10/04/2023 feat  @Abel Greetham

Brisbane. Troisième ville la plus peuplée d'Australie. En cette fin du mois d'avril, l'été s'approche doucement de son terme, laissant peu à peu sa place à l'automne. Le climat subtropical humide apporte des températures encore agréables, faisant osciller le thermomètre entre 15°C et 22°C. Cette période de l'année est souvent caractérisé par des journées ensoleillées et des nuits douces, ce qui est idéal pour passer du temps à l'extérieur. Les parcs et les jardins publics de la ville y sont particulièrement populaires. Par exemple, le parc de South Bank est un endroit prisé par les habitants et les touristes pour se promener le long de la rivière Brisbane, se détendre sur la pelouse ou prendre un bain de soleil sur les plages artificielles de l'endroit. Le tout dans un cadre idyllique, les arbres troquant leur feuilles vertes pour un habit jaune orangé absolument magnifique. Loukas aime beaucoup cette saison. Il la trouve belle, poétique, bien plus que le printemps. L'odeur des litières de feuilles mortes jonchant le sol lui rappelle des souvenirs heureux de son enfance. Il y a quelques jours, il s'est laissé allé à une idée folle : se rouler dans les feuilles comme autrefois. Bien que cela ait suscité l'étonnement des passants, il en a tiré une profonde satisfaction personnelle, salutaire en ce moment, étant donné son état psychologique. Il se force à sortir un peu, sur conseil de sa psychiatre. Mais s'il part un peu en promenade, il évite d'aborder des gens. Lui qui est pourtant si sociable et si avenant, il se cantonne à lui-même et à ses animaux. Parfois quelques proches... parce qu'ils prennent des nouvelles.

Les restaurants et les cafés de la région sont très animés en cette période de l'année, avec plusieurs endroits pour se détendre en plein air tout en dégustant des plats locaux et internationaux. Les gens font le plein d'ambiance festive avant d'entamer l'hiver. Les événements culturels et sportifs sont également nombreux. Le festival annuel du rire de Brisbane a lieu à cette période, avec des spectacles comiques organisés dans toute la ville. Les matchs de rugby de la ligue nationale de rugby sont également populaires à cette période de l'année, avec les Brisbane Broncos jouant régulièrement à domicile à Suncorp Stadium. Loukas a suivi leurs matchs, sans grand enthousiasme, plutôt parce qu'il n'avait que ça à faire devant sa télévision, à broyer du noir. Le fait de profiter, à nouveau, de la beauté naturelle de Brisbane lui fait du bien. La télévision a un côté anxiogène dont il était urgent qu'il se détache. Les collines environnantes de la ville offrent de magnifiques vues, tandis que les parcs nationaux à proximité, tels que le parc national de Lamington et le parc national de Springbrook, sont idéals pour les randonnées pédestres et les pique-niques. Il n'en est pas arrivé jusque là, mais l'idée de partir en excursion le tente de plus en plus. Il prévoit de franchir le cap et d'embarquer avec lui ses chiennes. D'abord pour éviter de se perdre et puis aussi pour avoir de la compagnie. Peut-être même qu'il peut demander à quelqu'un de venir ? Mais pas de très sportif alors, parce qu'il n'a pas envie de bouger plus que ça.

Le sport n’est pas vraiment un sujet dont Loukas est friand. A choisir, il préfère manger, d’ailleurs. Cependant, sa psychiatre a été formelle. S’il veut reprendre son travail dans de bonnes conditions, il doit absolument penser à se remettre en forme. Si mentalement, il arrive à remonter la pente et à se sortir du trou noir dans lequel il s’est enfoncé, physiquement, ses crises de boulimie ont laissé des traces. Quinze kilos… c’est le score de ce qu’il a engrangé en l’espace d’un peu plus de 3 mois… Ses muscles se retrouvent cachés sous une pellicule de gras. Il ne ressemble pas à un sac non plus, mais il a pris du ventre, des cuisses… du visage aussi, celui-ci est un peu plus enflé. S’il réussit à s’éviter de manger de façon compulsive, c’est parce qu’il prend un traitement pour calmer ses angoisses. Des médicaments qui lui apportent une sérénité intérieure. Il se reprend en main, peu à peu. Mais seul, c’est compliqué. S’il peut compter sur Iris, sa demi-sœur aînée, Loukas ne demande de l’aide à personne. Il s’isole, persuadé qu’il ne ferait que déranger et qu’il ne vaut pas vraiment la peine de marques d’attention. C'est un peu ce qu'il s'est passé avec Abel, d'ailleurs. Depuis qu'ils se sont revus autour d'un verre, Loukas n'est pas l'initiateur de leurs échanges. La raison à cela est profondément stupide, il en a conscience. Et pourtant il est incapable de s'en défaire... Cela le renvoie à son adolescence, aux mots qu'il a entendu alors qu'il était en surpoids, proche de l'obésité. "T'es trop gros pour être beau". Partant de ce constat répété en lui comme un écho sans fin, il se dit qu'Abel a du être dégouté par ce qu'il devient physiquement. Qu'il ne le trouve plus attirant.

