Black out days

(#) Sujet: Black out days Mer 4 Jan 2023 - 22:10

Black Out Days

feat Claire Henderson

Connor était assis sur un coin de table, avachi, la joue contre son poing d’un côté et son éternel verre de wiskey dans l’autre. Il avait le regard vide, l’expression rude et fermée. Lui qui détestait d’ordinaire ce genre d’environnement se retrouvait dans un bar à l’ambiance jazzy. Une lumière tamisée, un piano d’un côté, une attention particulière pour les boiseries de l’autre mais également de la musique. Dans ce type d’endroit, la musique se devait d’être à un niveau sonore parfait, audible, pouvant cacher les discussions les plus intimes mais assez basses pour que personne n’ait à pousser la voix. L’endroit parfait pour que des personnes fortunées puissent profiter d’un peu d’intimité, pour rejoindre leurs maitresses, rencontrer des personnes infréquentables, ou simplement jouir de leur alcoolisme dans l’anonymat.

Quelques mois plus tôt, Connor lui-même aurait eu du mal à croire qu’il trouverait un jour du réconfort dans ce type de lieu, ne les ayant bien souvent arpentés que dans le cadre professionnel. Les choses étaient finalement allées assez vite et la descente aux enfers tout autant. Le regard vitreux, ses pensées intrusives étaient revenues à l’assaut. C’était l’inconvénient de l’accoutumance certainement… D’une main distraite qu’il leva en direction du serveur, il se recommanda un autre verre et termina le sien d’une traite, nonchalamment. L’alcool était devenu sa solution depuis plusieurs semaines pour faire face à son mal-être grandissant. Son anxiété n’avait cessé d’augmenter depuis plusieurs mois déjà. Il avait l’impression d’avoir tenté absolument tout ce qui était à sa portée afin de régler ce problème. Malheureusement pour lui, sa santé mentale ne semblait pas fonctionner comme toutes les autres difficultés qu’il avait pu rencontrer. Dans sa dualité problème-solution, l’un et l’autre lui semblaient floues. Malheureusement pour lui, le soulagement que lui apportait l’ivresse semblait désormais ne plus opérer. Bien que déjà bien embué, il sentait pertinemment que ce dernier verre ne pourrait l’empêcher de se faire du mal.

Lui qui s’était enorgueillis de n’avoir aucun regret… Il avait même eu la présomption d’ériger cette affirmation comme une philosophie de vie. Par le passé, il avait pu dire à qui voulait l’entendre qu’il fallait simplement se concentrer sur le présent. Laisser au passé les blessures qui le concernait, ne pas s’alourdir de remords inutiles et se concentrer sur les actions qu’il était possible d’enclencher à notre niveau. Peut-être avait-il même osé affirmer qu’il n’était jamais impossible de revenir en arrière, qu’il s’agissait d’accepter le changement. Toutes ces affirmations n’étaient que du vent qui servaient à mettre du baume au cœur aux mélancoliques. Les regrets l’avaient rattrapé et la douleur insidieuse qu’ils causaient semblait vouloir tout ravager sur leur passage. Il était impossible de revenir en arrière, il ne pouvait rien faire pour changer le passé, et cette constatation créa chez Connor un sentiment d’abattement profond. Il avait dépensé tellement d’énergie pour ne pas le voir, sachant certainement inconsciemment qu’il n’avait pas la capacité de l’endurer.

Il laissa le serveur lui déposer cet énième verre devant lui, ne cillant pas, semblant ne même pas se rendre compte de sa présence, trop concentré sur ce point qu’il regardait fixement. Son esprit s’était éparpillé ailleurs. Il repensait à cette boite qu’il avait laissé trainer sur la table de son salon pendant deux semaines et qu’il avait finalement ouvert quelques jours auparavant. La boite que Claire lui avait remise lors de leurs derniers adieux. Un soir, il s’était finalement décidé à l’ouvrir, poussé par une curiosité toxique. Foutu pour foutu. Cette dernière rencontre avait été l’ultime coup qui avait fait céder le barrage qu’il tentait de maintenir depuis trop longtemps. Les soirées alcoolisées n’avaient fait que s’enchainer depuis lors, si bien qu’il ne gardait qu’un souvenir très vague de ces dernières semaines. Il avait réussi à faire bonne figure dans un premier temps, réussissant à se contrôler assez pour que son état ne se devine pas. Puis le vide qui l’attendait quand il rentrait chez lui, ce petit monstre, était devenu peu à peu hors de contrôle. Il arriva de plus en plus tard au bureau, de plus en plus fatigué, de plus en plus pitoyable. Jusqu’à ce que James l’implore de prendre des vacances et de ne revenir que lorsqu’il se serait enfin repris. Alors il était rentré chez lui ce jour-là, sans aucun plan ni aucune perspective pour ces congés, et il avait ouvert la boite.
Celle-ci contenait des babioles en tout genre que Connor avait oublié d’emmener lors de son déménagement précipité, deux ans auparavant. Il avait pu redécouvrir un bracelet, une breloque qu’il s’était acheté sur un marché en Nouvelle-Zélande lors d’un voyage avec Claire. Mais aussi un stylo, deux livres, et toute sorte d’objets sans importance, que l’on pouvait aisément oublier derrière soi. Des objets qui contenaient pourtant tous des souvenirs bien particuliers, d’une période de sa vie bien plus heureuse que celle qu’il traversait actuellement. Sans surprise, la nostalgie l’avait rapidement rattrapé et avait accentué un peu plus son impression d’égarement. Cette période lui paraissait désormais bien lointaine, il s’agissait d’une autre vie et d’une toute autre personne. A cet instant, en repensant à ces objets, il ne pouvait empêcher son esprit de se perdre dans l’inventaire de ses souvenirs. L’exercice lui provoquait un sentiment doux-amer, réconfortant de par le bonheur que ces réminiscences évoquaient et douloureux de par les regrets qui les accompagnaient.

Il se rendit compte qu’il était en train de s’enfoncer, ce n’était pourtant ni le lieu, ni le moment. Il se redressa dans un soupire pour s’adosser à sa chaise, ses yeux se reportant sur son verre à nouveau. Comme une réponse qu’il connaissait déjà, il l’amena jusqu’à ses lèvres pour s’aviner. Peut-être qu’avec l’inconscience, il se sentirait un peu mieux.
Ce fut lorsqu’il déposa de nouveau le récipient sur la table, les yeux à moitié clos, qu’il aperçut une silhouette qu’il connaissait bien. Était-il en train de délirer ? C’était probable, ce n’était malheureusement pas la première fois que son esprit lui jouait des tours. Il préféra amener de nouveau son verre à ses lèvres, cherchant à accélérer le moment de sa perte de conscience.

