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{but maybe I'll see you out some weekend}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Au final, Esmée et Jo sont les deux seules personnes que tu as mises au courant de ta petite virée prévue vers Sydney. La première, parce que tu vis avec elle, et la seconde car elle est censée te servir de guide pendant les prochains jours à venir et tu ne ferais pas le déplacement si tu n'avais pas senti que quelque chose clochait. Là, derrière l'écran de ton téléphone portable et les messages échangés, sous le sarcasme et le mordant habituel de Jo, le fait qu'elle se soit fait écarter, temporairement, du Revival ne peut pas être une bonne chose. Du moins, tu ne le vois pas comme une bonne chose, pas quand on prend en compte tout ce qu'elle met de côté à Brisbane, principalement Ava et que tu sais que ne pas être là pour cette dernière ne peut pas être une expérience facile à vivre pour Jo. Si tu étais à sa place et que c'était Esmée que tu avais dû laisser derrière toi, tu t'en voudrais, constamment, alors bien entendu, tu imagines que Jo doit vivre quelque chose de similaire. Et puis, comme Esmée te l'a si bien dit en t'aidant à faire ton sac, ça te fera du bien. Ce n'est pas comme si tu partais de Brisbane si souvent que cela, plus depuis que 15 possible girlfriends n'existe plus, avant, avec le groupe, c'était votre métier de vous éloigner tous les week-ends, de partir à l'assaut d'une nouvelle ville et d'une destination de rêve. Depuis, tu vois la même chose et il est toujours bon de partir.
Esmée gère très bien sa rééducation et la vie avec des mouvements limités, Olive est et sera là en cas de besoin, et tu as envie de partir quelques jours, c'est aussi simple que cela. Cela fera du bien ta créativité, tu verras Jo et peut-être qu'en revenant, tu oseras enfin confronter Dahlia pour lui demander pourquoi elle est distante depuis son retour. Enfin non, pourquoi elle semble souffler le chaud et le froid depuis qu'elle est là, à te dire qu'elle a besoin de toi, et ne pas répondre à tes questions, à accepter que tu l'accompagnes à l'hôpital quand il s'est avéré qu'elle n'avait que l'appendicite (ses mots pas les tiens), mais à te dire de ne pas t'inquiéter plus que cela et faire des cachotteries. Cela ne fait pas de sens, la connaissant, il va falloir que ça atteigne des sommets pour qu'elle en parle et personne ne t'en voudra de ne pas vouloir tout simplement attendre. Comme tu l'as toujours fait.
Non, un sac sur une épaule, ta guitare sur l'autre, Esmée a le droit à une dernière étreinte avant que ton taxi te confirme qu'il est arrivé. Tu es un peu nerveux oui, après tout, tu n'as jamais pris l'avion, mais la playlist que tu as préparée est suffisante pour te distraire. Tu es assez en avance pour te payer une boisson chaude et face aux panneaux des arrivées et des départs, tu fais une légère pause, ton regard bleuté se posant sur les gens qui vont et viennent, qui partent ailleurs, qui reviennent de quelque part... eh oui il y a définitivement une chanson là, dans les méandres de ton esrpit, tu le notes dans un coin de ta tête, te disant que Jo aura une bonne raison de se moquer de toi si tu loupes ton vol en plus de tout. Ce n'est pas le cas, il y a beaucoup de mouvements, un peu plus de bruit et quand tu dois confirmer que ta guitare est bien une guitare, tu le fais sans vraiment broncher, réalisant bien que c'est une procédure normale. L'avion en lui-même n'est pas si impressionnant que cela, différent oui ; et tu as assez de chance pour te retrouver à une fenêtre. Ce qui est à la fois une bonne distraction et très reposant.
La musique t'accompagne toujours pendant le court trajet, plus court que tu ne l'imaginais en réalité et tu griffonnes bien quelques phrases qui n'iront nulle part dans un des carnets que tu as dans ton sac. Tu le fais très souvent, et vraiment, tu serais incapable d'expliquer ton processus créatif, mais il te semble que tu as toujours quelque chose à dire, toujours. L'atterrissage se fait tout en douceur et si un certain chaos s'installe, tu ne te précipites pas pour sortir, ce n'est pas comme si tu étais particulièrement pressé et ce n'est décidément pas une question de vie ou de mort que tu quittes ton siège. Tu es même l'un des derniers passagers à quitter l'appareil, ta guitare bien en place dans ton dos, ton sac dans une main, tout est un indiqué, c'est une danse très facile (et oui, définitivement, il y a une chanson là) et tu es plus surpris par le bruit une fois que tu as passé les dédales des différents couloirs. Tu enlèves un écouteur de tes oreilles, comme si cela allait t'aider à mieux voir en fait, mais, ironie du sort, tes yeux se posent bien sur Jo la seconde suivante. "J'ai survécu." Voilà ce que tu déclares en allant vers la brune. "Je m'attendais à quelque chose de plus terrifiant pour une première fois..." Et oui, véritablement, tu fais exprès de lui tendre une perche, pour que Jo soit Jo, pour qu'elle la saisisse et te prouve que certaines choses ne changent pas.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley  

