(garrett) heart to heart

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Prendre la décision de te rendre chez Garrett était sans aucun doute l’une des décisions les plus difficiles que tu avais prise dans les deux dernières années. Parce que tu te souvenais encore trop bien de la violence de ses propos et de votre dispute la dernière fois que vous vous étiez retrouvé seuls tous les deux, dans un contexte terriblement similaire à celui qui te ramenait devant la grande maison aujourd’hui. Tu aurais pu attendre, le laisser découvrir la nouvelle sur les réseaux sociaux ou entre les branches, quand l’annonce fera inévitablement le tour de votre famille proche et élargie, quand ton nom sera associé à celui de Wyatt que l’on décrira comme un indésirable au sein de ta famille et ces enfants qui seront jugés bien malgré eux pour tes choix, tes bons comme tes mauvais. Mais la simple idée de ne pas lui faire face lorsqu’il allait apprendre la nouvelle laissait un goût amer dans ta bouche. Alors tu avais pris sur toi et tu avais pris la décision de parcourir la ville d’un bout à l’autre, de laisser Gabriel avec son père le temps de quelques heures pour te retrouver face à face avec ton aîné pour la première fois depuis trop longtemps. Bien sûr il y avait eu quelques rares dîners de famille dans les derniers mois, après que tu aies rétabli un semblant de contact avec tes parents, mais aucune discussion, à peine quelques politesses échangées pour couvrir des regards désapprobateurs de ta part comme de la sienne.

Ça te brisait le cœur, que celui que tu avais longtemps considéré comme ton meilleur ami et ta meilleure moitié n’ait aucune relation avec ton fils, autant que tu détestais le fait que ton neveu grandissait à vue d’œil sans que tu ne puisses jouer une part intégrante dans sa vie, comme c’était le cas avant que tout n’explose. Tu te demandes si tu vas pouvoir le voir un peu aujourd’hui, Flynn. Si Garrett te laissera passer quelques minutes avec lui avant que tout ne dérape encore un peu. Tu ne sais pas ce que tu espères achever en venant le voir et en lui annonçant ta nouvelle grossesse de vive voix. Peut-être que tu as envie de croire que cela empêchera le fossé de se creuser encore plus entre vous deux, que tu limites les dégâts de cette façon, mais tu n’en es pas complètement convaincue. Tous tes mouvements sont lents et contrôles alors que tu stationnes ta voiture dans la rue, à quelques pas à peine de cette grande maison que tu connais si bien, mais qui te semble complètement étrangère présentement. Tu te demandes si Luz a changé les décorations, depuis la dernière fois que tu y as mis les pieds. Tu te demandes si toutes les photos sur lesquelles tu apparais ont disparu des murs. S’il y a la moindre trace de l’existence de ton fils quelque part, celui que Garrett ne connaît pas, qu’il continue d’ignorer comme s’il n’était pas un être a part entière de sa famille, de son sang. Tu échappes un soupir, et puis un autre alors que tu claques ta portière et que tu hésites à faire les quelques pas qui te séparent encore de la résidence. Tu tentes de te rappeler pourquoi tu es là. Pour toi, pour ton fils, pour tes enfants. Pour tenter de sauver ou de préserver du moins un semblant de paix que vous n’avez pas encore trouvé. L’attente te semble éternelle quand ton poing se lève et trouve le panneau de bois à quelques reprises. Tu espères simplement que ce soit ton frère qui ouvre la porte et pas sa femme, parce que tu n’as pas la moindre idée de l’accueil qu’elle pourrait t’offrir ou de ce que tu pourrais lui dire après tout ce temps. Mais c’est bien la silhouette de ton frère qui apparaît sous tes yeux lorsque la porte s’ouvre enfin et malgré tout ce que tu as pu te dire jusqu’à maintenant, tu ne sens toujours pas prête à lui faire face. « Garrett. » Ta voix est terriblement sérieuse, toute la chaleur qui existait entre vous disparu depuis plus de deux ans déjà. « Est-ce que je peux entrer? Je pense qu’il est temps qu’on se parle, tous les deux. » C’est sans aucun doute l’understatement de l’année, mais il faut bien commencer quelque part, non?

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I know holding a grudge is like holding a knife by the blade instead of the handle. Yeah I keep getting cut but I just keep holding on to the pain and I remember. I know I should've wished you well and you told me that time would help but I don't really feel it. I'm still dealing with hard feelings

« Je vais faire un château ! » Face à sa gigantesque boîte de lego, Flynn était déjà en train d’éparpiller les pièces pour commencer à les empiler après avoir détruit une énième de ses créations. Le sourire sur son visage indiquait combien il avait l’air inspiré par sa soudaine idée sans réaliser qu’il n’aurait certainement pas assez de pièces pour accomplir son objectif. « Tu penses que je rentrerai dedans ? » Le regard clair de son fils se releva et sembla le jauger, ses sourcils se fronçant pour exprimer un air de profonde réflexion. « Si je t’invite. » Il hocha la tête, comme satisfait de sa réponse, arrachant un léger rire à son père qui le laissa retourner à sa construction. C’était ambitieux. Brique après brique, le mur s’élevait jusqu’à ce que Flynn ait à se lever lui-même, lever les bras pour précautionneusement continuer d’élaborer ses murs. Le tout était relativement bancal mais les lois de la physique ne semblaient pas effleurer l’esprit de l’enfant. Garrett ne chercha pas non plus à le lui expliquer, se contentant de profiter de ce moment. Il avait passé la majorité de son temps ces dernières semaines à travailler, essayer de sauver les meubles pour espérer gratter une prime, et s’adonner à ses vices de jeux plutôt que de rentrer à la maison pour retrouver une ambiance étrange, sans jamais savoir s’il aurait plutôt à redouter la distance ou les reproches. Luz avait des choses à faire et lui avait laissé la garde de leur fils pour la journée, chose qu’il appréciait particulièrement. C’était sa bulle d’oxygène à lui. Le temps de quelques heures, il n’avait pas à réfléchir au fait que toute sa vie tombait en miettes, que la survie financière de leur famille était aussi solide que ces murs en lego. Le bruit à la porte fit écho à cette pensée, provoqua les aboiements du chien et un coup de coude maladroit de Flynn qui mena un pan de mur à tomber au sol. « Uho. » « C’est rien bonhomme. Répare ça, je vais voir qui c’est. » Il ébouriffa les cheveux de son fils et se leva pour aller ouvrir.

Il n’avait pas pensé à s’inquiéter de qui pourrait venir leur rendre visite, ou même eu la présence d’esprit de regarder par le judas. Rosalie put donc observer la surprise sur son visage, qui laissa place à un air plus fermé. « Rosalie. » répéta-t-il, décontenancé. Il ne s’attendait pas à la voir, et c’était un bel euphémisme pour décrire l’état de leur relation. Ils ne s’étaient jamais remis de leur dispute à l’annonce de sa première grossesse. La déception avait justifié le silence pendant tellement longtemps qu’à force, il avait fini par oublier comment ils étaient avant cela. Puis, il avait eu des problèmes de son côté et n’avait plus jamais pris l’initiative d’essayer de recoller les morceaux. Pour autant, il ne se voyait pas fermer la porte au nez de sa sœur. Ce n’était pas quelque chose qu’ils faisaient chez les Craine, rancœurs ou pas. La vraie question restait de savoir pourquoi cette discussion serait aujourd’hui. « Je t’en prie. » Il se poussa de la porte pour la laisser entrer. Il n’y aurait jamais de bon moment pour le faire alors autant profiter que Luz ne soit pas là. Evidemment, sa présence alerta immédiatement Flynn qui vint courir jusqu’à eux pour se jeter dans les jambes de sa tante. « Tata Rosiiie ! » Il l’enlaça fort de ses bras. Cela faisait presque deux ans qu’il ne la voyait plus qu’aux événements de famille alors forcément, sa présence avait quelque chose de spécial. Parfois, Garrett culpabilisait de priver son fils de sa tante. Puis il déculpabilisait à se dire qu’il ne coupait pas totalement le lien. Elle pouvait toujours demander, la rencontre serait juste sans lui. « Chou, tu veux bien retourner à ton château ? Je dois parler avec ta tante. On prépare le goûter et on revient. » Il se recula d’un pas, haussa les épaules mais disparut aussi vite qu’il était venu dans un « Ok. » peu perturbé. Gary fit signe à sa sœur de le suivre jusque dans la cuisine. Flynn avait beau être jeune, il commençait à capter des bouts de discussion et son père préférait ne pas avoir à faire face à ce cas de figure. « Je ne m’attendais pas à ta visite. Qu’est-ce qu’il se passe ? Tout va bien ? » Qu’en était-il ? Un problème ? Quelque chose à demander ? Il alluma la machine à café. « Tu veux quelque chose à boire ? » Durant ce même temps, il ouvrit le frigo pour en sortir le lait pour Flynn. Mieux vaudrait en arriver directement à l’essentiel car il n’avait pas prévu de passer des heures à se battre, pas aujourd’hui.