@Claire Henderson Black out days 1336066658

As for me, my thoughts were made up of remembrances, and they carried me up to the surface of the globe which I ought never to have taken leave.

BLACK OUT DAYS.
with Connor Myers

Claire entre dans le bar. Elle n'aurait pas dû être là, ce n'était pas prévu. Elle le lui avait dit ce matin, à sa collègue, en remontant le long couloir du bureau entre deux réunions. Je ne pourrai pas venir ce soir, je dois voir de la famille. Je suis désolée, vraiment. La prochaine fois, je serai là, promis. Et elle lui avait souri, comme si son minois attendrissant suffisait à la pardonner de ne jamais honorer les invitations de sa collègue. Comme si ce sourire suffisait à masquer les ombres du tableaux, et les oublier, un petit peu. Mais c’était sans compter sur la ténacité de celle à qui elle avait affaire. Etrangement, Claire ne fut pas surprise le moins du monde lorsque son amie se présenta devant sa porte un peu avant 20h, l’air à la fois moqueur et satisfait. L’avocate n’eut d’autres choix que d’obtempérer et de ne pas rouspéter, la situation étant déjà assez ridicule. Bien entendu elle n’avait rien prévu avec sa famille. Une simple excuse qu’elle avait sorti sans trop réfléchir. Et en quelques minutes, Claire avait enfilé la première robe trouvée dans sa penderie et peint ses lèvres d’un rouge qui la laissa incertaine pendant un long moment avant que son amie ne la sorte de sa léthargie pour enfin quitter l’appartement.

Claire souhaite être ailleurs à cet instant. Pourtant ce bar n’a rien de semblable à ce qu’elle avait imaginé avant d’arriver. Ambiance jazzy. Clientèle bien choisie. Du moins d’apparence. Sa collègue lui avait simplement parler de prendre quelques verres avec des amis à elle. Juste quelques amis, dont quelques hommes célibataires qu’elle avait pris soin de préciser, et de très bonnes familles. Claire s’était contentée de sourire sans rien dire. C’est étrange comme, depuis la rupture de ses fiançailles, son entourage essaye sans cesse de jouer les entremetteurs pour son compte, en ayant cette idée en tête que l’avocate ne fréquente exclusivement que des hommes d’un certain milieu avec le compte en banque bien rempli. Est-ce donc l’image qu’elle renvoie d’elle-même? Parait-elle donc si superficielle? Elle ne sait pas vraiment quoi penser. Mais elle regrette déjà d’être là.
Malgré le côté plus luxe que la normale de ce bar, Claire retrouve assez rapidement cette atmosphère caractéristique. Mélange d'alcool, de tension. Fais demi-tour tant qu'il en est encore temps. Elle hurle, cette voix dans sa tête. Peut-être devrait-elle écouter sa raison. Peut-être ne vaut-il mieux pas tenter le Diable, ce soir. Rentrer sagement à la maison, se faufiler dans les draps et plonger dans les bras de Morphée. Peut-être, oui. Pourtant, au fond d'elle, ce n’est pas l’envie qui manque. Mais comment s’en aller à présent alors que son amie lui agrippe le bras tout en détaillant d'ores et déjà son plan drague de la soirée. Claire aperçoit au même moment un visage familier, Lola, qui se dirige vers elles, tout sourire et armée de son éternel pinceau qui tient ses cheveux en un chignon désordonné. Chignon qui contraste avec son tailleur et sa pochette Christian Dior. Elle est jolie Lola, avec son air un peu pompette, son aversion pour la bière et son amour inconditionnel pour le vin français. Et alors qu’elle observe les deux femmes à côté en train de s’échanger une étreinte amicale exagérément enthousiaste, Claire le sait déjà que c’est elle qui raccompagnera ce soir. Parce qu'elle ne boira qu’un ou deux verres tout au plus, parce qu'elle conduit bien et parce que c'est sans doute la plus responsable de toutes. Claire fait mine de les entendre à peine lorsque le sujet vire inévitablement sur la compagnie masculine qui les attend à leur table. « Je vais commander quelque chose à boire, je reviens. Chardonnay?.. Je prendrais la bouteille, juste au cas où. » qu’elle finit par dire en lançant un regard entendu à sa collègue. Et elle tourne immédiatement les talons avant que l’une deux n’objecte à cette mission qu’elles pensent certainement réservée, et à juste titre, aux serveurs du bar. Mais Claire veut fuir autant que possible les discussions de la soirée. Elle arrive au bar et attend. L’avocate suit la course du barman des yeux, se demandant intérieurement ce qu'elle fait là. Seule. Accoudée à ce bar. Elle doit avoir l'air bien conne. Même désespérée. Ou peut-être les deux à la fois. N'importe quel étranger à la recherche de compagnie pour la nuit considérerait cette solitude comme une invitation à engager la conversation. Mais Claire ne souhaite pas offrir sa compagnie. Elle n'a guère envie d'être importunée par un homme en manque d’étreintes féminines.

