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 nyx + unexpected talk

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Message(#)nyx + unexpected talk EmptyVen 18 Sep 2015 - 18:18

« M. Keynes, j'ai une certaine Nyx Anderson à l'accueil qui demande à vous voir. » Je combiné du téléphone à la main, je fronce les sourcils. Voilà un nom qui ne me dit strictement rien. Un nom qui n'est pas de ceux que l'on oublie facilement, surtout pour moi qui ait une excellente mémoire des prénoms. Juste pour avoir bonne conscience, je me tourne vers le gros porte-carte de visites rotatif qui trône sur mon bureau et parcours rapidement la lettre A -pour Anderson. Patronyme assez répandu, j'ai quelques personnes à ce nom, mais pas de Nyx. « Elle est agent artistique. » renchérit l'hôtesse de l'accueil du rez-de-chaussée. Je soupire. Encore un. Encore un agent qui va me bouffer une heure ou deux de mon temps pour me cataloguer tous ses protégés et leur emploi du temps afin que nous planifions ensemble à quel moment quelle célébrité passera à l'antenne pour faire la promotion de son nouveau film, album, livre. Tout est prévu avec énormément d'avance avec l'aide des producteurs. Mais cela est terriblement chronophage, ainsi que plutôt ennuyeux. C'est une tâche qui m'incombe la plupart du temps, mais il m'arrive d'envoyer certains des agents que je connais bien directement vers les animateurs des émissions qui les intéressent afin de booker leur planning. Quand il s'agit d'un nouveau premier contact, c'est moi qui m'y colle. J'hausse les épaules ; « Inconnue. Dites-lui de prendre rendez-vous auprès de Daisy. Je vous transfère. » J'appuie sur quelques boutons et renvoie l'hôtesse auprès de mon assistante qui s'occupe de caser le rendez-vous. Mon emploi est si chargé actuellement que je ne saurais pas à quoi ressemble ladite Nyx avant deux bonnes semaines. En général, ce temps d'attente ne décourage personne. Anderson n'échappe pas à la règle. Elle rapplique deux semaines plus tard, au jour et à l'heure dite. L'hôtesse m'appelle de nouveau pour me signaler son arrivée, et j'emprunte l’ascenseur afin d'aller la saluer en personne. Lorsque j'arrive dan le hall, se dresse devant moi une grande et belle jeune femme blonde dont le regard perçant laisse deviner toute la force de caractère. C'est avec un sourire aimable que je m'approche d'elle, et lui tends une main à empoigner. « Bonjour Miss Anderson. Ravi de vous voir enfin. » dis-je non sans sincérité, malgré la formule de politesse. C'est qu'un tel prénom pique facilement ma curiosité, et si je me suis retenue de taper son nom sur un moteur de recherche pour en savoir plus, cela n'a fait qu'accentuer mon envie de savoir quel genre de visage et de personnalité se cache derrière cette marque d'originalité. Rapidement, nous retirons un badge de visiteur auprès de l'accueil qui trouve place autour du cou de Nyx, puis nous passons le petit portillon qui donne accès au reste du bâtiment. Silencieux de manière générale, c'est en silence que nous empruntons l’ascenseur et montons les étages jusqu'à celui de la radio. Le brouhaha est terrible, mais mes oreilles y sont habituées. Heureusement, dans mon bureau, le bruit s'atténue considérablement -quoi qu'il se devine encore à travers la porte. D'un geste de la main, j'invite la jeune femme à s'asseoir dans la chaise qui se trouve près d'elle tandis que je fais le tour du bureau pour m'installer de l'autre côté. « Vous souhaitez boire quelque chose ? » je demande par politesse, prêt à demander à Daisy de nous apporter tout ce qu'elle demandera -ce n'est pas le choix qui manque à la machine à café. Enfin, j'abandonne mon dos dans le dossier de mon fauteuil, les doigts croisés et ne quittant pas Anderson du regard. « Bon, je vous écoute. Lequel de vos poulains allez-vous essayer de caser dans une de nos émissions ? »
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Message(#)nyx + unexpected talk EmptyLun 21 Sep 2015 - 19:53

