Un sentiment de soulagement m'envahit en percevant qu'Adèle m'offrait une seconde chance, pardonnant ainsi ma maladresse de nos premiers échanges. La blesser ou lui ressasser des événements désagréables constituait l'une de mes dernières aspirations et j'étais ainsi ravi que l'on puisse reléguer mes faux pas dans le passé. Complices, nous divaguons vers le fantaisiste et le surnaturel : homme-araignée, louve-garou, la fiction allait bon train et je ris de bon coeur lorsque mon interlocutrice semblait présenter une appétence pour les lycanthrope. « Pourquoi j'ai de plus en plus de mal que tu as pas tant galéré à retrouver le nom de Jacob ? » Je taquine gentiment, l'œil malicieux. « Bien sûr qu'il sera dans notre meute ! Remus Lupin aussi. » Tant qu'à faire, autant allier les plaisirs et les horizons : je ne me privais de rien.

Tout en poursuivant notre quête de plantes médicinales, je relatais mes origines à ma binôme. Un large sourire apparut sur mes lippes lorsqu'elle s'exclamait : « Oh le Brésil ! Je ne connais pas mais je suis déjà allé plusieurs fois au Mexique ! Il vient de là ton accent… » J'acquiesçais avec enthousiasme. « Oui ! C'est plutôt rigolo d'ailleurs que je ne l'ai pas perdu alors que ça fait plus de dix ans que je n'y ai pas mis les pieds ! A croire que je suis de ceux qui ne se débarrasse jamais de leur accent d'origine, » je conjecturais en riant. « Est-ce que tu es allée au Mexique en vacances ? » J'osais tenter, curieux, mais redoutant tout de même causer une nouvelle maladresse par ma langue parfois trop pendue. Nous revenons au jeu des loups-garous et je me surprends à vanter des réflexes surhumains que je posséderais. « Tes réflexes surhumains, comme ? » « Oh, tu serais très surprise, Adèle ! » Je promettais dans un rire. « Tu seras en sécurité dans notre meute. » Je promettais, quand bien même nos seules réelles ennemies représentaient les périlleuses faune et flore australienne.

Adèle et moi avions une colocation en commun et j'apprenais que son trio n'avait pas été au beau fixe durant la construction d'abri de fortune. « Ha mince, » je compatissais sincèrement en grimaçant. « Vous avez réussi à terminer l'atelier quand même ? » Je m'intéressais avant de lui conter mes derniers échanges avec mon meilleur ami qui m'avait, pour sa part, fait faux bond. « Et il a eu raison ? » Adèle me demande lorsque je lui confie que Hugo m'avait incité à m'inscrire pour me changer les idées et secouer mon chagrin. Je haussais les épaules, peu convaincu. « Parfois ça arrive le blues, j’espère que c’est passé. » « Ca va mieux, » j'assurais avec un sourire vague. « Ca fait du bien de se déconnecter de son quotidien. » Les mauvais souvenirs, les soucis, les appréhensions, les frayeurs, qui me tiraillaient d'ordinaire étaient plus vivides à Brisbane qu'en pleine nature. « je suis certaine que vous finirez par rattraper ce temps perdu. » Je hochais la tête à l'affirmative. « Déjà, il me paiera des verres pour se faire pardonner de ce lapin ! Même si ça m'aura permis de te rencontrer et j'en suis bien content, » je faisais, honnête. « D'ailleurs, si jamais ça t'intéresse, il bosse au Saucibar et j'y traîne souvent. T'y seras la bienvenue. C'est un bar sur Fortitude Valley. » J'invitais spontanément la jeune femme. Sur notre route, nous parvenons à dénicher deux plantes du pamphlet, ce que je valorise : « On devient des vrais pros, Adèle ! » Puis, ne chassant jamais très longtemps ma curiosité, je me permets d'interroger : « Est-ce que tu sais quelle sera la première chose que tu feras en rentrant à Brisbane ? » Y avait-il quelque chose en particulier qui lui manquait de la vie citadine ?

