Debout devant la porte de l’appartement de Marley, Clara debout à mes côtés, je laisse échapper uns soupir. Est-ce cette impression de trahir mon épouse qui me fait hésiter ? Pourtant je ne suis pas du genre à suivre les lubies des uns et des autres et j’ai moi-même mon mot à dire dans toutes cette histoire. Car au final, bien que Marley ait longtemps été une des meilleures copines d’Ida, la jeune métisse s’est rapidement faite une place dans mon propre cœur, si bien que je n’ai aucunement hésité lorsqu’il était question de lui donner le rôle de marraine pour Clara. Il est donc tout à fait logique et même normal que je me trouve ici alors que mon épouse a évincé l’australienne de sa vie. Si j’ai toujours été derrière Ida et ses idées, je dois avouer que pour le coup je ne peux décemment pas prendre sa défense et que je me range du côté de Marley.

Car nous avons tous un passé. Ida a bien accepté que j’ai eu une adolescence plutôt tumultueuse et que j’ai, moi-même, fait des erreurs dans ma jeunesse avant mon entrée à l’armée et même pendant mes classes. Alors pourquoi ne peut-elle pas accepter que son amie ait eu un passé de strip teaseuse ? Lorsque mon épouse m’a sortie l’excuse comme quoi elle serait une mauvaise influence pour notre fille, j’ai vraiment du prendre sur moi pour ne pas m’énerver mais je lui ai fait comprendre par A + B que je n’évincerais pas Marley de ma propre vie.

C’est en me remémorant cette dernière discussion, que je lève le poing pour toquer à la porte de l’appartement, espérant que mon amie ne m’enverra pas promener. C’était mal parti, je dois avouer, lorsque la porte s’ouvre sur une Marley dont le visage est totalement fermé en me voyant, mais qui s’illumine en apercevant Clara. Cette dernière se jette dans les bras de sa marraine qui la soulève en me demandant, cinglante, si je me suis perdu. Secouant la tête, j’affiche un sourire contrit puis entre lorsqu’elle m’invite à la suivre à l’intérieur. « Je en dis jamais non pour un café » répondais-je poliment en refermant la porte avant de traverser le couloir derrière Marley.

Tandis qu’elle met la machine en route, je m’adosse contre le plan de travail et m’humecte les lèvres en essayant de trouver les bons mots « Je suis marié à Ida» commençais-je « J’ai promis de la soutenir dans tout ce qu’elle entreprenait, mais là, pour le coup, je ne peux pas accepter cette situation » expliquais-je « Elle n’a pas à te juger sur ton passé et sur quelque chose que tu regrettes peut-être ou non, peu importe » je relève mon regard sur la jeune femme « Peu importe l’avis de ma femme, tu t’es révélé être quelqu’un de confiance et je suis vraiment content de te compter parmi mes amis » annonçais-je « Tu pourras continuer de voir Clara » Cette décision ne plaira pas à Ida, mais elle n’a pas son mot à dire pour le coup. Légalement, j’ai autant de droit sur ma fille qu’elle et je n’ai, moi, aucun problème avec le passé de mon amie.

 « Je m'en fou de son avis » répondais-je du tac au tac lorsque Marley me dit que ma décision qu'elle pourra continuer de voir Clara ne plaira pas à sa mère  « Légalement j'ai autant de droit sur ma fille qu'elle et en tant que marraine tu es aussi en droit de la voir » dis-je en me redressant  «Que ça lui plaise ou non, ma décision à moi est prise depuis longtemps » reprenais-je, intransigeant  « Et si Ida a un problème avec cela, elle le réglera avec moi  » En plongeant mon regard dans celui de la métisse, je lui fais la promesse silencieuse et pourtant solennelle que je ne reviendrais pas sur ma décision et qu'elle pourra me faire confiance là-dessus.

Marley s'en va ensuite de la cuisine pour déposer Clara sur le tapis et lui donner un paquet cadeau avant de récupérer sa tasse et s'installer à ses côtés à même le sol. De mon côté, je les rejoins et prend place sur le canapé. Et tandis que la petite fille commence à déchirer joyeusement le papier cadeau, Marley reprend la parole en me disant que je n'ai pas le droit de couper les ponts du jour au lendemain et encore moins de la juger pour son passer car cela ne fait d'elle une mauvaise personne.

 « Je n'ai jamais dit cela Marley » répondais-je sur un ton calme et posé  « Je ne t'ai jamais jugé et je sais très bien que le passé ne définie pas une personne » je prends une gorgé de ma boisson et croise les jambes  « Chacun à son vécu, j'ai le mien, Ida a le sien, Clara aura le sien... le passé est immuable » je pince les lèvres  « Je n'ai aucun problème avec le fait que tu te sois mise nue pour des raisons qui te sont propres » expliquais-je  « De toute manière, j'ai appris à te connaître des années après. Et la Marley que je connais et que j'apprécie énormément est là grâce à ce que tu as vécu» haussais-je les épaules, lui offrant un doux sourire qui se veut le plus rassurant possible.