C’était encore une très belle journée qui s’annonçait. Un beau dimanche ensoleillé qui avait commencé très tôt par une petite séance de yoga dès le réveil, puis un petit jogging afin de s’habituer à courir plus souvent. La jeune femme s’était lancée un défi: se préparer pour le marathon de Brisbane. Malgré le fait qu’elle menait une vie saine, sans excès et bercée par le sport et autres activités, il lui fallait bien plus d’endurance pour courir un marathon. Les marathons étant par ailleurs souvent affiliés à des associations, Sunny était ravie de se dire qu’en se challengeant de la sorte, elle pouvait en plus aider des associations.  

Après avoir couru une bonne heure, Sunny était rentrée chez elle pour se doucher et se préparer pour sa journée. Une fois propre comme un sou neuf et présentable, elle descendit pour se mettre aux fourneaux. Sunny était attendue sur les coups de onze heures pour aller bruncher chez son amie Abigail, avec qui il lui arrivait d’aller courir ou d’aller à la salle les dimanches. Lorsqu’elles le pouvaient, les deux amies se retrouvaient soit chez l’une, soit chez l’autre, pour papoter autour d’un bon déjeuner. Et aujourd’hui, même si la blonde ne recevait pas son amie chez elle, il était hors de question qu’elle se pointe les mains vides. Elle avait donc préparé quelques petites choses pour qu’Abi ne se retrouve pas à payer et à tout préparer seule. C’était bien la moindre des choses de participer, surtout que Sunny attendait ces moments avec impatience, appréciant beaucoup la jolie brune.

Sunny quitta la maison, son petit panier en osier bien rempli sous le bras, pour aller rejoindre Abigail pour leur brunch dominical. Mais avant de partir, elle traversa le jardin pour aller voir sa tante qui bouquinait au soleil, assise devant sa caravane. « Je file chez Abi ! Si tu as besoin que je fasse une course sur le retour, appelle-moi ! A tout à l’heure Marnie ! », s’écria la petite blonde en s’éloignant à grand pas, sans oublier de faire un grand signe à sa tante.

Une fois arrivée chez Abigail, Sunny frappa à la porte et attendit qu’on vienne lui ouvrir. Elle sourit en entendant son amie lui crier d’entrer, puis poussa la porte en s’exclamant « C’est moiiii ! », comme si cela allait surprendre Abigail alors qu’elle l’attendait et qu’elle savait très bien qui venait d’entrer. Elle lâcha un petit OoOoOh lorsqu’une odeur alléchante vint chatouiller ses narines. Sunny se rendit dans la cuisine en ne manquant pas d’exprimer son enthousiasme face au brunch et à cette bonne odeur « Ca sent sacrément bon chez toi !». Un large sourire étira les lèvres de Sun’ lorsqu’elle vit entrer son amie dans la pièce. Elle s’approcha pour l’étreindre brièvement en guise de bonjour et posa son panier sur la table pour en sortir le contenu. « J’ai ramené de quoi faire. J’espère que tu as bien couru ce matin, parce que j’ai eu la main lourde... », plaisanta la jeune femme en sortant des crêpes, de la brioche (maison, elle aussi), quelques fruits frais déjà préparés et … des roulés à la cannelle. Evidemment. Que serait Sunshine sans ses fameux cinnamon rolls et leur glaçage à la vanille ?

Sunny lâcha un petit 'voilà' tout fier, avant de sortir quatre petits pots en verre et de poser son panier dans un coin de la cuisine. « J’ai même apporté des petits pots de confiture maison, s’il te plait ! C’est la confiture que fait ma tante avec nos fruits. Elle est tellement bonne que des fois, je la mange à la cuillère… », ajouta-t-elle en salivant rien qu’en regardant les pots. En relevant ses yeux pour regarder son amie, elle put déceler l’amusement de celle-ci suite à cette confession. Sunny s’exclama en posant ses mains sur ses hanches, d’un air faussement contrarié, « Hé ! Je vois ton petit air, là. Me juge pas ! Tu comprendras quand tu auras goûté. ». Elle se mit à rire avant de s’asseoir aux côtés d’Abi.