« Salut princesse, ça fait plaisir de te voir là ! » Jon glisse sa main dans le creux de mes reins et vient déposer un baiser sur ma joue. Je lui adresse un regard réprobateur lui demandant sans un seul mot de retirer sa main de là où elle est. Jon est un des artistes que je représente, et il est du genre un peu trop tactile, et trop dragueur. Heureusement, il a compris depuis bien longtemps qu’il n’aurait rien de plus que moi que mon travail, pour la simple et bonne raison que les hommes ne m’intéressent pas. Ce soir, Jon a décidé d’organiser une petite soirée dans son immense loft, pour montrer un peu son travail. J’ai fait venir plusieurs personnes importantes, puisque c’est un peu pour ça que je bosse jour et nuit. « Tu avais pas dit que tu pourrais pas venir ? » « Ma fiancée est rentrée hier, j’avais juste envie de prendre un peu de temps pour moi, mais le boulot me rattrape toujours. » Il sourit et vient faire claquer sa coupe de champagne contre la mienne. Je fais le tour avec lui, alors qu’il me présente ses nouvelles peintures. Je suis vraiment friande de son style, ce n’est pas pour rien que j’ai une toile de lui dans mon salon. Je suis sûre qu’il est voué à un très bel avenir, si je fais suffisamment bien mon travail. Mais soudain, mon regard s’arrête sur une toile sublime. Je ne saurai dire ce qu’elle provoque en moi, mais c’est un mélange assez hallucinant d’émotions contradictoires. La technique n’est pas parfaite mais l’émotion qui traverse cette toile est surprenante. Je fais signe à Jon de me rejoindre par un signe de main et lui demande alors. « Ne me dis pas que celle-ci est de toi, ou alors tu avais fumé 10 pétards avant de la peindre… » Il laisse échapper un petit rire amusé. « Non, c’est un ami à moi. Keynes, Jamie Keynes. » « Où je peux rencontrer ce garçon ? » Il arque un sourcil. « Tu vas me faire des infidélités ? » Je lui donne un coup sur l’épaule et nos rires se mêlent naturellement.

Après avoir chargé mon assistante de prendre rendez-vous avec ledit Keynes, elle m’annonce que je n’ai pas d’autre choix que d’aller le rencontrer par moi-même, qu’il ne prend pas de rendez-vous par téléphone. Très bien. Décidée à rencontrer cette personne, je prends donc du temps sur mon agenda plutôt bien chargé, et me fais refouler rapidement. Un rendez-vous dans 2 semaines. Bah voyons ! En même temps, je ne suis pas pressée, bien que piquée par la curiosité de rencontrer cet artiste, qui de toute évidence a un métier à côté. Les 2 semaines passent assez rapidement et au jour donné, je me rends à nouveau dans les locaux de la radio de Brisbane pour rencontrer Mr Keynes. Un jeune homme brun s’approche de moi d’un pas assuré, et à son sourire, je comprends qu’il est celui que j’attends. « Bonjour Miss Anderson. Ravi de vous voir enfin. » me dit-il en me tendant une main, que je ne perds pas de temps avant de serrer poliment. « Toute aussi ravie, Mr Keynes ! » Je lui adresse un sourire agréable et ne me fais pas prier avant de le suivre jusqu’à son bureau, après avoir récupérer un badge passe partout (ou presque). Je m’installe sur un fauteuil devant le grand bureau du jeune homme et ancre mon regard dans le sien, à l’affut de quelque chose qui pourrait me faire avoir la réelle étincelle à son propos. Les artistes sont comme ça, les yeux remplis d’étincelles. « Vous souhaitez boire quelque chose ? » Je lui souris à nouveau. « Je ne dirai pas non à un café ! ». Il ne perd pas de temps avant de demander à son assistante de nous ramener ça, et je le regarde s’affaler dans son fauteuil. « Bon, je vous écoute. Lequel de vos poulains allez-vous essayer de caser dans une de nos émissions ? » Je laisse échapper un petit rire amusé. « Oh non, ce n’est pas du tout le but de ma venue ici. Mes assistantes sont quasiment aussi douées que moi pour caser nos artistes dans les émissions de télé et de radio. » Je secoue légèrement la tête et décolle mon dossier du fauteuil pour me redresser légèrement. « Si je suis ici, c’est pour vous, Mr Keynes. » Je sens une once de surprise dans son regard, mêlée à une curiosité certaine. « Je représente un artiste très talentueux, Jon Kingsley. Ça vous dit sûrement quelque chose… J’étais chez lui pour un vernissage privé il y a pas moins de deux semaines, et mes yeux ont accroché une toile que vous avez peinte. J’ai été transportée, et c’est un euphémisme. Dites moi que nous ne peignez pas simplement pour vous, je crois que je ne m’en remettrai pas ! » Je penche la tête légèrement sur le côté, dans un petit sourire. Pitié.
