To become stronger you must first face your weakness. -- @Freya Vranken

TW : drogue

17 avril 2023

C’était à reculons que Cameron était entré en cure de désintoxication un mois plus tôt. Jamais il n’aurait cru que la drogue deviendrait un jour un problème pour lui, mais il réagissait mal au stress depuis son accident et sa prise de décision s’en voyait affectée. Persuadé qu’il réussirait à s’en sortir seul, il avait tenté de cacher le problème à ses proches et l’avait même nié lorsque plusieurs d’entre eux l’avaient confronté à ce sujet. Jusqu’à ce qu’il s’avoue vaincu face à Edison qui lui avait fourni les coordonnées de son dealer en décembre sans se douter que son ami allait tomber dans un puits sans fond. Il avait accepté d’y aller pour sa fille Hannah pour qui il ne voulait pas devenir qu’un simple souvenir. Elle avait été sa motivation durant les vingt-huit jours qu’il avait passé là-bas, surtout les premiers où les symptômes de sevrage avaient été les plus forts et que la petite voix dans sa tête lui répétait qu’il n’y arriverait pas. Il n’était pas encore sorti du bois, mais la thérapie lui avait fait beaucoup de bien. Pour une fois depuis très longtemps, le guitariste avait le sentiment d’avoir fait le bon choix même s’il s’était senti un peu forcé au départ. Depuis sa sortie deux jours plus tôt, il tentait tant bien que mal de reprendre sa vie en main et il s’y prenait mal. Avant même qu’il n’entre en cure, il remettait en question sa relation avec Charlie. La thérapie et tout le temps qu’il avait eu pour penser lui avaient permis de confirmer que les sentiments qu’il avait pour elle n’étaient pas de nature amoureuse et que la chose à faire était de mettre un terme à leur relation. Il n’en demeurait pas moins qu’il appréciait sincèrement la jeune femme qui avait été très présente pour lui dans la dernière année et surtout dernièrement tandis que le problème de consommation de Cameron pouvait avoir des conséquences sur son emploi. Craignant de lui faire de la peine, il avait préféré repousser le moment de l’annonce en faisant comme si tout allait bien, mais il s’était impatienté et les mots étaient sortis tous croches lorsque Charlie avait insisté après lui avoir demandé si leur relation n’était pas optimale parce qu’il y avait quelqu’un d’autre. Depuis, elle était en colère contre lui et il culpabilisait, d’autant plus qu’il savait que Hannah serait triste d’apprendre qu’elle ne reverrait probablement jamais la blonde à qui elle s’était déjà attachée.  