« Alors, ça doit faire quoi, deux semaines que je ne t'ai pas vue à la boutique et que tu n'as pas acheté de plantes. Je commence à m'inquiéter, là. », lança Sunny en souriant avant de servir son amie d'un peu de tout, avant de se servir elle-même. « Comment tu vas ? Tu t'en sors avec les cours et le boulot, ça va ?? », demanda la jeune femme. Sunny admirait les personnes capables de travailler et d'étudier. Certes, ces personnes n'avaient pas toujours le choix s'ils voulaient manger autre chose que de l'eau, mais la contrainte ne rendait pas leurs efforts moins impressionnants. Il fallait faire preuve de beaucoup d'énergie et d'organisation pour s'y retrouver, en sachant qu'à côté du travail et des études, il y avait aussi la vie et ses aléas à gérer. Respect.

« Chouette ! », répondit la jeune femme lorsque son amie lui confirma que cette délicieuse odeur était bel et bien celle de ses cookies. Les cookies d’Abi, c’était quelque chose. Pas le genre de petit biscuit avec trois pépites de chocolat qui se courent après. Ils étaient toujours grands, épais, avec de grosses pépites. Plein de pépites. Ses préférés étaient sans hésitation ceux au beurre de cacahuète, mais elle ne se faisait pas prier pour manger les autres cookies pour autant. Sunny sentit son ventre gronder à nouveau rien qu’en pensant au goût des cookies qu’elle allait bientôt pouvoir déguster.

Elle se mit à ricaner en l’entendant dire qu’elle allait prendre dix kilos après ce brunch. Encore une chance que Sunny ne soit pas du genre à suivre une recette à la lettre, trouvant que bien trop souvent, les desserts étaient bien trop sucrés. Elle avait donc pris l’habitude de baisser de moitié la quantité de sucre dans ses pâtisseries. Moins de sucre, pour éviter à Sunny un sugar rush qui la rendrait intenable, telle une enfant venant de s’enfiler son sachet de bonbons. Malgré tout, il était certain que si les filles se montraient gourmandes au point de tout finir, elles risquaient de se traîner une bonne partie de la journée. Sortant de ses pensées pleines de sucre, de beurre et de culpabilité, elle lança « Quel intérêt de faire du sport si c’est pour se priver d’un bon brunch entre copines, franchement ! ». Amen to that.

Une fois installée, Sunny prit des nouvelles de son amie qu’elle n’avait pas croisée depuis quelques jours. La blonde plaisanta sur le fait qu’elle n’était pas passée à la boutique pour acheter une énième plante, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Elle fit une petite moue lorsqu’elle découvrit qu’Abigail avait effectivement été débordée ces derniers temps. Sun’ arqua un sourcil « Pas prêts, vraiment ? Donc le mieux à faire, c’est de vous faire frôler le burn-out ? Je sais pas s’ils sont professionnels et bienveillants ou sadiques… J’imagine qu’ils sont sûrement un peu les trois. », dit-elle en haussant les épaules. Tout en se servant une fois l’assiette de son amie remplie, interrogea son amie, « Et du coup, tu te sens prête maintenant ? ». Sunny suivit son amie du regard lorsque celle-ci se dirigea vers la cuisine pour aller chercher quelque chose dans son frigo, tout en demandant si tout allait bien pour elle. « Oui, ça va plutôt bien ! Avec la Saint-Valentin, on a eu pas mal de boulot. Là on travaille sur des compositions pour la Saint-Patrick. Chaque année, on a un peu plus de commandes, surtout venant de commerces. C'est agréable d’avoir autant de travail, de pouvoir créer des choses différentes à chaque fête. Même si je commence à saturer à cause du vert, je t’avoue ! », répondit la jeune femme en concluant avec un petit rire. Même si Sunny adorait le vert, le manque de nuances dans les compositions commandées commençait à contrarier son côté artiste. Mais il y avait bien pire comme contrainte, et Sunny s’en accommodait. Comme on dit, le client est roi ! Et le plus important était que Sunny pouvait vivre de sa passion et faire de nouvelles choses malgré tout. Elle fit de gros yeux en voyant le plateau arriver avec toute la nourriture qui manquait encore à table, mais Sunny était gourmande alors cela la ravissait plus qu’autre chose.

