Abel & Pene - we didn't realize we were making memories

We didn't realize
we were making memories

Abel & Pene

Avachie sur son canapé devant la télé, elle avait ouvert son application Instagram avec insouciance. Une notification attira son attention et elle se redressa brusquement et un sourcil se leva en découvrant l’expéditeur dont le nom lui était familier.
C’était une amie du lycée à qui elle n’avait plus parlé depuis plusieurs années. Rien de dramatique entre elles, seulement le temps qui avait fait son travail. Pene ressentit un léger frisson d’appréhension, ces quelques secondes d’ignorance entre le moment où elle vit la notification et celui où elle ouvrirait réellement le message. Elle se demandait quelle pouvait bien être la raison d'un contact si soudain. Est ce que quelqu’un est mort ? Ou peut-être que quelqu’un se marie ? … ou comme ça arrivait souvent, peut-être cherchait-elle simplement à promouvoir son commerce ou à demander un service.
Aucun des trois. Elle proposait une soirée de retrouvailles presque 15 ans après la fin du lycée. Évidemment, si son emploi du temps le lui permettait, Penelopeia s’y rendrait avec plaisir. Après près de 15 années, c’était l’occasion de revoir des visages familiers et de partager un moment convivial. Mis à part ses amis proches de l’époque, elle n’avait plus eu de nouvelles des autres. Sauf bien sûr, les mariages et grossesses qui n’avaient pas réussi à échapper à son fil d’actualité Facebook. L’âge adulte était bel et bien installé chez ces anciens lycéens.
La télévision commençait à parler dans le vide, tandis qu’un doux sentiment de nostalgie envahissait Penelopeia, voilé par des souvenirs enfouis. Les soirées passées, les premières expériences, les premiers amours et les déceptions. Et toutes ces amitiés qui en avaient résulté.
Cette occasion leur donnait la possibilité de découvrir ce que chacun était devenu, comment chacun avait utilisé ces 15 années. Ça l’excitait de revoir toutes ces têtes mais d’un autre côté, ça la confrontait inévitablement à sa propre situation. Un part de son égo mal placé lui donnait envie de montrer la meilleure facette d'elle-même, son bonheur, sa réussite, sa richesse. Elle voulait y aller fièrement, la tête haute. Mais la réalité était légèrement différente à ses yeux. Seule, sans mari à son bras, elle ne pourrait pas se vanter d’un mariage réussi. Ce qui était une des choses qui comptait le plus pour elle.
Elle se prépara avec soin, choisissant méticuleusement sa tenue, se disant que l’image qu’ils auront, sera celle qu’ils garderont d’elle pendant les années à suivre. Et pour les plus bavards d'entre eux, ce qu'ils répéteraient avoir vu de la présentatrice télé. Avant de partir, elle avait pris le temps de câliner affectueusement ses trois adorables boules de poils, puis elle se glissa dans sa voiture.
Quand elle arriva devant la maison de Ruby, elle ne put s’empêcher de replacer correctement une mèche dans le rétroviseur, et enfin elle se lança.
La maison de Ruby était grande, du moins son extérieur l'était. La maison dégageait une atmosphère chaleureuse et accueillante avec ses lumières tamisées de l'extérieur qui créaient une aura réconfortante. La réunion semblait se dérouler principalement à l'intérieur mais une terrasse offrait un espace supplémentaire pour les conversations animées. Déjà, pas mal de monde était arrivé, et Penelopeia ne reconnaissait pas immédiatement les visages qui avaient changé, certains étaient même barbus.
Une allée de pavées bordée de petits arbustes menait jusqu'à l’entrée. Ses yeux parcouraient les personnes présentes en train de discuter. Elle avait apporté une bouteille de vin, l'une de celles qu'elle gardait en stock et qu'elle sortait à la moindre occasion. Elle la brandit aussitôt en reconnaissant l'hôte qui se précipitait vers elle.
— Pene ! Ça me fait super plaisir que tu sois venue, et de te voir, ça va ?
Elles s'étreignirent chaleureusement, échangeant quelques banalités sur leurs vies respectives depuis le lycée. Penelopeia était sincèrement intéressée par les nouvelles de sa vieille amie, cherchant à combler les années de silence. Les rires et anecdotes se multipliaient, chacune partageant ses expériences. Et Penelopeia découvrait avec fascination les différents chemins qu’elle avait empruntés, les carrières, les voyages, les engagements. La soirée s'annonçait conviviale. Alors Penelopeia alla alors s'immiscer dans les conversations, retrouvant d'anciens camarades, certains reconnaissables au premier coup d'œil, d'autres nécessitant un moment de réflexion avant de les rattacher à leur visage d'enfant.

