(dahlia & nicholas) would it be enough If I could never give you peace?

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{would it be enough If I could never give you peace?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Dahlia Meyer

fin mars / "Non, non... non." Dans la semi-pénombre de ta chambre, la guitare a le droit à un regard un peu venimeux de ta part, comme si c'était elle la fautive et pas tes doigts qui glissent sur les cordes et qui sont en charge, comme si. Tu pousses un soupir et tu appuies sur un bouton de ton ordinateur avant de retirer ton casque et d'abandonner ladite guitare sur ton lit. C'est assez pour réveiller ton chat qui était tranquillement endormi sur la couverture, alors que tu te perdais encore une fois dans une métaphore. Dans une énième chanson qui mérite d'être écrite depuis que tu as arrêté les allers-retours à Sydney. Depuis que Jo a gagné et depuis que tu l'as vu sourire dans les bras de Midas... Tu prends une profonde inspiration pour arrêter ce train de pensées-là et qui te hante depuis des jours, ça ne fait pas de sens, ça fait battre ton cœur un peu trop fort, ça te tord l'estomac et... cela ne fait pas de sens.
Tu refuses de mettre plus de mots dessus, mais au moins, ça aide à écrire, c'est le genre de combustible dont tu as besoin. Enfin, sauf si la chanson est merdique à souhait. Tu roules des yeux et tu te lèves, t'étirant un peu au passage, ton regard bleuté se pose sur l'horloge au mur, sur l'écran de ton ordinateur, les rues de Brisbane que tu voies depuis ta fenêtre. La logique voudrait que tu en parles à quelqu'un, tu vois mal faire ce genre de confessions à Vance. Il te trouverait idiot et ne comprendrait pas et puis il y a Dahlia. Celle qui est censée te comprendre mieux que personne et même là ça foire, un seul problème à la fois, pas vrai ? Tu pousses un soupir et tu finis par attraper ta veste en jean avant de te défiler, ton téléphone dans une main et enfin tes clefs dans l'autre. La maison est silencieuse, Esmée endormie, Olive est partie depuis longtemps et tu enfiles tes bottes avec une facilité déconcertante, absolument pas désarçonné face à la nuit et aux lumières artificielles.

Citation :

T'es debout?
Je te connais assez pour savoir que la réponse est positive.
Je suis déjà en chemin de toute cette façon.

Les messages sont envoyés à la suite, ils sont moins accusateurs que ceux de Dahlia t'a envoyé quand tu n'étais pas sur Brisbane ou encore avec Jo. Tu n'as pas compris, c'est elle qui s'est fermée à chacune de tes questions, elle encore qui a tout balayé et qui refuse de parler de la tournée où elle était, de ses prochains projets et de tout ce qui la concerne. Est-ce que cela veut dire que tu es sur la touche maintenant et que tu dois sortir de sa vie ? Tu n'en sais rien, c'est simple et un peu lâche d'envoyer des messages en fait, se faire face ? Tu tapes quand même à la porte, doucement et faiblement, pour indiquer que tu es là et pour ne pas réveiller l'autre Meyer qui doit mieux avoir à faire.
Ton regard se pose sur Dahlia et tu prends une profonde inspiration, pour ne pas te défiler, pour ne pas rebrousser chemin en fait. "Je sais, tu me détestes, j'ai vu tes messages, je sais, je t'ai ignoré, et je sais, il faut qu'on parle." Il faut, ça semble final et tu détestes le dire à voix haute. "Mais il faut d'abord que tu m'expliques un truc." Des tas de trucs en fait, tu l'as toujours encouragé, tu as toujours voulu le meilleur pour elle en fait, ça n'a pas changé, ça ne changera jamais, Dahlia le sait, pas vrai ? Tu espères qu'elle le sait, peut-être qu'il faut que tu le dises un peu plus souvent, que tu le répètes même. "Il faut que tu me dises pourquoi tout est bizarre depuis que tu es revenue et pourquoi est-ce qu'on arrive plus à se parler comme avant." Tu veux juste retrouver ta meilleure amie, un semblant d'équilibre et une vie normale, est-ce que c'est trop demander ? "J'ai fait quelque chose de mal, c'est ça ?"