Son amie étant repartie pour chercher les boissons, elle proposa à Sunny plusieurs options. Sunshine réfléchit un court instant avant de répondre « Je veux bien un jus de fruit, s'il te plaît. N'importe lequel, tout me va ! », puis elle sourit à Abi en la voyant revenir. Elle souffla un merciii guilleret en prenant la bouteille avant de se verser du jus de fruit. Sunny bu une gorgée de son jus de fruit bien frais. Elle hocha d’abord la tête en guise de réponse, avant de poser son verre afin de répondre « Yes, j'ai été courir histoire de commencer sérieusement mon entrainement pour le marathon dans trois mois. J'espère être prête d'ici là… Je t'avoue que j'ai du mal à m'y mettre et à me dépasser. La course seule, même avec de la musique, je trouve ça démotivant, je sais pas ! », soupira la jeune femme avant de piquer un morceau de fruit et de le manger.

« Et toi alors ? Ce matin, c’était jogging aussi ou tu as été à la salle ? Si un jour, tu as besoin d’une partenaire de jogging, je suis dispo. Je pense que tu l’as compris, c’est un appel à l’aide… », lâcha Sunny dans un rire sonore, joyeux. « On a déjà couru ensemble une ou deux fois, mais je te promets que je suis moins bavarde maintenant. J’ai beau avoir un bon cardio, quand je vais courir, c’est une autre histoire. », Sunny fit mine de se sceller la bouche et de jeter la clé, puis sourit à son amie. La blonde le savait, parfois, elle était un véritable moulin à paroles. Elle faisait son possible pour se retenir de trop parler afin de ne pas agacer ses amis, surtout les amis récents dont Abigail faisait partie. Mais là, Abi n’avait rien à craindre ! Si Sunny pouvait aller courir régulièrement avec une partenaire comme la jolie brune et que cela l’aidait à atteindre son objectif, elle apprendrait à se taire. Sans plus attendre, Sun’ prit un cookie et ferma les yeux un court instant en le dégustant. Heaven.

Sunny fronça les sourcils lorsque son amie évoqua ses études, son emploi du temps bien rempli et la pression mise par ses professeurs. Heureusement qu’elle n’avait pas tenté de faire des études supérieures lorsqu’elle était enceinte. Elle n’aurait clairement jamais pu tenir la cadence. « C’est forcément pour votre bien, pour vous aider. Mais le souci, c’est que s'ils estiment que vous n’êtes pas prêts, alors que ce sont eux qui préparent leurs cours, tout ça… C’est que c’est un peu leur faute, je trouve. M’enfin… », termina la jeune femme en haussant les épaules. Évidemment, Sunny se doutait qu’être professeur n’était pas simple et qu’il ne suffisait pas de se planter devant des élèves pour lire un fichier Word devant eux. Il y avait énormément de préparation, un programme à suivre, beaucoup de travail, de réunions, souvent d’autres responsabilités en dehors de l’université, plusieurs classes, dont plusieurs niveaux, la responsabilité de mener des étudiants jusqu’à la réussite après des mois voire des années de boulot… Bref. Sunny savait qu’être un prof parfait était quasiment impossible. Mais tout de même, elle trouvait cela étrange de submerger des étudiants de travail, car ‘ils ne sont pas prêts’. Comment sont-ils censés être prêts si on ne leur donne pas les outils pour l’être ??? La blonde garda ses réflexions (sans méchanceté aucune) pour elle, écoutant attentivement son amie qui semblait réellement angoissée. Se voulant rassurante en veillant toutefois à ne pas être improbe, étant plutôt quelqu’un d’honnête, Sunny répondit à Abi, « Je pense que ce sera dur, forcément. Tu n’as pas un cursus facile. Mais je suis certaine que ce sera moins difficile que ce que tu imagines. C’est pour ça que tu te coltines des tas de devoirs, pour que tout te paraisse simple et que chaque cas de figure soit envisagé, que tu sois prête à tout ! ». Elle fit un grand sourire à son amie, espérant l’avoir rassurée un minimum, même un court instant. Évidemment, le stress n’allait pas disparaître comme par magie, hélas.

