Sky High

Ashley avait honoré sa promesse. Plus d'un an auparavant, lorsque Sofia lui avait exprimé son envie de s'essayer à des activités qui bousculeraient un peu son quotidien, elle avait accepté d'être sa guide. Pour sa part, accéder à cette requête n'avait rien eu de très compliqué. Les deux femmes s'étaient rencontrées au St Vincent's Hospital, lors des séances de rééducation suite à une mauvaise chute en pleine sortie d'escalade (chute qui avait valu à l'américaine une fracture de la clavicule) ; et ni la différence d'âge ni la divergence de caractères ne les avaient empêchées de se lier d'amitié, s'émancipant peu à peu du cadre strictement paramédical. Leur relation s'était ainsi poursuivie au-delà de la thérapie, et au cours des mois suivants, l'aînée avait tâché d'initier sa cadette à des pratiques sportives qui la sortiraient de sa zone de confort. Cela avait été un succès ; tout simplement parce que la kinésithérapeute s'était montrée très vite désireuse de repousser ses limites, une fois celles-ci testées. S'il y avait encore du chemin à parcourir pour que l'élève ne dépasse le maître, la fable du lièvre et de la torture nous apprenaient que la persévérance importait d'avantage que la vitesse. L'acquisition d'une moto, par ailleurs, était la preuve que la jeune femme était aussi capable de déployer ses ailes sans la présence de son ange gardien.

Elle avait honoré sa promesse, mais elle avait aussi été beaucoup moins présente. Ses nouvelles responsabilités chez Boeing, l'augmentation de sa charge de travail, les réunions, les déplacements et les heures supplémentaires, quoi que pratiques, ne suffisaient que partiellement à l'expliquer. Son retour au sein de la CIA était, lui, autrement plus parlant. S'il ne s'était accompagné d'aucun changement immédiat dans sa vie de tous les jours, il l'avait inévitablement menée à une longue introspection solitaire. Solitaire, car il n'y avait tout simplement personne avec qui l'américaine pouvait en parler sur le sol australien. Par sécurité d'abord, évidemment, mais aussi parce que les implications en étaient aussi nombreuses que complexes ; beaucoup, beaucoup plus qu'une simple réintégration au sein d'une hiérarchie qui pourrait, éventuellement, lui demander des comptes. A sa façon, saisir la main tendue par l'agence de renseignements l'avait momentanément isolée, et naturellement, ses relations en avaient pâti. Rien qui ne soit irrécupérable, bien heureusement. A cet égard, le rendez-vous fixé aujourd'hui avec Sofia était une façon inavouée de réaliser son mea culpa, de renouer avec une de ses activités favorites, et enfin, de se changer les idées.

Comme à son habitude, elle était arrivée sur les lieux bien avant l'heure prévue. Familière de l'aérodrome, habituée du club et de ses employés, c'était aussi elle qui s'occupait de plier son propre parachute, dans le hangar prévu à cet effet. L'exercice ne durant qu'une trentenaire de minutes, elle s'était ensuite rendue dans la salle de pause pour boire un café, et échanger avec les autres membres déjà présents. Sans cesse sollicitée par le travail, elle ne put échapper à un appel, à la vérification rapide d'un dossier et à son transfert par courriel. Elle était en pleine conversation avec le pilote, alors dans le hangar où attendaient les aéronefs, quand le son immanquable d'une cylindrée s'éleva sur le parking à l'arrière. Il y avait peu de moteurs pouvant rivaliser avec celui de sa Chevrolet, et elle revint à l'intérieur des locaux juste au moment où Sofia franchissait la porte d'entrée, blouson de motard sur le dos. - Hey, l'aborda-t-elle avec le sourire. - On a encore un peu de temps avant le début du briefing. Une courte leçon de quinze minutes, où l'on expliquait aux débutants le déroulement général du saut, les différentes positions à adopter, et comment se préparer à l'atterrissage. Même si en réalité, le moniteur gérait 99% de la manœuvre. - Tu veux quelque chose à boire? Il y a du thé, café, des sodas... Son but, la mettre à l'aise, et lui faire oublier l'appréhension qui la rongeait peut-être. Quand on était à moins d'une heure de sauter d'un avion, c'était tout sauf inhabituel. - Et bien sûr de l'alcool, quand tu seras officiellement parachutiste. Ca n'arrivait pas tous les jours !