Depuis sa sortie de cure, Cameron n’avait pas encore eu l’occasion de revoir sa fille puisqu’elle était à l’extérieur de Brisbane avec sa mère. Lorsqu’il avait tenté d’appeler Lyla, elle avait été expéditive, mais ils s’étaient entendus pour se parler aujourd’hui d’Hannah. Croyant qu’ils allaient discuter horaire et ainsi déterminer quand Cameron pourrait prendre le relai auprès de leur fille, c’est relativement de bonne humeur qu’il téléphona à son ex. « Hannah est proche de toi? Je peux lui parler? » demanda-t-il en se penchant pour ramasser un bout de tissu fleuri qui dépassait de sous son lit juste avant de reconnaître la robe que Freya portait lorsqu’il l’avait amenée à bord de son voilier. Les sourcils froncés, il retourna le vêtement dans sa main sans trop comprendre ce qu’il faisait dans sa chambre. Est-ce que sa chambre avait fait office de chambre d’hôtel pour la ville au grand complet pendant son absence? Plus rien ne l’étonnait de la part de Zoya, d’autant plus qu’elle s’était bien moquée de lui lorsqu'il lui avait dit qu’il voulait que personne n’entre dans sa chambre quand elle avait ouvert leur résidence aux inconnus. « Elle est avec mes parents. » Le ton de voix de son ex ainsi que sa réponse rendirent le guitariste suspicieux. « Je pensais que vous reveniez pas avant quelques jours? Dans ce cas, je peux passer la chercher ce soir? » Lyla prit quelques secondes avant de répondre. « Pas ce soir. » Il se gratta la nuque en haussant les épaules. « Demain? » Même délai, même hésitation de la part de la jeune femme. « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée Cam. » Pris au dépourvu, le Lewis prit place sur son lit en riant nerveusement. Il commençait à se douter où leur discussion s’en allait et il n’aimait pas ça. « Tu ne vas quand même pas m’empêcher de voir Hannah? » Silence. « T’es sérieuse? » Sans même la voir, son malaise était palpable. « Ça ne me fait pas plaisir de faire ça, mais comprends-moi Cam… Comment tu veux que je te fasse confiance? Je ne peux pas mettre Hannah à risque alors que tu pourrais rechuter. Je suis désolée… » À peine était-il sorti de cure qu’elle ne croyait pas en lui et le constat lui faisait mal. Il faisait des efforts pour aller mieux et ce n’était pas suffisant. Il se faisait punir. Déboussolé, il se releva pour faire les cents pas dans sa chambre. « Lyla s’il te plait… tu ne peux pas m’enlever Hannah… Lyla? » Il décolla son téléphone de son oreille et constata qu’elle avait mis fin à l’appel. Il tenta de la rappeler immédiatement, mais il tomba directement dans sa boîte vocale.

Il s’était attendu à tout sauf à ça. Hannah était ce qu’il avait de plus précieux et il était incapable d’imaginer sa vie sans elle. Toutefois, il n’avait présentement pas l’énergie de se lancer dans une bataille judiciaire pour pouvoir la voir, surtout quand il partait avec une longueur de retard étant donné son problème de consommation. Et si le juge tranchait en faveur de Lyla? Juste y penser lui donnait la nausée. Les mains tremblantes, il tenta d’appeler Zoya pour lui demander si elle pouvait venir le rejoindre à la maison, mais elle ne répondit pas à son appel. Il se retrouvait seul et vulnérable en compagnie de son envie de consommer grandissante. Au fond de lui, il savait que c’était stupide et qu’il donnerait plus de poids à son ex s’il rechutait, mais le besoin de sentir mieux était plus fort que lui. Sans réfléchir davantage, il se leva d’un bon et vida sur le sol le contenu des tiroirs de sa commode jusqu’à ce qu’il y trouve un petit sachet de plastique contenant de la cocaïne. Il observa le fruit défendu au creux de sa main pendant quelques secondes tandis qu’il sortait de sa poche son trousseau de clés. Avant qu’il ne soit trop tard, la porte de sa chambre s’ouvrit et le sachet tomba sur le sol. « Freya?! » Son regard se posa sur le sachet qu’il ramassa sans même se dépêcher. Elle avait eu le temps de le voir, il n’y avait aucun doute là-dessus. « Ce n’est pas ce que tu crois… C’est du vieux stock que je viens de retrouver dans mes affaires. » se défendit-il même si l’état de sa chambre ne laissait aucun doute sur le fait qu’il avait mis beaucoup d’énergie à retrouver sa drogue. Honteux, il soupira en baissant la tête, ses épaules s’affaissant. « Je suis tellement con… » dit-il en s’assoyant lourdement sur son lit. Le sachet entre deux doigts, il posa ses coudes sur ses cuisses en glissant ses doigts dans ses cheveux. « Lyla ne veut pas que je vois Hannah… » confia-t-il la gorge nouée pour se justifier. Du bout des doigts, il posa le sachet à côté de lui sur son lit. « Jettes le s’il te plait… » l’implora-t-il en posant finalement son regard voilé sur elle. « N’en parle pas à Zoya s’il te plait… » Il savait qu’il mettait la brune dans une position délicate, mais il ne pouvait pas décevoir sa sœur une fois de plus.

To become stronger
you must first
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Freya Vranken & @Cameron Lewis

TW : drogue

17 avril 2023.

