02 mars 2023 feat  @Diego Balmaceda

Loukas n'est pas en grande forme et c'est le moins que l'on puisse dire. Il n'a pas encore eu le courage de confronter son père pour lui demander si cette histoire de demi-sœurs est bien réelle. Et si oui, pourquoi les a-t-il abandonnées. Plus le temps passe et plus il se dit que tout ça est bien réel et qu'il n'a d'autre choix que de composer avec. Sauf qu'il s'en sent incapable. Une vieille blessure s'est rouverte et occulte tout ce qui pourrait l'empêcher de saigner, à commencer par une discussion franche avec son papa. Le rendez-vous avec Iris et Adriana l'a complètement anéanti. Et sa psychiatre a beau tenter de l'aider, il se sent sombrer. Pour lui, tout ce qu'il croit solide comme un roc, est en train de se détruire sous ses yeux, sans qu'il ne puisse plus rien contrôler. Son père allait-il vraiment se battre quand il partait ? Ou bien s'occupait-il d'autres enfants cachés ? Depuis des années, le jeune homme avance en se persuadant que le sentiment d'abandon qu'il a ressenti plus jeune, n'est qu'un excès d'émotivité. Or, maintenant, toutes les questions se posent. Si son père a abandonné ses deux filles, il peut largement en faire de même avec lui... Et c'était sans doute ce qu'il s'était produit... en repensant à ces longs moments passés à attendre son retour à la fenêtre, Loukas ressent de la colère et de la tristesse. Plutôt que de taire ses sentiments, il les laisse gagner du terrain. À quoi bon se battre ? Sa vie n'est qu'un mensonge... Il est trahi par celui qu'il croyait parfait...

Dans l'état dans lequel il se trouve, sa psychiatre l'a arrêté. Il ne travaille pas, pour une durée indéterminée.0 Il prend des calmants, des médicaments pour l'aider à dormir. Cela marche un peu et lui évite la fatigue. Mais ce n'est pas suffisant pour l'empêcher de sombrer aux côtés de son vieux démon... la nourriture. Il tue le temps en mangeant beaucoup. Et en deux semaines, il s'est déjà arrondi. Absence de sport et crises de boulimie, voilà un cocktail qui le ramène quelques années plus tôt, au point de départ, comme si tout ce qu'il avait fait ne servait à rien. Face à son échec personnel, la pilule est bien difficile à avaler. Sa vie ne se résume donc qu'à s'empoisonner avec ce problème insoluble ? Parfois, il est tellement blasé qu'il rêve de partir, loin, dans un autre pays peut-être ? Pourquoi pas se planquer dans un monastère bouddhiste, reclus au milieu de la nature. Disparaitre une bonne fois pour toutes, des écrans radars et s'enfermer dans la solitude. C'est parce que son frigo est vide, qu'il se décide à sortir et à affronter son mutisme. Chez lui, l'ambiance est morose, il n'a parlé à personne, il s'enferme dans son cocon, comme un gamin qui attend que les choses ne passent. La seule à laquelle il adresse quelques mots, c'est sa psy... et encore, il a sauté leur dernière consultation et ignoré ses appels. Même sa ménagerie d'animaux a senti le changement. Il a beau recevoir des câlins réguliers, cela ne l'apaise pas. Il n'en tire aucun soulagement.

Il ne fait aucun effort pour être présentable. Il se fout de son apparence... L'été se finit bientôt. Il est en survêtement et en t-shirt, son vieux t-shirt Captain America, offert par Diego, pour son anniversaire. Il avait été bien inspiré de lui prendre une taille au-dessus. Certes, le vêtement est délavé... tâché à quelques endroits. Mais il lui va toujours bien et il continue à le mettre pour traîner. Il sait qu'il peut en changer pour sortir, mais il y renonce. De toute façon, il n'en a pas pour très longtemps. Juste de quoi acheter à manger et rentrer... Finalement, il n'a pas tort d'avoir négligé son allure, car tout le monde s'en moque. Les gens ne le regardent même pas. C'est ça, la société moderne, tout le monde se fout des autres... il l'a déjà constaté, Loukas. Combien de fois a-t-il porté secours à des gens en détresse, passablement ignorés par les passants ? En marchant, il passe par une allée de laquelle émane une bonne odeur de friture d'un stand. Churros, crêpes, beignets, gaufres... Il passe devant sans s'arrêter, mais il rebrousse chemin, rongé par l'envie irrépressible et soudaine de dévorer tout ce qui peut lui passer sous la main. Devant la commande qu'il passe, le propriétaire ouvre de grands yeux. Il n'a jamais fait un tel chiffre d'affaires en un client ! Loukas repart avec des sachets remplis de churros et de beignets.

