Il m’avait fallu près de trois jours pour oser poster mon annonce de recherche de colocataire et moins de trois heures pour avoir une quinzaine de propositions dans ma boîte mail. Un premier tri s’est imposé et sans même réfléchir, j’ai mis à la corbeille les six réponses qui provenaient d’homme. Je refuse de partager mon appartement avec un inconnu de sexe masculin, c’est déjà compliqué pour moi de m’imaginer trouver une colocataire que je ne connais pas et je ne veux pas vivre dans l’angoisse. Alors les hommes, c’est un non automatique, les femmes, c’est un autre sujet. Je prends le temps de lire chacune des réponses que j’ai reçues avant de faire un deuxième tri, simplement à l’instinct. Au final, je ne répondrais qu’à trois personnes, proposant un rendez-vous à chacune. Je me rassure, en proposant à chaque fois de se retrouver dans un lieu public, un peu éloigné de l’appartement sans être non plus à l’autre bout de la ville. Je pouvais faire cela, il fallait que je trouve quelqu’un pour remplacer Trent car même si je gagne assez bien ma vie, il m’est difficile de payer le loyer par moi-même et surtout, j’ai bien du mal à supporter le silence qui a envahie l’appartement depuis le départ de mon meilleur ami. Alors il était temps de prendre un nouveau départ, je me sentais capable de franchir ce pas même si tout m’inquiétait un peu. Je devais me faire un peu violence, mais je ne voyais cela que comme la prochaine étape à franchir pour retrouver la personne que j’avais pu être auparavant, cette Shiloh qui adorait rencontrer de nouvelle personne et qui s’ouvrait constamment aux autres. Un pas après l’autre.

J’avais déjà rencontré les deux premières jeunes femmes et si elles m’avaient paru réellement sympathiques, je n’avais pas eu ce petit éclat qui me donnait la confiance de passer à l’étape suivante. J’avais besoin d’avoir ce coup de cœur pour une personnalité et ce n’était pas encore arrivé, mais je ne désespérais pas. Entre temps, j’ai encore reçu quelques réponses à mon annonce et aujourd’hui j’allais rencontrer Maxim. On avait échangé plusieurs mails et j’avais déjà l’impression d’avoir une certaine affinité envers la jeune femme. Elle avait accepté de me rencontrer au Starbucks de la gare de Fortitude Valley, mais je m’étais laissé aspirer par la veste sur laquelle je travaillais à l’atelier et j’étais désormais en retard de plusieurs minutes. Je ne cesse de regarder ma montre comme si mon esprit allait pouvoir arrêter le cheminement des aiguilles. Je déteste faire attendre les gens et j’aimerais que le train accélère la cadence, mais il reste encore deux arrêts avant que je n’arrive et très clairement, je ne pourrais pas aller plus vite. Alors, je remets mes cheveux en place, défroisse un peu mon chemisier, comme si j’allais me présenter à un entretien d’embauche. Je me répète mentalement tout ce que je souhaite lui demander et fini par presque manquer mon arrêt tant j’étais perdue dans mes pensées.

Il me faudra quelques minutes supplémentaires pour rejoindre le café. Heureusement, Maxim m’avait joint une photo d’elle dans ses mails et je finis par la reconnaître, assise à une table un peu en retrait de la foule. « Bonjour ! » Je lui offre un sourire timide et tends la main vers elle. « Excuse-moi pour le retard, je n’ai pas vu l’heure tournée. » J’ai toujours été terrible pour cela, surtout lorsque je me perds dans mon travail, mais je ne sais pas si cela fera une bonne première impression. Je laisse tomber le vouvoiement, elle est plus jeune que moi et on n’est pas en train de se rencontrer pour entamer une relation professionnelle. Je remarque qu’elle a déjà une boisson devant elle et je me permets un coup d’œil vers le comptoir pour remarquer qu’il est vide. « Je vais juste me chercher un café, je fais vite. » Encore un sourire et je m’échappe vers la barista pour passer ma commande d’un café glacé que je récupère rapidement avant de retourner vers Maxim qui semble dégager une aura positive qui me plaît déjà beaucoup. « J’espère vraiment que je t’ai pas trop fait attendre, je me perds un peu trop dans mon monde quand je travaille sur une pièce parfois. » Je n’ai pas l’intention de prétendre être quelqu’un d’autre, il m’arrive d’être tête en l’air. « Tu vas bien ? » Je n’ai pas envie de l’assommer de questions immédiatement, on peut bien prendre le temps de discuter pour déjà voir si le courant pouvait passer entre nous.