S’il y avait bien une chose qui la tracassait dans cette situation, c’était de devenir un poids pour Zoya. La suédoise avait passé des nuits difficiles tout au long du mois de mars et avait profité de leur voyage à Los Angeles pour initier une conversation à cœur ouvert. Elle lui avait confié cette crainte — qui la prenait jusqu’aux tripes — de rester seule chez elle depuis qu’elle recevait ces lettres. La première était arrivée en sortant d’un gala organisé au QAGOMA. L’enveloppe n’avait pas été déposée dans sa boîte aux lettres, comme un courrier ordinaire, mais glissée dans la modique fente située sous la porte du loft. Son entrée, son cocon, son intimité… Le cœur de la jeune femme s’était contracté quand elle avait lu le mot, écrit visiblement à la hâte, et dirigé contre Charles. Elle avait pu lire, entre les lignes, cette rage injuste qui s’abattait sur elle dans l’unique but de faire plier l’homme d’affaires. Intimider la fille pour atteindre le père, le scénario classique d’un très mauvais thriller. Malheureusement Freya n’était pas la bonne cible, et pour cause, l’effrayer à coups de lettres délétères n’avait pas fait bouger le patriarche d’un millimètre. Charles s’en fichait. Il ne suffisait pas de s’en prendre au fruit d’un caprice de son épouse pour le forcer à mordre à l’hameçon. Sous la surface, les choses étaient bien plus compliquées que ça…
Les lettres avaient alors continué d’arriver, plus nombreuses, plus détaillées. Elles relataient l’intégralité des journées de Freya, les lieux et personnes qu’elle fréquentait, la manière dont elle s’habillait. Elles précisaient même, parfois, la façon dont elle occupait ses soirées lorsqu’elle était seule chez elle. La jeune femme se sentait épiée, menacée, en danger ; des heures pouvaient défiler durant lesquelles elle fixait les baies vitrées ou la porte d’entrée, inquiète à l’idée qu’un forcené ne pénètre son intérieur. Mais Charles ne réagissait toujours pas. Quelque part, Freya doutait qu’il ne sache rien de cet engrenage complexe dans lequel elle était prise au piège, et se sentait cruellement seule parmi les siens.

Après un long débat interne, des nuits sans sommeil, et l’interdiction formelle d’en faire état à qui que ce soit, la suédoise avait craqué et s’était confiée à Zoya. Cela faisait donc deux semaines qu’elle occupait la chambre de Cameron au #86 Agnes Street en compagnie de Zeus. Sa bataille intérieure faisait toujours rage mais, mettre les pieds et passer ses nuits dans l’antre de quelqu’un qu’elle avait connu enfant avait un côté rassurant. C’était à la fois drôle et déconcertant de partager, à distance et sans qu’il ne le sache, l’intimité du fils Lewis. Alors qu’elle contemplait son reflet dans le miroir de la salle de bain, un soupir s’exhala des lèvres de la suédoise. Elle avait rapidement eu connaissance de son entrée en cure de désintoxication et s’était demandée si, la dernière fois qu’elle l’avait vu, Cameron avait déjà sombré dans les alcaloïdes. Elle s’était interrogée sur le point de départ de cette descente aux enfers et les raisons qui l’avaient poussé à tout abandonner. Parce que c’était de ça qu’il s’agissait selon elle ; il avait baissé les bras.
Elle se redressa de toute sa hauteur et glissa ses doigts dans sa crinière brune, démêlant hâtivement quelques mèches avant de se diriger vers la chambre de Zoya, où elle avait entreposé ses affaires pour rendre la sienne à son propriétaire. Elle s’arrêta toutefois à mi-chemin, en alerte devant une succession de bruits inhabituels. Sa silhouette pivota de trois quarts et ses iris fixèrent la porte de la pièce qui avait été sienne durant deux semaines. Serait-ce…? Sans prendre la peine de toquer ou qu’on ne l’y autorise, la suédoise entra. « Je peux savoir ce que tu fais ? » Les lèvres entrouvertes, elle resta interdite quelques secondes. Cameron venait de se relever, un sachet rempli de poudre blanche entre les doigts. Le contenu de ses tiroirs semblait intégralement avoir été vidé sur le sol, probablement à la recherche du graal qu’il tenait honteusement dans la main.