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Message(#)nyx + unexpected talk EmptyVen 25 Sep 2015 - 13:30

Le bureau de Daisy se trouvant dans la même pièce que le mien, à quelques mètres de nous, il me suffit de lui faire signe afin qu'elle comprenne que j'ai besoin d'elle ; rapidement, elle s'approche, et je lui demande un café pour Anderson, ce qu'elle file chercher dans la pièce d'à côté après avoir adressé un léger sourire à l'agent. Pas vraiment friand des formules de politesses qui dévorent de précieuses minutes de mon temps, je préfère de loin éviter de tourner autour du pot et aller directement au sujet qui, pensais-je, amène Nyx à patienter deux semaines avant d'arriver jusqu'à moi. Décrocher un rendez-vous relève du parcours du combattant, ce qui me permet déjà d'écrémer la liste les personnes qui me demandent ; ceux qui restent sont généralement les plus sérieux, et c'est, à vrai dire, l'image que j'ai déjà de la jeune femme face à moi. Alors que je lui demande quel artiste ou sportif elle espère que nous ferons passer à la radio, elle se met à rire doucement. Je plisse les yeux, curieux. Elle n'est pas là pour cela. Pour quoi alors ? « Pour moi ? » je demande, particulièrement surpris. Je me redresse légèrement dans mon fauteuil, particulièrement attentif et curieux de savoir ce qu'elle me veut. Ainsi, Anderson est l'agent de Jon. Je n'ai pas tellement besoin d'en entendre plus pour effectuer le calcul dans ma tête et assembler les pièces du puzzle, mais je laisse Nyx poursuivre tout de même. Jon est l'une des rares personnes qui ne m'a jamais proposé de me faire exposer un jour. Sûrement plus par égocentrisme que par amitié. Ce qui ne l'a pas empêché d'aimer l'une des toiles qu'il a vu chez moi un jour, et de repartir avec. La jeune femme est tombée dessus. J'écarquille légèrement les yeux lorsqu'elle évoque l'effet que cette peinture a eu sur elle. Sur le coup, je ne sais plus vraiment où me mettre. Je passe une main sur mon visage, cherchant à me remettre de cette surprise. Je suis complètement pris au dépourvu. Souriant en coin, nerveux, je finis par répondre ; « Eh bien je vais être obligé de vous décevoir, mais c'est le cas, je ne peins que pour moi. » Peindre est comparable à une thérapie pour moi. Une autre forme de discours pour tous les mots que je n'arrive jamais à prononcer, les émotions que je ne comprends pas ou qui m'étouffent parfois. Je produis d'autant plus de toiles depuis que je me suis aménagé un nouvel atelier, chez moi. Il y en a tant et partout que je ne sais jamais quoi en faire. « Jon est un bon ami, et quand certaines de mes connaissances aiment un tableau que j'ai fait, je le lui donne. » Selon la toile en question, je bataille plus ou moins. Il est toujours compliqué pour moi de céder certaines parties de moi, lorsqu'elles sont trop émotionnellement chargées. Et d'un autre côté, m'en défaire a un caractère expiateur. « Je laisse parfois quelques toiles filer dans des ventes aux enchères, pour certaines associations, et encore… » j'ajoute, haussant les épaules. C'est une pratique que je fais de moins en moins en ce moment, sans vraiment de raison. Pendant une période, j'en offrais beaucoup. Aujourd'hui, j'ose un peu moins. Sûrement parce que les toiles d'hier n'ont pas la même valeur que celles que je peins actuellement, qui signifient bien plus pour moi. « Mais je n'ai pas vocation à me faire connaître... » Non