Rien ne se passait comme il le voulait et pourtant il essayait. Ou du moins il avait essayé, essayé d’être un homme meilleur, de vivre la vie de monsieur tout le monde et chaque pas en avant lui avait fait faire trois pas en arrière. L’américain n’hésitait pas longtemps dans ces moment-là à fuir ces problèmes et si la plupart du temps une bonne bouteille de whisky suffisait, cette fois-ci il lui en fallait plus, il voulait se réveiller sans avoir à se rappeler, sans devoir croiser des visages lui rappelant ses malheurs et c’est sur un grand coup de tête qu’il avait pris un billet d’avion pour l’Europe. Ah l’Europe ! La destination favorite de l'Américain qui y avait toujours trouvé son compte. Il était arrivé à Prague en premier lieu avec un simple sac de sport, comptant bien se procurer ce dont il avait besoin au quotidien sur place. Il y avait rencontré de vieilles connaissances, avait passé du bon temps et avait poursuivi son chemin jusqu’à s’arrêter en Hongrie. Budapest. Sa favorite.

Budapest, janvier 2023

Quitter le pays avait été une très bonne option pour oublier. Après quelques jour à Prague, Amsterdam et Cracovie il avait posé ses valises à Budapest pour de nombreuses semaines. Budapest c’était son paradis, là où il pouvait être celui qu’il était, là où le pire de lui ressortait. Il ne se résignait pas sur les plaisirs de tout genre, jeux, alcool, sexe, tout était réuni pour l’aider à oublier. « ma belle, sers moi un whisky s’il te plaît «  il plongeait son regard dans celui de la brune qui lui tenait compagnie depuis plusieurs jours. Une escorte avec de jolies courbes qu’il avait pour habitude de fréquenter à chacun de ses voyages en Hongrie et ce depuis de nombreuses années, même quant il était un homme marié. Il ne s’était jamais présumé comme étant un homme fidèle et pourtant cette fois-ci il ressentait comme un remords par moment, pensant à Sofia qui vivait sa vie avec son violent mari, ne lui ayant pas laissé la chance de lui démontrer qu’ils étaient fait l’un pour l’autre. Mitchell avait beaucoup de mal à digérer l’histoire avec Sofia, une histoire qui avait pris fin suite à l’amnésie de la Française. Après s’être battu pour la récupérer sans succès, il avait décidé de s’en aller quelque temps, laissant Brisbane derrière lui sans prévenir personne.


Mitchell avait convié Solas à le rejoindre en Europe et l’avait convié directement dans ce bar. Un bar qui avait la réputation d’attirer les grosses têtes du coin. Mitchell y avait facilement trouver sa place à l’époque et y revenait à chaque fois qu’il se trouvait à Budapest. Assis sur un canapé en compagnie d’une belle créature, il se laissait aller à la séduction jusqu’à apercevoir une silhouette qui lui était fortement familière. « Tu nous laisse ma belle, on se retrouve plus tard » il déposait un léger baiser sur ses lèvres avant de se lever pour faire signe à Solas. « Je suis content de te voir ! » qu’il disait avec un grand sourire. Entre eux l’eau avait coulé sous les ponts et leur amitié d’antan avait pu revoir le jour. L’invitation de Mitchell s’était voulu spontanée, discutant avec Le Brun un soir il lui avait fait part de son séjour, l’incitant à le rejoindre pour passer du bon temps, une invitation qui avait été acceptée par Solas qui souhaitait prendre des vacances.

Des vacances, c’est quoi ça ?
Bien méritées oui, mais on est loin de Malte, du sud la France ou du fin fond du Royaume-Uni.

Ou souvent, moins souvent maintenant que j’ai de lourdes affaires sur les épaules, je me casse au Monténégro en gros gamos rutilant pour tenter d’impressionner une galerie de voitures toutes aussi luxueuses que la mienne appartenant à des mecs plus friqués que moi pour des parties de poker dont le but serait de faire assez de sous pour refaire la toiture du manoir de ma mère qui tombe en ruine et je repars souvent les poches vides et pleins de sales contrats à prendre pour me refaire.

Sur invitation de Mitchell Strange et à Budapest rien que ça, on ne va pas se mentir: J’ai pas encore foutu les pieds dans l’avion que je sens d’ici la coke, les putes et les emmerdes avec des mecs pas commodes pour l'euphémisme. À se demander si c’est des vacances ou un simple changement de paysage.

Pour la coke, j’en prends pas plus que n’importe quelle autre drogue. Mon vice qu’on essaie désespérément de calmer c’est le sexe. Et certains grands alcools. Pour les putes, on verra si elles ont un physique d’influenceuses d’instagram dignes de prendre Emirates en première classe pour tenir compagnie aux Sheikhs de Dubaï. Quant aux criminels qui traînent ici à moins d’être en plein délire mégalo n’essaie même pas de tester un assassin and the law of fucking around.

Budapest, janvier 2023

Dès que j'entre dans ce bar d’initiés grâce à un passe droit accordé par Mitchell où ce dernier à ses habitudes, je reconnais mon ami que je vu prétendre voir fortement essayer de devenir un mec rangé et ne peut que sourire devant une scène que je ne connais que trop bien pour l’avoir vu mille fois au bar exclusif du Club quand j'y était convié: whisky, une escorte plantureuse qu’il traite avec plus de respect que la première travailleuse du sexe du coin de toute façon pas de ça ici.

“Tu nous laisse ma belle, on se retrouve plus tard”

Et qui en voudrait à Mitchell de ne pas avoir réussi à tirer un trait sur Sofia et de l’oublier dans les bras d'une femme dont le métier est d’être parfaite ?

“Je suis content de te voir !”

“Et moi donc.”

Même si quelque part je suis déçu pour lui que sa tentative de vivre une vie normale est échouée j'était le premier à savoir qu’en cas de déception du monde réel ce qui arrive avec plus de probabilité que de gagner une partie d’échec contre Magnus Carlsen, son naturel reviendrait au galop. Au moins dans son élément depuis plusieurs semaines il est de nouveau lui-même et semble en être satisfait.

“Moi aussi j’ai besoin d’un verre.”

Ou deux, ou trois… Surtout si je dois lui raconter ma vie ces derniers mois. Une hôtesse dont le but est de rester attentive aux convives capte mon regard et s'approche.

“Quintessentially Q Vodka, à défaut Russian Standard s'il vous plaît.”

qu’on puisse trinquer à nos déboires sentimentaux avant de "fêter" ça dignement. Je sais même pas par où commencer alors que Mitchell m’a conseillé de ne plus jamais faire confiance à une femme: River ? qu’il ne sait pas que je connais bien aka ma meilleure amie que j’essaie désespérément de ne pas foutre dans mon lit ? On parlera surement de Lou aussi mais pour ça j’ai besoin de:

“La bouteille, merci.”