Dans quoi est-ce qu'il s'embarquait ? Il savait que c'était nécessaire cela dit, c'était pour son image, c'était important, il n'avait pas vraiment d'autres solutions, ce n'était pas comme si les petites amies tombaient du ciel, ce n'est pas comme si les sentiments pouvaient naitre sans aucune construction. Mais là, il avait trop de personnes qui le questionnait sur son célibat. C'était devenu une sorte de point d'attaque des journalistes qui s'amusaient à écrire qu'il le faisait pour cacher une relation avec un homme. Au moins, s'il se pointait avec la même femme aux divers événements, on pourrait lui lâcher la grappe et c'était tout ce qu'il voulait, qu'on le laisse respirer sans qu'il n'ait besoin de se justifier pour le moindre détails.

Il avait trouvé la femme parfaite pour jouer ce rôle, une pro en somme... une escorte. Et elle était littéralement tombée dans sa vie. Elle avait débarqué, il n'avait pas été commode de prime abord, à sa décharge, il était toujours sur la défensive lors de rencontre avec des inconnus. Mais finalement, petit à petit, elle avait percé sa défense. Ou tout du moins, il lui laissait le bénéfice du doute, enfin, un peu plus que le bénéfice vu qu'il était prêt à signer un contrat avec elle. Un arrangement en bonne et due forme afin qu'ils soient d'accord sur leur arrangement tacite. Il l'engageait comme escorte, elle avait de l'argent en retour. Il n'avait jamais signé ce genre de contrat avant, mais il ne voulait pas se faire arnaquer ou mettre Mila dans l'embarras, il en allait tout de même de sa réputation. Okay, il allait payer quelqu'un, mais il restait un Clemens-Pearson, les choses devaient être faites correctement.

Il s'installa à une table d'une petite brasserie, il se commanda de l'eau comme à son habitude. Il avait mis ses lunettes de soleil sur le nez, il aimait la chaleur de l'été australienne. C'était toujours plus agréable pour lui que l'hiver. Il était occupé à regarder son téléphone pour faire passer le temps, il était un homme toujours en avance après tout, ça ne le dérangeait jamais d'attendre lorsqu'il avait un rendez-vous.

« Salut ! Tu vas bien ? » Marvin releva alors la tête et il sourit légèrement à son tour. Il la regarda se commander à boire avant de s'installer en face de lui. « T’es sûr que tu veux faire ça ici, en public ? Et si des paparazzis nous voyaient signer un contrat ? On aurait l’air malin … » Marvin haussa les épaules. « Je ne signe jamais rien chez moi, tout le monde le sait, tout passe par la Fondation de ma famille. Si on me voit avec des papiers, on imaginera sans doute qu'on tente de faire de moi l'égérie d'une marque quelconque. » expliqua-t-il simplement tout en tendant sa main pour boire de l'eau. Le soucis, c'était qu'il ne voulait pas sa famille au courant de cet arrangement. Il avait tout de même un honneur et une fierté et il ne voulait pas mêler le reste de son clan à tout ça. « A nous ! » trinqua alors la brune, il leva à son tour son verre et trinqua de bon coeur.

Mais il sentait que Mila était stressée, lui pas, justement parce qu'il avait découvert que c'était quand on tentait de dissimuler quelque chose qu'on risquait plus de se faire attraper... « Je suis persuadée qu’on devrait aller chez toi … » il l'observa avant de lui offrir son sourire le plus rassurant. « ça va aller. On n'est pas obligé de signer tout de suite, on peut revoir les points ensemble. Comme ma maison, c'est ma... safe place, je n'y amène pas de boulot, jamais. » c'était sa façon de dire qu'elle ne verrait pas l'intérieur de sa villa. Il partageait déjà pas mal de son intimité sous les yeux du public, sa villa était à lui et il ne voulait y avoir que des amis. Des proches. Ici, c'était une relation de "travail" qui était mise sur pied et dans l'esprit très carré de Marvin, il fallait poser des limites.

« Je suis végétarienne. » il opina de la tête, c'était de plus en plus courant. « D'accord, du coup, je le signalerai à chaque réception où on ira ensemble histoire que tu aies toujours de quoi te mettre sous la dent » il attrapa son téléphone pour créer une note, s'il ne le notait pas, il l'oublierait. « J’ai 26 ans, bientôt 27. Je suis originaire d’Italie, mais je vis en Australie depuis mes 10 ans. Je suis assistante de direction, je surfe, je pratique la course à pied et la photographie. J’ai beaucoup voyagé, fut un temps, et j’adore les vieilles voitures. Ce sont des choses que tu devrais savoir sur moi, si on est censé être un couple … Ca, et le fait qu’on se soit rencontré à la plage. Je pense qu’il est important de garder une part de vérité. » il l'écouta énumérer ces quelques mots avec une attention particulière « A ton tour. » il supposait que c'était à lui, parler n'était jamais son fort. Enfin, surtout quand il ne connaissait pas vraiment la personne, plus le temps passait, plus sa langue se déliait une fois que la confiance s'installait. « J'ai 27 ans, toute ma vie j'ai voulu marcher dans les traces de mon grand-père et toute ma vie on m'a rabaissé "pas assez fort, pas assez vif, pas digne d'être le petit-fils de Kai" alors je me suis entrainé beaucoup plus que n'importe qui, et d'un coup j'étais "bon mais parce qu'il a le sang de Kai dans ses veines, juste gâté par la nature, chez certaines personnes le talent est inné" et on a balayé mes efforts comme ça, comme si les heures que je m'entrainais ne comptaient pas, que j'étais né ainsi... on ne devient pas sportif pro avec juste du talent, il faut un travail acharné et de la concentration et surtout une rigueur à toute épreuve. » affirma-t-il simplement tout en haussant les épaules, il reprit une longue gorgée de son verre d'eau. « Je n'ai jamais bu d'alcool, je n'ai jamais fumé, tous les jours je me réveille à 6h du matin pour courir, tout ce que je mange est calculé. Je suis rigoureux et je ne fais jamais d'écart. » il était aussi respectueux et les pieds sur terre, mais il laisserait la possibilité à Mila de le découvrir. « J'ai des sentiments pour mon ex mais c'est compliqué. » autant être honnête sur ce point aussi. Ce n'est pas comme si Jiyeon allait sortir de sa vie ou son cœur. Mais ce n'était pas non plus comme si il pouvait être avec elle.