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crédit/(unknown/tumblr) ✰ w/ @Penelopeia Harrison

Si ce n'était pas pour ton assistante, tu aurais très sûrement manqué cette invitation. Mais l'avantage d'avoir quelqu'un qui programme toutes les heures de la journée, c'est qu'elle a besoin de ton accord pour pouvoir le dresser cet emploi du temps et savoir ce que tu veux faire de tes journées.
Et, un fait rare depuis ces dernières semaines, tu as quelques jours de battements. Tu attends les réponses du studio pour tes deux dernières auditions à deux grosses productions, un producteur t'a déjà dit de ne pas t'inquiéter, mais tu le fais. Les enregistrements pour la saison 2 d'Hailey's On It! ne reprennent pas avant le mois d'aout et après un dernier aller-retour à Los Angeles pour une séance photo au bord d'une piscine dans une maison trois fois trop grande, il semble que plus personne ne demande qui que ce soit à Abel Reyes. Donc l'invitation de Ruby, une amie du longue date, tombe à pique. Enfin, Ruby et toi, vous aviez des amis communs à l'époque et vous vous retrouviez souvent aux soirées le week-end et visiblement, c'est ce qu'elle veut recréer. Et franchement ? L'occasion est parfaite, Althea est en voyage scolaire à quelques heures de Brisbane pour les prochains jours, donc pas besoin de t'inquiéter pour la petite, et tu peux même te permettre de boire plus d'alcool que d'habitude. Juste un petit peu plus.
Tu as besoin de cette soirée pour décompresser et tu te prépares avec le sourire sur le visage, voir des visages familiers te fera du bien, te retrouver face à du monde pour autre chose que le boulot sera une bonne chose. Tu optes pour être confortable plutôt que formel, d'où le large pantalon noir que tu portes, qui est accompagné d'un sweat à capuche vert et jaune, les mêmes couleurs que les baskets que tu enfiles. Sur le départ, tu attrapes la bouteille de vin que tu as achetée pour l'occasion et tu te fais déposer par ton chauffeur. Tu n'es pas en retard, mais pas à l'heure non plus, hors de question d'arriver le premier, c'était une bonne règle du temps du lycée et cela l'est toujours maintenant.

"Hey, Monsieur Hollywood est là..." Voilà comment on t'accueille à l'intérieur et tu reconnais aussitôt Scott, une personne avec qui tu passais beaucoup du temps il y a des années de cela. À vous payer la tête des professeurs et à essayer de suivre le cours de mathématique en particulier. Il a le droit à une étreinte et une tape sur l'épaule la seconde suivante. "C'est mon nouveau surnom ? Non parce que c'est vrai qu'Abel ce n'était pas assez long, n'est-ce pas ?" Scott t'assure qu'il a des tas de choses à te raconter mais il t'ordonne de retrouver votre hôte et te fondre dans la masse d'abord. Ruby n'est pas bien difficile à trouver, elle te remercie pour la bouteille de vin, et elle a le droit à une étreinte elle aussi. Et dire qu'à un moment tout ça, c'était ton quotidien. Où est passé tout ce temps ? Tu te sens un peu nostalgique alors que tu prends des nouvelles de Ruby et que tu lui demandes comment va sa famille et son boulot. Une question neutre et simple mais elle joue le jeu, avant de toi aussi t'indiquer où se trouvent la nourriture et l'alcool. Elle n'a pas besoin de te le dire deux fois et tu te diriges vers la cuisine. En chemin, tu croises un autre visage familier.
"J'aurais dû me douter que tu serais là..." Penelopeia, bien évidemment, tu n'y avais même pas pensé que la présentatrice serait là. Non, tu n'as pensé qu'à la bonne soirée que tu pouvais passer... Cela peut toujours être le cas, tu peux être courtois, vous avez des connaissances en commun et vous avez tous les deux été invités alors aucune raison d'ouvrir les hostilités. Et puis vous avez réussi à être plus que civils devant des caméras et le temps d'un article, le magazine s'est bien vendu d'après ce que tu as compris, une bonne chose selon toi. "Je viens en paix, j'ai pas envie de me prendre la tête... je vais même prendre un shot à chaque fois que j'aurais envie de t'envoyer une pique." Ou pas, ta descente n'est pas si bonne que cela, mais c'est pour que la jeune femme ne soit pas sur ses gardes que tu fais la blague. Tu finis par rentrer dans la cuisine, trouvant un verre et tu ouvres la bouteille que tu as dans les mains. Tu lui lances un regard, décidant d'être poli. "Je te serre un truc pendant que je suis là ?"