« Si tu as besoin de quoi que ce soit pendant cette épreuve stressante ou les autres à venir, appelle-moi. Je suis certaine que tout va bien se passer. Je crois en toi !», s’exclama Sun’ en tendant sa main pour lui faire un high five. Sunny planta sa fourchette dans un fruit avant de reprendre, trouvant cela important de montrer à Abi qu’elle n’était pas seule, et qu’au-delà des déjeuners et des bons moments entre amies, la blonde était aussi là pour la soutenir dans les moments plus difficiles. « Je n’ai pas fait d’études supérieures mais je me souviens encore du stress du lycée, même s’il est bien différent de celui que tu connais aujourd’hui. Et clairement, j’ai eu de la chance d’avoir ma tante Marnie dans ma vie pour me décharger du stress et autres tracas. Alors n’hésite pas. J’essaierai d’être la meilleure Marnie possible. », Sunshine fit un clin d’œil à Abigail avant de croquer sans pitié le fruit au bout de sa fourchette.

Sunny fit part à son amie du fait que tout allait bien à la boutique, mais qu’elle commençait à saturer à force de faire des compositions florales uniquement faites de vert (et de doré, si les gens étaient à peu près ‘originaux’). Si la blonde aimait bien cette couleur, voir la vie tout en vert pétant pendant plusieurs semaines l’avait frustrée. Surtout que la plupart des végétaux avaient été teints, et disons que le vert de la Saint Patrick était loin d’être la teinte la plus esthétique selon elle. Elle se mit à rire en joignant les mains comme pour remercier Abi silencieusement en l’entendant lui dire que lors de son prochain passage à la boutique, elle commanderait quelque chose de rose. God bless.

La jeune femme commença à manger, et dès la première bouchée, elle fut ravie. C’était délicieux. Elle mourrait d’envie d’enchaîner les bouchées comme une morfale, mais elle fit en sorte de se retenir pour ne pas paraître trop impolie. Elle mourait de faim, et très honnêtement, avec un tel choix de choses toutes plus délicieuses les unes que les autres, il était difficile de se canaliser. Il était désormais question de jogging, et Sunny était fatiguée rien qu’en parlant de sa course de ce matin. Elle répondit à Abi en soupirant « Baah… Je vais au parc ou dans le voisinage, histoire de ne pas partir trop loin parce que sinon, la flemme et la fatigue vont rendre le retour difficile. ». L’idée de courir le matin pour admirer le lever du soleil était très bonne, mais malgré cela, il était toujours difficile d’apprécier la course. Pourtant, on parle de Sunny, là. La nature, les couleurs, la lumière, le soleil… C’est sa came. Mais il faut croire que le jogging en solo et elle ne sont clairement pas faits pour s’entendre. « Ca m’aide un peu mais pas tant que ça, hélas. Je t’avoue que j’aimerais beaucoup aller à la plage pour courir. Le bruit des vagues, l’air marin, tout ça… J’adore. Mais faire trente minutes de voiture pour aller courir, je trouve ça bizarre et contre-productif. Puis, je t’avoue que j’ai un peu peur d’utiliser le vieux tacot de ma tante, alors bon. », Sunny pouffa de rire à la fin de sa phrase, rien qu’en repensant à sa voiture. Hors de question de toucher au volant, il risquerait lui rester dans les mains de toute manière. Malheureusement, Sunny n’avait pas d’autre solution, car si elle se lançait dans un périple de plus d’une heure de vélo pour aller à la plage ET courir, cela signerait son arrêt de mort.

