Les portes s'ouvrent lorsqu'elle s'y approche et elle sort de l'hôpital complètement perdue et bouleversée. Ses jambes la portent et la guident mais elle sent qu'elle peut s'écrouler à tout moment au beau milieu de ce parking qu'elle traverse. Elle fait à peine attention à ce qui se passe autour d'elle et c'est parfois au dernier moment qu'elle voit une voiture arrivée. Souvent parce qu'on lui claxonne dessus et Willow n'a aucune réaction, si ce n'est de tourner la tête vers l'automobiliste avant de continuer son chemin. Heureusement qu'elles ne roulent pas vite, elle serait déjà passée par dessus le capot. Une chance pour elle, elle est déjà à l'hôpital, même pas besoin de les appeler et de leur expliquer pendant dix ans la scène avant que les secours n'arrivent à toute vitesse. Peut-être qu'elle aurait dû demander à quelqu'un de l'accompagner pour cette intervention mais elle n'a pas été capable d'en parler à qui que ce soit, sauf au père de cet enfant qui ne fait plus parti de ce monde maintenant. Mais elle a préféré le rayer de sa vie suite à leur dernière conversation. Cette relation -si elle peut la nommer ainsi- a été beaucoup trop loin et cette grossesse était la goute de trop, elle ne veut plus le revoir, plus entendre parler de lui. Plus jamais. C'est une page qui se tourne et ça ne lui fait rien, ce n'était rien de sérieux, qu'un passe temps aux yeux de Willow. Pas vraiment pour lui malheureusement mais la jeune femme n'est pas prête pour une histoire sérieux, pour accueillir l'amour dans sa vie et son quotidien. La danse lui prend tout son temps et son énergie, à quel moment arriverait-elle à gérer une relation amoureuse ?

Elle arrive à l'arrêt de bus sans une égratignure et après quelques minutes d'attentes et de fixation dans le vide, elle monte dans celui qui la ramène chez elle. Quoi qu'elle est un peu à l'ouest et fait chaque geste par automatisme depuis sa sortie il y a quelques minutes alors elle espère simplement que c'est le bon. Assise sur un siège près de la fenêtre, elle pose sa tête contre celle ci en regardant le paysage de Brisbane défilé sous ses yeux. Elle adore cette ville mais actuellement, ça ne lui fait rien. Elle ne pense qu'aux dernières heures qu'elle a vécu, cet avortement qu'elle a subi et à ce nœud qui s'est formé dans son ventre et dans le fond de sa gorge. À tout moment, elle peut fondre en larme, elle le sait, elle le sent. Mais mince, pourquoi elle réagit comme ça ? Elle n'en voulait même pas de cet enfant et sa décision était plus qu'évidente à ses yeux. Alors pourquoi elle se sent si vide et si triste maintenant qu'elle a mis un terme à sa grossesse, ça n'a pas de sens. C'en est trop pour elle, elle a besoin d'elle alors elle sort au prochain arrêt sans même savoir où elle se trouve. Dehors, elle regarde autour d'elle et reconnait un quartier dans lequel elle n'a pas l'habitude d'aller mais y voit un parc alors elle s'y rend. Elle a cette d'impression d'étouffer et a besoin d'air.

L'endroit est assez peu peuplé et ça a le don de la rassurer un peu, elle n'aurait pas supporté de voir l'endroit bondé. Dans l'allée principale, elle marche, encore et encore sans réellement savoir où elle va mais elle finit par tomber sur un banc un peu en retrait de ce chemin. Elle s'y assoit et prend une grande inspiration comme si elle reprenait possession de son corps et de ses facultés de base. Les larmes au bord de ses yeux qu'elle retient, elle ne veut pas les laisser couler parce que ça voudrait dire que ça la touche plus qu'elle ne se l'autorise et elle ne veut pas de ça. C'est idiot parce que ça lui ferait du bien et que c'est humain comme réaction mais Willow tient à cette image de femme forte et que rien n'atteint. Le monde de la danse lui a appris à ne montrer ses émotions que pour transmettre quelque chose au public à travers ses pas et rien d'autre. C'est une voix à ses côtés qui la ramènent à la réalité et elle ravale ses larmes plus vite qu'elle ne l'aurait pensé. Un voile de surprise passe sur son visage parce qu'elle ne l'avait pas entendu s'approcher, ni même s'assoir. Elle met un certain temps avant d'analyser ses mots et sa demande, la bouche légèrement ouverte comme si elle s'apprêtait à répondre à tout instant. Elle finit par le faire après s'être mise une claque mentale. Pardon, je.. Vous pouvez vous assoir, ce banc ne m'appartient pas. Dit-elle en adressant un sourire à l'homme à ses côtés, remarquant qu'il n'a pas l'air au top de sa forme non plus. Ça l'intrigue, évidemment et Willow est une grande curieuse alors elle ne peut s'empêcher de lui demander : Vous allez bien ? sans aucun sous-entendu et d'un ton plutôt neutre. Mais peut-être n'a-t-il pas envie de lui parler, peut-être qu'il a juste besoin de silence et de tranquillité comme elle à cet instant.