Il marche et s'empiffre jusqu'à ce que son estomac ne lui fasse comprendre qu'il a abusé... une fois encore. Il prend quelques minutes pour s'asseoir sur un banc, partagé entre l’écœurement, la haine de lui-même et la satisfaction. C'est le bazar dans sa tête... Il ne sait pas pourquoi il fait ça, mais au moins, il a mangé bien gras, bien sucré. Il se sent consolé. Il profite de cet état d'extase intérieure tant qu'il le peut. Cela ne dure jamais très longtemps. Tout finit par redescendre... et voilà que les pensées sombres refont surface. C'est alors qu'il voit une belle jument un peu plus loin. Loukas adore les animaux. Le simple fait de la voir a fait disparaitre sa mine abattue. Il ne peut réprimer l'envie de s'approcher de la monture, en se demandant à qui elle peut bien appartenir. Il se présente à elle avec un sourire gentil et tend doucement la main sans faire de geste brusque.

- Coucou ma belle ! Tu es toute jolie ! Je te peux te caresser ? Tu aimes ça les caresses ?

Avec précaution, il pose ses doigts sur son crin et son visage rayonne. Cela n'est pas arrivé depuis un bon moment. La jument s'agite lentement, appréciant l'instant.

- Oh oui, tu aimes ! À qui appartiens-tu, ma princesse ? Tu es magnifique, il ou elle s'occupe bien de toi !

02 mars 2023 feat  @Loukas Hardy

Cela fait une petite semaine que tu es arrivé à Brisbane et on ne peut pas dire que ce fut de tout repos car même si tu n'as pas repris le boulot dès ton arrivé, la paperasse et surtout, ton déménagement t'a éreinté, t'en a mal au dos, toi qui d'habitude pète la forme et saute dans tous les sens, tu ne rêves qu'une chose de si bon matin : retourner dormir. Pourtant tu as un emploi du temps chronométré, et surtout pas le temps pour faire la sieste, alors tu fonces sans plus attendre à la salle de sport, casque sur les oreilles pour ne pas que l'on vienne te parler, c'est l'air de mauvaise humeur que tu te lances dans ton entrainement habituel d'une bonne heure.

Pas le temps de trainer et pour rejoindre les écuries appartenant à la police qui sont à quelques kilomètres, en périphérie de la ville, tu y vas en trottinant dans la fraicheur du petit matin. Tu arrives là-bas essoufflé, encore plus fatigué et surtout horrible, tu mérites une bonne douche et heureusement t'as prévu ce qu'il faut comme d'habitude et tes affaires de rechanges : ton uniforme de policier. Après t'être refait une beauté et t'être habillé correctement, dans l'uniforme que la brigade de Brisbane t'a fourni, un peu trop petit d'ailleurs, ça fait ressortir un peu trop tes muscles et tes collègues présents aux écuries se moquent gentiment de toi autour du premier café de la journée.

Tu rejoins Juliet, ta jument, qui t'attend dans son box, impatiente que tu la sorte de là pour aller s'amuser dehors. Tu n'as pas encore reçu son uniforme à elle, où il y aura d'écrit ton nom de famille et la ville à laquelle tu appartiens, avec un gros POLICE attaché au niveau de l'encolure. Tu as hâte puisque pour le moment elle ressemble à tous les autres chevaux auxquels on aurait mis leurs sangles. Mais non. Juliet est unique pour toi, ton âme sœur dans un cheval, elle ressent tout ce que tu peux ressentir, de ta peur à ta peine, et aujourd'hui elle ressent ta fatigue mais ton envie d'aller sur le terrain pour bosser.