seulement je ne le veux pas, mais je ne pense absolument pas le mériter. Je ne vend même pas mes tableaux lorsque je les cède, tant je ne pense pas que les coups de pinceaux hasardeux d'un type en simple recherche d'expression puissent valoir quoi que ce soit. « Je suis très flatté que le tableau que vous avez vu vous a plu, et je suis désolé que vous ayez eu a attendre tout ce temps pour me rencontrer, mais je pense savoir ce que vous voulez, et la réponse sera la même que pour ceux qui ont déjà souhaité me faire exposer. » Je mordille ma lèvre inférieure, vraiment gêné. « Ca ne m'intéresse pas. »
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Message(#)nyx + unexpected talk EmptyLun 5 Oct 2015 - 13:37

Je lui fais mon numéro de charme, parce que je sais qu’en règle générale, ça a son petit succès. Je ne parle en rien de drague ou autre séduction, je parle seulement d’un regard un peu plus perçant, d’une attitude qui est en demande, et non en retrait. Quand je veux quelque chose, je fais toujours tout pour l’avoir, ça a toujours été, sûrement une part d’éducation, mais aussi et beaucoup de caractère. Petite déjà, j’effrayais les garçons par ma détermination. Je vois qu’il est flatté par ce que je lui dis, les compliments ont l’air de le mettre mal à l’aise, ce qui traduit une forme d’humilité très appréciable. Ce n’est pas le genre de Jon, par exemple. « Eh bien je vais être obligé de vous décevoir, mais c'est le cas, je ne peins que pour moi. » Je plisse un peu les yeux et grimace légèrement. « Vous êtes en train de me briser le coeur ! » Je laisse échapper un petit rire avant de le laisser argumenter. « Jon est un bon ami, et quand certaines de mes connaissances aiment un tableau que j'ai fait, je le lui donne. Je laisse parfois quelques toiles filer dans des ventes aux enchères, pour certaines associations, et encore… » Et en plus de ça, il a un coeur gros comme ça. Cet homme doit avoir des vices, c’est pas possible. Je continue de l’écouter très attentivement, en plus de ça, c’est un très bon orateur. En même temps, quand on a un poste aussi important dans une grosse radio telle qu’ABC, on doit forcément l’être un minimum. « Mais je n'ai pas vocation à me faire connaître... » Je me pince un peu les lèvres dans une bouille vraiment déçue. Mais s’il croit que je vais m’arrêter là, il se fourre le doigt dans l’oeil. « Je suis très flatté que le tableau que vous avez vu vous a plu, et je suis désolé que vous ayez eu a attendre tout ce temps pour me rencontrer, mais je pense savoir ce que vous voulez, et la réponse sera la même que pour ceux qui ont déjà souhaité me faire exposer. Ca ne m'intéresse pas. » Je secoue légèrement la tête. Il ne peut pas me laisser sur ça, je refuse. « Sans vouloir vous offenser, je trouve ça assez égoïste. » Je sais bien que je risque de le froisser un peu, mais c’est le but. Je n’ai jamais vraiment mâché mes mots, et ce n’est pas maintenant que je vais commencer. Après tout, je n’ai rien à perdre. Je ne connais pas cet homme, si je le froisse, lui ou son égo, ça ne changera pas ma vie. Mais je ne peux pas me résoudre à laisser filer un talent pareil. « Je peux comprendre vos réticences, tout le monde ne vous pas un culte à la célébrité. Mais je ne vous propose pas non plus de vous propulser au sommet de la gloire ! » Je sens qu’il est perplexe, alors je ne perds pas son attention et continue sur ma lancée. « L’avantage d’être un