@maxim siede

Maxim n’en peut plus d’être la maison, elle ne supporte plus de voir son père aussi distant et elle supporte encore moins de se prendre la tête avec lui. Elle s’est toujours très bien entendue avec William, ils ont toujours été proches, mais depuis quelques mois les choses ne vont plus entre eux. Il y a maintenant six mois, ils ont perdu Alicia, la mère de Max et la femme de William, dans un accident de voiture et depuis ce jour-là tout a changé. William a commencé à s’éloigner, à se renfermer et Maxim a fait la même chose de son côté, complètement perdue. La vérité, c’est que Max n’a aucune idée de comment gérer ses émotions, de comment gérer le fait que sa mère n’est plus là. Les seules fois ou elle essaye de parler avec son père, malheureusement cela finit toujours par l’un d’eux qui hausse le ton et cela n’ont plus elle n’arrive pas à le gérer. C’est pour cela qu’elle a pris la décision de chercher un appartement. Elle a besoin de s’éloigner de son père pendant quelque temps et elle gagne assez d’argent avec son petit job pour essayer de trouver une colocation.

C’est en regardant sur Internet que Maxim est tombé sur annoncer pour une chambre dans un appartement avec deux chambres. Elle a rapidement lui la description et les détails de la personne qui y vit avant de décider de lui envoyer un email. Elle n’a jamais vraiment fait cela, elle n’a même jamais vécu autre part que dans sa maison familiale, mais elle ne peut pas rester dans un contexte qui la rend aussi malheureuse pour le moment, elle a besoin d’espace. Elle est un peu nerveuse, elle ne peut pas le nier. Elle ne sait pas comment cela va se passer, mais des quelques emails échanger avec la dénommer Shiloh, elle a l’air plutôt gentil. Pour une fois, Maxim arrive donc en avance au rendez-vous et se commande un matcha avant de se poser à une petite table dans un coin. Il ne faut que quelques minutes avant que Maxim voie apparaître le visage de Shiloh qu’elle reconnaît d’après la photo que la blonde lui a envoyé. “Bonjour ! Excuse-moi pour le retard, je n’ai pas vu l’heure tournée. ”. Max lui adresse un sourire. “Salut. Y a pas de soucis, je suis pas là depuis très longtemps.” Elle se détend un peu alors que Shiloh la tutoie, ce qui la met tout de suite un peu plus à l’aise. “Je vais juste me chercher un café, je fais vite.” Maxim hoche la tête et la regarde s’éloigner avant de prendre une gorgée de sa boisson. Elle espère vraiment que cela va fonctionner, elle se dit alors que la blonde revient prendre place en face d’elle. “J’espère vraiment que je t’ai pas trop fait attendre, je me perds un peu trop dans mon monde quand je travaille sur une pièce parfois.” Maxim lui adresse un nouveau sourire, secouant doucement la tête. “Une pièce? Tu fais quoi comme travail ?” Maxim lui demande, piquer par la curiosité. Une pièce peut être tellement de choses, mais elle est vraiment intéressée de savoir, parce qu’elle est toujours curieuse par tout ce qui est artistique.

“Tu vas bien ?” Maxim prend une gorgée de sa boisson et hésite quelques secondes. “Oui, ça va et toi ? Merci d’avoir accepté de me rencontrer. Ça doit pas être simple de chercher quelqu’un avec qui être en coloc.” Elle ne veut pas vraiment s’étendre sur sa situation, ou du moins pas pour le moment. Peut-être que ça viendra avec le temps, si jamais elles deviennent colocataires, mais elle ne veux pas lui faire peur non plus. “Je suppose que tu dois avoir des questions pour moi ?”