@Rosalie Craine

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got no choices

All this pressure used to be my greatest pleasure, something that I used to treasure. Now it's just another void cause everybody's watching me. Yeah, slipping out the back door, I can't take it anymore. I'm running for my life • sheepirl.

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ROSALIE CRAINE & @GARRETT CRAINE

Il n’y avait pas de discours joliment préparé. Il n’y avait que de bonnes intentions. Du moins, tu voulais croire que c’était de bonnes intentions. Tu ne cherchais pas une dispute de plus, même si tu avais l’impression que c’est exactement ce que tu allais trouver de l’autre côté de la porte. Tu voulais une discussion. Une chance de mettre les choses à plat une bonne fois pour toute. Tu ne savais pas si c’était encore possible, après tout ce temps. Tu ne savais plus s’il y avait encore l’espoir de sauver les meubles de ce qui était autrefois la relation la plus importante de ton univers. Garrett avait toujours été ton meilleur ami, ton confident, un allié, jusqu’au moment où il ne l’était plus. Certains pourraient dire que tu avais changé les règles du jeu en cours de route, et peut-être bien que c’était le cas. Tu avais changé les règles du jeu parce que tu ne répondais plus aux attentes de la famille. Parce que tes mensonges avaient vu la lumière du jour. Parce que tu avais décidé d’être honnête et de faire ce que tu voulais, toi et seulement toi, pour une fois. Deux ans que tout avait changé et si les photos de famille ne laissaient en rien voir la différence, la vérité était que tu avais passé les deux dernières années sans échanger le moindre mot de consistance avec ton aîné et tout cela allait changer dès le moment où ton regard allait trouver le sien. « Rosalie. » Ton nom est prononcé sans la moindre trace d’émotion, si ce n’est un brin de surprise que tu pourrais presque t’imaginer tant c’était subtil. Tu n’étais pas certaine qu’il t’ouvre la porte, qu’il te laisse entrer. Il n’avait aucune raison de te laisser entrer, c’était bien la première fois depuis votre dispute que tu cherchais à être en contact directement avec lui, et jamais au cours des deux dernières années il n’avait tenté de faire le premier pas non plus. « Je t’en prie. » Tes lèvres s’étirèrent en une mince ligne, rien qui ne pourrait être qualifié de sourire, mais c’était le plus proche que tu avais à lui offrir.

C’était étrange, de redécouvrir la maison après tout ce temps. Rien ne semblait avoir changé drastiquement, et pourtant, tout te semblait complètement différent. Tu n’eus pas le temps de te concentrer longuement sur la décoration toutefois que tu sentis des bras venir entourer tes jambes, une petite voix s’exclama à ta présence. « Tata Rosiiiie! » « Flynn! » que tu répondis aussitôt, sur la même intonation pleine de joie que celle que venait de t’offrir ton neveu, tes doigts venant ébouriffer ses cheveux. Si tu restais distante avec ton frère, tu étais bien incapable d’en faire autant avec son fils. Flynn n’avait rien à voir avec votre conflit, au contraire, il n’était que dommage collatéral dans cette guerre froide qui perdurait entre Garrett et toi et tu détestais le fait que ce soit le cas, que tu ne puisses plus être aussi près de lui que tu ne l’étais lors de ses premières années de vie. « Faut que t’arrête de grandir si vite bonhomme, tu vas finir par être plus grand que tout le monde, même tonton Rory. » Un sourire remplit de fierté apparu sur le visage du petit garçon qui te semblait immense depuis la dernière fois que tu avais mis les yeux sur lui. Tu aurais dû penser à lui apporter quelque chose, même si tu t’assures qu’il reçoive des cadeaux de ta part par le biais de tes sœurs ou même de Luz, depuis que vous avez repris contact. Ce n’était pas assez, mais c’était le mieux que tu puisses faire pour le moment. « Chou, tu veux bien retourner à ton château? Je dois parler avec ta tante. On prépare le goûter et on revient. » Flynn disparu aussi vite qu’il était apparu, et tu regrettais déjà sa présence quand il ne restait que lourdeur et tension entre ton frère et toi. Tu le suivis jusqu’à la cuisine, reconnaissante toutefois pour l’espace existant soudainement entre vous et ton neveu. La dernière chose que tu voudrais, c’est qu’il entende cette discussion qui pouvait partir dans toutes sortes de directions qui, tu t’en doutais, ne seraient pas appropriées pour des petites oreilles. « Je ne m’attendais pas à ta visite. Qu’est-ce qui se passe? Tout va bien? » Évidemment, sa première pensée devait être que quelqu’un était malade, ou pire même, peut-être mort. « Oui, oui, tout va bien. Tout le monde va bien. » Et par tout le monde, tu voulais surtout dire vos parents, vos sœurs et Rory. Tu n’étais pas certaine que Garrett tînt particulièrement à savoir comment allait Wyatt et Gabriel et dans un sens, tu n’étais pas là pour lui donner des nouvelles, même si tu le ferais si par un miracle quelconque, il était intéressé à en avoir. « Tu veux quelque chose à boire? » « T’as pas besoin de sortir les bonnes manières et les politesses pour moi, Gary. » que tu répondis sur une voix neutre et timbrée, à peine audible pour être certaine que cela ne se rendrait pas au salon où jouait toujours ton neveu. Tu te mordis légèrement l’intérieur de la joue, te rappelant au passage que tu n’étais pas là pour mettre de l’huile sur le feu. « Non merci. Je ne resterai pas longtemps. » que tu te repris aussitôt, avant de t’installer de l’autre côté de l’îlot, là où ton aîné préparait la collation pour Flynn. « Je voulais pas que tu l’apprennes par quelqu’un d’autre. » Tu frottais tes mains continuellement l’une contre l’autre dans un signe de nervosité incontrôlé, décidant simplement d’annoncer ce que tu avais à dire, et voir ensuite si cela ouvrirait une discussion quelconque. « Je suis enceinte. De Wyatt. » La précision était inutile, mais affreusement nécessaire dans le cadre actuel. « C’est ce qu’on voulait. » Pas d’accident, pas de drame, pas de mensonges et de faux-semblants comme la dernière fois. Juste ta famille, comme elle était, comme tu la voulais, et comme tu espérais, qu’un jour, Garrett l’accepterait.

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Garrett observait son fils accueillir sa tante avec enthousiasme, indéniablement heureux de la voir. Ce n’était plus quelque chose qui arrivait fréquemment et il en était le seul responsable. Malheureusement, il réalisait qu’il n’arrivait plus vraiment à s’en culpabiliser. Contrairement à ce que les apparences pouvaient laisser croire, il n’était pas indifférent à ce lien brisé entre sa sœur et lui. Ce n’était pas de gaieté de cœur qu’il avait décidé de couper les ponts. Il l’avait vécu comme un deuil. Celui des idéaux plus que celui de la personne. Mais parmi les étapes du deuil, il y avait l’acceptation. Au fil du temps, l’aîné avait fini par s’habituer, se faire à cette nouvelle normalité où Rosie n’était plus la première personne vers qui il se tournerait. Il n’était jamais revenu sur cette décision, quand bien même elle l’avait gardé éveillé plus d’une fois. Il aurait voulu être capable de passer à autre chose, mais il s’en sentait toujours incapable. Encore davantage aujourd’hui, quand il craignait que cette discussion ne le ramène à ses propres erreurs. Il ne voyait pas ce que Rosie avait à lui dire aujourd’hui spécifiquement, et sa présence chez lui le faisait se poser des questions. Il imaginait forcément le pire, théorie qui tomba à l’eau à peine la porte de la cuisine passée. Quoiqu’elle veuille, elle venait pour le voir lui. « D’accord. » Il n’avait pas grand-chose à répondre d’autre, à part peut-être qu’il était rassuré. Il avait des problèmes par-dessus la tête et absolument aucune envie de devoir en rajouter une couche. Cependant, cela ne l’avançait pas plus sur les intentions de sa sœur, et sa défensive le fit claquer de la langue et soupirer. Il avait tendance à oublier que là où il pouvait avoir un caractère difficile à gérer, elle savait être pire que lui. « Nos désaccords ne justifient pas que je me mette à me comporter comme un homme des cavernes. J’allais me faire un café, je peux bien en faire un deuxième. » Comme pour illustrer ses propos, il alluma la machine à café avant de sortir du frigo le nécessaire pour son fils. Il nota du coin de l’œil la distance que Rosie essayait de mettre entre eux, mais ce qui accrocha vraiment son regard, c’était le malaise perceptible dans son attitude. Il aurait aimé quelques secondes de plus pour se préparer à une quelconque annonce. Mais tout le temps de l’univers n’aurait pas suffi pour ce qu’elle lui balança. Un deuxième enfant, alors. Cela ne devrait rien avoir de surprenant, c’était dans la continuité de la vie qu’elle menait avec Wyatt. Garrett s’étonnait toujours un peu de continuer de le voir dans le décor et de ne pas plutôt apprendre à la place que Rosalie avait trouvé quelqu’un d’autre. « Félicitations, j’imagine. » Il sortit le cacao en poudre du placard, continuant sa préparation dans un geste presque mécanique. Il ne savait pas comment réagir, c’était tout le problème. Il ne saisissait pas lui-même pourquoi il se montrait si dur, si indifférent quand il avait été extatique à l’annonce du bébé à venir pour Rory et Swann. A croire que la rancune était devenue si forte envers sa petite sœur qu’il en oubliait qu’elle était l’une des personnes les plus importantes de son existence. « Ca fera un camarade de jeux pour l’enfant de Rory. » Flynn serait trop grand mais apprécierait probablement de pouvoir voir les bébés, et de les tenir si on l’y autorisait. Garrett ressentait cette pression de dire quelque chose, de se comporter en grand frère. Cela ne lui venait juste pas naturellement. « Je m’attendais à autre chose vu ton entrée. » C’était l’effet escompté avec les formulations du type ‘il faut qu’on parle’. D’une certaine manière, il espérait qu’elle avait autre chose sur le bout de la langue, qu’elle ne ferait pas demi-tour après avoir posé la bombe. « C’était juste pour ça ? » Juste pour cette annonce qui très franchement n'allait pas pour aider leur relation déjà chaotique ?