"Encore une fois pour être sûre." Prenant un air on ne peut plus solennel, le bout de ses longs ongles joints devant elle comme un chef d’orchestre surentrainé, la tête glissée dans l’espace séparant les deux sièges avant de la Bentley de Marcus, son chauffeur, Jo attendit sagement qu’il ouvre la bouche sous l’attention exagérée qu’elle lui accordait pour qu’il le fasse rapidement, s’apprêtant à murmurer silencieusement les mots qu’il laisserait enfin échapper avec l’entrain d’un bon élève, déjà concentré sur sa tache tandis que ses yeux trouvaient ceux de sa cliente dans le rétroviseur intérieur. Il savait qu’on pouvait plaisanter avec elle. Il l’aimait bien, Jo, assez irrévérencieuse pour devenir attachante alors que, depuis quelques mois, il s’occupait de ses trajets en apprenant à la connaître au travers de ses escales hebdomadaire entre Sydney et Brisbane. Seulement, il y avait des occasions, comme celle-ci en particulier où il préférait se référer à l’urgence qu’il décelait dans ses iris et qui le mettait au parfum à propos de l’état d’esprit dans lequel elle se trouvait. À savoir que là, ce n’était pas le moment de plaisanter. Il prit une profonde inspiration et récita, se laissant dicter son intonation par les iris de la brunette qui l’observait attentivement dans le miroir "Je ne réponds à aucune question sauf à celles de monsieur Sterling." "Je ne réponds à aucune question sauf à celles de monsieur Sterling. Nickel, t’es mon préféré, Marcus." Le baiser qu’elle fit claquer sur sa joue avant de se dégager de l’entre-deux avant de la voiture resta imprimé sur sa pommette dans une trace mauve foncée qu’il n’essuya pas, conquis par l’image qu’il observa dans le rétroviseur de la voiture, et qui lui fit esquisser un léger sourire avant de lui demander précipitamment, tournant la tête pour la regarder lorsqu'il la sentit s’agiter à l’arrière "Est-ce que vous voulez que je vous accompagne jusqu’à là-bas ? Il y a du monde." Décochant une sucette à la cerise de son sac à main pour la fourrer dans sa bouche, elle opina du chef à la négative "Je reste juste là. Ça devrait aller, merci." fit-elle au jeune homme, désactivant le système de verrouillage centralisé de la voiture pour s’en extirper d’un petit bond.

Lunettes de soleil à bord blanc vissées sur le nez, sucette à la bouche, elle sortit de là, représentation parfaite d’une chanson de Lana Del Rey ; dans sa petite robe moulante à motifs fruitiers, ses talons troqués par des tennis et son blouson en jean trop grand descendu jusqu’à ses coudes. La bouffée d’air qu’elle prit, elle ne fut salutaire que parce qu’elle avait une odeur différente de celle qu’on imposait à ses sens depuis quelques jours maintenant. Il faisait frais ce matin, mais ça ne l’incita pas à remonter son blouson pour couvrir ses épaules dénudées, heureuse de sentir autre chose que la tiédeur sourde d’une chambre d’hôtel climatisée. Elle n’avait jamais été docile, Jo, alors être recluse dans un hôtel de standing moins élevé que celui qu’elle avait quitté de force quelques jours auparavant, ce n’était pas la situation la plus agréable du monde à ses yeux. Tout au long de sa vie, elle avait senti qu’on la traitait comme une bombe à retardement, et ce n’était pas idiot de le considérer ainsi étant donné la nature tempétueuse de son caractère, mais depuis que la vidéo de son altercation avec Laurie avait fait le tour des réseaux sociaux sans qu’aucune d’elle ne soit autorisée à s’exprimer à ce sujet, elle avait l’impression d’être rien d’autre qu'un déchet radioactif aux yeux de la production de l’émission. Elle avait à peine le droit de s’adresser à ses concurrents — Midas mis à part, il savait jouer de son influence à bon escient, le chanteur — à qui on avait donné une excuse à la manque pour expliquer les précautions prises à son sujet, et son téléphone, elle ne le voyait que quelques heures par jour pour l’empêcher d’être trop au fait de ce qui se disait dans les médias et sur les réseaux sociaux dont elle s’était retirée quelques temps sous les conseils du média trainer de l’émission. Si on l’avait laissée sortir aujourd’hui, c’était parce qu’elle avait argumenté sur la définition du mot séquestration et sur les risques juridiques encourus si elle allait crier sur le toit du monde que c’était exactement ce qui se passait depuis quelques jours, et parce qu’ils l’en savaient capables, ils avaient cédé à lui laisser quartier-libre sous la supervision de Marcus qu’elle avait dans la poche de toute façon.
Si on lui avait clairement fait comprendre que c’était sa responsabilité qu’on remettait en cause, si on la punissait depuis pour qu’elle prenne conscience qu’elle n’était plus l’anonyme petit chanteuse qui pouvait dévaler des saloperies à quiconque se dressait sur son chemin sans craindre que ça ne lui revienne à la figure, insistant sur une stratégie de mea-culpa qu’elle devrait faire face-caméra incessamment sous peu, Jo gérait pourtant très mal l’idée qu’on la rende coupable de quelque chose dont elle était seulement défendue. Puisqu’elle était qui elle était, c’était facile de le faire, de ne pas chercher à creuser pour savoir pourquoi elle semblait si malheureuse à propos de toute cette histoire, la soupçonnant seulement de regretter la mauvaise presse qu’elle récolterait bientôt si elle ne rattrapait pas le tir. Peu importait, elle savait qu’elle aurait toujours tort chaque fois qu’on la présenterait comme une bête sauvage, prête à défendre son entourage en mordant plutôt qu’en négociant, et c’était la croix qu’elle avait choisi de porter pour protéger ses sentiments, alors c’était peut-être bien de sa faute en définitive.