And you don't really read into my melancholia, I've been under scrutiny , You handle it beautifully , All this shit is new to me, I feel the lavender haze creepin' up on me...

Une part de Dahlia ne peut s’empêcher de se demander si rentrer chez elle n’était pas au fond, la pire idée qu’elle pourrait avoir. Tout part à vau-l’eau depuis ce foutu diagnostic et si elle est revenue à Brisbane, c’est pour y voir plus clair, pas pour que les choses ne se compliquent encore plus. Nicholas n’est pas le seul pour qui elle est revenue, Dahlia est sincèrement heureuse de retrouver son père et ses autres proches mais devoir être dans le même ville que votre meilleur ami qui semble vous éviter comme la peste ou le choléra… c’est quelque chose qu’elle ne souhaite à personne, peut-être pas même à son pire ennemi. Oui, d’accord, il est occupé, il a fait plusieurs allers-retours à Sydney, et peut-être même que l’altercation entre Dahlia et Jo a joué, mais il répond à peine à l’australienne, toujours plusieurs heures après ses messages - c’est l’impression qu’elle a, en tout cas - et… ce n’est pas eux, tout simplement. Elle a essayé de parler, de venir chez lui mais il est toujours occupé à mieux faire et cela brise le coeur de Dahlia de se rendre compte qu’ils étaient plus proches quand elle était à des milliers de kilomètres. L’idée de repartir pour de bon lui a évidemment traversé l’esprit et elle a même été jusqu’à la page “paiement” du site internet de Australien Airlines avant de se raviser. Il y a beaucoup de choses que l’on peut reprocher à Dahlia mais pas celle d’être lâche ou de fuir faces aux problèmes - rarement, en tout cas. A la place, elle a pris son numéro de téléphone et appelé ses partenaires de tournée pour leur dire qu’elle n’était pas prête à lancer un album, partir en tournée et elle a même fait allusion à quelques problèmes de santé. Elle leur a proposé à la place de continuer à écrire, seule, avec elles ou avec d’autres personnes si elles le souhaitent, sur des mélodies et pourquoi pas faire que maquettes si elles ont besoin. Tout est encore en discussion mais elle s’envole à partir de demain pour une semaine à Sydney pour discuter de toute ça - et prendre du recul sur les problèmes qu’elle espère bien laisser à Brisbane.
Elle sursaute légèrement quand son téléphone sonne - seuls Nicholas et son père ne sont pas affectés par le mode “ne pas déranger” de son téléphone - et hésite à ouvrir le message. Elle continue de plier calmement sa robe avant de capituler : ne pas regarder son téléphone va lui donner mal au ventre. Elle soupire en les lisant et repose son téléphone à côté de sa valise avant de descendre les marches pour ouvrir la porte avant qu’il ne frappe/sonne et éviter que son paternel ne soit réveillé. “Salut.” dit-elle, ne cherchant pas à faire semblant que tout va bien. Elle le laisse dire ce qu’elle a à dire, un peu surprise tout de même et soupire. “Entre, on va pas avoir cette conversation sur le pas de la porte.” Notamment parce que Dahlia réalise qu’elle n’est pas seulement peinée de la distance qui s’est installée entre eux mais qu’elle est aussi en colère contre Nicholas de ne pas avoir été là pour elle et de saisir toute opportunité de l’éviter, alors qu’elle avait besoin de lui, même si elle n’a pas su le dire. “Tu veux boire quelque chose ou on monte direct ?” Elle attends sa réponse, s’exécute puis va à l’étage et l’invite à rentrer dans sa chambre. Avant qu’il n’ait eu le temps de faire la moindre remarque : “Non, je ne suis pas en train de me casser au beau milieu de la nuit sans rien dire, c’est un court voyage.” Elle soupire et s’appuie sur son bureau, les bras croisés contre sa poitrine. Etre fâchée contre Nicholas n’est pas chose aisée : c’est tout nouveau pour elle et jamais, elle ne souhaite que ses mots ne dépassent sa pensée parce qu’elle refuse de le blesser. Le regard posé sur lui, elle lève le doigt pour lui signifier qu’elle a besoin d’une minute et soupire avant de dire les choses le plus simplement possible : “Peut-être que pour une fois, j’avais besoin d’être celle dont on prend soin. Peut-être que j’avais besoin de patience et qu’il y a qu’avec toi que je pensais pas avoir tout à fait besoin de faire semblant que tout va bien dans le meilleur du monde, et qu’au lieu de me donner du temps et de l’amitié, comme je l’ai toujours fait avec toi, tu t’es éloigné et rendu complètement indisponible.” Le ton est monté et Dahlia soupire mais elle a l’impression qu’elle va exploser, maintenant qu’elle a commencé à parler. “Ouais, peut-être que c’est ça.” ajoute-t-elle, sans trop savoir si c’est pour elle ou pour lui avant de récupérer les dernières affaires qu’elle doit plier et mettre dans sa valise, et de les plier minutieusement, même si bon sang, il y a toujours un faux pli quelque part !