 

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Combler le manque affectif par des décharges d'adrénaline voilà comment elle avait décidé de vivre sa vie. Elle avait commencé par des choses assez simples, du moins simple pour celle qui lui servait de guide, de modèle, d'ange gardien, mais, pour Sofia, les choses étaient loin d'être simples. Les muscles lui manquaient, l'expérience aussi et si la peur ou l'appréhension aurait pu la faire renoncer à plusieurs reprises, devant l'impressionnante Ashley, Sofia n'avait jamais renoncé. Même quand la hauteur lui faisait ressentir des frissons et que ses jambes tremblaient alors que le vide était partout, autour d'elle. Elle avait peur, mais ce qu'elle ressentait à ces moments valaient le coup alors que dans sa vie elle s'ennuyait, incapable de réussir quoi que ce soit, dans ces activités elle vivait et elle réussissait à aller au bout. Sortant de ces journées avec Ashley toujours exténuée, mais fière d'elle et avec une sensation inexplicable qui l'aidait à oublier le temps de quelques heures ce quotidien qui était toujours un peu plus pesant. En se lâchant du haut d'une tyrolienne, elle se sentait légère, libre, et forte, tout ce qu'elle n'avait plus l'impression d'être dans sa vie.

Sa vie n'était pourtant pas si terne et des émotions fortes, elle en avait vécu à l’hôpital et après quelques jours de repos forcés, elle avait eu le droit de reprendre le boulot, et surtout elle avait obtenu l'autorisation pour faire ce saut qui l'excite autant qu'il la terrifie. Sauter d'un engin volant en mouvement, elle aurait sans doute ri si quelqu'un lui avait dit il y a quelques mois qu'elle ferait une telle chose. Sauter d'un engin volant en mouvement, elle aurait sans doute ri si quelqu'un lui avait dit il y a quelques mois qu'elle ferait une telle chose. Aujourd'hui, c'est une tout autre histoire, puisqu'elle s'approche de l'aérodrome au guidon de sa moto, là aussi c'est presque une incohérence de voir la petite et douce Sofia au volant d'en engin aussi massif et bruyant. Mais, elle aime ça, elle aime cette sensation, comme tout ce qu'elle fait désormais, elle est à la recherche de sensations, d'adrénaline et à chaque fois qu'elle monte sur sa bécane, elle ressent cette petite sensation dont elle est ne peut plus se passer désormais. Elle retrouve Ashley, un visage familier, celle qui l'a initié aux sports à sensation, celle qui l'a aidé à dépasser ses peurs et à vivre des aventures qu'elle n'aurait sans doute jamais vécu seule et aujourd'hui elle s'apprête à en vivre une autre forte avec elle. Elle lui sourit en la voyant, ravie de voir qu'elle est là parce qu'elle rassure Sofia de par sa présence.

« Tu veux quelque chose à boire? Il y a du thé, café, des sodas... » Elle est presque certaine que son estomac refusera tout ce qu'elle voudra tenter d'absorber alors que l'appréhension devient encore plus grand en voyant toutes les photos de parachutiste sur les murs. Bientôt ce sera elle qui sera, non pas en photo, mais dans les airs, à tomber en chute libre en voyant le sol se rapprocher de plus en plus vite. « Et bien sûr de l'alcool, quand tu seras officiellement parachutiste. » Elle détourne son regard des photos pour le reposer sur Ashley celle à qui elle va remettre sa vie dans quelques minutes et malgré la confiance qu'elle a pour cette femme si impressionnante, elle n'en mène pas large Sofia. « On peut pas anticiper un peu et sortir l'alcool dès maintenant, je crois qu'un petit verre ne ferait pas de mal. » Elle le dit en riant, mais elle ne cache pas son appréhension, c'est pas une honte d'avoir peur à l'idée de se jeter depuis le ciel dans le vide non ? Ca serait même plutôt l'inverse qui serait étonnant, enfin c'est ce qu'elle se dit. « Rappelle moi combien de saut tu as déjà fait ? Et combien de personnes tu as tué ? » Elle espère que l'un des chiffres soient bien plus haut que l'autre, mais elle n'a pas vraiment en tête l'idée que des gens soient déjà mort entre les mains d'Ashley, du moins elle espère sinon c'est avec une vitesse qui rendrait fier son ancien coach de sport qu'elle détalerait loin Sofia. « J'ai fais du parachute ascensionnel y'a quelques semaines, mais ça n'aide pas, je suis terrifiée. » Elle devrait pourtant être prête, elle le sait depuis quelques temps mais rien ne prépare vraiment à ce genre d'activité non ? « Je crois que je n'ai jamais eu aussi peur dans ma vie. Mais rassures toi j'ai quand même hâte de le faire, je crois même que je suis excitée par cette expérience, c'est bizarre non ? » Elle se questionne Sofia, se demande si tout les gens sont comme elles avant de faire leur premier saut, si son appréhension est légitime ou si c'est une preuve qu'elle va trop loin cette fois et qu'elle n'y arrivera pas. Elle a peur de ça, de bloquer, d'abandonner alors que l'envie est là, alors qu'elle attends ce jour depuis longtemps.