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Tu n’avais pas de réelles attentes quant à cette rencontre avec ton frère. Tu étais venue avec une nouvelle à lui annoncer et tu avais déjà décidé que tu aviserais selon sa réaction. Il y avait trop de temps et de distance qui s’étaient accumulés entre vous dans les dernières années pour que tu saches avec précision ce qu’il allait te dire ou ce qu’il allait faire. Il fut un temps, tu aurais pu le prédire, le connaissant mieux que tu ne te connaissais toi-même, mais il y avait longtemps maintenant que ce n’était plus le cas. La tension était palpable, même avec la présence de Flynn dans les environs. Tu savais que c’était pour le mieux qu’il n’assiste pas à la conversation, même si l’utiliser comme un bouclier était une idée qui demeurait apaisante, bien que peu pratique. Te cacher derrière une tasse de café ne rendrait pas cette visite plus plaisante et tu n’étais pas là pour lui faire perdre du temps, même si c’est exactement ce que tu faisais en répliquant pour une demande aussi banale. « Nos désaccords ne justifient pas que je me mette à me comporter comme un homme des cavernes. J’allais me faire un café, je peux bien en faire un deuxième. » Tu ne dignifies pas son commentaire d’une réponse. Tu ne vas certainement pas lui dire que l’odeur du café te lève le cœur depuis quelques semaines, un véritable supplice puisque la caféine était l’une des rares choses qui te permettait de survivre à la fatigue du premier trimestre jumelé aux nuits toujours entrecoupées d’un petit garçon beaucoup trop actif. L’attention de ton frère est porté sur tout sauf sur toi et peut-être que c’est exactement ce dont tu avais besoin pour lui dire ce que tu étais venue lui dire. Ne pas sentir son regard plein de jugements sur toi, éviter de lire la moindre réaction sur son visage. Tu espérais te sentir plus légère une fois la nouvelle annoncée, mais ce n’était pas réellement le cas. Parce que la tension perdurait, parce que rien n’avait changé et la seule différence qu’il y aurait dans les prochains repas de famille, c’est qu’éventuellement tu viendrais avec deux enfants plutôt qu’un.

« Félicitations, j’imagine. » Il n’y avait pas de joie dans sa voix, pas plus qu’il n’y avait de colère ou de déception ou quoique ce soit. C’était pire encore. C’était le vide, l’indifférence et il était incroyablement difficile de prétendre que cela ne te faisait rien. « Ça fera un camarade de jeu pour l’enfant de Rory. » « J’imagine, oui. » Non seulement parce que l’enfant de Rory risquait d’être dans les mêmes âges que ce petit être qui poussait dans ton ventre, mais surtout parce qu’il y aurait des journées passées ensemble, des play-dates organisées, des rencontres fréquentes, tout ce qui manquait depuis longtemps entre Garrett et toi. « Je m’attendais à autre chose vu ton entrée. » « Je tenais à ce que tu l’apprennes par moi. » Ça ne voulait peut-être pas dire grand chose pour lui, mais même après vos années de distance, même après toutes les horreurs que vous vous êtes dites la dernière fois, tu conserves trop de respect à son égard pour ne pas lui annoncer ça de vive-voix. « C’était juste pour ça? » « Oui. » Alors c’était tout. Quelques phrases échangées, des félicitations vides et aucun regard. Vous en étiez réellement rendu là? « Tu donneras ça à Flynn. » Un long soupir t’échappe alors que tu plonges une main dans ton sac à main, en ressortant une peluche habillé au couleur du drapeau français, un souvenir que tu lui avais ramené de la France où tu avais voyagé récemment avec Wyatt et Gabriel. Tu es prête à partir, reprendre le chemin inverse entre la cuisine et la porte d’entrée, mais tu ne fais que quelques pas avant de t’arrêter net, incapable de laisser les choses ainsi plus longuement. « Alors c’est tout? On va continuer comme ça encore longtemps? Continuer de s’ignorer devant les autres et jamais revenir sur ce qui s’est passé? » Tu n’étais plus certaine d’avoir envie de te terrer dans l’ignorance, surtout que tu te doutais de plus en plus que tout n’allait pas aussi parfaitement dans la vie de ton frère que ce qu’il aimait en dire lors des rares repas de famille. « T’es pas obligé d’approuver de tous mes choix de vie, mais le silence treatment, c’est quelque chose que j’attendais de la part de nos parents, pas de la tienne. » Tu fais au mieux pour contrôler le volume de ta voix, mais la rancune se fait entendre alors que cette fois, tu ne cherches pas à éviter le regard de ton frère.

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Garrett pouvait faire des efforts, jouer sur les apparences le temps d’un café, se montrer juste poli. Ils auraient pu parler de la pluie et du beau temps, prendre vaguement des nouvelles de l’autre. Mais après cette annonce, il se sentait juste épié, comme si Rosie cherchait à tout prix une réaction chez lui. Si elle s’attendait à ce qu’il saute au plafond, elle s’était trompé d’homme. A vrai dire, même lui ne savait pas franchement comment réagir. Tout était confus dans son esprit et il trouvait cruel le fait qu’une nouvelle qui aurait dû être si joyeuse lui semble si violente à entendre. Cela devait être ça ; il accusait le coup. Le masque était savamment travaillé mais intérieurement, alors que les secondes passaient, il réalisait pleinement la tournure qu’avait pris leur relation : il avait été extatique en apprenant que Rory et Swann pourraient enfin adopter une petite fille. L’annonce de la deuxième grossesse de sa petite sœur en revanche lui laissait un goût amer. C’était injuste pour tout le monde, il n’y avait juste rien qu’il ne puisse faire. C’était trop tard pour revenir sur sa réaction et feinter de l’enthousiasme serait un mensonge incroyablement palpable. Rosalie lui donnait l’impression d’être une inconnue, parfois, mais cela ne changeait rien au fait qu’eux deux étaient sans doute ceux qui se connaissaient le mieux sur cette planète. Elle le saurait immédiatement s’il essayait de ne pas être franc. Alors à quoi bon essayer ? Tant mieux pour Wyatt et elle. Ce serait un autre enfant à rajouter à la famille et à voir grandir au fur et à mesure des grands repas dominicaux. « Merci d’être venue me l’annoncer. » Il ne savait pas dire s’il était vraiment reconnaissant. Une part de lui appréciait vraiment qu’elle ait encore assez d’estime pour venir lui dire en face à face. Une autre, plus altruiste, aurait préféré qu’elle n’ait pas à subir la dureté de sa réaction. Car il ne savait pas quoi lui offrir d’autre et se contenta d’un soupir, déjà prêt à la raccompagner. La peluche était une délicate attention. Il capta le drapeau. Il avait entendu leur frère parler de ces vacances en France. « Tu pourras la lui donner toi. Il sera content. » Il ne s’interposerait pas entre sa sœur et son fils, encore moins pour un cadeau. Flynn n’y était pour rien et si Garrett n’était juste pas prêt à inviter Rosie sous son toit, il ne la jetterait pas dehors comme une malpropre.
Il ne se serait pas attendu à ce qu’elle veuille s’attarder, cependant, et il se pinça les lèvres en l’entendant enfin mettre le doigt sur tout ce qui déraillait dans leur relation. Elle avait raison dans un sens, il était plus que temps d’en parler. Ils savaient tous les deux que cela avait déjà trop duré et que s’ils devaient attendre qu’il se ravise, alors cela pourrait ne jamais arriver. L’occasion était à la fois parfaite et terrible. L’homme se poussa du comptoir pour venir fermer la porte qui reliait la cuisine au salon, coupant ainsi toute possibilité pour Flynn d’entendre les adultes. « Pourquoi est-ce que les parents t’offriraient le traitement du silence ? Papa doit être fier de voir que tu as suivi son exemple et que tu t’en sors bien. Et puis maman, après une bouteille, elle oublie facilement combien tu as déçu tout le monde. Un quatrième petit-enfant à venir, c’est une bonne nouvelle. » Il était dur, probablement cruel. Il en avait parfaitement conscience. Mais s’ils devaient crever l’abcès, il faudrait passer par tout ce qu’il avait sur le cœur. « L’une des premières choses qui m’est passée par l’esprit ici a été de me demander si Wyatt était bien le père. Tu aurais pu recroiser ton ex-fiancé et rejouer le scénario inverse. L’autre chose à laquelle j’ai pensé, c’est que papa t’envie peut-être, au final. Il regrette sûrement de ne pas être parti avec sa maîtresse pour refaire sa vie avec. » Il attrapa une assiette dans le placard, le paquet de biscuits, puis une pomme dans la corbeille. Tout pour ne pas regarder sa sœur. « Je n’aime pas t’en vouloir à ce point, Rosie. Et je déteste le fait de ne jamais avoir digéré ce que tu as fait, ou pire, que tu n’aies pas eu à en payer les conséquences. » Elle avait eu droit au jugement de son entourage au début, puis la vie avait continué et maintenant, tout semblait rose, heureux. « La déception est un sentiment tenace. » Un qu’il parvenait difficilement à occulter. Le temps n’y changerait probablement plus rien à ce stade. La bonne nouvelle pour Rosalie étant que dans le classement des personnes qui l’avaient le plus déçu, il était passé devant.