Le chemin sera encore long avant qu’il ne parvienne à trouver une situation stable et où il s’affirmera, plein de confiance en lui. Mais comme le dit sa psychiatre, cela viendra. Il doit juste être indulgent envers lui-même et accepter que cela soit long. Comme elle le lui rappelle, ce qu'il vécu est loin d'être anodin, son esprit doit guérir à son rythme. C'est elle qui a donné un coup de pouce, comme toujours. Elle est au courant pour Abel. Loukas n'a pas pu lui cacher longtemps qu'il avait un amant, un confident et un ami aussi attentionné. Il lui a parlé de lui, décrivant notamment son attrait pour le sport. Elle lui a donc suggéré de proposer à Abel de le coacher pour qu'il se motive à se remettre en forme. Si Loukas a clairement traîné les pieds, ce n'est pas du fait de son ami mais plutôt de sa flemme... Il s'est finalement résolu à l'inviter chez lui, pour prendre un brunch et pour discuter autour de conseils d'entraînement. A l'exception d'Iris et Juliana, il n'a fait venir personne chez lui depuis des mois. L'endroit est propre, encombré et pas très ordonné. Loukas est un bordélique patenté et un accumulateur. Tant qu'il se retrouve dans son bazar, il ne range pas. Et il a besoin de combler le vide en permanence. Il s'est préparé en enfilant un short de sport. A la place de son débardeur habituel, il a mis un t-shirt ample, pour cacher ses rondeurs. Elles n'ont pourtant rien de choquant... hélas, pour lui, c'est une situation tragique et dramatique. Il est pleinement responsable de sa prise de poids et il culpabilise totalement, tout en se sentant impuissant. Il lui manque les conseils avisés d'un ami et il espère qu'Abel ne va pas le juger. Un espoir absurde... parce qu'il le connait. Il sait que ça n'est clairement pas son genre. La peur le rend bête... il se met à douter de tout et surtout de lui-même, à envisager le pire pour bétonner sa carapace.

Abel le surprend en sonnant à sa porte. Il n'a pas fini de préparer le brunch... un coup d'oeil il regarde l'heure et se rend compte que ça a passé plus vite que prévu. Surement la faute aux médicaments qui ont tendance à le ralentir un peu. Il s'appuie sur le plan de travail et expire plusieurs fois. Il sent que son coeur s'est accélérer, qu'une boule s'est logée au fond de sa gorge. L'angoisse est là... mais il arrive à la canaliser. Merci à son traitement... Les chiennes ont reconnu la présence d'Abel et elles aboient joyeusement. Leur maître s'accorde quelques secondes, pour se recoiffer et vérifier son reflet dans la porte du four encastré. Il finit par s'approcher de la porte, pose sa main sur la poignée et découvre un Abel rayonnant. Un sourire se dessine naturellement sur son visage fermé et fatigué. Il est heureux. Un poil nerveux, mais empli de bonheur.

« Salut ! Entre ! Tu as ton comité d'accueil habituel ! Je vais finir par être jaloux à force ! »

Il referme derrière lui et comme toujours il s'excuse, oubliant de l'étreindre comme ils en ont l'habitude :

« Désolé, je me rends compte que je suis en retard, je n'ai pas du tout fini de préparer le brunch... tu dois mourir de faim en plus... excuse-moi... »

Il ne peut cacher qu'il est tendu. Son corps le trahit. Intérieurement, il se dit que s'il arrive à ne pas trop montrer son gras, il préservera Abel d'une vision d'horreur... Le voilà donc à se mettre de la pression inutile sur les épaules... tout seul, comme un grand. Un classique signé Loukas Hardy.

