Adèle s'y rendait désormais avec un peu plus de facilité, elle n'aimait pourtant pas le regard posé sur elle. Un regard à le fois accusateur et le genre à vouloir prendre le malheur pour soi. Elle n'était pas prête de parler de ses mois de combat et de cette peur qui n'a jamais cessé de quitter ce monde. La Shephard voulait faire la forte, celle qu'on verrait toujours sourire quoi qu'il pouvait se passer. Celle qu'on verrait se battre jusqu'à son dernier souffle et plus encore. Cody s'inquiétait autant pour elle que Will. Il n'était pas rare d'ailleurs qu'ils ne viennent pas la chercher, dès qu'ils en avaient l'occasion. Et inutile que Adèle trouve un prétexte pour pouvoir rentrer seule, elle obtenait rarement gain de cause - et n'avait plus la force de se disputer ni de protester. Mais ce jour-là, elle avait fini sa séance plus tôt que prévu. Elle arpentait les couloirs de l'association à la recherche de sa bouée de sauvetage : aussi sur que cela puisse être, elle devait être reconnaissante envers le Marchetti. Sans aucun doute que si elle se tenait debout encore sur ses jambes c'était bien grâce à lui ou à cause dirait-elle aujourd'hui. Il a été d'une aide capitale pour cet enfant qui refusait de se soigner, qui refusait cette sentence. Mais aujourd'hui sa bouée n'était plus là, l'Italien avait dû quitter précipitamment son travail - c'était du moins ce que lui avait laissé sous-entendre la secrétaire à l'accueil avec son sourire narquois - certainement contente du sort de la Shephard alors qu'elle ne comprenait pas comment cette jeune femme qui avait toute la vie devant elle (ou pas à en croire sa maladie) faisait pour tomber sous le charme d'un trentenaire bien dépassé, homme à tout faire de ce lieu. Elle se moquait du sort de Nino comme beaucoup ici - mais pas elle. Pas Adèle. Elle devait néanmoins se rendre à l'évidence : la femme derrière son bureau ne lui racontait probablement pas de conneries. Et c'est la raison pour laquelle, Adèle pousse la porte de la sortie.  « Vous attendez quelqu'un aussi ? » Ce dernier mot qu'elle souffle sans même vraiment tourner son visage, son regard rivé devant elle. Sa mine paraissait fatiguée mais c'était loin d'être le pire dans ce qui l'attendait par la suite. Elle n'avait pas encore commencé ses séances de chimio, mais on commençait à l'emmener à ça. Elle refusait toutes ses discussions.  « Adèle. Je vous ai jamais vu par ici...» Elle aurait juré pourtant connaître tout le monde - ou presque, certainement que bientôt ce sera un peu le cas. Un sourire au coin des lèvre, son visage se retourne sur la jeune femme et elle peut enfin observer les formes de son visage, alors qu'elle ne l'avait regardé que de dos jusque là.

La rencontre d'infortune.
@Adèle Shephard  ☆ Luz.

Cela faisait quelques semaines maintenant que Nina reposait en paix et tout autant que Luis tentait de reprendre le cours de sa vie sans la femme qu'il aimait plus que tout au monde. Bien que son bonhomme haut comme trois pommes prenait absolument tout son temps, Luz tentait d'être l'épaule qu'il a toujours su trouver lorsqu'il en avait besoin depuis qu'ils sont enfants tout en tentant de ne pas être trop intrusive non plus. D'autant plus que leurs parents s'inquiétait déjà beaucoup trop le concernant pour ne pas être trop présents. Ils l'appelaient plusieurs fois dans la journée et ils venaient au moins une fois lui rendre une visite même si ces dernières ne duraient pas plus d'une heure. Ils lui ramenaient des tupperwares et leur mère ne pouvait pas s'empêcher de faire un peu de ménage à chaque fois. Ana et Ange le soutenaient comme ils le pouvaient mais n'étant pas très à l'aise, ils venaient toujours le voir par deux et ils le sortaient de son appartement pour qu'il prenne l'air et qu'il ne reste pas là où absolument tout lui rappelait Nina. Du coup, Luz se contentait de répondre à ses messages et ses appels et ne le rejoignait que s'il lui demandait et le souhaitait vraiment. Elle prenait quasiment toujours son petit garçon avec elle parce qu'elle avait vu ô combien sa simple présence apportait fraicheur et réconfort à son frère. Ce serait vraiment nul de s'en priver !