@Rosalie Craine

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ROSALIE CRAINE & @GARRETT CRAINE

« Merci d’être venue me l’annoncer. » Un hochement de la tête, c’est tout ce que tu lui offres. Que rajouter de plus de toute façon? Il y a tant à dire, tant à rétablir et pourtant, rien ne semble être à la hauteur. Tu détestes qu’il soit devenu si facile pour lui de se cacher derrière des faux-semblants et des politesses qui n’ont absolument rien à faire entre vous deux. Pour le reste du monde, oui certainement, c’est ainsi que vous avez été élevé après tout, mais vous deux? Ça n’aurait jamais dû se passer ensuite, et si tu le blâmais grandement pour cela, tu savais que tu portais une grande part du blâme. Que c’étaient tes mensonges et tes cachoteries qui avaient créer cette fissure, même si tu avais tant espéré avoir le droit à un degré de compréhension de la part de ton aîné, qui ne semblait toujours pas prêt à te l’accorder malheureusement. Il ne te restait plus qu’à faire marche arrière et assumer que rien n’avait changé, et que peut-être, rien ne changerait plus. « Tu pourras la lui donner toi. Il sera content. » Ce n’était pas l’envie qui manquait. Tu ne voulais rien de plus que de pouvoir passer quelques minutes supplémentaires avec ton neveu. Flynn te manquait, et si tu adorais entre Rory te donner des nouvelles sur les nouveaux exploits du petit garçon, cela n’avait certainement pas la même saveur que de le voir grandir sous tes yeux. « Je préfère pas. » C’était difficile, horrible même de l’admettre, mais au vu du contexte, il valait mieux que tu sortes par la porte d’en arrière et que tu évites un moment qui te mettrait dans tous tes états si tu devais faire face à ton neveu maintenant. « J’ai pas envie de seulement quelques minutes sous ta supervision. » Non, tu voulais des après-midi et des soirées, comme c’était le cas avant que tout ne change et ne se détruise sous tes yeux. Tu voulais la chance d’apprendre à le connaître autrement que par les mots de ton frère ou de Luz, qui jouait depuis quelques mois à l’agent double entre ton frère et toi. Tu voulais plus, mais malheureusement, tu ne pouvais rien imposer et tu préférais encore te protéger, aussi maladroitement que c’était nécessaire.

Et puis tu perds finalement ton sang-froid, incapable de faire semblant plus longtemps. Tu sais que tu viens de toucher une corde sensible quand Garrett passe du comptoir jusqu’à la porte qui lie la cuisine et le salon, fermant cette dernière derrière lui de manière à imposer un mur entre vous et ton neveu. « Pourquoi est-ce que les parents t’offriraient le traitement du silence? Papa doit être fier de voir que tu as suivi son exemple et que tu t’en sors bien. Et puis maman, après une bouteille, elle oublie facilement combien tu as déçu tout le monde. Un quatrième petit-enfant à venir, c’est une bonne nouvelle. » « Je t’interdis de me comparer à lui. » que tu souffles entre tes dents. Ce n’est pas la première fois que tu entends le commentaire, tu doutes que ce sera la dernière mais chaque fois, l’effet est le même: la culpabilité et la répulsion te gagnent avec une force qui te donne envie de tout détruire sur ton passage. « Tu penses vraiment que les parents vont accueillir un autre enfant les bras grands ouverts? C’est à peine s’ils prennent le temps de considérer mon fils. Exactement comme toi. » Un comportement que tu trouvais déplorable et qui te faisait grandement souffrir, mais contre lequel tu ne pouvais rien tant et aussi longtemps qu’ils n’acceptaient pas que tu avais fait ton choix, qu’importe si ce n’était pas celui qu’ils voulaient pour toi. « L’une des premières choses qui m’est passée par l’esprit ici a été de me demander si Wyatt était bien le père. Tu aurais pu recroiser ton ex-fiancé et rejouer le scénario inverse. L’autre chose à laquelle j’ai pensé, c’est que papa t’envie peut-être, au final. Il regrette sûrement de ne pas être parti avec sa maîtresse pour refaire sa vie avec. » Tu secoues la tête, peinant à croire toutes les absurdités et méchancetés qui pouvaient sortir de la bouche de ton frère. « Eh bien, on me l’avait pas encore fait celle-là. Nina a suggéré le contraire toutefois, quand elle a rencontré Gabriel la première fois, comme quoi il ressemblait pas à Wyatt mais franchement, de mieux en mieux. C’est beau l’estime que vous me portez de nos jours. » que tu craches sarcastiquement, soudainement reconnaissante de ne pas avoir à faire attention à ton timbre de voix maintenant que la porte est fermée et que Flynn est protégé de vos éclats. « Et vas-y fort si ça t’amuse de comparer ma situation avec celle de papa, mais ça n’a rien à voir. Rien du tout. » Votre père avait enchaîné les maîtresses, vous avait forcé à quitter Adélaïde quand votre famille avait frôlé un scandale matrimonial simplement pour mieux reprendre ses mauvaises habitudes une fois à Brisbane et jamais offrir à votre mère la décence d’être un bon mari, ni un bon père. Oui, tu avais menti à Lachlan pendant des années et ça, rien de ce que tu pouvais dire ou faire ne changerait cette réalité, mais tu t’étais sortie de la spirale de ton mensonge avant que des enfants ne soient impliqués, avant de lui faire la promesse de lui jurer l’éternité. Ce n’était pas grand chose, mais ça avait été pour le mieux. Pour lui aussi, tu en étais persuadée. Mais ça, personne ne voulait le voir, bien trop concentré sur le tort qu’avait causé tes actions, principalement sur la réputation de votre famille. « Si je pensais une seule seconde que papa serait plus heureux avec une de ses maîtresses, alors je lui souhaiterai. Mais la vérité c’est qu’il est un homme malheureux, et maman l’est tout autant et ce n’est certainement pas moi qui vais arranger ni détruire leur mariage. » Non, les dommages entre eux sont faits depuis bien trop longtemps pour que tu ne sois une quelconque influence dans leurs déboires. « Et si tu portais attention à autre chose qu’à ton nombril, tu saurais que j’ai pris la meilleure décision, en laissant Lachlan. » Mais ça, comme bien des choses, il ne semblait pas vouloir le prendre en considération.