Le bruit des sabots au pas de Juliet t'endormirait presque sur le chemin pour te rendre dans le centre-ville. T'es fièrement perché là-haut et tu décides de mettre des petits coups de talons pour que la belle jument se mette à trotter. Ca te réveille d'un seul coup et sentir le vent fouetter sur ton visage te redonne le sourire, monter à cheval ça a toujours été ton médicament en cas de coup de mou. L'arrivée se fait un peu en fanfare et tu décide de ralentir la cadence à cause des nombreuses voitures et des piétons circulants. Tous les regards sont braqués sur toi, le charmant policier sur son magnifique cheval, forcément, ça en jette. Tu salues les passants qui te souhaitent une bonne journée et laisse les enfants caresser le nez de Juliet, lorsqu'ils demandent la permission.

Mais la première incivilité et la première amende vient assez vide et tu dois quitter le dos de ta jument, la laissant accrochée par sa bride pour aller verbaliser un conducteur garé sur une place handicapé un peu plus loin. Tu voulais faire un simple rappel à la loi d'abord mais puisque celui-ci t'insulte il méritera ses 250$ qu'il devra payer en se rendant au commissariat. Le conducteur t'a carrément énervé, plus que tu ne l'étais déjà, et tu peux avoir un sacré mauvais caractère lorsque tu n'es pas dans un bon jour. Tu allais retourner auprès de Juliet lorsque tu vois un homme, de dos, en train de la caresser, tu déteste lorsqu'on s'approche d'elle sans ta permission, tu as trop peur qu'on lui fasse du mal.

Tu mets un coup de sifflet entre tes dents et te dépêche d'arriver à la hauteur de ce jeune homme, tu n'as pas encore vu son visage que tu le saisies violemment par le bras pour le tirer vers toi. « On ne touche pas le cheval d'un officier de police sans son autor... » Tu ne peux pas finir ta phrase alors que tes yeux noirs croisent ceux de celui auquel tu t'attendais le moins et ton coeur rate un battement dans ta poitrine, il est là, dressé devant toi en se demandant sûrement ce qui lui arrive et pourtant la pression de ta main ne se relâche pas sur son bras, comme pour continuer de le sentir, comme si tu voulais te prouver à toi même que c'est bien lui et que ce ne sont pas tes yeux qui te font une mauvaise blague. « Loukas ? Qu'est-ce que tu fais là ? J'veux dire... Je sais que tu habites là depuis des années maintenant, mais je voulais te faire la surprise en passant te voir à la caserne. » Tu lui souris, t'es tellement heureux et puis tu finis par le prendre dans tes bras dans une étreinte qui pourrait presque l'asphyxier tellement elle est puissante. « Je suis désolé de t'avoir crié dessus plus tôt, si j'avais su que c'était toi... Tu m'as manqué. » Tu lui susurres ces derniers mots à l'oreille pour que lui seul les entende, peut-être pour le mettre un peu mal à l'aise aussi.

Tu te détache doucement de lui et tu te mord la lèvre tandis que tes yeux le regarde de haut en bas. Loukas n'est pas habillé en pompier et il n'est pas apprêté, il ne devait sans doute pas travailler aujourd'hui et se promène dans les rues de sa petite ville. « Qu'est-ce que t'es beau Loukas. J'veux dire, t'étais déjà beau avant, tu l'as toujours été mais tu portes bien tes vingt six ans. » La flemme qui s'était endormie en toi vient de se réveiller rien qu'au contact soudain d'avec celui dont tu es amoureux secrètement depuis tes seize ans. Tu pensais avoir réussi à passer à autre chose, mais t'avais tord et tu le comprends tellement ton cœur bat vite lorsque tu croises son regard, lorsque tu regardes ses lèvres que tu aimerais embrasser et son cou que... Merde, faut sortir de tes pensées malsaines. Tu soupires pour un peu calmes tes ardeurs et fixe ton regard sur ta jument qui elle, semble apaisée à côté des deux fous que vous êtes. « Je pense que t'a dû comprendre mais je fais parti de la police de Brisbane depuis peu. » Tu lui montres ton insignes et ton badge où ton nom de famille trône. « Et elle c'est ma monture et aussi ma meilleure amie, Juliet. Dit bonjour, Joujou. » Elle frotte trois fois par terre avec son sabot ce qui signifie une salutation, pour elle, c'est ce que tu lui as apprit.