Qu’importe combien de fois je me plierais à l’exercice, je crois qu’il y aura toujours ces quelques minutes de battements avant le rendez-vous où mon ventre se tord sous l’anxiété et où je suis prête à faire marche arrière en cherchant à me convaincre que je pourrais bien trouver un moyen de payer le loyer toute seule. Il me faudra une minute pour souffler et me rappeler qu’une rencontre dans un lieu public ne m’engage absolument à rien et que si je ne ressens aucun feeling avec la jeune femme et bien elle ne passera jamais le pas de ma porte. « Salut. » Maxim semblait heureuse de me voir arriver et cela à au moins le don de me rassurer. « Y a pas de soucis, je suis pas là depuis très longtemps. » Je lui adresse un sourire avant de m’excuser pour aller chercher un café. Je ne devrais pas m’accorder de la caféine à cette heure, mais j’ai encore tout un tas de coutures qui m’attendent à la maison et je risque bien d’y passer toute ma soirée alors autant en profiter. J’hésite à me prendre un gâteau également mais renonce finalement, j’ai dit à James que j’arrêterais de sauter des repas, mais ce n’est pas pour reprendre un grignotage intensif.

Une fois ma boisson récupérée, je rejoins Maxim pour entamer la conversation. Avant toute chose, je m’excuse encore une fois pour mon retard même si cela n’avait pas l’air de la déranger. « Une pièce? Tu fais quoi comme travail ? » Un instant, je me demande si je n’avais pas évoqué ma profession lors de nos échanges de mails, mais j’ose imaginer que ce n’était pas le cas. « Je suis couturière. » que je lui apprends en souriant quelque peu. « Je travaille pour la maison de Haute Couture Weatherton. » Annoncé de cette manière, j’ai presque l’impression de sonner pour une fille un peu pédante, comme si je faisais soudainement partie du groupe des harpies. Je n’ai pas l’intention de me vanter de ma profession et j’ai conscience de la chance que j’ai de pouvoir appeler James mon patron. « D’ailleurs… Il y’a une troisième chambre dans l’appartement, mais je l’ai un peu transformé en atelier. » Je préfère lui annoncer la couleur immédiatement, je ne me voyais pas vivre avec deux personnes que je ne connais pas et puis j’ai un peu de mal à imaginer quelqu’un s’approprier la chambre des jumeaux. « Mais je peux partager sans souci. » que j’ajoute en souriant. Il y a bien de la place pour installer un deuxième bureau et s’il m’arrive de m’étaler, je peux aussi faire attention à mes affaires pour ne pas trop en mettre de partout.

« Merci d’avoir accepté de me rencontrer. Ça doit pas être simple de chercher quelqu’un avec qui être en coloc. » Je dois avouer que cela me rassure un peu qu’elle est l’air consciente que l’exercice est loin d’être aisé. « Je dois avouer que c’est pas ce qu’il y a de plus simple. » Je n’ai pas envie de lui parler de mon histoire, cela ne la regarde pas, mais elle comprendra surement bien vite que je ne fais pas confiance aisément. « Je suppose que tu dois avoir des questions pour moi ? » Je hoche la tête et fouille dans mon sac à main pour en sortir le carnet dans lequel j’avais noté toutes les questions qui me paraissaient pertinentes pour faire le tri. « Tu m’as dit que tu étais étudiante, tu travailles à côté ? » Je dois être sûr qu’elle puisse payer le loyer tous les mois, je n’ai pas envie de m’embarquer dans un bourbier financier. « Enfin je veux dire tu as des revenus fixes ? » Je n’ai pas demandé un loyer très élevé pour la zone dans laquelle se trouve l’appartement, mais j’ai besoin de m’assurer que cela ne sera pas un problème pour elle.

Maxim est un peu nerveux, elle n’a jamais fait cela, elle n’a jamais même pensé qu’elle voudrait partir de chez elle pour aller vivre ailleurs aussi tôt. Elle a vingt et un an, encore à l’université et travaille à mi-temps mais jusqu’à la mort de sa mère elle n’avait jamais eu de soucis à vivre dans la maison familiale. Elle a même toujours été plutôt proche de ses parents, mais les choses ont bien changé depuis quelques mois et l’atmosphère à la maison lui donne de moins en moins envie de rentrer après sa journée. Elle n’a donc pas vraiment hésité lorsqu’elle a vu la petite annonce sur Internet pour quelqu’un qui recherche une colocataire. Elle n’en a pas parlé à son père, elle ne lui a pas dit qu’elle cherche à partir, mais elle est aussi majeure et elle peut faire ce qu’elle a envie sans sa permission. La première impression qu’elle a de la dénommer Shiloh lorsqu’elle apparaît à sa table est bonne, elle a vraiment l’air gentille et cela la détend un peu. Elle la regarde s’éloigner avant de revenir s’asseoir près d’elle.