« Je n’aime pas t’en vouloir à ce point, Rosie. Et je déteste le fait de ne jamais avoir digéré ce que tu as fait, ou pire, que tu n’aies pas eu à en payer les conséquences. » Un rire t’échappe cette fois sans que tu ne puisses le retenir. La colère était maintenant palpable entre vous deux et tu détestais la condescendance dont ton frère faisait preuve à ton égard, comme si tu étais une gamine qui avait fait une bêtise et à qui l’on devait taper les doigts pour être certain que cela ne recommence pas. On parlait ici de ta vie, de tes décisions, de tes choix qui techniquement, n’avaient pas le moindre impact sur la vie que menait ton frère, lui qui pourtant se disait incapable de digéré les faits. « La déception est un sentiment tenace. » « Et tu es déçu de quoi exactement, Gary? Que je ne suive plus le chemin parfaitement tracé de nos parents, celui dans lequel je ne m’épanouissais pas et au sein duquel j’étais atrocement malheureuse sans que tu ne t’en rendes compte? » Est-ce que c’est ça, le pire que tu as fait? La déception et les mensonges, ne pas l’avoir mis dans la confidence plus tôt? « Et puis… Payer les conséquences? Et ce serait quoi pour toi Garrett, payer les conséquences? Que je continue de vivre dans le secret, en cachant a tout le monde qui est le vrai géniteur de mon fils? Ça te ferait plaisir, t’aurais l’impression que je paye ma dette pour mes actions comme ça? C’est quoi, dis-moi? » Ça ne fait pas de sens. Rien de tout ça ne fait réellement de sens de toute façon, tu ne sais pas ce que tu es censée dire ou faire pour lui faire comprendre que oui, tu payes chaque jour le prix des conséquences de tes actions. Par ce fossé créer entre vous, par ces liens brisés avec tes parents, par le fait que ton fils grandisse sans connaître réellement ce qu’il reste de beauté de la famille dans laquelle tu as été élevé. « Je suis désolée d’avoir menti pendant des années. Mais je ne suis pas désolée d’avoir choisi Wyatt et notre famille. » Et pour ça, tu ne t’excuseras jamais. « Et s’il ne répond pas à tes critères, et bien c’est tant pis pour toi. C’est toi qui passes à côté de la chance de connaître ton neveu. » Et c’est bien ça le plus triste à ton sens.

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heart to heart

I know holding a grudge is like holding a knife by the blade instead of the handle. Yeah I keep getting cut but I just keep holding on to the pain and I remember. I know I should've wished you well and you told me that time would help but I don't really feel it. I'm still dealing with hard feelings

Pour son fils, Garrett aurait aimé pouvoir passer outre ses ressentiments. Le laisser voir sa tante, l’amener de bon cœur chez elle pour qu’il y passe la journée ou la nuit, le laisser jouer avec son cousin. Il aurait voulu pouvoir faire le nécessaire pour que Flynn ne la réclame pas et ne commence pas à poser de questions sur pourquoi est-ce qu’elle n’était jamais invitée quand tonton et ses autres tatas l’étaient. Alors si Rosalie ne voulait pas repasser par le salon pour lui offrir ce cadeau, il n’insisterait pas. Cela leur épargnerait des questions auxquelles ils auraient besoin de trouver une réponse. « J’en parlerai à Luz. » répondit-il simplement comme si le sujet était un problème remis à plus tard. De cette manière, il n’aurait pas de réponse à donner dans l’immédiat, pourrait se permettre de rester vague. Cela aurait dû précipiter le départ de Rosie de la maison, si toutefois elle n’avait pas eu à redire sur le traitement qu’il lui offrait depuis que le scandale de sa vie personnelle avait éclaté. En faisant cela, elle lui mettait sur un plateau d’argent l’opportunité d’enfin s’exprimer sur ce qu’il pensait franchement de toute cette histoire, sur pourquoi il était aujourd’hui incapable de la traiter comme il l’avait fait toute sa vie. Elle les avait tous trahis, c’était ainsi qu’il le percevait, et il ne lui ferait pas l’affront de feinter le pardon. Cette histoire lui restait en travers de la gorge, même autant de temps après. Il ne parvenait juste pas à s’en détacher et à passer à autre chose, préférant encore la distance et le silence. Malheureusement pour eux, quand cela touchait à leurs tempéraments, ils étaient faits du même bois. Il n’y avait aucune chance que la discussion en reste à une conversation polie, pas avec tout ce qu’ils avaient sur le cœur. « Donne-moi une raison de ne pas te comparer à lui. C’est peut-être juste génétique. » répondit-il avec une exaspération évidente. Elle était engagée à un homme et avait décidé de le trahir. C’était aussi simple que cela. Pour sa défense, elle n’avait pas encore d’enfants, mais sa grossesse n’avait fait que rendre la tromperie plus condamnable. « Parce que ton fils ne leur rappelle pas exactement de bons souvenirs. A quoi est-ce que tu t’attendais ? » C’était dommage qu’il en subisse les conséquences. Injuste. Mais Rosalie avait creusé sa tombe dès le moment où elle était sortie de ses fiançailles pour aller s’envoyer en l’air. Garrett ne se sentait plus capable de ressentir de la peine la concernant, au point de ne pas culpabiliser à avoir la langue déliée. L’infidélité avait bouleversé une bonne partie de leur vie, détruit leur mère. Rosie aurait dû savoir ce que cela faisait de mêler un enfant à l’équation. Elle avait perdu la confiance de son entourage sur ses capacités à être fidèle alors évidemment que la paternité du bébé serait remise en question. Rett eut même un léger rire sarcastique à entendre les dires de leur cadette. C’était une autre hypothèse relativement plausible que Gabriel soit le fils de l’ex-fiancé. « Ce serait un sacré retournement de situation. Il faudra que je compare, à l’occasion. Et s’il te plaît, ne te plains pas d’avoir une réputation qui reflète simplement tes choix. » S’il avait été le seul, il se serait remis en question. Mais ce n’était pas le cas. Alors certes, la gravité des faits entre les actions de Rosalie et celles de leur père était différente. Les valeurs bafouées étaient pourtant les mêmes, au final. « C’est différent parce que tu n’avais pas d’enfants et que tu n’es pas retournée avec ton fiancé. Cela ne change rien au fait que tu t’es comportée comme une… » Il retint le terme de justesse. Peu importe combien il lui en voulait, il n’était pas arrivé au stade où il pourrait littéralement l’insulter. « Lachlan ne méritait pas ça. » conclut-il simplement. Il n’avait jamais été particulièrement proche de l’homme. Cependant, il ne pouvait s’empêcher de transposer la situation. S’il apprenait que Luz le trompait depuis plusieurs mois, tombait enceinte d’un autre et partait avec lui, il serait détruit. A ramasser à la petite cuillère. Et malheureusement pour sa sœur, il y pensait bien trop souvent chaque fois qu’il imaginait la pardonner. Qu’elle défende l’idée que leur père les quitte pour partir avec l’une de ses maîtresses lui attira un regard sombre. Qu’elle ne se méprenne pas, il soutiendrait certainement un divorce entre leurs parents. Juste pas pour une autre. Maintenant, Rosie voulait passer pour une bonne personne ? « Tu l’as juste brisé au passage. Heureusement que tu as pris une bonne décision Rosalie, est-ce que ça te fait te sentir mieux ? Parce que ça ne devrait pas. » Finalement faire ce qui était juste n’effaçait pas des mois de mensonges et d’irrespect.

Mais il était sincère quand il disait ne pas aimer cette situation. La rancœur qu’il ressentait à l’égard de sa sœur le pourrissait, tel un poison insidieux qui contaminait chacune de ses veines. S’il avait pu passer outre, il l’aurait fait depuis bien longtemps. C’était juste au-dessus de ses forces. Tant pis s’il en arrivait à prononcer des paroles qu’il regretterait ou à balancer des vérités qu’elle ne voulait probablement pas entendre. Il faudrait passer par-là avant de songer à réparer leur relation. Il continuait de préparer les goûter pour Flynn mais son visage crispé indiquait qu’il accusait le coup. Il savait pertinemment que Rosalie n’avait jamais su pleinement se plier à ce qui était attendu des enfants Craine. Elle ne rentrait pas dans ce moule comme Nina et lui, par exemple. « Je me fiche que tu aies décidé de sortir des rangs et de vivre ta vie comme tu l’entends. C’est le fait que tu aies abandonné toute forme de valeurs au passage qui est décevant. Alors si c’est ce qui t’a rendu heureuse, cela confirme juste que tu n’es pas la sœur avec qui j’ai grandi. » Il ne pouvait décemment pas comprendre. Il se sentait d’autant plus trahi qu’il avait appris l’affront en même temps que le reste de sa famille, notant le fait que sa cadette avait cessé de lui faire confiance bien longtemps avant que leur lien ne se rompe. Elle avait initié tout ce bazar. Pas lui. La brune marquait un point. Qu’attendait-il exactement ? Que cela lui plaise ou non, Gabriel était là, Wyatt également, ils seraient rejoints par un autre enfant. La vie avait repris son cours et Rosie était heureuse dans sa petite famille. S’il avait été rationnel, il aurait admis que de l’eau avait coulé sous les ponts depuis et que cette situation serait le nouveau normal. « Je pense que tu t’en sors trop bien. Mais je suis sans doute trop intransigeant. Peut-être que tu as raison, que tu ne devrais pas continuer à être punie pour tes mauvais choix. » Elle s’était créé une famille qui était rejetée par une majorité des Craine. Il n'avait pas besoin de jouer le bourreau dans ces conditions, pouvait même s’offrir le luxe de se dédouaner de toute responsabilité. Il n’avait aucun problème à garder leurs conflits juste entre eux et à se comporter comme si tout allait bien en public. Le fait est que les excuses n’avaient plus aucune valeur, tout autant qu’appeler à son sens moral. Il avait déjà du mal à voir Rosalie, alors son fils, qu’il voyait à peine comme un membre de la famille ? « Je suis soulagé de savoir que tu as encore le sens de la famille après tout ça. » Même si ce n’était pas la leur, ce qui justifiait le sarcasme dans sa voix. « Et je suis désolé que les enfants pâtissent de ces histoires. Ce n’est pas de leur faute. » Gabriel et Flynn méritaient de pouvoir voir leur famille, d’être entourés et aimés. « Mais je ne peux pas m’empêcher de te voir comme une inconnue aujourd’hui. Alors comment est-ce qu’on fait ? » Parce qu’il ne saurait même pas où commencer pour les réparer.