02 mars 2023 feat  @Diego Balmaceda

Loukas ne s'attend pas à entendre un coup de sifflet et une grosse voix pour le réprimander d'avoir touché la jument. Il sursaute et porte automatiquement la main à sa poitrine où son coeur vient de descendre et de remonter 50 étages en moins d'un millième de seconde. Il s'écarte de l'animal. C'est alors qu'une bonne poigne lui attrape le bras. Il n'a pas le réflexe de se dégager et quand bien même le voudrait-il, il sent qu'il n'en a pas la force. L'homme qui l'a interpelé est une agent de police montée. C'est à dire qu'il patrouille à cheval. Il fait le même métier que Diego... mais sur le moment il lui parait bien moins aimable. En tout cas, il est musclé, le bonhomme. Les yeux de Loukas partent de sa main et remontent doucement sur son avant-bras, sur ce biceps qui le laisse un peu pantois. Quel homme... il doit en soulever de la fonte, lui ! C'est finalement sur son visage, que son regard azur se pose. Ses pupilles, toujours dilatées par la peur, se contractent légèrement avant de se dilater à nouveau sous l'effet de la surprise. C'est le même sentiment qui habite alors son interlocuteur. Il en reste sans voix et c'est Diego qui parle en premier, qui évoque une surprise... Ah ça... pour une surprise, ç'en est une belle ! Il n'a pas le temps de reconnecter tous ses neurones, toujours occupés à déterminer la taille de ce biceps, qu'il se fait broyer. Bon sang... mais quelle force ! Il a l'impression d'être broyé sous la musculature de son ami d'enfance. Il lui rend son étreinte, en moins puissante, car il n'a ni sa stature, ni beaucoup de mobilité pour pouvoir le faire.

- Diego... bah ça alors...

Il ne s'attendait clairement pas à le revoir ici et encore moins dans ce contexte précis. Ses joues s'empourprent quand Diego lui confia qu'il lui avait manqué. Et qu'il était beau... Wait... Beau ? Vraiment ? Il empestait le beignet ! Il avait un t-shirt tâché de gras et de sucre, il transpirait à cause de la chaleur, il n'était même pas bien coiffé... Il ne se sent pas à l'aise avec le compliment mais si autrefois, il aurait tout fait pour le faire taire, aujourd'hui, il laisse faire. Il en a besoin. Est-il normal que le contact de ses bras lui manque alors qu'il n'a duré que quelques minutes ? Serait-il déjà addict ? Il vient se blottir à nouveau contre lui, comme s'il éprouvait un besoin vital de le sentir présent à nouveau. Oui, Loukas était parti et avait mis de la distance entre eux... Il ne voulait pas que Diego s'attache à lui. Parce qu'il faisait toujours tout foirer... il ne voulait pas lui briser le cœur. Mais là, en cet instant, il ne pense qu'à ce roc qui lui est un peu tombé dessus et dont il a aimé le contact. Le policier reste sacrément plus ferme que lui. En même temps, il doit être un fidèle de la salle de sport et y passer des heures. La cascade d'émotions qui habite en permanence Loukas est responsable des larmes qui coulent sur ses joues. De la joie, oui... peut-être même des regrets d'avoir mis de la distance entre eux.

- Toi aussi, tu m'as manqué... désolé si je n'ai pas répondu à ton dernier SMS... j'avais... la tête ailleurs...

A deux semaines près, Diego aurait retrouvé un Loukas rayonnant et en forme. Depuis le terrible secret révélé par Iris, il a la très désagréable impression d'être revenu à la case départ. Il reste blotti contre lui. Depuis combien de temps n'a-t-il pas eu une telle interaction sociale avec quelqu'un ? La solitude est omniprésente dans sa vie. C'est une alliée perfide, qui est capable de le rassurer autant que de le torturer. Par un hasard absolu, Diego débarque à nouveau dans sa vie et vient tout chambouler. Il finit par "relâcher" Diego, à des lieues de se douter qu'il a mis à mal ses bonnes résolutions pour retenir ses envies. Il s'essuie les yeux et hausse les épaules, avant de prendre la parole d'un air légèrement distant :

- T'es gentil, mais à l'avoir su que j'allais te croiser j'aurais... mis quelque chose de plus présentable... Je ne suis pas sûr que le terme "beau" m'aille vraiment, là tout de suite...