Les mains croisées à plat dans son dos, sa langue jouant avec l’arrondi de sa sucette tenue entre ses dents, et appuyée contre le coffre de la Bentley de Marcus, elle observa les allers et venus des voyageurs, ceux qui quittaient l’aéroport par la grande porte pour mieux surveiller l’arrivée de Nicholas qui lui avait proposé de venir la voir sans qu’elle n’émette rien d’autre que la volonté de ne pas vouloir mêler sa grand-mère à tout ça "Je rentrerais pas dans ce jeu-là. C’est trop facile quand c’est tendu avec autant d’enthousiasme." qu’elle répondit à la perche qu’il lui tendit en s’approchant d’elle, et alors qu’elle se décollait de la carrosserie pour taper brièvement dessus histoire que Marcus ouvre le coffre, elle fit à Nicholas en le pointant avec sa sucette qu’elle retira de sa bouche dans un pop! de dessin-animé "T’avais pas besoin de te pointer avec ta guitare, y en a des tas de disponibles au studio." Comme bonjour, c’était un peu apathique. Mais c’était Jo, elle ne réservait ses étreintes qu’à une minorité de personne. Le laissant mettre ses affaires dans le coffre en observant sa tenue sans émettre de commentaire, elle poursuivit  dans a foulée "Ceci dit c’est pas là qu’on va. T’as fait bon voyage ?" lui demanda-t-elle enfin. Il lui fallait toujours un peu de temps pour se souvenir d’être polie à Josephine.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Non, l'air n'est pas différent à Sydney et surtout pas en passant les portes de l'aéroport pour se laisser guider par le monde et retrouver Jo. Dans un sens, tu es déçu, car cela aurait définitivement fait une bonne chanson et aurait accompagné le reste des paroles que tu as déjà en tête, de constater que les choses sont différentes ici, que tu es différent ici et que Jo l'est aussi. Non, ce n'est pas vraiment le cas, la vie continue de suivre son cours par bien des aspects, Jo a des lunettes de soleil sur le nez, une sucette à la bouche qu'elle dégaine presque comme une arme à la seconde où tu l'ouvres et c'est normal. Étrangement normal et tu te dis que dans un sens, tu es bien égoïste, et que c'est cela que tu es venu retrouver, un semblant de normalité avec quelqu'un que tu connais depuis très longtemps et qui n'a pas soudainement décidé de changer toute sa personnalité pour une raison qui t'échappe, qui est inconnue ou mystérieuse. Jo est consistante, elle, au moins. "Tsss... j'aurais essayé, désolé hein." Que tu dis comme maigre défense et parce que c'est un peu trop facile, son regard se porte sur ta guitare ensuite et tu es celui qui fronce un peu les sourcils.
Surtout quand le coffre s'ouvre la seconde suivante, signe que quelqu'un d'autre est bien au volant, logique, de ce que tu sais, Jo n'a pas encore son permis ou l'envie de passer derrière un volant de façon permanente. "Tu sais, parfois, j'ai l'impression que c'est la première fois qu'on se voit et qu’on n’est pas voisins, parfois." Tu le fais remarquer avec un léger sourire et tu finis bien par abandonner ta guitare et ton sac dans le coffre vide de la voiture, refermant facilement ce dernier avant de te tourner vers Jo. Qui pensait vraiment que tu allais venir sans aucun instrument de musique, vraiment ? Et oui, tu es de ceux qui demandent avant d'emprunter ceux des autres, qui considèrent cela comme une offense personnelle quand on ne retourne pas la pareille, qui donnent des noms à ses guitares et les considèrent un peu comme une partie de soi. Ce n'est franchement pas la chose la plus bizarre de tout ce que tu fais, et la perspective de te retrouver dans une nouvelle ville, loin de tes repères, sans quelque chose de familier ou rassurant est exclus. Tu as pris l'avion oui, mais autant ne pas chambouler toutes tes petites habitudes.
"Etrangement, oui, pas si traumatisant que cela l'avion et ça a été rapide au final, je n'ai même pas eu le droit à d'autres passagers impatients ou de bébés qui pleurent, je crois que j'ai été chanceux." Non, tu sais que tu as été chanceux en fait et tu peux l'enlever de la liste de chose que tu n'as jamais faite, une petite victoire quand on sait à quel point tu te rapproches de la quarantaine. Pas une chose qui t'effraie en soit, c'est les autres, comme Jo d'ailleurs, qui adorent te le rappeler, comme si un changement profond allait t'arriver ou que tu allais soudainement devenir une autre personne le jour j. Cela n'arrivera pas, tu le sais déjà. "Est-ce que j'ai le droit de te demander comment ça va ?" Tu préfères poser la question dès maintenant, histoire de savoir si tu vas dépasser une limite, elle a été évasive par message, t'informant que non, elle n'allait pas grimper sur scène cette semaine et qu'on ne la verrait pas sur le petit écran. Jo ne te parait pas malade et sa voix résonne et claque comme toujours, donc il doit y avoir un autre problème. Le genre de bruit de fond, de murmures de couloir et d'éclat qui font couler de l'encre, autant réelle que virtuelle d'ailleurs, avec des tonnes de messages et de commentaires sur la toile. Tu ne peux pas dire que tu te tiens particulièrement informé, c'est même le contraire, t'as propre section de commentaires est suffisamment chaotique parfois, que tu postes une photo de ton chat ou une vidéo de toi en train de tester différentes harmonies. Et tu n'es... personne, tu ne veux même pas imaginer le tourbillon de bêtises, d'opinions mal placées et de conseils très mal avisées qui doit graviter autour de Jo.