10/04/2023 feat  @Abel Greetham

Ne pas se mettre la pression... dans cette situation, c'est plus facile à dire qu'à faire, pour Loukas. Il est en proie au doute et subitement, son esprit se met à paniquer un peu plus. Heureusement qu'il est sous traitement, sans cela, il se serait littéralement enfui de chez lui ! Et malgré cette voix qui essaie de le maintenir rationnel, un doute persiste quant à l'avis d'Abel à son sujet. Est-ce qu'il pensera qu'il a affaire à un type névrosé, désormais ? Et si finalement, il le déçoit ? Loukas ne veut pas perdre son ami et encore moins sentir le poids du jugement dans son regard. Les quelques mots prononcés par le bel homme le décontenancent. Certes, il n'est pas le Roi d'Angleterre et il a raison dans le sens où jamais il n'a manifesté de comportement hautain, inaccessible et protocolaire. Au contraire, Abel est quelqu'un de simple et d'assez authentique de son point de vue. S'il lui dit qu'il ne doit pas s'inquiéter pour un brunch, c'est qu'il est dans le vrai. Mais sur le moment, Loukas se confronte à la réalité : il n'est pas aussi efficace qu'avant... ce n'est pas faute d'y mettre beaucoup d'affection. Il peine un peu à faire certaines choses simple dans son quotidien. La faute aux médicaments, oui, mais pas seulement. Habitué à être dévalorisé par le passé, il n'a jamais été vraiment confiant. Les traumatismes de l'adolescence ont laissé des traces et à son âge, il ne s'attendait pas à en subir un nouveau en apprenant qu'il était un enfant adopté, abandonné par ses parents naturels à la naissance. Encore un abandon... qui n'arrange rien à son affaire...

«  Tu ne comprends pas... j'ai été nul, je me suis laissé rattraper par le temps... et à cause de moi, tu vas devoir attendre alors que je suis sûr que tu as faim... et puis ça ne se fait pas, ce n'est pas poli... je n'ai même pas mis les œufs à cui... »

Loukas sent la main d'Abel se poser sur sa joue et immédiatement, il s'interrompt, paralysé par un frisson qui parcourt tout son être. Ce contact lui a tellement manqué qu'il a l'impression de finir foudroyé. Il sent son rythme cardiaque s'accélérer. Il déglutit avec difficulté alors que leurs regards se croisent. Il comprend que son ami n'a pas besoin qu'il parle. Il a compris que quelque chose ne tourne pas rond. Loukas est une boule de nerfs, il est si tendu qu'on dirait qu'il va se faire un claquage en restant immobile... Il finit par se blottir contre lui et le serrer fort. Il est tactile, c'est dans sa nature. Et entre eux, ça n'a jamais posé le moindre problème. D'habitude, Loukas n'est pas du genre à garder un plan régulier plusieurs mois. Il fuit l'attachement, parce qu'il se dit que tôt ou tard, il sera synonyme de rupture et donc d'abandon. Cependant, avec Abel c'est différent, à la fois inattendu et prévisible. Ils ont le même fond. Ils sont gentils tous les deux, sociables, toujours prompts à se montrer amical et puis surtout, ils ont ce côté passionné qui les anime. Et pas qu'un peu... Loukas a peut-être une bouille toute mignonne, dans l'intimité, il se transforme en quelqu'un de torride. Il aime s'envoyer en l'air et l'alchimie n'a jamais été aussi forte, sur ce plan, qu'avec Abel. Il est le seul homme à l'avoir fait atteindre le Nirvana réellement, le seul à se soucier de son plaisir à lui aussi. Bref, Abel est un amant précieux, que Loukas adore retrouver. Dans sa quête du contact humain et de l'amour, il nourrit des profondes attentes en termes d'émotions. Entre eux, il ne sait pas ce que c'est alors il met ça sur le compte de leur amitié, de leur complicité. Percé à jour, Loukas ferme les yeux et soupire, en restant contre lui.