Tandis qu’il se justifiait, Freya referma la porte et appuya son dos contre le chambranle. « Ça j’en n’en doute pas. » Il n’avait sûrement pas eu le temps de faire le tri avant de fouler le sol du centre de désintoxication. « Mais j’ai plutôt l’impression que tu voulais le trouver. » Ses sourcils se plissèrent et elle pencha légèrement la tête sur le côté. Depuis son retour, la jeune femme n’avait pas eu l’occasion de le croiser, ni de lui souhaiter un joyeux anniversaire qu’il n’avait sûrement pas fêté. Les vingt-huit jours qu’il avait passé en cure semblait seulement l’avoir rendu malheureux. Son visage était creusé et ses épaules affaissées. Si d’ordinaire la suédoise n’aurait pas manqué l’occasion de le taquiner, elle ravala immédiatement la plaisanterie qu’elle avait au bord des lèvres. « C’est juste une mauvaise passe. » — qui suscitait des tas de questions auxquelles il n’était pas prêt à répondre. Elle se détacha lentement de la porte et remis en ordre une partie des effets personnels de Cameron. Il n’était pas question qu’elle ressorte de cette chambre comme si rien ne s’était passé, comme si elle n’avait rien vu et, surtout, sans ce petit sachet en plastique. « Elle s’inquiète, c’est tout. » Et même si Freya s’efforçait de le rassurer, elle n’avait pas l’intention de mentir. Lyla n’était plus suffisamment proche de lui pour comprendre ses doutes, ses incertitudes, s’assurer qu’il soit en état de prendre soin d’Hannah. « Et elle ne te laissera probablement pas la voir si tu replonges. » Aucune mère ne le ferait. Elle attrapa le sachet de cocaïne qu’il avait posé sur son lit et le glissa dans la poche arrière de son jean. Malgré les circonstances et leurs désaccords, elle était touchée qu’il lui fasse suffisamment confiance pour s’en débarrasser. La suédoise hocha doucement la tête lorsqu’il formula sa demande. « Je suis au courant. Pour la cure de désintoxication. » Ses pupilles rencontrèrent les siennes et la brune soutint son regard sans réellement réussir à lire en lui. Évidemment, elle ne trahirait jamais ce secret s’il n’en avait pas parlé à son entourage mais elle tenait à lui faire comprendre qu’elle faisait partie de ceux qui étaient dans la confidence, de ceux qui tenaient à lui. « Je ne te le dis pas pour qu’on en parle mais pour que tu saches que tu n’as pas besoin de porter de masque. Pas avec moi. »

Les bras chargés, elle se dirigea vers les tiroirs de la commode qu’elle remplit très aléatoirement. Elle ne doutait pas qu’il les viderait à nouveau pour remettre chaque chose à sa place dès qu’il serait en état de le faire. Elle se figea néanmoins à la mention de Zoya. « Cam’… » Une grimace déforma ses traits et une longue expiration abaissa sa poitrine. Sa silhouette pivota complètement, de sorte à ce qu’elle se retrouve en face de lui. « T’es en train de me demander de choisir entre elle et toi. » Sa voix était douce, presque plaintive. « Tu connais Zoya bien mieux que moi. Si elle apprend que je lui ai caché ça, elle ne me le pardonnera pas. » Et ce n’était pas la seule chose qu’elle n’avait pas encore osé lui dire… La suédoise le rejoignit, s’asseyant à son tour sur le lit. Ces derniers temps, elle ne savait plus comment agir avec Cameron ; quand elle devait se montrer proche, quand elle ne devait pas le faire. Aujourd’hui encore, elle peinait à savoir quel niveau de proximité et de familiarité elle pouvait se permettre d’avoir. Un nouveau soupir s’exhala d’entre ses lèvres, ses iris cherchèrent les siennes. « Écoute, je promets de rien lui dire si tu me promets de tout faire pour ne pas replonger. » Est-ce qu’elle prenait un risque inconsidéré ? Est-ce qu’elle sautait, les pieds joints, dans la gueule du Lion ? Mille contre un qu’elle finirait par le regretter. « T’es avec moi ? » demanda-t-elle en lui tendant le petit doigt pour sceller leur pacte.