Alors qu'elle attend que le barman finisse avec le client précédent, l’avocate regarde distraitement autour d’elle. Son regard est finalement attiré par un coin un peu moins bien éclairé du bar. Par la silhouette de cet homme, assis à cette table. Le menton posé dans sa main, elle l'observe, le contemple. Elle fronce légèrement les sourcils et peu à peu son expression passe de la curiosité à la surprise. Elle n’a pas besoin de s’approcher plus pour reconnaître ses traits. Instinctivement, l’avocate détourne le regard. Elle porte son attention sur ses mains posée sur la bar et déglutit difficilement. Elle se risque de nouveau à regarder dans sa direction afin de s’assurer qu’il s’agit bien de lui. Il n’y a pas de doute. Connor. Il est là. Son cauchemar des derniers temps. Il ne l’a pas vu, pas encore du moins. Claire lève à nouveau les yeux dans sa direction lorsque finalement elle croise son regard. Merde. L’a-t-il reconnue? Elle détourne les yeux, écarlate. Soudain, l’atmosphère lui parait un peu suffocante. Cette fois-ci, elle en est certaine: elle n’aurait pas dû être là ce soir. Intérieurement, elle s’en veut de n’avoir pas écouté cette voix dans sa tête qui lui disait de faire demi-tour. Après un court instant, durant lequel elle retrouve un peu sa sérénité, Claire ne peut se retenir de pousser un soupir de soulagement. Connor ne l’a certainement pas reconnue, autrement il serait certainement venu la trouver au bar. Ou peut-être a-t-il retenu le message de la dernière fois. Les images de leur dernière rencontre lui reviennent en tête. Elle secoue imperceptiblement la tête avant de reporter discrètement son attention sur le chef d’entreprise. Cette fois-ci, l’avocate est confuse et un peu choquée. Choquée de le voir visiblement ivre et seul à cette table. La voix du barman finit par la ramener à la réalité. Elle le regarde, un peu perdue. « Désolée, je voulais juste une bouteille de… En fin de compte de vais prendre un whisky, double » qu’elle dit distraitement alors qu’elle regarde toujours Connor du coin de l’oeil. « Dites-moi donc, il est là depuis longtemps, l’homme assis là-bas? » Regardant dans la direction qu’elle indique, le barman adresse à Claire un regard entendu avant de hausser les épaules. « Depuis bien trop longtemps si vous voulez mon avis… J’aimerais bien le voire mettre un pieds devant l’autre » Contrairement au barman, Claire ne parait pas amusé. Au contraire. Toujours accoudée au bar, elle reste encore là quelques instants, sans pour autant toucher le verre qu'elle avait commandé. C’est un beau bordel dans sa tête. De la confusion, mêlée à un sentiment d’incompréhension mais aussi de peur. Peur de ce qu’elle voit en ce moment. Et Claire se surprend à se demander si elle est censée faire ou dire quelque chose? Connor ne fait plus partie de sa vie et elle le lui avait bien fait comprendre. Et elle sensée fermer les yeux cette-fois ci? Soudain, et malgré les hésitations, Claire se redresse et se dirige vers la table en question, verre en main. Elle s’arrête alors, baisse les yeux sur son ex-fiancé et ne peut cacher une fois de plus son choc. Assis négligemment, le chef d’entreprise semble à peine lucide. L’air absent, il joue distraitement avec son verre, et Claire devine bien à son état qu’il ne s’agit pas du premier. Elle l’a rarement vu ainsi pour ne pas dire jamais. Connor ne buvait jamais plus que de raisonnable. Connor de faisait que rarement des excès, et même, ceux-ci restaient contrôlés. En le voyant ainsi, Claire ressent presque un peu de pitié à son égard. « Connor… » Elle hésite, entre lui parler ou simplement partir. Elle qui s’est jurée de ne plus avoir affaire à lui. Elle qui a prié pour ne plus le voir ou même entendre de ses nouvelles. Elle ne sait pas si elle est prête à lui faire face à nouveau. Elle ne sait pas comment réagir face à lui, comment gérer ses émotions et ses réactions. Elle se demande tout simplement ce qui a bien pu ses passer pour qu’il finisse ainsi, seul et ivre dans ce bar. « Non… je crois que tu as assez bu » Elle se penche et l’arrête dans son geste alors qu’il porte son verre à ses lèvres. Elle prend le récipient dans ses mains et le pose devant elle. Au même moment, elle en profite pour demander de l’eau à un des serveurs. Une bouteille s’il vous plait. En attendant, Claire s'installe sans y être invitée sur la chaise libre en face de Connor, prenant bien soin de garder une certaine distance entre eux. Elle l’observe sans le lâcher du regard. « Tu ne devrais pas continuer à boire à moins que tu aies envie de te tuer. Ça serait con » qu’elle dit simplement. « Tu devrais rentrer chez toi. Tu es venu avec quelqu’un? » Et s'il n'était pas seul? Et si un ami ou pire, une femme, devait le rejoindre? Un instant, le stress l'envahit. Mais Claire recouvre vite ses esprits sachant pertinemment que Connor n'est pas en état de tenir une conversation de plus de quelques minutes à cet instant. Distraitement l’avocate parcoure la salle du regard. Les femmes gloussent. Les hommes draguent. Le spectacle habituel d'un vendredi soir. Elle pose son regard sur Connor. Lui aussi, fait partie de ce spectacle habituel. Parce qu’il y a toujours cet homme un peu trop ivre dans salle. Celui que l’on regarde sans pour autant l’approcher. Âme en peine condamnée à errer dans les bars.
La bouteille d’eau arrive enfin. Claire lui sert un verre plein qu’elle fait glisser devant lui. « Vas-y, bois tout ». Cette fois-ci, la voix dans sa tête proteste. Mais que fais-tu? Pourquoi es-tu là? Laisse le tranquille. Elle veut juste s’assurer de son état. Rien de plus. Elle s’en ira lorsqu’il aura fini son eau, qu’elle se jure intérieurement.

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It's like you're screaming, and no one can hear. You almost feel ashamed that someone could be that important, that without them, you feel like nothing. You feel hopeless like nothing can save you.△ J'étais cool, assis sur un banc, c'était au printemps. Ils cueillent une marguerite, ce sont deux amants. Overdose de douceur, ils jouent comme des enfants. Je t'aime un peu, beaucoup, à la folie, passionnément
(c)endlesslove

« Connor… » Sa voix, familière, lui parut lointaine. Son état mental, la fatigue et l’alcool voilaient indéniablement sa conscience. Enfermé dans ses pensées, il avait à peine remarqué l’état dans lequel il avait sombré. Il préféra éluder l’évidence et cette silhouette qui se trouvait à quelques pas, et qu’une partie de lui avait bien reconnue. « Non… je crois que tu as assez bu ». Il sentit une main lui retirer son verre, bien incapable d’opposer une résistance. Cette fois-ci malheureusement il ne pouvait pas l’ignorer. Son visage se tourna lentement vers elle, plissant des yeux comme pour s’assurer qu’il s’agissait bien d’elle : Claire. Il s’adossa à sa chaise en la voyant se poser devant lui, toujours alangui et ses yeux fixant le visage en face de lui de son regard vitreux.

