Qu'est-ce qui l'a assez motivée pour se pointer ? C'est la question à un million du jour. Question partagée par la principale concernée qui rumine dans le fond du jardin, observant avec un mélange de dédain et d'envie les autres qui semblent plus à leur place ici qu'elle. Elle pense à la voiture de Joshua qu'elle a vu quitter les lieux en arrivant, ayant désormais une nette idée sur le lien que son époux entretient toujours avec les siens. C'est délicat de ne pas les avoir invités en même temps au même moment, River est persuadée que cette décision relève plus d'une envie de préserver le gendre et le petit fils plutôt que la fille déceptive qu'elle est. Ce qui l'est moins, c'est que sur les 364 derniers jours où River ne s'est pas pointée au manoir, c'est le jour où elle répond présente qu'ils décident de convier l'un puis l'autre. Sans doute pas un hasard si on lui demande son avis, et c'est cette impression qui la fait ruminer seule dans son coin tandis que le repas partagé entre Shears et Craine terminé a dévié en errance commune, les uns au brandy, les autres à la limonade, jeux de cartes et conversations légères, un après-midi de détente à partager en toute sérénité avant que l'hiver ne vienne enterrer le barbecue, quoique la terrasse demeurerait chauffée.
Son regard se pose sur l'aîné de la fratrie Craine, et finalement on pourrait se demander si son choix de tenue n'était pas la traduction inconsciente d'un besoin de se protéger et du jugement de sa famille et des rares regards noirs lancés par Garrett encore à l'instant. Marrant de constater la propension que peut avoir Fergus à adopter tout cadet qui serait un tant soit peu plus obéissant que sa propre engeance. Le sortilège qu'il a lancé sur Garret semble tenace, puisqu'au moment où l'ambiance retombe et que les Craine rentrent chez eux que, que Matthew vient embrasser River : Merci d'être venue, tu as bien fait,  avant de s'éclipser à son tour, Garrett, lui, reste fidèle au poste. Il est prêt à faire un meilleur fils que celui qui se faufile vers la sortie sans doute pour aller coucher avec la mauvaise personne une fois de plus. Est-ce pour narguer River de tout ce qu'elle a "perdu" en fuguant qu'elle a été conviée ou est-ce pour forcer la brebis à retourner dans le troupeau maintenant qu'elle a "assez joué" ? En terme de gameplay, River ne fait que commencer, elle a plusieurs quêtes sur le feu et moins ils en sauront mieux ce sera, si c'est de venir pointer de temps à autre qui lui permettra d'avoir la paix et potentiellement leur soutien si nécessaire, alors la tâche n'était pas si difficile. Tout le monde lui facilitait le travail à faire comme si elle n'existait pas, seul son père et son frère semblaient encore lui accorder de l'importance encore que : ils ne se l'autorisaient qu'à l'ombre des regards indiscrets. En réalité, ça lui convenait. Pour l'heure.
Bon ça va, tu lui as bien passé la pommade pour la journée, assez pour m'ignorer. Lance River en s'approchant de Garrett près de la piscine une fois que le patriarche des lieux se sera décidé à aller fouetter d'autres chats. Au moins, il se foutait pas de sa gueule avec des "merci pour ta venue blablabla", mais tout de même, River attendait mieux de son ami et sans doute que l'inverse était vrai sauf qu'à ce moment précis elle n'avait plus envie de se flageller, estimant qu'on l'avait assez punie sans savoir, à moins que cette réflexion ne soit que le symptôme de la liqueur St-Germain bu à de multiples reprises tout au long de cette après-midi.

Pardon River. Vexée d’avoir été ignorée ? Je comprends le sentiment. Grâce à cette amertume assumée, River sait désormais que l'allure fière de Garrett n'est que composition : fausse tenue et prestance pour se donner du corps et marquer comme l'on pisserait sur un territoire tout son mécontentement. Elle sourit en coin, encline à admettre que sans approuver le comportement de son ami elle avait sans doute mérité le coup de mots, mais elle ne se flagellerait pas. Plus maintenant. Son regard ne quitte pas la silhouette du grand brun qui se refuse à la regarder maintenant qu'il ne peut plus l'éviter. Tu n’as pas été un sujet de conversation. Je ne suis jamais un sujet de conversation. Rétorque-t-elle, lasse, avant de poser son verre et avancer pour se poser aux côtés de Garrett comme si en regardant dans la même direction que lui ils partageraient quelque chose à nouveau, comme avant. Pas quand je suis là du moins. C'est ce qu'elle sait, c'est comme ça que ça marche en général. Mais le besoin de Garrett de préciser cet état de fait tend à lui faire penser le contraire : il y aurait-il eut pour une fois une exception à la règle ou bien : Tu as temps besoin de faire tes preuves auprès de Fergus ? Encore maintenant ? S'ils doivent maintenant se piquer de toutes part avec ce qu'ils avaient l'habitude de se confier ou d'accepter, comme dit plus haut, River a mit son armure, elle est prête pour ce jeu là. Pourquoi tu es là ? C'est prévu depuis le début ça ? L'inviter juste après son mari pour créer de l'appréhension en elle quand ils auraient le temps d'à peine se croiser puis ensuite laisser les autres, hors famille, se charger du sale boulot de Dogue et messager Shears ? Le triste constat qu'elle devine ou interprète du moins lui fait pousser un soupire pour se rendre compte qu'en fait elle n'a pas plus que ça envie de jouer à ça, la bataille silencieuse de l'après-midi avait déjà été assez éprouvante en un sens. Laissant à Garrett le loisir de s'élever au dessus d'elle River s'abaisse pour s'asseoir au bord de la piscine en s'extirpant de ses escarpins pour y glisser les pieds. Croit le ou non, j'ai été invitée. Un légère rire cynique s'échappe de ses lèvres. J'ai du mal à y croire moi-même. J'en vois pas bien l'intérêt. Au vu de l'accueil réservé. J'imagine que tu aimerais des excuses, mais regarde la situation dans son ensemble avant d'avoir pareilles exigences Garrett. Ici une demande à la régulière, zéro coup bas, juste de la transparence : est-ce ne serait-ce que l'un d'entre eux s'est posé la question de son état à elle avant de s'offusquer des sentiments que son comportement avait causé en eux ? Qui ici avait deux minutes cessé de se regarder le nombril pour sincèrement se demander ce qui lui avait prit d'agir ainsi ? C'est ça quand on a le rôle du vilain canard dans un cercle, on a bon dos et aucune voix.