"Ou alors tu préfères d'emblée ne pas répondre à cette question-là ?" Auquel cas, tu le comprendras et tu ne demanderas pas, parce que tu es beaucoup de choses, mais ne pas respecter les limites des autres ? Ce n'est définitivement pas toi et si elle t'accuse de t'inquiéter pour rien ou t'ordonne de lâcher la grappe, tu le feras sans aucune hésitation. Oui, tu seras toujours inquiet, mais tu garderas tes questions pour toi. "Et... où est-ce qu'on va d'ailleurs ? C'est la première fois que je mets les pieds à Sydney, Esmée m'a donné une liste de monuments à visiter et elle veut que je lui ramène un souvenir bien cliché." Quelque chose de non négligeable aux yeux de ta grand-mère et ce, même si d'après les quelques récits qu'elle t'a fait en grandissant et ce que tu sais de sa vie, elle est déjà passée par ici. Ce n'est pas nouveau pour l'autre Hurley, mais décidément pour toi. "Ceci étant dit, ça va me faire bizarre de ne pas être volant... je vois que tu as eu une upgrade." Petit coup de tête vers la voiture en question, ça c'est bien différent, et peut-être que Jo n'est pas tout à fait la même ici. Peut-être.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley  

"Tu sais parfois j’ai l’impression que tu crois que mon monde tourne autour de toi et de tes névroses et que je passe mon temps à les lister dans mon journal intime." L’amabilité de Jo était ce qu’elle était, mais elle permettait de briser la glace au moins, et puisque ces derniers temps, elle passait son temps soit à chialer, soit à faire la gueule, soit sur les genoux de Midas, retrouver un peu de sa superbe en mettant en avant son talent exceptionnel pour la dialogue sarcastique, ça faisait naître une sorte d’excitation en elle qui n’avait rien de sexuel ceci dit. Encore que, les moeurs de Jo, c’était un autre sujet qui aurait mérité moult heures de thérapie sans aucun doute "Descends d’un étage, Nicky, c’est moi la star ici." Insupportable. Heureusement qu’elle était douée, belle et charismatique finalement, autrement elle n’aurait pas eu grand-chose pour elle "J’y crois pas qu’à ton âge, t’avais même pas encore pris l’avion. Tu vois, c’est le genre de trucs que tu devrais prendre comme le signal ultime pour sortir de ta chambre. Quand tu clamseras, il sera trop tard pour faire tout ça." Si la forme était bancale, le fond n’était pas si mauvais que ça. Nicholas en avait l’habitude, il savait que sous ses travers de revêche de base, elle essayait de marquer des points qui n’étaient pas dépourvus de bienveillance. Elle avait juste un travail à faire sur elle-même pour que ça sorte moins brut, davantage enrubanné dans du beau papier doré qui scintillerait de toute l’hypocrisie qu’elle n’avait pas en elle et qui lui donnerait sûrement l’envier de gerber, mais hey, la vie c’était une succession de compromis — plus tard, elle songerait à travailler sur tout ça plus tard "Allez, monte — Marcus, Nicholas. Nicholas, Marcus." fit-elle en s’engouffrant dans la Bentley après que Nicholas eut terminé de mettre ses affaires dans le coffre.

Professionnel, Marcus fit un signe de tête à Nicholas dans le rétroviseur et alors qu’elle fourra de nouveau sa sucette entre ses lèvres pour avoir les mains libres et boucler sa ceinture de sécurité, elle mit un certain temps avant de répondre à la question de Nicholas simplement parce qu’elle se demanda si elle devait mentir ou pas "Est-ce que j’ai l’air de mal aller ?" lui fit-elle finalement, statuant que mentir ce serait peut-être une bonne idée histoire de ne pas rompre le contrat tacite qu’elle avait passé avec la prod pour ne pas parler de ce qui passait en interne avec n’importe qui d’autres que les principaux intéressés ; comme quoi, elle était capable d’obéir même si ça l’emmerdait tellement qu’elle sentit une nuée de chair de poule se répandre sur chaque centimètre de sa peau dénudée, lui faisant soudainement remonter les manches de sa veste sur ses épaules et croquer dans sa sucette pour faire passer l’envie fugace qu’elle ressentit de crier à l’injustice et au complot.