Il ne faut que quelques minutes pour que la curiosité de Max soit piquée. Max n’a jamais été la fille la plus sociable, elle a toujours eu un peu de mal à se faire des amis, mais dans le fond quand elle trouve des gens avec qui elle se trouve une connexion ça devient plus simple. “Je suis couturière. Je travaille pour la maison de Haute Couture Weatherton.” Maxim ouvre les yeux un peu plus grands, surpris, mais plutôt impressionnée. Elle n’y connaît pas grand-chose en couture, mais elle sait que la maison Weatherton est plutôt réputée, surtout à Brisbane. “Wow, c’est plutôt cool ! ” Elle lui offre un léger sourire avant de prendre une gorgée de sa boisson, son genou sautant toujours un peu sous les nerfs. “D’ailleurs… Il y’a une troisième chambre dans l’appartement, mais je l’ai un peu transformé en atelier. Mais je peux partager sans souci.” Maxim hoche doucement la tête. “J’ai pas vraiment des tonnes d’affaires. Je pense que ce qui prend le temps de place c’est juste ma guitare et mon clavier. Je joue un peu de musique, j’espère que c’est pas quelque chose qui te dérangerait ?” Maxim a toujours été passionné par la musique et par l’art du cinéma. Elle rêve d’un jour suivre les traces de sa tante de devenir actrice ou bien de jouer dans une comédie musicale et d’après ce que ses proches lui disent, elle est plutôt talentueuse, c’est d’ailleurs pour cela qu’elle étudie cela à l’université.

Maxim remercie Shiloh d’avoir accepté de la rencontrer et si cela doit rassurer la blonde de rencontrer une potentielle future colocataire avant de prendre une décision, ca rassure également un peu la métisse d’avoir une idée d’avoir une idée de qui est Shiloh. Elle n’irait pas vivre avec quelqu’un avec qui il n’y aurait pas du tout de feeling ou d’entente, elle ne veut pas se retrouver dans un environnement malsain. “Je dois avouer que c’est pas ce qu’il y a de plus simple.” Elle hoche doucement la tête. “Tu as déjà rencontré d’autres personnes ?” Maxim lui demande piqué une nouvelle fois par la curiosité, ses doigts jouant avec l’étiquette collée à son mug de matcha avant de demander à la blonde si elle a des questions pour elle. “Tu m’as dit que tu étais étudiante, tu travailles à côté ? Enfin je veux dire tu as des revenus fixes ?” La métisse hoche la tête, comprenant tout à fait l’inquiétude que peut avoir Shiloh. Si elle était à sa place, elle voudrait également être sûr que l’autre personne puisse payer son loyer tous les mois sans avoir de retard ou de soucis. “Oui, je bosse dans une petite librairie à mi-temps. Je peux aussi te montrer une preuve d’emploi si jamais tu as besoin. Je pense que mon père peut aussi se montrer garant.” Elle n’en a peut-être pas encore parlé à son père, mais elle est sûre que si elle lui demande de se montrer garant il ne dira jamais non. Elle peut aussi se tourner vers ses oncles et tantes si besoin. “J’ai juste envie de prendre un peu mon indépendance, tu vois ? Partir du domicile familial. Et puis je fais aussi de temps en temps des jobs d’extra quand j’ai le temps, ca me rapporte aussi de l’argent sur le côté en plus.” Elle lui adresse léger, espérant que le fait qu’elle veuille devenir actrice ne soit pas quelque chose qui repousse Shiloh ou lui fasse peur qu’elle ne puisse pas gérer financièrement.