artiste de peinture, sculpture ou tout autre art manuel qui ne nécessite pas une mise en avant médiatique, c’est que vous n’êtes absolument pas obligé de vous montrer. » Je continue toujours sur ma lancée, prenant soin de choisir mes mots pour ne pas perdre son attention qui semble être assez importante, heureusement pour moi. « Rien ne vous empêche de choisir un nom d’artiste, ne pas utiliser le vôtre, si c’est par souci de protection envers vous-même ou votre famille. Rien ne vous oblige non plus à vous montrer lors des vernissages ou autre. Rester dans l’ombre est aussi quelque chose qui se fait beaucoup dans ce milieu. Mais je vous en prie, ne laissez pas votre talent dormir dans votre atelier. Il y a beaucoup trop de choses, d’émotions là dedans. Je n’ai vu qu’une seule toile mais elle m’a donné envie d’en voir plus, beaucoup plus. Les gens ont besoin de voir ça, ils ont besoin de pouvoir ressentir les émotions que vous laissez à travers vos toiles. L’humanité est bien trop renfermée sur son petit nombril, et si les artistes comme vous restent cachés Mr Keynes, c’est l’humanité qui disparait. » Non, je ne vais pas trop loin, j’en suis intimement convaincue. Sans l’art, les êtres humains ne seraient qu’une enveloppe d’égo, l’émotion n’aurait plus sa place, le coeur serait renfermé dans une boîte, il ne servirait plus à rien. Et donc, l’humanité a besoin d’un peintre comme cet homme rempli d’humilité, et visiblement de beaucoup de doutes.
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Message(#)nyx + unexpected talk EmptyMer 14 Oct 2015 - 23:25

Égoïste. Le mot me fait ouvrir deux grands yeux ronds. Surpris, d'abord choqué, puis amusé ; je lâche un rire face à cette audace. Mais sur quel genre de spécimen je suis tombé ? C'est avec attention que je l'écoute monologuer. A la fois fasciné, et mal à l'aise. Parce que je me sens décrypté fort facilement. Je l'entends suivre le cours de mes pensées avec aise et tranquillité, aller d'une crainte, d'un doute à l'autre, et apportant les réponses qu'elle sait que j'ai besoin d'entendre. C'est perturbant. C'est prendre mes pensées en otage. « Je ne pense pas que mes toiles changeront quoi que ce soit pour l'humanité, Miss Anderson. » dis-je tout bas, un sourire en coin. « Ce n'est pas nécessaire d'essayer de me flatter à ce point. Qu'est-ce que vous gagnez là-dedans, hein ? » je demande, sur la défensive. Sans vraiment de raison, car Nyx n'a rien fait pour mériter que je me renferme de cette manière, que je glisse tête et jambes dans la coquille pour me cacher. C'est que l'idée m'effraie. Aussi séduisante soit-elle (l'idée, pas Nyx, même si elle l'est aussi, mais qu'importe), aussi intéressantes soient les alternatives que l'agent me propose pour me persuader, comme toujours, cela m'inspire une certaine panique. Exposer ; c'est un souhait inavoué, et une crainte bien ancrée. C'est un verbe, une proposition qui me déstabilise toujours beaucoup. Sûrement parce que je persiste à ne pas comprendre ce qu'on peut voir dans mes toiles -tout en craignant que l'on puisse trop en voir. Je ne me trouve pas de talent particulier, pas de style notable. Rien qui me rende plus méritant que n'importe quel autre artiste amateur. Car c'est que je suis ; un petit amateur. Je me radoucis, enfoncé au fond de mon siège, ne sachant vraiment pas quoi penser. « Je… Je n'ai pas de technique, de formation dans ce domaine. Mettez-moi des pinceaux