death with dignity
@Abigail Sanders  (crédit gif/gifsbysymphony)

C’était bien sa veine, de tomber en plein milieu d’un accident alors qu’elle prenait à peine la voiture pour rejoindre l’hôpital. Mais sa bonté d’âme n’étant plus à prouver lorsqu'il s’agissait de se faire mousser, Mavis n’avait pas fait mine de ne rien voir sur la chaussée, descendant rapidement de sa voiture pour aller checker l’état de la jeune femme qui s’était étalée de tout son long, percutée par une voiture qui n’avait pas pris le temps de s’arrêter, elle. Il y avait des lâches partout, heureusement qu’elle n’en faisait pas partie. C’était même une chance qu’Abigail soit tombée sur elle finalement, puisque jouissant des notions de premiers secours, entre autres, elle avait fait en sorte de vérifier son état avant même d’appeler les secours, faisant valoir son expertise en cours pour faire savoir à ses collègues que sa vie n’était pas en danger, mais qu’elle souffrirait sûrement de contusions, peut-être d’un traumatisme crânien, et d’une jambe bien amochée qu’elle tenta de préserver à la gardant tendue, protégée par la couverture de survie qu’elle avait dans son véhicule et qu’elle déplia dessus. La jeune femme n’était pas consciente, mais ce n’était pas alarmant après un tel choc, et ses examens, elle les subit sans qu’elle ne daigne vraiment ouvrir l’oeil, prise dans un état second qui la faisait passer au-dessus de tout ce qu’elle subissait sur l’instant.

"Quelle chance que tu te sois trouvée là, Barnes." avait-elle entendu l’un de ses collègues lui dire, et forte de sa bonne action du jour, Mavis avait demandé si elle pouvait rester sur ce cas le reste de la journée. On le lui autorisa. Elle était en sixième année désormais, elle avait plus facilement accès à des prérogatives sans qu’elle ne soit obligée de rappeler comment elle s’appelait, et ça lui faisait plaisir que son talent soit reconnu comme tel. On la félicitait, on essayait de lui inculquer des choses qu’elle n’allait pas puiser dans les livres qu’elle avait toujours sur elle en bonne étudiante lambda qu’elle était, et tout poursuivait son cours sans qu’elle ne se sente indigne de faire partie des équipes auxquelles on l’assignait, chaque jour ayant son lot différent de surprises qu’elle acceptait volontiers "Je vais monter la voir pour vérifier si elle reprend pieds." fit-elle savoir à la cantonade, avalant son café d’une lampée, son enthousiasme s’accroissant au plus qu’elle dévalait les étages pour rejoindre la chambre de la jeune femme, ayant en tête les conclusions de la batterie d’examens qu’elle avait passé pour s’assurer que tout était en ordre, bien qu’un peu bousculé par le choc qu’elle avait accusé.

Trois coups contre le battant de la porte, et Mavis entra dans la chambre sans demander son reste, déterminée à faire ce pourquoi elle était là "Je me permets." fit-elle en entrant dans la pièce avec un léger sourire sur le visage. Elle se posta au pied du lit de la jeune femme, et se référant à l’expression perdue qu’elle avait sur le visage, elle se dit que les présentations s’imposaient avant toute chose.
Glissant ses mains dans les poches de sa blouse, elle se prenait déjà pour un titulaire "Je m’appelle Mavis. C’est moi qui me suis occupée d’appeler les secours suite à votre accident, et il se trouve que je suis aussi stagiaire ici. Comme quoi, le hasard fait bien les choses." précisa-t-elle pour qu’elle ne lui demande pas ce qu’elle fichait ici. Un léger mouvement d’épaules, les haussant pour anticiper le point qu’elle s’apprêtait à marquer, et elle ajouta "Si vous n’aviez pas été percutée par une voiture, on aurait pu dire que c’est votre jour de chance." Mais clairement non, ça ne l’était pas, et alors qu’elle pencha la tête sur le côté pour l’observer un peu plus longtemps, elle finit par lui demander "Comment vous vous sentez maintenant ?" Elle aurait pu lui faire le coup du sur une échelle de 1 à 10, à combien évaluez vous la douleur ?, mais elle savait que ce n’était pas une mesure précise.