« Qu’est-ce que ça fait ? D’être connu et reconnu ? » Marvin cligne des yeux, un peu perturbé par cette question. Il ne s'est jamais fait à l'idée d'être reconnu pour lui-même, évidemment, la sensation est agréable, il n'est plus juste un Pearson de plus, et il devient de plus en plus "Marvin"... le truc, c'est qu'il a toujours connu l'intérêt du public face à sa famille. Celie Pearson a su mener sa barque dans le gratin de Brisbane, imposant sa philosophie et sa Fondation comme étant the place to be en terme d'avancé pour les sportifs de haut niveau. Elle utilise son petit-fils comme égérie pour ainsi dire et Marvin la laisse faire, faisant confiance à 100% à sa grand-mère. « Sans vouloir paraitre trop arrogant... ma famille a toujours été connue depuis que je suis né... du coup... c'est agréable que le public connaisse au moins mon prénom désormais, mais je suis aussi conscient que si le rugby a son public ici en Australie, ce n'est pas le cas dans le reste du monde... du coup, dès que je suis dans un autre pays je deviens juste un type avec un drôle d'accent de plus » rigola-t-il avec un sourire amusé sur les lèvres. Il avait tout de même une photo avec Neymar parce qu'ils avaient été au même défilé. Son sport n'était pas le plus connu, mais ça lui ouvrait au moins des portes, ça il devait le reconnaitre.

Aux yeux de Marvin, tout devait rester dans un cadre professionnel entre eux, c'était même assez clair dans son esprit. « Tu pourrais y amener du plaisir, pourtant … A moins que tu ne préfères l’hôtel ? » oh... il rougit sans pouvoir contrôler sa réaction instinctive, il baissa le regard et déglutit, tentant de garder la face même si cette situation le mettait réellement mal à l'aise. « Je suis pas... ce n'est pas que tu n'es pas jolie, mais je suis un peu vieux jeu avec le sexe... » expliqua-t-il sans pour autant rentrer dans les détails, il trouvait la chose beaucoup trop intime pour en parler ainsi... il aimait le sexe, il restait un type comme un autre sur le sujet, il était juste sérieux, il ne le faisait qu'avec les femmes qu'il aimait. Le sexe sans amour, sans sentiment, ça ne l'intéressait aucunement.

« Tu n’en es pas arrivé là où tu es aujourd’hui parce que tu portes le nom de quelqu’un, mais pour tes propres capacités. N’en doute jamais. » Marvin pencha la tête sur le côté avant de prendre le temps de répondre. « En vrai, ça a aidé, je ne peux pas mentir là-dessus. Mais si on a continué de me prendre c'est pour mon travail acharné, ça je ne le nie pas » avoua-t-il tout en se grattant l'arrête du nez, il avait parfois du mal à l'admettre, mais il savait que son "don" au rugby ne venait pas du ciel, il avait dû longuement s'entrainer et sacrifier des tonnes de choses pour en arriver à ce point-là. Dont l'alcool, les fêtes et ce genre de choses. « Jamais ? Jamais jamais ? Même pas un petit verre ou une petite grasse matinée ? » il haussa les épaules. « Quand je suis malade je me repose mais voilà, je pense que je suis juste habitué, c'est une routine comme une autre pour moi. Et non, je n'ai jamais bu. » concéda-t-il avec une certaine nonchalance. « Et tu attends de moi que je ne consomme pas d’alcool non plus, lors de nos sorties ? » il fronça les sourcils avant de se gratter la tempe. « Non, tu fais ce que tu veux, je veux pas te forcer à aller contre ton grès, je demande juste que tu ne tentes pas de me mettre un verre en main en retour, je n'en ai pas besoin pour m'amuser. » il n'aimait pas quand on tentait de le changer ou de le faire agir contre son grès du coup, il tentait de ne pas faire pareil à autrui, ça lui semblait normal. Puis il était trop honnête comme personne, il n'aimait pas les mensonges, il détestait les demi vérités. C'est pour cette raison qu'il avoua avoir des sentiments pour son ex, histoire que Mila sache dans quoi elle s'embarquait tout de même, avoir les tenant et les aboutissant en somme. « Ouaw. Désolée, c’est juste que je ne m’attendais pas à de telles révélations ! Hum … Si ça peut te rassurer, je suis amoureuse de quelqu’un aussi, alors … » il opina de la tête, il imaginait qu'avec son boulot, ça ne devait pas toujours être facile, mais à ses yeux, tout le monde avait le droit de connaitre l'amour, c'était important. « … on est sur la même longueur d’ondes. Pas de sentiments, juste un intérêt mutuel. Du coup, en parlant de ça, tu veux qu’on définisse un peu mieux les choses ? » il arqua un sourcil avant d'opiner sagement de la tête. « Dis-moi les points que tu veux aborder et on peut les définir ensemble oui » concéda alors l'australien avec détachement. Étrangement, même si la situation était assez unique, ça ne le mettait pas si mal à l'aise que ça dans le fond.