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Après son échange chaleureux avec Ruby, Penelopeia tomba sur un visage familier de plus. Elle re-découvrait une ancienne camarade avec qui elle avait passé beaucoup de son temps. Bien qu'elles n'aient pas été dans les mêmes classes, elles se croisaient régulièrement lors de leurs trajets en bus à destination des quartiers les plus éloignés de Brisbane. Ces longs voyages avaient souvent donné lieu à de longues discussions et de précieux souvenirs, qu'elles se remémoraient aujourd'hui avec nostalgie.
La présentatrice télé saisit alors l'occasion pour lui demander où est ce qu’elle avait trouvé cet appétissant amuse-bouche qu'elle tenait en main, désireuse de s’en servir aussi. Sa gourmandise la contraignait à ne jamais rester trop loin, trop longtemps des buffets.
Penelopeia remercia sa vieille amie avec enthousiasme et se gagna les cuisines, appelée par ces mets délicieux. Les abords de la cuisine étaient occupés par de nombreux convives.
Et en chemin, la blonde ne put s’empêcher de lever un sourcil en croisant le regard de Abel qui se tenait devant elle. Pene n’avait pas envisagé l’ensemble des personnes qui pourraient être présentes ce soir. Sans doute qu’elle ne s'y était pas essayé volontairement au risque d’obtenir des réponses qui ne la satisferaient pas.
— J’aurais dû me douter que tu serais là, lâche-t-il, provoquant une légère grimace sur le visage expressif de Penelopeia.
— hm..
Elle n’était franchement ravie de le voir ici. Puis sa présence ajoutait une dose d’imprévu à la soirée, mais Pene n’avait pas l’intention de laisser cette rencontre perturber son humeur. Elle s’était habituée à le croiser ici et là, la faisant remettre en question ses perspectives ; Brisbane n'était pas une ville aussi grande qu’elle le pensait.
Mais Pene était d'une humeur aux retrouvailles, douce, et sans envie de prise de tête non plus. Elle décida de mettre de côté toute animosité et de lui retourner ses politesses adressées, du moins pour le moment. De toute façon, rien ne les obligeait à se côtoyer dans une maison aussi grande remplie de monde. Surtout en présence de vieilles connaissances communes. Pene allait prendre les choses avec détente.
— Je viens en paix…
La blonde leva les yeux au ciel avant d’observer l’acteur, mi-sceptique, mi-amusée.
— A chaque fois ? Je ne suis pas sûre que tu puisses te tenir à ton engagement. Mais je te souhaite bon courage, ajouta-t-elle dans un léger sourire.
Oui, elle sait faire preuve d'autodérision malgré les apparences.
Il lui proposa à boire. Elle s’avança contre l'îlot central de la cuisine et observa la bouteille de vin entre ses mains. Elle le considéra un instant, puis décida de maintenir une attitude polie et détendue pour une fois.
Ils avaient toujours évolué dans des cercles d’amis plus ou moins proches, puis des cercles professionnels s’entrechoquant régulièrement. Après tout, ils avaient partagé une interview pendant plusieurs heures pour le magazine Allure dont elle n’avait eu que des échos positifs en retour. Leur échanges acerbes n'avaient pas atteint les oreilles du public.
— Oui, allons-y, répond-t-elle sur un ton léger, essayant de masquer toute tension. Je ne vais pas te laisser boire tout seul. Après tout, ce n'est pas dans mon style de refuser une coupe de vin.
Pene ne voulait sincèrement pas alimenter les tensions, mais amorcer un semblant de conversation.
— Finalement, ça s’est bien terminé cette histoire de profil pour le magazine Allure, commença-t-elle en le regardant verser la boisson. Je n’en ai eu que des retours positifs. Personne n’a pu remettre en question ton professionnalisme. Il faut dire qu'ils ont fait des miracles avec le montage, non ?
Simplement, que ces mots pouvaient être interprétés comme des piques. Elle ne pouvait s'empêcher d'exprimer sa maladresse subtilement.
— Merci, souffla-t-elle contre la coupe de vin blanc frai dont elle prenait déjà une gorgée, avant de laisser son regard errer sur les différentes options culinaires. Oop-, dit-elle en se rendant compte qu'elle ne l'avait pas attendu. A quoi est-ce qu'on pourrait trinquer ? demanda-t-elle. A la réussite, sans encombre de ce profil, et à une soirée sur une note aussi positive ?