«  Ca fait... un moment... et j'ai changé... alors je sais que tu vas me traiter d'idiot mais je me demande si... enfin tu sais... si je n'ai pas tout gâché en mettant de la distance... en te tenant à l'écart... si je ne te répugne pas... »

Répugner... le mot est dur mais il résume tout ce que Loukas a subi plus jeune. La grossophobie est hélas bien présente dans la société actuelle. Et clairement, cela fait partie des sujets dont il a le plus souffert à l'école. Dans un monde assez peu tolérant, Loukas a du grandir en serrant les dents. Il aurait pu s'endurcir, devenir un type insensible et distant mais il a réussi l'exploit de ne pas sortir de cette désastreuse période de sa vie, transformé en quelqu'un d'aigri et d'irascible. Comme toujours, c'est lui qui souffre de cela, avec ses nombres Troubles obsessionnels compulsifs, son mal-être, son hypersensibilité et sa tendance à la dépression. Il fait partie de ceux qui se murent dans le silence à chaque fois qu'ils reçoivent des coups. Une similitude, s'il en faut une supplémentaire, avec Abel.

« T'as le droit de dire que je suis un crétin... c'est justifié... »

Il sait, à la minute même où il lui a avoué ses doutes, qu'Abel va lui caser, probablement, un petit sermon. Il l'attend avec une certaine honte. Dans sa tête c'est un duel de voix qui se joue, entre sa raison, qui lui dit qu'il n'a vraiment rien à craindre et son poison qui insidieusement lui murmure qu'en fait, Abel pourrait le voir comme un chapitre de sa vie à clore. Si même ses parents naturels l'ont abandonné... alors pourquoi pas son ami ? Tout le monde finit par partir... un jour... Les bras d'Abel l'aident à se sentir plus calme et plus posé. Il a placé son menton sur son épaule. La tiédeur qui s'échappe du beau gosse l'apaise. Il respire doucement, rouvre ses yeux bleus et se détache de quelques centimètres pour capter son regard.

« Oh gosh... qu'est-ce que j'aime ton parfum... ça m'a manqué... Alors, comment tu vas ? »

10/04/2023 feat  @Abel Greetham

L'un des principales raisons pour lesquelles Abel a manqué à Loukas c'est pour sa capacité à lui apporter du réconfort et du soutien, sans forcément le démontrer de manière directe. Il relativise tous les sujets qui peuvent générer du stress. Comme par exemple, ce fameux brunch pour lequel Loukas ressent un léger sentiment d'échec, alors que le bel homme devant lui a entièrement raison. Ils ne sont pas à quelques minutes près... et puis ni l'un, ni l'autre n'a une santé si fragile qu'elle nécessite de manger là, maintenant, tout de suite. Blotti contre lui, le jeune pompier se sent mieux. C'est anodin pour beaucoup, mais avoir un corps contre le sien lui rappelle qu'il n'est pas tout seul et que même s'il a mis de la distance avec les gens, il n'a pas perdu son côté sociable et tactile. Et ça tombe bien, car Abel non plus. Il ne sait comment décrire les papillons dans son ventre. C'est un drôle de mélange, loin de l'inconfort, entre les chatouilles et la chaleur. Il pourrait passer des heures ainsi. Cet amour pour les câlins lui vient de son enfance. Tant de temps à attendre que son père ou sa mère soient disponibles pour un moment de tendresse... Il ne leur en veut pas, pas pour ça en tout cas. Le fait qu'ils lui aient caché la vérité sur son adoption apparait davantage comme un sujet de grief que leur dur labeur pour les faire vivre. Il serre un peu plus Abel lorsque celui-ci évoque son départ et la distance. C'est vrai qu'il est parti loin et qu'en plus avec le décalage horaire, il n'a pas été simple de communiquer comme ils le souhaitaient. Le mot crétin sort de sa bouche et Loukas ne peut s'empêcher de sourire. Il ne prend jamais ce qu'il dit comme une insulte, parce qu'il sait qu'Abel a un bon fond, qu'il est gentil comme lui et que jamais il ne blesse personne volontairement. Il se met à rire alors que son ami lui dit qu'il a bien fait de prendre une douche avant de venir.