Elle mâchouilla bruyamment un instant, la consistance de ce qu’elle avait dans la bouche rendant sa mastication franchement pas élégante, mais qui s’en souciait vraiment ? Elle gagnait en fait du temps pour ne pas s’étendre sur cette question en particulier, sautant immédiatement sur la prochaine que le jeune homme lui posa pour rebondir une fois qu’elle eut avalé sa bouille de cerise, sa tête se tourna en même temps de son côté "T’as cru que j’étais Dora l’Exploratrice, ou c’est comment ? Non, j’ai d’autres projets pour toi, et ça implique pas de faire le tour des spots touristiques de la ville, mon grand." À ce moment-là, elle aurait pu jouer son avantage et faire remuer ses sourcils au-dessus de ses yeux soulignés d’un eye-liner si fin qu'il en devenait menaçant, laissant planer sous-entendus et autres qui auraient fait rougir la pucelle qui vivait en Nicholas Hurley, mais elle n’en fit rien, reposant son regard sur l’espace qui les séparait de l’avant de la voiture pour reprendre sur le même ton "Quand je suis arrivée ici à 16 ans, j’ai fait plein de petits jobs sympas avant de trouver un contrat régulier dans un piano-bar au-dessus duquel je vivais. C’était pas très légal comme truc, j’étais trop jeune, mais j’ai rencontré des gens cool et le patron m’adorait comme tu t’en doutes." Evidemment sembla dire le claquement de sa langue contre son palais "J’y suis pas retournée depuis la fin de ma première saison de The X-Factor. J’étais venue chercher mes affaires sans vraiment dire au revoir à personne parce que ça me soulait de devoir assumer ma défaite, mais je crois que y a prescription là." expliqua-t-elle en gardant son regard sur la route pour maintenir une certaine contenance et ne pas laisser entrevoir qu’elle était un peu nerveuse de se pointer à un endroit qu’elle avait fui comme une voleuse — ce qui n’était clairement pas son genre, Jo assumait souvent ses conneries au point d’en être parfois très fière. Mais pas là. Marquant une morsure de l’intérieur de sa joue avant de retourner la tête vers Nicholas, elle lui dit "J’ai pensé que ce serait un endroit qui te plairait comme entame à ton séjour. Je sais pas si les types avec qui je chantais font toujours des sets là-bas, mais je sais que le patron est toujours le même." Elle avait fait ses recherches avant d’envisager tout ça, gérant assez mal le rejet pour anticiper un peu sa manoeuvre et assurer ses arrières sans pour autant être convaincue qu’elle serait accueillie avec enthousiasme. Ce doute là, elle l’exprima d’une façon détournée, ses yeux quittant ceux de Nicholas pour ajouter "Avec un peu de chance, il nous laissera entrer." Peut-être même qu’avec un peu de chance, il les laissera même chanter, qui sait.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Si tu devais dresser une liste de toutes les choses que tu n'as pas encore faites à ton âge, vous allez y passer du temps devant cette voiture, Jo et toi, et sans aucun doute, le chauffeur viendra vous faire remarquer que l'essence n'est pas gratuite et que l'heure tourne. Littéralement, mais tu pourrais le faire sans aucune hésitation, sans que la brune le demande en fait, juste parce que c'est facile de cataloguer tout ce que tu n'as pas fait et parce qu'on le fait souvent pour toi. Quand on veut te faire remarquer que tu es une anomalie à part entière ou quand on te demande si tu n'as pas des regrets. Non, tu n'en as pas, cela impliquerait d'avoir de l'ambition, de voir plus loin que ce que ton regard bleuté peut te montrer et surtout, d'en vouloir plus. Et tu as bien des défauts, mais certainement pas celui-ci, alors Jo a juste le droit à ton sempiternel hochement de tête. Tu ne t'offusques plus vraiment pour ses piques, si c'était le cas, tu n'aurais pas fait le chemin jusqu'ici et elle n'a pas tort, de vous deux, c'est bien elle la star et qu'elle capte toute l'intensité du projecteur à elle toute seule, cela te va très bien de regarder tout ça depuis les coulisses, surtout qu'elle fait ça beaucoup mieux que toi. Tu grimpes dans la voiture, pour t'installer sur la banquette arrière et tu boucles rapidement ta ceinture pour constater que oui, le véhicule est coûteux.
Tu n'es pas un expert comme une certaine mécanicienne que tu connais, mais même toi, tu sais faire la différence entre ce véhicule-ci et le tien, comme quoi, Jo n'avait peut-être pas si tort que cela, du tout même.  "Bonjour ?" C'est pour le chauffeur, le fameux Marcus qui se contente d'un hochement de tête, il est là pour faire son boulot après tout, et tu ravales le rire nerveux qui manque de quitter tes lèvres car c'est trop loin de ta réalité pour t'atteindre tout ça. Encore heureux. Tu reportes ton attention sur Jo à la place, la raison de ta venue et tu roules, un peu il faut bien le dire, des yeux quand elle répond à ta question par une autre interrogation. "Oh... c'est une question piège ça, même moi je le sais, donc tu n'auras pas de réponse." Et que la chanteuse ne t'accuse pas de critiquer son teint ou le temps qu'elle a mis pour se maquiller les yeux, tu ne te permettrais pas de le faire déjà et ensuite tu ne veux pas présumer ou te lancer en hypothèse. Oui, Josephine Carter peut paraitre difficile à lire, mais c'est bien parce qu'il y a des barrières épaisses qui la protègent, ce que tu vois et tu comprends, tu fais pareil, tes défenses ne sont pas aussi... piquantes que celles de ta voisine on va dire, mais elles sont bien là, les silences et ton attitude à tout laisser passer font fuir plus d'une personne et peu de personnes le réalisent, mais c'est totalement voulu. Dans un sens, Jo fait l'inverse en fait, elle prend de la place, elle est bruyante, ça ne donne pas le temps ou l'envie de s'attarder vraiment ou de voir le plus important. Et en l'occurrence, la brune n'a pas répondu à ta question.