@Rosalie Craine

GASMASK

got no choices

All this pressure used to be my greatest pleasure, something that I used to treasure. Now it's just another void cause everybody's watching me. Yeah, slipping out the back door, I can't take it anymore. I'm running for my life • sheepirl.

heart to heart

ROSALIE CRAINE & @GARRETT CRAINE

« J’en parlerai à Luz. » Une réponse qui te laissait entendre qu’une fois encore, ton frère n’avait pas envie de s’encombrer du problème que tu étais devenue dans sa vie. Ce qu’il ne savait pas toutefois, c’est que tu n’avais pas besoin de sa permission pour voir sa femme, et que si Luz évitait généralement que Flynn ne l’accompagne lors de vos moments ensemble de peur que la langue du petit garçon ne se délie devant son père, elle n’aurait certainement rien contre l’idée que tu puisses passer un peu de temps avec ton neveu. Et peut-être que cette idée aurait dû te suffire, que tu aurais dû te contenter d’être venue faire ton annonce, qu’importe la réaction de ton frère et tirer ta révérence avant que les choses ne s’enveniment à nouveau, comme elles semblaient prédestinées à le faire. Mais tu n'avais pas eu cette sagesse, pas cette fois. Tu étais épuisée de laisser l’eau couler sous les ponts sans réellement savoir si le temps allait faire son œuvre un jour ou l’autre. À entendre Garrett, tu doutais que ce ne soit le cas un jour, la rancœur et la rancune encore bien tenaces entre vous deux. « Donne-moi une raison de ne pas te comparer à lui. C’est peut-être juste génétique. » Tu ne pouvais que rouler des yeux face à un tel argument qui ne valait même pas la peine que tu tentes de te défendre. Garrett se voulait aussi insultant que blessant, et tu détestais le fait que chaque commentaire venait laisser sa marque, malgré l’air stoïque que tu t’efforçais de conserver sur ton visage. Trop longtemps, tu avais cherché l’approbation et l’adoration de ton aîné, ce n’était pas quelque chose dont tu savais te délaisser complètement, même après des années de relations houleuses. « Parce que ton fils ne leur rappelle pas exactement de bons souvenirs. À quoi est-ce que tu t’attendais? » « À ce que tout le monde soit au moins capable de faire la part des choses? » que tu ne peux t’empêcher de répondre, déjà complètement exaspérée par ce genre de mentalité. Gabriel faisait les frais de tes choix, mais de tes erreurs surtout et tu ne devrais pas ça juste puisqu’il n’était qu’un enfant, un bébé qui n’avait certainement pas demander ni mériter d’être traité de la sorte. « C’est pas juste que mon fils paye le prix de mes erreurs. Tout comme c’est pas juste pour Flynn non plus. » Mais ça, tu es certaine qu’il le sait déjà, même s’il n’est pas prêt à faire les efforts pour améliorer la situation.

D’entendre ton frère sous-entendre la paternité de ton bébé à venir te faisait bouillir de l’intérieur. Tu n’étais pas de nature violente, ayant toujours maniée plus aisément les joutes verbales, et si tu n’avais jamais imaginé vouloir un jour mettre un poing dans la figure de ton aîné, la conversation actuelle venait tout remettre en question. Tu te contentais évidemment de garder tes poings serrés contre tes hanches, affichant une mine mi-amusée mi-horrifiée sous les implications que pouvaient avoir Garrett, des implications à celles que Nina avait pu tenir il y a un an de cela et tu trouvais déplorable que tes liens de sang en soient réduits à ça. Qu’ils te pensent capable de telles atrocités, même après que tu aies pris la décision de t’éloigner de tes mensonges pour éviter justement de n’être qu’une pâle version de votre paternel. « Ce serait un sacré retournement de situation. Il faudra que je compare à l’occasion. Et s’il te plaît, ne te plains pas d’avoir une réputation qui reflète simplement tes choix. » « Pardonnez-moi d’avoir cru possible que mon frère et ma sœur m’estiment pour plus que mes pires erreurs. » que tu rétorques sarcastiquement. Tu n'étais pas complètement idiote, tu savais que tes actions entraîneraient des conséquences, et pas que des petites, mais jamais tu n’aurais cru que tu ne deviendrais que ça. Rien de plus que la somme de tes erreurs aux yeux du monde, mais aussi aux yeux des personnes qui étaient censés t’aimer envers et contre tous. « C’est différent parce que tu n’avais pas d’enfants et que tu n’es pas retournée avec ton fiancé. Cela ne change rien au fait que tu t’es comportée comme une… » Si Garrett se retient de justesse, tu ne lui fais pas le plaisir de ne pas terminer sa pensée à voix haute. « Une pute? Une salope? Une trainée? Dis-moi, quel mot me convient le mieux, selon toi? » que tu craches soudainement consciente du ton de ta voix qui s’est élevé d’un cran. Tu t’efforces de prendre une longue inspiration, ne souhaitant en aucun cas alarmer ton neveu bien trop proche à ton goût. « Lachlan ne méritait pas ça. » « Je sais. » Ce point, tu n’allais jamais le contredire. Tu étais consciente du mal que tu avais pu lui causer, consciente qu’il n’y avait pas la moindre belle parole ou excuse pour justifier ton comportement, et cette culpabilité, elle te poursuivait, qu’importe si ton frère te croyait capable de la ressentir ou non. « Tu l’as juste brisé au passage. Heureusement que tu as pris une bonne décision Rosalie, est-ce que ça te fait te sentir mieux? Parce que ça ne devrait pas. » « Tu penses que je le sais pas, que je n’aurais jamais dû laisser la situation prendre de telles proportions? Tu penses que je m’en veux pas pour le mal que je lui ai fait? » Tu poses les questions sincèrement, surprise mais surtout blessée que ton frère doute de ton intégrité à ce point. « Tu m’connais mieux que ça. » Ou du moins, il devrait, même si de toute évidence, ton infidélité était venue teinter ton caractère en entier, créant un monstre aux yeux de ton frère auquel il n’avait pas envie d’accorder son pardon.

Tu avais cette désagréable sensation de te tenir sur les cendres de votre relation, constatant pleinement pour la première fois depuis presque deux ans l’étendu des dégâts. C’était pire encore que tout ce que tu avais pu t’imaginer et tu n’avais pas la moindre idée du chemin a emprunté pour tenter de réparer les choses. « Je me fiche que tu aies décidé de sortir des rangs et de vivre ta vie comme tu l’entends. C’est le fait que tu aies abandonné toute forme de valeurs au passage qui est décevant. Alors si c’est ce qui t’a rendu heureuse, cela confirme juste que tu n’es pas la sœur avec qui j’ai grandi. » « Ce n’est pas l’adultère qui m’a rendu heureuse, Garrett. C’est simplement de me défaire des attentes que tout le monde avait de moi. » Rester avec Lachlan aussi longtemps que tu ne l’avais fait, c’était d’abord et avant tout pour tes parents, pour conserver leur estime, pour jouer le rôle de la fille parfaite qui ne laisse aucun détail de travers, et Wyatt avait toujours été ton plus gros travers. Parce que tu pensais que c’était le seul chemin viable et envisageable pour toi. Parce que tu avais longtemps voulu te conformer à ça et pendant un moment, tu avais vraiment cru en être capable, mais la réalité avait fini par te rattraper et te perdre dans les bras de Wyatt avait longtemps été ta salvation, un simple moyen de supporter tout le reste. Le pire des remèdes pour la pire des trahisons, mais pendant longtemps, tu avais eu bien du mal à voir autre chose, à penser autrement. « Je pense que tu t’en sors trop bien. Mais je suis sans doute trop intransigeant. Peut-être que tu as raison, que tu ne devrais pas continuer à être punie pour tes mauvais choix. » Tu fronces les sourcils, surprise par ce changement de direction soudain, incertaine à savoir si ton frère était sincère dans ses propos ou simplement sarcastique. « Le deux-tiers de ma famille m’ignore. J’appelle pas ça bien m’en sortir. » que tu répliques agacée. En aucun cas n’avais-tu eu l’impression de t’être sortie de cette situation sans en payer les conséquences. Tu étais désolée pour tes actions, pour les mensonges, pour avoir trahi sa confiance oui. Mais tu n’étais pas désolée pour la famille que tu avais créée, celle que Garrett refusait pour l’instant de connaître et d’accepter. « Je suis soulagé de savoir que tu as encore le sens de la famille après tout ça. » « Je ne tourne mon dos à personne, moi. » C’était sans doute puérile et inutile comme commentaire, mais ton sens de la famille n’avait pas changé. Tu ferais toujours n’importe quoi pour tes frères ou tes sœurs, même dans l’état actuel des choses. Pouvait-il réellement en dire autant? « Et je suis désolé que les enfants pâtissent de ces histoires. Ce n’est pas de leur faute. » C’était bien la première chose sur laquelle vous sembliez pouvoir vous entendre en ce moment, mais était-ce réellement suffisant? « Mais je ne peux pas t’empêcher de te voir comme une inconnue aujourd’hui. Alors comment est-ce qu’on fait? » Tu échappes un long soupir, toute la colère que tu pouvais ressentir envers ton frère se transformant en une déception si grande qu’elle t’enveloppait complètement. Déçue de toi, déçue de vous, déçue de lui aussi, tu ne savais pas non plus par quel bord vous étiez censé prendre le tout pour espérer une réparation quelconque. « J’aimerais pouvoir te prouver que je suis encore la même personne, ou presque. Mais c’est difficile de le faire si tu t’entêtes à faire comme si j’existais pas à la moindre occasion. » que tu soupires longuement. Tu n’étais pas une inconnue. Tu étais encore cette fille avec qui il avait grandi, celle avec qui il avait tout vu, tout appris. Mais fallait-il encore qu’il veuille te donner une chance de le lui prouver.

