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Conversations with a stranger I barely know

Travailler à Archiris Company était un changement agréable pour Noor. Son travail était intéressant et l'esprit d'équipe était plus que motivant, tout ce qu'elle cherchait après avoir quitté sa dernière boîte et les Etats-Unis. Et puis après ses quelques mois de repos, ça lui faisait un bien fou de reprendre le travail avec des horaires réguliers, quand elle avait tendance à travailler au milieu de la nuit, juchée sur le canapé d'Hugo, ses écouteurs fermement ancrés dans ses oreilles. (Il allait falloir qu'elle cherche son propre appartement, ou du moins qu'elle propose à Hugo de déménager quelque part où ils auraient chacun leur chambre.)

Ce soir-là, elle avait fini plus tard que prévu, le temps de finaliser un dossier avec Michael. La présentation au client était le lundi suivant, et ils avaient passé la journée à vérifier les documents et les images prévisionnelles du projet, pour s'assurer que tout soit en accord avec l'appel d'offre. Noor avait l'impression d'avoir bu son poids en café pour tenir le choc - dormir sur un canapé n'était pas des plus reposants -, et une fois leurs vérifications bouclées, elle était encore en forme, prête à sauter partout pour évacuer tout son surplus d'énergie.

Elle avait donc proposé à son collègue de venir avec elle à la fête foraine de la ville, installée depuis quelques jours. L'occasion de passer du temps ensemble en s'éloignant un peu du travail, parce qu'il fallait avouer qu'en dehors de ses préférences en matière de café, ou de musique à écouter quand il travaillait, elle ne savait pas grand chose du jeune homme. Elle avait plus de liens avec Iris, qui venait comme elle du Mexique, ou Vivian, parce qu'elles avaient postulé ensemble, par exemple.

Pourtant, en se rapprochant de la fête foraine, Noor se demandait un peu ce qui lui était passé par la tête. Elle ne connaissait presque pas son collègue, et n'avait aucune idée de comment l'aborder en dehors des murs sécurisants de leur bureau, et des dossiers qu'ils partageaient ou sur lesquels elle avait besoin de son avis.

« Tu vis à Brisbane depuis longtemps ? »

Une question bateau, mais la première qui lui venait à l'esprit. De quoi le connaître un peu mieux mais sans entrer tout de suite dans les questions plus intimes et qui les tendraient peut-être un peu trop.

« J'espère que la fête foraine, c'est pas un truc d'une fois, mais que ça revient régulièrement ? » reprit-elle, les mains dans les poches de sa veste pour cacher sa nervosité. « Depuis que je suis gamine, j'adore aller dans ce genre d'endroits. Les lumières, l'odeur du sucre, le bruit... Ça m'a toujours amusée ! »

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Noor Guerrero & @Michael Ackerman

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@Noor Guerrero :l:

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En déménageant à Brisbane je n’avais qu’une crainte : ne pas trouver de travail. C’est un peu ce que ma mère n’arrêtait pas de me dire. Elle me faisait remarquer en me faisant comprendre qu’à Miami j’avais un emploi. Un emploi stable où je gagnais très bien ma vie alors que là-bas, à l’autre bout du monde je n'avais aucune certitude. Ses doutes étaient légitimes, j’aurais pu me retrouver sur un marché de l’emploi là-bas complètement saturé ou tout simplement ne rien trouver parce que je n’avais pas un diplôme australien. Mais j’ai fait le choix d’être audacieux, ou imprudent selon les points de vue et j’ai tout plaqué. J’ai lâché mon job, j’ai mis toute ma vie dans quelques valises et je suis parti. Je suis parti avec la boule au ventre à cause de l’incertitude et la peur de regretter mon choix et trouver un boulot a été ma priorité aussitôt installé à Brisbane. Après plusieurs semaines de recherches difficiles et des entretiens infructueux, je commençais à sérieusement m’inquiéter et à me dire que je ne trouverais pas de boulot en tant qu’architecte d’intérieur. Je me voyais déjà devoir travailler dans un secteur complètement différent pour lequel je n’avais aucunes compétences et aucunes appétences. Et puis il y a eu ce salon de l’architecture que j’ai découvert complètement par hasard via une pub sur instagram et c’était un très beau coup de hasard. C’est à cette occasion que j’ai pu rencontrer Iris et je pense qu’on peut dire que ça a été un coup de foudre professionnel entre nous dès le début. Puis un coup de coeur amical qui a fait qu’en plus de m’aider à passer des équivalences pour mon diplôme américain, m’a offert une opportunité unique : m’associer avec elle. Enfin pour être plus exact, c’est au bout de plusieurs semaines à l’entendre parler de son projet d’entreprise pour lequel elle n’osait pas se lancer que j’ai insisté. J’ai insisté sur le fait qu’elle serait une cheffe d’entreprise brillante et qu’elle avait tout à fait les épaules pour ça. C’est là qu’elle m’a proposé de l’accompagner dans cette aventure en devenant son associé.