C'est du Abel tout craché. Il utilise et maîtrise l'humour d'une main de maître. Et surtout, il connait suffisamment bien Loukas pour trouver les bons mots, prononcer les bonnes phrases. Il a cette lueur qui pétille dans son regard et qui ressemble à l'âtre d'une cheminée, dans lequel dansent les flammes douces et réconfortantes. Loukas répond à ses confidences sur ses petits tracas par une légère pression. Il n'a pas besoin de lui témoigner son affection par les mots. Son attitude et ses gestes parlent pour lui. Les deux hommes ont malheureusement un ticket avec le cancer. La mère adoptive de Loukas en est aussi atteinte, au poumon. La maladie a progressé, provoquant une sérieuse remise en question de son pronostic à long terme. Elle s'accroche, subit sa chimiothérapie et sa radiothérapie avec courage et dignité. Certes, dans le cas d'Abel, la situation est malheureusement très mal engagée, pour ne pas dire irrémédiable. Il faut un vrai miracle, afin d'éviter une issue fatale. Loukas y croit au fond de lui. Il voit bien sur le terrain que certaines situations désastreuses prennent une issue favorable, sans véritable explication. Certes, les pompiers ont du talent mais parfois, il y a autre chose. Il faut essayer d'être optimiste. Il n'en parle pas à Abel, pourtant. Il ne veut pas lui provoquer une déception quelconque et il sait qu'il n'a pas le droit de lui susciter de faux espoirs. Abel est capable de faire face à la situation, s'il est bien entouré et pour cela, il a besoin de personnes présentes, attentionnées et respectueuses. C'est ce qu'il se dit, en tout cas. Dans son soutien silencieux, Loukas se sent sur un petit nuage. Et puis, il sent les mains de son ami descendre sur ses cuisses et le soulever du sol. Un léger cri de surprise lui échappe, tandis qu'il se retrouve plaqué au mur. Il ne se débat pas. Il se laisse faire. Les lèvres d'Abel se pose sur les siennes. Il sourit à son tour, se laissant aller à la passion qui les étreint tous deux quand ils se voient.

« Un bonjour fougueux comme je les aime... »

Loukas le dévore du regard. Il n'a jamais su cacher ses intentions et ses émotions. Souvent, avec Abel, son corps parle pour lui. Même sa voix est suave. Ses pieds retouchent le sol. Il adopte la même attitude que son ami, un sourire mi-amusé, mi-aguicheur. S'il s'écoutait, là, il mettrait le brunch de côté pour lui sauter dessus. Mais la petite voix le rappelle à la réalité sur son changement physique... et de toute façon, Abel lui suggére, à sa façon de tout lâcher et de se confier. Loukas ne réfléchit même pas et commence à répondre, sur un ton neutre, mais l'acte est salutaire :

« J'accuse le coup... je ne sais pas vraiment où j'en suis dans ma réflexion... J'aime mes parents car ils m'ont élevé et se sont occupés de moi... ce devrait être tout ce qui compte, tu vois ? Mais ils m'ont menti. Soit ils l'ont fait pour me protéger, dans ce cas, cela induit qu'ils m'aient considéré comme trop faible pour assumer la vérité. Soit ils l'ont fait parce qu'ils avaient peur de ma réaction et là, ça veut dire qu'ils ne font pas suffisamment confiance... Je suis perdu... Ma psychiatre me dit que je dois prendre le temps de laisser les choses retomber et que si je veux des réponses, ce n'est pas en me murant dans le silence que je les obtiendrais... Je sais qu'elle a raison... mais je ne suis pas prêt... »

Il secoue négativement la tête, en prononçant ces derniers mots. Loukas poursuit :

« Je me reprends en main... doucement... je ne dis pas ça pour te rassurer, même si j'espère que c'est quand même le cas. J'ai eu un moment très compliqué, que je n'ai pas su gérer. Mais j'essaie d'avancer... à mon rythme... Je réfrène mes pulsions et j'essaie de me contrôler pour ne pas manger tout ce qui traine... »

Même si clairement, il ne dirait pas non à croquer Abel après ce bonjour quelque peu animal qu'il venait de lui donner.