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fin mars / "Okay." Voilà ce que tu dis Dahlia quand elle t'invite à l'intérieur et aussi, parce qu'elle n'a pas encore répondu à ta question. Elle ne t'a pas encore dit ce qui était si faux chez toi et dans un sens, c'est déstabilisant. Si elle est sur le point de te dire que tu es une horrible personne, à quoi bon t'inviter à l'intérieur, pas vrai ? Tu ne le remets pas en cause cependant et tu la suis tout simplement, et quand elle te propose quelque chose à boire, tu refuses par un bref mouvement de la tête, et en partie parce que tu ne te fais pas confiance. Qui sait ce que tu pourrais faire avec quelque chose entre les mains, cela pourrait t'échapper, tomber ou pire encore. Autant ne pas rendre les choses encore plus difficiles, autant ne pas se tourner en ridicule, non. Tu connais le chemin jusqu'à sa chambre, tu l'as déjà effectué des dizaines, non, des centaines de fois. Mais cela n'a jamais été aussi important que maintenant, cela n'a jamais été aussi bizarre que maintenant et tu rentres. Tu rentres pour constater que la brune n'est jamais vraiment revenue et qu'elle est déjà sur le point de repartir. "Okay." Le mot t'échappe encore, parce que tu ne vois pas ce que tu peux dire de plus, ce que tu pourrais faire pour la retenir. Parce qu'on ne s'y trompe pas, tu n'es pas un idiot fini, tu sais de quoi Dahlia est faite, tu sais que si toi, tu es bien limité par tes angoisses et par ta vision plus que petite du monde, ce n'est pas du tout le cas de la brune et qu'elle n'hésite pas à s'élancer quand elle ressent le besoin de le faire. Quand elle sait que c'est le moment de le faire.
Est-ce qu'un tel moment est arrivé ? Dahlia soupire et tu tournes vers elle, elle est appuyée contre son bureau et toi, tu restes près de la porte, prêt à l'écouter et à entendre ce qui ne va pas chez toi. Elle ne sera pas la première à dresser la liste et quand la brune parle en hypothèses, tu fronces les sourcils. Est-ce cela toute la nature de tes torts ? Tu veux te sentir désolé, sincèrement, sauf que son résumé ne fait pas que te serrer le cœur, il remue quelque chose d'autre en toi, quelque chose de bien nouveau et un peu étranger. "Totalement indisponible ? Tu réalises à quel point tu es injuste ?" La question est de rhétorique pure et tu sais que cela est la vérité. Peut-être qu'à une autre époque tu ne l'aurais pas exprimé, tu aurais conservé ton silence, tu te serais excusé et tu aurais proposé de concentrer toute ton attention sur elle. Pas ce soir, ton expression demeure toujours aussi fermée, ton regard bleuté posé sur ton amie de longue date. Qui devra le reconnaitre, tu as toujours été là pour elle, tu ne savais pas que tu étais jugé ou qu'elle t'enlèverait des points si tu ne pouvais pas l'être.
"Tu es partie, tu es revenue, tu m'as dit de continuer de faire ce que je faisais et de vivre et de..." De juste vivre. Cela a été un coup dur quand Dahlia est partie, quand 15 possible girlfriends a cessé d'exister, mais ça, tu n'as jamais considéré que c'était de sa faute à elle, tu lui as dit de poursuivre son rêve et ses envies. Et tu t'es relevé, tout seul, tu t'es forgé une carapace un peu plus épaisse, plus que la précédente en tout cas et ton attention a été ailleurs. Si Dahlia s'attend à ce que tu t'excuses pour avoir été à Sydney, pour avoir rendu visite à Jo ou même pour l'avoir dépanné à la dernière minute quand elle avait besoin d'un musicien... tu ne comptes pas le faire. Tu avais envie de dépanner, envie d'être aux côtés de l'autre brune et ça ne fait pas de toi l'ignoble personne que Dahlia est en train de décrire. Tu en es certain. "Je t'ai fait de la place, ta place, c'est toi qui recules dès que j'arrive et qui ne répond pas à mes questions." Là, elle est là l'accusation, parce que s'il faut en donner, toi aussi, tu as des blâmes et des choses à lui dire et lui reprocher. "Tout ça pour quoi ? M'envoyer des messages pleins de reproches quand je ne peux pas venir d'un claquement de doigts ? Je n'ai pas passé des mois à te mettre sur la touche, j'ai juste été occupé une ou deux fois, c'est tout..." Les messages, tu peux les oublier, tu vas le faire, ça vaut mieux pour vous deux, tu le sais et quelque part, tu sais que Dahlia les regrette. "Ce n'est pas juste Dahlia, du tout."

