a jamais eu lieu que de la confronter de nouveau pour comprendre. Tu es épuisé par les millions de mensonges qui planent au-dessus de ta tête, épuisé d'en avoir tellement que tu n'arrives plus à démêler le vrai du faux, et tu ne peux pas t'empêcher d'être blessé d'avoir l'impression que Greta soit à l'origine de l'un d'eux. Omettre des informations, c'est aussi mentir. C'est sans doute ce qu'elle a en commun avec Alfie, hm. On peut toutefois dire que tu es plutôt surprise que ce soit elle qui t'ai recontacter la première plus, encore plus à niveau complètement professionnel et non personnelle. Bonne ou mauvaise surprise ? Seul l'avenir pourra le dire. Il faut croire que de son côté, elle a choisi la première option : celle de faire comme si de rien n'était. Tu l'envies un peu d'en être capable. Ce serait bête de détruire une amitié pour un homme, non ? Ce serait surtout bête de perdre quelqu'un pour des non-dits. « Ce n'est pas vraiment un bon moment pour prendre un nouveau roman. » que tu lui dis en feuilletant rapidement le manuscrit qu'elle a posé entre tes mains. Tes paroles sonnent sans doute comme une défaite et peut-être qu'il y a un peu de ça au travers de tout le reste, mais il y a aussi de la vérité. Tu débutes à peine tes nouvelles fonctions. Tu dois jongler avec le chaos laissé par l'ancien éditeur. Ce n'est pas forcément le meilleur moment pour prendre une charge supplémentaire de travail, tu as déjà du mal à voir le bout de tout ceci. « Et je m'y connais pas trop en biographie sportive. » Tu te sens presque coupable de refuser l'offre pour l'ancienne vedette de rugby que tu ne connais pas personnellement, mais dont tu as souvent entendu parler par Hassan - ce qui fait forcément de lui une bonne personne qui mérite d'avoir son histoire publiée. Ce n'est là non plus pas un mensonge. Tu aurais sûrement besoin de consulter d'autres personnes si tu voudrais vraiment t'investir là-dedans, mais tu sais aussi que ce n'est pas nécessaire de maîtriser tous les sujets pour publier une œuvre. « Tu devrais peut-être regarder avec ton ancien éditeur. » que tu ajoutes ensuite en glissant le manuscrit sur ton bureau vers elle. Même si elle se situe en Angleterre, il y a sûrement quelque chose qu'ils peuvent faire pour eux. Peut-être ont-ils une filiale australienne ? Tu n'en sais rien, mais tu supposes que non. Elle aurait été là-bas avant de marcher sur son orgueil pour venir te faire une telle demande. À moins que ceci ne soit qu'une manière comme une autre pour elle d'avoir l'occasion de te donner de vraies explications ? Rendre l'utile à l'agréable comme on dit. Honnêtement ? Tu apprécierais qu'elle le fasse. Elle aurait plus de chance que tu écoutes réellement ses arguments et que tu prennes réellement le temps de réfléchir à l'aider avec son roman.

@greta moore

Greta semblait manier l’art de se mettre dans des situations difficiles depuis quelques mois. Gâcher son amitié avec Lucas parce qu’elle avait préféré taire qui elle était, se lancer dans l’écriture de la biographie de Rhett pour que celui-ci se retrouve au centre d’un scandale juste avant la publication… Juliet était venue confirmer l’expression jamais deux sans trois et Greta s’en voulait. Les difficultés continuaient à s’enchaîner alors que l’écrivaine avait cru à cette lumière au bout du tunnel qui la sortirait de ce point mort dans lequel elle se trouvait. Mais à la place, tout était en train de s’effondrer et elle refusait de perdre une amie pour une raison aussi futile. Au moment de la conversation, alors qu’elle omettait la vérité, elle n’avait pas directement fait le lien avec son histoire avec Lucas et si elle l’avait fait alors la situation aurait peut-être été évitée. « Ce n'est pas vraiment un bon moment pour prendre un nouveau roman. » Le ton était donné. Pas le bon moment pour elle à cause de sa charge de travail ? Ou pas le bon moment dans le sens où il n’y aurait plus jamais de bon moment pour Greta ? L’écrivaine marchait sur des oeufs et elle était presque aussi mal à l’aise que la dernière fois qu’elle avait quitté le bureau, voire encore plus. « Et je m'y connais pas trop en biographie sportive. » « Et moi alors ? Ni en biographie sportive ni en biographie tout court d’ailleurs, j’ai improvisé  » avait-elle dit avec un léger rire, tentant de renouer cette complicité qu’elles avaient noué pas à pas. « Vous les éditeurs vous avez besoin de connaître le genre parfaitement ? » Elle avait écrit un sujet qui la dépassait totalement et pensait s’en être sortie. Difficile pour elle de connaître la situation dans laquelle se trouvait Juliet actuellement alors que le silence avait été de rigueur depuis leur dernière rencontre. « Tu devrais peut-être regarder avec ton ancien éditeur. » Greta se tenait là devant elle et le rouge lui montait presque aux joues tant elle culpabilisait. De l’avoir déçue voire blessée et d’oser lui demander un service alors même que leur amitié était en chute libre. « C’est compliqué parce qu’ils s’occupent de l’Angleterre. Et si je veux publier sous Moore… » Elle avait finalement osé regarder Juliet dans les yeux pour qu’elle comprenne, ses éditeurs en Angleterre avaient probablement plutôt miser sur qui elle était que sur ses écrits, qu’ils veuillent le confirmer ou non. « Je comprends que tu sois pas enchantée à l’idée. Je sais que c’est pas correct de venir te demander un service après la dernière fois mais je pouvais pas ne pas te proposer ce projet, tu vois ? » Juliet semblait sur la défensive et Greta ne pouvait pas lui en vouloir. Cependant, cette fois, c’était bien la vérité qu’elle lui exposait. Sans tout ce quiproquos, c'est tout naturellement qu’elle aurait cherché de l’aide auprès de Juliet mais il semblait impossible d’avancer sans crever l’abcès. « Je suis désolée, Juliet. Vraiment. Je sais de quoi ça a pu avoir l’air mais je voulais pas que mon jugement ait l’air de manquer d’objectivité. » Non pas que le fait d’être une connaissance d’Alfie justifiait le fait de le glorifier comme le faisait Greta mais ses paroles rassurantes n’auraient pas eu le même effet si elle avait avoué l’apprécier dès le début. Un premier pas était fait et elle saurait probablement bientôt si elle venait de briser une nouvelle amitié.