Changement d'expression, alors qu'il pose doucement son poing sur ses pectoraux, en passant inconsciemment sa langue sur ses lèvres.

- Et toi, alors, on en parle ? Tu dois faire fureur avec ce corps d'athlète... et cet uniforme...

Ses joues sont devenues roses. Pour changer de sujet, il examine le badge de police de Diego et hoche la tête avec une moue admirative, pour le féliciter. C'est alors que les présentations sont faites. Ses yeux s'illuminent de mille étoiles quand Juliet lui fait un salut, en frotta son sabot à terre. Un sourire béat fend son visage, alors qu'il couve la jument d'un regard plein d'amour. Il aime les animaux, de base. Mais rencontrer enfin la jument dont Diego lui a tant parlé par messages interposés, ça le touche.

- Je suis content que tu aies pu la faire venir avec toi ! Elle est magnifique !

Loukas s'approche à nouveau d'elle pour la caresser tendrement. Et c'est là qu'il se rend compte qu'il ne devrait peut-être pas faire ça.

- Désolé... c'est plus fort que moi... il vaut mieux que j'évite de faire ça, peut-être, non ? D'ailleurs... tu ne m'as pas dit, mais je risque quoi pour avoir touché le cheval d'un officier de police sans son autorisation ?

Son regard est espiègle, son sourire taquin. Loukas a mis de côté ses doutes pour rejoindre Diego sur un petit nuage. Faire une pause temporaire dans la tempête de sa vie. Un léger vent se lève, ce qui apaise la sensation de chaleur, assez prenante en cette fin d'été.

02 mars 2023 feat  @Loukas Hardy

- Diego... bah ça alors... Il t'avait rendu ton étreinte forcée en se serrant à son tour contre toi, Loukas est légèrement plus petit et t'as toujours trouvé ça adorable. Il ne te serrait pas aussi fort que tu pouvais le faire mais tu sentais qu'il en avait besoin, comme s'il ne voulait plus te lâcher, comme s'il voulait être collé tout contre toi pendant un long moment. T'aurai voulu aussi que cette étreinte dure plus longtemps, mais c'est peut-être pas le meilleur endroit pour ça, en plein milieu de la rue, heureusement que dans les grandes villes les gens sont un peu plus ouvert d'esprit et que de toute façon, tout le monde s'en fout. Ce n'est que lorsque tu t'écartes légèrement de lui, sans vraiment le lâcher, que tu remarques ses joues rosies, sans doute par tes mots, ça te fait plaisir et tu ne peux t'empêcher de faire ce fameux sourire de satisfaction. « T'as l'air content de me voir, je suis presque étonné que tu restes dans mes bras, toi qui détestais ça ! » Tu sais bien qu'il ne détestait pas vraiment ça, mais la distance qu'il m'était toujours entre vous te faisais parfois penser qu'il n'aimait pas être proche de toi, ça te rendait triste même, alors le voir tout blotti contre ton torse à ce moment-là ça te fait quelque chose, tu ris nerveusement à la vue de celui qui fait battre ton cœur un peu plus fort.