C’est comme ça que ma carrière professionnelle australienne a débuté et je n’aurais pas pu rêver meilleur démarrage. Archiris Company c’est une entreprise où il fait bon vivre et l’arrivée de nouveaux éléments parmi nos rangs apporte encore plus de bonne humeur. Je m’entends particulièrement bien avec Vivian avec qui je partage beaucoup de dossiers et avec qui j’aime beaucoup discuter en dehors du boulot. Pour Noor c’est un peu plus distant. Je n’ai absolument rien contre elle, c’est une très bonne collègue, simplement nous n’avons pas vraiment d’atomes crochus, ou du moins pas à ma connaissance donc nos relations restent plutôt professionnelles. Mais quand elle m’a proposé de l’accompagner à la fête foraine après avoir passé de trop longues heures à travailler sur un projet j’ai dit oui. Pourquoi pas après tout ? Je suis sûr qu’elle est très sympa en dehors du travail mais j’espère juste que l’ambiance ne sera pas gênante, après tout c’est la première fois qu’on se voit en dehors du travail.

Nous marchons en direction de la fête foraine et l’ambiance est plutôt gênante. Un gros blanc s’est installé entre nous et j’avoue que je ne sais pas quoi lui dire. Je ne suis pas le plus sociable -ça a toujours été le rôle de Winston dans la famille ça- et je me vois mal lui faire la conversation sur la météo. Je pourrais lui parler boulot vu que c’est quelque chose que nous avons en commun mais ça enfreindrait ma règle numéro 1 : Ce qui se passe au boulot reste au boulot. J’aime énormément mon travail, je ne compte pas mes heures supplémentaires mais je refuse systématiquement de parler travail en dehors du cadre professionnel. J’en ai besoin pour pouvoir décrocher, avoir un sas de décompression et je n’imagine pas à quel point ça doit être agaçant de sortir boire un verre avec quelqu’un qui parle comme si on était en réunion. « Tu vis à Brisbane depuis longtemps ? » Ouf elle a brisé le silence. “Depuis 4 ans. Mais je connais Brisbane depuis plus longtemps que ça, je venais en vacances quand j’étais ado.” Je lui réponds avec un petit sourire. Contrairement à ce qu’on pourrait penser je n’ai pas fui les Etats-Unis pour éviter ma mère ou seulement pour rejoindre mon père, je suis véritablement tombé amoureux de ce pays et de ce que j’ai pu y voir. « J'espère que la fête foraine, c'est pas un truc d'une fois, mais que ça revient régulièrement ? » Je hausse légèrement les épaules, si on en croit ma faible expérience de la ville ça a l’air d’être un événement récurrent. “C’était déjà là l’an dernier donc je pense que ça doit être une vraie tradition, c’est plutôt chouette.” Je regarde au loin les attractions qui se rapprochent et je réfléchis à ce qu’on pourrait bien faire là-bas. « Depuis que je suis gamine, j'adore aller dans ce genre d'endroits. Les lumières, l'odeur du sucre, le bruit... Ça m'a toujours amusée ! » J’ai de nombreux souvenirs dans ce genre là aussi, sauf que les miens sont ponctués par les caprices de Winston ou par ses moqueries parce que j’avais peur de monter sur certains manèges. Un vrai plaisir en résumé. “C’est vrai que c’est plutôt sympa. Tu as envie de faire quelque chose en particulier ? Manger un bout ? Faire des attractions ?” J’espère qu’elle n’est pas trop du genre sensations fortes sinon ça sera sûrement sans moi.

