you bring blue lights to dreams

Son coeur se contracte nerveusement dans sa poitrine ces derniers temps. De manière irrégulière, plusieurs fois par jour, et Flora se force à cesser peu importe ce qu'elle est en train de faire pour fermer les yeux et inspirer profondément à une ou deux reprises. Elle est idiote mais pas moins sensible, et sûrement ressent-elle trop fort les événements récents qui ont bousculé ses plans et les quelques certitudes qu'elle avait péniblement rassemblées. Ce n'est rien qu'elle ne va pas parvenir à occulter d'ici quelques temps, des tableaux bien plus moches ayant été relégués au second plan avant eux, mais sans doute les derniers en date sont-ils trop récents pour qu'elle y parvienne aussi vite. Elle doit faire preuve de patience Flora, et heureusement pour elle cette qualité figure parmi celles de sa liste. Elle termine de boucler son sac sans avoir l'impression de s'étrangler, sûrement déjà apaisée à l'idée d'aller prendre l'air quelques jours avec son frère, et un sourire étire brièvement ses traits à l'entente du klaxon qui la convainc de descendre dans la rue sans même jeter un oeil par la fenêtre - c'est forcément lui. Habillée sobrement en contraste à ses looks plus sophistiqués, son sac de voyage à bout de bras, elle baisse doucement le regard pour croiser celui de Rose qui cherche le sien depuis la place conducteur. “Millie est là ?” Elle secoue la tête pour toute réponse, ouvrant la porte arrière pour déposer son sac sur la banquette puis faisant le tour par l'avant pour aller s'installer place passager. Elle salue le brun d'un sourire en refermant derrière elle, et se reporte sur lui. « Elle est partie tôt ce matin, elle m'a demandé de te passer le bonjour. » précise-t-elle sans grande surprise, sa colocataire et elle ayant déjeuné ensemble sur le pouce avant que Millie ne disparaisse à Spring Hill et qu'elle la laisse seule à l'appartement. Ces prochains jours vont lui faire le plus grand bien, et elle expire en silence en s'étirant un peu. “J’étais pas aussi certain que toi que James te donne quelques jours. Mais je suis vraiment content que ce soit le cas.” Ses yeux retrouvent les siens et elle sourit un peu à son cadet. Elle la première avait compté sur la coopération du directeur artistique pour pouvoir se libérer, mais et puisqu'elle avait accumulé des jours à poser sans jamais prendre le temps d'en profiter, James les lui avait accordé et ce sans faire preuve d'un quelconque traitement de faveur - elle n'en aurait pas voulu, pas plus qu'il n'aurait voulu lui en faire profiter. « J'avais des jours à poser, même si c'était un peu à la dernière minute. Je pense qu'il s'est surtout dis que s'il me les refusait, je n'oserais plus jamais lui en demander. » ajoute-t-elle sur une note se voulant plus légère, consciente que si tel avait été son raisonnement son cousin n'aurait pas eu tout à fait tord. Mais peu importe qu'il ait été celui-ci ou un autre, tant qu'il lui permet d'être libre pour ce week-end d'évasion. « Je le suis aussi. » continue-t-elle dans un sourire complice à propos de tout ça. “C’est des vrais jours off ou faut que je nous trouve une connexion wifi quelque part ?” Elle s'égaye un peu à cette demande et secoue à nouveau la tête par la négative, enlevant déjà ses chaussures pour remonter ses jambes en tailleur sur le siège de la voiture de leur oncle, se faisant confortable. « Vrais jours off pour moi, si tu en trouves une quelque part je me contenterais de te l'emprunter pour scroller cinq minutes. » Elle est vraiment dispensée de son côté, mais peut-être que la nuance s'applique au brun - ce n'est pas une bonne ou une mauvaise chose, juste un détail qui font d'eux qui ils sont, et elle n'irait certainement pas lui reprocher de devoir prendre un temps pour se plonger derrière son écran si besoin est.

Elle somnole sur le trajet, apaisée par la chaleur du soleil au travers du pare-brise et le bruit de la radio en fond. Elle se sent bien mieux ici, même secouée par quelques bosses, que dans son lit qui porte encore et ce d'une manière surréaliste l'odeur de celui qui s'est contenté de s'y allonger la semaine dernière. Elle devrait se déconnecter plus souvent même si les opportunités manquent - elle devrait les provoquer plutôt que de se contenter de les attendre, mais est forcée de constater qu'elle les saisit mieux qu'elle ne les déclenche. Entrouvrant les yeux lorsque la vitesse semble s'être réduite et la route devenue plus sinueuse, elle jette un oeil au travers de sa fenêtre uniquement pour voir l'océan s'étendre à perte de vue sous la ligne du ciel - et les deux se fondraient presque l'un avec l'autre. « D'ailleurs, tu suis un itinéraire précis ou tu te contentes des panneaux ? » l'interroge-t-elle en se reportant sur lui, sortant un peu de sa position pour étirer ses jambes engourdies. « Tu n'as jamais répondu à mon dernier message. » remarque-t-elle en le regardant, son ton ayant retrouvé son habituelle bienveillance qui s'était un peu évaporée lorsqu'elle l'avait accueilli, la faute à un sommeil moins reposant que celui auquel elle était habituée. Mais une petite sieste plus tard, elle a presque l'air en pleine forme si ce n'était pour les cernes sous ses yeux. « Ne te méjuge pas - je suis ravie qu'on profite d'un week-end comme ça tous les deux, vraiment. Mais je m'interroge un peu. » Je m'inquiète pour toi serait plus adapté, Flora se souciant de lui bien plus qu'il ne veut l'entendre, mais elle ne tient pas à le braquer si tôt dans leur séjour. Elle-même ignore si elle attend une réponse, mais la perche est tendue s'il veut s'en saisir. Maintenant ou plus tard, ils auront tout le temps de parler de leur quotidien et de ses derniers coups bas en date.
 

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