Connor se persuada à cet instant qu’il s’agissait d’une hallucination. Peut-être dans un dernier effort de sa conscience pour le protéger d’une information qu’il n’était pas capable d’appréhender. Ou simplement par peur de devenir fou, il avait fini par se convaincre qu’il l’était. Et dans cette construction, Claire, ou tout du moins ce qu’elle représentait, avait fini par cristalliser ses peurs irrationnelles.
Pourtant cette fois-ci il n’avait pas peur et ne redoutait rien. C’était peut-être la première fois d’ailleurs qu’il ne ressentait pas ces émotions en sa présence depuis longtemps. Au contraire, elle sembla balayer la solitude qui l’étranglait depuis plusieurs heures d’un simple geste. Il sourit en coin à cette pensée, se contentant de continuer à la dévisager. « Tu ne devrais pas continuer à boire à moins que tu aies envie de te tuer. Ça serait con » Il ne put s’empêcher de lâcher un ricanement à cette remarque, à la fois amusé et ironique. Il cherchait quelque chose d’un peu moins définitif mais c’était l’idée. Sans trop y réfléchir, et parce qu’il pensait que ce dialogue était intérieur, il rétorqua : « ça en arrangerait certains... ». Ce n’était peut-être pas aussi drôle que ce qu’il avait imaginé finalement. Il tendit la main comme pour récupérer son verre mais remarqua son absence. Ses sourcils se foncèrent devant le constat, ayant déjà oublié qu’elle le lui avait enlevé des mains une seconde plus tôt. « Tu devrais rentrer chez toi. Tu es venu avec quelqu’un? » La question détourna un peu son esprit de la frustration. Rentrer chez lui ? C’était certainement plus sage. Mais il préférait tromper le silence ici. « J’ai l’air d’être accompagné ? » Son ton n’était pas agressif, juste ironique une fois encore. Il n’était pas fier. Il n’avait pas envie d’avouer qu’elle avait raison, qu’il était dans un sale état et qu’il était seul. Le dire à voix haute, même à cette « illusion », rendait la situation d’autant plus pathétique.
Il baissa la tête pour remarquer le verre qu’elle mit devant lui. Un verre bien trop transparent pour contenir du wiskey. Pour cela, il était encore assez lucide. Il releva le nez vers elle, contrarié. Le ton qu’elle employa pour l’adjoindre de boire ne laissait cependant pas d’options. Mécaniquement, par habitude, il obéit et but le verre d’une traite. Malheureusement, ce n’était certainement pas cette goutte d’eau dans une mer de wiskey qui allait renverser la donne dans son estomac. Il reposa le verre pour porter de nouveau son attention sur elle.

Ses yeux se plissèrent tandis qu’il se concentrait pour maitriser le flou général offert par sa vision. Une fois celle-ci stabilisée, il eut l’impression de pouvoir voir son interlocutrice plus nettement. Son esprit embué ne lui permettait pas d’analyser la situation. Il sembla ne remarquer que ses lèvres, peintes de rouge et attirant forcément le regard et son attention. Elles lui rappelèrent fatalement le baiser qu’il lui avait volé quelques semaines plus tôt, le rejet puis l’horreur qu’il avait éprouvé devant son geste. Ses yeux remontèrent vers les siens lentement, avant qu’il ne lui demande très sérieusement :
- Tu viens me tourmenter ?

Connor était perdu. A chaque fois qu’elle apparaissait dans ses rêves ou dans ses songes, Claire finissait toujours par lui faire payer quelque chose. C’était la manière qu’avait son inconscient de traiter sa propre culpabilité. Pourtant l’attitude de l’avocate ne présageait rien de ça. Elle apparaissait prévenante, ce qui n’avait aucun sens dans le schéma qu’il s’était lui-même inventé. Ou presque.
Il était au plus bas, triste et fébrile et Claire était l’une des seules personnes à avoir jamais eu cet effet rassurant sur lui. Parce qu’il avait déjà baissé sa garde par le passé. Elle lui manquait affreusement. Une impression terrible d’avoir besoin d’elle. Il sentit un frisson parcourir son échine et serra la mâchoire devant cette réflexion. Ses yeux s’embuèrent brutalement, son regard toujours fixé dans le sien. Il allait craquer.
C’était donc ça le piège.
Il détourna les yeux dans un dernier élan de pudeur, haussant les sourcils comme pour reprendre sa contenance. Son regard se porta alors tout autour d’eux, cherchant à reprendre pieds et à se rappeler son environnement. Ce n’était pas une illusion, c’était bien Claire qu’il avait devant lui, une partie de lui le savait.

- T’as raison, faut que j’rentre.

Sa main vint trouver la poche de son pantalon pour y chercher son portefeuille qu’il sortit avec difficulté. Sans trop se poser de questions, il retira un billet couvrant certainement bien plus que sa consommation de la soirée. L’étape d’après fut plus compliquée quand il dû se redresser, avec assurance mais trop peu d’appuis. Il manqua de flancher dès le premier pas mais ce fut finalement le second qui lui fut fatal. Sans surprises, il se retrouva à terre, amortissant sa chute comme il pût.
Quel beau spectacle il offrait décidément.

@Claire Henderson :l:

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(#) Sujet: Re: Black out days Dim 5 Mar 2023 - 0:06

BLACK OUT DAYS.
with Connor Myers

Une fois n'est pas coutume Claire se surprend à se demander si le sort essayait de se jouer d’elle. Si il y avait une force externe qui, à cet instant, tentait de la tester. De la pousser un peu plus afin de voir quelles sont ses limites. Voir jusqu'où elle pourrait aller. Et au fond, elle en vient même à penser que cette force externe se délecte certainement de la situation et de la confusion de l'avocate. Elle doit bien s'en amuser de la voir ainsi se torturer l'esprit et se poser mille et une questions.

Claire ne sait pas ce qui l’a ainsi poussée à aller vers lui. Vers Connor. Ce n'est certainement pas un élan de sympathie. Ou même encore un semblant de nostalgie de leurs soirées passées. Loin de là. Mais c’est plutôt cette image d'un Connor assez méconnaissable, une image qu’elle ne se rappelle pas avoir vu auparavant. C'est vrai, elle l'a déjà vu éméché à quelques reprises mais jamais au-delà de la raison. Connor, il est rarement du genre à perdre le contrôle.

« J’ai l’air d’être accompagné ? » L'avocate ne relève pas. Elle préfère ne rien dire. Elle se contente simplement de l'observer, sourcils légèrement froncés et l'air presque désolé malgré elle. Elle se demande pourquoi il est là ce soir. Et surtout dans cet état. Qu'est-ce qui a bien pu le conduire à ainsi préférer noyer ses problèmes dans l'alcool et surtout se donner à voir à qui voudrait bien le regarder? Alors qu'elle le regarde boire avec hésitation le verre d'eau devant lui, Claire ne peut retenir un léger soupir. Mais pourquoi devrait-elle se soucier de lui, de son état ? Connor n'est plus son affaire et elle s’est jurée de se tenir éloignée de tout ce qui aurait trait, de près ou de loin, à lui. Parce que ça ne lui a pas réussi la première fois. Parce qu'elle n'en est pas ressortie indemne. Elle s'est jurée qu'on ne l'y prendrait plus. Elle se l’est encore promis lorsque quelques semaines plus tôt, il avait osé l’embrasser, comme s’il n’en était rien. Comme si les années passées auraient suffi à effacer le souvenir de l’abandon douloureux de cet ex-fiancé… Et la voici pourtant, assise face à lui... Il plonge son regard dans le sien, et elle a presque envie de disparaître à cet instant là. Une fois de plus, elle ne relève pas lorsqu'il lui demande si elle était là pour le tourmenter. Dans d'autres circonstances, cela l'aurait amusée. Parce que oui, peut-être bien qu’il le mérite. D’être tourmenté. Après tout, il n'y a aucune raison qu'elle le prenne en pitié. Du moins elle essaye de s'en convaincre bien que la situation soit plus déroutante qu’elle ne l’aurait pensé. Il ne la lâche pas du regard et Claire en est presque déstabilisé pendant un court instant. Un court instant durant lequel elle semble lire à travers ce simple regard toute la détresse de son ex-fiancé. Il détourne finalement les yeux. Au grand soulagement de Claire.