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« Oh, ça fait un moment ! C'est cool d'avoir aimé cette ville quand tu étais adolescent et d'avoir pu t'y installer une fois adulte ! »

Michael ne semblait pas vouloir plus parler de sa ville - ou de son pays d'origine. Elle détectait ce qui lui semblait être un léger accent américain, mais qui pouvait tout à fait venir de l'autre côté de l'Australie. Noor n'avait jamais été très douée pour déterminer les origines des accents - à part peut-être le britannique et le texan.

C'était amusant, cependant, que Michael ait finit par vivre dans la ville qui n'était auparavant qu'une destination de vacances. Comme pour tenir une promesse à l'adolescent qu'il avait été ? Et sans doute parce qu'au fil des années, il avait développé une certaine tendresse pour cet endroit, au point de vouloir y retourner définitivement.

Et au moins, Michael vivait là depuis assez longtemps pour confirmer à Noor que la fête foraine était une tradition de la ville. La jeune femme en était ravie, elle qui aimait ces endroits animés, et toute la nostalgie qu'ils lui procuraient, faisant remonter des souvenirs d'enfance au goût de barbe à papa et à l'odeur de sucre.

« Monter sur la grande roue ? » proposa-t-elle, alors qu'ils voyaient les nacelles s'envoler vers les hauteurs. « La vue sur la ville doit être magnifique ! Et j'adore observer les paysages d'en eux, ça donne une perspective tellement différente de là-haut, par rapport à quand on est dans la rue. A moins que tu n'aies le vertige ? »

C'était une possibilité, et dans ce cas-là, elle s'arrangerait pour venir une autre fois, en tirant Hugo ou Jiyeon dans son sillage. Ils râleraient, mais monteraient quand même avec elle juste pour lui faire plaisir. (Elle se serait vengée en leur faisant prendre les poses les plus romantiques, juste pour les embêter un peu plus.)

« Et j'ai envie de barbe à papa, mais ma mère me tuerait si je ne mangeais que ça et pas un vrai repas avant. Peut-être parce qu'elle voulait éviter de se retrouver avec une enfant droguée au sucre ? Et que du coup, elle préférait me faire manger des trucs plus consistants avant. Mais j'ai gardé cette habitude en grandissant. On peut aller voir ce qu'il y a comme stands de nourriture autour ? »

Elle espérait qu'il y ait des repas bien épicés, même si elle en doutait un peu vu ce qu'elle avait pu voir de l'alimentation australienne jusqu'ici. Elle suivrait donc sans doute ce que Michael voudrait manger.

« Qu'est-ce que tu aimes faire toi dans les fêtes foraines ? Ou que tu détestes, histoire de ne pas choisir ton pire cauchemar ! »

Noor n'avait pas réellement de choses qui la dérangeaient, même si elle avait quelques réticences pour tout ce qui était hantée. Elle avait facilement peur dans ces endroits, et n'y allait qu'accompagnée - même si ses meilleurs amis aimaient la taquiner et lui faire encore plus peur, juste pour rire devant ses cris d'effroi.