« Wow c’est plutôt cool ! » Maxim paraît sincèrement intéressé par la révélation de mon métier et son enthousiasme m’arrache un petit sourire en coin. « Ce n’est rien de très extravagant. » Je ne veux pas être celle qui met en avant sa profession, celle qui se croit important parce qu’elle a décroché un poste dans une grosse maison. Cela en reviendrait à être au total opposé de ma personnalité et ce n’est clairement pas l’image que je sois projeté, à qui que ce soit, mais surtout envers celle qui pourrait potentiellement devenir ma nouvelle colocataire. Je préfère l’informer du bazar que j’ai pour habitude de mettre dans l’appartement avec tous mes rouleaux de tissus et ma couture en tout genre. « J’ai pas vraiment des tonnes d’affaires. Je pense que ce qui prend le plus de place c’est juste ma guitare et mon clavier. Je joue un peu de musique, j’espère que c’est pas quelque chose qui te dérangerait ? » - « Tant que tu ne joues pas en plein milieu de la nuit, je n’ai aucun problème contre un peu de musique. » que je plaisante sans jamais me défaire de mon sourire. Il ne s’en servait jamais vraiment, mais il arrivait aussi à Trent de jouer de la guitare, lorsque l’inspiration lui prenait. « Je vais peut-être sonner un peu vieux jeu, mais j’ai à cœur que l’on puisse partager des moments et pas simplement vivre sous le même toit par convenance. » Je suis consciente que chacun a besoin de son espace et de ses propres libertés, mais je vois également la colocation comme la possibilité de se créer de nouvelles amitiés et de pouvoir, parfois, partager une fin de journée après des heures de boulot. J’espérais sincèrement que Maxim soit de mon avis, non pas comme la première personne que j’ai pu rencontrer au cours de ce processus.

De toutes les personnes que j’ai pu rencontrer jusqu’à présent, Maxim est celle avec qui j’ai la sensation d’être le plus à l’aise. Son sourire est tout ce qu’il y a de plus communicatif et surtout j’appréciais le fait que les questions ne soient pas que dans un seul sens. « Tu as déjà rencontré d’autres personnes ? » - « Quelques-unes, mais rien de bien concluant pour le moment. » Est-ce que mes exigences rendent le processus plus complexe ou bien ce n’est que ma peur de mal choisir qui me bloque ? J’avais besoin de temps, je ne voulais pas me précipiter et me retrouver avec la mauvaise personne, j’avais eu le droit à mon lot de malheur pour les vingt prochaines années. Je préfère donc me concentrer sur Maxim et tout ce qu’elle avait pu me dire dans son premier mail. « Oui, je bosse dans une petite librairie à mi-temps. Je peux aussi te montrer une preuve d’emploi si jamais tu as besoin. Je pense que mon père peut aussi se montrer garant. » J’essaye de me souvenir tout ce que ma mère avait pu me dire en ce qui concerne les garanties à demander et tout le reste. C’était tellement plus simple lorsque j’étais avec Megan ou Trent. « J’ai juste envie de prendre un peu mon indépendance, tu vois ? Partir du domicile familial. Et puis je fais aussi de temps en temps des jobs d’extra quand j’ai le temps, ça me rapporte aussi de l’argent sur le côté en plus. » Maxim semble être une bosseuse ou toute du moins elle paraît se donner les moyens de pouvoir se débrouiller par elle-même. « Bien sûr je comprends. » Je dois avouer que j’apprécie son honnêteté et le projet qu’elle semble avoir mis dans sa propre recherche. « Si ça te dérange pas, je veux bien juste une copie de ton contrat de travail ou une lettre de ton père qui se porte garant ? Juste pour être sûr. » Ce n’est pas que je doute d’elle, mais si les propriétaires demandent toujours autant de justificatif, c’est tout de même pour une raison. « C’est un peu difficile pour moi de payer le loyer toute seule et j’aimerais juste être sûre que ça va le faire. » Je ne veux pas passer pour une parano, mais juste quelqu’un qui préfère prendre quelques précautions. « Et du coup tu m’as pas dit, c’est quoi ta majeure d’études ? » Ce serait bien de s’intéresser un peu plus à elle tout de même. « Bon comme tu peux le voir, je maîtrise clairement pas l’exercice encore, mais je me dis que c’est toujours mieux de se connaître un peu. » Après tout, elle n’avait pas l’air pressé et j’ai clairement le temps de mon côté. Je prends une gorgée de ma boisson pensant soudainement à une autre question qui peut s’avérer intéressante. « Est-ce que tu suis un régime alimentaire particulier ? » A force on allait bien finir par se détendre, non ?