Ce triste évènement avait fait naitre l'envie chez Lucia de s'engager dans une association qui soutien les malades et leurs proches. C'est tout naturellement qu'elle avait mis ça sur le tapis avec Luis. Elle lui avait tendu une brochure tout en lui présentant brièvement ce qu'elle avait lu et ce qu'avait pu lui dire la dame au téléphone lorsqu'elle avait pris contact avec eux, la veille, pour plus de renseignements. Elle n'en avait pas besoin mais malgré tout, il lui fallait son accord même implicite pour s'engager dans cette nouvelle aventure. Elle ne voulait pas que ça le blesse ou que ça soit un sujet tabou entre eux ou seulement que ce soit beaucoup trop tôt. Il l'avait rassuré en lui glissant qu'elle avait aussi le droit de faire son deuil comme elle le ressentait. C'est vrai qu'elle la connaissait bien. Elle faisait partie de sa vie depuis longtemps, Nina. Elles étaient même plutôt proches et c'était sûr qu'à un moment ou à un autre, elle serait devenue une Huaman. Une étreinte et quelques larmes plus tard, la décision était prise.

Après une heure seulement sur place, Luz reçu un appel de sa mère. Par respect, elle était sortie du bâtiment le temps de sa conversation. Apparemment Flynn avait un peu de fièvre. Elle ne lui avait pas demandé d'écourter son temps ici pour venir le reprendre. Elle avait surtout eu besoin de son poids actuel pour pouvoir lui donner son doliprane. Luz lui avait simplement dit de la rappeler si ça ne tombait pas avec  ce dernier. Elle venait tout juste de raccrocher lorsqu'une voix féminine venant de derrière elle, l'interpella. « Luz, enchantée. » la salua t-elle en lui rendant son sourire, son regard se posant sur la jeune femme. « C'est mon premier jour en tant que bénévole aujourd'hui. » Cela expliquait le pourquoi du comment elle ne l'avait jamais vu dans les parages avant. « Je suis sortie juste le temps de prendre un appel. Vous partez ? Vous acceptez un peu de compagnie en attendant que la personne vous attendez arrive ? » lui demande t-elle en souriant toujours, ne comptant absolument pas lui demander si elle est là en tant que patientes, proches ou bénévole. Elle le découvrira en discutant ou alors une autre fois.

Adèle Shephard aimait venir dans cet endroit, elle avait ce besoin d'aider autrui et même quand ça ne concerne qu'un animal. Elle est présente depuis quelques années désormais et elle en a vu défiler des bénévoles. Et elle, elle reste toujours présente, à épauler et prendre soin des animaux abandonnés. Malgré son attachement pour eux, ce n'est pas toujours aussi simple d'accepter la bêtise humaine, de comprendre pourquoi et comment on peut s'en prendre à eux ou à les considérer comme un passe-temps, qu'on zappé quelques mois plus tard, à la veille des vacances ou quand on se rend compte que finalement ce n'est plus aussi mignon que quand ils étaient bébés. Mais Adèle avait ce besoin de venir à leur rescousse et de leur expliquer qu'il n'y avait pas que des personnes comme eux. Que parfois il existait aussi des gens aimants, qui s'intéressaient à eux. Quand elle voit une silhouette a l'entrée du refuge, elle n'hésitait pas à aller à son encontre, elle serait même capable de rentrer de nouveau si il s'avère une personne intéressée pour adopter. « Luz, enchantée. » La voix féminine fait écho devant le sourire de l'agente immobilière alors qu'elle arrive à sa hauteur. « C'est mon premier jour en tant que bénévole aujourd'hui. » Elle détourne au même moment son regard sur elle, comment cette info aurait pu lui échapper et surtout comment elles ne sont pas encore croisés si déjà depuis une heure, la jeune femme s'active elle aussi entre ses quatre murs ? « C'est super, on se croisera probablement... » Avant de poursuivre finalement, curieuse, « on a pas été trop vilain avec nos tâches à faire ? » Adèle sait combien parfois ça peut être barbant. Qu'on ne peut pas faire tout ce qu'on voudrait hélas. Et si la promenade des chiens s'avère la chose la plus agréable, il y a également le nettoyage des box, aider les vétérinaires dans leurs soins. Ou encore venir à la rescousse d'un chien en danger. Un futur pensionnaire. « Je suis sortie juste le temps de prendre un appel. Vous partez ? Vous acceptez un peu de compagnie en attendant que la personne vous attendez arrive ? » Elle finit par sourire, elle ne saurait exactement dire la date à laquelle elle est arrivée par ici, tant ça remonte de quelques nombreuses années, elle ne se souvient même pas de son premier jour, de qui elle aurait pu croiser mais ça n'a pas dû être si terrible. Presque dix ans après, elle est toujours là. « Mon cousin ne devrait pas tarder, mais avec plaisir oui. » Elle fait face à la route en la regardant sans réellement 'a regarder en réalité. « Si il y a besoin de faire une visite rapide, faut pas hésiter à me dire. C'est un peu ma deuxième maison ici. » Il faut croire.