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Noor Guerrero & @Michael Ackerman

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@Noor Guerrero :l:

« Oh, ça fait un moment ! C'est cool d'avoir aimé cette ville quand tu étais adolescent et d'avoir pu t'y installer une fois adulte ! » J’esquisse un petit sourire gêné. C’est un excellent résumé de la situation. Je n’ai rien contre Noor mais nous n’avons pas vraiment tissé de liens depuis qu’elle est arrivée dans l’entreprise. J’essaie de combler les blancs mais je n’ai pas envie que ça la mette mal à l’aise que je livre trop de détails personnels, on reste collègues avant tout. “J’ai de la famille ici donc ça a appuyé mon choix aussi.” Mon père et la calamité qui me sert de frère. Calamité qui ne se refuse rien pour se faire toujours plus de fric, racketter notre père ne lui posant ainsi aucun problème. Si je suis venu à Brisbane c’était pour mon père, j’aurais préféré rester le plus longtemps et le plus loin possible de Winston.

Nous avançons en direction de la fête foraine et pour briser la glace je lui demande ce qu’elle aimerait faire. « Monter sur la grande roue ? » Aïe, là je grince des dents intérieurement. Tout mais pas la grande roue pitié, j’ai une peur panique du vide.

« La vue sur la ville doit être magnifique ! Et j'adore observer les paysages d'en eux, ça donne une perspective tellement différente de là-haut, par rapport à quand on est dans la rue. A moins que tu n'aies le vertige ? » On m’a toujours dit que j’avais une fâcheuse tendance à ne pas vouloir vexer les personnes qui m’entourent, à être un people pleaser, et c’est tout à fait vrai. Je déteste créer des conflits, froisser la personne en face de moi et la situation est déjà assez bizarre avec Noor pour que je crée un malaise supplémentaire. Alors avec un air peu rassuré je lui réponds. “On peut faire ça oui euh pas de soucis.” Je croise les doigts pour qu’il y ait trop de monde, trop d’attente ou qu’elle soit tout simplement fermée. J’ai déjà fait des grandes roues mais je ne tiens vraiment pas à recommencer, quelle angoisse. « Et j'ai envie de barbe à papa, mais ma mère me tuerait si je ne mangeais que ça et pas un vrai repas avant. Peut-être parce qu'elle voulait éviter de se retrouver avec une enfant droguée au sucre ? Et que du coup, elle préférait me faire manger des trucs plus consistants avant. Mais j'ai gardé cette habitude en grandissant. On peut aller voir ce qu'il y a comme stands de nourriture autour ? » Elle parle beaucoup, vraiment beaucoup. D’habitude je suis un moulin à paroles mais là je me sens un peu mal à l’aise face à ces détails, mais elle a tout à fait raison, prendre du sucre et ne pas prendre un vrai repas c’est une grosse erreur. La perspective de monter sur la grande roue est loin de m’enchanter et m’a coupé un peu l’appétit. Mais j’essaie de faire bonne figure et de me montrer souriant. “Elle a raison, ce serait bien qu’on prenne quelque chose de plus sain qu’une barbe à papa pour le repas.” Enfin sain, c’est vite dit, on ne repartira pas avec un cornet de brocolis et de carottes râpées, et j’en suis ravi. Je ne suis pas un exemple pour l’alimentation mais je ne suis pas trop fan de sucré -ce qui est assez paradoxal avec la quantité de gâteaux que je fais- , je préfère largement manger du salé. « Qu'est-ce que tu aimes faire toi dans les fêtes foraines ? Ou que tu détestes, histoire de ne pas choisir ton pire cauchemar ! » Je prends quelques secondes pour réfléchir avant de répondre. “Tout ce qui est à sensation forte, hum j’avoue que c’est pas mon truc. J’aime bien grignoter ou des trucs comme les auto tamponneuses.” C’est quelque chose que je trouve assez fun et où je ne risque pas de hurler d’effroi ou de subir chaque seconde, je n’ai jamais été un grand courageux pour ce genre de choses.

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Noor hocha la tête, comprenant à moitié l'argument de la famille. Après tout, elle avait laissé la sienne au Mexique douze ans plus tôt, mais elle était venue ici pour Hugo et Dani, qu'elle considérait comme sa fratrie. Quelque part, son choix sur Brisbane s'était aussi fondé sur des liens familiaux, même si elle n'avait pas très envie d'expliquer à Michael sa conception à elle de famille.