entre les mains et je n'ai aucune idée de ce que je fais, je... » Je cherche une couleur correspondant à mon sentiment, parfois cela suffit à m'occuper pendant des heures pour trouver la teinte, la nuance qui se rapproche de mes pensées, qui la traduit le mieux ; je crée des formes naturelles ou imaginaires, avec ou sans aucun sens ; je compose quelque chose en étant guidé par des murmures qui n'articulent rien d'intelligible, comme un génie muet qui me fait travailler la matière encore et encore jusqu'à ce que cela convienne, jusqu'à ce que la couleur et les formes veulent dire quelque chose sur lequel je ne pouvais pas mettre de mots. C'est de l'instinct. Du gribouillage. « Ca ne mérite vraiment pas d'être exposé. » De toute manière, qui s'intéresse à ce genre de petit lyrisme qui ressemble, dans la forme, à la psychologie de comptoir ? Je ne peins pas la famine, la pauvreté, l'injustice, les grandes causes, ce genre de critiques sociales ou métaphysiques que je trouve d'un ennui à mourir, mais qui ont la cote auprès des prétendus amateurs d'art qui cherchent, dans leurs déambulations de galerie en galerie, à étoffer leur discours auto-satisfaisant sur tel ou tel sujet qui anime si facilement les débats de sourds pendant les dîners. Disons, en parlant business, que je ne suis pas du genre bankable. « Et puis, comment dire... » Cela fait quelques longues secondes que je n'ose plus vraiment regarder Nyx, je le remarque à peine. Je suis dans mes pensées, essayant de les réunir, les organiser, de manière à réussir à réfléchir. « C'est personnel. C'est… intime. Ce que je peins, ce sont mes émotions, mes états d'âme, tout ce que je ressens quand je ne sais pas comment l'exprimer autrement. » j'avoue, sans trop savoir où me mettre, car je n'explicite pas ce genre de choses à toute le monde. D'ailleurs, je ne sais pas trop pourquoi je l'explique à la jeune femme face à moi. Sûrement m'inspire-t-elle confiance. « L'avantage de peindre pour moi, c'est qu'il n'y a personne pour juger ça. » Pas même Joanne d'ailleurs, qui ose à peine entrer dans l'atelier. « Je ne sais pas si j'arriverais à accrocher tous ces bouts de moi sur les murs d'une galerie pour les livrer en pâture à des inconnus. »
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Message(#)nyx + unexpected talk EmptyDim 25 Oct 2015 - 10:45

Je me rends compte que j’arrive à le toucher par mes paroles. C’est aussi là qu’est l’importance de mon métier. Un agent sans un minimum de culot n’est pas un bon agent. En voyant son air choqué au moment où je le traite d’égoïste, je sens que je le tiens. C’est ainsi que je peux commencer mon argumentaire. « Je ne pense pas que mes toiles changeront quoi que ce soit pour l'humanité, Miss Anderson. » Je prends une grande inspiration, une sorte de long soupir. Il est coriace, je vais devoir redoubler d’efforts. « Ce n'est pas nécessaire d'essayer de me flatter à ce point. Qu'est-ce que vous gagnez là-dedans, hein ? » Je sens bien qu’il est sur la défensive. Je connais les artistes par coeur, pour travailler avec eux depuis bien des années maintenant. Je lui offre alors un sourire. « Vous voulez dire, mis-à-part la fierté d’avoir un artiste aussi talentueux que vous dans mon catalogue ? » Je suis sincère, il ne pourra pas me le reprocher. « Je vous l’ai dit, je ne pense pas qu’à moi, ou à vous, bien que je sois persuadée qu’exposer n’est pas si dramatique que ça. Je comprends