@Basilius Reynard

Faire la conversation avec l'homme qui vient de se poser à côté d'elle sur le banc de ce parc, c'est tout ce qu'elle trouve à faire pour éviter de réfléchir et de remuer les pensées qui n'arrêtent pas de tourner en boucle dans sa tête. Elle sent qu'elle pourrait éclater en sanglot à tout instant, parler l'aide à éviter de craquer face à cet inconnu. Peut-être que de son côté, il n'en a aucune envie mais elle imagine qu'il saurait le lui dire dans ce cas. Willow est une femme qui a tendance à beaucoup parler, une vraie pipelette même si son cœur est meurtri par les derniers événements de sa vie. Et de toute façon, il ne verrait aucune différence puisqu'il ne connait pas la jeune danseuse. Mais il verrait peut-être dans ses yeux, cette lueur présente dans chaque individu, éteinte dans le cas de Willow. Il verrait peut-être ses yeux rougis par les larmes qu'elle se refuse de laisser couler et peut-être même qu'il verrait la façon dont elle joue nerveusement avec ses doigts. Elle ne cherche pas à cacher quoi que ce soit sur le moment, chose qu'elle fait systématiquement lorsqu'elle se trouve entourée. Elle ferme ses émotions, ses sentiments, elle ne laisse personne les voir sauf si cette personne fait partie de son cercle proche. La jeune femme ne veut laisser à personne le pouvoir de l'atteindre et de se servir des armes qu'elle laisse à disposition pour détruire tout ce qu'elle a bâti depuis des années. Hors de question, elle ne se le pardonnerait jamais.

La question qu'elle lui pose est un peu idiote et la réponse qu'il lui donne dans un premier temps lui fait écho. Tout le monde répond qu'il va bien par automatisme et pour éviter de s'étendre sur ses problèmes personnels. Pour éviter d'embêter qui que ce soit ou juste pour ne pas avoir à se confier. C'est plus simple de dire que l'on va bien et d'afficher un sourire rassurant sur ses lèvres. Je.. suis entièrement d'accord avec vous. Sûrement que des personnes vivent pire qu'elle actuellement et peut-être même depuis plus longtemps mais Willow en a rien à faire des autres aujourd'hui. Elle n'est pas tant égoïste que ça mais sur l'instant, elle ne pense qu'à elle, qu'à ce qu'elle vient de vivre et elle en a le droit. Pliant ses jambes pour venir coller ses cuisses contre son torse, elle passe ses bras autour de ses genoux. Et dans cette position,, elle a l'impression de redevenir une gamine, d'avoir dix ans de moins qu'actuellement et d'être aussi vulnérable. C'est l'impression qu'elle a au fond d'elle et elle se souvient que la médecin qui la suivi depuis le début lui en avait parlé. Elle ne l'avait pas cru parce qu'elle ne pensait pas que cette intervention l'atteindrait autant. Ce n'était qu'une erreur de parcours, une grossesse non désirée avec un garçon dont elle n'est même pas amoureuse mais qu'elle apprécie. Mais un garçon qu'elle a viré de sa vie au moment même où elle a appris qu'elle était enceinte. Ce n'était qu'un amusement, ce n'était pas censé aller aussi loin. Elle s'est un peu perdue dans ce qu'elle ressentait à ses côtés et ce qu'il lui faisait éprouver lorsqu'il posait les yeux sur elle. Et Willow ne peut pas se permettre de se laisser autant distraire alors que son rêve se rapproche doucement d'elle. Elle n'en a jamais été aussi proche.

L'homme à ses côtés reprend la parole et elle analyse ses mots alors que son regard se perd sur le paysage face à elle. Elle ne répond pas tout de suite et laisse planer un silence que la ville rompt sans gêne. Un soupir s'échappe de ses lèvres lorsqu'elle se rend compte que ce sentiment dont parle l'inconnu, elle l'a vécu plus d'une fois sans qu'elle n'y fasse attention. Bien plus souvent qu'elle ne l'admettrait, même à elle-même. Plus souvent que je l'imagine. Un point imaginaire qu'elle fixe devant elle, elle ne sait même pas réellement ce qu'elle regarde. Willow est un peu perdue dans l'introspection de sa vie, de son passé. Je pense qu'on vit tous au moins une journée que l'on aimerait oublier. Où on se dit qu'on aurait mieux fait de ne pas se lever. Disparaître et fuir, la suite logique d'une journée qui commence comme ça, par l'envie de ne rien faire et de rester sous les draps qui nous ont accueillis une nuit entière. C'est votre cas ? Demande-t-elle alors qu'elle tourne la tête vers lui. Et elle voit bien qu'il n'est pas totalement dans son assiette, tout comme elle. Même si elle tente de le cacher, elle n'a pas la force de le faire correctement et pleinement. Elle est fatiguée et épuisée, son seul souhait est de rentrer chez elle et de passer le reste de la journée dans son lit, jusqu'au lendemain. Mais ses jambes l'ont emmenée jusqu'ici et peut-être que cette rencontre, elle en a besoin. Grimaçant un peu, elle tente un rire peu convaincant mais au moins, elle aura essayé. Pas vraiment.. je vis ici depuis toujours et.. je crois que c'est la première fois que je viens ici. Quand elle y pense, elle a un quotidien très routinier depuis des années et elle s'autorise trop peu de temps libre pour avoir le temps de visiter tous les parcs de la ville ou encore tous les cafés tendances. Ce n'est pas son truc. Qu'est-ce qui vous amène ici alors ? Un besoin de réfléchir ? De vous évader ? De vous aérer l'esprit peut-être ? Elle repousse ses pensées le plus loin possible en essayant de comprendre ce qu'il fait ici et ce qui ne va pas présentement chez lui. Elle tente encore une fois de repousser ses problèmes et ses sentiments au lieu de les affronter et de les exprimer. Et pour ça, elle parle et s'intéresse aux autres. Je suis peut-être trop indiscrète et curieuse, on ne se connait pas après tout mais.. on dit souvent que c'est plus facile de parler à des personnes que l'on ne reverra jamais. Et toi, Willow ? Es-tu prête à te confier à lui ? À lui exposer ce qui se trame dans ta tête et baisser les armes pour une fois ? Elle ne sait même pas si elle en est capable mais elle sait que ça lui ferait du bien. Et c'est sûrement le pire.

@Basilius Reynard