@Abel Reyes

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crédit/(unknown/tumblr) ✰ w/ @Penelopeia Harrison

Pourquoi ne pas tendre la main à la présentatrice ? Après tout, il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis, et une entité bien supérieure à vous semble vouloir vous réunir à la moindre occasion et vous avez des amis en communs. Vous évoluez dans les mêmes cercles, peut-être qu'il serait temps d'enterrer la hache de guerre, c'est ce que tu conseillerais à une autre personne de faire, tu n'es pas aussi têtu d'ordinaire. Non vraiment, Penelopeia fait naitre beaucoup de sentiments contradictoires en toi, qui n'ont pas lieu d'être là ce soir, tu es là pour te détendre. Et lorsque la blonde te confirme que non, tu ne devrais pas faire une telle promesse, elle a le droit à un sourire."Je n'ai pas envie de finir à l'hôpital, donc je vais éviter." Parce qu'elle a raison, et tu as pu en apprendre un peu plus sur elle lors de ce fameux profil.
Tu sais que, comme toi, sa carrière est importante, que Penelopeia n'est pas une série de stéréotype qui concernent les femmes dans son genre ou même les femmes de l'industrie. Elle s'est fait une place qu'elle compte bien garder et ça, tu peux le respecter. "Et puis il parait que ça porte malheur alors..." Alors qu'elle ne te laisse pas boire tout seul et qu'elle se joigne à toi, tu finis par la servir, après avoir attrapé un autre verre et tu le poses devant elle. Tu hoches la tête, une part de toi surprise de la voir faire la conversation et ne pas juste prendre la fuite pour rattraper le temps perdu avec quelqu'un d'autre. Tu ne pourras pas dire qu'elle ne fait pas d'efforts. "Je n'ai eu que des retours positifs aussi et ça a même débouché sur un contrat avec la marque dont je porte les vêtements dans notre article. Donc oui, que du positif." Tu as envie de lui dire que ce n'est pas que le montage, tu as vu l'interview toi-même, vous avez bien rebondi l'un sur l'autre mine de rien, et si on ne peut pas parler de complicité, il est clair, en vous voyant interagir, que vous vous connaissez. Cela ne fait pas de doute et c'est encore plus le cas maintenant, elle te remercie, la blonde a le droit à un hochement de tête alors que tu t'empares de ton propre verre.
"Attends, avant qu'on trinque et vu qu'on s'apprête à consommer de l'alcool, j'ai une question à te poser... avant." Penelopeia n'a pas attendu, du tout, mais cela te parait être le bon moment et le bon endroit pour mettre les choses à plat. Pas de caméras, pas d'enjeux, que ce soit pour elle ou pour toi, une soirée avec des amis communs, et personne ne pourra te reprocher quoi que ce soit. Il y a une question que tu dois poser à la présentatrice, une question que tu as en tête depuis des années et qui doit trouver une réponse ce soir, tu le sais. "Pourquoi tu ne m'as jamais apprécié ? Je ne parle pas de nos retrouvailles dans les studios à l'âge adulte, qu'est-ce que j'ai fait d'aussi horrible à l'époque ?" Tu parles de l'époque du lycée, où vous étiez encore des adolescents et ... tu ne te souviens pas d'avoir fait quoi que ce soit de blessant ou même de catastrophique envers Penelopeia. À part la croiser dans les couloirs et trainer après les cours avec certains de ses amis à elle. Tu as beau fouillé dans ta mémoire, tu ne te souviens pas, et c'est ça le pire, tu ne sais pas, c'est une inconnue, le début de cette... quoi ? La tension ? Les insultes ? Les piques ? Bref, tu ne sais même pas comment tout ça a commencé.
"Assez horrible pour que tu m'en veuilles... non parce que je ne m'en rappelle pas." Tu l'admets avec toute la sincérité que tu possèdes, avant de prendre une autre gorgée de ton verre.