vos réticences, surtout si vos toiles sont vraiment une sorte d’exutoire. Vous savez, les gens ne sont pas obligés de savoir ce que ça représente, l’important c’est simplement que ça les touche, que ça fasse ressortir en eux quelque chose qu’ils ne vont pas chercher d’eux même. C’est le principe de l’art, du moins, c’est ce que je pense. » Je hausse un peu les épaules, arrêtant de parler quelques secondes. Je le regarde, enfoncé là dans son fauteuil. Je fais rapidement la psychologie du personnage. Il a l’air de ces hommes de pouvoir qui savent exactement comment se planquer sous une coquille. Mais tous les gens avec qui il travaille ne savent pas quel potentiel se cache dans ses doigts, dans son talent. Sous cette carapace, il y a un enfant, sûrement blessé, qui ne cherche qu’à s’échapper, respirer. « Je… Je n'ai pas de technique, de formation dans ce domaine. Mettez-moi des pinceaux entre les mains et je n'ai aucune idée de ce que je fais, je... » J’esquisse un fin sourire. Banco. Manque de confiance en lui dans ce domaine. Un vrai artiste. « Ca ne mérite vraiment pas d'être exposé. » « Et moi je vous soutiens le contraire. » Je croise mes bras et ne le lâche pas du regard pour soutenir mon point de vue, je ne compte pas lâcher. Un artiste comme lui, ça ne court pas les rues. Et c’est lui que je veux. « Et puis, comment dire... » Ah, venons-en au fait. « C'est personnel. C'est… intime. Ce que je peins, ce sont mes émotions, mes états d'âme, tout ce que je ressens quand je ne sais pas comment l'exprimer autrement. » Cette fois un sourire se pose sur mes lèvres. Il est vraiment touchant. « Vous avez des amis artistes Mr Keynes ? Vous avez déjà vu un artiste qui ne donnait pas de lui à travers son art ? Les artistes sont des êtres sensibles, et leur art est un exutoire de leurs sentiments, c’est à travers ça qu’ils s’expriment. Et si les artistes n’étaient pas là, croyez moi que le monde serait bien terne. Ils sont un peu comme les couleurs ajoutés à un dessin en noir et blanc… ». Je sens bien que j’ai un peu perdu Jamie. Il semble pensif, je ne sais pas si c’est qu’il cherche comment me dire non une fois encore, ou si c’est que mon argumentaire arrive un tant soit peu à le toucher. « L'avantage de peindre pour moi, c'est qu'il n'y a personne pour juger ça. Je ne sais pas si j'arriverais à accrocher tous ces bouts de moi sur les murs d'une galerie pour les livrer en pâture à des inconnus. ». Je soupire légèrement. Bien consciente qu’il compte me donner du fil à retordre. « Pourtant, malgré vous, les toiles que vous offrez à des amis sont pourtant bien exposées aux yeux du monde ! » Je lui offre un nouveau sourire qui se veut rassurant. « Qu’est-ce qui vous effraie exactement ? Le jugement des gens ? Vous ne serez pas obligé d’y être confronté… pensez à tous ces gens qui seront touchés sans même imaginer ce que vous avez pu vouloir dire à travers ces toiles. Les gens interprètent chacun à leur manière, avec leurs ressentis, leurs sentiments, leur histoire. Nous sommes chacun notre propre centre du monde, et si ça peut vous rassurer, quand les gens regardent un tableau, écoutent une chanson, vont voir un film au cinéma, les émotions ressenties leur sont propre, sans forcément réfléchir à ce qu’a voulu dire l’artiste pendant son travail de création. » J’épuise mon stock d’arguments. Je suis certaine que le monde a besoin de découvrir un artiste aussi vrai que lui.
