« No no no dada. » Il cavale à toute vitesse dans l’appartement, les fesses à l’air et avec la détermination d’un petit démon qui n’avait aucunement envie d’enfiler des vêtements. Je peux entendre l’écho de ses petits pieds nus qui s’éloigne dans le couloir et la voix de Rosalie qui lui murmure d’aller se cacher. Jouant le jeu, j’explore chaque pièce sur mon chemin, cherchant à bruyamment dans les placards quand bien même je peux entendre son rire de bébé provenir de notre chambre. « T’as pas vu Gabriel ? » Rosalie hausse les épaules, prétendant être trop occupé par les corrections qu’elle a étalées sur la table de la salle à manger. J’en profite, juste une seconde, pour lui voler un baiser, avant de repartir à la recherche de notre fils qui visiblement a fini par s’impatienter et viens me chercher dans le couloir, toujours nu comme un verre. « Bouh ! » Je prétends avoir la peur de ma vie, ce qui le fait rire aux éclats et me permet de l’attraper au vol avant qu’il ne détale une nouvelle fois. « Je te tiens ! » Si on m’avait dit, qu’un jour je prendrais sincèrement plaisir à jouer les idiots pour mon fils, je ne sais pas si je l’aurais cru. Pourtant, il n’existe pas meilleurs moments que ces derniers, quand je prends le temps d’être présent pour Gabriel même s’il a souvent toutes les intentions du monde de vouloir me rendre chèvre. Aujourd’hui il a décidé que le tee-shirt rouge n’était pas à son goût et que les chaussettes étaient une invention de satan. Il me faut près d’une demi-heure pour être enfin prêt, mais ça n’a pas vraiment d’importance, je ne suis pas pressé par l’horaire. Le petit garçon a déjà bien envie de grimper sur les genoux de sa mère, mais Rosalie à du travail et vu les nausées qui l’ont embêté toute la matinée, je crois qu’elle ne serait pas contre une petite sieste. « On va aller voir Eli et Issy. » Je pique la curiosité de Gabriel, qui répète maladroitement le prénom de sa copine tout en allant chercher ses chaussures. Mission réussie.

Cela fait un moment que nos plannings ne s’étaient pas accordé avec Matilda. Assez longtemps pour qu’elle ne soit toujours pas au courant de la grossesse de Rosalie, un point auquel je tenais à remédier. J’avais promis à Nico de garder un œil sur sa famille après son départ et je n’avais clairement pas tenu mon rôle ces dernières semaines. Je sais que la jeune femme a repris le chemin du travail et j’ose imaginer que cela n’était pas facile pour elle. On a pu échanger par messages quelques fois, mais jamais assez pour me donner une idée de son moral. La visite était un peu une surprise, je n’avais pas réellement pris le temps de la prévenir, mais j’osais espérer la trouver chez elle en ce début de weekend. « Gabriel attention. » Depuis qu’il avait compris comment marcher, et surtout courir, le petit garçon s’entêtait à ne plus vouloir être dans la poussette et surtout à ne plus tenir la main de personne. La marche pour accéder à la porte de Matilda était assez haute, mais ce n’est pas ce qui allait arrêter le petit téméraire qui décida de franchir l’obstacle à sa manière, c’est-à-dire à quatre pattes avant d’aller se projeter contre la porte. Une terreur. Je n’ai pas le temps de frapper à la porte, que Gabriel s’en charge à nouveau pour moi, tapant des deux mains sur le panneau de bois et manquant de s’écrouler face la première lorsque Matilda ouvrit la porte. Mes réflexes m’aidèrent à le retenir par le col du tee-shirt avant de relever les yeux vers la jeune femme. « Il était impatient je crois. » que je plaisante alors que Gabriel se défait déjà de mon étreinte pour entrer dans la maison comme s’il était chez lui. J’embrasse la joue de mon amie alors qu’elle se dégage pour me laisser entrer à la suite de mon fils. Il ne fallait pas être un observateur hors pair pour remarquer les cernes sous yeux ou le bordel qui semblait s’étaler depuis la cuisine jusque dans le salon. « Y’a une bombe qui a explosé ici ou bien ? » Je comprends de suite que ma tentative d’humour semble ne pas prendre sur Matilda. Les enfants se sont trouvés dans le salon, déjà occupé à partager les jouets et je me tourne alors vers la brune. « Tout va bien ? » Depuis combien de temps je n’ai pas pris le temps de venir ? Depuis combien de temps est-ce qu’elle paraît se noyer comme ça ?

@matilda sylte