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Pene se plia à la conversation, avec Abel, qui ne pouvait pas être si terrible que ça après tout. La productrice écouta attentivement l’acteur alors qu'il parlait de son succès suite à leur interview. Elle sourit sincèrement en entendant qu'il avait obtenu un contrat avec une marque grâce à l'article. C'était une bonne nouvelle pour lui, et elle était contente de voir que les retours positifs avaient également ouvert de nouvelles opportunités professionnelles.
— Eh bah putain, s’échappa spontanément aux lèvres.
Puis elle ajouta avec une légère retenue dans la voix.
— Félicitations.
L’acteur l’a pris de court avec sa question inattendue et empreinte de sincérité. Il voulait savoir pourquoi elle ne l'avait jamais apprécié, particulièrement à l'époque de leurs jeunes âges. Sa question sur les prémisses de leur relation l'intrigua et éveilla sa curiosité. Elle se demandait ce qui avait pu le pousser à poser cette question après tant d'années. Elle prit une autre gorgée de vin, laissant ses pensées se bousculer avant de répondre. L’occasion était aux réponses alors elle emprunta la même sincérité que le doubleur.
Elle-même n'était pas certaine de tout comprendre dans leur relation passée. Elle avait toujours trouvé Abel différent d'elle, et même si cela n'était pas nécessairement une mauvaise chose, elle ne l’avait jamais apprécié. Leurs personnalités contrastantes pouvaient expliquer en partie pourquoi ils n'étaient pas devenus proches car en soit, il ne lui avait jamais rien fait directement.
— Je suppose que c'était juste une sorte de désaccord de personnalités. On se comprenait mal à l'époque. Je ne peux pas dire que je me rappelle d'un événement en particulier qui aurait pu causer des tensions à l'époque. Du moins, entre nous.
Penelopeia espérait néanmoins que sa réponse serait suffisante pour apaiser les interrogations d'Abel, jusqu’à ce qu’une force extérieure la pousse à prolonger son propos.
— En fait, je crois que ce qui a véritablement cimenté mon opinion de toi, c’est quelque chose que tu ne m’as pas fait à moi personnellement, laisse-t-elle planer. ça ne te dit rien ? demanda-t-elle à la recherche de traces de souvenirs sur son visage.
Si lui ne s’en souvenait pas, Pene ne manquerait pas de le lui rappeler. Très loyal envers ses proches, c’est un trait de caractère qui ne l’a jamais quitté au cours des années. Pourtant pas de nature rancunière, Penelopeia n’est jamais parvenue à passer au-dessus.
— Tu te rappelles de Jude Goode ? On était proches, lui et moi, commence-t-elle. Peut-être autant que lui et toi, si mes souvenirs sont bons. Je me souviens clairement que tu l’avais abandonné Jude au moment où il avait le plus besoin de ses proches. Ça m'avait choqué.
Elle haussa les épaules avant de reprendre une nouvelle gorgée de vin. Jude était l’un de ses amis les plus proches, ils se ressemblaient étrangement beaucoup et notamment partageaient les mêmes ambitions. Aussi, elle n’avait jamais compris leur amitié entre eux et son abandon total n’avait servi qu'à forger une forte opinion négative sur l’acteur.
— Et j’ai beaucoup de mal avec le manque de loyauté. Je m'inquiétais beaucoup pour lui à l'époque. J'ai peut-être été un peu trop protectrice envers lui mais je me souviens qu’il t’en voulait beaucoup à l’époque, donc moi aussi. Je ne suis pas rancunière mais ça m’a laissé un arrière goût… tenace, j’imagine.

@Abel Reyes

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"Hmm..." Penelopeia commence ses explications tout doucement, comme si elle cherchait à te ménager et tu ne peux t'empêcher de légèrement froncer les sourcils, en la regardant par-dessus ton verre de vin. Parce que tu ne sais pas à quoi elle fait référence et que tout ce que tu peux faire, pour le moment, c'est attendre que la blonde t'en dise un peu plus et te donne la pièce manquante du puzzle. Elle reprend la parole alors que tu sirotes ton verre de vin et quand elle te demande si tu te souviens de quelque chose en particulier, c'est le trou noir complet dans ton esprit. "Il va falloir que tu m'éclaires parce que je ne vois pas... du tout." Tu es sincère et tu ne cherches même pas à te dédouaner, visiblement, aux yeux de Penelopeia, tu es coupable de quelque chose d'impardonnable. Tu ignores quoi et il serait sans doute temps de te dire de quoi il en retourne.
La jeune femme évoque un nom qui n'est pas revenu dans les conversations depuis longtemps, oui, tu te souviens de Jude, vous avez été proches, à tel point qu'il apparait dans quelques-unes de tes photos de famille. Vous avez fréquenté le même lycée et c'est là où vous vous êtes perdus de vue. Des groupes d'amis différents, tu t'es mis à graviter dans plusieurs cercles à ce moment-là et... Penelopeia explique les choses sous un autre angle et c'est assez pour que tu reposes ton verre de vin sur le comptoir. "Abandonné ? De quoi tu parles ?" Tu as même besoin de prendre appui contre le comptoir de la cuisine pour prendre la mesure de tout ce que Penelopeia est en train de te dire. Tu n'as pas de défense à offrir, pour le coup, vous avez des souvenirs complètement différents, à des kilomètres l'un de l'autre. "Je ne savais pas ce qu'il se passait précisément dans la vie de Jude, oui, on était amis et on s'est juste éloignés ?" Que tu dis le plus sincèrement possible, ton regard un peu perdu dans le vide alors que tu tentes de te rappeler de cette période de ta vie.
Cela remonte à tellement à loin, les tapes dans le dos, les cours et les examens qui paraissent tellement importants, les sorties le week-end... Oui, Jude faisait partie de tout ça, mais pas que, tu ne t'es jamais limité à un seul groupe d'amis maintenant que tu y penses bien. "Je me souviens que c'était de plus en plus difficile de l'approcher et..." Et tu n'as pas insisté car pris ailleurs, par ta petite amie de l'époque, mais pas que, pas d'autres amis et le reste tout simplement. Une erreur, qui n'a pas été vue comme un comportement normal, pas pour Jude et décidément pas pour la jeune femme en face de toi. "Oh. Okay, je ne m'en suis pas rendu compte du tout à l'époque, j'avais d'autres amis et lui aussi, j'ai préféré ne pas insister par politesse." Quelque chose qui vous aura coûté beaucoup et qui explique très certainement ta propre relation avec Penelopeia maintenant. Tout ceci à cause d'un gros malentendu visiblement... Ce qui est plus qu'idiot, que tu penses un peu malgré toi. "Tu parles d'abandon mais de mon point de vue ça a été un éloignement mutuel, et non, je n'insistais pas autant à l'époque que maintenant, j'aurais sûrement dû." Que tu admets, récupérant ton verre de vin au passage.
"Hmm..." Est-ce que reprendre le contact avec lui maintenant et tenter des excuses serait déplacé ? Très certainement, tu ne sais pas qu'elle est la marche à suivre, mais pour l'heure, tu fais face à Penelopeia. "Tu vois, j'ai bien fait de t'en parler, sinon je n'aurais jamais eu le fin mot de cette histoire."