Finalement, les mots de l'avocate semblent avoir trouvé écho. Sans prévenir, Connor se lève soudainement, décidé à rentrer cette fois. Mais la suite, malheureuse, est prévisible. « Merde » souffle Claire doucement en se levant précipitamment pour aider Connor qui vient de trébucher. Cela aurait pu, voire certainement, dû être la chose la plus simple au monde. Mais lorsque Claire prend la main de Connor dans la sienne à fin de l'aider à se redresser, elle a un court moment d’arrêt pendant lequel elle pose son regard lui, presque hésitant. Une fois de plus, mille et une questions lui taraudent l’esprit. Mais qu’est ce que tu fais? semble lui dire cette voix dans sa tête. A son grand soulagement, un serveur arrive finalement pour lui prêter main forte et aider Connor à se rassoir sur son siège. L'avocate fait semblant de ne pas prêter attention aux regards posés sur eux à cet instant. « Tu n’es clairement pas en état de mettre un pieds devant l’autre. Pour ta sécurité et celle de tous, reste assis s’il te plait » Elle le dit d’un ton calme mais ferme alors qu’elle sort son téléphone de sa petite sacoche exiguë. Quel est ton plan maintenant, Claire? Elle ne sait pas trop. Ce n'est pas de cette façon qu'elle avait imaginé sa soirée, surtout qu'elle n'avait pas eu envie d'être là initialement. À cet instant, elle est en pleine improvisation. Elle se demande à qui faire appel à fin de s'assurer que Connor rentre chez lui. Des amis ? Certainement pas. Claire n’est pas particulièrement proche des amis de Connor. Et elle imagine déjà les questions fusant de toute part, les regard interrogateurs se demandant certainement ce qu’elle et son ex fiancé font ensemble dans ce bar. Sa famille? Hors de question. Cette éventualité ne se pose pas… James? Peut-être. « Je vais appeler James. Il pourra certainement passer te prendre ici et de déposer chez toi ». Sans perdre plus de temps Claire retrouve assez rapidement le numéro de l'associé dans son répertoire. Mais ce dernier ne répond pas. Sans succès. « Tu es venu en voiture? Si oui tu vas devoir la laisser ici… Je vais t’accompagner prendre un taxi » Elle se garde bien de le regarder à cet instant. A quoi bon? Il ne comprend certainement pas à quel point la situation est des plus étranges pour elle. Elle se dirige machinalement vers le bar un court instant afin qu'on lui appelle un taxi, avant de revenir vers la table. « Tu viens? Et fais attention, regarde où tu mets les pieds » qu’elle lui dit avant de tourner les talons, prenant un peu d’avance. Afin d’atténuer le malaise déjà bien présent et bien installé pour durer. Afin d’éviter plus d’interactions que nécessaires. Claire tourne à peine la tête pour vérifier que Connor n’est pas une fois de plus tombé. Elle veut simplement en finir, assez rapidement. Une fois dehors, elle attend un court instant avant de le voir enfin émerger la démarche hésitante. « Le taxi devrait arriver sous peu » qu'elle dit sans vraiment lui adresser un regard. Debout sur trottoir, elle serre sa sacoche contre elle, s'y accrochant plus que nécessaire car ne sachant pas trop quoi faire de ses mains. Adossé contre le mur à quelques mètres d'elle, Connor n'esquisse aucun mouvement et se contente de rester là. Ils restent ainsi, silencieux, pendant quelques minutes qui semblent durer une éternité. Claire se demande ce qu'ils peuvent bien penser d'eux, les passants, les voyant là debout, ces deux cons qu'ils sont. Claire ne parle pas. Parce que ce n'est pas le moment. Peut-être parce qu'elle ne s'attendait pas à ce que sa soirée qui vient à peine de commencer prenne cette tournure. Elle ne s'attendait pas à croiser Connor ce soir, et encore moins dans cet état. Cette fois-ci, son regard glisse sur Connor. Elle l'observe en silence. Son regard semble vide, presque absent. Et comme une vieille sensation qui s'empare d'elle, l'avocate ne peut s'empêcher de ressentir une once d'empathie malgré elle, mêlée à la curiosité. Peut-être est-ce pour cette raison que la belle sort finalement de son mutisme. « Qu'est ce qui t'arrive? Ca te ressemble pas... » qu'elle demande tout bas, presqu'inaudible.

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(#) Sujet: Re: Black out days Mar 7 Mar 2023 - 12:15