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A l’instant où le visage de Nicholas apparaît sur le pas de la porte, Dahlia sait que c’est un moment déterminant pour leur relation qui va s’en dérouler… et pour la première fois de sa vie, elle n’est pas certain que ce soit pour le mieux. Elle sait qu’à un moment ou un autre, elle va se retrouver à deux options, qui pourraient se décortiquer en des dizaines de sous-options mais se résument très bien ici : lui dire la vérité, ou se taire. Il n’est pas question des sentiments qu’elle pense avoir découvert pour lui mais de ce qui fait que son coeur ne bat plus tout à fait au même rythme, depuis que la diagnostic est tombé. Dahlia a passé les derniers mois à attendre la prochaine crise et un sourire ironique se dessine sur ses lèvres, alors qu’elle remonte les escaliers : il ne manquerait plus qu’elle intervienne maintenant. Une part d’elle se perd dans ses pensées, en cherche le moindre signe précurseur parce que c’en est presque rassurant face à la conversation qui se profile entre eux.
Arrivée dans sa chambre, elle prend une grande inspiration et cherche les mots pour exprimer ce qu’elle ressent. Pour la première fois de sa vie, Dahlia ne sait pas par où commencer, quoi dire. Elle a toujours su crier, ou même juste vocaliser ce qui ne lui plaisait pas mais c’est bien différent cette fois-ci et si elle a conscience que les mots sont sûrement difficiles à recevoir, elle ne fait que décrire la situation telle qu’elle la perçoit. La choriste ne peut s’empêcher de secouer la tête quand il lui dit que c’est elle qui lui a dit de continuer sa vie. Ce n’est pas du tout ce qu’elle lui reproche et elle est désolée s’il les perçoit comme ça parce que toutes ses absences auraient été ok si seulement elle ne s’était pas sentie exclue de chaque pan de sa vie. Dahlia n’avait même pas besoin d’être invité à Sydney, par exemple. Simplement de savoir qu’il partait, quand il revenait… Information qu’elle aurait eu, même quand elle était en tournée à l’autre bout du monde. Elle ouvre la bouche pour l’interrompre mais se ravise. C’est terrible à dire mais elle sait avec quelle aisance elle pourrait se mettre à crier, ne pas le laisser parle et ce serait mentir de dire qu’elle n’en a pas abusé avec d’autres. Mais c’est Nicholas devant elle, et elle a beau être peinée, blessée, il n’y a aucun scenario dans lequel elle veut l’entendre se taire. Encore moins dans ce genre de situations. Elle referme donc sa bouche et lui fait signe de continuer, même s’il n’avait certainement pas besoin de son approbation. Ses lèvres se pincent quand il lui reproche de ne pas répondre à ses questions et elle se demande s’il a seulement entendu ce qu’elle vient de lui dire, ou s’il s’est simplement concentré sur la fin de sa phrase.
“Quand je t’écoute, j’ai l’impression d’être la connasse qui te traite comme son petit toutou, et si c’est vraiment l’image que tu as de moi, je me demande comment on est amis.” lâche-t-elle, sincère, cherchant un peu moins à se contrôler qu’elle n’a pu le faire ces derniers mois avec lui. “Je suis heureuse que tu vives, que tu aies des amis, j’ai jamais demandé à ce que tu sois à ma disposition et c’est la dernière chose que je souhaite.” précise-t-elle, histoire d’être certaine que les choses soient claires. Elle secoue la tête, aussi blasée que blessée avant de préciser : “J’ai conscience que c’est bizarre hein, une Dahlia qui raconte pas tout ce qui lui traverse la tête à la minute, qui retient ses réponses aux questions au lieu de te donner tout simplement la vérité. Mais t’es particulièrement bien placé pour savoir qu’il y a forcément une raison, ou plusieurs ?” Elle s’arrête, se mord l’intérieur des joues parce que ce n’est certainement pas au milieu d’une dispute qu’elle veut lui donner ses raisons. “J’avais juste besoin que tu sois là, même si je l’étais à moitié. Que pour une fois, je sois celle trop silencieuse et que ce soit pas grave, qu’on puisse faire comme si de rien n’était…” Elle soupire, s’arrête en sentant les émotions ressortir un peu trop et puisque c’est un peu trop douloureux, se concentre sur le négatif, sans vraiment décider quoi que ce soit, mais soulagée que son mécanisme de défense soit la fuite sur celui-ci, parce qu’il est hors de question que cette discussion se finisse sur sa révélation et eux deux qui baissent les armes. Il est hors de question qu’elle ait le moindre doute sur l’issue de cette discussion alors véritable cataclysme qu’elle sait être, elle soupire et se dirige vers la porte qu’elle commence à ouvrir : “En fait, si t’as l’impression que tout ce que je veux c’est te tenir en laisse et t’avoir à disposition, laisse tomber. Je te rends ta liberté.” Tant pis si ça lui brise le coeur au passage, mais la description qu’il a fait d’elle lui déplaît, la broie, et remet tout en question dans son esprit. Elle est trop fière pour lui donner la satisfaction de l’interroger, trop fière pour le faire en cet instant en tout cas, et il le sait. Elle espère au moins qu’il le sait parce que cette réaction, aussi nulle, soit-elle, c’est tout ce qu’elle est capable de lui donner. Elle bloque sa respiration, comptant les secondes qui s’egrènent, et se récitant comme une rengaine, pourvu qu’il ferme cette foutue porte sans quitter cette putain de foutue chambre…