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Message(#)nyx + unexpected talk EmptyVen 30 Oct 2015 - 23:22

« Je… » Face à toutes ses répliques, je reste sans voix. Il n'est rien qu'elle laisse au hasard, pas de question sans réponse, pas de phrase formulée en manquant de conviction et de détermination. Je dois avoir le syndrome de l'artiste incompris, qui se croit seul au monde à pouvoir apprécier son art, alors qu'il est visiblement capable de parler à d'autres. Sans l'avoir vu venir, je me retrouve à court d'arguments. A court de mots. Je ris nerveusement, en tirant un peu sur le nœud de ma cravate comme pour que la gêne m'oppresse un petit peu moins. Je ne sais absolument pas quoi dire. J'avoue être impressionné, humblement scotché au dossier de mon siège pendant que Nyx parlait, n'étant capable que de boire ses paroles. Le discours que j'avais besoin d'entendre. Je le sais, j'ai conscience qu'elle a touché dans le mille. Pour me laisser aussi bête, c'est qu'elle a pointé quelque chose du doigt, et qu'elle a su dire exactement tout ce qu'il fallait pour laisse mes craintes et mes doutes sur le carreau. Ils sont toujours bien là, tenaces, mais ils me semblent presque dérisoires et injustifiés. C'est une sensation terriblement étrange. L'impression de sortir d'une machine à laver. Je passe une main sur mon visage, ne cessant de regarder la jeune femme. Le pire, c'est son regard, et son sourire. Les yeux parfois durs, toujours honnêtes et sincères. Et la bouche, parfois souriante, lui faisant garder une sorte d'expression à la fois rassurante et redoutable. Le personne exerce finalement sur moi une sorte de fascination. Je me demande si elle est capable de parler de cette manière à n'importe qui, avoir cette force de persuasion pour faire craquer les barrières, même des plus tenaces. « Vous êtes coriace. » dis-je avec un sourire amusé. Et moi, en comparaison, je le suis bien moins. Je me sens même ridiculement influençable -et bizarrement, elle me fait apprécier cette sensation. « J'aime beaucoup. » je murmure, l'observant. Me penchant vraiment sur ce que j'ai sous les yeux. Un bout de femme avec une présence impressionnante, et un charme, autre que physique, qui force l'attention. Je l'observe ainsi pendant une bonne minute, sans rien dire. Jusqu'à me décider à dire quelque chose. « J'ai besoin de réfléchir à tout ça. » Une réponse sûrement frustrante pour elle, mais qui est pourtant une victoire en soi. Et puis, ce n'est pas un ''non''. « Laissez votre carte, et je vous appellerai. » Je la devine incrédule ; combien de personnes promettent de rappeler sans jamais daigner se montrer un jour par la suite ? C'est monnaie courante, et je suis souvent le premier à oublier cet engagement si je n'en ai pas clairement formulé la promesse -dans ce cas là, je m'y tiens farouchement, prenant toujours soin d'honorer toutes mes promesses. « Je le ferais. Qu'importe la réponse. Je le promets. » j'ajoute donc, me montrant des plus sincères et de toute bonne foi. « Vous pouvez prendre la mienne, pour me sonner les cloches si vous me trouvez trop long à la détente. » Il y en a un petit tas sur le bureau, elle peut se servir. « Ou juste pour le plaisir. » Discuter. Ce doit être passionnant de discuter avec Nyx pendant des heures. « J'aime votre manière de parler d'art. » j'avoue avec, toujours, ce sourire en coin qui laisse voir que je suis agréablement surpris par la jeune femme, et réellement intéressé. Je quitte mon fauteuil et me permets de la raccompagner jusqu'en bas de l'immeuble, le temps d'échanger encore quelques mots. « Je parie qu'en général vous n'avez pas besoin de parler autant pour persuader un homme de vous engager. Et si j'ai raison, c'est bien dommage. » dis-je en attendant l'ascenseur. La machine nous fait redescendre jusqu'au rez-de-chaussée, dans le grand hall. Je lui retire son badge visiteur, passant le cordon par dessus sa tête avec délicatesse. « Dites vous que vous avez déjà gagné une sacré bataille. Personne n'était parvenu à me donner envie de me pencher sur la question. » Exposer. Oui, tous ont entendu le même refus catégorique. Tous se sont résignés, en me voyant braqué et érigeant un mur entre moi et cette idée. Si ma réflexion doit de nouveau me mener à décliner sa proposition, elle aura la maigre satisfaction d'être parvenue à me remettre en question. « Ca a été un vrai plaisir, Nyx. »
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