death with dignity
@Abigail Sanders  (crédit gif/gifsbysymphony)

"C’est normal." commença Mavis lorsque Abigail lui fit part de ses maux de tête et de sa confusion "Vous avez un petit traumatisme crânien sans gravité, mais il faut surveiller. N’hésitez pas à nous dire si vous ressentez des symptômes spécifiques à ce sujet, des pertes de mémoires par exemple, c’est très important." Elle essaya de la rassurer, c’était tout ce qu’un bon médecin se devait de faire. On le lui rappelait souvent à Mavis, que la médecine n’était pas qu’une question de notions, qu’il fallait aussi y mettre un peu d’humain. Ce n’était pas la chose la plus aisée à faire pour elle, probablement que c’était pour cette raison d’ailleurs qu’on lui disait souvent d’être plus attentive à ses patients, lui conseillant de les traiter avant tout comme des êtres humains, plus que comme des sujets.
Elle l’était à ce moment-là, attentive, toujours posée au pied du lit de la jeune femme qu’elle regardait de loin, la tête légèrement penchée sur le côté pour déterminer à la louche si elle se remettrait rapidement de ses blessures, ou si elle serait le genre de patiente à se reposer sur l’éventualité d'un repos prolongé, dorloté par le personnel. Peu importait dans le fond, mais c’était toujours intéressant de constater les différences de résilience entre les patients ; il y avait ceux qui souffraient de pas grand-chose et qui donnaient l’impression de souffrir le martyr, d’autres qui connaissaient l’enfer et qui prenaient sur eux. L’humain était plein de mystère, l’appuyait la question qu’Abigail lui posa à propos du conducteur de la voiture qui l’avait renversée. Un signe de négation de la tête, les lèvres pincées, et Mavis lui répondit, démontrant un peu de compassion à ce sujet "Je suis désolée, quand je suis arrivée sur les lieux, le conducteur avait déjà pris la fuite. J’ai pas eu le temps de prendre le numéro de sa plaque, il était déjà trop loin." Accentuant l’angle de sa tête penchée, elle lui demanda à son tour "Avant de vous évanouir, vous avez eu le temps de voir quoi que ce soit ?" Elle ne savait pas comment se passerait les choses de ce point de vue-là. Est-ce que ça police viendrait l’interroger bientôt, est-ce que l’hôpital ferait les démarches nécessaires pour lui permettre d’au moins porter plainte contre qui l’avait laissée inanimée sur la chaussée ?

Se décalant de l’endroit où elle était posée, Mavis s’approcha du côté gauche du lit. Ses mains se glissant dans les poches de sa blouse, elle fit à la jeune femme "Est-ce que vous voulez qu’on prévienne un membre de votre entourage ?" C’était une demande qui se valait, surtout quand on voyait les blessures qu’elle accusait. Elle passerait un peu de temps à l’hôpital, sans doute aurait-elle besoin qu’on lui apporte quelques affaires, qu’on passe du temps avec elle ; des gestes qu’on n’incombait pas au personnel médical, mais à la famille, aux amis.
Trouvant le fauteuil du coin de la pièce dans lequel elle s’installa, Mavis laissa la question d’Abigail lui être posée avant de lui faire l’inventaire de son état, établi par les différents examens qu’on lui avait fait passer "C’est vrai que vous venez à peine de vous réveiller." nota-t-elle, s’en voulant à peine de la laisser dans le flou, ce qui ne fût plus que de l’histoire ancienne puisqu’elle lui dit enfin "Vous avez un traumatisme crânien donc, mais ce n’est pas ce qui nous inquiète le plus. C’est votre jambe." lui fit-elle savoir, marquant une pause pour qu’elle accuse le coup "Vous avez un traumatisme aussi, elle est fracturée. On va venir vous poser votre plâtre dans quelques minutes." Une annonce qu’elle lui fit en gardant son regard sur elle pendant un petit temps, histoire de lui laisser encore une fois le temps de se faire à cette idée.