Elle fait mine de chercher le nom de Jacob Black dans ses lointains souvenirs : c’est purement rhétorique puisque ce genre de film qui déborde et dégoulinant de sentiments amoureux, même de romantisme était son style favori, elle pourrait chercher à le nier pendant des heures – que peu de personnes la prendrait réellement au sérieux de toute évidence. Elle préfère donc hocher les épaules en direction de Kai, mais remarque son sourire, et sa prochaine insinuation qui lui pend évidemment au nez. « Pourquoi j'ai de plus en plus de mal que tu as pas tant galéré à retrouver le nom de Jacob ? » Elle tire la langue au brun avant de rire – ce n’était visiblement pas un suspense de longue haleine et elle devait au moins l’admettre. « Bien sûr qu'il sera dans notre meute ! Remus Lupin aussi. » Elle relève son regard sur lui tout en continuant leur marche, avant d’hausser un sourcil en sa direction, marqué par cette réponse de la part de son nouveau binôme, « ça se réfléchit alors, évidemment… » Et ce serait même bête de passer à côté non ? Depuis bien longtemps le cœur d’Adèle a pris part au deux ennemis de cette saga, et les vampires n’ont jamais su attraper son cœur, mais changeant peu à peu de conversation, ça se dérive avec naturel sur les accents des uns et des autres, et sur les origines. « Oui ! C'est plutôt rigolo d'ailleurs que je ne l'ai pas perdu alors que ça fait plus de dix ans que je n'y ai pas mis les pieds ! A croire que je suis de ceux qui ne se débarrasse jamais de leur accent d'origine, » Elle réfléchit un court instant, « c’est vrai que maintenant que tu le dis, j’avais entendu qu’on le perd jamais totalement… » Mais elle est née à Brisbane en Australie et n’est jamais partie plus que quelques longues semaines, en réalité, hors de son pays, jamais assez longtemps pour se sentir dépaysé, jamais assez longtemps pour avoir le mal du pays et regretter son Brisbane. « Est-ce que tu es allée au Mexique en vacances ? » Outch, est-ce qu’il souhaite réellement se pencher sur Adèle et ses gros problèmes d’addiction pour venir en aide aux autres ? « Pas exactement… Mais j’en ai pris plein les yeux… » Ca l’a fait sourire, elle garde de très bon souvenir de son Mexique et de ses habitants. « Je fais de l’humanitaire, ou plutôt j’en ai fait pendant des années, » et maintenant ? Elle s’est sans aucun doute assagi sur ce sujet depuis son cancer et que son frère et son cousin lui font la tête parce qu’ils n’ont pas supportés qu’elle choisisse de fuir plutôt que de leur parler. « Ca me plaisait beaucoup, l’aventure ça me connaît un peu… » Qu’elle ajoute avec un léger sourire, ce qui n’est pas vraiment faux en réalité. « Oh, tu serais très surprise, Adèle ! » Elle ne peut s’empêcher de rire devant sa phrase avant d’ajouter, « tant de mystère… » Mais veut elle savoir ? Probablement pas, juste l’embêter comme il savait le faire à son tour. « Ha mince, vous avez réussi à terminer l'atelier quand même ? » Elle répond oui de la tête avant d’ajouter, « et heureusement que je m’entends bien avec Carl, » elle lui épargne évidemment de quelle manière peuvent-ils réellement s’entendre à merveille, Kai ne serait probablement pas forcément intéressé, « ça va mieux, ça fait du bien de se déconnecter de son quotidien. » Elle perd un peu son sourire pour laisser la place à cette nostalgique, elle était bien placé pour le comprendre, depuis la perte de son frère, Adèle ne voulait pas vraiment accepter cette sentence, elle ne parvenait pas non plus à se rendre au cimetière et éviter soigneusement ce sujet autant que possible, en plongeant corps et âme dans ce qu’elle savait le mieux : prendre la fuite. « Déjà, il me paiera des verres pour se faire pardonner de ce lapin ! Même si ça m'aura permis de te rencontrer et j'en suis bien content, elle pose sa main contre son cœur. D'ailleurs, si jamais ça t'intéresse, il bosse au Saucibar et j'y traîne souvent. T'y seras la bienvenue. C'est un bar sur Fortitude Valley. » Et ça lui va droit au cœur, « je suis bien contente aussi d’avoir fait ta rencontre, » avant de poursuivre concernant son vieux pote, « faudra pas lui faire la gueule trop longtemps alors, juste par principe. » Le principe rien d’autre qui fonctionne. « J’habite à Fortitude Valley, ça me parle pas comme ça mais je tâcherai de venir… C'est vraiment gentil de ta part ! » Même si elle ne sait pas à quoi s’attendre, elle suppose que ça part d’une bonne intention venant de Kai, et pas d’un traquenard de toute évidence. Avec la Shephard faut de toute évidence savoir vivre dangereusement. Elle feuillette rapidement le bouquin, à la recherche de la plante en question et après quelques minutes à rester dans l’interrogation la plus totale. « On devient des vrais pros, Adèle ! » Ca la fait sourire, « ça fait vraiment plaisir de t’avoir comme binôme, ça a l’air si simple, » quand elle a galéré dans d’autres circonstances, chassant alors ses images-là, de son esprit. « Est-ce que tu sais quelle sera la première chose que tu feras en rentrant à Brisbane ? » Elle réfléchit un court instant. « Prendre une bonne douche ? » Et ça la fait rire bien volontiers, « j’irai certainement manger quelque chose, ou retrouver mon frère. » Elle ne sait pas bien, encore, « tu as déjà prévu un truc de ton côté ? » Elle demande alors en reportant son attention sur lui.

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