Elle te dit qu'elle ne va pas jouer les guides à la place, pas d'exploration pour aller trouver un fameux trésor, tes lèvres se tordent dans une légère moue alors que tu fixes Jo. "Han... Je le vois pourtant, il te manque juste le sac à dos, tu fais déjà la bonne taille alors..." Et c'est plus fort que toi, même si Jo le prend mal, tu laisses filer un léger rire, parce que tu es hilarant et oui, elle en loupe des trucs en étant loin de Brisbane la plupart de la semaine. Jo a déjà une idée en tête dans tous les cas, pour le week-end et pour s'occuper et si tu suis déjà sa ligne de conduite à Brisbane, tu ne vois pas pourquoi cela serait différent ici. Elle parle de sa vie à Sydney comme si ce n'était pas grand-chose dans le fond, mais tu écoutes avec une attention certaine, une partie de toi ravie de constater que Jo a un minimum songé à ce qui pourrait te plaire. Ce qui n'est pas difficile au final et vu ta capacité à tout internaliser, tu aurais pris sur toi dans tous les cas.  "J'espère que oui, moi tu m'as eu à piano-bar, je suis convaincu et je suis encore plus content de ne pas être venu les mains vides pour le coup, tout s'aligne, c'est parfait."  Tu as un petit hochement de tête avant de poursuivre.  "Je ne savais pas que tu avais vécu à Sydney aussi longtemps et même avant de participer à l'émission pour la première fois, je sais ce que tu vas dire, je n'ai jamais vraiment demandé, je suis super nombriliste et tout ce qui va avec..." Tu anticipes les remarques de Jo maintenant, oui, tu n'as jamais posé la question, et c'est de ta faute, tu es trop refermé sur toi-même, il faudrait plus ouvert (c'est là qu'il y aurait eu une blague super vaseuse) enfin Nicholas. Peu importe en fait, tu le sais maintenant.  "Mais je suis content d'être là." C'est la vérité et si tu jettes un coup d'œil à la fenêtre par curiosité, tu es dans une nouvelle ville après tout, tu te tournes tout de même vers Jo l'instant suivant.
Parce que si tu n'insistes pas un minimum, tu vas t'en vouloir, elle a l'air d'aller bien, mais si tu aurais dû lui rendre visite ici un peu plus tôt, ou même venir avec sa grand-mère à elle, tu ne l'as pas fait. Oui, elle était une excuse toute trouvée pour quitter Brisbane et son ambiance un peu bizarre mais pas que. "Et tu n'as pas répondu à ma question précédente, je sais que ce n'était pas anodin, donc je vais le dire une fois et tu as le droit de me détester ou de me dire de me mêler de mes affaires, ou même de mes fesses... peu importe au final, si tu veux parler de ce qui se passe avec l'émission ou pourquoi tu as été mise de côté, je peux écouter." Tu supposes que ce n'était pas sa décision à elle, fuir tout ce pourquoi elle a travaillé ? Cela ne lui ressemble pas. "Sans poser de questions stupides." Tu le précises avant de hausser les épaules. "Ou alors on n'en parle pas et je serais l'une des seules personnes qui ne sera pas au courant, tu me connais, tu sais que je suis doué pour rester dans ma bulle."

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley  

Le visage de Jo s’illumina d’un sursaut de surprise lorsque Nicholas reprit la parole. Dégageant ses yeux de ses lunettes de soleil, les portant sur sa tête comme un diadème, la bouillis de cerise qu’elle avait avalée, elle était bien contente de l’avoir terminée parce que sans doute qu’elle se serait étouffée avec autrement "Attends, t’es en train de te moquer de ma taille ou j’hallucine ?" rétorqua-t-elle au jeune homme. Brusquement, elle se pencha en avant pour que sa jolie frimousse puisse observer le profil de Marcus qui lui lança un regard avec l’air de dire mademoiselle ? Elle lui dit sur le ton de la confidence surjouée "Marcus, Nicholas est en train de m’attaquer sur mon physique. Tu te rends pas compte, mais c’est un indicateur réel de comment le monde part en couilles." Parfois, il arrivait à Jo d’entendre sa mère lui dire de cesser de parler comme ses frères et de mieux tenir sa langue. Mais ça, il fallait y penser avant de laisser papa Carter planter ses graines dans son jardin de paradis, chose qu’elle s’était retenue de lui dire à de maintes reprises seulement parce que papa Carter avait la main lourde quand il se rendait compte que, passée une dizaine d’années, sa fille avait le chic pour s’attirer davantage la lumière que le reste du cheptel qu’il avait savamment élevé, et qu’en plus de ça, elle avait un talent inné pour appuyer là où ça faisait mal rien qu’en l’ouvrant un peu trop. Elle n’était pas la seule à en manger, c’était une certitude qui la réconfortait un peu, qui ne la rendait pas plus polie pour autant, c’était une évidence.