Tu n’as pas envie d’entendre ce qu’on a à dire sur toi. Touché. En Français dans le texte, non sans une pointe de sarcasme. Garrett dit vrai, par honnêteté ou malice, le résultat est le même. Au mieux il sait où appuyer pour faire mal, au pire il aura sans le vouloir touché du doigt la nature des relations entre River et sa famille. Pourtant elle s'en doute bien, à son humble avis, de ce qui peut se dire derrière son dos. Ca fait dix ans que dure l'épopée des déceptions de River auprès des Shears, plus longtemps encore si on compte son choix d'études. En fait, au vu de ce qu'ils sont capables de lui dire en face, que peuvent ils dire de pire dans son dos ? Probablement rien, mais dans toute son humanité River ne peut s'empêcher un grain de paranoïa pour imaginer le pire sans même savoir ce qui se joue réellement à l'abri de son regard. Son ami croit encore pouvoir s'en sortir gagnant en fréquentant Fergus et en s'en faisant un allié. Malgré toute l'estime et l'amour que River porte secrètement à son père, elle sait le Diable qu'il est dans les affaires et que toute alliance qu'il proposera sera toujours en sa faveur avant tout. La plupart ne s'en rendent compte alors qu'il est déjà trop tard. Si Garrett espère sortir gagnant de la Cour qu'il fait aux Shears depuis Mathusalem, grand bien lui fasse : River a apprit depuis qu'on ne peut forcer autrui à ouvrir les yeux. Ma place ici semble plus légitime que la tienne ces derniers temps. Mais si tu tiens vraiment à savoir ce que je fais ici, j’imagine que tu pourras demander à ton père. Je n'y manquerais pas. Affirme-t-elle avec sûreté, balançant doucement les pieds dans l'eau. De loin le tableau de leur discussion pourrait faire croire à une espèce de badinerie adolescente. Sa réponse montre certainement une volonté de rappeler qui est réellement, sincèrement et immuablement à sa place ici au domaine, mais le fond de la pensée de River est simplement de veiller sur les arrières de son imbécile d'ami. Les paillettes du pouvoir et de l'abondance lui ont-elles retiré tout sens commun ? Quel est le désespoir qui habite Garrett au point de faire le coq pour avoir décroché un rôle de pion sur l'échiquier d'un autre ? Donc tu estimes m’avoir traité tout à fait décemment ? Avoir été… parfaitement justifiée ? A combien de soupirs River en est-elle maintenant ? Explique moi, Riv. J’écoute. On ne les comptera pas ce soir, mais ce soupir en plus la mène à placer ses mains en arrière, détendre sa posture par insolence naturelle et lassitude. Tout le monde semble vouloir faire un plat de mon départ comme de mon retour et pas un seul d'entre vous ne semble s'être réellement demandé ce qui m'a poussé à faire ces choix. Tu crois que je suis partie en vacances avec des potes et que je suis revenue sur Brisbane pour continuer la fête en ayant oublie de t'inviter à la soirée ? C'est ça ? Tu te vexes comme un enfant qu'on aurait privé de dessert par ce que tu penses ton égo plus important que tout le reste. Probablement que tu me juges aussi, parce que c'est facile, en tant que mère démissionnaire ou épouse indigne, je sais que j'ai jamais été parfaite dans ces rôles mais t'es vraiment plus intéressé par le fait de ne pas avoir eut de mes nouvelles que par l'iMmOnDe cRiMe que j'ai fait en prenant congé de mes fonctions ? Ca en dit plus long sur ce que t'es devenu que sur moi-même. Ca y est, ça l'a usé. Elle se relève, désabusée. T'as pas envie de savoir. Tu veux juste vérifier que j'avais une bonne raison de ne pas te donner de nouvelles et dans ces conditions je n'ai rien à expliquer. Dressée devant lui, qu'il souhaite la regarder ou non, River le voit dans toute sa hauteur, son élégance, son mépris peut-être surjoué, sa peine peut-être sincère aussi. Quoique je t'ai fait ou n'aie pas fait, ce n'était pas contre toi Garrett.