Les urgences... Nina n’appréciait pas spécialement avoir à se retrouver dans ce service. Si certains cas pouvaient parfois être passionnants, la plupart du temps, elle avait l’impression de ne pas servir à grand-chose si ce n’est qu’à prescrire quelques médicaments à des personnes souhaitant éviter le boulot ou un rendez-vous particulier sous prétexte d’être à l’hôpital et pour lesquels le mot urgence n’était que le nom du service dans lequel ils se trouvaient. Rien de très urgent, donc. Mais à sa place, Nina n’avait pas particulièrement le choix de ses affectations et si la préférence de la blonde pour la pédiatrie n’était un secret pour personne, sa spécification n’était pas encore actée et il fallait bien qu’elle aille là où on avait besoin d’elle. Ce soir, c’était au service des urgences qu’elle ferait sa garde. Une soirée sans grande particularité et qui risquait de ne pas être passionnante, mais que pouvait-elle y faire ? Blouse sur le dos, cheveux relevés en une queue de cheval serrée, la jeune femme avait commencé sa garde par quelques cas basiques avant d’avoir à se charger d’un alcoolique tellement imbibé qu’il avait à peine eu conscience du sang qui se déversait de sa plaie au front après s’être battu dans un bar. Du moins, c’est l’histoire qui avait été racontée par son acolyte tout aussi imbibé. Blessure somme toute superficielle qui avait néanmoins nécessité quelques points de suture. Nina s’était alors attelée à la tâche, retenant tant que faire se peut sa respiration tant l’odeur même aurait pu suffire à rendre n’importe qui saoule. Sans pour autant bâcler son travail, l’apprentie chirurgienne était rapidement parvenue au bout de sa tâche. Pas assez malheureusement pour éviter de se faire vomir dessus. Prenant sur elle pour ne pas insulter ces deux alcooliques, c’est agacée que Nina s’éclipsa du box dans lequel elle se trouvait. Elle prévint son responsable de son besoin urgent de changer de tenue puis s’éclipsa quelques minutes afin de pouvoir le faire. Définitivement, c’était officiel, elle détestait les gardes aux urgences.

Reprenant un peu de contenance et soufflant pour évacuer la pression qu’elle avait accumulé jusqu’ici, la jeune femme quitta les vestiaires pour retourner à son poste. Elle passa par le bureau afin de récupérer le dossier d’admission du patient suivant. Shannon Mayfair. Une mauvaise chute vraisemblablement. Le nom lui disait vaguement quelque chose, mais elle n’aurait pu y mettre un visage. La blonde se contenta alors de se rendre vers la salle d’attente. « Shannon Mayfair ? » La salle n'était qu’à moitié pleine, Nina la parcourra rapidement du regard, mais personne ne bougea le petit doigt. Instinctivement, elle baissa le regard vers la tablette qu’elle avait en main pour vérifier l’identité de sa future patiente, puis répéta à nouveau ; « Shannon Mayfair ? » L’un des patients présent dans la pièce lui lança un bref regard tout en secouant la tête, presque désolé de ne pas être la personne qu’elle cherchait. L’apprentie chirurgienne laissa un soupir lui échappé, l’agacement était présent et il commençait à lui être difficile de le contenir. Était-ce déplacé d’espérer qu’un gros trauma n’arrive et qu’elle puisse s’incruster à l’équipe ? Peut-être un peu... Elle tenta une dernière fois ; « Shannon Mayfair ? ... non ? » La jeune femme s’apprêtait à faire demi-tour, ça n’aurait pas été la première fois qu’un patient décide de déserter sous prétexte que l’attente soit trop longue. « Désolée… Je n’ai pas entendu... J’étais distraite. » Nina stoppa son élan pour poser le regard sur la personne qui venait de prendre la parole. La jeune femme était installée dans le fond de la pièce et son visage commençait à prendre une teinte rosâtre. Si de prime abord le nom lui avait dit quelque chose, le visage de la rousse lui sembla lui aussi familier, sans pour autant qu’elle ne puisse mettre le doigt sur ce qui les liait. Peut-être était-ce tout simplement une patiente régulière et qu’elles s’étaient déjà croisées au sein de l’hôpital. « Suivez-moi. » se contenta-t-elle de demander avant de prendre la direction d’une salle libre pour l’auscultation de la patiente. Le fait que le jeune femme puisse être une habituée des lieux semblait tout à fait improbable, mais Nina préféra garder cette hypothèse en tête plutôt que de s’acharner à fouiller dans ses souvenirs pour retrouver ce qui lui était familier chez la patiente. « Je vous en prie, installez-vous. » Si l’agacement pointait clairement dans les premiers mots que la jeune femme avait prononcé à l’encontre de la rousse, le ton était à présent un peu plus courtois alors qu’elle lui indiquait la table sur laquelle elle pouvait s’installer. « Alors dites-moi ; qu’est-ce qui vous amène ? » une chute, de toute évidence, Nina en avait pris connaissance, mais de par sa question, elle espérait un peu plus de détails quant à ce qui était arrivé pour que la jeune femme n’en vienne à se rendre aux urgences.