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17 avril 2023

« Je peux savoir ce que tu fais ? » Le cœur battant la chamade, Cameron se sentait comme un enfant qui venait de se faire prendre la main dans le sac et qui était sur le point de se faire gronder par ses parents comme lorsqu’il était gamin. Sauf que même s’il tentait de faire croire à ses parents que Zeke était responsable des marques rouges sur le mur de la salle de bain, il suffisait de voir ses doigts barbouillés d’encre et le stylo que son ainé tentait tant bien que mal de cacher derrière son dos pour comprendre qu’il était coupable. Cacher la vérité à Freya ne servait strictement à rien, mais il essaya tout de même de justifier le bordel qu’il avait créé dans sa chambre. « Ça j’en n’en doute pas. Mais j’ai plutôt l’impression que tu voulais le trouver. » Et elle avait absolument raison comme en témoignait l’air coupable qu’arborait le brun et le silence dans lequel il se mura. « C’est juste une mauvaise passe. » Il sourit tristement en fixant ses mains dont il avait rongé les ongles pendant les longues heures qu’il avait passées à résister à l’envie de consommer pendant qu’il était en sevrage en cure. Juste un petit un peu, une dernière fois… jusqu’à la prochaine fois. « J’en ai plein le cul, elle a assez duré la mauvaise passe là… » Freya essayait sans doute de l’encourager et de le réconforter, mais il était fatigué de toujours devoir se battre et ce même contre lui-même. « Je suis fatigué… Chaque fois que je pense que ça va mieux, je me prends un mur. » Les dernières semaines avaient été incroyablement difficiles, mais il avait réussi à passer au travers et il était fier de lui. Il pensait sincèrement pouvoir mettre de l’ordre dans sa vie en retrouvant sa liberté et que c’était le début d’une nouvelle ère pour lui, qu’il allait enfin aller mieux, mais la décision de Lyla le tirait vers l’arrière. Il était encore bien trop fragile pour pouvoir encaisser le choc de sa discussion avec elle sans risque. « Elle s’inquiète, c’est tout. Et elle ne te laissera probablement pas la voir si tu replonges. » Il soupira bruyamment en laissant échapper une grimace. « Je sais… je suis un abruti. » Zoya avait raison. « Je fais juste me saboter comme un imbécile. Je vais finir par tout perdre… » Frustré contre lui-même, il ferma les yeux et asséna plusieurs coups sur le côté de sa tête avec sa paume en poussant des plaintes. « Je suis au courant. Pour la cure de désintoxication. » Il s’en doutait considérant ses dernières paroles, mais aussi parce que Zoya parlait beaucoup trop surtout lorsque ça ne la concernait pas. Au final, ce n’était pas une mauvaise chose puisqu’il voyait en Freya une alliée qui ne le jugeait pas actuellement malgré ses écarts. « Je ne te le dis pas pour qu’on en parle mais pour que tu saches que tu n’as pas besoin de porter de masque. Pas avec moi. » Ce n’était pas pour rien qu’il lui avait demandé de se départir du sachet de cocaïne qu’il avait trouvé dans ses tiroirs, il avait bien plus confiance en elle qu’en lui pour faire ce qu’il fallait.