 

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« On peut pas anticiper un peu et sortir l'alcool dès maintenant, je crois qu'un petit verre ne ferait pas de mal. » Le rire un peu jaune de Sofia trouva un écho sincère chez Ashley, qui vint passer un bras réconfortant autour de ses épaules. - Un très petit, alors. L'américaine se sentait protectrice envers la jeune femme. Pas seulement à cause de la différence d'âge, ou parce qu'elle s'estimait naturellement responsable de sa sécurité dans toutes les activités qu'elles pratiquaient, mais parce que c'était un rapport différent de ceux dont elle avait l'habitude. Au travail, dans un milieu aussi compétitif que le leur et à une position aussi importante, l'atteinte des objectifs fixés était considéré comme plus importante que le développement de relations interpersonnelles. Cela ne voulait pas dire qu'elle ne s'entendait pas avec ses collègues ; seulement que ses attentes à leurs égards restaient surtout pragmatiques, au contraire de la kinésithérapeute, pour qui elle se sentait presque le rôle d'une grande soeur. « Rappelle moi combien de saut tu as déjà fait ? Et combien de personnes tu as tué ? » Son expression ne changea pas, restant cet amusement amène. Elle savait que la deuxième question de sa cadette ne recelait aucune malice, s'inscrivant plutôt dans une tentative d'humour visant à lui faire oublier son propre stress. Combien de personnes avaient-elles tuées ? Même si elle serait prête à arguer que la distinction entre meurtre et complicité de meurtre n'était pas négligeable, Ashley restait convaincue que répondre honnêtement signifierait la fin de leur amitié, et le début de ses ennuis.  - Officiellement ? Un petit sourire complice étira ses lèvres. - 378, la dernière fois que j'ai vérifié mon carnet de vol. De sauts, pas de morts. Le nombre était plus impressionnant qu'il ne l'était vraiment, si l'on considérait qu'elle avait débuté la chute libre l'année de ses 18 ans. Vingt-cinq années de pratique ou presque, ponctuées d'interruptions plus ou moins longues liées à ses différentes missions. - Officieusement... un petit peu plus. Il se pouvait qu'elle ait sauté hors des zones et des horaires réglementés avec des amis, souvent à l'aube ou au coucher du soleil, pour découvrir des panoramas radicalement différents d'en pleine journée.

« J'ai fais du parachute ascensionnel y'a quelques semaines, mais ça n'aide pas, je suis terrifiée. » Ashley hocha la tête, se souvenant que Sofia lui en avait parlé lors de leurs échanges de sms. Une preuve supplémentaire que celle-ci gagnait peu à peu en confiance, et un petit sentiment de fierté pour celle qui l'avait poussée de l'avant. « Je crois que je n'ai jamais eu aussi peur dans ma vie. - Même pas lorsque tu as passé ton examen final de kinésithérapie ? Elle en doutait. La brunette était si douée dans sa profession et si impliquée avec ses patients qu'obtenir son diplôme n'avait du être qu'une banale formalité. « Mais rassures toi j'ai quand même hâte de le faire, je crois même que je suis excitée par cette expérience, c'est bizarre non ? » - Je pense au contraire que c'est normal. C'était la preuve d'un esprit rationnel et honnête : ceux qui prétendaient ne pas avoir peur ou ne pas éprouver d'anxiété n'étaient ni plus ni moins que des menteurs - Si ça peut t'aider, la sensation de chute ne dure quelques secondes. Le temps d'atteindre la vitesse terminale, lorsque le poids du corps était compensé par la résistance de l'air, et que seule la gravité continuait d'influer sur le chute. - Après ça, tu te sentiras comme sur un coussin. C'était un peu comme voyager dans un train à grande vitesse dont on aurait tiré les rideaux : l'absence de référentiel nous empêchaient d'appréhender son mouvement, alors même qu'il fusait à toute allure. - Et bien sûr, je serai là jusqu'à l'ouverture de votre parachute.  Moment où les plongeurs s'éloignaient les uns des autres pour éviter tout accident. De façon idéale, c'est à cet instant que le responsable du briefing invita les nouveaux élèves dans la pièce attenante, où il expliquerait le déroulement de l'après-midi, de la montée dans l'avion jusqu'à l'ouverture des portes ; les consignes de sécurité à respecter, et comment appréhender le moment où l'on toucherait le sol. Un exposé d'une quinzaine de minutes, après lequel ils se rendirent dans le hangar pour s'équiper de leurs parachutes et de leur harnais. Finalement, elles se retrouvèrent devant l'avion, dont l'hélice ne tournait pas encore. - A toi l'honneur.