La chute ne manqua pas de le déboussoler, du haut de son mètre 90. Il dû prendre quelques secondes pour se rendre compte de ce qu’il venait de se passer. La honte ? Il espérait d’ores et déjà que l’alcool lui permettrait de l’oublier. C’était tout l’avantage de l’abus d’alcool finalement… Elle faisait disparaitre tout l’indignité de sa situation. Il avait même fini par s’y habituer ces dernières semaines, à la honte qui le prenait dès qu’il se réveillait le matin et le poussait à avoir envie de l’oublier une nouvelle fois. C’était une descente vertigineuse sur une pente savonnée par des années d’obligations et de pressions. Il avait toujours été important pour lui d’être fiable, d’être la personne responsable vers laquelle son entourage pouvait se tourner quand les choses allaient mal. Pour cela, il avait toujours mis un point d’honneur à ne faire aucune vague, redoutant les excès et les situations qui pouvaient échapper à son contrôle. Et maintenant ? Il avait abandonné l’idée de soutenir qui que ce soit, à quoi bon après tout ? Son garde fou brisé, il se trouvait désormais perdu, saoule, à terre devant son ex-fiancé.
Est-ce que c’était le destin qui lui jouait des tours ? La mettant sur son chemin, maintenant qu’il semblait avoir toucher le fond ? Si c’était bien lui, il devait avoir un humour bien noir, que Connor n’était pas sûr de partager. Tout ça, il le pensa bien fort quand il prit parfaitement conscience qu’il s’agissait bien de Claire devant lui en sentant sa main dans la sienne. Il aurait vraiment aimé que cela reste une illusion. Il se laissa raccompagner sur sa chaise dans un soupire, laissant une tape sur l’épaule du serveur en guise de remerciements. Dans son état, c’est bien la seule gratification qu’il pouvait lui accorder. « Tu n’es clairement pas en état de mettre un pieds devant l’autre. Pour ta sécurité et celle de tous, reste assis s’il te plait » Il hocha la tête, accompagnant son geste d’un « ok » de son pouce et de son index. Au moins était-il discipliné… Il ferma les yeux un instant, la fatigue le prenant violemment… ou peut-être cherchait-il à éviter de croiser son regard. Il avait soudainement peur de ce qu’il pourrait y lire. Il entrouvrit légèrement les yeux quand elle lui indiqua qu’elle appellerait James. Il hocha de nouveau la tête, que pouvait-il faire d’autre ? Il l’avait démontré, il pouvait à peine marcher seul. Il souffla un « merci », baissant la tête. Il n’aimait pas ce sentiment d’impuissance. Peut-être aurait-il même opposer bien plus de résistance si ce n’avait pas été Claire. Malgré l’altération de sa conscience, il lui faisait finalement assez confiance pour ravaler sa frustration. « Tu es venu en voiture? Si oui tu vas devoir la laisser ici… Je vais t’accompagner prendre un taxi » Alors là ! Il fut bien incapable de se souvenir de la manière dont il était venu jusqu’ici. Il ne fit même pas attention au fait que James ne venait finalement pas, complètement passif dans le déroulé des évènements. Il la suivit du regard et comprit simplement qu’il fallait la rejoindre. S’en suivi un léger moment de latence… Première étape : se lever. Il réussit celle-ci avec bien plus de succès que la première fois.

Concentres-toi Connor, concentres-toi ! Un pied devant l’autre, doucement. Son équilibre était aléatoire, mais il savait une chose : il ne devait pas tomber. Une fois avait suffi et il n’avait aucune envie de lui imposer de nouveau cette scène. Sa mémoire court terme était atteinte mais de ça, il s’en souvenait. Lentement mais surement, il réussi à sortir du bar sans heurts, se permettant même un signe de main au serveur l’ayant aidé quelques minutes plus tôt, lui signifiant qu’il sen sortait bien tout seul. Il soupira de contentement en sentant l’air frais du soir lui caresser le visage quand il sortit enfin du bar, avant de tomber sur le visage de Claire, le regard fuyant. Il se mordit la joue, embarrassé. Il se dirigea également vers le mur de l’enceinte, s’adossant à celui-ci pour être sur de garder l’équilibre, et ramena ses mains dans ses poches. Ses yeux se perdirent dans le vide, accablé par le silence.
Ses pensées revenaient inévitablement vers la honte qu’il ressentait à cet instant précis, incapable de relativiser, ou même de raisonner son mal-être. Il avait l’impression d’échouer partout, de tout gâcher. Il l’aurait difficilement imaginé quelques minutes plus tôt, mais il aurait encore préféré que son dernier souvenir de Claire soit son rejet lorsqu’il l’avait embrassé sans crier gare.
Il cherchait mais ne trouvait aucune réponse sur la manière d’améliorer les choses. Il avait l’impression de ne plus avoir l’énergie. Chaque prémices de solution dans son esprit se soldait par une réponse auto dénigrante… Alors il était préférable de se taire, et d’attendre que ce moment passe.
« Qu'est ce qui t'arrive? Ca te ressemble pas... » Sa voix le réveilla et lui fit tourner machinalement les yeux vers elle, la détaillant comme si cela l’aiderait à mieux comprendre sa question. Qu’est ce qui lui arrivait, c’est bien ce qu’il avait entendu ? La question était plutôt depuis quand était-il devenu déraisonnable, finalement. Il sourit en coin à cette remarque, répondant presque instinctivement « j’lâche l’affaire » parce que c’est ce qu’il n’arrêtait pas de penser depuis plusieurs jours. Il baissa les yeux sur ses chaussures, comme un enfant pris en faute.
Mais que savait-elle au fond de ce qui lui ressemblait ou non désormais ? Il s’était déjà fait la réflexion durant ses longues sessions récentes d’introspections. Son comportement avait commencé à changer depuis bien longtemps. Il était juste plus visible depuis que la corde avait lâchée. L’alcool par exemple… n’avait-il pas commencé à boire seul il y a plusieurs mois de ça ? Et ses problèmes de sommeil, depuis combien de temps les avaient-ils ? Un an… Certainement plus. Oui, finalement il y avait eu beaucoup de signes avant-coureurs. La raison, il a tout essayé pour essayer de la garder jusqu’aux bout.
Il releva la tête pour la poser contre le mur contre lequel il était adossé, les yeux fermés et les sourcils froncés. Garder un semblant d’équilibre lui demandait déjà beaucoup de concentration. Puis c’est finalement la tristesse qui le prit à nouveau, décuplé par la réaction chimique qui s’opérait actuellement dans son cerveau.
Il avait pitié de la personne qu’elle avait connu. Si seulement il avait sût…

- C’est trop dur… J’ai pu la force de résister – il laissa échapper un soupire, passant sa main sur son visage - Je protèges personne au final, j’me laisse juste utiliser.

Il ouvrit à nouveau les yeux en laissant retomber sa main, tombant sur le visage de son interlocutrice. Que pouvait-elle y comprendre ? Il avait juste ressenti le besoin de le dire tout haut. Parce qu’au fond, c’était la première personne à lui avoir posé la question. Se l’entendre dire fut cependant bien cruel. Ces réflexions pessimistes n’avaient jamais passé la barrière de ses pensées auparavant. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur Claire ? L’habitude aurait voulu qu’il ajoute qu’il était désolé, qu’il termine sur une pointe plus positive afin de donner l’impression qu’il savait ce qu’il faisait. Mais ce soir, après ce qu’elle venait de voir, à quoi bon ?
Il lui sourit simplement tristement, ramenant sa main dans sa poche en se redressant puis tourna son visage dans le sens de circulation, titubant, à la recherche du taxi. Une réflexion lui vint cependant, le faisant se tourner vers elle difficilement, piétinant sur place pour garder un semblant d’équilibre.

- Et toi, pourquoi tu m’aides ? T’aurais pu complètement m’ignorer… - il grimaça en anticipant déjà sa réponse – je fais si pitié que ça ?

@Claire Henderson :l:

As for me, my thoughts were made up of remembrances, and they carried me up to the surface of the globe which I ought never to have taken leave.

(#) Sujet: Re: Black out days Dim 12 Mar 2023 - 22:46

BLACK OUT DAYS.
with Connor Myers

La question que pose finalement Claire sort assez spontanément. Sans calcul. Elle aurait bien pu continuer à se taire dans son mutisme, mais c'est plus fort qu'elle. Ce n'est pourtant pas de la curiosité mal placée, ou encore moins une façon de se donner bonne conscience en montrant une once d'empathie. Et d'ailleurs, Connor n'aurait certainement pas de raison d'attendre un quelconque geste venant de Claire en sa faveur. Et lorsqu’il répond, enfin, Claire plisse imperceptiblement les yeux. Elle ne comprend pas où il veut en venir. Lâcher l’affaire… que veut-il donc dire par là? Elle reste ainsi quelques instants, en proie à de nombreuses questions. L’alcool n’aide certainement pas, qu'elle se dit. Il n'a pas les idées très claires. L’avocate n’insiste donc pas. À quoi bon? Et à quoi s’attend-t-elle réellement? A ce qu’il lui dise qu’il a développé un fort penchant pour l’alcool dernièrement? A ce qu’il lui dise que cela a toujours été comme ça en réalité mais qu’elle ne l’a jamais vu d’une manière ou d’une autre? Claire ne sait pas quoi penser, ni quoi dire. Elle espère donc simplement que le taxi arrive bien vite afin de rompre enfin le malaise de cette soirée. « - C’est trop dur… J’ai plus la force de résister…Je protège personne au final, j’me laisse juste utiliser. » Claire lève à nouveau la tête vers lui, silencieuse. Pourtant au fond d’elle même, un millier de questions se bouscule. Mais Connor, que se passe-t-il? Claire fronce une fois de plus les sourcils tant pour le franc-parler dont Connor fait preuve que pour ce qu'il vient de lui confier. Et Claire, elle ne sait quoi dire, bien qu’elle n’ait besoin de chercher loin pour comprendre le sens de ses mots. Elle sait qu’il fait allusion à Myers Prospecting et inévitablement à son père. Malgré elle, Claire n’est pas surprise par cette révélation, mais peut-être plus par le fait que Connor ne s’en rende compte que maintenant. C’était prévisible, et l’avocate connait bien son ex-fiancé. Derrière sa carapace de gars invincible, il est à milles lieux du patriarche Myers. Du moins, c’est ce qu’elle s’était toujours dit, avant. Aujourd’hui, elle préfère ne pas y penser, tout simplement. Une fois de plus elle détourne les yeux, comme si ce simple geste suffirait à l’extirper de ce moment. A la départir de ce sentiment qui semble vouloir l’obliger à dire quelque chose.

Jusqu'alors immobile, Claire le sent s'activer. Intriguée, elle se tourne à nouveau dans sa direction. Que fait-il donc? Elle est d'autant plus dubitative qu'il semble se diriger vers la route. Combien de verres a-t-il donc bu ce soir, vient-elle à se demander. A la grande surprise de l’avocate, il s’arrête net pour lui faire face. Et Claire se doute de l'étonnement qui doit être marqué sur son visage. « Et toi, pourquoi tu m’aides ? T’aurais pu complètement m’ignorer… je fais si pitié que ça ? » Claire, elle lève les yeux au ciel à l'entente d'une telle stupidité. Elle le regarde en coin, essayant de voir s’il était sérieux ou non. En vain. « J’ai pitié, je l'avoue. » Qu'elle répond d'un ton détaché. Mais Connor, malgré l’alcool, n'a pas besoin d'être un fin perspicace pour sentir cette once d'ironie qui ponctue chacun de ses mots. « Moi aussi je me le demande crois moi » Elle l’ajoute. Juste au cas où. Et Claire, elle garde son regard rivé sur ses pieds qui soudain semblent être devenus plus intéressants que la norme. « Ce n’est pas comme si tu le méritais… Je devrais t’ignorer, n’est-ce pas? » Elle ajoute cela toujours sans le regarder, fixant le sol. Question rhétorique. Bien sûr qu'elle n'attend aucune réponse. Il ne serait d'ailleurs certainement pas en mesure de lui en fournir une qui tienne la route. « Je préfère m'assurer que tu rentres saint et sauf. Tu as ta famille, tes amis… ça serait bête s’il t’arrivait quelque chose ce soir, vu ton état. Je me sentirais un peu coupable même si je ne devrais pas… Certaines personnes à ma place s’en délecteraient peut-être même » Cette fois-ci Claire lève la tête et plonge son regard dans le sien. Se l'imagine-t-il, cette force qui la retient à cet instant? Qui l'empêche de poursuivre dans sa lancée et lui dire tout ce qu'elle avait dans la tête. Dans le coeur. Elle finit par secouer imperceptiblement la tête avant de détourner les yeux. Elle aimerait tant être ailleurs à cet instant. Pouvoir passer à autre chose tout simplement. Démarrer un nouveau chapitre, dans lequel elle ne tomberait pas sur son ex-fiancé à chaque coin de rue. Oui, c'est l'impression qu'elle a dernièrement. L'ombre du chef d'entreprise semble la suivre sans relâche...
Impatiente, Claire jette un coup d'oeil rapide à sa montre. Déjà dix minutes. Les minutes passent et le taxi ne semble pas arriver. Elle n'en voit passer aucun non plus. Elle soupire bruyamment, embêtée. Par l'idée de devoir peut-être le ramener elle-même, avec sa voiture. Non, il n'en est pas question. « C'est vraiment stupide de te mettre dans un état pareil... Vraiment stupide, d'autant plus en publique. La prochaine fois, rends toi service et bois à la maison. » L'avocate n'a pas besoin de se forcer pour être dur avec lui. La situation s'y prête et son agacement n'aide pas non plus. Elle ne veut pas être là à cet instant. Elle lui en veut pour cela.

memories
It's like you're screaming, and no one can hear. You almost feel ashamed that someone could be that important, that without them, you feel like nothing. You feel hopeless like nothing can save you.△ J'étais cool, assis sur un banc, c'était au printemps. Ils cueillent une marguerite, ce sont deux amants. Overdose de douceur, ils jouent comme des enfants. Je t'aime un peu, beaucoup, à la folie, passionnément
(c)endlesslove