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Jude Goode était certainement l'une de ses meilleures découvertes de son temps au lycée. Entière, elle n'a jamais diminué son attachement pour lui. Aujourd'hui, l'histoire est ancienne mais ses opinions à l'égard d'Abel en avaient sans doute été altérées pour toujours.
__ Abandonne ? De quoi tu parles ?
Oui, elle avait bien choisi ce terme et avec soin car elle l'avait perçu comme une trahison profonde envers Jude Goode, l'impression qu'Abel l'avait délaissé. Mais les mots d'Abel suggèrent une histoire plus nuancée, une situation où la communication à certainement échoué des deux côtés.
Penelopeia laisse échapper un léger soupir. Elle observe le visage perdu d'Abel et sa tentative semble sincère de se rappeler du passé. Une partie d'elle ressent tout de même un certain mécontentement face à son ignorance, mais elle réalise également que le fossé entre leurs souvenirs est plus important qu'elle ne le pensait.
__ ... J'ai préféré ne pas insister par politesse, dit-il.
Une politesse qui contraint les gens à renoncer à trop de choses. Pour Pene, les moments où la vérité et les émotions sont en jeu, comme dans leur situation passée, ne devraient certainement pas être étouffés par la politesse. Dans son esprit, la politesse apparaît comme un voile qui cache la réalité, empêchant une communication franche et honnête. Si Abel avait choisi de ne pas être poli et avait insisté pour clarifier les choses à l'époque, peut-être qu'ils ne seraient pas arrivés à se séparer avec autant de questions sans réponse et de ressentiments.
Alors qu'elle écoute les paroles de l'acteur, Penelopeia repose son verre sur le comptoir tentant d'absorber ce qui est en train d'être dit. Elle se rend bien compte que blâmer complètement Abel pour cette période serait injuste. Ils étaient jeunes et ça remonte à longtemps maintenant.
__ Peut être que tu aurais dû, oui, lâche-t-elle simplement, sans y mettre plus de reproches que celles nichées aux tréfonds de pensées. Je me rends bien compte que tu n'avais pas directement l'intention de l'abandonner, mais je pense que tu aurais dû insister, dit-elle en haussant les épaules. J'espere que c'est ce que tu ferais pour des amis aujourd'hui.
Et étrangement, elle se sent partagée entre la volonté de laisser derrière elle les années de ressentiment et sa prudence naturelle à son égard. Certainement cet énième verre qui participe à une telle avancée, en la poussant à accepter qu'il existe plusieurs points de vue à une même histoire.
__ Écoute, on a évolué depuis ces jours-là, commence-t-elle. Je ne t'en tiens pas directement rigueur. Mais je me suis tellement habituée à avoir de la rancoeur dès que j'entends ton prénom que je ne suis même pas sûre de pouvoir faire autrement... Donc ce que je te propose, c'est que je vais continuer de dire ,,Abel,, avec une petite grimace discrète à chaque fois. Mais.. je vais essayer d'y associer mentalement quelque chose de positif, comme penser à un mignon petit chiot, peut être que ça adoucira un peu les choses dans ma tête.
Un cocktail contrasté d'émotion tourbillonnent en elle, un mélange complexe de frustration, de rancœur et peut être même un soulagement d'éclaircir des points d'ombre.
__ Désormais tu seras systématiquement associé à des chiots dans mon esprit, ok ? dit-elle d'un ton empreint visiblement de taquinerie pour détendre l'atmosphère et son agitation intérieure.
__ Je te sers ?
Cependant, la productrice ne perd pas de temps à attendre sa réponse. Avec une détermination manifeste, elle se penche par-dessus le comptoir pour saisir la bouteille de vin.

