Siham arrivait les mains vides. Enfin, pas réellement, puisqu’elle venait de faire garer son camion dans la rue devant cette villa. Elle ignorait encore comment elle avait réussi à répondre à une telle annonce, elle se demandait depuis quand une nana comme elle avait le droit de vivre à Bayside et surtout, comment Mason et Emery avaient fini par accepter une jeune femme avec son enfant en bas-âge. Trop de questions. L’avantage, dans ce nouveau logement, c’est qu’elle allait avoir une chambre bien plus grande où elle pourrait vraiment installer le lit de son fils, pas être obligée de lui faire faire du camping chaque jour. L’avantage de ce logement, c’est que pour à peine deux cents dollars de plus que ce qu’elle ne payait, maintenant, elle a l’impression d’avoir dix fois plus grand.
C’était la première fois que Siham s’installait en colocation, elle avait ce sentiment d’un retour en arrière, elle qui avait réussi à habiter dans son propre appartement pour la première fois, il y a moins d’un an, c’était pour elle comme une vraie victoire dans son parcours de vie. Et maintenant qu’elle avait trouvé des repères dans son logement elle avait été contrainte d’en partir. Elle espérait toutefois que ça ne pouvait être que pour du mieux.
Elle donnait ses directives aux déménageurs que sa mère lui avait offert, elle se dirigeait en attendant qu’ils déchargent, vers l’entrée de la villa, où elle pensait qu’Emery l’y attendrait, quant à Mason, elle n’avait pas encore croisé son colocataire. Elle ne savait ni à quoi il ressemblait, ni quel genre d’homme il était. Lorsqu’elle était venue visiter la villa, il n’était pas présent. Timidement, elle sonna à la porte, comme si elle n’était pas encore chez elle. Aujourd’hui, elle arrivait les mains vides car pour la première fois, Hugo avait pris Dali chez lui. Il avait proposé de son initiative qu’ils se partagent la garde de Dali et Siham, en toute honnêteté, avait répondu oui avec bien plus d’enthousiasme qu’il n’était acceptable de l’entendre de la part d’une mère. Mais pour elle, ce fu un véritable soulagement.
« Poussez-vous madame, les premiers cartons arrivent. » Siham se décala alors que celui qui jusqu’à présent avait conduit le camion se permis de pousser la porte et entrer comme s’il était chez lui. « On a pas d’temps à perdre. » eh ben… « au fond à droite, dernière porte, avec un coup de pinceau bleu sur la porte. » personne n’avait jamais su donné l’explication de ce fameux coup de pinceau bleu sur la porte de sa future chambre. « Y a quelqu’un ? » semblerait bien que oui, puisque la porte était restée ouverte.

@Mason Bradford @Emery Dawson

:

 « premiers cartons »    emery, siham & mason.

---

---

La vie de Mason reprenait une certaine stabilité – et ça lui faisait aucun mal, les excès en tout genre ne l’avait pas épargné, lui et sa réputation. Il s’était enfin décidé à reprendre sa vie du mieux qu’il le pouvait – cela dit fallait pas non plus en attendre trop de sa part, il ne s’est jamais épargné totalement. La mort de son père l’a quelque peu fait réfléchir quand bien même il ne voudra pas l’accepter. Encore moins l’admettre. Et la vie auprès de Emery n’était pas si contrariante que ça, malgré son côté un peu ours des cavernes qui braillait pour un oui ou un non, quand les choses n’allaient pas dans son sens. Elle savait l’amadouer, et il finissait même par accepter la vie commune avec ses petits bestiaux. Mais pour l’heure, il avait confié la mission à Emery de trouver un autre colocataire, pas que les moyens lui manquent spécialement, mais contrairement à ce qu’il prétend : il a un besoin fondamental d’être entouré. La peur de l’abandon, pourtant en contradiction avec son départ précipité pour Brisbane quand il a quitté son Sydney natale à ses vingt-et-un ans. Ils s’étaient tous les deux réfugiés chacun dans leur chambre, et Mason n’avait pas vraiment entendu ses voix qui défilent pourtant à l’entrée de chez lui. Il semblerait que personne n’est sonné, il se décide à sortir de sa chambre pour constater l’horreur. « Au fond à droite, dernière porte, avec un coup de pinceau bleu sur la porte. » Les cheveux ébouriffés, le teint pas comme d’habitude, et le voilà déjà en train de vouloir calmer les ardeurs de tout le monde. « Ohohoh Ohoh, c’est quoi ce raffut ? » Qu’il demandait en direction de deux personnes qui se permettaient de rentrer et sortir de chez lui comme dans un moulin. Il resta un moment immobile non loin de l’entrée, avant de poser son regard sur la silhouette qui n’osait à son tour pas rentrer. « Y a quelqu’un ? » Il s’avança alors vers la personne en hurlant, « EEEEM ! Si c’est encore une de tes amies tu vas m’entendre ! » Habituellement, ce sont ses mecs qui viennent squatter à la villa, entre celui qui oublie sa veste et l’autre, qui se prend pour l’homme parfait – Mason n’a pas de veine ! « Mason, et vous êtes ? » Il se présente néanmoins, attendant d’avoir plus d’explications, il n’allait certainement pas aider les sans gênes ! « C’est pas un jour de brocante aujourd’hui… » Est-ce qu’il avait omis d’avoir discuté brièvement avec Emery concernant une futur coloc ? Quand elle lui avait exposé la jeune femme, il avait été plus que discret, lui remettant entièrement le boulot sur elle. Mais il ne se gênerait pas pour dire si un truc ne lui allait pas !

