You need a doctor

     @Andrew Livingstone     ft. Maritza Gutiérrez

La portière claqua dans son sillage et Martiza se dirigea d'un pas vif jusqu'à la porte d'entrée de la villa qui se dressait devant elle. Elle glissa le double des clés qu'on lui avait fourni dans la serrure et finit par entrer. La cinquantenaire était un peu fatiguée mais depuis quelques temps elle semblait avoir retrouvé un peu d'énergie. La perte de Maria pesait toujours sur ses épaules et la douleur était toujours aussi forte mais désormais Maritza parvenait à faire avec. Petit à petit la mexicaine reprenait ses marques. Durant plusieurs semaines, elle n'avait pas travaillé, incapable de sortir chez elle. Elle s'était néanmoins rapidement rendue compte que la situation ne pouvait pas rester ainsi. Elle avait une famille dont elle devait s'occuper. Ainsi en plus de travailler à mi-temps à l'hôtel, la cinquantenaire avait trouvé d'autres contrats qui lui permettaient de mettre un peu de beurre dans les épinards. Aujourd'hui - comme deux fois par semaine depuis quelques mois – elle s'était donc rendue chez Andrew Livingstone. Acteur et mannequin connu, Maritza avait longtemps hésité à venir travailler chez lui. Craignant qu'il ait un melon démesuré et qu'il soit insupportable, elle avait failli décliner. Néanmoins devant le salaire plus que conséquent qu'il lui proposait, elle n'avait pas su dire non. Elle ne regrettait pas son choix. Du peu qu'elle avait vu, c'était un homme charmant. Il était peu souvent présent, et les deux ne faisaient que se croiser ou ne se voyaient pas pendant plusieurs semaines. Le fait que Maritza soit discrète dans son travail, qu'elle ne questionne pas à tout va le jeune homme et qu'elle était capable de garder des secrets pour elle, devait fortement aider à ce que l'entente soit cordiale. Depuis qu'elle travaillait pour lui, aucune information n'avait fuité dans la presse. La mexicaine était là pour faire son boulot et rien d'autre.  

Elle se dirigea dans la cuisine et ouvrit la porte du cellier qui se trouvait juste à côté. Elle sortit tout le matériel dont elle avait besoin et commença à nettoyer le four, la gazinière, l'évier. Aucune trace ne devait rester. Ne supportant pas le silence, la femme se mit à chantonner jusqu'au moment où elle entendit un bruit. Elle sursauta et suspendit tous ses gestes. Avait-elle rêvé ? Son imagination lui jouait-elle des tours ? Les sourcils froncés, Mari' n'osait plus bouger. Après quelques secondes dans cette position statufiée, elle en vint à la conclusion qu'il n'y avait rien de particulier. Elle continua donc son ménage. Alors qu'elle sortait l'aspirateur, elle entendit nettement le bruit d'un objet tomber au sol. « Monsieur Livingstone ? » appela-t-elle avec son accent espagnol qui ressortait lorsqu'elle était en état de stress. Cela ne pouvait être que lui n'est-ce pas ? Pourtant, la mère de famille était persuadée qu'elle serait seule aujourd'hui. Dans ses souvenirs il lui avait confirmé qu'ils ne seraient pas chez lui pendant quelques jours. Les bruits étaient de plus en plus répétés mais personne ne lui répondait. Prenant son courage à deux mains, elle sortit un rouleau à pâtisserie d'un tiroir et se dirigea jusqu'à la salle d'où provenait le bruit. Elle se figea en constatant que c'était la chambre de l'acteur. Elle tenta une nouvelle fois : « Monsieur Livingstone ? ». Rien si ce n'était une sorte de respiration étouffée. Elle hésita quelques instants puis finit par pousser la porte. Ses yeux s'écarquillèrent face au spectacle qui se jouait devant elle. Surprise, elle laissa le rouleau tomber et demanda avec inquiétude : « Dios mio ! Mais qu'est-ce qui vous arrive ?! ».

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     @Andrew Livingstone     ft. Maritza Gutiérrez

Plantée sur le seuil de la chambre Maritza ne savait pas ce qu'elle devait faire. La vue de l'acteur dans son lit la mettait mal à l'aise. Elle ne parvenait pas à soutenir son regard, à l'inverse ses yeux se baladaient au hasard dans la pièce. Cette dernière était sombre, les volets fermés, les fenêtres closes elle aussi. Depuis combien de temps n'était-il pas sorti de cette salle ? Andrew toussa et la mexicaine posa à nouveau son regard sur son visage. Lorsqu'il lui dit que ce n'était rien, ses sourcils se froncèrent. Rien ? Non ce n'était clairement pas rien. La cinquantenaire n'était pas née de la dernière pluie, avec ses sept enfants – six désormais – elle en avait vu passer des maladies. Le souffle court du jeune homme qui lui faisait face, sa voix rocailleuse ainsi que sa mine défaite n'annonçaient rien de bon. « Une simple grippe. Ce …C’est passager » La brune croisa ses bras sous sa poitrine, se mordit la lèvre inférieure et hésita quelques secondes. Devait-elle le laisser seul ou intervenir ? Il était clair que le garçon  ne lui disait pas tout ou en tout cas qu'il minimisait ses symptômes et son état mais avait-elle le droit de s’immiscer ainsi dans sa vie privée ? Après tout, il ne l'avait engagée que pour faire le ménage, rien de plus. Sans un mot elle fit demi-tour et s'empressa de retourner dans la cuisine. Avec une agilité surprenante et une efficacité remarquable, elle fit bouillir de l'eau. Elle en versa dans une tasse, glissa un sachet de thé dedans, plongea une cuillère de miel au fond et retourna auprès du jeune homme. Elle approcha doucement du lit et lui tendit le récipient : « Buvez, ça vous fera du bien » murmura-t-elle d'une voix douce. Voyant qu'il avait du mal à se redresser, elle posa la tasse sur la table de chevet et avec délicatesse passa ses mains dans son dos pour l'aider à se mettre assis dans son lit. Elle dépassait clairement les limites mais elle n'en avait rien à faire, le jeune homme était dans un piteux état et il n'était pas question qu'elle le laisse seul dans cette situation. Elle prit une chaise qu'elle approcha du lit et osa demander : « Depuis combien de temps êtes-vous malade ? » Cela ne devait pas dater de la veille. La maladie semblait avoir largement progressé et le peu d'énergie qui restait à l'acteur indiquait qu'il souffrait depuis quelques temps désormais. Dans un murmure elle questionna à nouveau : « Vous avez vu un médecin ? ». Elle tourna légèrement la tête, observa autour d'elle et sans même qu'il lui réponde elle comprit que ce n'était pas le cas. Il n'y avait aucun médicament à proximité et elle n'en avait pas trouvé dans la cuisine non plus. Anxieuse elle posa son regard sur son visage pâle et attendit qu'il lui répondre. Avec un peu de chance elle était une mauvaise détective...

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