Sunny fit une petite pause le temps de manger et d’apprécier son repas, avant de reprendre « J’aimerais bien aller courir dans des endroits au calme, un peu reculés. Mais seule, je risque de me prendre une racine, une branche, et de disparaître pendant des jours… ». Elle plaisantait à moitié, évidemment, et grimaça en secouant la tête, se jugeant elle-même ainsi que sa maladresse. « C’est vrai ?! Ce serait super ! On ira courir où tu veux, je te suivrais sans sourciller ! Tu peux pas savoir comme ça me remonte le moral, là. », s’exclama Sun’, ravie d’apprendre que son amie était partante pour aller courir avec elle. « Avec toi, je suis sûre que je vais apprécier de courir et ça va m'aider pour la suite. J'aimerais vraiment être prête pour ce marathon, je veux me dépasser pour une bonne cause. C'est important pour moi. Tu as déjà participé à un événement sportif dans ce genre ?? », elle fit petit sourire à Abigail, émue, comme à chaque fois qu’elle évoquait l’envie de faire quelque chose pour aider les autres, même à sa toute petite échelle. Sunny fit ensuite un petit sourire en coin, baissant lentement la tête d’un air légèrement machiavélique, comme pour faire comprendre à Abi qu’elle voulait l’entrainer avec elle dans cette folle aventure. La blonde souhaitait simplement faire de l’humour. Elle plaisantait… à moitié.

Sunny hocha la tête, approuvant les paroles de son amie. Elle n’avait pas fait d’études supérieures, mais ce besoin d’infantiliser les étudiants ne lui était pas totalement inconnu, ayant déjà vécu ça au lycée, en dehors du milieu scolaire de la part d’adultes plus âgés, ou encore dans la sphère professionnelle. De nombreux amis lui racontaient des histoires similaires à celle d’Abigail, et c’était désespérant de voir que les bons profs étaient rares. « De tout ce que j’entends, j’ai l’impression que peu importe l’âge, les années d’études, les cursus, les profs ne peuvent pas s’empêcher de vous infantiliser. Mais c’est bientôt terminé, courage ! Tu vois enfin le bout du tunnel. Si jamais tu décides d’être prof de droit un jour, tu te souviendras de ne jamais être comme tes anciens professeurs… », répondit la jeune femme en riant. Sunny était admirative face à la motivation de son amie, et de son travail acharné. Être Docteur dans son domaine, c’était loin d’être à la portée de tout le monde. La blonde savait très bien que, par exemple, elle n’aurait jamais pu faire des études aussi longues, même avec toute la volonté du monde. Curieuse d’en savoir davantage, Sunny demanda en se resservant du jus d’orange « Pourquoi est-ce que tu t’es lancée dans les études de droit de base ?? Tu as toujours voulu faire ça ? Tu as bien déjà une idée, même une toute petite ? ».

Sun' haussa les épaules lorsque son amie la remercia pour son soutien. C’était bien la moindre des choses d’être présente pour ses amis, encore plus dans des moments importants, stressants, et décisifs, comme des examens pour enfin avoir son doctorat en poche. Un large sourire étira les lèvres de la jeune femme lorsque son amie lui dit qu’elle aussi pouvait compter sur elle. Connaissant Abigail, elle le pensait, et cela touchait d’autant plus Sunny. C’était toujours agréable de se savoir soutenue, et d’entendre ce genre de paroles en amitié, même si ce sont des choses qui sont normalement entendues et acquises dans de vraies amitiés solides. C’était important de dire ces choses là, c’est pour cela que Sunny veillait toujours à ce que ses amis sachent qu’elle serait toujours là pour eux, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. C’était la première fois qu’Abigail lui disait une telle chose, et cela prouvait à Sunny qu’un cap avait été franchi dans leur amitié. Sunny éclata de rire sous l’effet de la surprise, loin de se douter qu’Abigail était du genre à jouer les gros bras. Ah, ça, elle était loin de s’y attendre, la petite blonde. « Ça me touche, merci beaucoup Abi ! Et si un jour, j’ai besoin d’une garde du corps, je saurais vers qui me tourner ! Même si j’espère ne jamais avoir besoin de t’appeler à la rescousse, évidemment. », fit-elle en feignant un air inquiet, avant de sourire. Sun’, en plus de passer un bon moment avec son amie, se régalait. Elle était bien contente des quantités généreuses de nourriture tant elle avait faim ce matin. Puis il faut bien le dire, à ce moment précis, elle se resservait uniquement par gourmandise. Difficile de résister à toutes ces bonnes choses, et inutile de le faire. Quel intérêt de bruncher si c’était pour se priver ??