Mais tu restes statique lorsque, les yeux baissés, tu aperçois, perlantes sur ses joues, des larmes. Tu restes d'abord sans voix, un peu choqué par Loukas, t'avais pas vraiment envie de le faire pleurer, tu pensais lui faire plaisir en revenant, finalement tu as l'air de le blesser un peu. - Toi aussi, tu m'as manqué... désolé si je n'ai pas répondu à ton dernier SMS... j'avais... la tête ailleurs... Tu te demandes si tout va bien pour Loukas, se mettre à pleurer d'un seul coup comme ça, ça t'inquiètes, tu te demandes s'il a des problèmes et surtout, s'il souhaitera t'en parler si tu lui poses la question. Vous avez été meilleurs amis de nombreuses années mais vos liens se sont un peu dissipé depuis le départ de Loukas pour Brisbane à vos dix huit ans, malgré les nombreux messages et appels échangés, rien n'est plus comme avant, et tu t'en rends compte, il a changé, que ce soit physiquement comme mentalement. « Oh tu peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de savoir que je t'ai manqué. Et je ne t'en veux pas trop pour le message. » L'air taquin tu lui fais un clin d'œil, avant de reprendre. « Maintenant si je te manque, tu pourras toujours m'appeler ou... passer chez moi. Quand tu veux. Je suis là maintenant. » Tu prononces tous ces mots d'une voix rassurante pour qu'il se calme, ça réussit puisqu'il finit par se décoller de toi une bonne fois pour toute, en essuyant ses jolies yeux bleus que tu aimes tant.

- T'es gentil, mais à l'avoir su que j'allais te croiser j'aurais... mis quelque chose de plus présentable... Je ne suis pas sûr que le terme "beau" m'aille vraiment, là tout de suite... Il te fait rire subitement, t'espères qu'il ne le prenne pas mal, tu te moques pas de lui mais tu sais pas pourquoi tu éclates, sûrement parce que t'es heureux de le retrouver. Mais il a tord pourtant, tu le trouves beau, ça a toujours été le plus beau à tes yeux, tu ne voyais que lui, même lorsque t'étais avec d'autres garçons, tu ne pensais qu'à lui, et parfois tu t'en voulais d'avoir d'autres aventures, comme si t'avais l'impression de le tromper, alors que t'es même pas en couple avec lui, alors que t'es même pas sûr qu'il ai des sentiments pour toi, pour Loukas tu dois être simplement son vieil ami d'enfance. « Oh mais attend, ce t-shirt ! C'est celui que je t'avais offert ! » Il date tellement qu'il ne ressemble plus à rien, le captain america dessus semble avoir pris un coup de vieux et pourtant il le porte toujours, comme s'il y tenait. « J'me souviens, c'est assez gênant... J'avais mis mon parfum dessus avant de l'emballer, comme ça si tu dormais avec... Enfin bref. T'as sûrement pas fait attention à l'époque. » Tu te frottes l'arrière du crâne, assez gêné par cette anecdote de ta jeunesse, t'avais lu ça sur le blog d'une sorcière : pour le faire tomber amoureux de toi, mettre de son odeur sur un objet et l'offrir à l'être aimé. Tu sais maintenant que ça ne fonctionne pas.

- Et toi, alors, on en parle ? Tu dois faire fureur avec ce corps d'athlète... et cet uniforme... Tu hoches la tête, en effet tu es musclé, t'as gagné autant depuis que t'as fait l'armée et que t'as été obligé de te mettre au sport. T'en es pas mécontent de ce nouveau corps et depuis quelques années t'as vraiment gagné en confiance en toi, tu te trouves très beau et tu t'assumes énormément, pas au point d'être narcissique non plus, mais tu penses pouvoir plaire à Loukas, en tout cas tu l'espères, au moins les heures que tu passes à la salle de sport toutes les semaines ne seront pas vaines. « T'aimes bien les mecs musclés, Lou ? » Que tu lui dis sur le ton de la plaisanterie et pourtant tu étais, à l'intérieur de toi, très sérieux, s'il devait te répondre négativement à cette question, ça te déprimerai sûrement un petit peu. « Mon uniforme ? Il est beaucoup trop petit, j'ai dû mal à bouger avec tellement il est serré, mais je vois ce que tu veux dire, l'uniforme ça excite pas mal. » Surtout les femmes, pour ton plus grand désarroi. « Enfin tu devrais le savoir, toi aussi t'es en uniforme au boulot. Tu dois être sexy dedans ! Rah j'ai hâte de voir ça. » Tu ne lui avouera jamais avoir fantasmé pendant plusieurs nuits de ton meilleur ami habillé en pompier lorsque tu as apprit que tu allais bientôt le rejoindre à Brisbane.