« Et moi alors ? Ni en biographie sportive ni en biographie tout court d’ailleurs, j’ai improvisé  » Elle laisse échapper un léger rire, camouflant plus son malaise qu'autre chose. Elle te prend de court même si c'était plutôt prévisible. Ton argument n'était pas un bon argument. C'était une défaite que Greta tente de contourner du mieux qu'elle le peut. « Vous les éditeurs vous avez besoin de connaître le genre parfaitement ? » Ton regard se détourne vers la fenêtre quelques instants avant de se reposer sur ton amie en face de toi. Non, ce n'est sûrement pas nécessaire. Tu es encore en apprentissage de ce métier. Encore plus depuis que tu as hérité de nouvelle tâche. Tu serais plus à l'aise avec un autre sujet, c'est vrai. Tu serais déjà un peu plus à l'aise si tu connaissais un peu l'histoire de ce Garrett Harfield. « Qu'est-ce qui t'a donné envie de le faire ? » Si elle dit ne pas maîtriser le sujet ou le genre autant que toi, pourquoi s'est-elle lancée dans une œuvre pareille ? Pourquoi ne pas avoir continué sur un sujet similaire à son dernier roman ? Peut-être que ce qui l'a motivé pourra aussi te motiver à accepter le projet. Malgré vos nouveaux différents sûrement idiot. « C’est compliqué parce qu’ils s’occupent de l’Angleterre. Et si je veux publier sous Moore… » - « Je sais bien… » Alors pourquoi l'as tu proposé hm ? Tu prends le manuscrit entre tes mains que tu feuillettes rapidement alors que ça se bouscule dans ta tête. Ce ne serait pas très juste de pénaliser une auteure pour un conflit d'intérêt. Peut-être que tu pourras la référer à un autre éditeur de la place ? Après tout, il est plutôt connu non ? C'est un projet qui trouvera très facilement preneur non ? Elle gagnerait sûrement mieux à être entre les mains d'un éditeur plus expérimenté que toi de toute façon. « Je comprends que tu sois pas enchantée à l’idée. Je sais que c’est pas correct de venir te demander un service après la dernière fois mais je pouvais pas ne pas te proposer ce projet, tu vois ? » Tu acquiesces légèrement d'un signe de tête. Bien sûr que tu comprends. Parce que ça pourrait être un tournant autant dans sa carrière que dans la tienne. Et que ce serait facile de travailler ensemble… si le mystère impliquant Alfie ne planait pas au-dessus de vos têtes. « Je suis désolée, Juliet. Vraiment. Je sais de quoi ça a pu avoir l’air mais je voulais pas que mon jugement ait l’air de manquer d’objectivité. » Il n'en avait pas juste l'air, il en manquait carrément. Le problème, c'est qu'elle a voulu faire semblant du contraire. « Ça m'a plutôt donné l'impression que tu as quelque chose à me cacher. » Un secret qui l'unit à Alfie. Un secret qui pourrait te blesser si tu le découvrais sans doute. Ce serait déjà moins difficile de l'entendre de sa bouche à elle, là, maintenant, que de le découvrir plus tard un peu par hasard et/ou maladroitement. « Je sais comment il est alors… » Alors, c'est facile de s'imaginer bien des choses qui les impliquent avec bien peu de vêtements. Tu voudrais bien lui dire qu'elle peut te le dire, que ça ne fait rien, que vous deux, c'est de l'histoire ancienne, mais vue la manière qu'elle t'a retrouvé après son passage, ce serait du vrai foutage de gueule. « De toute façon, c'est toi qui avait raison. Il n'a pas menti. » Et tu te sens complètement idiote et tu regrettes chaque mot que tu lui as dit cette journée-là. Mais comme tu lui as dit ne plus jamais vouloir le voir, tu ne peux pas aller t'excuser. Ça ne ferait qu'empirer la situation.