 

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Elle en a vécu des premières expériences avec Ashley, se laissant tenter à découvrir de nouvelles activités, de nouvelles sensations aussi mais cette fois c'était encore une toute autre étape qu'elle s'apprêtait à franchir. Faire le grand saut à quelques mètres du sol. Sauter dans le vide et défier les lois de la nature et de la gravité. Elle ne peut pas cacher qu'être ici aujourd'hui commence à la terrifier un peu. Beaucoup. Carrément beaucoup. Et elle pense qu'un verre d'alcool pur pourrait être une solution pour trouver un peu de force ou pour oublier un peu la peur. L'envie est là, l'envie est présente et l'excitation aussi. La soif de découverte, de tenter de nouvelles choses, l'envie de se dépasser et de se sentir un peu en vie. Mais justement, elle veut se sentir en vie et pas mourir non plus ou finir elle même sur une table de kiné parce qu'elle se sera brisée tous les os de son corps et elle sait qu'elle en a beaucoup qui peuvent se briser de toutes les façons possibles et une chute en parachute fait partie des façons possibles qu'elle ne veut pas tester. Ashley est là pour elle, Ashley derrière son côté sans peur et sans faiblesse, semble être pourtant capable de comprendre la peur de Sofia, semble être capable aussi de la rassurer et c'est aussi pour ça que la Mexicaine se sent en sécurité avec elle malgré les activités qu'elles font ensembles. Pourtant, quand on sait qu'elles se sont rencontrés sur la table de kiné de Sofia suite à une blessure lors d'une activité sportive, peut-être que ça aurait du refroidir Sofia, mais au contraire, ça l'a mené tout droit ici. Après avoir testé pleins d'autres activités, voici la dernière étape, la plus incroyablement flippante de toutes. Ashley est une habituée, Sofia le sait et elle a juste besoin d'être encore un peu rassurée alors qu'elle plaisante sur le nombre de sauts et surtout sur le nombre de morts à l'actif d'Ashley. Des morts en parachutes, bien sur. « Officiellement ?  378, la dernière fois que j'ai vérifié mon carnet de vol. De sauts, pas de morts. » La dernière remarque a le mérite de faire rire sincèrement la Mexicaine, même si elle n'en avait pas douté une seconde. 378 étant déjà un nombre très, très impressionnants de sauts, il deviendrait carrément flippant, et plus encore, si elle parlait de morts. « Officieusement... un petit peu plus. » Officiellement ou officieusement, le nombre était haut et Ashley était toujours là, toujours prête à sauter à nouveau, il devait donc y avoir quelque chose de vraiment impressionnant dans cette activité. « Mais attends, comment c'est possible autant ? Je crois que tu as fais plus de sauts en parachutes que je n'ai eu de relations sexuelles. » C'est en riant qu'elle dit ça, incapable de savoir à combien se lève le nombre de relations sexuelles qu'elle a eu, elle n'a aucune idée et elle ne les a pas consigné mais c'est surtout une manière comme une autre de mettre en évidence l'effet impressionnant que lui laisse le nombre de sauts effectués par Ashley. « Tu es encore en vie, je suppose que c'est pas si dangereux que ça finalement. » Bien sur que ça l'est, que les risques sont sérieux, mais que tout est mit en œuvre pour éviter le danger et que le saut se passe au mieux. C'est pour ça qu'elle ne saute pas seule Sofia, pour rester en sécurité avec quelqu'un d'aguerri et de professionnel.