Abigail et Sunny se mirent à parler sport, et Sunny évoqua son entraînement à la course pour se préparer au marathon de Brisbane, qui aura lieu début Juin. Elle fit part à son amie de ses difficultés à trouver la course agréable malgré ses efforts, et lui demanda si elle cherchait une partenaire pour faire son jogging. Courir entre potes, c’était peut-être LA solution pour que Sunny arrive enfin à voir la course autrement que comme une corvée. Abi lui prodigua des conseils pour qu’elle passe un meilleur moment lorsqu’elle courait, parlant de paysages plaisants pouvant sans doute la motiver davantage que de faire plusieurs fois le tour d’un parc comme elle le faisait actuellement. Sunny réfléchissait aux endroits où elle aimerait courir, excluant la plage étant donné le trajet qu’elle devait faire en voiture pour s’y rendre. Les autres paysages agréables plus accessibles étaient un peu moins loin, mais Sunny craignait de ne pas réussir à survivre le temps d’y arriver. « C’est pas faux. », répondit Sunny face aux arguments de son amie. La blonde fit une blague sur sa maladresse, puis reprit en riant et en faisant de gros yeux « T’as vu la taille des bestioles ici, et la mienne ?? À tout moment, je me réveille dans le bide d’un serpent qui fait trois fois ma taille et mon poids, et je suis fou-tue ! Et je suis sûre que j’ai bon goût, alors, hein. ». Elle avala sa crêpe en agitant son index rapidement de droite à gauche, dramatique, l’air de dire qu’il était hors de question qu’elle décède si jeune, digérée par une grosse bête. Mais l’expérience d’Abi et ses conseils, finirent par convaincre Sunny de faire plus d’efforts pour rendre la course plus plaisante « Je vais essayer de me motiver pour aller courir plus loin, pour aller dans les coins sympas que j’apprécie. Il faudra bien que je rentre de toute façon. J’irai courir un peu plus tôt pour compenser le retour. Merci pour tes conseils ! ».

Sunny évoqua le fameux marathon de Brisbane, puis elle eut comme une illumination. Et si les deux amies allaient le faire ensemble, ce marathon ? Elle questionna Abigail, et sa réponse la fit sursauter sur sa chaise. Petit excès d’enthousiasme, rien d’affolant. La jolie Abi ne se sentait pas de courir une si longue distance, et très honnêtement, Sunny la comprenait. Lorsque celle-ci l’interrogea sur d’éventuelles courses moins longues de quarante-deux kilomètres, la petite blonde répondit, en dégainant son téléphone pour se rendre sur le site du marathon « Attends, je vais te dire ça… ». En quelques secondes, elle trouva la réponse qu’elle cherchait. « Trouvé ! », s’exclama-t-elle avant de reprendre « Tu as le marathon, le semi-marathon, et tu as même moins. Tu peux même courir dix kilomètres si tu le souhaites. Je n’en avais aucune idée. Je pense que je vais m’inscrire pour le semi si jamais je me sens pousser des ailes… Mais le marathon, je pense que j’ai été un peu trop ambitieuse. ». Sunny se gratta la tempe, l’air un peu embarrassée. Effectivement, c’était bien trop difficile pour quelqu’un de son niveau. Physiquement, elle n’y arriverait sûrement pas, et viser trop haut, c’était le risque d’échouer et d’être déçue. « Est-ce que j’aurais trouvé ma partenaire de course ET de semi-marathon ?? Ou de petit-marathon. Peu m'importe ! », fit-elle en haussant rapidement les sourcils, se voulant séductrice, avec un petit sourire malicieux sur les lèvres.