Le timing était mauvais. La biographie allait sortir au moment où Rhett bataillait avec ses propres démons alors que Greta, elle, bataillait avec ses associés. Sergio, d’abord, qui ne lui ferait aucun cadeau quant à cette biographie en laquelle il ne croyait que très peu. Et pour finir, elle se tenait devant Juliet, à lui demander de l’aider, à se porter garante pour un projet qui ne l’enthousiasmait pas pour deux raisons évidentes : le genre du livre et l’écrivaine. Greta se sentait extrêmement hors de propos à venir demander un service à une amie qu’elle semblait avoir trahie même si les actions n’avaient jamais été associées à ses pensées. Alfie y avait été présent durant de nombreuses années, mais Juliet pouvait-elle réellement lui tenir rigueur d’avoir eu un passé commun avec son ex petit-ami avant même de la connaître ? Quoiqu’il arrive, le pardon de la jeune femme serait déterminant dans la suite des événements. « Qu'est-ce qui t'a donné envie de le faire ? » Le vide. Le néant qu’était sa carrière sur le sol australien et ce fichu besoin de reconnaissance qui ne la quittait pas alors même qu’elle était précisémment venue chercher l’anonymat. Bien sûr, son léger sourire pour façade était venu accompagner une réponse un peu plus glorifiante. « L’inconnu, l’idée de faire quelque chose de différent. Je connaissais déjà un peu qui était Rhett et quand on a commencé à discuter, les mots me sont venus tout seul. Je l’écoutais parler et j’écrivais, aussi simple que ça. » Elle pouvait se confier à Juliet et elle le savait mais leur amitié avait pris un tournant compliqué qui lui laissait penser qu’elle devait avancer prudemment ses pions et la convaincre comme elle aurait du le faire avec n’importe quel autre éditeur.

« Je sais bien… » Lui proposer d’utiliser son éditeur du passé était une façon cachée de gentiment rejeter la demande et Greta en pouvait en vouloir à son amie d’être prudente après ces non-dits. avait-elle simplement dit avec cette éternelle douceur dans la voix qui avait amenée la blonde à s’excuser. Ça m'a plutôt donné l'impression que tu as quelque chose à me cacher. » « Il ne s’est rien passé, si c’est ce que tu penses. Je te l’assure. » Et son regard criait la sincérité tant cette soirée hantait son esprit comme sa seule et unique tentative de pouvoir posséder Alfie, pour un temps au moins. Au final, ce regard partagé avec Juliet lui montrait combien ses actions du passé avaient pu influer sur le présent et, pour une fois, Greta se surprenait à avoir pris la bonne décision. « Je sais comment il est alors… » Greta avait arqué un sourcil sans s’hasarder à lui demander plus d’explications, malgré cette pointe de fascination qu’elle continuait à avoir pour le garçon. « Je pourrais te dire la vérité mais c’est idiot, vraiment. »  avait-elle commencé, interrompue par Juliet.  « De toute façon, c'est toi qui avait raison. Il n'a pas menti. » Cette fois, le questionnement devenait plus fort et commençait à lui brûler les lèvres alors la jeune femme avait attrapé cette perche tendue. « Est-ce que ça signifie que la situation s’est arrangée ? » avait-elle demandé avec un air enthousiaste qui, à sa propre surprise, était entièrement sincère. Juliet méritait quelqu’un comme Alfie, même si elle n’était pas sûre que cela soit une notion positive dans l’esprit de la brune. « Ecoute, je préférerais travailler avec toi qu’avec un autre éditeur. Parce que si ça marche, je m’en voudrais que tu n’aies pas pu démarrer ta carrière avec ça. » Loin d’elle l’idée de se montrer prétentieuse, elle savait juste la notoriété de Rhett et malgré les dires de Sergio, le potentiel était évident. « Les risques sont minimes et la suite pourrait être intéressante. »  Greta éviterait de lui dire qu’elle devait lui faire confiance parce que ce sentiment avait été perdu au rendez-vous d’avant. Mais cette opportunité, elles en avaient besojn toutes les deux et à moins que Juliet ne lui dise ce qu’elle risquait à essayer, Greta était bien décidée à repartir avec un contrat.