« Bref... ne parlons plus de moi... si tu me racontais un peu comment c'était là-bas ? J'ai vu passer quelques photos... à ton avantage, soit dit en passant, mais tu dois avoir mille et une choses à relater, pas vrai ? »

10/04/2023 feat  @Abel Greetham

Tôt ou tard, Loukas sait bien qu’il devra affronter la vérité et parler à ses parents. La vérité ne change rien aux faits. Ce sont eux qui l’ont élevé et qui se sont occupés de lui. Ils l'ont fait avec amour et bienveillance. Il n’y a pas de débat sur ce point. Et il n’y en aura jamais. Ce n’est pourtant pas le reconnaissance qui prédomine dans ses émotions mais bien la colère, le lourd sentiment de la trahison. Jusqu’à présent, il n’a connu la stabilité que grâce à son noyau familial, convaincu qu’il était dans un cocon inébranlable et sûr où rien ne pourrait jamais arriver. Il s’est brutalement rendu compte que tout n’est qu’un écran de fumée. D'abord avec le cancer de sa mère, qui attire son attention sur le fait qu'il existe un ordre naturel des choses. A un moment, il devra prendre soin de ses parents sur leurs vieux jours ou leurs derniers jours... assumer leur décès et se retrouver tout seul sur le bout de chemin qu'il lui restera. Mais a-il vraiment besoin d'apprendre à près de 27 balais qu'il n'est pas leur rejeton ? Et malgré tout le positif, tous ces souvenirs heureux, il ne parvient pas à oublier qu’il a été abandonné… et Abel lui ? Il en fera de même un jour ? Loukas se pose cette question silencieuse, tout en regardant le jeune homme devant lui. Il lui prodigue quelques conseils, avisés. Il va y réfléchir, parce que si son ami utilise de son temps pour lui parler c’est qu’il est bien décidé à rester avec lui pour ce brunch et peut-être plus si l’affinité prend le pas sur le reste, comme souvent. Il tape dans le juste en tout cas. Loukas prend conscience qu'il est en train de se noyer sous les questions et que c'est à cause de ça qu'il perd pied. S'interroger sur soi et sur les autres est une bonne choses, sauf quand ça en devient obsessionnel et bloquant.

« Je sais que tu as raison… il me faut juste un peu de temps. J’ai besoin de me sentir prêt avant de les revoir. Je sais que le temps perdu ne se rattrape plus… mais je vais y arriver… c’est promis. »

Loukas a un principe. Il ne fait jamais de fausses promesses. S’il ne parvient pas à les tenir, ce qui est très rare, c’est que le sort lui a fait défaut. La sollicitude d’Abel le touche. Il le remercie d’un signe de la tête. Plaisante-t-il quand il évoque le fait de l’attendre devant chez ses parents ? A en juger par son visage amical et bienveillant, non. Ce sera une première… qu’il emmène un homme chez son père et sa mère. Et quand bien même il restera sur le perron, ces derniers y verront un signe probable de mariage. Les parents s’emballent toujours, surtout quand un fait nouveau apparaît dans la vie de leur fils. Parce qu'il ne supporte pas de les décevoir, Loukas ne présente jamais des amants. Tout simplement parce qu’il ne se projette jamais avec eux. Sa peur de l’abandon fait qu’à un moment donné, c’est lui qui rompt brutalement. Les hommes traversent sa vie sans s’y attacher. Si c’est le cas, il les décroche, sans aucune pitié. Et seul Abel peut se vanter d’être son ami et d’occuper une place durable dans son existence. Tous ceux qui ont partagé sa couche en ont été brusquement extirpés. C'est ainsi... il préfère ne pas prendre le risque de voir son cœur se briser. C'est beaucoup trop douloureux et il le perçoit comme quelque chose d'insurmontable. Abel a des qualités qui le font durer dans sa vie. Il est affectueux, tactile, attachant, doux, gentil et surtout généreux. Au lit, ou un peu partout d'ailleurs, il est le seul à donner autant de plaisir que ce qu'il reçoit. Et ça Loukas est incapable de prétendre qu'il n'adore pas... Son ami a le don pour être beau et parfait en toute circonstance. Même au réveil, il dégage un charme sauvage qui fait toujours son petit effet sur le jeune pompier.