« Ohohoh Ohoh, c’est quoi ce raffut ? » Siham restait en retrait des déménageurs qui s’introduisaient dans cette villa plus grande que tous les appartements dans lesquels elle avait vécu depuis son enfance. Pourtant, elle n’avait jamais manqué d’espace, mais jamais aussi grand. Elle avait cette impression, en voyant la réaction du blond qui avait l’air de sortir d’une taverne, que son arrivée n’était pas prévue aujourd’hui. Elle s’était empressée de regarder la date sur son téléphone pour s’assurer que oui, c’était bien le grand jour. « Mason, et vous êtes ? » donc lui, c’était le deuxième coloc, celui qu’elle n’avait pas encore rencontré. Il n’avait pas l’air d’être au fait de débarquement prévu. Elle ouvrit la bouche, prête à se présenter, quand le bruit du camion à l’extérieur brouillait la communication.  « C’est pas un jour de brocante aujourd’hui… » Siham était perdue devant cet individu, peu accueillant. Le sentiment d’être de trop et de débarquer de nulle part était décuplé. Avait-elle fait le bon choix en choisissant une colocation ? Pour l’instant, tous les signaux lui disaient que non. « J’m’appel… » elle s’arrêta à nouveau quand elle vit la tête blonde qui lui avait fait visiter la villa. « Désolée. Les écouteurs. Bienvenue ! » se retrouvant boobs contre boobs avec Emery, son étreinte avait au moins l’avantage de la rassurer sur sa présence à cet instant précis. Non, elle n’avait pas inventé de toute pièce cette histoire de déménagement. « L’écoute pas. Il m’a fait la même vanne quand j’ai emménagé, parler de mettre mes affaires aux encombrants plutôt que de les emmener à l’étage, blablabla. » Siham fit un sourire gêné, ne sachant trop sur quel pied danser. Rassurée et à la fois, pas tellement.  « C’est notre nouvelle coloc. Je t’ai dit que j’avais trouvé quelqu’un, non ? T’as encore pas écouté, admets. Mais ça tombe bien que tu sois là. » elle commençait à comprendre le petit jeu qui s’installait. Après tout, Emery l’avait prévenu, Mason n’est « pas bien méchant, un peu ronchon, trop facilement irritable mais attachant. » « T’as besoin d’aide pour apporter des sacs ? Si tu veux on peut ai… HOPLA PAS SI VITE ! » Siham bascule d’un pas sur le côté, quand Em plonge en avant pour récupérer un… cochon d’inde ? elle fronce les sourcils. Après tout, elle ramenait bien un bébé ici. « Faut faire gaffe avec les portes d’entrée ouverte, j’ai vu l’autre y a pas si longtemps… » donc, deux cochons d’inde ? Pas d’soucis, Siham assimilait. « Ah, par contre, j’ai peut-être omis de parler à Mason de notre autre nouveau colocataire. Je… » Alors qu’Emery disparaissait à nouveau de son champ de vision, la voilà face à Mason. « Siham du coup… » déjà qu’il avait l’air d’ignorer sa venue, même s’il avait été mis au courant, mais une chose est sûre, d’après ce qu’avais dit à l’instant Em, il n’était pas au courant qu’elle n’arrivait pas seule. « EUH… » l’agent qui vidait le camion en était déjà à son deuxième aller-retour, muni de son diable où il empilait quatre à cinq cartons à chaque fois. A ce rythme là, ce serait bientôt fini. « J’crois qu’ils vont pouvoir gérer ça… » c’était l’but, en payant une entreprise pour son déménagement, qu’elle n’ait pas à mettre la main à la pâte, pour charger et décharger. « Désolée mademoiselle, va pas falloir rester dans l’passage. » elle se décala alors pour les laisser faire leurs aller et retour tranquillement, quand juste aux pieds de Mason, un biberon glissa d’un carton mal fermé visiblement. Siham se précipita pour le ramasser et le serra entre ses mains, le glissant dans son dos, comme si personne n’avait rien vu. Tout l’monde avait vu. « C’est à Dali… » elle dégluti. « Il viendra plus tard, quand j’aurai fini de vider mes cartons. »

: