tw : interruption volontaire de grossesse (mentions, procédure)

Face à l'établissement, Willow est tétanisée et hésite même à rebrousser chemin pour rentrer chez elle. Impossible pour elle de faire ça alors même qu'elle est totalement sûre de son choix et qu'il n'y a aucune chance pour qu'elle revienne dessus. Elle a longuement réfléchi à la situation et a passé du temps à peser le pour et le contre, qui l'a remporté haut la main. Elle ne peut pas garder cet enfant et pour tout un tas de raison. Déjà parce qu'elle n'imagine pas accueillir un enfant dans ses conditions, elle n'est pas avec le père et n'en est pas amoureuse non plus. D'accord, elle l'aime bien et a fini par s'y attacher mais.. C'est loin d'être une raison suffisante pour passer au dessus. Pourtant, la première chose qu'elle a faite quand le test s'est avéré positif, c'est d'aller le voir et de lui annoncer. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle attendait de cet échange ? Qu'il lui confirme que c'est une mauvaise idée ? Ce n'est pas ce qu'il a fait, au contraire. Il semblait heureux de cette nouvelle et était prêt à l'assumer. Mais jusqu'à quand ? Tobias n'a pas l'étoffe d'un père à ses yeux, c'est encore un gamin trop irresponsable et immature pour s'occuper d'un nouveau-né. Puis il y a une seconde raison qui n'est pas des moindres, c'est son avenir professionnel. Willow rêve de danse à haut niveau, d'intégrer une troupe, un ballet et de performer à travers le monde. Elle s'imagine dans le rôle principal et d'entendre son nom dans toutes les bouches de petits filles qui rêvent de lui ressembler. Elle espère se faire un nom dans le milieu et marquer les esprits des personnes du milieu. Peut-être qu'elle rêve bien trop grand mais elle a toujours eu des espoirs trop démesurés. C'est de cette façon qu'elle fonctionne et qu'elle progresse, en se donnant des objectifs bien trop hauts. Peut-être même qu'elle se tue un peu la santé à force. Mais une chose est sûre, c'est qu'elle peut dire adieu à tout ça avec un gamin dans les pattes. Impossible de danser pendant des mois et ça, elle ne peut se le permettre. Le jour où elle l'a annoncé à Tobias est aussi le jour où elle a coupé tout contact avec lui. Sur le chemin du retour, elle a pris soin de le supprimer de ses réseaux avant de le bloquer. Son numéro y est passé aussi. Tout, elle a tout effacé le concernant, comme s'il n'avait jamais existé et qu'il n'était jamais entré dans sa vie. Ça ne date pas d'il y a longtemps mais elle ne l'a plus revu depuis et il n'a pas non plus essayé de la contacter d'une manière ou d'une autre. Mais ça a toujours été elle qui revenait vers lui quand elle coupait les ponts avec lui alors sûrement qu'il attend un signe de sa part. Signe qui ne viendra pas, jamais.

Prenant une grande inspiration, elle se décide enfin à entrer dans le dispensaire sans savoir depuis combien de temps elle est là, plantée à plusieurs mètres, le regard perdu sur la façade. Ses yeux observent autour d'elle, analysant les lieux et les personnes présentes. Il y a un peu de monde, de tout âge et sans savoir pourquoi, ça la rassure un peu. Face à elle, l'accueil du centre duquel elle s'approche avec peu d'assurance. Ce n'est pas dans ses habitudes, Willow n'est pas comme ça en temps normal mais elle se trouve dans une situation nouvelle et dont elle ne sait pas grand chose, ça la déstabilise complètement. Et elle n'en a parlé à personne -si ce n'est Tobias- alors elle ne peut compter sur aucun soutien pour affronter cette épreuve. Aucun proche ne peut la rassurer et lui dire que tout va bien se passer, qu'il est là et qu'il ne compte pas la lâcher. Pourtant, Dieu sait à quel point elle a besoin d'entendre ces mots à l'heure actuelle. La jeune femme se retrouve face à la secrétaire du dispensaire et elle tente un sourire peu convaincant avant d'ouvrir la bouche. Bonjour, je.. J'ai rendez-vous au nom de Mendoza. Après un rapide coup d'œil sur l'écran de son ordinateur, la femme face à elle confirme ses dires et relève un visage rassurant vers Willow. Je vous laisse vous assoir en salle d'attente, le Docteur Regan va vous recevoir. Lui adressant un dernier sourire pour la remercier, la danseuse quitte l'accueil et se dirige dans la salle d'attente où elle prend place. Le milieu médical n'a jamais fait parti de ses endroits favoris et ici, elle se sent un peu angoissée. Surtout parce qu'elle ne sait pas à quoi s'attendre, ni comment va se dérouler le rendez-vous, ce qui va se dire. Rien, elle ne sait rien et ça ne la rassure pas. Non pas que ce soit une maniaque du contrôle et qu'elle a besoin de savoir de quoi chaque seconde sera faite, loin de là. C'est surtout qu'elle met les pieds dans un monde inconnu, celui de l'interruption d'une grossesse. Elle s'est un peu renseignée sur internet mais chaque témoignage est différent, sûrement parce que chaque expérience est différente. Ses pensées tournent encore et encore dans sa tête, elle a du mal à tenir en place et faire stopper cette jambe qui ne fait que bouger sous l'angoisse de ce qui l'attend. Willow voit les personnes défilées dans la salle, certains partent en consultation, d'autres arrivent et c'est pire que tout. Son nom finit par résonner dans la salle d'attente et la jeune femme relève la tête pour croiser le regard du Docteur Regan. Elle semble jeune, quelques années de plus qu'elle mais pas plus de trente ans, c'est certain. Et ça a le don de rassurer -même un tout petit peu- celle qui aurait pu devenir mère dans quelques mois. Sous le regard des autres patients, elle se lève et serre d'une main un peu tremblante celle de la rousse. Bonjour Docteur. Dit-elle presque dans un murmure comme s'il était interdit de faire trop de bruit dans ce lieu mais Willow ne se rend même pas compte que le son de sa voix est si faible. Et sans dire un mot, elle la suit jusque dans son bureau, trop impersonnel à son goût, et s'assoit en face d'elle quand elle l'y invite. Plus moyen de reculer maintenant, pas vrai ? La plus jeune ne dit rien, trop stressée, trop impressionnée aussi. Elle se sent toute petite et presque honteuse quand elle repense à la raison de sa venue. Mais elle n'est pas la première, ni la dernière et encore moins la seule personne de la journée qu'elle verra passer pour cette raison. Inutile de te sentir honteuse, Willow, tout se passera bien. Comme elle peut, elle tente de se rassurer à défaut d'avoir une personne de confiance à ses côtés.

@Caitriona Regan

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Au moment où son regard croise celui de la rousse, Willow sait que c'est à son tour et qu'il ne lui est plus possible de reculer. Et quand elle s'approche des personnes présentes en salle d'attendre et qu'elle s'adresse à elle, elle ne fait que le lui confirmer. Elle se lève, hoche un peu la tête lorsqu'elle se présente et serre sa main pour la saluer. Sans un mot de plus, elle suit la jeune femme jusqu'à son bureau avant de prendre place dans le fauteuil destiné aux patients. D'habitude, la jeune danseuse parle beaucoup, souvent pour ne rien dire ou pour combler un blanc qu'elle n'aime pas laisser trainer dans le temps. Mais là, on pourrait croire qu'elle a perdu l'usage de sa voix ou qu'elle pourrait s'effondrer à tout instant tellement l'angoisse qu'elle ressent au fond d'elle est présente. Comme beaucoup, le milieu médical n'est pas un endroit qu'elle apprécie particulièrement mais dans ce cas précis, elle le hait encore plus. Sans savoir où elle met les pieds, elle y va quand même parce qu'elle n'a aucun autre choix qui s'offre à elle. C'est bien ça. Ça lui fait quelque chose de l'entendre à haute voix mais elle essaie de ne rien montrer et d'être confiante quant au déroulé de ce rendez-vous et du processus. Elle ne souhaite pas avoir d'enfants, elle ne souhaite pas mener cette grossesse à terme. Elle n'est pas prête à devenir maman et encore moins à sacrifier ses rêves de petites filles. Parfois, elle se trouve un peu égoïste de penser comme ça, de refuser cet enfant pour l'amour qu'elle porte à la danse. Des centaines de femmes aimeraient être à sa place et donneraient tout ce qu'elles ont pour tomber enceinte. Willow n'a rien demandé et a pris ses précautions pour ne pas que ça arrive. Mais elle sait aussi que les moyens de contraception ne sont pas fiables et efficaces à cent pour cent, qu'il y a toujours une part de risque. Elle fait partie de ce faible pourcentage de femmes qui tombent enceinte sous pilule et préservatif. Elle n'est pas seule, elle a lu des centaines, voir des milliers de témoignages sur internet. D'un côté, ça l'a rassurée de ne pas être une exception ou un cas à part. Et d'un autre, elle laisserait volontiers sa place. Attentivement, elle écoute les paroles du Dr Regan. Rien qu'elle ne savait pas déjà mais c'est toujours rassurant de l'entendre de la bouche d'une professionnelle. Peu à peu, elle se détend et se sent de plus en plus en confiance en compagnie de la jeune médecin. Elle emploie ce ton doux et rassurant et Willow se sent chanceuse d'être tombée sur elle et sa bienveillance. Ses derniers mots qui lui sont destinés, elle avait besoin de les entendre. Personne de son entourage est au courant de la situation et encore moins de ce qu'elle s'apprête à faire et vivre. Elle n'a pas le courage de le leur dire et pourtant, elle sait qu'il le faut et qu'elle a besoin d'une personne à ses côtés pour affronter cette épreuve. Merci Docteur. Finit-elle par lui dire. Dans sa tête, toutes sortes de questions se bousculent et elle finit par ne plus savoir ce qu'elle tient à lui poser. Je suis sûre de mon choix, je ne peux pas garder cet enfant. Je ne peux pas avoir d'enfant maintenant. Sa voix tremble un peu parce qu'elle est consciente de ce que ça veut dire mais sa décision est prise et Willow n'est pas du genre à revenir dessus. Elle a une semaine pour donner son choix final et sûrement que ça va être la semaine la plus longue de sa vie mais si c'est le protocole, elle n'aurait d'autre choix que de s'y tenir. Je souhaite devenir danseuse professionnelle et intégrer un ballet. Si je garde cet enfant, je peux tirer un trait sur ce projet. Elle ne sait pas pourquoi elle lui dit tout ça, peut-être pour justifier son choix, lui montrer que ce n'est pas une gamine irresponsable ou irréfléchie. Mais elle ne s'arrête pas là. Vous savez.. le milieu de la danse est un milieu sans pitié. Il faut travailler sans relâche et quotidiennement pour garder un bon niveau et aller loin. Ce sujet, elle le maitrise sur le bout des doigts et elle a ce besoin d'en parler pour se justifier une fois de plus. Mais aussi pour se rassurer. Son regard se perd un peu sur les éléments dernière la rousse et elle réfléchit. Elle réfléchit aux questions qui lui torturent le cerveau depuis des jours. Face à la médecin, elle doit en profiter pour obtenir les réponses dont elle a besoin. Il n'y a pas de questions bêtes de toute façon et pourtant, elle prend le soin de choisir son interrogation avant de poser son regard sur elle et d'ouvrir la bouche. Et.. Comment ça se passe ensuite si je ne souhaite pas garder ce bébé ? Quels sont les choix qui s'offrent à moi ? Est-ce que je vais avoir besoin de repos ? Ou d'éviter les efforts physiques ? Les paroles de la jeune femme s'enchainent sans laisser le temps au Docteur Regan d'y répondre. Et quand elle s'en rend compte, elle se mord légèrement la lèvre inférieur en laissant son dos rencontrer le dossier du fauteuil, comme si elle se sentait fautive de toutes les questions qu'elle vient de lui poser.

@Caitriona Regan
(et pardon pour l'attente de ma réponse, ces dernières semaines sont compliquées mais ça ne se reproduira plus )