Maxim ne peut pas s’empêcher d’être impressionné par le métier de la jeune femme en face d’elle. Elle n’y connaît pas des tonnes en coutures, mais elle ne sait assez pour savoir que la maison de Haute Couture Weatherton est plutôt reconnue en Australie, surtout dans le Queensland et à Brisbane. Elle n’a jamais vraiment porté leurs vêtements, mais elle aime le style. “Ce n’est rien de très extravagant.” Shiloh lui répond, se montrant sûrement modeste avant de lui parler de la troisième chambre de l’appartement qui lui sert d’atelier de couture. A vrai dire, Maxim est vraiment curieuse de voir ce que Shiloh produit et elle se promet de lui poser plus de questions un jour et de lui demander à voir les pièces sur lesquelles elle travaille. La métisse lui fait cependant remarquer qu’elle n’a pas vraiment des tonnes d’affaires, ce qui est bien vrai, et se dit que si la chambre est aussi grande qu’elle a l’air, elle aura sûrement bien assez de place pour ses affaires sans trop encombrer l’espace de sa nouvelle colocataire. “Tant que tu ne joues pas en plein milieu de la nuit, je n’ai aucun problème contre un peu de musique.” Maxim laisse échapper un petit rire et secoue la tête. “Non, promis. Tu aimes la musique ou joue d'un instrument ?” Elle joue souvent, parce que c’est l’une de ses manières de se vider la tête, composer, écrire des chansons, mais elle n’est pas du genre à jouer au milieu de la nuit. Ou du moins si elle le fait sur son clavier, elle met son casque audio pour ne pas empêcher la maison de dormir. “Je vais peut-être sonner un peu vieux jeu, mais j’ai à cœur que l’on puisse partager des moments et pas simplement vivre sous le même toit par convenance.” La métisse hoche la tête et adresse un sourire à la jeune femme en face d’elle. Elle sait qu’elle n’est sûrement pas la présence la plus agréable ces derniers temps, depuis la mort de sa mère, mais repartir à zéro, s’éloigner de la maison familiale lui fera sûrement du bien, et elle n’est jamais contre l’idée de se faire des amis, surtout que Shiloh à l’air vraiment gentille. “Je suis bien d’accord. D’ailleurs, je me disais, peut-être que si ca fonctionne et si tu aimes les comédies musicales bien sûr, on pourrait aller voir Wicked ? J’ai des billets que j’ai pas encore utilisés.” Hayden lui a donné des billets il y a quelques mois maintenant, mais elle ne les a pas encore utilisés parce qu’elle n’a personne pour y aller avec elle. “Désolée ca sonne un peu comme si je veux t’acheter, mais c’est pas le cas.” Elle laisse échapper un petit rire, elle ne veut pas que Shiloh croit qu’elle essaye d’acheter sa place dans son appartement.

Encore une fois tenté par sa curiosité, ou peut-être par le fait qu’elle pense vraiment qu’elle et Shiloh pourraient s’entendre, elle lui demande si elle a déjà rencontré d’autres personnes pour la colocation. “Quelques-unes, mais rien de bien concluant pour le moment.” Elle hoche la tête alors que Shiloh lui parle des conditions et de ce qu’elle a envie d’être sur avant de s’engager dans quoi que ce soit, ce que la jeune Siede comprend totalement. Elle n’a sûrement pas envie de se retrouver avec quelqu’un qui ne peut pas payer le loyer ou qui va lui apporter trop de problèmes. Max lui parle alors rapidement de son boulot dans la librairie et mentionne que son père peut sûrement se porter garant. Elle n’en a pas encore vraiment parlé à William, mais elle sait que si elle lui explique pourquoi elle a besoin de s’éloigner, il comprendrait. Certes leur relation n’est pas à son plus beau jour, mais elle sait qu’il tient à son bonheur avant tout. “Bien sûr je comprends. Si ça te dérange pas, je veux bien juste une copie de ton contrat de travail ou une lettre de ton père qui se porte garant ? Juste pour être sûr.” Maxim hoche une nouvelle fois la tête et elle se promet d’en discuter avec son père le plus rapidement possible si Shiloh décide de lui donner sa chance. “C’est un peu difficile pour moi de payer le loyer toute seule et j’aimerais juste être sûre que ça va le faire.” “Bien sûr, je comprends. Si c’est okay avec toi, je lui en parlerais dans la semaine, comme ca tu pourrais avoir le papier le plus rapidement possible. Est ce que tu aurais besoin d'autre chose ? Je peux t'amener tout en même temps.”