Ils étaient déjà assez mal à l'aise comme ça, pour qu'elle n'expose ses problèmes. Autant donc profiter de l'endroit où ils étaient, et de cette grande roue qui les dominait et qui attirait tant la jeune femme. Son collègue semblait moins enjoué, bien que Noor ne sache pas trop quel était le problème. Mais si Michael lui assurait que tout allait bien, elle n'allait pas poser trop de questions. Le but de la soirée était d'apprendre à se connaître, pas de poster trop de questions au point de rendre l'autre encore plus inconfortable.

« Je sais pas trop ce qu'on pourra trouver de sain ici » nota-t-elle quand même en souriant. « Une pomme d'amour ? Y a au moins un fruit dedans ! »

Parce qu'étant donné les odeurs qui lui venaient, elle pariait plus sur de la friture pour le repas, ou quelques bons vieux hot-dog. Pas tellement de légumes, et surtout, Noor doutait que la nourriture soit très épicée. Elle pourrait la manger, mais elle savait qu'elle allait trouver ça un peu fade. Enfin, elle n'était pas venue non plus pour le repas du siècle, mais surtout pour s'amuser, et se vider la tête après le gros projet qu'ils venaient de terminer.

« Oh, les auto-tamponneuses j'aime bien aussi ! Peut-être parce que conduire c'est pas vraiment mon truc, et que là au moins, on peut cogner les autres sans conséquences ! »

Elle n'avait toujours pas repris une voiture depuis son arrivée sur le sol australien. Les transports en commun desservaient bien la ville, et elle était utilisait beaucoup les Uber, quand les horaires ne collaient pas. Reprendre le volant n'était certainement pas un de ses projets du moment, mais les auto-tamponneuses restaient une possibilité bien plus amusante !

« On mange d'abord ? J'ai quasi rien pris aujourd'hui, et je meurs de faim ! »

Trop concentrée sur le travail, elle n'avait carburée qu'au café, et elle commençait à s'en rendre compte maintenant que la pression retombait, et qu'elle pouvait sentir toutes les odeurs de fritures autour d'eux.

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@Noor Guerrero :l:

« Je sais pas trop ce qu'on pourra trouver de sain ici » Je dois passer pour un mec coincé ou pas fun, c’est pas ce que je voulais dire. J’essaie d’avoir un mode de vie un peu plus sain et équilibré en ce moment mais je ne suis pas au régime et je ne le serai jamais. « Une pomme d'amour ? Y a au moins un fruit dedans ! » J’ai un petit rire gêné avant de lui répondre. “Oh non mais ne t’en fais pas j’ai pas envie d’une salade. On peut commencer par une pomme d’amour oui et on mangera un truc un peu plus consistant tout à l’heure.” Le tout ponctué d’un sourire un peu gêné mais franc. Tout à l’heure quand on décidera de manger autre chose je pense que j’irai me prendre un sandwich, quelque chose de simple mais qui me calera, mon repas de midi était un peu trop léger et je ne suis pas certain qu’une simple pomme d’amour suffira à me caler pour la soirée.“Tu vas rire mais ce sera ma première pomme d’amour, j’ai toujours eu envie de tester mais j’ai jamais passé le cap, ça a l’air bon !” Ce sera l’occasion de sortir de ma zone de confort, de changer un petit peu et si je n’aime pas au moins ça sera vite fini. Elle a raison, une pomme d’amour ça pourrait être fun. Elle me demande ensuite ce que j’aime faire dans les fêtes foraines. Bonne question, je ne suis pas un grand habitué des fêtes comme celle-là. Je sais ce que je n’aime pas du tout : les manèges à sensations fortes. La simple pensée de devoir subir des montagnes russes ou quelque chose en hauteur me donne des sueurs froides mais je fais bonne figure. La situation est assez gênante -ponctuée de blancs sans que je sache ce qui peut clocher-, alors je n’ai pas envie davantage pour quelqu’un de rigide. « Oh, les auto-tamponneuses j'aime bien aussi ! Peut-être parce que conduire c'est pas vraiment mon truc, et que là au moins, on peut cogner les autres sans conséquences ! » J’ai un petit rire, elle marque un point. Au moins là, pas besoin de faire des constats pour les assurances et toutes les galères pour réparer son véhicule -et ne pas se faire rembourser au final pour un petit détail-. “Oui là au moins pas besoin de faire attention, au contraire!” A part risquer d’avoir quelques bleus c’est quelque chose qui n’est pas risqué et que je trouve réellement amusant et pas simplement angoissant. « On mange d'abord ? J'ai quasi rien pris aujourd'hui, et je meurs de faim ! » Je hoche rapidement la tête, c’est exactement ce que j’allais lui proposer, j’ai bien besoin d’un peu de sucre pour tenir la soirée.“Je meurs de faim aussi. Tu veux autre chose avec ta pomme d’amour ou ce sera tout pour l’instant ?” Je montre du doigt le stand en sortant mon portefeuille dans ma poche, je l’invite sur ce coup-là.