« Cam’… T’es en train de me demander de choisir entre elle et toi. Tu connais Zoya bien mieux que moi. Si elle apprend que je lui ai caché ça, elle ne me le pardonnera pas. » Il était conscient qu’il la mettait dans une position délicate considérant la relation qu’elle entretenait avec sa sœur depuis leur plus tendre enfance. Même si Freya et lui avaient retrouvé un semblant de la proximité qu’ils avaient lorsqu’ils étaient enfants, il était clair que Zoya aurait toujours le dessus sur lui en ce qui concernait Freya. Après tout, sa sœur avait raison même quand elle avait tort aux yeux de la suédoise, ce qui était bien loin d’être son cas à lui qui partait plutôt avec une longueur de retard. « Je sais… Elle va tout le temps être sur mon dos si elle l’apprend. » S’il laissait entendre que sa sœur allait l’énerver en le chaperonnant en permanence si elle venait à apprendre ce qu’il s’était passé, c’était plutôt parce qu’il ne voulait pas la décevoir une fois de plus qu’il demandait à la brune de ne pas en parler. Les moqueries et les insultes entre les deux Lewis n’étaient qu’une comédie parce qu’ils étaient bien trop handicapés émotionnellement parlant pour se montrer qu’ils s’aimaient autant. « Écoute, je promets de rien lui dire si tu me promets de tout faire pour ne pas replonger. » Les sourcils haussés, il releva la tête et plongea son regard dans celui de la jeune femme. Un poids énorme venait de disparaître de ses épaules. « Pour vrai? » demanda-t-il à voix basse avant de pousser un long soupir de soulagement en laissant sa tête tomber vers l’arrière. « T’es avec moi ? » Sans aucune hésitation, Cameron hocha rapidement la tête. Il était prêt à lui masser les pieds pendant un mois s’il le fallait pour que Zoya n’apprenne jamais qu’il était passé à deux doigts de rechuter. « Tout ce que tu veux. » Jamais il ne prononcerait ces paroles en compagnie de sa sœur, sous peine de le regretter. « Je vais aller à un meeting demain » s’engagea-t-il pour démontrer sa bonne volonté tout en encerclant le petit doigt de Freya du sien. Il devait également appeler pour prendre rendez-vous pour continuer sa thérapie, mais verbaliser qu’il avait besoin d’aide psychologique était encore difficile même s’il avait vu en cure les bénéfices que la thérapie lui apportait. Lorsqu’il sentit son téléphone vibrer, Cam lâcha le petit doigt de Freya et sortit l’appareil de la poche de son pantalon. Sur son afficheur apparaissait le nom de sa sœur unique à qui il n’avait pas du tout envie de parler actuellement pour ne pas l’inquiéter. Au bout de quelques secondes, il déclina l’appel et lui envoya plutôt un SMS.

L'abruti
C’est bon, je cherchais juste quelque chose et Freya est arrivée donc elle m’a aidé à le trouver. On se voit plus tard.

Depuis qu’ils avaient recommencé à se voir sur une base plus « régulière », Cameron ne manquait pas une occasion de faire réagir Freya en se moquant. La rivalité venait des deux côtés et la jeune femme se défendait avec finesse. Au fil de leurs rencontres, l’animosité qu’il pouvait ressentir pour elle s’était transformée en affection et bien plus encore. Il s’était rendu compte en thérapie qu’il était avec Charlie pour les bonnes raisons et que son cœur ne battait pas au même rythme que lorsqu’il était en compagnie de Freya. Même s’il était convaincu qu’il n’avait aucune chance avec elle, encore moins dans l’état dans lequel il se trouvait, elle était la raison pour laquelle il avait décidé de mettre un terme à sa relation avec la blonde. Qu’il veuille l’admettre ou non, la brune occupait bien trop ses pensées et ce n’était visiblement pas près de changer considérant qu’elle habitait temporairement avec les deux Lewis. « Est-ce que tu planifiais partir quelque part? » C’était sa façon de lui demander si elle pouvait rester pour lui tenir compagnie afin qu’il ne fasse pas quelque chose qu’il pourrait regretter.