“Et du coup tu m’as pas dit, c’est quoi ta majeure d’études ? Bon comme tu peux le voir, je maîtrise clairement pas l’exercice encore, mais je me dis que c’est toujours mieux de se connaître un peu.” Maxim laisse échapper un léger rire et prend une gorgée de sa boisson avant de se repositionner un peu sur sa chaise pour prendre la parole à nouveau. “Je suis en Bachelor de Fine Art avec un majeur en jeu d’acteur. Je sais que ca sonne sûrement comme un domaine particulier mais je fais du théâtre et de la musique depuis que je suis jeune et j’ai toujours adoré ca. Je me vois pas vraiment faire autre chose de ma vie et je…” Elle hésite quelques instants mais se dit que si quelqu’un peut bien comprendre l’envie de poursuivre une passion et vouloir en vivre c’est quelqu’un qui bosse dans la couture. “J’ai toujours rêvé de faire des comédies musicales, comme ma tante. J’en ai fait quelques-unes quand j’étais au lycée et je suis dans la production de celle de mon université, mais j’aimerais vraiment en faire ma carrière tu vois ? Même si ca doit sonner un peu dingue.” Elle lui adresse un sourire et hausse les épaules en reprenant la parole. “Il parait que je suis douée. Qu'est ce qui t'as fait bosser dans le design des vêtements ?” Elle admire énormément Hayden, et elle espère vraiment un jour pouvoir vivre de la même chose, ou peut être même se retrouver sur les planches à ses côtés. “Est-ce que tu suis un régime alimentaire particulier ?” “Je suis végétarienne, mais sinon je mange de tout. Et j’ai pas d’allergies non plus.” Maxim lui explique. Plus elle parle avec elle et plus elle se dit qu’elle aimerait vraiment que cela fonctionne avec Shiloh.

Il était véritablement étrange d’envisager de vivre avec quelqu’un d’autre que Trent, mais je ne pouvais plus réellement me permettre de payer le loyer par moi-même plus longtemps. Et comme ne cesse de me le répéter Megan, il est temps que je retrouve un peu de compagnie. Peut-être que Maxim sera la bonne candidate, en tout cas, j’ai un bon feeling avec elle et ce depuis nos premiers échanges. « Non, promis. Tu aimes la musique ou joues d'un instrument ? » L’échange me fait instantanément penser à Trent, et cela me rappelle que je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis quelques jours désormais, loin de nos habitudes. Ne voulant laisser mes pensées m’emporter ailleurs, je prends une gorgée de mon café et replace toute mon attention sur l’étudiante assise juste en face de moi. « Mon meilleur ami m’a appris à jouer ‘twinkle, twinkle’ au piano, mais mes connaissances s’arrêtent là. » que je plaisante en riant quelque peu. Autant dire que cela ne compte pas réellement comme la moindre capacité à savoir jouer d’un instrument. « Mais je suis toujours en train d’écouter de la musique. » que j’ajoute pour répondre pleinement à sa question. « J’espère que tu aimes Taylor Swift. » Sinon on risque d’avoir un léger problème d’entente. Enfin, j’ose imaginer que l’on finira toujours par trouver un terrain d’entente. « Je suis bien d’accord. D’ailleurs, je me disais, peut-être que si ça fonctionne et si tu aimes les comédies musicales bien sûres, on pourrait aller voir Wicked ? J’ai des billets que j’ai pas encore utilisés. » Surprise par sa proposition, je ne sais trop quoi lui répondre. « Désolée ça sonne un peu comme si je veux t’acheter, mais c’est pas le cas. » Cela me touche qu’elle puisse déjà envisager que l’on passe des moments ensemble, mais une fois encore je ne sais pas réellement comment faire pour me projeter à ce point. « C’est gentil d’y pensé ! » que j’avoue en souriant malgré tout. « Ça pourrait être sympa. » Ce n’est pas un refus sans être une claire affirmation et c’est surtout ce que je peux lui offrir de mieux pour l’instant.