(#) Sujet: Re: Black out days Mer 15 Mar 2023 - 16:11

« J’ai pitié, je l'avoue. » De la pitié… Au moins était-ce un sentiment, aussi négatif soit-il. Cela valait-il mieux que l’indifférence ?
Connor ne saurait pas répondre à la question tant son esprit était confus. En temps normal, la réponse aurait été non, sans hésitation. C’était en partie la raison pour laquelle il était si seul depuis un certain temps. Si effrayé par le fait de pouvoir donné un signe de faiblesse, si fier aussi, qu’il était piégé dans ses propres principes. Ce soir, les choses étaient différentes. Il en sera certainement autrement demain. « Moi aussi je me le demande crois moi. Ce n’est pas comme si tu le méritais… Je devrais t’ignorer, n’est-ce pas? » Il se contenta d’hocher la tête, laissant échapper un simple « hum » guttural, détournant la tête à nouveau pour suivre la circulation. Connor était très mal placé pour la contredire. Des réflexions du genre, il s’en faisait à lui-même très régulièrement. Finalement, la Claire imaginaire qui apparaissaient dans ses songes et la vraie avaient le même lexique. C’était la pitié certainement qui la poussait à agir. Ce n’était pas plaisant à entendre mais il n’était pas surpris.
Il continua de piétiner régulièrement sur place, se rendant à peine compte qu’il avait du mal à garder son équilibre en position debout. « Je préfère m'assurer que tu rentres saint et sauf. Tu as ta famille, tes amis… ça serait bête s’il t’arrivait quelque chose ce soir, vu ton état. Je me sentirais un peu coupable même si je ne devrais pas… Certaines personnes à ma place s’en délecteraient peut-être même » Son visage se tourna à nouveau vers elle, ayant presque déjà oublié la question qu’il lui avait posé tantôt et auquel elle apportait, de toute évidence, des précisions. Les intentions de l’avocate lui restèrent malheureusement inaccessibles, puisqu’elle continuait de cacher son expression, le visage baissé. Essayait-elle de lui faire comprendre qu’elle ne s’inquiétait pas pour lui, qu’il s’agissait d’une démarche purement altruiste ? Il sourit cependant, prenant bien la remarque pour ce qu’elle était. C’était tout de même ironique… Qu’elle fasse ça pour ses proches à lui… quand on sait que c’est en parti pour eux qu’il l’avait quittée. Sa charité allait peut-être un peu loin. Il croisa cette fois-ci son regard, y lisant cette très bien toute l’amertume et le ressentiment qu’elle avait mis dans cette remarque. « Ah » C’était donc sur la fin de sa phrase qu’il devait se pencher. Certaines personnes s’en délecteraient. Il avait oublié peut-être un peu trop rapidement qu’il était l’enflure de service ici. Il détourna le visage à nouveau, se mordant la joue comme on ronge son frein. Il savait, au fond, qu’il ne fallait pas qu’il réponde. Tout du moins, que ce n’était pas dans son intérêt. Mais ces sous-entendus commençaient presque malgré lui à le piquer.

« C'est vraiment stupide de te mettre dans un état pareil... Vraiment stupide, d'autant plus en publique. La prochaine fois, rends toi service et bois à la maison. » Elle avait raison, mais c’était peut-être tout son problème à lui justement. La raison, lui avait eu tendance à l’écouter de moins en moins ces derniers temps.
Il se tourna à nouveau vers elle, baissant la tête et plissant les yeux comme pour la voir plus distinctement. Elle était agacée, et de toute évidence par sa faute. Cependant, en l’état actuel des choses, il ne comprenait pas ce qu’il pouvait faire pour l’éviter. Au lieu d’attiser un peu plus l’agacement qui commençait à le submerger, cette dernière remarque eu l’effet inverse. Il haussa les épaules avant de se concentrer sur sa diction pour lui rétorquer :

- Ok ok… compris… reçu… - répéta-t-il, laissant un léger silence entre chaque mot, comme si cela pouvait fonctionner comme une formule magique et lui faire intégrer l’idée – désolé.

Il s’écrasait une fois encore… de toute façon, c’était la seule manière qu’il avait trouvé pour gérer sa culpabilité face à Claire, même sobre. Pourtant ce n’était pas son genre de jouer le punching-ball sans broncher. Mais il s’avérait qu’il avait accumulé beaucoup trop de dettes avec elle, si bien qu’il n’était même plus imaginable qu’il puisse se racheter. Connor était insolvable… Qui l’eut cru.

Son regard tenta de trouver à nouveau une distraction pour ne pas avoir à croiser le sien, détaillant l’environnement autour d’eux. Peut-être parce qu’il titubait un peu trop, certains passants le dévisagèrent, comme pour s’éloigner à tout moment s’il décidait de leur tomber dessus. Cela eut le don de le contrarier plus que de raison, leur faisant certainement payer toute la contrariété qu’il contenait face aux remarques qu’il venait d’essuyer. Les sourcils froncés, il croisa le regard de l’un d’eux, craintif, à qui il adressa un signe du menton pour lui indiquer de regarder ailleurs.

Qu’est-ce qu’ils faisaient ici au juste déjà ? Ah oui, le taxi. Il ne semblait vraiment pas se décider à venir celui-là. Il reporta son attention à nouveau sur la circulation, croisant une voiture qui lui fit penser à ce qu’ils cherchaient depuis tout à l’heure. Sans hésitations, il s’avança cette fois-ci sur la route, persuadé qu’elle allait s’arrêter à leur hauteur. Manque de chances, Connor s’était fourvoyé sur la fonction du véhicule qui continua son chemin. Il s’arrêta heureusement juste à temps, manquant au passage de se prendre les genoux contre l’une des voitures garée sur le bas-côté. Outch… Il fit demi-tour jusqu’à revenir sur le trottoir, aux côtés de son accompagnatrice. S’attendant à une remontrance, il rentra légèrement sa tête dans ses épaules comme si cela pouvait le protéger de ses foudres. C’est vrai qu’elle avait dit se sentir responsable de sa sécurité, vis-à-vis de ses amis et de sa famille… en substance, c’est ce qu’il avait retenu. Il préféra prendre les devants que d’entendre une nouvelle réflexion.

- Je peux rentrer à pied hein… J’pense que j’ai un peu désaoulé... Aucun de mes « proches » t’en voudra, je te rassure.

Il ne s’agissait même pas d’ironie pour sa part. Prêt à tourner les talons, il se ravisa finalement, pour se tenir devant elle.

- A moins que tu aies d’autres… choses à me dire

Si elle voulait se défouler, il se donnait volontiers en offrande. Quitte à ce qu’il soit mal et se torture l’esprit le lendemain, autant que cela soit bénéfique pour quelqu’un. Il n’avait plus rien à perdre. Ses yeux cherchèrent les siens, sérieux, souhaitant lui prouver sa sincérité malgré la situation.

@Claire Henderson I love you

As for me, my thoughts were made up of remembrances, and they carried me up to the surface of the globe which I ought never to have taken leave.

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