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heart to heart

I know holding a grudge is like holding a knife by the blade instead of the handle. Yeah I keep getting cut but I just keep holding on to the pain and I remember. I know I should've wished you well and you told me that time would help but I don't really feel it. I'm still dealing with hard feelings

La famille était l’une des valeurs les plus importantes aux yeux de Garrett et il n’avait jamais pleinement fait le deuil de voir la sienne exploser en morceaux à cause des infidélités de leur père. Il ne se souvenait que trop bien de ce déménagement dans la honte, de cette nouvelle vie à Brisbane où il fallait prétendre que rien ne s’était passé. Il n’y avait pas eu le moindre jour qui soit passé sans que l’amertume de l’aîné Craine ne grandisse à l’égard de son paternel. Avec le temps, l’amertume s’était également étendue à sa mère qui avait renoncé à se battre, préférant la bouteille à la réalité. Les parents sur qui il aurait dû pouvoir compter étaient à la dérive depuis bien trop longtemps à cause des vices comme l’infidélité et l’alcool. Alors non, il ne parvenait pas à se résigner et à pardonner les écarts de Rosalie. Il ne pouvait pas accepter qu’elle ait sciemment reproduit ce schéma en en connaissant les circonstances. Il lui était difficilement soutenable de la voir dans les photos de famille comme si elle n’était pas le fruit pourri qui ne tombe pas bien loin de l’arbre. Durant plus de trente ans, Rett aurait fait n’importe quoi pour sa petite sœur. Il l’aurait défendue contre le monde entier. Mais depuis ce scandale, il n’était plus disposé à prendre son parti, que cela soit injuste ou non. Si leur mère notamment ne parvenait pas à accepter Gabriel, c’était pour une raison plus que légitime. « Tu ne peux pas t’étonner d’avoir perdu notre confiance. Que ce soit juste ou non, personne n’est tenu de te pardonner. » Dans le meilleur des cas, son fils serait le vilain secret de famille, celui qu’on chuchote dans son dos de manière anecdotique. Dans le pire des cas, il serait éternellement perçu comme le fruit d’une infidélité, comme le gamin qui ne fait pas vraiment partie de la famille. Celui qui dérange. « Ma priorité est de préserver Flynn. » Et pour cela, la situation actuelle leur convenait. Le petit garçon ne posait pas trop de questions, acceptait sans réaliser les tensions dans la famille. Tout était question d’habitude.
Et Garrett s’était habitué à l’indifférence. Cela ne lui offrait aucun plaisir particulier de se disputer avec Rosie ou de lui cracher ses vérités au visage. Il ne se sentait pas soulagé à mettre des mots sur combien il était déçu et dégoûté par sa cadette. Tout ce qui était en train de se dire dans cette cuisine justifiait qu’il ait préféré garder le silence tout ce temps. Il n’avait aucune idée de s’ils se remettraient de ce différend, et si oui, quand. Il n’avait plus la moindre certitude concernant sa sœur, au point de comprendre les agissements de Nina. C’était tragique d’en arriver à un point où ils doutaient même de la paternité de leur neveu, jugeant les ressemblances comme s’il s’agissait d’un pari sous la table. Garrett était profondément indifférent à la révolte qui se lisait sur le visage de sa sœur, se retenant de lever les yeux au ciel. C’était peut-être là le fond du problème. Ils estimaient Rosie tellement fort que cette histoire avait rendu la déception et les désillusions extrêmement dures à encaisser. « On aurait accepté bien des erreurs de ta part. Mais celles-ci… » Il secoua la tête. Il y avait une énorme différence entre faire une erreur et reproduire un schéma destructeur. Ils pourraient argumenter pendant des heures sur le fait que Rosalie n’avait pas fait comme leur père, cela ne rendait pas le méfait moins grave. Garrett était tout bonnement dégoûté d’imaginer que pendant des mois, elle avait été capable de mentir à son fiancé les yeux dans les yeux. Le mépris était palpable, manqua de lui faire prononcer un terme qu’il regretterait. Il s’était tu juste avant, mais trop tard pour ne pas provoquer sa sœur. « Moins fort. » souffla-t-il sur un ton de réprimande, sourcils froncés. « Choisis le terme que tu préfères. » Il ne lui donnerait pas la satisfaction de prononcer lui-même une telle horreur. Mais elle avait l’idée. Il était passablement impressionné que Wyatt soit resté. S’il avait appris que Luz avait eu une relation extra-conjugale pendant des mois, il n’aurait plus jamais été capable de la regarder dans les yeux. Ce n’était juste pas quelque chose qu’il pouvait concevoir, encore moins quand il continuait de se flageller pour une coucherie avec une autre, alors même que son mariage était en suspens. Non. Il ne pourrait jamais comprendre. Peu importe l’angle de l’histoire, il n’y avait aucun moyen pour lui d’éprouver un tant soit peu de compassion pour sa cadette. Il restait à prendre le parti de son ex-beau-frère. Il ne doutait pas qu’elle regrette amèrement ses agissements, qu’elle soit parfaitement consciente de ses erreurs. « Parfois, être désolée ne suffit pas. » Ils en revenaient toujours au même point. Si elle avait juste été infidèle, peut-être que cela aurait fini par s’oublier. Mais elle continuait de parader avec l’homme avec qui elle était partie et avec leur enfant, rendant la tâche du pardon excessivement difficile.
Il l’aurait soutenue dans n’importe laquelle de ses décisions, juste pas ça. Et il était fatigué d’entendre dire que le problème venait de leur famille quand elle avait de toute évidence bafoué les plus basiques des notions de respect. « Rien ne t’empêchait de rompre avant d’aller t’envoyer en l’air. Ne cache pas ta lâcheté derrière des histoires d’attentes. » Ils avaient cette réputation d’être la famille parfaite, celle qui ne sort pas des clous. Mais elle aurait pu s’en sortir avec une rupture et des fiançailles brisées si elle avait fait les choses dans les règles. A la place, elle avait opté pour le scandale, pour l’impardonnable. Garrett avait la sensation qu’ils pourraient tourner en rond pendant des heures sans jamais se comprendre à ce sujet. Il n’avait pas besoin d’elle pour lui rappeler qu’il ne pourrait pas passer sa vie entière à la punir pour ses choix. Il n’accepterait jamais, n’approuverait jamais, mais cela faisait presque deux ans que cette situation durait. Un jour, il faudrait bien qu’il décide d’y faire face et essaye de pardonner. Lui-même n’était pas certain de le vouloir honnêtement ou de juste se cacher derrière une façade de sarcasme, à ce stade. « Ça aurait pu être pire pour toi. » Ils étaient tellement concentrés à sauver les apparences qu’ils étaient obligés de jouer l’unité aux événements de famille. Sans cela, elle aurait pu être exclue par bien plus que deux tiers de leur famille. Il ne se fatiguerait pas à répéter qu’elle l’aurait mérité. Il ne put retenir un léger rire sans joie. C’était gonflé de sa part de prendre le beau rôle de celle qui ne tourne le dos à personne. « Tu trahis juste leur confiance. Ce n’est pas mieux. » Et il espérait sincèrement que les effets ne seraient pas irréversibles et qu’un jour, il serait capable de lui pardonner. C’était difficile à concevoir pour le moment. Il pourrait prétendre avoir besoin de temps, mais il en avait déjà bien assez eu et savait que ce n’était pas une solution. Peut-être qu’il fallait juste qu’il parvienne à prendre de la distance, essayer de se détacher de ses rancœurs pour prioritiser le bien de sa famille. « Crois-moi, l’ignorance a été la meilleure option. Tu n’aurais pas eu envie d’avoir cette discussion en public. » Et surtout pas avec des oreilles indiscrètes autour. Pensivement, l’homme terminait de préparer le goûter pour son fils, s’offrant une distraction pour ne pas avoir à regarder sa sœur. « Je suis prêt à essayer. Mais je ne peux rien te promettre. » Il n’avait aucune idée de s’ils parviendraient à retrouver leur complicité d’avant ou de s’il réussirait à pleinement accepter Gabriel et ce futur bébé à venir. Wyatt ne rentrait même pas dans cette équation ; Garrett avait ses limites.