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Dahlia Meyer

fin mars / Tu n'aimes pas lui parler de la sorte. Du tout. Tu l'as imaginé revenir sur Brisbane des dizaines de fois Dahlia, bien sûr que oui, tu t'es dit que tu en aurais des choses à lui raconter, des chansons à lui faire écouter, des airs de guitare à lui jouer... et tout cela s'est fait, avec quelque chose de nouveau dans chacun de ses regards, dans chacun de ses pas et... il faut l'admettre les tiens aussi. Mais ça n'a été que quelques mois de séparation, vous vous connaissez depuis des années, alors forcément, il va vous falloir du temps pour retrouver vos habitudes, pas vrai ? Pas vrai ? Tu ne sais pas, tu aimerais que la réponse soit claire et précise, ça n'a jamais été flou entre vous. Pendant longtemps, Dahlia a été ton point d'ancrage, ton fard dans la nuit d'un monde un peu trop brumeux, un peu trop noir et un peu trop tumultueux. C'était facile de se reposer sur la brune, de lui piquer sa force au besoin, de surfer sur ses idées, ses envies et y trouver les tiennes, y mêler même les tiennes. Sans réaliser que tu étais un putain d'égoïste et que c'était une façon bien lâche de vivre. Si Dahlia l'a su, elle ne te l'a jamais reproché, elle ne t'a jamais mis sur la touche et pourtant, alors qu'elle te regarde, alors que tu es devant elle, tu fronces les sourcils aux prochains mots de la brune.
Non, bien sûr que non, tu ne la vois pas comme ça, elle doit bien savoir toute l'estime que tu as pour elle, n'est-ce pas ? Dahlia qui t'a sauvé d'une existence bien solitaire, d'un futur où tu ne te serais pas épanoui, où tu serais resté dans ton coin et que la musique aurait été juste une échappatoire et pas une façon de vivre pour toi. Quand elle marque une pause, tu hoches la tête, bien sûr que tu sais, tu affectionnes les silences, tu sais quand les mots sont de trop. Ou qu'au contraire, quand ils ne sont pas suffisants pour exprimer tout ce qui se passe à l'intérieur. Tu étais là, tu refuses d'accepter la culpabilité de laquelle elle t'encombre, tu refuses tout simplement. Elle te rend ta liberté ? L'expression que tu as sur le visage est un mélange de tout et avec n'importe qui d'autre, tu aurais fait demi-tour, parce que les conversations comme celle-là te déplaise, tu les évites, ça froisse trop de choses, mais pas ce soir. Enfin au beau milieu de la nuit, tu fais un pas dans sa direction, ton regard bleuté posé sur ton amie de longue date. "Dahlia, s'il te plait, ne me mets pas des mots dans la bouche, ce n'est pas ce que j'ai dit, ce ne sera jamais ce que je dis, bien sûr que non." Tu hoches négativement la tête avec une véhémence certaine, Dahlia se trompe complètement sur tes intentions. Ou alors, tu t'y prends vraiment de la mauvaise façon.
