Assis sur la chaise de la salle de bain, serviette autour de la taille, j'ausculte mon moignon à la recherche de blessures qui auraient pu apparaître durant la journée. Même si je n'ai plus porté ma prothèse depuis presque un mois et que les douleurs commencent enfin à partir, je sais que je ne suis pas à l'abri d'une égratignure ou d'une quelconque blessure. D'autant plus qu'après le mois que je viens de passer, la peau reste hyper fragile et l'infection vient tout juste de guérir. Autant ne pas tenter le diable et être encore plus vigilent pour éviter que la future opération ne soit une nouvelle amputation. Car c'est de cela qu'avait parlé le chirurgien lorsque je suis arrivé à l'hôpital un mois auparavant sous l'emprise d’atroces douleurs qui étaient constantes, nuit et jour. Entre temps et en suivant à la lettre les conseils du corps médical l'infection a été gérée et n'aura jamais atteint l'os, si bien qu'au final, ils ne parlent plus de ré-amputation, mais de nettoyage en profondeur. Cela dit, j'ai décidé d'attendre encore quelques semaines, tout en gardant à l'esprit que d'ici juin, je devrais être en forme pour le début du tournage du nouveau film.

Je suis, toutefois, brusquement sorti de mes pensées par la porte de la salle de bain qui s'ouvre. C'est, les mains plein de crème hydratantes, que je relève mon regard qui se pose sur une Nephtys qui semble être en proie à une sacrée rage. Arquant un sourcil, je l'observe alors qu'elle commence à agiter un magazine sous mon nez, me demandant si je comptais aussi lui cacher cela. Évidemment qu'elle parle de la photo qui a été prise lorsque j'ai revu mon ex et que nous avions, pendant une seconde, un geste de tendresse l'un envers l'autre. « Je ...» Commençais-je avant d'être coupé par Nephtys qui reprend, plus fermement, que ce n'était pas dans mon droit de payer la facture de l'hôpital qui pourtant était faramineuse. Baissant le regard, je soupire doucement et secoue la tête « On en a déjà parlé » soufflais-je « tu ...» Encore une fois, la jeune femme me coupe la parole en posant vivement le magazine à côté de moi pour me demander qui est cette inconnue « c'est mon ex » reprenais-je sans mentir en lançant un simple coup d'œil vers la couverture « On s'est croisé, on a but un coup ensemble et ... Voilà.» je pose enfin mes mains sur mon genou et commence à passer mes doigts sur l'articulation puis sur la cicatrice « Il ne s'est absolument rien passé et il ne se passera plus jamais rien entre elle et moi. Cette photo a été prise lorsqu'on s'est quitté et que j'ai posé ma main sur son épaule pour lui faire la bise à la Française. On n'est pas en train de s'embrasser si c'est ce que tu penses » reprenais-je sur un ton neutre. Ni enjoué, ni froid, le ton parfait pour donner une explication.

« Et pour l'hôpital, tu me rembourseras en temps et en heure si tu le souhaites » haussais-je les épaules avant de soupirer et de relever mon regard sur la jeune femme « Tu ne vas quand même pas m'en vouloir pour ça, non ?» l'interrogeais-je, autant par la parole que par le regard « Je veux dire... Libre à toi de me redonner l'argent hein, mais au moins ça te sort une épine du pied » haussais-je les épaules alors que je penche en avant pour allumer l'eau du robinet et me laver les mains.