Elle arqua un sourcil parfaitement dessiné, se recalant dans son siège juste après, confrontée à la mine neutre de Marcus qui laissa pourtant un léger sourire fendre son visage lorsqu’il lui adressa une oeillade dans le rétroviseur. La tête tournée de nouveau vers Nicholas, Jo lui dit "Tu sais que dans un piano-bar, il y a déjà des instruments prêts à l’emploi ? Quoi, je te demande, t’as tellement l’air de tout découvrir tout le temps, je préfère te mettre rapidement au courant avant que tu sois tenté de me poser tout un tas de questions." Comme un gamin de cinq ans, et le choix de l’âge qu’elle préféra taire, il la ramena au fait que, dans un futur proche, elle devrait peut-être apprendre à communiquer avec les enfants de cet âge. Et putain, le moment était plutôt mal choisi pour penser à ça, non ? "Exactement, t’as jamais demandé." Nicholas connaissait la vie de Jo autant que Jo connaissait ses tables de multiplications ; en surface, et uniquement ce qui lui semblait opportun de retenir, en d’autres termes : pas grand-chose quoi "J’ai même plus besoin de te faire des reproches maintenant, tu les anticipes. Comme quoi, t’es peut-être bien un plus grand garçon que je croyais, c’est fou ça." lui fit-elle, détournant juste un peu les yeux pour les porter au travers de la vitre teintée de son côté de l’habitacle.

Quand il lui fit remarquer qu’elle n’avait pas répondu à sa question précédente, Jo roula des yeux en lâchant un soupir si profond que sa petite poitrine se creusa "Et ça t’informe pas sur le fait que j’ai pas envie d’y répondre et que c’est pour ça que je le fais pas ?" Sa tête se posant sur l’appui-tête de son siège, elle le regarda de nouveau par-delà la linge épaisse de ses cils allongés par le maquillage "J’en ai déjà parlé avec les gens qu’il faut, je crois pas que ce soit constructif de ressasser tout ça. Et te vexes pas, mais à part me donner des conseils archi-philosophiques dont je ferais jamais rien, je crains que tu puisses pas grand-chose pour moi sur ce coup-là." Si elle voulait être vexante — et se faire mousser un peu —, elle lui dirait que Midas avait déjà assuré ses arrières, qu’elle tirait la gueule simplement parce qu’elle devait s’excuser pour ce qu’elle avait dit, pour ce qu’elle avait fait, et que sur la liste des choses, elle était persuadée, capables d’avoir l’effet sur elle d’un produit toxique, c’était en haut de la liste. Si elle estimait avoir eu tort de remettre Laurie à sa place, elle savait aussi que ce n’était pas gratuit et qu’elle l’avait bien mérité. Franchement, au plus elle y pensait, au plus elle se disait que ça sonnait comme des histoires de collégiennes, et bien qu’elle estimait que Nicholas paraissait beaucoup plus immature qu’elle sur certains points, passer pour la dernière des godiches face à son voisin, ça l’enchantait autant que devoir partager la scène avec tous concurrents qui n’étaient pas Midas : en d’autres termes, ça lui fichait de l’urticaire, et pas dans des endroits accessibles aux yeux des prudes dont Nicholas faisait partie, c’était clair.
Se rembrunissant un peu, Jo décolla sa tête de son siège  pour mieux le regarder presque en face, leur position respective n’étant pas adéquate pour le faire ; elle ne se démonta pas, se contorsionnant pour le voir "T’essayes de me faire culpabiliser de vouloir rien te dire ? C’est quel genre de chantage affectif ça ?" lui demanda-t-elle en laissant un rire à moitié goguenard lui échapper, ses yeux suivant les contours du visage anguleux de son interlocuteur "Je savais pas que c’était si important pour toi de te tenir informé de mon parcours ici." commença-t-elle sans agressivité, juste un peu de lassitude d’être placée dans cette position pas très confortable pour elle qui avait essuyé assez d’affronts ces derniers temps pour accepter encore une fois qu’on joue avec sa patience "Jusqu’à il y a deux minutes, tu savais même pas que j’avais vécu là six ans avant de m’inscrire à ma première audition, alors qu’est-ce que tu viens jouer au laissé pour compte." Ça la fit rire, du rire jaune opportun, celui qu’on laisse échapper par faute d’avoir les mots ; venant de Jo, c’était assez étonnant pour être remarqué, et Nicholas ne le remarquerait pas. Finalement, elle pinça les lèvres pour arranger la tenue du gloss qu’elle portait, et puis elle lui dit, presque comme une mise en garde "Je t’ai pas fait venir pour me plaindre, que ce soit clair."

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{but maybe I'll see you out some weekend}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Jo retire ses lunettes de soleil pour te regarder droit dans les yeux, comme si elle te voyait pour la première fois, comme si, et tu en profites pour lui renvoyer un sourire, et confirmer que oui… Un peu, tu te moques d’elle, il serait bien temps de lui rendre la pareille, avec des années de retard certes, mais vous n’êtes plus à ça près, pas vrai ? Après tout, peut-être que ce n’est pas grand-chose pour Jo, mais tu ne passes pas autant de temps avec une seule personne, tu ne partages pas tes textes avec le ou la première venue, et si quelqu’un d’autre avait attendu avec toi ce soir-là pour en savoir plus sur l’état d’Esmée… Peut-être que tu te serais contenté de dire merci, que tu gérais et tu aurais regardé le chaos du St Vincent tout seul depuis ta chaise en plastique. Cela n’a pas été le cas, alors pour ce que ça vaut, peu importe si tu as mérité le titre d’ami ou pas aux yeux de Jo, vous n’êtes vraiment plus à ça près. Tu ne sais pas si Marcus va intervenir, s’il est juste là pour conduire et garder ses réflexions pour lui, très sincèrement, c'est ce que tu ferais à sa place, de toute façon, tu ne lui en laisses pas le temps.  “Oh Jo, tu t’en remettras, comme une grande, je le sais déjà.” Et cette fois-là, tu te mords la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire, parce que c’est facile et que Jo a très certainement dû entendre cela des centaines de fois. Pas de ta part en tout cas et tant pis si elle t’en veut, tant pis si elle te fait remarquer ce que tu savais déjà sur les piano-bars.