« Parfaitement à ton avantage, même… particulièrement celle avec ta serviette autour de la taille… ou ton selfie de beau gosse, avec tes lunettes de soleil… Dude… you are so hot… »

Il se mord la lèvre inférieure en y repensant. Clairement, Abel lui a manqué et à distance, son esprit a fantasmé mille fois sur les photos du bel apollon. Il rougit quand son ami le surprend en lui disant qu’il le trouve toujours aussi beau. Il n’a pas encore vu ses formes… et Loukas appréhende la déception dans son regard… voire le dégoût ? Il s’apprête à changer de sujet quand le beau gosse lui propose d’aller ailleurs que l’entrée. C'est vrai que ça sera quand même bien mieux ! Encore un manquement à son devoir d'hôte ! Bon, cela dit, toute la ménagerie de Loukas fait barrage. Les deux chiennes se sont assises dans l'encadrement de l'arche pour les observer. En fait, ça fait depuis qu'Abel a soulevé leur maître du sol qu'elles les fixe, attentives. Elles ont l'habitude de voir leurs élans de passion. Ce qu'elles attendent, c'est que les vêtements jonchent le sol pour venir s'y lover. Pourquoi diable aller dormir dans l'un des dix dodos que leur propriétaire a mis à leur disposition, alors qu'elles peuvent se coucher dans des vêtements chargés d'hormones et de chaleur humain ? Loin d'être conscient de la lueur de déception dans le regard de ses deux huskies, Loukas est captivé par Abel. Il le regarde faire le pitre puis éclate de rire. Il a cette capacité à lui vider la tête en un clin d’oeil.

« Hé, elle est très bien cette entrée ! Je l’ai décorée avec amour et une grande passion ! »

Il profite qu’ils se mettent en marche pour lui donner une petite claque sur les fesses, en le dévorant du regard. Il se permet car il sait que l’alchimie et la complicité sont présentes. Et puis Abel aime bien quand il a les mains baladeuses. Loukas reprend place dans la cuisine qu’il a quitté quelques instants plus tôt. Il désigne un tabouret de bar et invite Abel à s’asseoir dessus. Il prend alors le pressoir à agrumes et lui propose :

« Tu veux du jus d’orange ? Je peux te faire du jus de pomme aussi, si tu préfères ? Ou un café ? Dis-moi ! »

Une fois la boisson servie, Loukas commence à préparer le brunch face à Abel, tout en le questionnant :

« Comment c’était là-bas ? Raconte ! J'ai entendu dire que c'était vraiment immense et qu'il était très facile de s'y perdre... »

10/04/2023 feat  @Abel Greetham

Quand Abel espère à voix haute qu'il trouble ses nuits, Loukas répond simplement par un sourire en coin. Même à distance, le beau danseur et mannequin est parfaitement capable de lui faire passer un agréable moment. Le plus désagréable est de se réveiller et de constater qu'il n'est malheureusement pas présent dans le lit, avec lui. Rien de plus frustrant que de revenir dans le monde réel, fébrile et transpirant à cause d'un rêve torride sans pouvoir continuer à prendre plaisir de façon réelle. Peut-être rattraperont-ils le temps perdu, si Abel n'est pas trop dégoûté par sa prise de poids ? Cette pensée fugace fait disparaître son sourire alors qu'ils entrent dans la cuisine. La maison de Loukas, bien qu'encombrée par beaucoup d'objets inutiles, reste un endroit propre et plutôt confortable. Il n'est pas une fée du logis, mais pas question d'avoir de la saleté chez lui. Avec ses animaux, de toute façon, il ne conserve guère le choix ! Il doit passer un coup d'aspirateur et de poussière tous les jours, au risque de voir passer des monticules de poils dans le couloir. Pour s'aider, il a acheté un aspirateur robot, qui vient faire le plus gros. Lui, il passe ensuite pour boucler les finitions. Dès qu'Abel choisit sa boisson, Loukas la lui fait. Il a de la chance d'être le détenteur d'une magnifique machine à café vintage, qui moud les grains de café torréfiés et donne une boisson vraiment exquise. Et pour cause ! Le café en lui-même est du Bourbon Pointu, tout droit issu de La Réunion. Incomparable pour son goût fruité et son parfum floral, il est une pure merveille en bouche. C'est une vieille dame qui en a offert à Loukas, après qu'il lui ait sauvé la vie. Présente en vacances pour profiter du dépaysement australien, elle a eu la malchance d'avaler un glaçon de travers sur la terrasse d'un café. Ce jour-là, Loukas prenait sa pause et il a pu intervenir rapidement, lui pratiquant la manœuvre de Heimlich et lui permettant de poursuivre son séjour. À faire du bien autour de lui, il récupère la gratitude des autres. Cela ne le met jamais à l'aise, mais comme il se fait gronder parce qu'il refuse ce cadeau et qu'il fuit les conflits, le café sert donc de temps en temps. Il tend la tasse à Abel et s'en fait couler un à son tour. Il écoute les détails que lui donne son ami.

