show me the right way.
w/@harper brooks

Cela devait faire une bonne demie-heure que j'étais encabanée chez moi, la tête dans les révisions de mes notes de cours. J'avais encore un peu de difficulté avec la partie théorique; les maladies neuropsychologiques peuvent tellement être complexes et se ressembler au final que j'ai du mal à bien les différencier. Comme quoi chaque cerveau humain est formaté de sa propre façon et qu'il est difficile de tous les mettre dans le même panier. Autant j'adorais cet aspect du métier qui me passionnait, autant que pouvait parfois sous-estimer sa complexité. J'adore les défis, vous l'aies-je déjà dit ? Et être neuropsychiatre s'annonçait être la meilleure façon pour me challenger dans ma vie professionnelle. Je relisais donc mes notes tout en retranscrivant au propre dans un carnet à côté ce qui me semblait le plus pertinent. J'avais la maison à moi toute seule et c'était presqu'une aubaine. Alistair était quasiment toujours là à gamer dans sa chambre. Certes, il ne faisait pas de bruit et je pouvais rapidement oublier sa présence, mais il n'y a rien de mieux que de se savoir réellement seule dans cette grande demeure. Ça me permet de me plonger corps et âme dans mon boulot et j'adore cette ambiance. Parfois je fais jouer de la musique très fort qui, vraisemblablement, m'aide à me concentrer. D'autres fois, je préfère largement le silence, le calme. J'accompagne mes séances d'étude avec une tisane relaxante ou un verre de vino, tout dépendant de mes envies du moment...

Alors que l'avant-midi s'était déroulée exactement comme je l'avais souhaité, le cours de la journée s'annonçait un peu plus rocambolesque. Je savai qu'il ne restait que très peu de nourriture dans le frigo et plutôt que d'attendre l'heure de pointe dans les épiceries - l'heure où tous les travailleurs iront à ladite épicerie - je ferais mieux d'y aller plus tôt que trop tard. En plus, prendre l'air et lâcher mes bouquins ne pourrait être que bénéfique pour moi. Je commençais à sentir la matière me sortir par les oreilles, ce n'était pas bon signe. Je me levas donc de mon espace de travail - c'est-à-dire le sofa du salon et la table basse qui me servait de bureau - et me rendit dans l'entrée pour enfiler mes chaussures, prendre mon sac bandoulière et mes clefs. La supérette n'était pas très loin et y aller à pieds me semblait être une meilleure option que de me déplacer en voiture. Conscience écologique ou simple paresse, qui sait.

À peine eus-je le temps de sortir de la maison et verrouiller derrière moi que j'entendis déjà quelqu'un m'interpeler. « Excusez-moi Mademoiselle, je me suis perdue » Je me retournas pour faire face à mon interlocutrice. Une belle femme, mi-trentaine dirais-je, avec un chiot dans les bras se trouvait sur le trottoir devant la maison. « J’habite à quelques rues d’ici, peut-être juste une ou bien deux. » Je lui souris tout en me dirigeant vers elle. Elle me tendit un papier avec son adresse de noté dessus. « En effet, ce n'est qu'à deux coins de rues d'ici ! » m'exclamais-je, toujours en souriant. « Vous venez d'emménager, si je sais lire entre les lignes ? » rajoutais-je, avec une voix douce qui ne se veut pas du tout empreinte de jugement. « Vous pouvez me suivre, je m'en allais dans ce coin-là. ». Tout en lui souriant, je lui emboîtas le pas pour aller dans la direction opposée de celle où on se trouvait. Je marchais d'un pas déterminé, mais pas à la course. Je ne voulais pas semer la jeune femme, mais je connaissais ce quartier comme le fond de ma poche. Étant née ici et ayant grandit sur cette rue, on devient très vite habitué au paysage, au pouls de Logan City, aux nouveaux visages qui s'ajoutent au fil du temps... « Est-ce que ça faisait longtemps que vous tourniez en rond ? » m'inquiétais-je, ayant très bien remarqué qu'elle portait son chien plutôt que de l'avoir à ses pieds, en train de marcher à ses côtés. L'altruiste en moi espérait qu'elle n'ait pas passé trop de temps à chercher son chemin, la pauvre.