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Noor ouvrit de grands yeux, sincèrement étonnée. Le nombre de pommes d'amour qu'elle avait pu elle-même manger se comptait sur les doigts d'une main, à des fêtes foraines ou la fois où Hugo les avait tous amenés à Disneyland Paris. Mais n'en avoir jamais mangé de sa vie ? L'idée lui paraissait incongrue, surtout que ça ne semblait pas être la première fête foraine de Michael.

« Faut aimer le sucre » se contenta-t-elle de dire.

Surtout que son collègue semblait vouloir manger de façon assez équilibrée. Pas que Noor soit très fan de fast-food - elle aimait faire les courses et cuisiner, et son frigo était plein de tupperwares attendant d'être utilisés. Mais de temps en temps, elle ne disait pas non à un plat plus gras, surtout dans des circonstances comme une sortie à la fête foraine. Et puis, vu les nombres de soirées qu'elle finissait au Saucibar, ce n'était pas les frites trop grasses des stands de la fête foraine qui étaient son plus gros problème...

« Mes potes ont dû me pousser pour passer le permis. C'est vraiment pas mon truc la conduite... »

Le fait d'avoir vécu longtemps aux Etats-Unis ne l'avait pas aidé, et pourtant, là-bas, tout se faisait en voiture. Les transports en commun étaient peu développés, et il y avait plus d'une heure de marche entre son appartement et le cabinet dans lequel elle travaillait - sans compter les déplacements chez les clients. Elle trouvait Brisbane bien plus vivable juste pour le fait qu'elle pouvait prendre plus facilement le bus, et faisait beaucoup de choses à pieds dans son quartier.

Mais avant de passer sur les différentes attractions, il fallait déjà manger. La journée avait été longue pour eux deux. Et effectivement, la pomme d'amour seule ne suffirait peut-être pas à les nourrir.

« Je prendrai bien des frites aussi. J'ai envie d'enchiladas, mais je pense pas qu'on en trouve ici. »

C'était pourtant son plat favori d'enfance, celui qu'on trouvait facilement dans les petites guinguettes en bord de route ou sur des fêtes foraines. Un plat facile à manger quand on était debout à déambuler. Mais sans doute trop latino pour qu'elle en retrouve à Brisbane.

« Si rien ne te fait envie ici, on peut toujours aller voir les restaurants un peu plus loin, et revenir après » proposa-t-elle quand même.

Noor ne comprenait pas entièrement les choix alimentaires de Michael - sans doute parce qu'ils n'avaient jamais vraiment mangé ensemble depuis qu'elle avait débuté dans le cabinet -, mais elle ne voulait pas qu'il se force à manger quelque chose qui lui resterait sur l'estomac. Ce qui risquait d'arriver s'il n'était vraiment pas habitué aux plats très gras de la junk-food.

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