« L'important c'est que tu en aies profité, que tu y aies pris plaisir. Après, tu avais quand même le droit de tricher un peu, ce n'est pas comme si tu avais fait quelque chose de mal et de non-professionnel. Si un jour je me décide à aller à New York, j'espère que tu seras mon guide officiel. Je sais que je n'aurais pas le temps de m'ennuyer ! C'est quand même une grande ville, je pense que tu as toujours une animation quelque part ou une idée de sortie. Ca doit être parfois fatigant d'ailleurs. Je te le dis, si j'y vais, j'y serais en mode vacances ! Bon... je dis ça mais la moindre sirène... »

Il rit légèrement. Le son des ambulances ou des pompiers le met toujours en alerte. Abel s'en rappelle sûrement, mais une fois, alors qu'ils étaient en train de s'amuser, le signal des pompiers a retenti quelques rues plus loin et Loukas est sorti de leur ébat, prêt à reprendre du service même s'il était en repos. C'était comme ça... il ne se refaisait pas. Bon, son amant n'a guère eu de mal à le ramener dans l'ambiance une fois que le son a disparu. D'autres personnes que lui se sont déjà vexées de cette réaction surprenante, il faut bien le dire. Loukas alterne entre une gorgée de café et sa cuisine. Il essaie de faire au plus vite et au mieux pour que son invité ne s'impatiente pas ou n'ait pas la sensation de faim qui lui tenaille trop le ventre. Il vient de casser des œufs pour les brouiller quand Abel se lève. Il essaie de rester concentré sur ce qu'il est en train de faire. Mais il le sent passer derrière lui et tout son corps frissonne. Il ferme les yeux en se mordant la lèvre inférieure tandis qu'il le sent contre son dos. Les œufs brouillés sont en train de cuire, ce n'est probablement pas le bon moment pour ce genre de câlin... Certes, la petite voix dans sa tête a quand même raison... pourtant Loukas n'est plus vraiment guidé par son cerveau. Et quand les mains d'Abel entrent sous son t-shirt, il n'a pas la volonté de mettre un stop et ce malgré le peu d'estime qu'il nourrit pour son corps grossi. Les lèvres du beau gosse dans son cou et sur son oreille accélèrent son rythme cardiaque. Ses pupilles se dilatent légèrement sous l'envie et la passion qui montent. Quelques mots glissent à son oreille. Instinctivement, il se cambre légèrement pour que ses fesses viennent s'appuyer et frotter légèrement sur le bassin de son ami. Il lève légèrement le menton pour exposer davantage son cou à ses baisers. Touillant mollement d'une main dans sa casserole, il place celle qui est libre dans les cheveux du blond, qui a décidément un talent certain pour l'enflammer. Il caresse son cuir chevelu, s'y cramponne légèrement. Une pensée fugace lui traverse l'esprit. Ils n'ont jamais étalé leur passion sur le plan de travail de la cuisine... Il sent une chaleur l'envahir et ses joues rougissent alors qu'il imagine la suite. Il essaie quand même de retrouver un peu de contenance.

« Ah... oui ? Tu trouves ? Merci... »

Clairement, Loukas est clairement perturbé. Il coupe la plaque pour éviter que les œufs ne soient trop cuits. Il se penche légèrement pour récupérer un peu de poivre et en mettre dans la casserole. Puis, il tourne la tête et, avec sa main, il amène les lèvres d'Abel sur les siennes. Il l'embrasse avec fougue et dans le même temps avec une certaine douceur. Quand leurs lèvres se séparent, il murmure :

« Tu me mets dans tous mes états... comme toujours... »

Sa main quitte ses cheveux pour passer sur sa hanche et venir agripper l'une de ses fesses. Il se cambre davantage et se frotte contre lui de façon beaucoup moins timide. Abel a allumé le feu. Finalement, en guise de brunch, il risque plutôt d'avoir un dîner.

10/04/2023 feat  @Abel Greetham

10/04/2023 feat  @Abel Greetham

10/04/2023 feat  @Abel Greetham