Juliet fait son petit spectacle et les présentations sont faites. - Je suis content que tu aies pu la faire venir avec toi ! Elle est magnifique ! Tu le laisses se rapprocher d'elle pour aller la caresser, cette fois-ci il a le droit, il a le droit parce que c'est lui, c'est Loukas, il est privilégié et puis Juliet a l'air de l'aimer déjà, elle ressent sûrement ton affection pour lui et le fait qu'elle accepte le câlin de ton ami sans broncher te montre qu'elle approuve celui dont tu lui parles depuis des années. - Désolé... c'est plus fort que moi... il vaut mieux que j'évite de faire ça, peut-être, non ? D'ailleurs... tu ne m'as pas dit, mais je risque quoi pour avoir touché le cheval d'un officier de police sans son autorisation ? Il s'était écarté de Juliet, l'air inquiet que tu le réprimandes de nouveau et son expression te fait rire, cette fois-ci tu te moques réellement de lui, il s'inquiète beaucoup trop. « Non, tu peux y aller ! Juliet t'aimes bien alors je vais pas la priver de tes gentilles mains. » Et puis tu t'approches de lui, prêt à rentrer dans son jeu espiègle, tu plantes ton regard dans le sien avant de l'attraper doucement par les poignets et de lui passer les bras derrière le dos ce qui vous rapproche encore plus. « Mais la prochaine fois tu me demandes, sinon j'te passe les menottes. » T'as chaud et tu sais pas si c'est parce que c'est encore un peu l'été ou si c'est Loukas qui te met dans tous tes états.

02 mars 2023 feat  @Diego Balmaceda

Loukas a menti à Diego. Il n’a jamais vraiment détesté le fait d’être dans ses bras. Au contraire, c’est quelque chose qui lui a toujours plu et qui lui plait encore, maintenant qu’il peut l’expérimenter à nouveau. Mais son meilleur ami le met devant ses contradictions. Ce qui n’est pas une mauvaise chose. Il a besoin d'être secoué. Parce qu’avant qu’ils ne vivent dans deux villes différentes, Loukas avait tout fait pour le friend-zoner et le mettre un peu à l’écart de ses sentiments. Rien à voir avec le beau policier. Il s’agissait d’abord de se préserver lui. Il se sentait incapable de briser leur amitié. Il ne peut s'empêcher de repenser à ses multiples relations précédentes… parmi les hommes qu’il a attiré dans son lit, certains éprouvaient vraiment quelque chose pour lui. Et à cause de ce foutu sentiment d’abandon, il se hâtait de tout faire capoter. Sa psychiatre appelle ça le « mode hérisson ». Il se roule en boule, sort ses épines et éloigne tous ceux qui tentent de l’approcher. Le problème c’est qu’il ne fait pas forcément ça consciemment. C’est devenu un réflexe, presque frénétique. Il sait donc, au moment où il se blottit dans les bras de Diego que cela risque de se reproduire. Et il veut éviter de lui briser le cœur. Il ne se doute pas une seule minute que Diego est déjà très épris de lui. Et qu’il l’est depuis leur adolescence. Il n’a pas l’habitude de recevoir de l’amour en dehors de son père et de sa mère. Loukas donne beaucoup de lui mais n'attend pas grand chose des autres. Il s'efface au profit des gens. C’est le t-shirt qui lui fait réaliser combien Diego est important pour lui.

- Tu te souviens vraiment de ce t-shirt ? J'ai un peu honte... je ne l’ai pas bien entretenu, pour être franc. Il a vieilli… mais je m’y sens bien dedans. Il est confortable. Bon, depuis le temps, il n’a plus l’odeur de ton parfum. Hé oui, je l’avais remarquée… si je peux me permettre, à l’époque, tu te trempais limite dans ton flacon ! Je pouvais te retrouver au nez si je voulais ! Entre nous, c’est pas plus mal que tu te sois un peu calmé. T’avais vraiment pas besoin d’en faire des caisses pour sentir bon. En tout cas, il a fallu 5 lavages pour faire disparaître l’odeur ! J'ai cru que ma mère devenait folle.