Sunny hocha la tête, approuvant les paroles d’Abigail. C’est vrai qu’il fallait avoir les nerfs solides et une patience à toute épreuve avec les élèves. Même Sunny qui était très patiente peinait à s’imaginer réussissant à tenir un poste de professeur à l’université. « Je comprends tout à fait. Quand on y pense, ça doit être difficile de faire ce métier par passion, parce que tu risques de ne pas pouvoir transmettre autre chose que des cours papier. La pratique, l’envie d’apprendre d’autres choses que de simples cours théoriques, ne pas se faire entendre, ne pas réussir à capter la plupart des étudiants qui viennent en cours parce qu’il le faut… Tu manques de temps, de ressources. Je peux comprendre que certains se perdent un peu, c’est dur de rester pédagogue et motivé dans ces cas-là. Et ça démotive absolument tout le monde. », répondit la jeune femme, essayant de se faire l’avocat du diable, même si Abi n’avait pas tout à fait tort.

Sunny fronça doucement les sourcils en voyant que son amie semblait hésitante à poursuivre. Cela ne présageait rien de bon. La suite donna raison à la jeune femme. Une sensation désagréable vint secouer Sunny, accompagnée de frissons courant le long de sa nuque. La blonde se retint de frissonner de manière perceptible, puis secoua lentement la tête d’un air dépité. « C’est pas possible… », murmura-t-elle avant de reprendre « Je suis tellement désolée que tu sois tombée sur une erreur de la nature comme ce type… ». Encore une victime de ce monde malade, rempli de pourritures qui, si elles mettaient autant de cœur à faire le bien que le mal, rendraient le monde tellement meilleur, plus beau. La Goldsmith comprenait mieux son choix d’études… Hochant la tête après avoir écouté attentivement son amie, elle répondit calmement malgré la tempête qui grondait en elle, révoltée de savoir que cette nana adorable en face d’elle avait vécu dans la peur et dans la violence à cause d’un homme « Oui, je vois ce que tu veux dire. Et je comprends totalement. C’est scandaleux et écœurant de voir ce genre d’ordure libre, sans jamais être puni pour ses actes. Ce sont toujours les victimes qui trinquent, et doublement en plus, quand leur bourreau peut continuer à faire sa petite vie sans s’inquiéter de rien. J’imagine que tu as dû déménager à cause de lui, en plus ? ». Encore un qui a échappé à la justice, ou que la justice a laissé s’échapper. Encore une qui a dû partir. Loin, très loin, de son bourreau pour espérer recommencer à vivre et pour se protéger. « En tout cas, c’est une très bonne raison de faire ce que tu fais, et je suis certaine que peu importe ton choix, tu feras un très bon travail. Juge ou avocate, tu seras la personne idéale et rêvée pour les victimes. Tu seras une juge qui respectera enfin les lois, et qui fera le nécessaire en son pouvoir pour protéger les victimes de ces monstres. Comme avocate, tu seras d’un soutien sans faille pour les victimes qui auront besoin de toi. Et c’est très courageux de ta part d’avoir choisi cette voie. », Sunny lui fit un petit sourire bienveillant, qui trahissait également sa fierté face au choix de son amie.

Sa tante Marnie avait elle aussi été victime de ce genre d’homme. C’est d’ailleurs suite à cette unique relation chaotique qui avait tout de même duré trois longues années, qu’à l’âge de vingt-sept ans, elle avait décidé de tirer définitivement un trait sur les hommes, les femmes, et sur ‘l’amour’ en général. Ce besoin et cette envie de liberté, de positivité, de bonnes ondes, d’aider la terre entière avec son engagement caritatif à plein temps, d’être gentille et douce avec la moindre créature, lui venait en partie de cette expérience difficile et traumatisante. « Je suis désolée de te poser cette question, mais est-ce que… Il ne t’a jamais recontacté ? Tu ne te considères plus en danger aujourd’hui, rassure moi ?? On n’en parlera pas davantage si tu n’as pas envie de le faire, mais je veux juste te dire que si tu as besoin de moi, je suis là. N’importe quand. Et notre maison est grande ouverte. Et ce n’est pas parce que tu demandes de l’aide que tu es faible, et si je te propose la mienne, ce n’est pas par pitié. Ok ?? », Sunny prit la peine de préciser ces deux points, car elle savait très bien ce que pourrait penser Abi en entendant cela. Abi était sans aucun doute une femme forte, indépendante, bosseuse, qui donnait tout sauf l’image d’une femme ayant besoin des autres pour exister ou s’en sortir. Mais malgré tout, il était toujours bon de lui rappeler qu’elle n’était pas seule.