Jo devrait le savoir que tu n’en es pas à ton premier coup d’essai, si ce n’était pas pour des établissements pareils, tu n’aurais jamais découvert ton amour de la scène. Okay, la musique, tu as toujours su que c’était ça qui te faisait vibrer, mais la scène ? Se retrouver devant des visages complètements inconnus et la plupart du temps pas du tout intéressés et trouver le moyen d’avoir cet attention-là ? C’est unique, c’est électrique en fait, et même toi avec tes angoisses et toutes tes insécurités, tu adores te prêter à ce jeu-là. “Ouais, mais je suis un snob et je préfère utiliser mes propres instruments, je n’y peux rien.” Pas la confession de l’année, tu l’avoues tout simplement, en haussant les épaules, toujours le sourire aux lèvres. Il faiblit un peu aux prochaines piques de Jo, est-ce vraiment des piques ? Tu ne sais pas, elle est honnête, comme d’habitude et tu laisses filtrer un léger soupir, ton regard bleuté fixé sur elle. “Déjà, si je me vexais aussi facilement je ne serais pas là et ensuite… ” Qu’elle ne t’accuse pas de faire du chantage, vraiment pas, c’est la chose qui te dérange le plus dans le discours de la brune, tu ne permettrais pas de le faire. Non, pas quand tu t’es retrouvé de l’autre côté d’une telle dynamique pendant des années. Vraiment, elle devrait rencontrer l’autre personne qui partage ton nom de famille et qui ne s’appelle pas Esmée, Jo pourrait alors aligner beaucoup de choses à ton sujet toute seule.
Mais soit, elle ne veut pas en parler, Jo le dit, tu l’as entendu, qu’on ne t’accuse pas de ne pas avoir demandé et tu n’insisteras pas. “Ce n’est absolument pas du chantage affectif, juste, je le dis pour que ce soit clair. Tu n’as pas envie d’en parler, alors on n’en parlera pas... Désolé, je cherchais juste à faire la conversation, comme une personne normale, ça n'allait pas plus loin que cela, tu sais...” Tu te tournes vers la fenêtre à la fin de ta phrase, parce que c’est si difficile à considérer en fait ? Tu pensais que le temps des joutes verbales étaient finies entre toi et ta voisine, visiblement pas, c’est son sport préféré après tout. “Tu ne m’as pas fait venir tout court, Jo, tu es juste une excuse pour sortir de Brisbane… désolé de l’admettre, mais c’est la vérité.” Cela, tu n’avais pas prévu de le dire à voix haute, tant pis, c’est déjà fait, tu ne peux pas le reprendre et tu cherches une distraction dans l’habitacle de ta voiture, qui sera ton téléphone portable. Parce que tu n’es pas là pour jouer au laissé pour compte, vraiment, on passe à côté de toi sans faire attention tout le temps, tu le sais, tu le vois, tu pousses les autres devant la lumière parce que c’est trop bruyant et que le reste est plus facile à supporter.

Tu es là pour la voir elle, certes, voir son quotidien à Sydney mais également pour échapper un peu à la pression de Brisbane et retrouver ton inspiration. C’est égoïste à souhait, tu le sais, tu ne t’en caches pas et le pire dans tout ça ? Tu ne te sens pas si coupable que cela, et ce même si on essaye de te faire croire que tu dois rendre des comptes, tu ne dois rien à personne.  “Je devrais appeler à la maison.” Tu t’étonnes de ne pas l’avoir fait plus tôt, Jo te distrait toujours, toujours, et naturellement, tu composes le numéro de ton domicile. La conversation avec Esmée est plutôt courte et tu te tournes vers Jo pour lui passer ton téléphone quand cette dernière veut lui parler. Pour lui dire de lui renvoyer son petit-fils en un seul morceau, c’est la seule partie de leur conversation que tu entends, le reste est privé visiblement. Tu finis par récupérer ton téléphone et même ton sac quand vous arrivez enfin à l’hôtel. A la réception, tu laisses Jo prendre les devants, tu es trop occupé à te dire que passer le week-end dans un hôtel, ça te rappelle un peu trop les mariages et partager une chambre avec Vance et trois autres personnes, histoire de, pas de ça aujourd’hui, tu as ta propre chambre. “Merci. Du coup, on se retrouve ici dans quoi ? Une demi-heure ?”
La chambre est propre, c’est ton premier constat, et le lit plus petit que celui que tu as laissé à Brisbane et il ne te faut que quelques minutes pour te changer et enfiler quelque chose de plus décontracté. Tu débats pendant quelques minutes sur le fait de cacher tes épaules ou pas, au final, la veste repose au creux de ton bras gauche, alors que tu tiens la guitare du droit, toi aussi, ayant fait glisser tes lunettes de soleil dans tes cheveux, comme Jo il y a peu.  “Ma guitare et moi, on est prêts.” Tu lances cela à la brune l’apercevant de nouveau à la réception, et c’est bien elle qu’il faut remercier pour le pantalon noir que tu portes, à ta taille, agrémenté d’un pull sans moche et de bottes qui sont clairement neuves, elles aussi.