Il se met à rire. Sa mère avait littéralement fait une crise de nerfs en constatant le nombre de lavages. Il dut la distraire pour l’empêcher de le remettre en machine. Elle ne se doutait pas à ce moment-là qu'il s'agissait du parfum de Diego. Elle avait pensé à celui de son fils. Madame Hardy n'avait jamais eu un odorat très prononcé en raison de son tabagisme avancé. Loukas n’en dit pas plus sur cette anecdote, parce qu'il sait que s'il poursuit, il va exposer l'un de ses petits secrets d'adolescent. Ce n’est pas le parfum de Diego qui lui plait le plus. Non, c’est son odeur corporelle. Ne lui demandait pas pourquoi, mais il aime sentir ces effluves caractéristiques, qui transparaissent de virilité et peut-être un peu de bestialité. Son ami ne le sait pas, mais à l’occasion d’une nuit passée chez Loukas, il lui avait piqué un t-shirt de son pyjama, sans parfum, juste avec son odeur à lui. Qu’en avait-il fait ensuite ? Il avait dormi avec. Jusqu’à ce que sa mère ne le retrouve et ne le rende à Diego, tout propre. Ok, peut-être qu’au détour de ses élans d’adolescents, il avait utilisé l’empreinte olfactive de Diego pour ses fantasmes… ça, il ne l’avouera jamais, même sous la torture. Il préfère reconnaître qu’il aime les hommes musclés. C’est un fait. Quand il est dans leur bras, il se sent artificiellement protégé. Peut-être aussi est-ce parce qu’il aime le contact ferme de l’autre contre lui ? Qu’il peut s’abandonner un peu ? Il a conscience que le sentiment n'est qu'éphémère et qu'à un moment donné, son esprit vagabonde et se retrouve embringué dans une sorte de boucle d'angoisse. Pour le moment, il tâche de ne pas trop y songer. Il hoche la tête.

- Bien sûr que j’aime les hommes musclés ! C’est quand même pas désagréable à regarder ! Ni à toucher, je dois bien l’admettre. Quant à l’uniforme… hum… celui des policiers est quand même mieux que celui des pompiers. T’es peut-être serré dedans, mais il prend moins la suie et l’odeur de fumée !

Il lui fait un clin d’œil, en se disant que de toute évidence, son meilleur ami a des goûts aussi prononcés que lui sur les uniformes. L’idée qu’ils puissent se trouver d’autres points communs sur leur attirance lui effleure l’esprit. Bien sûr qu’il en a envie… mais c’est risqué. Quand il regarde les dernières relations amoureuses qu’il a vécu, il ne veut pas porter l’expérience sur eux deux. Il a peur de lui faire du mal. Il sait qu'à un moment donné, ses démons vont reprendre le dessus et réduire à néant leur amitié. Et de toute façon qui accepterait de passer sa vie avec lui ? Son regard se perd dans le vide. Plus aucune joie ne transparaît. Loukas le sait. Il sombre. Son socle familial s’effrite. Il ne sait pas comment l'en empêcher. Il caresse doucement Juliet et la jument semble sentir son trouble intérieur. Elle lui donne gentiment un coup de museau, comme pour lui dire que ça va aller, que tout va bien se passer. Diego croise alors son regard. Il le laisse attraper ses poignets, passer son bras dans son dos. Son cœur accélère dans sa poitrine, tandis qu'il le sent tout proche de lui. Il a chaud, ses joues le brûlent et il se sent rougir. Sa gorge est sèche, il a du mal à déglutir. En cet instant, Diego est incroyablement sexy, encore plus qu'à l'accoutumée. Ils sont si proches qu'il suffirait à Loukas d'avancer sa tête de quelques centimètres pour l'embrasser. Il n'en fait rien. Il a un sourire et répond :

- Je vois que ton métier te tient très à coeur... les menottes... vraiment...

Il y a une étincelle dans son regard, une envie furieuse de lui sauter dessus. Il se contient, avec difficulté. Et comme il sent qu'il est sur une pente glissante, il change de sujet.

- Et tu t'es installé où, au fait ? Dans quel quartier de Brisbane ? On pourrait peut-être sortir un de ses quatre... que je te fasse un peu découvrir la ville ?