@Rosalie Craine

GASMASK

got no choices

All this pressure used to be my greatest pleasure, something that I used to treasure. Now it's just another void cause everybody's watching me. Yeah, slipping out the back door, I can't take it anymore. I'm running for my life • sheepirl.

heart to heart

ROSALIE CRAINE & @GARRETT CRAINE

« Tu ne peux pas t’étonner d’avoir perdu notre confiance. Que ce soit juste ou non, personne n’est tenu de te pardonner. » Peut-être que c’était ça, le plus difficile à avaler dans toute cette histoire. Le fait que personne n’est tenu de te pardonner, comme aime tant te le rappeler ton ainé. Tu l’avais bien compris, tu ne tentais pas de te mettre à genoux devant quiconque depuis bien longtemps, tu pouvais généralement vivre ta vie sans ressentir le besoin constant de plaider ta cause auprès des siens. Mais malgré tout ça, ça ne voulait pas dire que tu ne ressentais pas un certain vide, que l’envie de recoller les morceaux étaient complètement inexistantes. Ta simple tentative de communication avec Garrett aujourd’hui prouvait que l’envie existait encore, bien que pousser par ta nouvelle a annoncé. Une nouvelle qui ne ferait pas plaisir, pas à Garrett, pas à vos parents non plus. Une nouvelle dont tu continuerais néanmoins de te réjouir parce que c’est ce que tu voulais, ce que Wyatt voulait, ce qu’il y a de mieux pour votre fils et votre unité qui se renforcit avec le temps. Tu aimerais simplement que les Craine puissent le voir ainsi, au-dessus de tes erreurs de jugement et de ce commencement pour le moins bancal. Mais les apparences l’emportaient sur le reste et cette bataille-là, tu craignais qu’elle ne soit perdue d’avance. « Ma priorité est de préserver Flynn. » « Je respecte ça, mais il viendra un moment où il va comprendre que les choses ne sont plus comme elles étaient, qu’il va se demander pourquoi il peut pas voir ses cousins et j’ai bien hâte d’entendre les belles raisons parfaites que tu vas lui sortir à ce moment-là. » Parce qu’il préserverait les apparences, ton frère, comme on vous avait appris à le faire à la perfection, et tu savais d’avance que tu détesterais de voir le mur imposé entre tes enfants et le fils de ton frère, même si tu n’étais pas en position de le faire tomber par toi-même. Non, tout le pouvoir reposait et reposerait éternellement entre les mains de Garrett, du moins jusqu’au jour où vos enfants seraient assez grands pour décider pour eux-mêmes, une faculté qui était malheureusement souvent réprimé chez les Craine.

« On aurait accepté des bien des erreurs de ta part. Mais celles-ci… » Tu pourrais argumenter longtemps. Lui dire que tu ne crois pas qu’ils auraient accepté la moindre erreur de ta part, qu’importe de quoi ladite erreur aurait été faite parce qu’on ne doit pas faire d’erreur, chez les Craine. La pression était la même pour tous les enfants, et quand tu étais devenue auteure plutôt que de te lancer en business, il t’avait fallu faire tes preuves d’autant plus pour ne pas créer une vague de déceptions, et tu savais que Rory avait ressenti cette même pression lorsqu’il s’était tourné vers le cinéma après sa blessure. Wendy quant à elle, se rebellait contre tout et tout le monde et tu rirais avec force si Garrett venait qu’à prétendre que vos parents ne se donnaient pas pour mission de lui rappeler constamment leurs déceptions. Alors non, tu ne pouvais pas croire qu’une autre erreur aurait emmené une réaction différente de la part de tes parents. Mais de Garrett? Oui, sans doute. Tu ne t’attendais pas à être juger si durement dès le départ, mais voilà que tu ne savais plus quoi dire ni quoi faire pour lui faire changer son opinion à ton sujet. Surtout que ladite opinion était encore plus tranchante que tout ce que tu aurais pu penser, vu les choix de mots qu’il s’évitait de dire à ton égard mais qu’il pensait tout de même très clairement. « Moins fort. » « J’suis pas une gamine que tu peux réprimander. » que tu répliques entre tes dents, faisant néanmoins attention à ton volume, ne serait-ce que pour ne pas alarmer Flynn qui ne méritait aucunement de se retrouver au milieu de ce cirque. « Choisis le terme que tu préfères. » Si ton regard dur n’en démontrait rien, ton cœur se brisait de savoir que c’était désormais l’opinion que Garrett se faisait de toi. « Parfois, être désolée ne suffit pas. » Tu ne peux que hocher les épaules à une telle réponse. Tu ne pouvais rien faire de plus à ce stade-ci. Des décisions avaient été prises, autant dans le passé qu’aujourd’hui, et s’il y en avait plusieurs que tu regrettais et regretterais toujours amèrement, ta famille et même les circonstances dans lesquelles elle a été emmené à être ne seraient jamais des choses que tu regretterais.

« Rien ne t’empêchait de rompre avant d’aller t’envoyer en l’air. Ne cache pas ta lâcheté derrière des histoires d’attente. » « Oui, c’était beaucoup plus simple comme ça, je l’admets. » Évidemment que c’était plus simple de préserver les apparences aux bras de Lachlan. Évidemment que c’était lâche de ta part de ne pas juste assumer que tu n’étais pas amoureuse de Lachlan, que tu ne le serais jamais. C’était lâche de te cacher derrière cette relation parce que tu voulais un homme que tes parents n’approuveraient jamais, que pendant longtemps, tu n’étais même pas certaine de pouvoir assumer complètement toi-même. Des pensées horribles que tu abhorrais aujourd’hui, mais que tu ne saurais pleinement nier. « Dis-moi, tu l’accepterais pour ce qu’il est Wyatt, si j’étais retournée avec lui sans tout le scandale? Sans la tromperie et le bébé? » Tu le regardes avec intensité, voulant entendre une chose mais persuadée de son contraire. « Ça aurait pu être pire pour toi. » Vous tournez en rond et tu perds intérêt à ce débat qui n’en est pas réellement un. Garrett est borné et ne compte pas réellement voir les choses de ton point de vue, et tu dois admettre que tu en as plus qu’assez d’être classifiée comme la grande vilaine pour des choix qui sont, au final, des trucs qui ne touchent que toi. « Tu trahis juste leur confiance. Ce n’est pas mieux. » « Aux dernières nouvelles, maman a pardonné papa pour sa traînée de maîtresse, et papa est celui avec les maîtresses, donc niveau confiance je suis pas certaine qu’ils soient en position de faire mon procès. » Tu te pinces les lèvres avec force. Tu savais que tu étais hypocrite toi aussi, de juger si durement votre père pour ses maîtresses, mais c’était plus fort que toi. Tu ne comprenais pas comment il pouvait continuer de faire ça à votre mère, ou comment est-ce qu’elle pouvait simplement accepter cette réalité sans vouloir s’en extraire. Malgré les insultes et la discussion difficile, Garrett semble volontaire à entrouvrir la porte, ne serait-ce que d’un pouce ou deux, ouverture sur laquelle tu t’empresses de te jeter, même si un peu de collaboration de ton aîné ne serait pas un luxe pour t’aider. « Crois-moi, l’ignorance a été la meilleure option. Tu n’aurais pas eu envie d’avoir cette discussion en public. » « J’ai plus rien à cacher. » Tu hausses les épaules. En public ou non, tu lui aurais dit exactement ce que tu as dit ici aujourd’hui, avec autant de honte pour certaines parts et d’excuses pour d’autres, mais néanmoins avec toute l’honnêteté dont tu essayes désormais de faire preuve. « Je suis prêt à essayer. Mais je ne peux rien te promettre. » Tu hoches la tête. Tu es prête à vivre avec ça, même si tu ne sais pas à quel point il est réellement prêt à y mettre des efforts. « Au mariage de Rory, est-ce que tu penses que ce serait possible de remplir nos rôles de témoins sans être obligés de faire comme si on se connaissait pas? Je veux vraiment que Swann et lui aient une journée parfaite, et ça me semble être une belle opportunité pour nous deux de… Je sais pas. Faire mieux? » Être comme avant. C’est ce que tu voudrais lui dire, mais tu n’es pas assez naïve pour croire que ce serait une requête à laquelle il répondrait favorablement.

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