Sofia n'a jamais été dérangé à l'idée de partager ses sentiments. Elle ne craint pas d'être perçue comme quelqu'un de faible par moment, elle l'est et elle le sait et l'assume. Et aujourd'hui, elle a peur comme jamais elle n'a eu peur et c'est sans crainte qu'elle partage cette pensée à Ashley, qui est pourtant la définition même de la force et de la personne qui semble ne rien craindre, jamais. « Même pas lorsque tu as passé ton examen final de kinésithérapie ? » Elle secoue la tête de gauche à droite. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle a toujours aimé l'école, apprendre, partager ses connaissances aussi et elle a toujours été douée pour ça. Un an d'avance assez rapidement, elle a eu ses diplômes toujours avec une certaine facilité. Alors, non, même ce jour là, elle n'était pas aussi stressée. « Non, mais je ne risquais pas de mourir si je ratais mon exam. » Elle lâche un rire, peut-être qu'elle devrait arrêter de parler de la mort quelques minutes avant de sauter d'un avion non ? Mais c'est une manière comme une autre pour déstresser. Elle est terrifiée et pourtant elle est aussi excitée, c'est nouveau comme sensation pour elle. « Je pense au contraire que c'est normal. » La encore les mots d'Ashley rassurent un peu la kiné. « Tu as eu peur lors de ton premier saut toi ? » Elle est persuadée que non, mais elle a envie d'en savoir plus, de découvrir qui était Ashley avant de devenir cette femme badass qui n'a peur de rien et qui fonce tête baissée dans des activités dangereuses au point d'en avoir des marques sur le corps. « Si ça peut t'aider, la sensation de chute ne dure quelques secondes. Après ça, tu te sentiras comme sur un coussin. Et bien sûr, je serai là jusqu'à l'ouverture de votre parachute. » C'est peut-être ça le plus terrifiant dans l'expérience, ne pas savoir ce qui l'attends et Ashley tente de l'aider un peu. Elle lui explique le déroulement, lui explique ce à quoi elle doit s'attendre pour mieux anticiper, appréhender et gérer les choses. Elle donne un premier aperçu du saut à Sofia, qui l'écoute avec sérieux et admiration aussi. « On peut pas passer directement à l'étape du coussin et au moment ou on flotte dans l'air ? Dis comme ça, ça semble être une sensation si parfaite. » Ca semble si apaisant quand c'est présenté ainsi. Voler, qui n'a jamais rêver de ça ? Flotter dans l'air, les problèmes doivent sembler si petits à ce moment, mais avant ça y'a la partie ou il faut sauter dans le vide et c'est ça qui semble le plus difficile à réaliser. Ca et l’atterrissage parce que l'idée de s’aplatir sur le sol n'est pas vraiment une idée alléchante au contraire du reste. « C'est quoi que tu préfères dans le saut toi ? » Elle en a plus de 380 à son actif, elle doit forcément avoir quelque chose qui la pousse à sauter encore et encore non ?

Ashley n'a pas besoin d'écouter le debriefing, elle connaît tout par cœur, et c'est sans doute elle qui fait ce genre de chose aux petits nouveaux, mais Sofia en a besoin et elle écoute attentivement, tout en croisant le regard d'autres nouveaux comme elle qui s'apprêtent à vivre leurs premiers sauts. Entre excitation, et panique, les sentiments sont partagés mais certains se demandent bien ce qu'ils font là au moment ou ils s'apprêtent à rejoindre l'appareil. Sofia retrouve Ashley, se rapproche d'elle, pour avoir la présence rassurante de la sportive accomplie qu'est Ashley. Elle la regarde, son teint mexicain semble un peu plus blanc que d'habitude. « Rappelles moi pourquoi je suis là déjà ? Si je meurs, tu auras plus personnes pour soigner tes blessures. Et comptes sur moi pour venir te hanter aussi. » Elle panique un peu c'est vrai mais elle a surtout hâte d'y être finalement, de le vivre, de le faire et de faire taire cette peur qui commence à prendre encore un peu plus de place alors qu'elle prends place dans l'avion. « Après ça, notre prochaine activité c'est moi qui choisit ! J'espère que tu aimes le karaoké. » Rien, ni personne n'a obligé Sofia à faire ce saut, et au fond d'elle, elle en meurt d'envie, elle est excitée de le faire, mais c'est une manière comme une autre d'exprimée toutes les émotions qu'elle ressent en ce moment et qu'elle n'a pas l'habitude, elle qui a une vie assez calme et ordinaire. Elle pour qui acheter une moto et conduire une moto ressemble à un évènement, alors le saut en parachute c'est sa montée d'adrénaline du mois, du trimestre, voir même de l'année alors elle a juste besoin de gérer ça comme elle peut.  

 

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