@Abel Reyes

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"Je peux te dire, sans aucune ironie ou quoi que ce soit, que je fais des efforts maintenant. Je ne suis plus un gamin de seize ans, non pas que ce soit une excuse, mais voilà." Tu l'assures à la présentatrice avec un franc sourire sur le visage. Et aussi, parce que tu ne peux pas retourner dans le passé et secouer l'adolescent que tu es. La vie avance, aucun moyen de faire machine arrière, c'est quelque chose que tu as appris quand Ana est sortie de ta vie. La mère de ta fille a été enterrée et tu ne peux rien faire pour changer ça et perdre du temps à verser des larmes ou te morfondre n'aide personne et c'est un peu insultant pour la mémoire de cette dernière. Tu t'es relevé, tu t'occupes de ta fille au quotidien, tu fais un métier que tu aimes et oui, tu vas prendre le temps de rentrer en contact avec Jude aussi. Lui présenter des excuses et éclaircir ce malentendu, si c'est ce qu'il faut pour que l'homme passe à autre chose, tu le feras, ça ne coûte absolument rien de te tendre la main.
Et même maintenant, contre toute attente, Penelopeia le fait, elle ne t'envoie pas sur la touche, ne rejette pas ton explication. Et la blonde a raison, voilà ce que tu te dis alors que tu la fixes toujours, les temps ont changé, vous avez changé, vous n'êtes plus les mêmes personnes qu'au temps du lycée. Tu finis par rire, vraiment en plus, à la fin de son explication et parce que tu trouves que c'est un très bon compromis. "Cela me va parfaitement !" Que tu te dis, car tu ne peux pas réfuter une telle logique, tu ne peux juste pas."Et j'en ferais de même dans mon côté, mais cela ne sera pas des chiots mais des chatons, et ce sera positif." Voilà, une page tournée et tu feras de ton mieux pour te rappeler que c'est le passé et que tu ne la connais pas."Oui, tu peux." Elle te resserre et c'est la bonne chose à faire dans une telle atmosphère. Vous devriez retourner à la petite fête, mais tu n'as pas envie de fuir et vous êtes très bien dans la cuisine. Et chose encore plus importante, tu n'as pas envie de fuir, alors pourquoi le faire ?
"Eh bien, je crois que la hache de guerre a été un peu enterrée, je dois avouer que je suis très fier de nous, on se comporte totalement comme des adultes matures et responsables." Très fier, et tu dois avouer que tu t'es toujours trouvé un peu ridicule vis-à-vis de tout ça, tu es père, si Althea était dans la même situation, tu lui aurais déjà dit de s'excuser et de passer à autre chose. Cela est fait et tu te sens un peu plus léger alors que toi aussi, tu prends appui sur le comptoir de la cuisine. Peut-être que cela a un rapport avec le verre de vin rempli dont tu prends une gorgée, peu importe, tu n'es pas là pour réfléchir plus que cela. "Maitenant, on peut boire comme des adultes matures et responsables." Tu prends une autre gorgée de ton verre et tu finis par te hisser sur le comptoir la seconde suivante, tes pieds dans le vide alors que tu te tournes vers la jeune femme. "Allez... je ne dis pas ça parce qu'il y a de l'alcool, mais dis-moi un truc sur toi que je ne sais pas déjà. Un secret de l'époque du lycée..." Tu as toujours été curieux, ça, Penelopeia va vite l'apprendre et si vous êtes en bons termes, elle va devoir en subir les conséquences. "Oui, j'en ferais de même après, promis."

Yeah, it feels so good to be so young, and have this fun and be successful, yeah, I'm so successful, yeah, and, girl, you too, you are so young, and beautiful and so successful...