Abigail lui arracha un rire lorsqu’elle lui dit de ne pas hésiter à l’appeler si elle aussi avait besoin d’elle, qu’elle botterait les fesses des clients osant l’embêter. C’est toujours bon de savoir qu’on a une amie qui se porte volontaire pour jouer les gardes du corps ! Sunny plaisanta, puis répondit à son amie lorsqu’elle se mit à douter de son utilité « Honnêtement, à moins d’avoir des concurrents fleuristes mafieux sur les bords, je pense que tu ne vas pas te faire beaucoup d’argent en étant mon garde du corps… Et c’est bien mieux comme ça, pour nous deux d’ailleurs ! ». Un rire lui échappa, effectivement bien contente de ne pas avoir de rivaux ni de zinzins à ses trousses.

Le sujet du jogging revint sur le tapis, et Abi donna de très bons conseils à Sunny pour rendre la course plus agréable pour elle. Suite à cela, Sunny évoqua son envie d’aller courir dans des endroits verts, nature, mais vu sa maladresse, elle finirait sûrement blessée, et dans le ventre d’une des drôles de bêtes impressionnantes que le monde redoute tant lorsqu’on évoque la riche et sauvage faune australienne. Évidemment, Sunny exagérait, afin de faire rire son amie. Elle se mit à pouffer de rire lorsque la jolie brune lui parla des serpents. Vraiment, courir seule dans des endroits isolés, très nature, c’était dangereux. Mais de jolis coins verts, il y en avait près de chez elle, et il ne faisait aucun doute que partir de chez elle pour rejoindre un coin sympa et y admirer le lever du soleil avant de repartir la motiverait davantage. « Je m’y mets dès demain ! », répondit la jeune femme avec enthousiasme.

Sunny manqua de s’étouffer en voyant les prix de l’inscription au marathon. Elle plaqua sa main sur son thorax, couvrant sa bouche de son autre main, afin de tousser. La jeune femme n’avait aucune idée que cela pouvait coûter si cher. « Pardon. », fit-elle en déglutissant difficilement. C’était le mauvais moment pour mâcher un grain de raison, visiblement. « Je pense qu’on va plutôt se contenter de courir une dizaine de kilomètres… », poursuivit Sunny en ricanant, tout en posant son téléphone sous le nez d’Abi. « Je ne juge pas les choix des frais d’inscriptions, il y a forcément des raisons valables, pas de soucis. Mais mettre cent soixante-dix dollars pour risquer de ne même pas finir… Je suis quelqu’un d’optimiste, mais je ne me fais pas d’illusions non plus, je ne m’invente pas des capacités que je n’ai pas, tu vois. », secouant la tête, Sunny récupéra son téléphone. Après ce yes victorieux face à la réponse d’Abigail, elle scruta le site afin d’avoir des informations sur les inscriptions. « On peut déjà s’inscrire, et directement sur le site officiel. On a encore un bon mois et demi. Ça nous laisse le temps de savoir combien de kilomètres on veut courir. Je pense opter pour dix kilomètres, en essayant de faire un bon chrono en plus ! Ça me semble pas trop mal pour une première fois, qu’est-ce que tu en penses ? Je propose ça, parce que si on s’inscrit pour plus, tu vas devoir me porter sur ton dos je pense… ». Sunny se mit à rire avant de prendre une dernière bouchée de ce délicieux festin, puis se laissa tomber contre le dossier de la chaise en claquant ses mains sur son ventre « Ughh, j’ai trop mangé ! Mais si je m’écoutais, je pense que je reprendrais un tout… petit… Abigail Sanders, tu auras l'explosion de mon estomac... sur la conscience... », souffla Sunny en se redressant péniblement pour attraper un cookie d’Abi. Ils sont à se damner, c’est pas de sa faute, ok ?!