Tu prends une autre inspiration, espérant que l'oxygène dans tes poumons t'aidera à y voir plus clair et à déchiffrer l'énigme que tu as en face de toi. Cette chère Dahlia Meyer, oui, une énigme, quelque chose que tu admires en temps normal, là, tu détestes ça. "Je ne vois pas quoi faire de plus à part te poser la question et être là, mais si je ne suis pas là une fois, ça ne veut pas dire que tu es moins importante." Bien sûr que non, elle peut retrouver sa place dans ton quotidien, c'est un quotidien qui est un peu plus rempli et c'est tout. "Mais il se passe quelque chose, tu es revenue pour une raison." Elle évite les questions sur la tournée, sur le futur, ton inquiétude ne fait qu'augmenter, Dahlia sait à quel point tu es doué pour imaginer le pire et tout garder pour toi. Sans vouloir déranger, sans vouloir être celui qui insiste, c'est autant une tare qu'une aubaine parfois. "Qu'est-ce que je peux faire d'autres à part te poser la question ?" Et cette interrogation résonne entre vous deux alors que tu écartes les bras pour montrer ton désarroi. Tu ne pensais pas que tu avais quoi que ce soit à prouver quand Dahlia est concernée, elle connait la plupart de tes histoires, l'origine de toutes tes cicatrices, celles qui ont été sur ta peau et celles qui sont restées dans ton cœur. Alors vraiment, comment est-ce qu'elle peut mettre tout ça au loin, comme ça ? Avec de simples phrases. Tu fais un autre pas dans sa direction, ne la quittant pas du regard. Tu t'étonnes toi-même, tu ne sais pas d'où vient l'audace, tu ignores combien de temps tu seras aussi courageux, mais tant mieux ? Tant pis ? Tu veux la vérité et que Dahlia te regarde droit dans les yeux pour te dire quel est le problème. Les rôles sont réellement inversés en fait, comme la brune l'a fait remarquer il y a peu, c'est toi le brave et elle qui est lâche.
"Je l'ai fait, bien sûr que je l'ai fait, je pensais qu'on se disait absolument tout, si ça a changé alors okay. D'accord." Tu hausses les épaules dans un geste exagéré, prêt à avoir une autre conversation, mais une chose est certaine dans ton esprit, tu ne vas pas partir sans réponse. Aussi, tu fais quelques pas de plus, cette fois-ci pour t'asseoir sur le lit de Dahlia, comme tu l'as fait des dizaines, voire des centaines de fois, et tu croises les bras sur ta poitrine. Les joues légèrement rouges, tu relèves le regard vers elle, signe clair que tu ne vas pas partir."Si c'est du silence que tu veux alors je ne dirais plus rien."

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