« Bien sûr, je comprends. Si c'est okay avec toi, je lui en parlerais dans la semaine, comme ça tu pourrais avoir le papier le plus rapidement possible. Est-ce que tu aurais besoin d'autre chose ? Je peux t'amener tout en même temps. » Je n’aime pas réellement entrer dans les détails administratifs, mais je me dois d’avoir une certaine sécurité avant de lui accorder quoi que ce soit. « Non juste ça, ce serait parfait. » Je n’ai pas besoin qu’elle me donne un casier vierge non plus, après tout on parle uniquement de louer une chambre dans un appartement. Maxim me paraît être une jeune femme studieuse et qui ne semble pas réellement être le genre qui s’attire des problèmes. « Bien sûr, on fera un contrat en bonne et due forme, j’ai déjà créé un exemple avec l’aide de l’avocat du boulot. Juste pour que ce soit sérieux. » que j’ajoute en souriant. Je ne veux pas lui faire peur, mais simplement lui prouver que tout a été soigneusement réfléchi et que ce ne sera pas quelque chose de réglé sur le coin d’une table.

Ne voulant pas laisser la conversation partir dans des détails ennuyants, je préfère prendre le temps d’apprendre à connaître la jeune femme qui se tient assise en face de moi. « Je suis en Bachelor de Fine Art avec un majeur en jeu d’acteur. Je sais que ça sonne sûrement comme un domaine particulier mais je fais du théâtre et de la musique depuis que je suis jeune et j’ai toujours adoré ça. Je me vois pas vraiment faire autre chose de ma vie et je… » Je lui offre un sourire pour l’encourager à continuer le fond de sa pensée. « J’ai toujours rêvé de faire des comédies musicales, comme ma tante. J’en ai fait quelques-unes quand j’étais au lycée et je suis dans la production de celle de mon université, mais j’aimerais vraiment en faire ma carrière tu vois ? Même si ça doit sonner un peu dingue. » Une nouvelle fois, je lui adresse un sourire franc. « Tu sais, on me disait toujours que ma passion ne serait qu’un rêve. » Depuis que je suis petite, je rêve de créer des robes de princesses et je ne compte plus le nombre de personnes qui ont voulu me faire croire que tout cela ne resterait qu’un rêve d’enfant. « Et regarde-moi, à créer des robes de princesses pour l’une des meilleures maisons de haute couture du pays. » Il ne fallait pas qu’elle abandonne ses rêves, c’est ce que je voulais sous-entendre. « Alors n’abandonne pas ! Surtout si tante fait déjà partie du business, elle doit avoir plein de conseils pour toi ! » Cela doit être amusant d’avoir une famille d’artistes. La mienne ne comprend pas réellement ma passion, seul mon frère jumeau voulait bien jouer au mannequin pour moi. « Il parait que je suis douée. Qu'est-ce qui t'a fait bosser dans le design des vêtements ? » - « Les robes de princesses ? » J’éclate de rire avant de secouer la tête. « Je sais pas, j’ai toujours aimé me déguiser et créer mes propres vêtements, c’était mon rêve d’enfant. » Je hausse les épaules. « Rien de plus fascinant à raconter, je crois. » Je n’ai pas besoin de lui expliquer tout ce que j’ai sacrifié en cours de chemin et le fait que j’ai pratiquement tout dû reprendre à zéro.

La conversation paraît si aisée, les questions pleuvent sans que cela paraisse forcer et j’apprécie vraiment tout cela. « Je suis végétarienne, mais sinon je mange de tout. Et j’ai pas d’allergies non plus. » - « On devrait bien s’entendre alors ! » Je ne suis pas spécialement végétarienne, mais ce ne serait pas un problème de le devenir en réalité. « J’ai tout un tas d’accessoires de cuisine parce que j’adore faire des gâteaux et des smoothies. » que j’avoue sans honte. Je ne suis pas encore une pâtissière avérée, mais j’essaye de m’améliorer à chaque fois. On discute encore un peu et nos tasses finissent par se vider complètement et jusqu’à présent je n’ai pas encore eu de mauvais pressentiments. « Est-ce que tu voudrais venir voir l’appartement ? » Autant avancer un peu, je le sens bien avec Maxim.