Penelopeia savoure chaque gorgée du vin, sentant la chaleur de l'alcool se diffuser en elle. La soirée prend une tournure inattendue, elle se sent de plus en plus à l'aise en compagnie d'Abel. Les verres s'enchaînent et elle se dit que la modération n'a plus sa place ici. Tout est plus léger quand on ne boit pas seule. La productrice a toujours eu l'habitude de relâcher la pression lorsqu'elle est dans des endroits festifs. Qu'il s'agisse d'un petit événement ou d'une grande réunion, un verre de vin est toujours le bienvenu.
L’acteur décide d’adopter à la réciproque sa méthode de conciliation et elle ne peut rien y redire si cela fonctionne pour lui, tant mieux. La tension qui avait plané entre eux s'évapore progressivement. L'idée des chatons positifs est évoquée, apportant un sourire amusé sur le visage de Penelopeia.
— Des chatons positifs…  je suis curieuse de voir comment ça fonctionnera pour toi, dit-elle, un éclat de malice dans les yeux.
Le vin a le pouvoir de briser les barrières de la réserve, de rendre les conversations plus fluides et naturelles. Alors Penelopeia réalise que c'est la première fois qu'elle et Abel ont une conversation aussi apaisée. La productrice se sent plus à l’aise, à tel point, qu’elle se sent capable de poursuivre une conversation avec lui qui n’est pas strictement nécessaire par le travail ; comme ça été le cas toutes les dernières fois où ils se sont croises. La productrice n’est même pas rancunière à la base, montrant bien que toute cette histoire avait peu de sens au final.
— Tu sais, je n'aurais jamais imaginé que nous aurions une conversation aussi apaisée ce soir.
Ignorant que quelque chose de l’ordre de la sympathie ou de l’amitié pouvait les lier de quelque façon que ce soit. C’est alors d’un geste enthousiaste, qu’elle remplit cette énième coupe de ce liquide euphorisant.
— Responsables et adultes matures, oui tout à fait, dit-elle d’un ton un peu maladroit, tandis que sa peau prenant une teinte rosée sous l'effet du vin. Et même pendant qu’on y est, trinquons comme les adultes matures et responsables que nous sommes,  dit-elle en levant sa coupe, proposant un toast maladroit mais sincère.
Elle l'observe prendre une gorgée de vin et grimper sur le comptoir tandis qu’il laisse sa curiosité planer.
— Oh, un secret du lycée ? Alors là… je suis pas très secrète comme personne… Putain attends que je réfléchisse un peu… hm…
Penelopeia réfléchit un instant, essayant de trouver quelque chose d'assez léger à partager.
— Oui j’espère bien parce que je ne vais clairement pas accepter d’être la seule à me mouillée ce soir, Penelopeia laisse échapper un rire léger, consciente que la soirée prenait un tournant qu'elle n'avait pas anticipé
Puis c’est la vérité, il faut pas beaucoup pour déballer sa vie et les rares choses qu’elle tente de cacher finissent souvent pas ressortir tôt où tard. Ses yeux se perdent sur les apéritifs disposés sur le comptoir, le sac de chips éventrés, une personne qui vient chercher une éponge pour nettoyer le verre déjà renversé par mégarde dans la pièce d’à côté. Là où la plupart se trouvait d’ailleurs. Il y a toujours quelque chose d’étrange à la situation mais sans doute qu’elle s’y ferait. Alors qu’elle répond ça commence presque déjà à se dissiper.
— Ah ! dit-elle lorsqu’elle eut enfin finit le tri de ses souvenirs.
Elle prend une inspiration, les souvenirs de sa jeunesse refaisant surface.
— Eh bien, il y avait ce garçon, Alex, dont j'étais folle amoureuse. Mais je n'ai jamais eu le courage de lui dire. J'ai écrit des lettres d'amour que je n'ai jamais envoyées, et je les ai cachées dans un vieux livre de la bibliothèque de l'école.  Un sourire mélancolique lui échappe, se rappelant à quel point il l’intimidait à l'époque.
Personne ne sait ça, à part toi maintenant.
Elle finit en haussant les épaules.
— Et vu les livres que je suis allée déterrer pour les cacher, il y a de fortes chances pour qu’elles y soient encore.
Un rire léger s'échappe de sa bouche, emplissant la pièce de son énergie contagieuse.
— Et toi, y a-t-il quelque chose que tu n'as jamais partagé avec personne du temps du lycée ? Un secret que tu n'as jamais eu l'occasion de raconter ?
Elle lui sourit, alors que cette soirée lui offre une opportunité rare de se découvrir sous un nouvel angle, curieuse d'entendre ce que Abel pourrait avoir à partager de son propre passé dont elle ne connaissait pas grand chose au final.

@Abel Reyes

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